Citations de Edgar Morin (950)
La pensée doit affronter la contradiction.
( La grande librairie, tout de suite ! )
Toutefois, les « leçons » qu’ils tirent depuis le début du premier confinement ne sont qu’un ajout, une strate supplémentaire du monticule des dévastations dont l’Homme se rend coupable. Oui, l’énonce le fondateur du Mouvement Colibris, cela fait « bien longtemps » que l’humanité, méthodiquement, transgresse les lois de la vie et travaille à son éradication. « L’enfer est ici, sur terre, et n’a pas pris forme avec le coronavirus. »
la vraie vie c'est en premier lieu l'épanouissement du "je" dans un "nous"
J 'ai été surpris par la pandémie mais dans ma vie, j'ai l'habitude de voir arriver l'inattendu.
Il faut apprendre que dans l'histoire, l'inattendu se produit et se reproduira. Nous pensions vivre des certitudes, des statistiques, des prévisions, et à l'idée que tout était stable, alors que tout commençait déjà à entrer en crise. On ne s'en est pas rendu compte. Nous devons apprendre à vivre avec l'incertitude, c'est-à-dire avoir le courage d'affronter, d'être prêt à résister aux forces négatives.
La crise nous rend plus fous et plus sages. Une chose et une autre. La plupart des gens perdent la tête et d'autres deviennent plus lucides. La crise favorise les forces les plus contraires. Je souhaite que ce soient les forces créatives, les forces lucides et celles qui recherchent un nouveau chemin, celles qui s'imposent, même si elles sont encore très dispersées et faibles. Nous pouvons nous indigner à juste titre mais ne devons pas nous enfermer dans l'indignation.
Il y a quelque chose que nous oublions : il y a vingt ans, un processus de dégradation a commencé dans le monde. La crise de la démocratie n'est pas seulement en Amérique latine, mais aussi dans les pays européens. La maîtrise du profit illimité qui contrôle tout est dans tous les pays. Idem la crise écologique. L ' esprit doit faire face aux crises pour les maîtriser et les dépasser. Sinon nous sommes ses victimes.
Nous voyons aujourd'hui s'installer les éléments d'un totalitarisme. Celui-ci n'a plus rien à voir avec celui du siècle dernier. Mais nous avons tous les moyens de surveillance de drones, de téléphones portables, de reconnaissance faciale. Il y a tous les moyens pour surgir un totalitarisme de surveillance. Le problème est d'empêcher ces éléments de se réunir pour créer une société totalitaire et invivable pour nous.
À la veille de mes 100 ans, que puis-je souhaiter ? Je souhaite force, courage et lucidité. Nous avons besoin de vivre dans des petites oasis de vie et de fraternité.
[...] la connaissance est une navigation dans un océan d'incertitudes à travers des archipels de certitudes.
C'est toujours ce qui éclaire qui demeure dans l'ombre.
En portant l'humanité en lui, chaque être humain en est responsable à sa mesure.
Combien de fois dans l'histoire on a fait preuve d'un véritable somnambulisme comme, par exemple, lors de ce que j'ai vécu dans mon adolescence, dans les années 1930 à 1940 où l'on allait dans l'inconscience vers le désastre ?
Il y a une telle complexité dans l'univers, il est apparu une telle série de contradictions que certains scientifiques croient dépasser cette contradiction, dans ce qu'on peut appeler une nouvelle métaphysique. Ces nouveaux métaphysiciens cherchent dans les mystiques, notamment extrêmes-orientales, et notamment bouddhistes, l'expérience du vide qui est tout et du tout qui n'est rien. Ils perçoivent là une sorte d'unité fondamentale, où tout est relié, tout est harmonie, en quelque sorte, et ils ont une vision réconciliée, je dirais euphorique, du monde.
Ce faisant, ils échappent à mon avis à la complexité. Pourquoi ? Parce que la complexité est là où l'on ne peut surmonter une contradiction voire une tragédie. Sous certains aspects, la physique actuelle découvre que quelque chose échappe au temps et à l'espace, mais cela n'annule pas le fait qu'en même temps nous sommes incontestablement dans le temps et dans l'espace.
On ne peut réconcilier ces deux idées. Devons-nous les accepter telles quelles ? L'acceptation de la complexité, c'est l'acceptation d'une contradiction, et l'idée que l'on ne peut pas escamoter les contradictions dans une vision euphorique du monde.
Bien entendu, notre monde comporte de l'harmonie, mais cette harmonie est liée à de la dysharmonie. C'est exactement ce que disait Héraclite : il y a de l'harmonie dans la dysharmonie, et vice versa. (pp. 86-87)
Il faudrait aussi savoir méditer et réfléchir afin de ne pas subir cette pluie d'informations nous tombant sur la tête, chassée elle-même par la pluie du lendemain et ainsi sans trêve, ce qui ne nous permet pas de méditer sur l'événement présenté au jour le jour, ne nous permet pas de le contextualiser et de le situer. Réfléchir, c'est essayer, une fois que l'on a pu contextualiser, de comprendre, de voir quel peut être le sens, quelles peuvent être les perspectives. Encore une fois, pour moi, la ligne de force d'une sagesse moderne serait la compréhension.
… la crise d'une pensée politique aveugle qui, soumise à un crétinisme économiste qui dégrade tous les problèmes politiques en questions de marchés, est incapable de formuler aucun grand dessein.
Je regrette de ne pas pouvoir savoir ce qui va sortir de la conjonction des énormes crises que subit aujourd’hui l’humanité. Je regrette qu’il puisse me manquer une année ou deux pour percevoir ce qui se dessine, se détruit, prend forme. Je crains qu’advienne une longue période régressive, tout en sachant que l’improbable peut tout modifier, en mieux comme en pire. Je vais partir en plein suspense historique.
Il s'agit de reconnaitre notre lien consubstantiel avec la biosphère et d'aménager à la fois la nature et la société. Il s'agit d'abandonner le rêve prométhéen de la maîtrise de l'univers pour aspirer à la convivialité sur terre.
Vivre intensément, c'est accepter la risque de mourir.
dans le hors série du magazine "Psychologie" n°74 de décembre 2022-janvier 2023.
« Enseigner la compréhension entre les humains est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité . »
Il s’agit d’abandonner le rêve prométhéen de la maîtrise de l’univers pour aspirer à la convivialité sur Terre.
J'espère que le monde va changer de voie.
Si nous avons une pensée vicieuse, nous nous tromperons ;
si nous avons une pensée complexe, nous risquons de moins nous tromper.
LGL
J'admire Dostoïevski, et les grands Russes, Balzac m'a appris la vie sociale ;
pour être romancier, il faut être un génie ; pour écrire de la sociologie, il suffit d'être intelligent
( LGL )
La pathologie moderne de l'esprit est dans l'hyper-simplification qui rend aveugle à la complexité du réel.
L’indifférence, ce gel de l’âme.