Citations de Elizabeth Jane Howard (375)
« Il faisait gris et l’air était immobile, avec une brume blanchâtre ; les arbres se paraient d’or, de jaune et de cuivre, les baies de tamier en train de mûrir viraient du vert au rouge ,les gratte- culs et les cenelles étaient déjà murs , les prunelles étaient noires sous leur poussière bleu lavande . »
- Je pense que les religions ont été inventées pour rassurer les gens sur la mort.
[…]
- Ah, tu crois ?
[…]
- Oui. Oui. Les peaux rouges et leurs heureux terrains de chasse, le paradis, le ciel, ressusciter dans la peau de quelqu’un d’autre… Je ne sais pas combien de légendes les religions ont inventées, mais je suis sûre que c’est à ça qu’elles servent. Que tout le monde finisse par mourir n’a rien de consolant pour personne. On a été obligé d’inventer une forme d’avenir.
Il neigea cette nuit-là, à flocons gros comme des plumes. La neige s'accumula sur les arbres dénudés, elle durcit sur le sol comme un glaçage sur un gateau.
La guerre a l'art de niveler les hommes, tu sais. Après avoir tous plus ou moins risqué leur peau, les gens ne verront pas d'un très bon oeil le retour à un système de classe où la vie de certains compte plus que celle des autres.
Seigneur ! Il était content de ne pas être une femme. Devoir porter des jupes et être bien plus faible...
J’imagine que quand il y a la guerre, tout le monde doit quitter quelqu’un qu’il aime. Je serai comme tout le monde.
Le silence est souvent ce qu’il y a le mieux à dire.
- Si je devais décrire la vie sur cette terre en traçant des traits sur un morceau de papier, je ferais des cercles.
- Des cercles ?
Il m'a lancé un regard presque impatient : "Oui, le serpent qui se mord la queue, les maillons d'une chaîne, le soleil - le paradoxe, le raccord entre une chose et une autre - , la difficulté de comprendre ce qui est une fin. Les dimensions paraissent toujours réduites dans une tentaive de dissimuler cette difficulté, si bien qu'il est presque impossible de voir quoi que ce soit dans son entier, pas même sa propre vie.
Elle ne devait jamais savoir de quelle cruauté les gens étaient capables.
Dans la vie, ce qu'on gagnait d'un côté, on le perdait de l'autre.
« Et je ne pourrai même pas aller aux obsèques parce que Cette Femme y sera.
Ce genre de pensées amères et répétitives , bourdonnaient dans sa tête telles des guêpes dérangées à l’intérieur de leur nid » .
Si je ferme les yeux, je peux encore décrire chaque pièce en détail, ainsi que le verger et les champs dehors, le bois traversé par le ruisseau. Je pourrais m'y promener en sachant toujours où je suis. Et je sais que c'est pareil pour vous. Cette maison est en nous, nous ne l'oublierons jamais. Et nous avons de la chance d'avoir dans nos coeurs le souvenir d'un endroit si cher."
"C'est beaucoup plus dur d'être une maîtresse que d'en avoir une, (...).
Elles repartirent vers la maison, émergeant du couvert des arbres pour traverser la pelouse : au bord des colchiques jaillissaient , flamboyants, de la terre nue.
"Comment les décririez-vous ? demanda Zee.
- On dirait des femmes en robe de soirée le matin, répondit-elle.
Au cas où tu ne le saurais pas, une des différences entre l'amateur et le professionnel c'est que l'amateur ne travaille que quand il a envie, et que le professionnel travaille quelle que soit son humeur.
" Si vous voulez mon avis Mr Tonbridge, je trouve qu'Hitler devrait se faire tout petit.
- Il devrait, Mrs Cripps, mais n'oubliez pas, c'est un étranger.
Pourquoi avait-on toujours envoyé les garçons en pension ? Il y était depuis ses neuf ans, et il n'avait que douze ans aujourd'hui.
La Duche appartenait à une génération et à un sexe dont l'opinion n'avait jamais été sollicitée pour quoi que ce soit de plus sérieux que les maux des enfants ou d'autres préoccupations ménagères, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'en avait pas (...).
" Quand même Zoë finira bien par fonder une famille.
- Jamais de la vie ! Je suis sûre qu'elle ne veut pas d'enfants.
- Comme nous le savons, la question n'est pas toujours d'en vouloir ou pas."
Villy jeta à Sybil un coup d'oeil stupéfait. " Ma chérie ! Tu ne... voulais pas...
- Pas vraiment. Bien-sûr, maintenant, je suis contente.
- Bien-sûr." Ni l'une ni l'autre n'osèrent se mouiller davantage : elles avaient touché l'eau, sans se risquer à plus avant.
Debbie Westinghouse était une de ces femmes qu'on ne voit qu'ici - moitié poupée, moitié petite fille - , sans rien dans la tête, pas même une once de méchanceté. Elle était fragile, écervelée, douce et simple et tellement propre qu'on aurait pu manger sur elle. Elle adorait sa famille, avait rempli la pièce de photos de ses petits-enfants et comprenait que les livres n'étaient pas pour elle.