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Critiques de Emilie de Turckheim (364)
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Lunch-box

Ce livre est épatant !

Hypnotique, magnétique, ensorcelant, il m’a envoûtée dés les premières pages. Pourtant c’est un livre très particulier qui pourrait dérouter.



L’histoire s’ouvre sur une étrange histoire, celle de monsieur Patok amoureux fou du gâteau à la noix de pécan et foudroyé par la foudre.

Le malaise est déjà là. Palpable et mystérieux. Arrivent ensuite plusieurs personnages qui semblent se connaître sans se connaître. Dans la ville fictive de Zion Heights en Amérique gravitent Sarah, l’institutrice de chant, Solene, la maman attentionnée et David, le père un peu maladroit. Autour d’eux, cette lunch-box, elle aussi, partout et nulle part à la fois. Mystérieuse à souhait.



La première partie plante le décor. Celui de personnages torturés, mélancoliques, parfois drôles, et surtout férocement vivants par l’énergie émotionnelle qu’ils dégagent.

Deuxième partie, les détails recueillis précédemment, le voile mystérieux, tout cela se dissipe pour nous claquer une vérité, une réalité à laquelle on ne pouvait ou on ne voulait pas penser.



D’une écriture précise, à l’affût du juste dosage entre descriptions-émotions-immersion-empathie, Lunch-box est un livre impossible à lâcher qui m’a fait vibrer, sourire et pleurer à la fois.

J’aime ce procédé narratif déjà rencontré dans l’excellent roman d’Amelie Antoine, Raisons obscures qui consiste à commencer par la fin tout en mystère pour remonter le fil jusqu’au présent. Je trouve que c’est tout à fait prenant et passionnant.



Émilie de Turckheim, je l’ai découverte avec ce très beau récit coup de cœur : Le prince à la petite tasse. Je la découvre ici dans une fiction et c’est de nouveau un coup de cœur. Cette auteure a une imagination féroce qui mériterait d’être largement connue.
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Le prince à la petite tasse

Reza est le jeune prince afghan dont parle si bien Émilie dans ce très beau roman. Reza a fui la guerre dans son pays comme des milliers d’autres, il a parcouru des kilomètres sur terre ou dans l’eau, risquant sa vie tous les jours juste pour l’espoir d’un petit monde en paix.

Émilie, son mari et ses deux enfants décident d’accueillir un de ces nombreux migrants parce que « ils sont des milliers à dormir dehors. Quelqu’un pourrait habiter chez nous, peut-être ? ». L’aventure commence avec l’arrivée de ce jeune afghan de vingt et un an, Reza rebaptisé Daniel lors de son baptême en Pologne.

Aventure tout en respect et en apprentissage de part et d’autre.



« Accueillir quelqu’un est un voyage joyeux. Être accueilli est une aventure sans repos ».



Émilie autant que Reza se montrent attentifs à ce que tout le monde trouve ses marques. Pudeur, échanges, complicité, joie, attentions, la maison d’Emilie se remplit de lumière jour après jour agrandissant son échelle humaine.

Reza est un jeune homme courageux, volontaire, qui brille tant par sa générosité que par sa soif d’insertion. Reza veille aussi aux petites choses afin qu’elles deviennent belles.



« Elle est si belle, cette façon silencieuse de veiller aux petites choses qui comptent. Précis et tissés de poésie, les gestes de Reza sont le nid de l’avenir ».



Le prince à la petite tasse est un récit d’une générosité incroyable sur fond d’expérience plus que réussie.

Renforcer l’humain afin qu’il ne se sente plus étranger ni rejeté. Oui renforcer l’humain, c’est tout cela que j’ai ressenti dans ce très beau récit. Une année pour sauver une âme, ne dit-on pas que celui qui sauve une âme sauve la terre entière...



À découvrir ! À méditer...
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L'enlèvement des Sabines

Ce livre est complètement déjanté et loufoque au possible.

Impossible de vous en restituer mon ressenti tant je ressors déboussolée par cet étrange livre. Moi qui ai tant aimé les deux derniers romans d’Emilie, Lunch-box et Le prince à la petite tasse, j’avais envie de découvrir ses anciens opus.

Me voilà donc à lire L’enlèvement des sabines.



Une poupée gonflable en guise d’au-revoir pour Sabine qui quitte son entreprise pour se lancer dans la poésie, c’est original comme cadeau. Ça devient surtout très gênant quand il faut voyager dans le train avec cette poupée sexy.



À côté de cette autre Sabine parfaite il y a un petit monde qui gravite. Tous cinglés. La mère de Sabine qui m’a bien fait rire tant elle est maboule à s’exciter sur la boîte vocale de sa fille à tout bout de champs. 2’ pour laisser un message à sa fille alors qu’un condamné à mort a tout le temps qu’il veut pour son dernier message. Pauvre mère.



Puis il y a le mari de Sabine, Hans, metteur en scène. On ne sait pas trop ce qu’il fait là ni à quoi il sert mais bon les présentations sont faites.



Ce roman s’articule autour de multiples formes de narration: des dialogues scènettes pour Hans et Sabine, un monologue déjanté quand c’est la mère qui gueule, des lettres que Sabine écrit à sa poupée, et bien d’autres formes.



Bref, c’est un roman qui m’a semblé très brouillon sans fil conducteur avec un mic mac de style en tout genre. J’ai retrouvé certes avec plaisir l’humour singulier de cette auteure. Mais c’est à peu près tout. Ses derniers romans sont bien plus aboutis selon moi. Encore heureux.
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Le prince à la petite tasse

Quelle superbe initiative a prise Émilie de Turckheim en accueillant à son domicile un réfugié ! C'est cette expérience, cette formidable aventure vécue par Émilie, son mari, Fabrice, leurs enfants, Marius et Noé, et ce jeune réfugié afghan de vingt-deux ans, Reza, de février à novembre 2017, que nous livre cette autrice.

Ce titre : le Prince à la petite tasse, a été pris, comme elle nous le dit, en référence au conte d'Andersen, La Princesse au petit pois qui demande l'asile dans un château.

Comme beaucoup, j'avais lu des récits, des témoignages sur ceux qui vivent l'exil. Dans ce roman-journal, c'est la vie de l'intérieur qui est racontée, ce qui en fait toute son originalité. Ce sont tous les détails, tous les petits faits quotidiens qui donnent à ce livre une véritable impression de vie.

Émilie de Turckheim nous met à la fois dans la peau de celui qui vit le drame et dans celle de celui qui tente de l'adoucir et espère le faire cesser. Elle nous retranscrit avec une émotion profonde toute la confiance qui a accompagné leur relation. Cet accueil est une aide inestimable pour Reza. Il aide également cette famille à grandir et notamment les enfants pour qui, en dehors d'une belle leçon de géographie, c'est aussi une formidable leçon de vie.

On ressent, à travers son écriture extrêmement poétique, toute la sincérité des sentiments qu'elle a vis-à-vis des migrants et son ouverture à l'autre. Elle a, par ailleurs, été, auparavant, visiteuse de prison.

En ces temps où la xénophobie, l'égoïsme et le repli sur soi sont malheureusement trop présents, c'est un livre extrêmement touchant qui fait énormément de bien, qui réchauffe le coeur, presque trop beau pour être vrai et qui devrait inciter chacun de nous à regarder l'autre différemment.

L'accueil de ce réfugié est une superbe manifestation de solidarité et de fraternité qui devrait nous servir d'exemple et inviter chacun d'entre nous à faire de même.

Le Prince à la petite tasse est un livre magnifique et lumineux que je recommande chaleureusement.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Popcorn Melody

Le village de Shellawick, au milieu d'un désert de cailloux noirs, dans le Midwest, s'était peu à peu vidé de ses habitants. Peut-être à cause du soleil torride qui les écrasait ou des tornades qui balayaient tout sur leur passage. Toujours est-il que, dès que les petits commerces du coin ont fermé, que ce soient les snacks-bars, le bowling ou la pizzéria, les gens sont partis, abandonnant tout derrière eux. La plupart sont partis vivre à Cornado, à 30 miles au nord, là où était implantée l'usine de pop-corn du Buffalo Rocks qui employait la moitié de Shellawick et des patelins voisins. Tom, lui, propriétaire d'une supérette, a tenu bon. Malgré les rayons désespérément vides. Les habitants venaient non seulement remplir leurs caddies mais aussi pour s'asseoir sur le fauteuil de barbier en cuir élimé, hérité de son père, et livrer leurs petits secrets. Tom observe, écoute et croque sous forme de haïkus notés dans les pages des annuaires, cette galerie de personnages...



Avec ce roman, Émilie de Turkheim nous plonge en plein coeur de ce désert américain, sous ce soleil de plomb, tant les descriptions sont précises, aussi bien l'environnement que les personnages qui l'habite. Des personnages hauts en couleurs et terriblement attachants. Tom, évidemment, le "pop-corn kid", qui ne compte pas se laisser marcher sur les pieds par ce supermarché géant. Viennent ensuite Matt, son professeur, à qui il doit beaucoup; Fleur, une cliente fidèle, perchée sur ses talons aiguilles et qui ne boit que du whisky de qualité; Émilie, fille adoptive de Matt, à l'enfance cabossée... et bien d'autres encore. Ce roman, ample et dense, aborde différents sujets tels que la société de consommation, le gigantisme, le pouvoir de l'argent mais aussi les Indiens d'Amérique ou encore la notion de bonheur (nom, d'ailleurs, que Tom donnera à sa supérette). L'auteur multiplie les scènes cocasses. L'écriture est quant à elle, à la fois inventive, poétique et riche, les expressions ne manquent pas. Un récit fantasque, tendre et original...
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Le prince à la petite tasse

Après avoir publié plusieurs romans, Émilie de Turckheim a délaissé ce genre pour un récit qu’elle a bien fait de nous livrer en ces temps où la tentation d’intolérance et de rejet de l’autre, de l’étranger grandit.

Dans Le Prince à la petite tasse, titre inspiré par un conte, elle détaille ce que sa famille a fait pendant neuf mois : accueillir chez elle un migrant, lui accorder une confiance absolue pour lui permettre de reprendre pied dans la vie et de retrouver une dignité bien mise à mal par des épreuves inimaginables comme tant d’autres humains en subissent.

Si tout cela se passe à Paris, dans un milieu assez aisé, l’expérience n’en est pas moins édifiante et passionnante dans le détail qui en est fait par l’autrice qui nous informe en même temps de son travail d’écriture.

Reza, Afghan qui veut qu’on l’appelle Daniel, a un titre de séjour pour dix ans. Il trouve du travail même si son expérience dans le bâtiment révèle des pratiques proches de l’esclavage. Sa vie est détaillée, ses absences aussi. Les attitudes et les réflexions des deux enfants sont aussi intéressantes et touchantes.

« Accueillir, c’est cuisiner, c’est acheter des légumes, les couper, les faire longuement revenir à l’huile d’olive. Accueillir, c’est ne pas se dépêcher. Ne pas bâcler la cuisine. » Émilie de Turckheim, ainsi, reconnaît tout ce que cet accueil implique et bouleverse dans sa vie quotidienne et c’est d’autant plus méritoire.

Pour finir, Daniel-Reza retrouve la confiance et c’est une très belle histoire pleine de générosité, d’humanité qui ne gomme pas les difficultés, les doutes, les interrogations.

Soulager la misère humaine, réussir à redonner confiance à une personne qui a fui la guerre, la famine, la misère, c’est un bel et magnifique exemple !

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Le prince à la petite tasse

Fabrice, Emilie, Marius et Noé vivent à Paris dans un appartement de 73 mètres carré.

Chaque jour, ils passent devant les tentes des réfugiés et en parlent souvent.

L'idée leur vient de l'accueil : on déblaiera la salle de jeux, on achètera un lit, il faut qu'il joue aux cartes dit le plus petit, on aime ça nous.

Avec l'aide du Samu social, Reza, 21 ans , arrive chez eux en toute discrétion.

Il vient d'Afghanistan, a traversé de nombreux pays avant d'arriver en France, chassé de Norvège.

Emilie tient un journal de l'année que Reza va passer chez eux.

Il est plein de ressources ce garçon et les petits s'amusent à plier des origamis très élaborés avec lui.

Il cuisine d'étrange façon avec énormément d'huile, de sel et d'ail.

Il continue à voir des amis qui parlent la même langue que lui mais ne fait aucune économie car il leur apporte des tentes pour dormir dehors, de la nourriture...

Chaque page comporte un étonnement et l'auteure y écrit de très belles poésies provoquées par les situations vécues.

Reza a trouvé du travail de nettoyage dans une crèche et obtenu des papiers pour rester en France et un titre de voyage.

Un beau geste qu'a effectué la petite famille amorcé par la fibre sociale de la maman qui a été visiteuse de prison donc déjà très à l'écoute des difficultés que les êtres humains peuvent rencontrer.

Elle n'a pas abordé les difficultés qu'ils rencontraient lors de cet accueil car on se doute qu'ils en ont vécues mais les moments riches sont tellement nombreux qu'on comprend pourquoi elle s'est concentrée sur le côté positif de l'expérience.

Ce que j'ai préféré, c'est la naïveté très franche des enfants et les réponses de Reza comme il peut car le français est une langue de trop à apprendre pour lui malgré les cours qu'il suit.

Un très beau récit qui m'a plu du début à la fin.
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Popcorn Melody

Voici un drôle de livre, petit bijou pétri de poésie, de folie douce et de haïkus ,à la fois déjanté, fantasque mais terriblement attachant !



L'histoire de Tom et son super - marché « Le Bonheur » le seul à être allé à l'université ,né dans cette ambiance couleur de suie, en plein désert des cailloux noirs , à Shellawick , , au coeur du Midwest .

Pourtant , petit à petit cette ville se vide , comme un sablier renversé —— grain à grain sans faire de bruit ——les trois snacks - bars ont fermé, la pizzeria et le bowling ——



Seul le super- marché de Tom où il vendait tout ce qu'il fallait pour ne pas mourir de faim —-, se laver et tuer les mouches ——subsistait , les clients défilaient pour raconter leur histoire sur le fauteuil de barbier de son père ...

Les gens prenaient tous un jour ou l'autre le chemin de l'usine de pop- corn , de la distillerie ou du salon de coiffure .

Ceux qui tenaient à rester à Shellawick auraient répondu au pourquoi «  Pass' que chu' né là, pauvre crêle. »

Jusqu'au jour où jaillit un fabuleux hypermarché climatisé ... nommé « Corne d'Abondance ».

Mais Comment combattre un tel concurrent ?



Où l'on croise Jeff Woolson , le maire curieux des jérémiades et des bêtises en tout genre débitées dans le fauteuil de Tom, Matt, l'instituteur pendant 50 ans, qui racontait sa vie par petites touches, Fleur, une vieille géologue juchée sur des talons aiguilles buvant du whisky hors de prix , des indiens , des rêves et des souvenirs enfouis sous une chaleur de plomb et bien d'autres personnages , des gestes du quotidien déjantés contés avec simplicité , naturel ——une incroyable dose d'humour et de fantaisie .——un vrai talent , Émilie de Turckheim , auteure que je ne connais pas...



Un ouvrage souriant , ironique à propos de la dérision et de la quête du bonheur dans nos sociétés avides d'abondance, de consommation ....du toujours plus ——au coeur de ces terres chaudes des Indiens des Plaines .——

Repèré grâce au titre et au nom de l'auteur , lu d'une traite avec bonheur , plus profond qu'il ne paraît ....On ne peut pas transcrire l'esprit exact de cet ouvrage , il faut le lire ...

Tom :

«  En écoutant mes clients , j'ai appris que les autobiographies étaient des tissus de mensonges sincères , qui variaient au gré des années et des ressentiments . Matt inventait des souvenirs quand il ne trouvait plus rien à me dire . La plupart des gens dont il me parlait s'asseyaient eux aussi sur mon fauteuil. J'entendais alors d'autres versions sincères et mensongères des mêmes événements .. »

Ce n'est que mon avis, tout relatif ...

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Lunch-box

Un incipit intrigant en forme de poème, suivi d’un premier chapitre sur M. Patok plutôt désarmant. J’avoue que si je n’avais pas lu tous ces avis positifs sur ce roman, je ne suis pas sûre que j’aurais poursuivi ma lecture. Et j’aurais eu tort. Quel texte fort. Intense. Hypnotique. J’ai vibré au fil de ces 250 pages de colère, de tristesse et de culpabilité. j’ai ressenti le chagrin de cette famille endeuillée par la mort de leur petite fille, et j’ai éprouvé la meurtrissure de cette professeure, meurtrière par accident. J’ai été tour à tour Sarah, l’enseignante coupable et Solène la mère orpheline de fille. Et comme elles, je me suis questionnée : comment continuer à vivre après un tel drame ?

C’est vraiment un très beau texte sur les aléas de la vie. L’écriture, la narration, l’aspect introspectif du récit m’ont totalement envoûtée. Une belle surprise. Une lecture marquante

.
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Popcorn Melody

Les uns après les autres ils viennent et prennent place dans son fauteuil de barbier. Un siège en cuir datant de l’époque de son père, avant l’épicerie. Certains s’y épanchent, d’autres lui commandent du whisky japonais ou lui demandent d’écrire une chanson. Il faut dire que Tom est le seul à être allé à l’université. Presque le seul à savoir écrire dans ce village paumé du middle West où tous sont plutôt satisfaits de leur sort. Un endroit qu’aucun n’aurait eu l’idée de quitter si une usine de pop-corn ne s’était installée dans un village voisin.



Début de la déliquescence de son commerce, cette usine symbolise aussi pour Tom, avec l’installation d’un hypermarché ultramoderne en face de chez lui, tout ce qu’il déteste et contre lequel il entend lutter. La consommation excessive, désordonnée et inutile ne doit pas, à l’instar de la conquête de l’Ouest qui a détruit les civilisations indiennes, menacer la culture et l’épanouissement de son esprit. C’est un très dur combat qu’il est prêt à mener, quitte à affronter des adversaires féroces.



Emilie de Turckheim nous emporte, au cœur des terres ardentes des Indiens des Plaines, dans une réalité hallucinée et un rêve naturaliste pour nous convaincre de résister aux sirènes d’un bonheur éphémère. Elle le fait d’une belle façon, un peu absurde et déjantée.

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Le prince à la petite tasse

"Le prince à la petite tasse" est un roman témoignage qui fait sourire par moment mais qui est loin d'être aussi léger que ce qu'il peut paraître dans un premier temps. Reza, jeune afghan est accueilli chez Émilie, Frédérique et leur deux enfants. Certaines situations d'incompréhension, de quiproquos dus à la langue ou à des différences de cultures sont amusantes mais c'est surtout la personnalité de Reza qui montre de façon très discrète sa souffrance mais aussi sa volonté de s'intégrer que je retiendrai. A plusieurs occasions Reza m'a fait penser à un jeune homme de mon entourage proche qui se trouve dans le même genre de situation. J'ai retrouvé les sourires, les élans de générosité et de reconnaissance face à l'accueil, les habitudes alimentaires qui peuvent surprendre.

Ce livre ne montre pas tout le parcours, les démarches et les difficultés que rencontrent les migrants mais montre avec humour et beaucoup de tendresse certains aspects du quotidien. C'est un témoignage plein d'humanité qui met en valeur la générosité de la famille de Émile de Turckheim mais aussi celle de Reza. Beaucoup de pudeur et beaucoup d'amour dans ce récit que je pensais initialement être une fiction et non un témoignage.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Le prince à la petite tasse

Le prince à la petite tasse d'Emilie de Turckheim chez Calmann Lévy aout 2018.

Reza est un jeune Afghan . Il a obtenu des papiers, un travail et trouvé où habiter quand Emilie de Turckheim, Fabrice et leurs deux enfants Marius et Noe lui offrent l'hospitalité. Un jeune homme attachant, toujours en mouvement , toujours sur le qui-vive, qui a du mal à s'exprimer en français mais qui n'en pense pas moins. Ce sont ces 9 mois passés ensemble qu'Emilie de Turckheim a décidé de nous relater. Le ton est juste, l'humour et le rire chassent les larmes. Difficile de parler de soi, des siens, de ses"bonnes actions" sans tomber dans l'auto-satisfaction et l'auto-suffisance , le pari était risqué il est à mes yeux gagné et c'était une gageure..

Merci aux éditions Calmann Levy via netGalley pour ce partage #LePrinceàlaPetiteTasse #NetGalleyFrance
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Le joli mois de mai

Monsieur Louis est fatigué et décide d'aller s'adosser à un arbre. Il ne s'en relèvera jamais. La balle qu'il s'est tirée a parfaitement rempli son office.

Qui dit décès dit héritage. Loin d'être nanti, Monsieur Louis possédait quelques biens susceptibles d'appâter les charognards de tout bord.

Aimé, dévoué serviteur désormais orphelin, les attend de pied ferme. Cinq vautours pour une carcasse, la collation risque fort d'exacerber les susceptibilités. Cinq personnalités aux lourds secrets venant tous d'horizons divers. Plus que jamais, en Mai, fais ce qu'il te plaie...



A tous ceux qui comme moi aspirent à un petit épisode à la Agatha Christie, je dis mauvaise pioche, l'intérêt, tout comme la vérité, est ailleurs Mulder.

Notamment dans le canevas qui peu à peu se fait jour, tissé méticuleusement par un Aimé en mal de révélations.

J'ai adoré la leçon, beaucoup moins le professeur. En effet, imaginez quelqu'un usant du phrasé de Forrest Gump - contre qui je n'ai absolument rien personnellement, que les choses soient bien claires entre vous z'et moi - et ce sur près de 120 pages, caractères gras élevés à l'huile de palme. Car oui, toi aussi ami presbyte, tu pourras te délecter de ce phrasé si particulier qui tantôt te fatiguera, tantôt te ravira, suivant l'humeur du jour pour peu que ton appétit de lecture soit aussi gargantuesque que celui du sieur Pernaut à bien vouloir, ne serait-ce qu'une fois, se fendre d'un embryon d'info digne de ce nom...

Si ce parti pris naïf ne m'avait pas autant tanné par moments et ce, encore une fois, malgré l'originalité indiscutable de ce court récit intelligemment construit, l'engouement aurait été tout autre.



Le Joli Mois de Mai, Aimé n'est pas adoré. Et c'est pas le chat Grin qui me contredira...
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Popcorn Melody

Petit bijou de drôlerie, de poésie et d'idées futées sur la vie actuelle, "Popcorn Melody" est un véritable coup de coeur.

Si vous aimez les films de Wes Anderson, la folie douce, les ambiances décalées, les personnages charismatiques, les anti-héros, les gestes du quotidien racontés avec simplicité et humour, les gens qui écoutent les autres sans les juger, les mots sans prétention qui font du bien, alors vous avez de bonnes chances d'aimer ce livre.

On y trouve un supermarché moribond perdu au milieu d'un désert de pierres, un fauteuil de barbier, une vieille femme juchée sur des talons aiguilles et buvant du whisky hors de prix, une usine de pop corn, des indiens, des rêves enfouis sous une chaleur de plomb, des situations qui pourraient faire pleurer mais trouvent le moyen de faire sourire.

Je ne vous en dis pas plus....je me suis laissée embarquer pendant les 200 et quelques pages et je sais que j'y retournerais quand le besoin s'en fera sentir.
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Lunch-box

C’est mon premier roman d’Emilie de Turkheim.

Ne connaissant donc pas du tout son style, j’ai été un brin déroutée par le début du roman : tout d’abord un poème en vers libres, je comprends vite qu’il pourrait être le quatrième de couverture, puis je suis en classe avec un instituteur racontant une histoire saugrenue mais captivante à ses élèves. C’est à la fin que j’ai compris l’utilité de cet épisode.



La trame se met alors en place.



Nous sommes dans une petite communauté aux États-Unis, où vivent des Français expatriés qui ont inscrit leurs enfants dans une école bilingue. Les familles ont intégré les codes de la vie scolaire américaine, dont la traditionnelle lunch-box des enfants qui va jouer un rôle crucial, et la grandiose Fête annuelle de l’école où la prof de musique, Sarah, monte chaque année des spectacles à couper le souffle.

Un peu malgré elle, Sarah a accepté de conduire à l’école deux fois par semaine six enfants qui habitent dans son quartier.

Et un jour…, c’est l’accident et la mort d’un des six enfants.



Le drame, l’émoi, la douleur s’emparent de cette petite communauté plutôt paisible.



C’est le point de fracture du roman : l’autrice donne désormais alternativement la parole à la maman endeuillée, et à la professeure de musique. Sarah, adulée jusque là par les parents, les enfants et ses collègues est mise au ban de la communauté. Elle est pourtant horriblement meurtrie par la mort de son élève. La maman ne se remet pas de la perte de son enfant et se sent coupable, revit en boucle les derniers instants ensemble. Ce drame aurait-il pu être évité ? Qui est responsable ? Coupable ? Victime ? Tout le monde et personne.



La deuxième partie est triste, déchirante, mais le roman dégage une atmosphère lumineuse. J’ai vraiment ressenti la douleur, la colère, l’irrémédiable perte, le découragement des protagonistes qui sont tous très attachants.



Finalement, l’autrice m’a séduite par son procédé narratif original même s’il m’a légèrement déstabilisée, j’aime sa plume légère, sobre, proche de son lecteur.





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Popcorn Melody

Attirée par le titre curieux et le nom de l'auteure ( j'avais envie de la découvrir ) , je me suis lancée...et la lecture s'est révélée jubilatoire!



Un univers déjanté comme je les aime, au fin fond du Middlewest, des personnages hauts en couleurs et un peu fêlés, " ça aurait été crêle de pas en profiter ", touré ! Excusez-moi, je me suis trop imprégnée des expressions locales...



Pour vous mettre en appétit, voici un assortiment à grignoter ( pas du pop-corn, en tout cas!) : un vieux fauteuil de barbier qui sert de confessionnal, un" supermarché " qui n'en est pas vraiment un et dont la devise minimaliste de vente est " manger, se laver et trucider les mouches", le propriétaire, Tom, à la fois poète ( il écrit des haïkus à propos de ses clients) et psychanalyste (d'où le fauteuil, vous suivez toujours?)



J'ajouterais un hypermarché construit en face pour narguer Tom et l'entraîner dans la faillite, Emily Dickinson, non, pas la femme de lettres, une autre, vous décrochez, pas vrai? C'est normal! Et il y a , trônant au-dessus de tout cela, le Pierrier, la montagne noire, poussière, chaleur, cailloux, ouh! " Touré de zate de coye!"



Mais ne vous arrêtez pas qu'au côté loufoque, humoristique du livre, qui peut parfois devenir lassant. Car l'auteure épingle ici de nombreux travers de la société américaine contemporaine : les conditions de travail déplorables des usines de pop-corn, la désertification des petites villes, le gigantisme des magasins, associé au consumérisme. Mais elle le fait avec malice et fraîcheur dans le ton. Et le personnage de Tom est tellement attachant!



Un roman qui ne laisse pas indifférent, assurément!
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Popcorn Melody

Arrêt sur image: une petite ville poussiéreuse au milieu d'un désert torride de pierrailles, une épicerie-bazar "indigne de ce nom", quasi vide, tenue par un improbable poète, se refusant à vendre les paquets de popcorn de l'usine locale, décorés par sa propre frimousse de gamin hilare. Un lieu de vie, de rencontres de voisins et de papotes qui fait naufrage quand s'installe un supermarché flambant neuf et climatisé, juste en face.



Voici le genre de décor narratif qui fait mon bonheur: Des culs terreux, des personnages décalés, des coyotes, un décor de western moderne avec mouches, vent et chaleur...

Débutant en atmosphère de vie éreintée et désespérante, en décors de Paris Texas de Win Wenders, le récit prend ensuite des chemins de traverse farfelus. La dégringolade du héros face au temple de la consommation déshumanisée est dramatiquement cocasse. Et son coup de coeur pour une dulcinée à la cervelle de petit pois et aux rondeurs de citrouille participe au même délire narratif de folie douce. L'écriture est colorée, le langage rural gouailleur, la poésie au coin des pages.



Pour autant, ce livre inclassable nous parle d'éveil à la connaissance, de recherche de racines familiales ou géographiques, de loyauté et de résistance.



J'ai un peu calé vers la fin, une sorte de lassitude par excès de burlesque sans doute. À lire néanmoins pour son originalité, et un savant dosage de drôlerie et de tragique.



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Lunch-box

Un roman choral sur un drame annoncé.

Il est questions de deuil et de culpabilité.

La plume est élégante et le récit bien structuré.

Certains passages sont émouvants notamment les réflexions de la petite fille.

Néanmoins, la narration est si distanciée que, malgré la gravité du sujet, il est difficile d'entrer en empathie.

Et puis, la place du père, sa douleur non racontée, à peine suggérée est très étrange.

Je referme ce roman vraiment partagée.
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