Citations de Emily Dickinson (513)
Ne juge pas si lointain ce qui peut s'atteindre
Bien que le couchant t'en sépare
Ni si proche ce qui, voisin,
Est plus loin que le soleil.
I'm nobody.
Who are you ?
Are you nobody, too ?
Le succès semble plus doux A qui ne réussit jamais.
QUELQUES POEMES D’EMILY DICKINSON
(Traduction de Patrick Reumaux)
I reason, earth is short,
And anguish absolute.
And many hurt ;
But what of that ?
I reason, we could die ;
The best vitality
Cannot excel decay ;
But what of that ?
I reason that in heaven
Somehow, it will be even,
Some new equation given ;
But what of that ?
Je me dis, la Terre est brève –
Et l’Angoisse – absolue –
La douleur partout.
Et alors ?
Je me dis on peut mourir –
Les Forces les plus vives
Sont vouées à la Corruption.
Et alors ?
Je me dis qu’au Ciel –
Cela risque d’être la même question –
Avec une nouvelle Equation –
Et alors ?
*
I know that he exists
Somewhere, in silence.
He has hid his rare life
From our grosse eyes
‘T’is an instant play,
‘T’is a fond ambush,
Just to make bliss
Earn her own surprise !
But should the play
Prove piercing earnest,
Should the glee glaze
In death’s stiff stare.
Would not the fun
Look too expensive ?
Would not the jest
Have crawled too far ?
Je sais qu’Il existe,
Quelque part – dans le Silence –
Il a caché sa vie précieuse
A notre vue grossière.
C’est le jeu d’un instant.
Un tendre Guet-apens –
Le Bonheur s’attrape
Par surprise !
Mais – si le jeu
N’en est plus un –
Si la joie – se glace –
Dans l’œil froid – et fixe de la Mort –
Ne serait-ce pas payer
La plaisanterie trop cher ?
Ne serait-ce pas pousser –
Trop loin le bouchon ?
*
We never know we go, - when we are going
We jest and shut the door ;
Fate following behind us bolts it,
And we accost no more ;
Nous ne savons jamais que nous partons quand c’est l’heure –
Nous raillons et fermons la porte –
Le Destin – qui suit – la verrouille derrière nous –
Et nous ne touchons plus terre -.
*
I never saw a moor,
I never saw the sea ;
Yet know I how the heather looks,
And what a wave must be.
I never spoke with God,
Nor visited in heaven ;
Yet certain am Iof the spot
As if the chart were given.
Je n’ai jamais vu de Lande –
Je n’ai jamais vu la Mer –
Pourtant je sais à quoi ressemble la Bruyère
Et ce qu’est une Vague.
Je n’ai jamais parlé à Dieu
Ni visité le Ciel –
Pourtant je suis aussi sûre du lieu
Que si j’en avais la carte -
*
.
« Le rivage est plus sûr, mais j’aime me battre avec les flots » ….
Il n’y a pas de frégate comme un livre
Pour nous emporter en terre lointaine
Ni de coursier comme une page
De fougueuse poésie
L'âme doit toujours être entrebâillée.
C’était un Poète …*
C’était un Poète —
Cet Être
Qui extrait un sens surprenant
De Signes Ordinaires —
Une si vaste Essence
Des espèces familières
Ayant péri à la Porte —
Qu’on s’étonne de ne pas Soi-même
L’avoir captée — d’abord —
D’Images, Révélateur —
Le Poète — Lui et nul autre —
Nous investit — par Contraste —
D’une incessante Pauvreté —
De la Partie — si inconscient —
Qu’un Vol ne le saurait léser —
Lui-même — pour Lui — Trésor —
Au Temps — étranger —
* Guillevic
« L’espoir, c’est ce petit oiseau qui se perche sur notre âme , qui chante sans les paroles , et qui ne se tait jamais » .
En complément de la citation proposée par Eve-Yeshe voici le texte original d'Emily Dickinson avec des variantes de traduction (d'inflexions différentes) :
« To make a prairie it takes a clover and one bee, One clover, and a bee, And reverie. The reverie alone will do, If bees are few. » ("Poésies complètes". Édition bilingue, Flammarion, 2009).
Traduction de Jean-Claude Ameisen (sur France Inter):
Pour faire une prairie il faut un trèfle et une seule abeille
Un seul trèfle, et une abeille
Et de la rêverie.
La rêverie seule suffira
Si les abeilles sont rares.
Traduction de Patrick Reumaux (in "Autoportrait au roitelet. Correspondance") :
Pour faire une prairie il faut un trèfle et une seule abeille
Un seul trèfle, et une abeille
Et la rêverie.
La rêverie seule fera l'affaire
Si l’on manque d'abeilles.
Traduction de Michel Leiris, (in "Esquisse d'une anthologie de la poésie américaine du XIXe siècle", Gallimard) :
Il faut pour faire une prairie
Un trèfle et une seule abeille
Un seul trèfle, une abeille
Et quelque rêverie.
La rêverie suffit
Si vous êtes à court d'abeilles.
Enfin, en écho à ce charmant petit poème, emblème joli de nos préoccupations écologiques contemporaines (et d'une singulière prescience...), une autre délice de la tendre Emily :
« Cette petite Ruche abritait
De telles Promesses de Miel
Que le Réel devenait Rêve
Et le Rêve Réel. » (Quatrains et autres poèmes brefs. - Poésie/Gallimard).
Plût au ciel qu'Emily ait raison!!!
Les Collines en syllabes…
Les Collines en syllabes Pourpres
Content les Aventures du Jour
À de petits Groupes de Continents
Qui s’en retournent de l’École –
/traduction de Claire Malroux
Emily sait quelque chose que les autres ne savent pas. Elle sait que nous n'aimeront jamais plus d'une poignée de personnes et que cette poignée peut à tout moment être dispersée, comme les aigrettes de pissenlit, par le souffle innocent de la mort. Elle sait aussi que l'écriture est l'ange de la résurrection.
La Dame blanche, Christian Bobin
Dans l'étrange courant du Temps
Sans aviron
Nous devons naviguer
Le Port un secret
L'Aventure une Rafale
Quel Capitaine
Courait le Risque
Quel Boucanier ferait voile
Sans être sûr du Vent
Ou de l'horaire des Marées -
Down Time quaint stream
Without an oar,
We are enforced to sail,
Our Port - a secret -
Our Perchance - a gale.
What Skipper would
Incur the risk,
What Buccaneer would ride,
Without a surety from the wind
Or schedule of the tide ? (p. 258)
Presentiment - is that long Shadow - on the Lawn -
Indicative that Suns go down -
The Notice to the startled Grass
That Darkness - is about to pass -
On apprend l’Eau par la soif
Et la Terre par les Voyages en mer –
La Passion – par les affres
Et la Paix – par les récits de guerre –
L’Amour – par la Mort
Et les Oiseaux – par l’Hiver.
Nous ne jouons pas sur les Tombes –
Car il n'y a pas de Place –
De plus – ce n'est pas plat – ça penche
Et des Gens viennent –
Et posent une Fleur dessus –
Et leurs visages pendent tellement –
Que nous craignons que leurs cœurs tombent –
Et écrasent notre joli jeu –
Le voyage (1863)
Ce fut un chemin de silence —
Il demanda si j’étais sienne —
Je répondis sans mots —
Mais du regard —
Alors — il m’emporta si haut
Avant même ce bruit mortel
De la fougue d’un Char —
Loin — comme le ferait des roues —
Notre monde avait disparu —
Comme les champs au pied
De qui se penche d’un ballon
Pour scruter une rue d’éther —
Le gouffre — derrière nous — n’était plus —
Les continents étaient nouveaux
C’était l’éternité avant —
L’éternité prévue —
Plus de saisons pour nous —
Ni nuits et ni matins —
Mais un soleil — qui en ce lieu —
S’était fixé en son aurore —
p.87
Si je ressens physiquement comme si le sommet de ma tête m'était arrachée, je sais que c'est de la poésie.
Narcotics cannot still the Tooth
That nibbles at the soul.
Nul opium ne peut calmer la Dent
Qui ronge l'âme.
J'habite le Possible –
Maison plus belle que la Prose –
Aux plus nombreuses Fenêtres –
Et mieux pourvue – en Portes –
I dwell in Possibility –
A fairer House than Prose –
More numerous of Windows –
Superior – for Doors –