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Critiques de Eric Zemmour (168)
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Le Suicide français

Édité chez Albin Michel en octobre 2014, « Le Suicide Français » fait partie de ces livres qui ont défrayé la chronique et attiré nombre de critiques et de chroniques assassines. Écrit par Eric Zemmour, cet ouvrage de près de 540 pages correspond à une analyse sans tabou, au scalpel, superbement documentée et un rien orientée des 40 dernières années de la politique économique, sociale et culturelle française. L'auteur n'en est pas à son premier essai : depuis 1995, il s'évertue à pointer du doigt, à dénoncer et à vilipender les travers et turpitudes de nos politiciens ainsi que les conséquences néfastes de leurs démarches ou, pire, des lois et des règlements qui sont produits à leur initiative ou avec leur bénédiction, au détriment -nous dit l'auteur- d'une grande partie des Français.



Dans « Le Suicide Français » les élites en prennent donc un sacré coup derrière les oreilles car, pour Eric Zemmour, qu'elles soient de droite ou de gauche, elles ont participé à la destruction lente mais inexorable de ce qui faisait la grandeur de la France : « Nous avons aboli les frontières, renoncé à notre souveraineté et interdit à l'Europe de se référer à ses racines chrétiennes. Cette triple apostasie a détruit le pacte millénaire de la France avec son Histoire » : voilà de quoi justifier le titre du livre. Pire, pour son auteur, ce suicide était prémédité. Bigre, on tombe de haut ! Eric Zemmour en appelle au réveil des consciences, à la subversion populaire dans un vaste projet concret et obstiné qui remettrait notre pays en selle, qui permettrait un ré-ancrage de la France dans les idées, les valeurs, les mœurs et la vision qui furent les siennes avant 1970.



Disons-le tout net, dans ce livre impertinent, l'auteur met en avant une multitude de faits et de gestes, en appelant ainsi à notre mémoire tant individuelle que collective. Il force nos souvenirs et fait remonter à la surface une écume grise et nauséabonde (quand on remue un pot de chambre, ça finit rapidement par sentir mauvais). Mais la vie est comme une pièce de monnaie, avec son côté pile et son côté face, et c'est un point fort du livre que de nous montrer l'un et l'autre. Alors, nos politiciens seraient tous pourris ? Peut-être, et tant pis pour notre bel angélisme, notre naïveté et notre amnésie qui s'en trouvent ainsi un peu bousculés. Mais « Le Suicide Français » présente, selon moi (qui ne suis ni historien, ni diplômé de Sciences Po), deux faiblesses. D'abord, l'ouvrage, très richement documenté et fort volumineux, s'apparente à un dossier à présenter devant le Tribunal des flagrants délits. Constitué de preuves innombrables et supposées inattaquables, il en devient fastidieux, le lecteur frisant l'indigestion dès la mi-parcours ! Ensuite, Eric Zemmour donne à penser que la politique ressemble à une mécanique finement huilée, à savoir que si on enclenche telle action (par exemple, création d'un niche fiscale, suppression du RMI, interdiction du voile islamique, etc.) alors on provoque indiscutablement et par voie de conséquence tel ou tel résultat (politique, social, démographique, culturel, écologique, juridique, etc.). C'est étonnant, rassurant mais passablement inexact : si cette belle mécanique existait, elle serait enseignée dans les Grandes Écoles de la République et nos politiciens seraient, depuis belle lurette, arrivés à corriger les erreurs du passé et à remettre la France sur les rails ! Non, ne nous leurrons pas. La France va assez mal mais les causes de la maladie sont multiples, autant visibles qu'invisibles, superficielles que souterraines, temporaires que permanentes.



Conclusion ? Le texte est fouillé mais trop long. On lit un formidable livre d'histoire qui force le respect, qui met en lumière des victoires à la Pyrrhus et des défaites fondatrices, qui résume -à sa façon- la « lente érosion de l'hégémonie française » et qui donne à réfléchir. L'ouvrage a été indiscutablement rédigé par quelqu'un qui se pose en sachant, voire en référent (posture qui ne plait pas forcément à tout le monde). On pourra regretter qu'Eric Zemmour n'avance aucun solution pour sortir la France de l'ornière mais (page 522) « ce n'est pas le propos de ce livre. Avant de réformer, il faut s'entendre sur le diagnostic ». Je reste sur ma faim et mets quatre étoiles.
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La France n'a pas dit son dernier mot

Éric Zemmour veut-il tenter l'aventure présidentielle, avec les obstacles inhérents à une telle décision ? Celles et ceux qui cherchent une réponse dans ce livre seront sans doute déçus car, à défaut d'un programme politique, l'auteur y poursuit ses observations du Suicide français, de l'année 2006 à nos jours, pour dresser un bilan de la France des dernières années. Bilan qui s'achève sur un constat implacable : « Nous devons nous battre sur tous les fronts. Pour sauvegarder notre identité et rétablir notre souveraineté. Tous ces combats sont liés. »



Une France qu'il compare au Kosovo ; une France qui se déteste un peu plus chaque jour, au point que la recherche elle-même est conditionnée aux désidératas idéologiques des nouveaux maîtres et non plus à la raison.



Et l'auteur de rappeler les déboires du médiéviste Sylvain Gougenheim avec son livre « blasphématoire » Aristote au Mont Saint-Michel, qui postulait que la culture européenne s'était construite essentiellement sans l'islam. Horreur, car dans la nouvelle France déracinée on peut être condamné pour de tels propos, « non parce que cela est faux, mais parce que cela ne se dit pas, ne se pense pas »…



Éric Zemmour, journaliste politique d'expérience, raconte surtout ses rencontres avec les figures politiques des cinquante dernières années, saupoudrant çà et là son texte d'anecdotes qui montrent à la fois la versatilité des uns et des autres – lire à ce propos le très édifiant portrait de Jacques Toubon – mais encore leur égotisme, bien plus pathétique que stendhalien !



Il y aussi les hommages, dont celui – mérité – rendu au cinéma de Gérard Oury, et particulièrement cette phrase : « Oury est au cinéma ce que De Gaulle fut à la politique : le grand réconciliateur. » Un autre hommage touchant est celui adressé à Philippe Séguin, décédé en 2010.



Comme dans ses ouvrages précédents, l'auteur revient sur ses sujets de prédilection. Une pensée toujours aussi aiguisée – même si je trouve ce livre bâclé – passe ainsi en revue la société française depuis 2006. On regrettera toutefois les sempiternelles sorties un tantinet misogynes sur les femmes – une obsession zemmourienne. de la même manière, l'auteur égratigne – avec raison – le « clergé non élu de juges et journalistes », qui tiennent respectivement « le marteau judiciaire » et « l'enclume médiatique ».



Parfois il se méprend tout de même, entre autres lorsqu'il fait des suppositions hasardeuses, notamment à propos des enfants juifs massacrés par Merah et qui ont été enterrés en Israël. La réponse est pourtant évidente : leurs familles voulaient éviter que les tombes de ces martyrs innocents ne soient profanées. C'est pourquoi je trouve cette phrase, qui vise à la fois le tueur – dont je me félicite qu'il ne soit pas enterré en France ! – et ses victimes, particulièrement fausse et déplacée : « Étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort. »



Et puis il y a cette phrase proprement injuste et fausse : (Éric Zemmour parle de Johnny Hallyday) « On imagine qu'il n'avait que mépris pour ceux qui l'adulaient. » À force d'avoir subi l'opprobre, l'auteur semble ne plus voir que le mal et la duplicité partout. De plus, je pense que cette phrase lui coûtera cher. L'avenir le dira…



Mais le sens de l'analyse est là, étayé par des révélations piquantes qui lèvent le rideau sur la politique de renonciation des pouvoirs publics ; dont cette phrase lapidaire de Jean-Louis Borloo lancée à l'intéressé au cours d'un repas (il y en a beaucoup dans ce livre) : « Tu sais, avec ces 40 milliards [dans le cadre du “plan pour les banlieues”], j'ai retardé la guerre civile de dix ans. »



Il y a aussi l'évocation émue de Charlie : « Charlie Hebdo, c'était l'esprit soixante-huitard qui ne voulait pas mourir. Un esprit de 68 dont j'étais devenu, avec mon Suicide français, un des plus vibrants contempteurs ; mais dont je me souvenais en ce moment précis qu'il avait fait la joie de ma jeunesse rebelle et avide de liberté. Les hommes ne sont pas faits d'un seul tenant. » Étonnant, à ce propos, qu'il ne s'attarde pas sur les attentats du 13 Novembre à Paris et du 14 Juillet à Nice, les deux plus effroyables massacres terroristes sur le sol français.



Côté immigration massive, et même s'ils fuient la guerre, Zemmour répond : « En 1914, les Français envahis du nord et de l'est de notre pays ont-ils fui vers l'Amérique ou l'Afrique ? En 1940, les populations de l'exode sont-elles sorties de nos frontières ? »



Publié dans une certaine urgence – l'auteur ayant été lâché par son éditeur Albin-Michel –, le livre pèche – et non « pêche », comme on peut le lire en première page – çà et là au niveau des erreurs et approximations. Par exemple, l'empire romain d'Orient (ou Empire byzantin) n'est pas tombé il y a mille ans entre les mains de l'islam mais en 1453, avec la chute de Constantinople. Pas plus que l'Égypte n'est devenue musulmane il y a cinq cents ans, mais depuis le VIIe siècle ; toutes choses que l'auteur sait cependant parfaitement pour en avoir maintes fois parlé.



Là, il est question des « ors chargés d'histoire millénaire du Louvre ». Pas vraiment, non, car le bâtiment dont parle l'auteur – l'ancien ministère de l'Économie et des Finances – est l'aile Richelieu, construite sous le règne de Napoléon III. Quant à la partie la plus ancienne du Louvre – dont les fondations sont visibles dans les sous-sols du musée – elle date de Philippe-Auguste, ce qui ne fait toujours pas millénaire.

Plus loin on lit : « Je découvrais le balcon duquel Lamartine avait salué la foule après l'avoir dissuadée de troquer le drapeau rouge pour le tricolore. » C'est exactement le contraire : Lamartine refusait le « drapeau du sang », le rouge en l'occurrence.



S'agissant des obsèques de Jacques Chirac – personnage dont l'auteur se souvient à la manière de Georges Pérec –, elles ont eu lieu, à Paris, en l'église Saint-Sulpice – après une cérémonie intime en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides – et non à La Madeleine.



Sur le plan de la littérature, dans l'Éducation sentimentale, de Flaubert, Madame Arnoux revient à Frédéric. Et si la « belle » ne se s'abandonne finalement pas à « ses coupables ébats », ce n'est pas à cause de son fils malade :

« Frédéric soupçonna Mme Arnoux d'être venue pour s'offrir ; et il était repris par une convoitise plus forte que jamais, furieuse, enragée. Cependant, il sentait quelque chose d'inexprimable, une répulsion, et comme l'effroi d'un inceste. Une autre crainte l'arrêta, celle d'en avoir dégoût plus tard. D'ailleurs, quel embarras ce serait !, − et tout à la fois par prudence et pour ne pas dégrader son idéal, il tourna sur ses talons et se mit à faire une cigarette. »



Quant à Jean-Pierre Marielle, il n'a jamais incarné le « marquis de Queffélec » dans le fim de Bertrand Tavernier Que la fête commence, mais le marquis de Pontcallec.



Pourquoi une telle énumération de ma part ? Parce que j'attendais plus de rigueur de la part d'un auteur pétri de culture. Parce que ce livre a été écrit trop vite et ne reflète en rien la rigueur à laquelle Éric Zemmour – qu'on l'apprécie ou non, ce n'est pas la question – nous avait habitués.



Enfin, que l'auteur prenne garde à ne pas devenir ce qu'il reproche à certain dans ce même livre : « Il s'écoute parler et se regarde briller avec un contentement de soi qu'il ne parvient pas à dissimuler. »



(PS: je salue ici-même l'auteur pour sa compassion à l'égard des Gilets jaunes)

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Destin français

Que l'on aime ou que l'on déteste le polémiste et homme de télévision qu'est Eric Zemmour est une chose personnelle, mais l'on ne saurait cependant lui reprocher sa (grande) culture littéraire.

Seul hic, peu d'entre nous avons eu les mêmes lectures au cours de notre cursus scolaire. Pour autant, l'Histoire de France que l'auteur nous dépeint est riche d'enseignement(s) sur l'identité, l'assimilation, les références et personnages qui ont forgé notre histoire commune.

Dans ce livre confession ou essai, Eric Zemmour dresse une rétrospective de l'Histoire de France et réécrit un peu cette dernière à sa manière, avec ses souvenirs d'enfant émerveillé devant les faits majeurs et héros de notre pays ... mais l'ensemble reste assez conforme aux prises de position de l'auteur. Rien de neuf donc à attendre de cette lecture.

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Le Suicide français

Face aux vents que soulève Éric Zemmour à chacune de ses interventions médiatiques, j’étais curieuse de voir par moi-même de quoi il en retournait. Merci aux éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre.

J’avais été grandement déçue par Le Crépuscule d’une idole de Michel Onfray qui avait fait pas mal de bruit et qui m’avait été recommandé. Or, j’ai eu l’impression que l’auteur se contentait de faire de la polémique pour la polémique et j’avais peur que cela se reproduise avec Le Suicide Français d’Éric Zemmour. Or, cela n’a pas du tout été le cas. Même si le début n’était pas facile, le style de l’auteur étant assez particulier (soutenu, manquant par moment de fluidité et parfois limite décousu), j’ai trouvé l’ouvrage vraiment intéressant.



Il faut dire qu’il m’a fallu mettre de côté tous mes aprioris car je m’attendais surtout à un livre faisant beaucoup de bruit sans réelle profondeur. Et c’est d’ailleurs l’impression que j’ai eu à la lecture des premières pages. Des idées faisant polémiques sans approfondissement ni argumentation, voilà l’opinion sur laquelle je serais restée si je m’étais arrêtée là. Heureusement que je me suis accrochée ! Le Suicide Français s’est avéré beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord et si la question de l’identité nationale y est très présente, ce n’est pas le seul point abordé. Il serait en effet réducteur de dire qu’il n’est question que d’immigration, d’intégration et d’étrangers ici. Certes, ce sont là des sujets développés (et souvent évoqués dans les médias à propos de l’auteur) mais pas seulement : l’économie, la politique, la mondialisation (ou la domination américaine), l’Union européenne (ou l’abandon de sa souveraineté par la France) ou encore l’éducation sont autant de sujets traités.

Que l’on adhère ou pas au point de vue de l’auteur, là n’est pas la question de cette chronique. Néanmoins, il est impossible de ne pas se poser de nombreuses questions. Ce livre donne à réfléchir sur la place que nous occupons en tant que citoyen en France mais aussi sur celle que nous souhaitons que la France occupe sur la scène internationale. Quel avenir souhaitons-nous pour notre pays ?

Éric Zemmour développe son argumentation en s’appuyant sur les évènements marquants de ces 40 dernières années de manière chronologique. Et pour suivre, il est nécessaire d’avoir une très bonne culture générale. J’ai ainsi trouvé ma formation en droit bien utile pour me faire mon propre avis lorsqu’il était question de législation, de l’Union européenne et de l’influence des juges (fortement contestée) sur l’évolution de la société française. A d’autres moments, j’avoue sans honte ne pas avoir toujours eu les connaissances nécessaires pour percevoir tous les enjeux. Je n’ai donc pas hésité à aller combler mes lacunes lorsque cela était possible. Bref, Le Suicide Français est un ouvrage qui nécessite d’avoir au préalable de bonnes connaissances dans de nombreux domaines.

L’auteur s’applique à nous montrer pourquoi, selon lui, la France est morte. Son ton est très pessimiste : la France est perdue, elle ne pourra renaître de ses cendres à moins d’un miracle : retrouver son indépendance, sa souveraineté. Mais cela semble perdu d’avance. Comment inverser un processus commencé il y a plus de 40 ans avec Mai 1968 ? Les premiers responsables sont bien entendu les hommes politiques. Trahisons, ambition, intérêts personnels… Leurs actions laissent perplexes. Chacun veut imposer sa vision et marquer l’histoire de son nom. Mais à quel prix ? Bien entendu, ils ne sont pas les seuls responsables du suicide français : les juges, les intellectuels mais aussi les artistes et les sportifs, tous ont participé à la construction de la France actuelle (ou plutôt à sa destruction selon l’auteur). Éric Zemmour ne fait pas de jaloux et dénonce une société qui a perdu ses valeurs.



A la lecture de ce livre, je comprends pourquoi le livre a fait autant de bruit. Les idées défendues sont souvent radicales et ont de quoi provoquer de nombreux et longs débats. L’auteur sait défendre ses positions grâce à une argumentation bien développée et bien construite. Que l’on soit pour ou contre les idées présentées, Le Suicide Français est un ouvrage intéressant qui permet d’avoir un autre point de vue sur des sujets de société qui font polémique. Si vous décidez de vous lancer dans cette lecture, je ne peux que vous conseiller de le faire avec l’esprit ouvert car comme dans tout débat, quel est l’intérêt d’en avoir un si vous n’écoutez pas votre interlocuteur ?
Lien : http://drunkennessbooks.blog..
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Le Suicide français

Eric Zemmour a visiblement du mal à concevoir que des groupes d'individus puissent susciter de la compassion au sein de l'opinion publique majoritaire. À savoir les femmes, les maghrébins, les juifs, les homosexuels, les sans-papiers. Compassion suscitée, selon lui, par une propagande (associations, politiques, artistes,médias) de "moraline" culpabilisante.

Mais pourquoi ?

Quand j'ai lu : "Un mariage homosexuel ne peut-être qu'une simulation parodique, puisqu'il faut quand même un homme et une femme pour fabriquer un enfant et fonder cette famille, principal objectif du mariage." ; j'ai compris que l'individu et ses sentiments éventuels n'avaient pas de place dans ce livre.

Pourtant dès le début il explique qu'un des maux originels de son "suicide Français" est le retrait de l'autorité suprême du père de famille.

C'est qu'il le pensait vraiment !

Du coup, je n'ai même pas réussi à avoir un début de sourire en lisant "Les débats sont comme les femmes, les meilleurs sont ceux qu'on n'a pas eus." tant je sentais le premier degré de cette phrase...



Alors oui, M. Zemmour peut avoir quelques analyses intéressantes même s'il nous noie sous quantité de noms et d'informations, critiquant tout et son contraire. Avec son regard nostalgique sur le passé, il ne propose pas de solution. Il dit d'ailleurs "Avant de réformer, il faut s'entendre sur le diagnostic.". Je suis d'accord. Mais pas avec son diagnostic.

Pourquoi ?

Tout simplement parce que sous sa plume aigre et dénuée d'humanité, toute analyse perd, à mon sens, toute pertinence et crédibilité.
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Le Suicide français

Du 9 Novembre 1970, date de la mort du Général de Gaulle au 13 décembre 2007, ratification du Traité de Lisbonne qui fut un copié-collé de la Constitution Européenne écrite sous la houlette de V. Giscard d'Estaing et rejetée par 55% des Français deux années plus tôt, Eric Zemmour fait revisiter à son lecteur les Trente « Calamiteuses » qui succédèrent aux trente « Glorieuses » (1945-1975). Il ne nous retrace pas in extenso la totalité de cette tranche d'Histoire mais cherche à nous faire comprendre les raisons pour lesquelles notre pays est tombé aussi bas, pourquoi notre économie se porte si mal, pourquoi notre souveraineté est partie en fumée et comment les phénomènes parallèles de tiers-mondisation et de paupérisation se sont enclenchés. Pour ce faire, il prend appui sur une petite centaine d'évènements marquants (institution du Conseil Constitutionnel, fin de la convertibilité du dollar, reconnaissance de la Chine par les Etats-Unis, entrée du Royaume-Uni dans la CEE, scandale du Watergate, loi mémorielle en 1972, loi Pompidou-Giscard dite « Loi Rothschild » sur le financement de la dette publique, dépénalisation de l'avortement, regroupement familial, loi Haby sur le collège unique (1976), création du CDD (1979), référendum sur le traité de Maastricht ou affaire Tapie pour n'en citer que quelques-uns) dont, à l'époque, on ne remarqua pas forcément l'importance dans le processus général de démolition du roman national. Pour mieux cerner les tendances lourdes de l'évolution des mœurs, il n'hésite pas à prendre appui sur des chansons comme « Lily » de Pierre Perret ou « L'Aziza » de Daniel Balavoine, sur des films comme « Dupont Lajoie » d'Yves Boisset ou « Train d'enfer » de Roger Hanin et même sur une série télé aussi mièvre qu'« Hélène et les garçons ». Cela pourrait sembler futile et même indigne de la solennité du travail de l'historien et pourtant, à la réflexion, il n'en est rien. Une simple ritournelle peut nous en apprendre beaucoup sur l'air du temps.

Un essai historique mené avec brio et intelligence. Parfaitement documenté et référencé. Des analyses pertinentes, fort bien étayées et difficilement discutables et, malheureusement, un diagnostic irréfutable marqué au coin d'un bon sens si méprisé et si vilipendé par nos oligarques, journalistes et autres beaux esprits donneurs de leçons. D'où la polémique en forme de tempête dans un verre d'eau sur le rôle de Pétain vis à vis des Juifs avec l'éviction d'une chaine de télé pour son auteur (bravo la liberté d'expression...) et parallèlement, l'immense succès populaire de ce livre. Zemmour est un des esprits les plus brillants et les plus honnêtes de son époque. Ses conclusions rejoignent ce que le peuple ressent plus ou moins confusément. Il dénonce la sous-culture de masse, les conséquences de Mai 68, les outrances du féminisme, l'antiracisme aggravant le racisme, les idées chrétiennes devenues folles et les dangers d'un islam que personne n'a pu ou voulu contenir. « Détruisez le christianisme et vous aurez l'islam », dit-il en citant Chateaubriand. Ce livre est fort bien écrit et très agréable à lire en dépit du sujet grave qu'il traite, le discours est pondéré (ce n'est ni un brûlot fasciste ni un pamphlet raciste), parsemé de belles fulgurances du genre : « Auparavant, il y avait Paris et le désert français. Désormais, ce sera de plus en plus, Paris et la désespérance » ou « Guerre, homme, patrie, trinité diabolisée de notre temps » ou encore « Mai 68 fut une révolution de la société contre le peuple ». Nous vivons « un mai 40 économique et une guerre de religion en gestation ». Nous n'en avons pas encore pleinement pris conscience mais ça ne saurait tarder. On comprendra que ce livre, même si le lecteur n'en partage pas toutes les analyses (Zemmour, en indécrottable gaulliste qu'il est, idéalise un peu trop l'homme du 18 juin), reste un ouvrage de référence majeur. Utile et même indispensable à qui veut comprendre les évolutions de la géopolitique. Quoi de mieux que le passé pour éclairer le présent. Un ou deux reproches quand même. Le délai d'étude sur moins d'un demi-siècle semble un peu court et un peu artificiel. Cette évolution ou plutôt « involution » remonte certainement à beaucoup plus loin mais c'est un autre débat. Le mot « Suicide » placé dans le titre nous semble inapproprié. Il sous-entend une volonté délibérée du peuple pour en finir avec son destin alors que tout le livre démontre qu'il a été berné, qu'on lui a menti, en un mot qu'il a été trahi par ses élites depuis des années. « Déclin français » ou « Assassinat d'une grande nation » auraient été plus justes mais sans doute moins vendeurs.
Lien : http://etpourquoidonc.fr/
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La France n'a pas dit son dernier mot

Voila un livre fort intéressant en ce qu'il a le mérite de nous offrir une plongée vertigineuse dans un des esprits les plus intrigants et tordus de notre époque. Au gré de sa vie mondaine au plus près de ces élites dont il veut nous faire croire qu'il est le pourfendeur, Zemmour, le rottweiler des plateaux de télévision qui, fort de son « triomphe » médiatique, se trouve soudain porté par un improbable destin présidentiel, nous éclaire sur l'horizon fermé et renfermé de sa pensée. Il se morfond à longueur de pages sur le sort de notre pauvre France livrée en pâture aux islamistes, aux femmes libérées et aux écologistes qui ont l'outrecuidance déraisonnable de s'intéresser à la nature. Cette France misérable et castratrice, dans laquelle l'homme de pouvoir, puissant et viril, ne peut plus détrousser la gueuse à sa guise. Cette patrie, véritable « chef d'oeuvre historique », est célébrée par l'auteur comme si elle avait flamboyé pendant des millénaires sans jamais faiblir. Cette France qui sert d'étalon auquel il compare notre époque est construite en additionnant toutes les gloires et les vertus de son histoire, comme si elles étaient toutes combinées en un même instant. Mais une France dans laquelle gambadaient ensemble joyeusement Victor Hugo, le Général de Gaulle et Jeanne d'Arc n'existe que dans la malhonnêteté intellectuelle de l'esprit de Zemmour. Pour le reste, c'est un pays de tensions, de conflits, d'accidents historiques, de tiraillements internes, de renouvellement de la langue, des moeurs, de la culture. Comme n'importe quel autre.

Ce qui est intéressant, au-delà de ses envolées lyriques sur ses éternelles chimères, ce sont les fenêtres que le récit ouvre sur la psychologie de l'auteur, que l'on découvre retors, revanchard, fourbe et imbus de lui-même. Ses lignes mettent au grand jour la croissance exponentielle de son égo, mal dissimulée sous de faux airs de modestie. On le ressent dès les premières pages, quand il se cache derrière un soi-disant aveu d'échec pour étaler sa réussite fulgurante, son « triomphe », son succès, ses admirateurs.

Tout au long du livre, il refait le match de discussions avec un large éventail de personnalités. A la manière dont il méprise le secret de la confidence, on s'étonne qu'il ait un carnet d'adresse aussi fourni dans le paysage politico-médiatique. C'est le genre d'ami qu'on ne souhaite pas même à ses ennemis. le plus drôle dans tout cela, c'est qu'il s'offusque des quelques lignes un peu acides qu'Obama a consacré à Sarkozy dans son dernier livre, alors qu'il passe lui-même le vitriol sur tout ce que la France compte de personnages mondains.

On y découvre aussi, il faut bien le dire, un homme qui sait manier la plume - bien qu'un peu pompeuse-, pétri de connaissances historiques et politiques, et capable, grâce à des chapitres courts, percutants et un peu racoleurs, de tenir son lectorat en haleine. Pour preuve, je l'ai lu d'une traite.

Est-ce que je recommande cette lecture ? Et bien oui, parce qu'elle offre un éclairage de première main sur le phénomène politique et médiatique français du moment. Un homme qui n'est pas pris assez au sérieux. Un fou du roi qui compte bien renouveler l'exploit trumpien, ce cousin d'outre atlantique qu'il admire tant. A croire que l'on n'a pas retenu la leçon. Les médias, si prompts à crier au scandale, sont en train de tomber dans le même panneau. En donnant un porte-voix phénoménal à chacune des sorties millimétrées de Zemmour, ils ne font rien d'autre que jouer son jeu. Les penseurs du trumpisme - Banon et Roger Stone - l'ont théorisé depuis plus de 30 ans : qu'importe ce que l'on dit sur vous, ce qui compte c'est que l'on parle de vous. Zemmour l'a pris à son compte. Donc oui, lisez-le, mais de préférence, empruntez le en médiathèque et gardez vos sous pour de meilleures causes.

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Le Premier Sexe



Je me suis dernièrement penché sur la version Wish de «Vers la féminisation » d'Alain Soral.



Dans « Premier Sexe », le délicieux Eric Zemmour commence entre autres par une salve sur la mixité conjugale (couple Karembeu) puis nous expose subtilement sa thèse du grand remplacement homosexuel, avec toutes ces lavettes refusant la guerre, n'hésitant pas à faire la vaisselle ou changer une couche (attention à la tentation pédophile), pour plaire à Madame. Tout ceci aboutissant au final à une consommation de pornographie de plus en plus violente !



L'auteur est intelligent et habile. On sent qu'il pèse ses mots lorsqu'il lie matriarcat et Stalinisme, matriarcat et enfant-roi, séduction et harcèlement sexuel.

Rien de bien grave en soi puisque pour les électrices, « les idées ont moins d'importance que les personnalités ».



Cet ouvrage qui mêle fiction et réalité a un intérêt thérapeutique. S'il me venait l'idée de faire du tourisme sexuel en Thaïlande, je serais décomplexé puisque Zemmour nous explique que c'est une manière de fuir notre société du respect et de l'égalité. « Ces hommes "aiment" leurs femmes, mais justement les aiment trop, les respectent trop, les craignent trop pour les désirer encore. »

Désolé pour celles et ceux qui considèrent comme Camus (Albert!) que « un homme, ça s'empêche ».



Je n'ai pas été jusqu'à payer pour lire cette œuvre magistrale mais j'ai beaucoup appris. Aussi, je ne peux résister à l'envie d'en partager ces morceaux choisis :



« Le rêve féministe s'est substitué au rêve communiste. On sait comment ces rêves finissent. »



« On explique en général la stagnation intellectuelle et économique de l'Europe par le vieillissement de la population. Mais Cervantes écrivit Don Quichotte à soixante-quinze ans et de Gaulle revint au pouvoir à soixante-huit, et le chancelier allemand Adenauer à plus de soixante-dix. On ne songe jamais – ou on n'ose jamais songer – à sa féminisation ».

Il ne faut bien sûr y voir là aucune charge contre la femme, non non. Emerveillons-nous plutôt devant Cervantes qui meurt à 69 ans et écrit à 75.



« Trente ans après, le jeune Arabe est le non-dit le plus lourd de la société française. Il est à la fois rejeté et désiré, haï et fantasmé. Il est l'inacceptable et le vague regret. Les féministes le vomissent mais elles n'osent pas le dire par héritage anticolonialiste. Elles sont furieuses de voir les cités revenir à l'âge de pierre antéféministe et, en même temps, sont ravies de trouver un repoussoir mâle aussi parfait. Il est le barbare dans Rome, le loup entré dans Paris. Il a un langage proche de Neandertal. Il est l'homme d'avant la civilisation. »



« Cette vieille dichotomie entre maman et putain, la modernité la rejette avec horreur. "Je ne suis ni une pute ni ta maman", nous assènent nos compagnes d'aujourd'hui. Que sont-elles ? Des femmes, répondent-elles avec éclat. Qu'est-ce qu'une femme ? On ne sait. Sans doute un homme d'aujourd'hui. »
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Le Premier Sexe

Avant tout, je souhaite préciser que si on raisonne en terme de marketing, il est clair que je ne suis pas du tout le "lecteur cible" de ce livre.

Petit livre qui, comme sa couverture l'indique, est à contre courant de la pensée actuelle pro-féministe. Cet essai permet d'apporter de nouveaux éléments, indispensables à une réflexion critique quant à cette idéologie. Je ne vais pas sombrer dans la tentation d'une critique "psychologisante" de l'auteur (qui suis-je pour en parler?), je vais parler du contenu : le développement de la pensée et les faits énoncés donnent à ce travail le mérite d'être lu, ne serait-ce que pour "entendre un autre son de cloche." Si vous êtes féministe en quête de contre-arguments et que vous aimez vous remettre en question, ce livre est pour vous ;)
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Le Suicide français

Dressage d'un triste constat de notre société et civilisation Française en proie a une mouvance constante, des inégalités de la mondialisation.

La responsabilité des différents élus est lourde !

clairement argumenté, sans propos excessif ou extrémistes, Eric nous raconte comment cette France a muée, et se perd entre humaniste et intégration! la réalité de demain pour tous politiques, n'est pas d'enjoliver ou de rassurer mais de PRÉVOIR

c'est bien ce qui a manquer sur les 30 derniers années .

après lecture, on n'en sort pas plus instruit, un peu plus inquiet ... et avec un peu moins d’espoir

On ne refait pas le passé, mais tout devoir des hommes politiques et de penser la société de demain!

les politiques sont bien trop préoccupés par leur propre destin pour se soucier de celui des autres et d'un pays.
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Mélancolie française

Une œuvre qui fera date. Dans la lignée de l’Histoire de France de Jacques Bainville, Eric Zemmour, d’une plume vivante et magistrale, avec décision et retenue, traversant les siècles, boussole en main, distingue les lignes de fracture, cachées, pour d’autres, de la politiques, de l’économie et des sociétés, bulletin de naissance de la France et de l’Europe depuis l’établissement de la Pax Romana.

La France, puissance démographique jusqu’en 1812, dont Michelet disait “La France n’est pas en Europe ; elle est l’Europe.” cherche à prendre la place de l’Empire perdu, renovatio romano imperi. L’Europe de Charlemagne de 843, l’Empire de 1811, l’Europe du Traité de Rome de 1957 ne se résument-elles pas toutes au même espace géographique : hors l’hexagone, la Belgique, les Pays-Bas, la Rhénanie, le Piémont et la Toscane : la Gaulle romaine reconstituée. Cette Europe française était la France.

Cet essai introduit le rôle du commerce et du libre-échange depuis le milieu du XVIIème, démontre le rôle secret du Royaume-Uni puis l’Amérique dans l’histoire française et européenne jusqu’à nos jours. Le ton change. L’ennemi doit être détruit. Car ce n’est pas le doux commerce qui a fait la fortune du Royaume Uni, mais l’implacable défense militaire du commerce.[…] William Pitt père disait :“ Le commerce, c’est votre dernière ligne de défense, votre dernier retranchement. Vous devez la défendre ou périr”.

Depuis l’édit de navigation de 1651, la nouvelle Carthage combat la nouvelle Rome. L’Empire thalassocratique combat l’Empire continental. Le XVIIIème siècle, ouvert par la défaite du traité d’Utrecht et le soir du Roi Soleil, est un miroir aux alouettes. Apparemment tout est fête des sens et de l’intelligence, luxe, volupté. En vérité tout est dette, ruine et déclin. 1812, l’Angleterre, la nouvelle Carthage a vaincu, certes de peu, la nouvelle Rome. Et puis qu’est donc l’Amérique sinon le résultat de la guerre mondiale de 1914-1945, la nouvelle puissance thalassocratique perpétuant un modèle basé sur le libre échange donc guerrier.

A noter une analyse documentée sur 1917, le rôle de l’Amérique ou comment été arrêtée l’offensive de Mangin donnant préférence à l’immobilisme de Pétain. L’histoire apprise à l’école est vraiment simpliste.

Les deux derniers chapitres tentent de lire le futur dans le présent à l’aide du passé.

Tout d’abord alors que la mode est à la mondialisation, la constitution de grands ensembles, des forces sont à l’œuvre dans le monde entier luttant contre ce tropisme. Eric Zemmour prend la Belgique pour laboratoire démontrant l’impossibilité de coexistence de populations par trop différentes et prenant pari sur l’avenir.

Enfin la France, certes de nouveau puissance démographique à contrario du reste de l’Europe, pose la question de sa propre stabilité. Prenant ombrage de la multiplication de territoires où les lois de la République ont du mal à s’appliquer, imperium in imperio, Eric Zemmour prend à témoin des élus locaux, des chiffres indiscutables et l’histoire elle-même posant la question de l’intégration moderne versus le processsus d’assimilation de la IIIème République héritière de Rome : La France continue d’assumer l’héritage de l’Empire Romain. Partout les Français assimilent selon son modèle : des armées, des routes, des codes et des administrations.

Le travail et l’érudition demanderont plusieurs lectures de l’ouvrage. Il se doit d’être lu par tout honnête homme. Soyez certains que les idéologues ne discuteront pas de l’ensemble de l’œuvre qui remet en cause leur histoire officielle et confortable mais sortiront de leur contexte tel ou tel phrase ou mot, feront tapage sur trois mots ou deux phrases. Car comme disait Bossuet “Le plus grand dérèglement de l'esprit est de croire les choses pour ce qu'on veut qu'elles soient et non pour ce qu'elles sont”. Pour les autres, il sera sujet de discutions, de polémiques, de recherches et peut-être la France en sortira-t-elle grandie.

De l’histoire et de la mémoire : “Un siècle plus tard l’histoire n’est plus rien, la mémoire tout. La mémoire, dégradé intimiste de l’histoire, elle-même dissoute en une variété de mémoires, des mémoires dans la mémoire, comme on dit un état dans l’état, qui rivalisent, s’affrontent et, vindicatives, demandent des comptes à l’histoire de France déboulonnée.”



Je trouve enfin particulièrement remarquable qu’Eric Zemmour ait réussi à éviter le piège évident de ce type d’exercice décrit par Henri Bergson “Comme ne pas voir que si l’évènement s’explique toujours, après coup, par tels ou tels des évènements antécédents, un évènement tout différent se serait aussi bien expliqué, dans les mêmes circonstances, par des antécédents autrement choisis – que dis-je ? – par les mêmes antécédents autrement découpés, autrement distribués, autrement aperçus enfin par l’attention prospective. D’avant en arrière se poursuit un remodelage constant du passé par le présent, et de la cause par l’effet !”


Lien : http://www.quidhodieagisti.fr
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La France n'a pas dit son dernier mot

L’Engouement médiatique actuel pour Eric Zemmour m’a interrogé au point que, lassé de sa prose orale relayée par des commentaires, voire des commentaires de commentaires j’ai voulu savoir ce qu’il écrivait, pour cerner de façon plus sûre sa prose écrite. Comme il n’était absolument pas question que j’achète son bouquin, je l’ai emprunté et lu entièrement malgré l’envie fréquente d’arrêter de m’infliger une torture inutile. Journaliste cultivé, il a rencontré de nombreuses personnes de la vie publique depuis quelques décennies, souvent au cours de déjeuners dans des restaurants divers et variés, car, on passe beaucoup de temps à table avec M Zemmour ! La renommée de ses interlocuteurs font de lui une grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf et un Narcisse admirant son reflet dans le miroir. Fort de ses sempiternelles convictions qu’il étale et rappelle complaisamment, il ne paraît guère disposé à accepter la contradiction pourtant nécessaire à prendre en compte pour faire émerger une vérité plus probable. Bref, j’ai fait ma BA et me demande comment on peut dérouler autant de tapis rouges sous les pieds d’un homme aussi dangereux pour une démocratie apaisée, mais, la tentation du clown étant dans l’air du temps, les français pourraient vouloir manifester leur appétence pour le cirque.
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La France n'a pas dit son dernier mot

Tout ce qui est excessif est insignifiant. J'ai perdu du temps vainement à aller jusqu'au bout en cherchant une ombre de trace de finesse dans ces chroniques ampoulées.

Par contre le livre de Marc Dugain, La volonté m'a permis de découvrir une lecture de l'histoire du vingtième siècle sans concession. Avec un travail d'écriture qui respecte le temps que le lecteur consacrera à suivre les étapes de ce roman qui se permet d'instruire sans donner de leçons, de décrire sans excès, d'amener à observer sans s'empêcher de penser.
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Le Suicide français

Cet essai est une compilation d’événements que, pour la plupart d’entre nous, nous connaissions. Mais nous les connaissions de manière éparse, tel un puzzle émietté. Et c’est là le talent extraordinaire d’Eric Zemmour, qui, à partir de ces événements, dont certains peuvent paraître anodins, recompose le puzzle dans un ordre chronologique, le plus significatif puisqu’il déroule l’évolution du mal qui ronge la France. Talent auquel s’ajoute une écriture impeccable, qui s’écarte résolument de ce style télégraphique devenu la norme, avant d’être, je le crains, détrôné par pire encore : le style Twitter !

L’analyse implacable de l’auteur ne saurait cependant être qualifiée de mensongère, à moins, comme le rêvent certains « nettoyeurs » de l’Histoire, de réécrire les faits. Oui, depuis 1970, et la mort du commandeur (de Gaulle), la France s’est poignardée maintes fois pour plaire au Marché, aux mœurs révolutionnaires, pour expier ses crimes enfin – qualifiés souvent comme tels sur la base de visions anachroniques de l’Histoire. On appelle ça la repentance, maladie obsessionnelle qui pousse le ridicule jusqu’à assister, il y a quelques années, aux excuses d’un ministre danois en voyage en Islande à propos…des invasions vikings, survenues à la fin du Xe siècle ! Cette repentance frisa même l’absurdité tragique lorsqu’en France, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, proposa de faire endosser à des élèves de primaire l’identité d’un enfant juif déporté. Zemmour est-il pour autant antisémite lorsqu’il pointe les excès de cette surenchère mémorielle ? Soyons sérieux ! Idem, et bien que ce soit une tâche sur notre passé, peut-on croire un seul instant que, sans l’aide de Vichy, les Allemands se seraient abstenus de déporter les Juifs présents sur le sol français ? Ceux qui en sont persuadés feraient bien de lire, entre autres, Eichmann à Jérusalem, de Hannah Arendt !

Mais la France ne s’est pas poignardée seule : on l’a grandement aidée de l’extérieur dans l’abdication de sa souveraineté, suivant ce mondialisme vendu comme une grande communion des peuples – au mépris de leurs particularismes que certaines communautés sur notre sol ne se privent plus désormais d’imposer ! –, et qui n’était en fait qu’une mainmise du Marché, c’est-à-dire du dieu Argent, cet apatride sans foi ni loi qui se moque des frontières et des identités. Le tout orchestré par une propagande quasi totalitaire qui n’admet pas la controverse.

Ainsi, au fil des dates égrenées dans ce remarquable essai, nous refaisons le chemin qui nous fit passer cette porte de l’enfer où, comme à Dante, on nous imposa d’abandonner tout espoir.

On a le droit imprescriptible de ne pas partager les opinions de Zemmour – à quelques détails près, je n’ai personnellement jamais vu dans Napoléon qu’un mégalomane dangereux. Pour autant, ses propos sont-ils abjects, comme l’affirment les ignorants satisfaits qui ne le lisent pas en se contentant de bêler avec le troupeau des indignés ? Je les crois plutôt dérangeants ces propos, car ils nous réveillent d’un sommeil qui faisait l’affaire de beaucoup. Si les exemples choisis (Canal +, Hélène et les garçons, etc.) peuvent sembler triviaux, c’est que nous sommes devenus triviaux alors que nous étions autrefois admirés et copiés par le Monde.

Loin de provoquer une euphorie fanatique, ce Suicide français laisse donc un goût amer parce qu’il nous met sous les yeux tout ce que nous avons perdu, c’est-à-dire cette France historique et indépendante à laquelle je suis, de mon côté, viscéralement attaché. Et la moustache au milieu ne me pousse pas lorsque j’écris ça ! Quant aux défenseurs béats d’un totalitarisme religieux grandissant qui ne dit pas son nom – je pense à Edwy Plenel et consorts –, ils seraient bien inspirés de constater que cette liberté qu’ils chérissent à grands cris d’orfraie est en passe d’être brûlée comme une sorcière mécréante.

Mais, car il y a un mais, je continue de ne pas partager l’analyse de Zemmour sur sa vision de la femme. Si je me défie des dérives féministes, je me réjouis cependant qu’elle acquière son indépendance dans notre société en tant qu’égale intellectuelle de l’homme, étant entendu que les différences de l’une et de l’autre sont non seulement nécessaires mais encore complémentaires.

Ce point évoqué, on peut fustiger Eric Zemmour, le « nazifier » à foison, il n’en reste pas moins vrai que la France se suicide, faute de volontés nationales pour lui rendre ce qui lui appartient de droit : son autodétermination.

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Le Premier Sexe

En écrivant cet essai, au demeurant bien construit et argumenté, Éric Zemmour avait-il conscience de sa portée qui, de mon point de vue, va bien au-delà du sujet annoncé : la place toujours croissante de la femme dans nos sociétés occidentales modernes ?

En dénonçant leur féminisation globale, tel un « cocooning » maternel qui se serait abattu sur nos pays « développés » comme une chape de plomb sous prétexte d’hyper-protection, au final castratrice, n’explique-t-il pas, a priori, le désintérêt et la fuite qui se sont emparés de leurs ressortissants toujours plus jeunes et plus nombreux qui prennent le parti de l’émigration ? Retraité en Thaïlande, une société aux valeurs beaucoup plus traditionnelles, je le constate tous les jours.

Pour ne prendre que cette région du monde pour exemple, ce mouvement s’exprime de plus en plus largement et ouvertement dans la littérature qui y est consacrée, qu’il en soit le thème principal ou qu’il marque simplement en demi-teinte la trame romanesque des ouvrages.

On connaît, bien sûr, « Plateforme », de Michel Houellebecq, qui ne prend en compte que la liberté sexuelle, mais dont c’est le propos essentiel. En revanche, on peut aussi citer John Burdett, auteur d’excellents polars comme « Bangkok 8 », qui émaille ses enquêtes à rebondissements des mêmes constats sociétaux. Ou encore le « roman gay » d’Eric Miné, « Le garçon de Vientiane », paru récemment, qui dénonce au passage le « totalitarisme précautionneux » de l’Occident en opposition à une liberté supposée qui s’imposerait d’elle-même dans des pays moins touchés par la « mondialisation égalitaire » et qui auraient conservé un ordre naturel et ancien malgré les épreuves de l’Histoire. D’autres titres, sûrement, tournent autour de cette idée dans l’air du temps, mais je ne les connais pas tous.

Alors, prémonitoire, le livre d’Éric Zemmour ?

En fait, à mes yeux, un livre majeur de notre époque.

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Destin français

Après Le suicide français paru en 2014 puis Un quinquennat pour rien deux ans plus tard, Eric Zemmour revient en librairie. Cette fois, le polémiste (ou présenté comme tel) propose un essai-fleuve, autour de l’Histoire de France, son Histoire de France. Destin français, c’est le titre de ce nouvel ouvrage publié chez Albin Michel, un ouvrage qui a tôt fait de déclencher plusieurs polémiques, rarement autour du livre lui-même. Lettres it be vous livre sa critique sur ce retour d’Eric Zemmour aux affaires.



Quatrième de couverture :



« Je savais où je voulais vivre, avec qui je voulais vivre, et comment je voulais vivre. À mes yeux médusés d’enfant, le mot France brillait de tous les feux : histoire, littérature, politique, guerre, amour, tout était rassemblé et transfiguré par une même lumière sacrée, un même art de vivre mais aussi de mourir, une même grandeur, une même allure, même dans les pires turpitudes.

La France coulait dans mes veines, emplissait l’air que je respirais ; je n’imaginais pas être la dernière génération à grandir ainsi.

Il ne faut pas se leurrer. Le travail de déconstruction opéré depuis quarante ans n’a laissé que des ruines. Il n’y a pas d’origine de la France, puisque la France n’existe pas, puisqu’il n’y a plus d’origine à rien.

On veut défaire par l’histoire ce qui a été fait par l’Histoire : la France. L’Histoire est désormais détournée, occultée, ignorée, néantisée. L’Histoire de France est interdite. On préfère nous raconter l’histoire des Français ou l’histoire du monde. Tout sauf l’Histoire de France.

Mais cette Histoire se poursuit malgré tout et malgré tous. Elle a des racines trop profondes pour être arrachées. Elle s’est répétée trop souvent pour ne pas se prolonger jusqu’à aujourd’hui. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les mêmes lois s’imposent au-delà des générations.

L’Histoire se venge. »



Après le phénoménal best-seller Le Suicide français, Éric Zemmour se livre avec force et sans tabou à une analyse de l’identité française en réhabilitant ses fondations.



# L’avis de Lettres it be



C’était un retour attendu non seulement par les admirateurs d’Eric Zemmour mais aussi et surtout par ses plus fervents détracteurs. Au-delà de la valeur intellectuelle des livres du natif de Montreuil, l’intérêt de ses retours en librairie est surtout porté du côté des médias. Eric Zemmour dans les médias est ce que l’on appelle couramment un « bon client ». Quand bien même ses livres ne comprennent pas d’éléments acides et potentiellement à débattre, présentateurs et chroniqueurs trouveront toujours de quoi faire le buzz. Ce fut le cas autour de Destin français, le livre à peine sorti, avec la querelle entre Eric Zemmour et Hapsatou Sy autour des « prénoms ». De fil en aiguille, la promotion du livre était faite, et les audiences assurées. Finalement, tout le monde y trouvait son compte : Destin français truste le podium des meilleures ventes sur Amazon, Hapsatou Sy lance sa propre chaîne TV, et les audiences étaient au beau fixe sur tous les plateaux. Mais, finalement, qu’en est-il de ce livre ?



Un manuel d’Histoire. C’est finalement en ces quelques mots qu’il serait possible de résumer le nouvel ouvrage d’Eric Zemmour. Mise à part une introduction intimiste où l’on retrouve la pensée profonde et la vie de ce lui qui officie encore dans Zemmour & Naulleau le mercredi sur Paris Première, les nombreux chapitres qui composent ce livre sont autant de morceaux d’Histoire, de ces grands personnages à ces monuments qui ont fait et font (défont ?) encore notre pays. Eric Zemmour s’attèle à livrer sa vision, appuyé par les faits, les dates et les événements. Loin de toute polémique, ce livre nous offre donc la possibilité de percer les mystères et les fausses légendes tissées au fil des âges. Et même s’il faut conserver une certaine distance du fait de l’auteur de ce livre comme pour n’importe quel autre d’ailleurs (la subjectivité personnelle ne reste jamais trop loin), force est de constater que Destin français revêt un intérêt manifeste, certain. De Clovis au Général De Gaulle, de Charles VII à Notre-Dame-de-Paris, l’Histoire reprend forme, reprend vie. Par un passionné, c’est certain, désireux de remettre au goût du jour des questions pensées comme bien trop établies. Une gymnastique intellectuelle qui, même si incitée par Eric Zemmour, fait du bien.



Vous l’aurez compris à la lecture des lignes précédentes, ce nouveau livre d’Eric Zemmour est bien loin des positions fermes et engagées du Premier Sexe (paru en 2006) ou du Suicide français. Le journaliste et écrivain ne s’est peut-être pas assagi, mais laisse désormais de la place dans ses travaux à exprimer ce qui a pu le forger, le faire comme nous pensons le connaître. Une Histoire de France, celle d’un homme parmi tant d’autres, à comprendre plutôt qu’à juger, à percer plutôt qu’à rejeter. Aimez Eric Zemmour, détestez-le : mais Destin français doit être lu, au moins pour savoir pourquoi.



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Le Suicide français

Généralement, je n'aime pas les livres journalistiques car ils se contentent de relater des faits (forcément d'une manière subjective) sans connaissance véritable des sciences humaines: histoire, géographie, politique ...etc, qui structure notre société

Mais mon coté samaritain m'a poussé à lire ce livre tellement conspué par nos intellectuels ( Ferry par exemple) que par nos pseudo intello ( BHL Plenel, Joffrin, et tant d'autres, de droite comme de gauche)



Le point essentiel du livre de Zemmour est la perte de notre souveraineté nationale.La constitution de 1958 n'est plus la référence suprême de la France.

Elle est d'abord assujettie,dés 1972, à des droits antérieurs comme le préambule de 1946 (bloc de constitutionnalité) puis à la cour européenne.

Mais, surtout, le pouvoir économique va prendre le pas sur le pouvoir politique; c'est lui, par la puissance de ses multinationales, par son lobbying ,puis par la mondialisation des échanges et la construction européenne, qui va donner à notre slogan sacré "liberté, égalité, fraternité" sa propre définition.Définition reprise en choeur ( en toute connaissance de faits -BHL- ou de bonne foi- les premiers écologistes,nombres de féministes)par nos élites et la culture populaire.L'objectif premier étant de créer de nouveaux consommateurs et de nous faire consommer plus.

Parallèlement au développement du facteur capital, il faut faire baisser le coût du facteur travail Pour cela une solution toute simple : l'appel massif des travailleurs immigrés: réussite totale en période de plein emploi. Mais, après le premier choc pétrolier, le chômage augmente trop, les tensions populaires se développent, le pouvoir d'achat des français se délite.Que faire?. Première initiative au nom de la fraternité: le regroupement familial : malgré la crise,de nouveaux consommateurs affluent (le seul parti politique qui s'y est opposé est le parti communiste, parti raciste?). La deuxième solution consiste à faire pression sur Giscard et surtout sur Mitterrand de tolérer l'immigration clandestine (pas très difficile puisque ce sont les entreprises qui financent les parties politiques, les campagnes électorales et la construction de l'Europe) d'où notamment la création de SOS racisme au nom des sacro saintes valeurs républicaines

Et le pouvoir du peuple , me direz vous ? On s'en fout: quand il se prononce contre un traité européen en 2005 , on le traite de beauf reac puis on le fait passer en douce

Bref: la France se meurt et l' Europe suit la même voie



Voyons, pour finir, les propos sulfureux de Zemmour

- Vichy : Pétain aurait ,en dénonçant d'abord les juifs étrangers ,sauvé 95% des juifs français.Mon avis : rien ne peut excuser l'attitude de Pétain pendant la seconde guerre mondiale que ce fait soit vrai ou pas

- Les femmes: Zemmour oublie d'abord de dire que la femme est la plus belle créature de la terre. Il me semble misogyne . La contraception a considérablement bouleversé la structure économique et sociale de la France.

Les femmes ont maintenant le choix et c'est une grande liberté qu'elles ont acquises . le problème de l'avortement est beaucoup plus complexe et je n'ai ni le temps ni la volonté de soulever le débat .

- L'homosexualité : je n'ai pas vu dans ce livre le moindre propos homophobe : il dénonce simplement le lobby gay manipulé ,de part son fort pouvoir d'achat,

par le pouvoir économique

- l'islam : il pense que cette religion ne peut s'assimiler à la nation francaise, et, comme il ne croit à une intégration à l'anglo saxonne ,il ne voit pas d'issue

je ne partage pas son pessimisme



Un livre polémiste, à contre courant de la pensée uniformisée actuelle, qui a le mérite de poser beaucoup de questions





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Je n'ai pas dit mon dernier mot

J'ai lu ce livre et je ne peux que regretter l'apparent rendez-vous manqué de Mr Éric ZEMMOUR avec le peuple Français. Je dis ou plutôt écris "apparent" car comme il l'écrit si bien en fin d'ouvrage : "Je crois que le peuple français finira par comprendre que l'option politique que nous lui proposons est la seule qui puisse sauver notre pays du destin tragique qui nous est promis : La libanisation du pays, sa partition en enclaves étrangères et hostiles les unes aux autres, la tiers-mondisation, la misère et la décadence."



"Apparent" car le mur intellectuel et idéologique des woks d'un côté, islamo-gauchistes, écolo stalinien et idéologisés de l'autre, à exploser par son franc parlé et son parler-vrai !

Que l'on soit d'accord ou pas avec ces idées (Mais en est-on encore là... ?! Ou plutôt, peut-on se payer le "luxe" de continuer à nier la réalité ?!) ou non, qu'on apprécie sa personnalité ou non, il y a les tristes réalités que personne ne peut nier. Il fait preuve dans son essai d'une rare lucidité sur ces erreurs de campagnes comme de ces faits et gestes ayant donné prise à la meute médiatique qui n'en n'attendait pas tant. Mais bien plus important encore, il explique pourquoi son combat est vital, est celui qui conditionne notre avenir et l'avenir de nos enfants. Tourné en dérision ou voué aux gémonies par la doxa ambiante, le magistère implacable de la gauche. Il explique finement les errements du RN qui s'est perdu idéologiquement en voulant se recrédibiliser, se "dédiabolisé" face à l'hégémonisme intellectuelle de la gauche islamo-gauchistes et wokiste. Lucidité, clairvoyance sur ces propres erreurs et faiblesses mais aussi sur sa force et ses atouts comme sur l'état et l'avenir de la France, la justesse de son combat pour la France et ses solutions pour y parvenir. Bref, autant son livre précédent m'avait laissé dubitatif quant à son contenu et le but visé, autant celui-ci, nous projettes en pleine face la pathétique médiocrité de notre classe politique et son manque dramatique "d'envergure", de projets, de convictions. Mr ZEMMOUR est, au delà de ses idées, l'incarnation de ce que devrait être un homme politique.
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Le Suicide français

Zemmour Eric – "Le suicide français" - Albin Michel, 2014 (ISBN 978-2226254757) - 544 pages



Un pavé de 544 pages, arborant le bandeau : "Les 40 années qui ont défait la France".

Une fois n’est pas coutume, j’ai acheté ce livre pour trois raisons inhabituelles dans mes choix : d’abord il s’agit d’un essai politique polémique, ensuite il fait l’objet d’un battage médiatique si virulent et haineux de la part de la bien-pensance que cela justifie d’aller y voir par soi-même, enfin il connaît une diffusion de masse avec près de 300.000 exemplaires vendus en quelques semaines après sa parution le 15 octobre 2014.

Avant cet esclandre, je ne savais même pas qui était Eric Zemmour, je ne suis même pas certain d’avoir jamais entendu son nom puisque nous vivons à l’abri des absolues nuisances que sont la télévision et la radio.



Oserai-je l’avouer, je n’ai franchement pas été déçu, je l’ai dévoré en quelques soirées !

- Primo, le style est enlevé, drôle, féroce, alerte, j’oserais presque évoquer le si brillant et non moins fielleux duc de Saint-Simon.

- Secundo, la méthode est plaisante : à partir de l’année 1970, l’auteur enchaîne ses chroniques, année par année, en sélectionnant pour chaque année deux ou trois évènements qu’il juge être des clés de compréhension de ses observations politiques ; le choix des évènements ainsi évoqués est varié, il peut s’agir aussi bien d’une chanson de variété, d’un film à succès, d’une loi, que d’un match de foot, un débat télévisé ou un sketch de Coluche.

- Tertio, chaque évènement retenu fait l’objet d’une re-contextualisation historique et politique plus vaste, attestant une connaissance approfondie des mécanismes politiques en œuvre dans notre doulce France.



Lors de cette première lecture, j’ai retenu trois thèmes principaux.

Tout d’abord, la déculturation des élites françaises mondialisées et décervelées à la sauce Science-Po-ENA-bobo (ça, je le vois et le vis concrètement et quotidiennement dans le cadre de mes activités en région parisienne) menant à la négation de l’héritage culturel de notre pays, à la haine du petit peuple, lequel se venge par la dé-crédibilisation de ces élites (thème cher au FN, mais pas seulement).

Ensuite, la transformation de la construction européenne (qui suscita tant et tant d’espoir dans nos générations d’après-guerre) en une gigantesque machinerie bureaucratique dans laquelle les pays se noient.

Enfin, l’avènement d’une caste dirigeante individualiste standardisée, arriviste, féroce, écrasant et reniant tout sur son passage, totalement coupée des réalités du bon peuple, quelle que soit son appartenance politique (une réalité que le FN exploite à fond).



Je retiens également trois faiblesses.

Premièrement : la destruction du genre masculin et – surtout – du rôle du père, me semble incomplètement traitée.

Deuxièmement, le rôle spécifique de la communauté juive (dont l’auteur est issu) fait l’objet de développements dont je suis bien incapable d’évaluer la pertinence (le régime de Vichy a-t-il sacrifié les juifs étrangers pour sauver les juifs français ?).

Troisièmement, la plus grosse faiblesse de l’ouvrage réside cependant dans l’absence totale de proposition ouvrant des perspectives, mais reconnaissons que ce n’est pas son objet.



Quelques passages particulièrement réussis à mes yeux : les années immédiatement consécutives à mai-68, l’emprise grandissante de la bien-pensance « de gôôôche » boboïsée, qui formate la vie culturelle du pays depuis quarante ans, la mondialisation-standardisation broyant le populo de tous les pays sur son passage. Reste surtout l’impression de lire enfin quelque chose de différent du sempiternel et uniforme prêchi-prêcha copieusement dispensé par la nomenklatura cultureuse et journaleuse standard, quel que soit son bord politique.



Cela fait déjà quelques années qu’en France, certains intellectuels (Gauchet, Finkielkraut etc) osent émettre des idées, poser des questions ou avancer des opinions en rupture avec le terrorisme intellectuel imposé par la gauche caviar bon chic bon genre, laquelle se bornait jusqu’à présent à user de son contrôle fort étendu sur les moyens de communication pour prodiguer des fatwas d’excommunication en assimilant toute question dérangeante au fascisme ou à l’extrême-droite. Ce qui est peut-être nouveau, avec le succès du livre de Zemmour, c’est de voir ces questionnements percer auprès du grand public qui n’a plus peur des anathèmes lancés par les ayatollahs de la bien-pensance. C’est plutôt réjouissant, même si c’est encore très embryonnaire, très imparfait et très superficiel.



Un style vociférant manié avec un art consommé de la polémique, une lecture stimulante s’il en est, et souvent rigolote… Que demander de plus à un essai ?

Ceci étant, j’ai jeté un œil aux autres livres publiés par ce Zemmour, ça m’a paru plutôt rasoir et répétitif… Celui-ci constituerait-il une exception ?



Sauf erreur de ma part, à ce jour, seules deux personnes ont joint leurs efforts pour formuler une réponse au livre de Zemmour, il conviendrait donc de lire le «Contre Zemmour : réponse au suicide français» publié par Mamère et Farbiaz : pour ma part, ceci excède le temps et l’intérêt que je puis éprouver pour ce type d’essais.

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Le Suicide français

A Monsieur le Commissaire, à mes amis(es) babeliote, à ceux qui le seront demain, et ceux qui ne le seront jamais, je viens me constituer prisonnière, j'aime ma France, j'ai lu Zemmour et j'ai souvent été d'accord.
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