Citations de Douglas Reeman (161)
Il avait encore du mal à croire que nul cerveau plus haut placé ne serait là pour lui dicter sa conduite ou lui demander des comptes. Il était l'officier le plus ancien. A la fin des fins, naturellement, cette règle non écrite en vigueur dans la marine s'appliquait toujours : s'il avait raison, d'autres en tireraient tout le crédit. Et s'il avait tort, c'est lui qui en porterait la responsabilité.
Être obligé de surveiller ce qui fabrique derrière votre dos un supérieur qui vous est hostile est le meilleur moyen d'aller droit à la tombe.
La chance tourne, monsieur!
Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, monsieur Dancer, c'est de talent, mais je vous jure que je ne refuse pas d'y ajouter une pincée de veine!
C'est à des hommes que vous commandez, non à des objets. L'autorité vous est impartie avec le grade. Le respect vient ensuite, mais il faut le mériter.
Ceux de l'arrière récoltent tous les honneurs, mais c'est à l'avant qu'vous trouverez les meilleurs.
Les linceuls n'ont pas de poches, ni les cercueils de coffre-fort.
Tous ces gens, en Angleterre, qui écrasent une larme en voyant appareiller un vaisseau du roi n'ont jamais une pensée pour les malheureux qui sont à bord. Qui meurent tous les jours pour défendre leur petit confort et leur sécurité.
Levée l'ancre, disparue la rive, face à l'horizon vide, les sentiments de colère et de pitié sont aussi inutiles qu'un bateau sans voile.
Les boulets ennemis ne se soucient guère des espoirs ni des ambitions de leurs victimes.
Commence par agir, tu réfléchiras plus tard, telle était la loi lorsqu'on faisait la guerre sur mer.
La guerre n'est pas un jeu, Val ni une joute d'honneur d'où l'on sort preux ou félon. Souvenez-vous du Suprême, lui dit-il, la voix soudain durcie. Ils n'ont eu aucune pitié pour ce pauvre Hallowes, je n'en aurai aucune pour eux.
La paix, tout comme la guerre, vous fait des compagnons étranges. Il faut s'en accommoder, ou laisser périr le monde dans lequel nous vivons.
Voici que tonnante, se déploie la ligne de bataille
Et que dans les airs Mort gémit et chante
Mais Jour l’agrippera de ses puissantes mains
Et Nuit l'enveloppera de ses ailes puissantes.
Julian Grenfell
A présent, Delavai était mort. Paice l'avait vu monter sur l'échafaud, marche après marche, par cette belle après-midi. Pas une voix ne s'était, élevée pour lancer des injures ou des huées ironiques : la foule n'était là que pour se divertir. Mon dieu ! si on invitait les gens à venir assister à des séances de tortures collectives sur la place du village, il ne resterait pas un siège de libre.
Autant prévenir d'emblée le lecteur qu'il va se trouver, d'ici peu, soumis à rude épreuve. Enrôlements forcés, mutinerie, batailles navales, des chefs de pièce couverts de sang et de débris humains qui frappent à coups de nerf de bœuf les canonniers épouvantés, des malheureux fous de douleur qui s'arrachent à pleines mains leurs entrailles pour en finir au plus vite, et partout des éclats de bois sortant des chairs tel des crocs, des corps brisés, mutilés, se tordant dans un purée pourpre.
Jamais n'a commandé d'escadron sur le champ de bataille.
Rien ne sait de l'art de la bataille.
Bien moins qu'un damoiseau.
Une chirurgie réduite à sa plus simple expression, des médecins peu compétents – on disait que les hommes mourraient plus souvent des soins qu'on leur infligeait que des boulets ennemis.
Je ferais sauter ce navire, plutôt que de le laisser tomber aux mains de l'ennemi, monsieur Herrick, ne vous y trompez pas !
Le bon Dieu, le marin, tous deux on les vénère...
Mais au cœur du danger, et non quand on le flaire.
Que passe le péril, tous deux sont oubliés :
Ni Dieu ni le marin ne sont remerciés.
John Owen.
Les vieux marins étaient comme les navires. Une fois qu'on les avaient amarrés à quatre et qu'on n'avait plus besoin d'eux, inutiles qu'ils étaient, on les abandonnaient à leur sort.