AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Denis Drummond (76)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La vie silencieuse de la guerre

Un grand merci pour ce livre reçu dans le cadre de la Masse critique de septembre. A la veille du Prix Bayeux Calvados Normandie des Reporters de Guerre, c'était une lecture très a propos.

je dois dire que j'ai trouvé ce roman bouleversant, par de nombreux points et j'ai peur d'avoir beaucoup de mal à retranscrire tout ce que j'ai ressenti à sa lecture. il y a tant de choses : le reporter, la guerre, les conflits, l'Art, l'amour, la vie ... le trait commun, c'est je crois, la résilience. Pour Jeanne, c'est mieux comprendre celui qu'elle a aimé et à qui elle n'a pu dire adieu, celui qui l'a aimé mais sans réussir à rester : ce paquet laissé (journaux et négatifs) c'est un très bel acte de confiance et d'adieu et en mettant Gilles sur son chemin lui donner un moyen d'aller de l'avant. Il y a aussi le propre chemin d'Enguerrand : il montre les guerres qu'il photographie pour les journaux, pour avertir le monde, en donnant de l'information mais qui veut aussi faire autre chose : ces photos cachées, composées, mises en scène, témoignent de son âme et non de ce que voit son oeil. la plume de l'auteur rend particulièrement bien ces photos : à lire on les voit, littéralement ! A la première description, j'ai eu envie de prendre un crayon et d'esquisser ... Connaissant les conflits évoqués ainsi que les oeuvres d'art, c'était très parlant, on ne peut plus regretter qu'il n'y ait pas d'illustrations. Il y a aussi beaucoup de pudeur dans le récit, que ce soit celui des guerres dans le journal d'Enguerrand ou dans l'histoire qui se tisse entre Jeanne et Gilles, dans la relation entre Claire et Jeanne qui se découvrent à cause de la mort de celui qu'elles ont aimé toutes les deux ... et tant d'autres choses encore. Vraiment une lecture marquante ...
Commenter  J’apprécie          30
La vie silencieuse de la guerre

EX-VOTO CONTRE LA GUERRE



Enguerrand était photographe de guerre. Son rôle en tant que photographe ? Aller « voir la guerre pour montrer son vrai visage. » Mais Enguerrand n’est plus. Déclaré mort lors de son dernier reportage photographique.







Tout commence, donc, après la mort d’Enguerrand. Jeanne, son ex-compagne rencontrée lors d’une mission d’aide aux réfugiés, reçoit un courrier de sa part. À l’intérieur : les lettres qu’ils se sont échangées pendant plusieurs années, quatre carnets de note et quatre négatifs … pour quatre des derniers pays en guerre dans lesquels il s’est rendu. Rwanda, Bosnie, Afghanistan, Irak. Dans la lettre qui accompagne cet étrange et énigmatique colis, Enguerrand n’a qu’une exigence : que Jeanne aille à la rencontre de Gilles Lespale, un galeriste sur les quais de Seine. Ensemble, Jeanne et Gilles, vont découvrir l’incroyable œuvre qu’Enguerrand a mis sur pied. Une œuvre « majeure », celle de toute une vie.







Au travers des notes d’Enguerrand, des souvenirs de Jeanne et de leur relation épistolaire, Denis Drummond nous invite à découvrir la guerre sous un autre visage, sous un angle photographique et artistique. Parce qu’Enguerrand ne décrit pas la guerre, les massacres, les violences … il nous décrit sa quête, la recherche de l’horreur de la guerre, auprès des vivants, des survivants. C’est dur, parfois douloureux, parce que la guerre y est décrite au travers des sentiments, des émois qu’Enguerrand met dans ses photos, au fil de ses rencontres. La guerre, on la « connaît » du point de vue historique, peu du point de vue émotionnel.







Le roman a ça de fascinant qu’il arrive à décrire avec une intime précision les clichés pris par Enguerrand. Clichés imaginaires, pour nous. En tant que lecteur nous n’avons que les mots, mais les mots de Denis Drummond ont la force de faire naitre les photos d’Enguerrand sous nos yeux ébahis. Il écrit la photographie et la voilà qui apparaît, claire et limpide, devant nous. Simplement muni de sa plume et de son vocabulaire, Denis Drummond montre que la photographie peut aussi se décrire avec une infime précision … et se lire, pour notre plus grand bonheur.







C’est une offrande que fait Denis Drummond avec ce roman. Un véritable et saisissant ex-voto contre la guerre. L’auteur nous la fait lire et nous la montre et c’est d’une terrible beauté. C’est brillant et captivant, c’est un immense coup de cœur.
Commenter  J’apprécie          50
La vie silencieuse de la guerre

Je suis restée tout au long de cette lecture en lisière du récit sans parvenir à y pénétrer complètement.



Pourtant le sujet était tentant et il y a un certain nombre de moments qui ne demandent qu’à être émouvants. Mais une surenchère de style grandiloquent et de recherche d’esthétisme dans les descriptions finit par nuire à l’émotion.



Enguerrand, photographe spécialiste de la guerre a disparu. En guise de testament, il a laissé à son ex-compagne Jeanne, ses journaux intimes ainsi que quatre négatifs pris sur quatre scènes de guerre (Rwanda, Bosnie, Afghanistan et Irak). Il l’a chargée d’organiser une exposition avec un galériste, Gilles.

Ces clichés et ces carnets sont des témoignages cruciaux de ces guerres modernes qui émaillent les XXème et XXIème siècles.



Le récit entremêle les journaux d’Enguerrand, le présent avec la rencontre des deux personnages de Jeanne et Gilles et les propres souvenirs de Jeanne, ancienne collaboratrice du HCR.



Ce sont ces incessants enchevêtrements entre les différentes époques qui m’ont principalement perdue dans la narration. Couplés à un style un rien trop pompeux dans lequel aucune phrase n’est simple et où l’auteur glisse chaque fois trop d’emphase que ce soit dans les dialogues ou dans les descriptions. Pour exemple cette phrase tirée d’un des carnets : « Une fois les militaires partis, la forêt se figea dans un silence qu’aucun d’entre nous n’avait jamais entendu, un silence comme un cri qui ne sort pas, lourd, épais, celui qui accompagne l’inclinaison du monde devant l’abandon de Dieu. »

C’est beau mais totalement désincarné.



Cela m’a gênée pour entrer dans les textes attribués à Enguerrand et qui racontent la guerre. Je me suis tout de même demandée si ce n’était pas une manière de tenir à distance les horreurs décrites mais pour ma part cela m’a empêchée d’entrer dans le récit.



Par ailleurs, l’érudition qui se glisse tout au long du livre avec, par exemple, les parallèles entre la peinture classique et les photos d’Enguerrand, ne m’ont pas vraiment convaincue et la finalité des mises en scène de ces quatre photos reste pour moi assez obscure. Tout comme la relation qui se noue entre Gilles et Jeanne et pour laquelle je ne me suis pas vraiment passionnée.



Pour finir, je ne ressors pas non plus de cette lecture avec l’impression d’avoir appris des choses sur les conflits que le livre évoque. Bref, un rendez-vous manqué.

Commenter  J’apprécie          20
La vie silencieuse de la guerre

Lors de la rentrée littéraire de septembre 2019 est paru au Cherche midi l’ouvrage La Vie silencieuse de la guerre, signé Denis Drummond.



J’avais très envie de le lire, et aussi un peu peur. Pas parce qu’il parle de guerre, non ça je commence à avoir l’habitude je crois. Mais parce qu’il s’agit de pays dont je ne sais pas grand chose, hormis le Rwanda.

C’est ce qui m’a lancé.



Ce livre met en scène trois protagonistes : Enguerrand, Jeanne et Gilles.



Tout commence avec une lettre du premier. En s’adressant à Jeanne, Enguerrand lui demande de contacter un galeriste et de regarder avec lui des négatifs ainsi que son journal et ses notes.



Le roman se divise en 5 parties, les quatre premières sont centrés sur un pays différent, un pays dans une situation délicate, un pays à feu et à sang.



Rwanda, Bosnie-Herzégovine, Afghanistan, Irak.



Les voyages s’étendent sur 9 ans, 1994 pour le Rwanda, 2003 pour l’Irak.

Et à chaque fois, on retrouve un Enguerrand fidèle à lui-même et en même temps toujours plus entamé par les horreurs de la guerre.





Mon avis est en intégralité :


Lien : http://allaroundthecorner.bl..
Commenter  J’apprécie          20
La vie silencieuse de la guerre

"La vie silencieuse de la guerre" est un roman intrigant. On le lit d'un trait. On ne veut plus le lâcher pour aller au bout du questionnement.

La fin nous apaise et nous éclaire. A lire absolument.
Commenter  J’apprécie          10
La vie silencieuse de la guerre

Et voilà un livre fort.

Fort par le thème, la guerre.

Fort par la construction, 4 photographies.

Fort par la langue riche, poétique.



‘’Fiat bellum, et ce fut la guerre.’’



Denis Drummond nous emmène voir la guerre dans les yeux.

Non par la description des horreurs de la guerre, les « photos mineures » telles que les définit Enguerrand, reporter de guerre.

Comme le photographe qui développe ses clichés dans la chambre noire voit petit à petit apparaitre l’image dont il fera le tirage, Denis Drummond par la seule force des mots nous amène à voir chacune des quatre photos comme si nous les avions sous les yeux.

Chacune d’entre-elles nous fait regarder la guerre dans les yeux.

Dans chacune d’entre elles la guerre nous regarde dans les yeux.

Cette guerre dont la ''place est désormais dans l’homme, sur terre, jusqu’à la nuit des temps.’’

Cette guerre qui nous fait trouver ''beau ce qui ne peut pas l'être."



Un peu d’humanité néanmoins. A la violence de la guerre s’oppose l’amour source d’espérance. Demain existe.



Un livre fort, très fort.

A lire.

Commenter  J’apprécie          20
La vie silencieuse de la guerre

Je remercie Babelio et les éditions du Cherche-Midi pour m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Hélas, je crains de ne pas avoir grand-chose de positif à dire dessus, et j'en suis fort contrit.

Globalement, je m'y suis terriblement ennuyé, et quand je ne m'ennuyais pas, c'était le plus souvent pour lever les yeux au ciel.

Un livre très descriptif, d'abord. Et quand je dis descriptif, je dis des pages et des pages, juste pour décrire... une photo. Certes, la photo, enfin, les quatre photos – car il y en aura quatre, et même une cinquième surprise – sont au centre de l'histoire, mais tout de même...

Ceci nous amène au style. Denis Drummond écrit bien, c'est indéniable. Enfin : il s'exprime par écrit de façon très emphatique, disons. Sa bibliographie mentionne des recueils de poésie, je n'en ai pas été étonné, car certains passages ressemblent presque à de la poésie en prose, dans laquelle on détecte une grande sensibilité à l'art visuel, sans aucun doute, peinture et photographie. Mais trop, c'est trop. J'avoue avoir parcouru des paragraphes, voire des pages entières en diagonale, et j'aurais sans doute abandonné avant la fin si ce n'avait été une masse critique. À plus d'une reprise, on touche à l'abscons (surtout dans les passages du journal d'Enguerrand), et j'ai été plus d'une fois rebuté par la vacuité du propos sous-jacent, voire énervé lorsque ce propos devenait, selon moi, très contestable.

Le texte promotionnel prévenait : "une œuvre hors du commun, à la frontière de l'horreur et de la beauté". Voilà qui m'avait fort intrigué, tant cela me paraissait antinomique. Eh bien, le moins qu'on puisse dire est que cette tentative d'esthétisation de la guerre ne m'a pas convaincu, et des phrases telles que : "La guerre aime redonner vie à ce qu'elle détruit. Elle a le sens du beau" me font me demander si je dois rire ou pleurer.

Il faudrait poser la question à ceux qui l'ont vraiment vécu, j'en connais pas mal. Et je connais la réponse : non, une scène de charnier avec des gamins décapités, ce n'est pas horriblement beau. C'est juste horrible, point.

On trouvera donc dans ce texte beaucoup d'oxymores, qui paraissent très souvent complètement à côté de la plaque.

Petit dièse (d'habitude, on met des bémols, et attention au léger spoil) : le passage qui explique pourquoi l'exposition n'aura jamais lieu est excellent. Hélas (bémol derechef, désolé), il ne dure qu'une page, et l'auteur gâche tout ensuite par un effet beaucoup trop cinématographique et totalement illogique en faisant tout détruire par Jeanne. Ce n'est pas parce que le public n'est pas prêt (et encore, est-ce le public, ou les investisseurs ?) à voir une œuvre d'art que l'on peut s'autoriser à la détruire, en particulier quand c'est celle de quelqu'un d'autre, qui n'est plus de ce monde, et avec lequel on a eu une relation de 20 ans.

Une déception de taille, donc, sur un sujet qui m'a pourtant toujours viscéralement touché.
Commenter  J’apprécie          67
La vie silencieuse de la guerre

4 négatifs pour décrire quatre guerres contemporaines...Quatre photos et un petit mot destiné à Jeanne "Je pars demain pour Damas. Voilà tant d'années que je ne suis pas allé voir la guerre pour montrer son visage. Et j'ai peur, de nouveau, depuis ce que j'ai vu au Rwanda, peur de ne pas réussir à capter son regard, peur de ne faire que des instantanés qui ne montrent pas la guerre et ne représentent que ses fruits" des conflits qui se nomment Rwanda, Bosnie, Afghanistan,Irak...

4 photos afin que Jeanne se souvienne de leur rencontre, de leur amour. Jeanne est elle aussi une femme engagée, elle travaille au HCR. Dans la lettre qui accompagne les 4 photos, il lui demande de les transmette à Gilles qui tient une galerie. À ces 4 photos est joint journal tenu par Enguerrand, le photographe alors qu'il couvrait ces conflits.

Pour chacune d'elles, il a rédigé un texte décrivant dans le détail la scène, les conditions de prise de vue, le moment de la scène. Il ne "mitraille" pas : chacune est une composition unique voulue et réfléchie, certes un instantané, mais révélant tant de messages, presque une peinture chargée de symboles, un peu comme ces peintures de Picasso, Velasquez...que l'auteur prend pour référence.

Chacune d'elles est une composition voulue et réfléchie, certes un instantané, mais révélant tant de messages, presque une peinture chargée de symboles, un peu comme ces peintures de Picasso, Velasquez...que l'auteur prend pour référence. On ne regarde, ni ces peintures ni ces photos, en vitesse...non on s'arrête ému et pensif devant les messages portés par chacune d'elles.

Nous avons tous en mémoire ces photos résumant à elles seule l'horreur d'un conflit, la douleur d'une gamine brulé au napalm, celle d'une autre gamine s'enfonçant inexorablement dans la boue, le regard d'un soldat qui va mourir....

Cette lecture n'est ni simple, ni facile.....l’œil et la pellicule d'Enguerrand ont vu tant de douleur, tant d'ignominies et de violences :"Il tente de capter l’horreur, de révéler la dévastation, d’informer"...L'auteur ne ménage pas le lecteur, loin de là, celui-ci en sort bousculé après avoir reconstitué chacune des scènes, chacune des photos. Très beau travail de précision de la part de l'auteur.

Je n'ai pas pu lire ce livre, cette lecture de journaux de quatre conflits, sans garder présent à l'esprit, cette manifestation annuelle consacrée à la photo dans la ville voisine de la mienne, Perpignan, qui propose le festival "Visa pour l'image". Festival pour lequel je consacre presque chaque année une journée de visite, parcourant la ville, de salle en salle, allant de la beauté vers l'horreur.

Et quand on a vu une seule fois ces images de guerre, de violence, ces images pensées et réfléchies par les photographes, mais prises sur le vif on ne peut qu'être interpellé et admiratif devant la précision de chacune d'elles, devant les messages transmis par un regard halluciné ou de peur d'un soldat ou d'une gamine. Admiratif devant la précision de ce texte de Denis Drummond

Festival qui ne peut laisser personne indifférent, comme cette lecture qui m'a remué.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          91
La vie silencieuse de la guerre

Jeanne, reçoit une enveloppe d’Enguerrand, son amour perdu, photographe de guerre mort en Irak. Cette enveloppe contient des lettres du Rwanda, de Bosnie, Afghanistan et d’Irak, mais aussi quatre clichés qui sont plutôt quatre tableaux photographiés inspirés des chefs d’œuvre de la peinture.

Au-delà de la découverte de ces lettres et de ces clichés qui nous tient en haleine, ce roman est une très poignante évocation de la guerre, de son atrocité, mais surtout de sa parfaite négation de la vie, de ce pourquoi l’être humain peut avoir été créé, s’il existe un dessein à la création humaine :

« Une fois les militaires partis, la forêt se figea dans un silence qu’aucun d’entre nous n’avait jamais entendu, un silence comme un cri qui ne sort pas, lourd, épais, celui qui accompagne l’inclinaison du monde devant l’abandon de Dieu »

Un très beau roman, qui nous fait osciller entre la dureté des descriptions de la guerre et la beauté des interprétations artistiques de ces quatre clichés.

Commenter  J’apprécie          10
La vie silencieuse de la guerre

Un roman magnifique, traitant d'un sujet pourtant si horrible, su dur, si moche, la guerre, ce que les hommes en font et ce qu'elle est....

A travers le regard d’Enguerrand, photographe de guerre, et de son "œuvre", et au travers de son journal lu par Gilles, galeriste à Paris et Jeanne, ex-compagne d'Enguerrand, on traverse 4 périodes terribles de notre histoire contemporaine, le Rwanda, Sarajevo, l'Afghanistan et l'Irak... Suite à sa mort à Alep, autre théâtre d'horreurs humaines, il "lègue" à Jeanne un paquet dans lequel se trouve son journal, des carnets et des clichés... Au fur et à mesure de la lecture de ce journal, Gilles va développer les clichés et Jeanne et lui vont les décrire alors au lecteur...

C'est extrêmement bien écrit, c'est, dans l'horreur, poétique, beau et travaillé, c'est aussi l'histoire de rencontres et de révélations. Une lecture passionnante, cultivé aussi car on part dans le monde des peintres et de la religion mais vraiment une magnifique découverte.

Si mon avis vous plait, je vous conseille vivement cette lecture!
Commenter  J’apprécie          30
La vie silencieuse de la guerre

J'espère que ce livre fera du bruit, j'espère qu'il touchera un maximum de monde. C'est une oeuvre extraordinaire. Par sa beauté brute, il touche en plein coeur et sublime les actes les plus monstrueux. Quatre symboles de notre époque, de notre monde. Le Rwanda, la Bosnie, l'Afghanistan et l'Irak sont ici placés devant l'objectif du photographe. Quatre guerres brûlantes, destructrices qui ont mis à feu et à sang des pays entiers. Denis Drummond a réussi le pari audacieux de sublimer la guerre à travers les clichés de son personnage principal, Enguerrand, grand photo-reporter indépendant. Cela commence par une lettre.... "Je te confie ce travail (...) Dans chacune des enveloppes, tu trouveras un négatif, le journal que j'ai tenu pendant cette période, ainsi que des notes. (...) Tu es seule détentrice des images." Oubliez les clichés qui font la Une de la presse internationale... imaginez quatre photographies uniques, créés dans un seul but : "ouvrir une dimension vertigineuse sur notre nature humaine." J'ai tout aimé dans ce livre : ce sujet si dur traité avec toute l'objectivité et la sincérité qu'il mérite, cette plume qui touche au sublime, cette histoire où dans la mort, l'amour parvient quand même à trouver sa place. Je l'ai lu il y a deux mois, quand nous avons reçu les tout premiers exemplaires au cherche midi et que j'y travaillais encore. J'y pense très souvent et je le relirai. C'est un livre qui marque par sa force et sa beauté. On ne peut pas, on ne doit pas fermer les yeux sur l'horreur de la guerre. Elle est partout. C'est un livre qui transpire le conflit, la mort... mais aussi l'espoir, la beauté, les rencontres et les amitiés hors du temps. La vie silencieuse de la guerre est une oeuvre sublime, à la plume délicate et élégante. Je vous le conseille et plus encore, je vous exhorte à le lire, pour mieux connaitre le monde qui nous entoure, pour réfléchir sur la situation, pour se rendre compte que la guerre n'est pas qu'affaire du passé, que partout, autour de nous, des conflits éclatent tous les jours, que les morts se comptent pas centaine, qu'il faut réagir, qu'il faut dénoncer, qu'il faut en parler... afin de toujours protéger notre humanité.
Commenter  J’apprécie          50
La vie silencieuse de la guerre

Tout commence par un courrier posthume, reçu par Jeanne de la part d’Enguerrand, un photographe de guerre rencontré lors d’une de ces missions d’aide aux réfugiés. Un courrier contenant les lettres qu’ils se sont envoyées depuis des années, un carnet de notes de ses voyages dans les pays en guerre ainsi que des négatifs de photographie. Jeanne est déterminée à accomplir son dernier vœu : révéler à la face du monde ces 4 photographies de guerre. Des photos qui montrent l’horreur, la véritable vision de la guerre, bien plus que toutes celles qu’il a prises durant ces années de photojournaliste.



Dans les premières pages, il se passe tellement de choses ! On rencontre Jeanne qui évoque Enguerrand en lisant ses lettres. On la voit comme une femme nostalgique, mais combative, avec ses démons et le désir de faire la lumière sur le passé en rendant hommage à son ami. Pour cela, elle va se rapprocher de Gilles, un galeriste parisien réputé. Son objectif : organiser une grande exposition faisant la lumière sur le travail d’Enguerrand.



J’ai découvert en une centaine de pages des personnages forts, et un contexte de guerre terrible : le Rwanda. La première de ces féroces destinations. Autant dire que je suis happée par la construction de l’histoire qui fait des allers-retours entre les carnets, les lettres et le présent. Un récit qui en entremêle d’autres dans la forme et dans les pensées de trois personnages. Et ce n’est pas fini. Car la suite du roman ne nous épargne pas non plus : Bosnie, Afghanistan, Irak.



Le point fort du roman est d’aborder la guerre par le point de vue des images, de la photographie, de l’art. On s’interroge : Est-ce que l’image qu’on a des pays en guerre est vraiment ressemblante à la réalité ? À ce que vivent les gens ? Comment l’art et la photo peuvent transcrire l’horreur, la peur ? N’est-ce pas une vaste mise en scène qui nous permet de recueillir réellement ce qui a eu lieu, ce que les victimes ont vu de leurs propres yeux ? De questionnements foisonnants en narration d’une réalité terrible, le roman aborde la philosophie de l’art. La guerre n’est pas décrite par son aspect historique mais par des descriptions de sentiments et de la manière dont nous la ressentons à travers les images que la photo propose.



J’ai aimé m’imaginer les photos, des décors, l’ambiance pesante. Cela est rendu possible par la force des descriptions, des références, des comparaisons de l’auteure. C’est une écriture simple, rythmée, mais non dénuée de style.



C’est un roman fort, terrible par le sujet mais aussi envoûtant, car les mots suffisent à faire jaillir les photos dans l’imagination du lecteur. Une lecture passionnante et envoûtante, qui nous emmène dans un beau voyage à travers le temps et les images.



Merci Lecteurs.com #Explorateursrentréelittéraire
Commenter  J’apprécie          130
La vie silencieuse de la guerre

Capturer le saisissement d'une image, les vertiges de ses silences, la fascination impavide pour son horreur. Dans une langue incantatoire, Denis Drummond poursuit la description de photos inventées, autant d'incarnations parfaites, d'une précision terrible du Rwanda, de la Bosnie, de l'Afghanistan et de l'Irak. Dans sa tension vers une expression artistique, La vie silencieuse de la guerre, au-delà de la destruction, parvient à susciter l'ombre de la beauté.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          80
Le dit du vivant

Voilà un surprenant roman, inclassable même, qui propose une odyssée dans l'histoire de l'Humanité, rien que ça, avec en plus de belles notes poétiques ( qui m'ont parfois rappelé La Nuit des temps, de Barjavel, même si le scénario part dans d'autres directions ).



Un séisme fait surgir au Japon une nécropole tellement ancienne que sa datation en est insensée, provoquant un séisme intellectuel vertigineux qui remet en question les repères historiques et scientifiques communément acquis, bouleversant notre conception darwiniste du fil du temps. Et sous la plume de Denis Drummond, c'est passionnant, même pour quelqu'un comme moi qui n'a pas de culture scientifique solide. Il est évident que la travail de recherche de l'auteur a été conséquent mais il parvient à injecter cette documentation dans son récit de façon très fluide et accessible ( à quelques développements près sur la génétique, un peu plus exigeants ).



Il faut dire que son dispositif narratif est très pertinent pour susciter l'envie de poursuivre, comme si on était dans un thriller. Chacune de ses six parties chronologiques ( comme autant de séquences dans un ADN si je me fie à la quatrième de couverture ) est subdivisée en différents matériaux : un récit descriptif classique, des extraits de correspondance courriel, le journal de la paléogénéticienne Sandra qui mène les fouilles, des articles de presse, le point de vue de Tom son fils autiste, et enfin le point de vue du Vivant, le dernier de la civilisation disparue. Ce procédé permet de traiter le sujet dans toutes les dimensions possibles, selon plusieurs angles, ce qui donne un tissage très fin ainsi qu'un relief particulier au récit.



Ce roman résonne fort en abordant de front une multitude de sujets et je trouve puissant que ce soit une civilisation inconnue très très ancienne qui fasse réfléchir sur notre civilisation contemporaine tout en lui donnant une leçon. le récit est d'une grande richesse et interroge en profondeur : décryptage génétique, réchauffement climatique, raréfaction de l'eau, céréales génétiquement modifiées, enjeux géopolitiques, controverses religieuses, perte de l'autorité scientifique au profit des idéologues ... cette liste peut faire craindre une indigestion et ce n'est jamais le cas.



Au-delà de l'habile avancée de l'intrigue et de la richesse du propos, il fallait de la chair et de l'émotion pour parvenir à attraper définitivement le lecteur. le choix de la paléogénéticienne et de son fils permettent d'incarner le récit, malgré quelques clichés ou facilités scénaristiques. Si j'ai beaucoup aimé le personnage de la mère prête à mener de front les fouilles archéologiques qui constituent le sommet de sa carrière sans pour autant négliger son engagement maternel, j'ai un peu tiqué sur l'évolution spectaculaire de son fils autiste. Sans doute ce personnage permet-il à l'auteur de proposer une allégorie des origines et de la sortie de l'enfermement en parallèle de l'exhumation de la civilisation égarée.



Mais ce que je retiens de ce roman foisonnant, c'est à quel point il a stimulé mon imaginaire, au fil de l'avancée des fouilles, des différentes découvertes extraordinaires qui les émaillent, du déchiffrement de l'écriture venue du passé. Et puis il y a le Vivant. Ses passages sont sublimes de poésie mélancolique et leur brièveté leur confère une grande puissance contemplative.



Commenter  J’apprécie          12314
Le dit du vivant

Ce titre énigmatique – qu’est-ce qu’un dit ? – et l’incontournable vague d’Hokusai m’ont fait longtemps de l’œil ! Dès les premières pages, la langue du poète, celle de l’auteur, celle du vivant, envoûte. Un coup de cœur pour la narration. Les voix s’emmêlent et se répondent pour justement démêler les faits. Le dit est didactique et l’enchaînement haletant.



Ici c’est l’harmonie et l’empathie entre les personnages qui l’emporte. Tout n’est pas facile pour autant. Plus que la géopolitique, l’antagoniste, c’est la limite que l’humain se donne.



Le « hic » dans l’histoire, le cœur de l’intrigue, c’est la datation du squelette de plusieurs millions d’années. Homo Sapiens n’était pas né ! Je ne m’étendrai pas plus sur ce point, mais pourquoi forcément Sapiens et pas un alter ego ?



Une citation du roman qui résume pour moi le ton et le thème du roman « Les grands récits cherchent des bouches pour les dire, tout comme l’information contenue dans l’ADN est en quête d’un hôte pour pouvoir être transmise. »
Lien : https://linumer.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          10
Le dit du vivant

Le récit d'une découverte archéologique sans précédant dans le nord du Japon avait de quoi susciter l'intérêt voire l'enthousiasme. Tous les ingredients étaient réunis pour une épopée archélogoique avec, entre autres, une datation préhistorique antérieure à l'apparition de l'homme. Toutefois la rédaction de l'ouvrage m'a paru peu fluide :

- Il y a de nombreux changements de narrateurs et on perd beaucoup de temps à relire les mêmes événements sous différents points de vue.

- Certains passages scientifiques sont "trop" développés au détriment du fond de l'histoire.

In fine, il n'y a pas vraiment de rebondissement ni d'intrigue. Tout est dit en quelques lignes dans les résumés ou sur la 4e de couverture.
Commenter  J’apprécie          90
Le dit du vivant

Passionnant !

Un séisme au Japon dans l’île d'Hokkaïdo entraîne un glissement de terrain qui ensevelit un village et met à jour une nécropole. Sandra Blake, paléogénéticienne, se rend sur les lieux, avec Tom, son fils, autiste.

La datation du site archéologique plonge la communauté internationale dans la stupeur. Une civilisation jusqu’alors inconnue se révèle peu à peu, et bouscule toutes les connaissances acquises jusqu'alors sur l'évolution.

La construction du roman est originale mais codifiée, telle une séquence d'ADN, chaque partie est constituée du récit proprement dit, d'extraits de journal, d'articles, des témoignages de certains personnages, et d'explications scientifiques.

Drôle de mélange de genre entre fiction, fable écologique et philosophique et documentaire scientifique. L'auteur est parti d'un fait réel - le tremblement de terre sur l'île d'Hokkaïdo en septembre 2018 - pour tisser une odyssée de l'humanité qui propose de multiples et intéressantes pistes de réflexion sur notre monde.

Une très belle découverte !
Commenter  J’apprécie          120
Le dit du vivant

Lors d'un tremblement de terre au Japon, un glissement de terrain engloutit tout un village, tuant tous les habitants présents.

De cette tragédie naît une formidable découverte, une sépulture très ancienne, bien plus ancienne que la science aurait pu l'imaginer.

Une équipe de chercheurs renommés est engagée avec à sa tête Sandra Blake, accompagnée de son jeune fils autiste Tom.

Ce roman est très original, peut-être trop pour moi finalement.

L'originalité première tient en sa construction. Chaque chapitre est divisé en sous chapitres : le récit en lui même c'est à dire la présentation des personnages et découvertes archéologiques, le journal de l'héroïne paléogénéticienne, les souvenirs de son fils, alors adolescent autiste, qui revient sur cette période de fouilles et de recherches 30 ans plus tard, des articles de journaux scientifiques et presse internationale, et correspondances, mails.

Cela donne comme une vision 3D des événements et des recherches mais j'ai eu le ressenti de rester en dehors de l'histoire, d'assister de loin à un compte rendu froid.

Les encarts scientifiques m'ont un peu perdue et je suis du coup assez mitigée.
Commenter  J’apprécie          141
Le dit du vivant

Que dire de ce livre ? Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas une lecture ordinaire. L’ambition est immense : l’auteur nous propose en effet une plongée dans le temps, ni plus, ni moins. Car le séisme qui est à l’origine de cette incroyable « aventure » n’ébranle pas qu’une montagne, qu’une région. Il menace de mettre à bas les fondements même de certaines de nos sciences. Et, dans un même mouvement, il opère également un mouvement profond dans chaque individu.



Ce n’est donc pas que d’un séisme qu’il est question ici. Et ce livre n’est pas qu’un livre de science-fiction – ce qui serait déjà très bien.



Car la réflexion développée ici, et qui donne matière à réflexion, n’est ni purement scientifique, ni purement archéologique. Elle est essentiellement géopolitique, et, même, politique, au sens propre du terme. L’auteur met par exemple en scène les pays africains qui, menacés de se voir « voler » leur statut de « berceau de l’humanité », font appel à l’ONU pour éviter de perdre ce titre ! Alors qu’ils ont accepté d’être spoliés de leurs ressources naturelles, ils semblent ici s’accrocher à cette distinction, alors même que, même sans avoir besoin d’un Homo sapiens sapiens de 13 millions d’années, on pourrait trouver un jour la trace d’un homme ou d’une femme plus ancien(ne).



J’ai appris beaucoup de choses, sur l’autisme, sur l’ADN, sur la façon dont certains enjeux scientifiques sortent du simple cadre de la recherche… J’ai appris que l’autisme pouvait s’atténuer « tout seul », voire pratiquement disparaître – j’ai été vérifier après, tellement cela me paraissait incroyable. J’ai aussi appris des choses sur les estampes japonaises, puisque le seul survivant de la catastrophe est un peintre, qui vivait à l’écart du village enseveli avec sa petite-nièce et la fille de celle-ci.



Pourtant, je dois avouer que la structure de ce livre m’a parue un peu artificielle. Avec six parties, chacune composée de cinq chapitres – toujours les mêmes, dans le même ordre : Récit ; Journal de Sandra ; Chroniques, articles et correspondances ; Le Dit de Tom ; Le Dit du Vivant -, on se retrouve face à quelque chose d’assez rigide, mais, surtout, d’une structure qui introduit une alternance assez mystérieuse. Dans les chapitres appelés Récit, on a le déroulé de l’histoire, raconté comme par un narrateur. Le Journal de Sandra, Le Dit de Tom et le Dit du Vivant sont, à leur échelle, à leur hauteur, les visions de Sandra Blake, de son fils autiste et de celui dont la sépulture a été retrouvée. Des témoignages, donc, partiels et parcellaires, donnant des points de vue forcément distincts, ne serait-ce que dans le temps. Et puis, dans les chapitres Chroniques, articles et correspondances, ce sont encore des éclairages complémentaires, avec des Chroniques qui sont plutôt des éclairages scientifiques, des Articles censés être extraits de la presse mondiale et des Correspondances entre les différents protagonistes. Mais tout cela est morcelé, parcellaire.



Ce choix de structure, évidemment, est du ressort de l’auteur. Et, avec ce choix très affirmé – et très particulier -, Denis Drummond se démarche clairement d’un « simple » roman de science-fiction, qui se concentrerait sur les parties de récit, qui nous raconterait juste l’histoire. Mais, là où je dois avouer avoir eu du mal, c’est que cette mosaïque est en plus totalement asynchrone, ou achronologique. On passe son temps à changer de ligne temporelle, allant de 13,4 millions d’années avant le séisme jusqu’à une bonne vingtaine d’années après. Dès le deuxième chapitre, on retrouve des événements qui se sont déroulés avant d’autres décrits dans la partie précédente. Dans cette première partie, d’ailleurs, on assiste, dans Le Dit de Tom, à l’enterrement de Sandra – sa mère, donc -, alors qu’elle sera le personnage principal de l’ensemble du livre.



Tout cela est assez déstabilisant. Et, par moment, a contribué à m’égarer, sans que je parvienne à identifier le sens additionnel que cette construction et ces allers-retours sont censés apporter.



Bref, j’ai beaucoup apprécié l’idée autour de laquelle ce livre est construit, moins la façon dont elle a été mise en forme. Et du coup, c’est un livre que je conseillerai, mais pas à tout le monde, parce que je pense qu’il est susceptible de laisser du monde sur le bord du chemin…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
Commenter  J’apprécie          230
Le dit du vivant

J'ai lu le Dit du vivant quasiment d'une traite. Difficile de le lâcher une fois commencé. J'ai retrouvé la plume de Denis Drummond qui nous emmène une fois encore dans de lointaines contrées avec une intrigue qui nous fait dévorer les pages avec impatience. Merci pour ce beau voyage intérieur avant tout, qui bouscule avec bonheur nos certitudes.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Denis Drummond (134)Voir plus

Quiz Voir plus

La Nuit des Temps

Comment s'appelle l'auteur ?

René Borjavel
René Barjavel
Gaston Barjavel
Albert Barjavel

10 questions
69 lecteurs ont répondu
Thème : La nuit des temps de René BarjavelCréer un quiz sur cet auteur

{* *}