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Citations de Drago Jancar (99)


J'ai vu trop de choses, trop de morts qui souvent se produisaient si facilement, comme en passant, d'un coup de fusil, d'un shrapnel, devant un peloton d'exécution ou par une balle perdue pour pouvoir penser autrement. Tuer un homme est quelque chose d'aussi naturel qu'écraser une grenouille sur une route. c'est ce qui s'est passé avec Veronika, elle n'en voulait à personne elle ne souhaitait rien de mal à personne, elle était seulement au mauvais moment au mauvais endroit. Là où il y avait des gens prêts à tuer. Même s'il fallait supprimer un innocent.
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Des officiers anglais se promènent dans le camp, il paraît qu’on devra passer devant une commission qui déterminera qui a collaboré avec les Allemands et qui a du sang sur les mains. Elle marche, elle marche… Quelle connerie, qui n’a pas de sang sur les mains après quatre ans de guerre?… la garde du roi Pierre. Pourquoi n’interrogent-ils pas ce caporal, ce Josip Broz, s’il s’appelle bien comme ça, ce communard qui a commencé toute l’affaire et qui a frappé dans le dos des nôtres en Serbie, dans le dos du général Draza? Hier encore ces chers Anglais considéraient Draza Mihajlovic comme le plus grand guerrier européen, Draza, « notre oncle », qui a fait l’école de guerre française, qui le premier s’est opposé aux Allemands et dont les Américains ont publié les photos en première page des journaux. Pourquoi ne demandent-ils pas à ce ridicule Tito qui s’est affublé du titre du maréchal – en réalité c’est un caporal autrichien – s’il a du sang sur les mains? Il y a quelques jours, il a parlé devant une foule nombreuse à Ljubljana. Nos estafettes qui vivent en Yougoslavie nous informent que les gens ont été contraints de se rassembler car là-bas ils sont tous contre les communistes et ils organiseront bientôt une révolte. Alors notre heure viendra, disent les nôtres. C’est pourquoi nous devons être prêts à tout moment, si la trompette sonne, il faut aller sous les drapeaux.
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Ce ne sont pas les choses qu'on a faites qui nous accompagnent mais celles qu'on n'a pas faites. Qu'on aurait pu faire ou au moins essayer, mais qu'on n'a pas faites.
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Le monde est sens dessus dessous. Il est cassé, comme ce miroir dans lequel je vois des morceaux de mon visage, les morceaux déchiquetés de ma vie.
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Être un soldat ne signifie pas être un homme violent. La violence est une partie du métier des armes, mais l'honneur d'officier ne permet pas de frapper un plus faible.
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L’amour triomphe de la distance, l’amour triomphe de tout. Sauf de la guerre. La guerre triomphe de tout, même de ceux qui se battent. Et de ceux qui attendent que ça passe.
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Le mal est un nuage invisible qui voyage à la surface de la terre, il détecte un terrain favorable et le bon foyer pour se développer. Il s'y pose. Il grandit, les gens se mettent à se détester. La guerre est là. Plus personne n'est ce qu'il était ou ce qu'il aurait voulu être. Le mal crescendo. On fusille des innocents, on incendie les maisons, les villes sont en ruine. Puis ça s'élargit, finalement, le nuage s'est étendu sur presque toute l'Europe et dans l'immensité russe, il a même trouvé dans les lointaines îles du Pacifique des conditions propices pour y descendre et assassiner
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Il était bizarrement vivant. Il avait tout le temps l’impression qu’il lui manquait la moitié de la tête. Mais pas parce qu’un lance-mines allemand lui aurait enlevé une moitié de tête ou parce que la pétoire de Borben l’aurait arrachée, comme c’était arrivé à beaucoup de combattants qui n’étaient plus là. Parce qu’il lui manquait quelque chose dedans. Ce qu’il y avait avant : Sonja, mai, le temps de l’amour. A cet endroit-là, c’était le vide.
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Valentin Gorjan était maintenant assis devant lui de l’autre côté de la table. Il sentait la chaleur du corps de Johann derrière son dos. C’est ce qu’il supportait le plus mal. La proximité physique d’un homme qui peut faire de lui ce qu’il veut. A ce moment-là, on devient fragile, pauvre, faible comme un enfant à qui on brise le cœur et dont l’âme effrayée se déchaîne dans le corps, frappe sous les tempes tout en sachant qu’il n’y a pas d’issue.
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Drago Jancar
Elle dord. Derrière ses paupières fermées, elle voit les nuages loin dans le Nord, elle voit les cygnes, d'abord l'un qui fourette la surface avant de d'élever, ensuite toute une volée qui s'élance dans un large battement d'ailes, qui nage presque à travers le voile de brume au-dessus de l'eau en direction du clocher, son reflet plane sur le miroir du sombre lac de l'automne.
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Cette nuit, je l’ai vue comme si elle était vivante. Après avoir traversé la baraque, elle s’est avancée entre les châlits où mes camarades respiraient calmement dans leur sommeil. Elle s’est arrêtée à ma hauteur, m’a regardé un moment l’air pensif, un peu absent, comme toujours lorsqu’elle ne pouvait pas dormir et qu’elle errait dans notre appartement à Maribor, elle s’est arrêtée devant la fenêtre, s’est assise sur le lit, puis elle s’est retournée vers la fenêtre. Qu’y a-t-il, Stevo ? a-t-elle dit, toi non plus, tu ne peux pas dormir ?
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On vit une époque où on ne respecte que les gens, vivants ou morts, qui étaient prêts à se battre, même à se sacrifier pour les idées qu'ils ont en partage. C'est ce que pensent les vainqueurs et les vaincus. Personne n'apprécie les gens qui ne voulaient que vivre.
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Le vide étrange qui s'est ouvert dans mon crâne est toujours là.
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Le jour où je finis ma peine, je la trouvai en larmes. Je pensai qu'elle était touchée par la "dert", la dert était ce sentiment triste qui se dégageait de cette comédie musicale, Kostana, l'aspiration à la vie de la femme enfermée. Mais ce n'était pas ça.
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Un jour de mai 1945, quelque part dans les montagnes de Slovénie, une unité militaire manqua la cote qu'un commandant avait marquée sur sa carte, la veille au soir, à la lueur d'une lampe de poche, et se retrouva au-dessus d'un village inconnu après une longue nuit de marche. Sur le versant boisé, l'éclat de la lumière du matin perçait à travers les branches et entre les troncs, éblouissant les hommes de la nuit. Sans avoir reçu de consigne, ils s'arrêtèrent, leur instinct aiguisé par une longue pratique de la guerre les fit se cacher derrière les arbres et dans les fourrés. Un soleil printanier baignait le chaud paysage couché à leurs pieds, leurs regards anxieux errèrent d'abord sur les hauteurs puis s'arrêtèrent sur la neige étincelante des lointaines montagnes qu'ils devaient franchir. Leurs yeux fatigués se dérobèrent à l'éclat douloureux de la neige, s'égarèrent dans la vallée en suivant la pente douce jusqu'à l'orée du bois. Là, derrière une butte herbeuse, un clocher blanc s'élançait vers le ciel. En avançant, ils aperçurent soudain un village aux maisons frileusement serrées contre la colline et paresseusement rassemblées autour de la petite église. Et là, ils découvrirent une scène étonnante, mystérieuse.

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Pourquoi suis-je là, moi ? A cause de cette lumière rouge ? Du regard séducteur de cette femme maquillée ? Son esprit se perd dans le brouillard rougeâtre, bien sur, cette lumière est nébuleuse, épaisse comme une fumée, son esprit s'y perd et s'y atomise.
Je suis seul ici, complètement seul, je vais m'asseoir parmi ces ombres, à coté d'une personne qui regarde les éclats de verre sur la table, les éclats de sa vie par terre, et lève sa main ensanglantée vers ses yeux. Est-ce ma main ? Est-ce ma main qui a fait ça?
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Entre la vie et la mort, ai-je pensé, nous vivons tous ainsi entre la nuit et le jour, comme maintenant.
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Elle parla du matin berlinois, au pied de leur château, le soleil se levait d'un côté alors que, sur l'autre côté, un quartier de lune pendait encore. Nous arrêtâmes au bord de l'eau. C'était silencieux, clair, décoloré, presque douloureusement beau en cette époque de folie.
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Elle détestait toute forme de violence. Quand les chasseurs revenaient chargés des bêtes abattues, elle ne les attendait pas dans la cour.Elle se tenait à la fenêtre, regardait les animaux morts en hochant tristement la tête. Quand elle montait à cheval, elle n'utilisait pas la cravache. Même une grenouille écrasée l'émouvait. Peut-être avait-elle simplement peur, elle ne voulait absolument rien avoir à faire avec ces temps horribles.
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J'expliquai l'alpha et l'omega, le cheval sent et sait si on se comporte bien avec lui, si on ne le fait pas, il se révolte. Imaginez, madame, dis-je aussi gentiment que je le pouvais, imaginez que le cheval regimbe alors qu'il doit attaquer. Mais c'est ce que vous dites aux recrues ? dit-elle. Oui, c'est ce que je leur dis. C'est-à-dire que vous ne vous comportez bien avec lui que pour pouvoir le pousser sous ces bombes ou disons ces obus. Je dis avec colère que nous aussi nous donnons de nous-mêmes là-bas, il y a eu mille morts à la bataille de la Kolubra.
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