Olive vit aux Etats-Unis, à la fin du siècle dernier, dans une de ces petites villes où tout le monde se connait plus ou moins. L'histoire est divisée en nouvelles, chacune relatant la vie d'un personnage ou d'un couple, qu'Olive croise, voire plus. Au fil de celles-ci, Olive se révèle. le temps passe, sa situation évolue. Chacune de ces nouvelles m'a rappelé l'univers de Raymond Carver, ces vies bancales, qui ne tiennent qu'à un fil pouvant être brisé d'un moment à l'autre. L'écriture est très proche aussi de celle de Carver, des phrases magnifiques, efficaces, uniques, de vrais bijoux. La densité de l'écriture d'Elizabeth Strout ajoute à la tension du récit. C'est rapide, condensé, impossible de s'ennuyer.
Certaines nouvelles réservent d'énormes surprises et sont vraiment exceptionnelles, en particulier deux. La première est la rencontre d'Olive avec un de ses anciens élèves. Celui-ci va mal et semble prêt à l'action. On ne sait pas si elle s'en rend compte mais elle va être terriblement bavarde lors de cette rencontre, alors qu'elle ne l'est jamais. Les intentions du jeune homme peuvent être interprétées de différentes manières, laissant l'imagination dériver au bord du gouffre.
La deuxième est l'évocation d'un souvenir très douloureux avec des retours sur les sensations vécues et les sentiments après coup. Olive est particulièrement odieuse dans ces circonstances horribles mais est-ce que c'est sa vraie nature ou est-ce que l'événement a provoqué un trouble de sa personnalité à ce moment-là ? Impossible de le savoir.
Que dire d'Olive ? Ce n'est pas l'héroïne idéale, elle est grosse, pas toujours facile à vivre. Elle s'intéresse aux autres, sans avoir envie pour autant d'être leur amie. Elle ne fait aucun effort, aucune concession. Olive fait peur, parce qu'elle dit ce qu'elle pense, même si cela ne fait pas plaisir. Olive suit son instinct, toujours. Elle est très libre, trop parfois. Elle ne s'embarrasse de rien et agit comme elle le sent. Olive n'a rien de lisse et elle surprend.
Elizabet Strout aborde tous les sujets : la vieillesse, la maladie et la mort. Elle va droit au but, comme Olive et nous laisse abasourdis par la perfection de son roman.
« Olive Kitterridge » a reçu le prix Pulitzer en 2009 et a été adapté en mini série avec Frances MacDormand dans le rôle principal.
Lien :
http://objectif-livre.over-b..