AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (178)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le choix d'une fiancée

Parce qu'il était musicien dans l'âme et déçu par ses échecs de compositeur, Ernest Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822) est devenu un grand auteur de contes. Vitesse, liberté, rebondissements font un tempo de pièce musicale qui fait fi du plausible. Comme l'écrit Pierre Péju en préface, «pour lui une belle histoire est une horloge compliquée qui fonctionne de façon surprenante mais ne donne pas forcément l'heure exacte».



L'ironie permanente de ses écrits est assortie de notes désespérées et inquiétantes. Freud a mentionné l'«inquiétante étrangeté» (Unheimlichkeit) qu'il a décelée dans "L'homme au sable". Mais Le choix d'une fiancée demeure un récit vif et léger, qui atteste de la vision gaie qu'avait Hoffmann de Berlin, cadre de cette comédie un peu vénitienne.



La trame met en scène une combinaison des principaux types de personnages hoffmanniens. Le jeune fille idéale, belle et convoitée, (Albertine), le bourgeois rustre et intéressé (le baron Bensch), le fonctionnaire maniaque (le secrétaire de chancellerie Tusmann), l'Artiste (le peintre Edmund) – avec le A majuscule de celui qui a entendu un appel, celui qui a une mission, comme celle qu'Hoffmann lui-même espérait accomplir en musique – et le magicien inquiétant et ambivalent, aux pouvoirs sans limites, qui agit comme un marionnettiste fascinant, mi-diable, mi-mage (tel l'écrivain...). Ce dernier «masque» figure le moteur surnaturel qui anime les contes fantastiques de l'auteur prussien.



Imbroglio amoureux qui voit l'héritière Albertine, éprise du jeune peintre Edmund, devenir l'objet des convoitises de deux autres prétendants aux motivations moins limpides. Si on sait dès le départ qui l'emportera comme dans tout beau conte, le lecteur est suspendu à la façon dont les décisions se font, par l'entremise d'une abracadabrante scène de loterie où chacun trouve son compte, parodie de la scène des coffrets du Marchand de Venise de Shakespeare. Mais une ombre hoffmannienne plane jusqu'à la fin, et la comédie s'achève avec une virevolte qui sonne comme un grand rire noir, pour reprendre les mots de Péju pour qualifier l'œuvre d'Hoffmann.



Avec son aisance de la caricature, il n'est pas étonnant que l'auteur ait connu quelques ennuis avec des collègues et amis. Il fait communiquer des mondes et facilite les dédoublements, en maître d'une sorte de «réalisme fantastique», fondement de son art. Il n'hésite pas à mélanger les genres, passant de la drôlerie à l'angoisse, multipliant les références empruntées à la tradition et à la littérature. Une connaissance fine des mœurs des petits-bourgeois lui permet de traduire le fantastique en une réalité troublante.



"Le choix d'une fiancée" qui se présente sous la forme d'une nouvelle longue – assez pour que les personnages deviennent familiers –, a servi de base à un opéra-comique fantastique de Ferruccio Busoni qui n'eut pas de succès. On ignore peut-être que le "Casse-noisette" de Tchaïkovski est tiré d'un texte de Dumas qui s'inspirait d'Hoffmann. On ignore moins comment Offenbach fit revivre avec bonheur son univers. J'espère pouvoir vous entretenir prochainement de "L'homme au sable" qui m'attend sur l'armoire.
Lien : http://christianwery.blogspo..
Commenter  J’apprécie          72
Le cœur de pierre

Hoffmann nous prend par la main pour nous mener au cœur du jardin du conseiller aulique Reutlinger. Là s’agitent telles des figurines de porcelaine dans une boite à musique messieurs et dames des temps anciens.

Je n’ai pas envie de dévoiler l’histoire, qui d’ailleurs n’a pas à mes yeux une grande importance. Il me semble que l’intérêt est moins dans ce qui est raconté que dans la façon de le faire. Il y a bien un peu de fantastique avec le thème du double, mais surtout beaucoup d’humour dans la description des personnages.



Commenter  J’apprécie          80
Le magnétiseur et autres contes

Dans Le Magnétiseur, le lecteur assiste à une soirée en famille d'un vieux baron, son fils et sa fille et un vieil ami peintre au nom de Bickert. Le thème abordé, vous vous en doutez déjà, est le magnétisme. Sujet cher à Balzac également, qui l'évoque notamment dans 'À la recherche de l'absolu', 'Sur Catherine de Médicis' et 'Ursule Mirouet'.



Le magnétisme s'est largement popularisé à la fin du dix-huitième siècle quand Mesmer en promouvait des qualités de guérison avec son fameux traitement collectif autour d'un baquet. Après avoir conquis Paris au magnétisme, Louis XVI inquiet, envoyait investiguer un comité scientifique. Un des membres, Jean-Sylvain Bailly, en soulignait les dangers érotiques exercés par le magnétiseur homme sur ses patientes magnétisées.



Et voilà où nous rentrons dans le vif du sujet de la nouvelle d'Hoffmann. Ottmar, le fils du vieux baron, avait ramené dans la famille un jeune homme aux pouvoirs magnétiques, Alban. Quand la fille du baron, Maria, se trouvait mal pendant la soirée, Alban était appelé pour l'aider à reprendre conscience. Mais depuis lors, elle était comme sous l'effet d'un sort. Les bribes de journal et de lettres de Bickert à la fin du récit renseignent le lecteur sur le dénouement funeste de cette histoire envoûtante.
Commenter  J’apprécie          00
Le magnétiseur et autres contes

Même quand on aime le fantastique, il y a des livres de ce genre qui demandent un effort. Il m’a fallu en fournir un pour finir par apprécier, après plusieurs contes, la manière d’Hoffmann.



Pour que le fantastique soit supportable, il faut que l’auteur invite son lecteur à partager avec lui ironie et humour. Hoffmann n’en manque pas. Mais cela ne suffit évidemment pas pour que la lecture soit plaisante, il est nécessaire que l’auteur ait un véritable talent de conteur et d’écrivain. Dans le cas d’Hoffmann, cette condition est parfaitement remplie.



Dans son « Information sur les récentes fortunes du chien Berganza », Hoffmann fait référence à une nouvelle de Cervantès et donne la parole à un bouledogue en s’étonnant toutefois de ne jamais avoir entendu un chien s’exprimer « aussi intelligemment ». La conversation entre ce chien et l’auteur est agréable à suivre, d’autant que, de temps à autre, le noble animal laisse paraître sa nature canine et, en tant que chien, change de position, se gratte derrière l’oreille gauche avec la patte gauche, déclare avoir une faim de loup, etc., ce qui donne au narrateur l’occasion de manifester son sens aigu de l’observation de la vie de chien. Réciproquement, le mâtin déclare avoir beaucoup de considération pour les efforts littéraires et le sens poétique de son interlocuteur, mais, en même temps, considère que le bavardage dont les hommes abusent est loin de valoir les longs silences pendant lesquels l’esprit des chiens se recueille et s’applique à comprendre « les mystères les plus secrets de la nature ». Vous voyez d’ici le plaisir que l’on prend à lire ce dialogue !



S’il vous arrivait un jour de perdre votre reflet dans un miroir, comme un autre avait vendu son ombre au diable, rassurez-vous : vous ne serez pas le premier ! Dans « La nuit de la Saint-Sylvestre », Hoffmann vous racontera comment une certaine Giulietta demanda à un fol amoureux qu'il lui laisse son reflet en gage.



Du romantisme au surréalisme, le fantastique établit une jolie passerelle, un peu surannée certes, mais toujours aussi étonnante dans son invraisemblance, passionnée dans son expression, et trompeusement anormale.
Commenter  J’apprécie          30
Le Majorat

Quels drames entourent la tour où se succèdent des héritiers de la famille de baronet de R... le majorat présente un conflit silencieux où l'intérêt agite les fils de R pour un héritage qu'on dirait presque maudit .... à cote de ça, il y a une histoire d'amour la plus envoutante entrainant une imprudence à la fois à l'adultère et à la jalousie...
Commenter  J’apprécie          150
Le Majorat

Non pas un conte mais un roman, et fort romantique, où trouver charme, musique, à l'étrange domestiqué par ce conteur qui m'est cher.

Lisant la première partie, de l'arrivée au château du narrateur et de son sage grand-oncle « justicier » (en gros notaire) du baron qui n'y vient qu'une fois par an et n'est pas arrivé, l'étrangeté des lieux, deux nuits de presque terreur avec la présence d'un revenant, à la maladie de la baronne, au départ, à travers les pas dans la nuit, la ravissante baronne, la société de chasse et les crincrins du bal, les romances italiennes au piano, le sang du loup tué au couteau, au péril de la vie du sensible jeune-homme, j'étais dans un effroi délicieusement romantique.

La seconde partie, l'histoire terrible du majorat racontée par le grand-oncle, avec le retour au château de l'ancêtre du baron, à la mort de son père, est plus directement horrifiante, mais avec, toujours, un regard rétrospectif et distancié, comme un récit avec un petit sourire vaguement honteux.

Ce me fut régal.
Commenter  J’apprécie          20
Le petit Zachée, surnommé Cinabre

Petit roman aux allures de grand conte. L'histoire se déroule dans un petit état dont le souverain, dans le but d'y instaurer les lumières, banni le merveilleux enraciné dans la place, tout en accordant quelques accommodements raisonnables. Le petit Zachée, enfant affublé de tares tant physiques que mentales, a la fortune d'être favorisé par une fée ayant évité l'exode. Mais le jeune homme qu'il est devenu est-il vraiment digne de toutes ces largesses ? Plusieurs autres personnages, incluant le héros romantique Balthazar, auront l'occasion d'en douter.



Avec l'écriture et l'univers de cet auteur que je prise particulièrement, le caractère enjoué de la narration, ainsi que l'humour et la dérision, la balade a été bonne. Les autorités et autres gens importants du récit sont la cible d'un traitement satirique d'une délicieuse et revigorante ironie. Or donc, l'objectif par toi recherché, gracieusement exposé dans le chapitre 10, a été pleinement atteint en ce qui me concerne, mon cher Hoffmann !
Commenter  J’apprécie          80
Le petit Zachée, surnommé Cinabre

'Klein-Zach ! Klein-Zach ! Voilà voilà Klein-Zach’, entend-on dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Ce refrain sans conséquence dans l’opéra de 1881 trouve sa source dans le conte Petit Zacharie surnommé Cinabre, paru en 1819. Un récit original qui conte les aventures d’un nain difforme et sans intelligence, qu’une bonne fée prend en pitié. Un brin de magie, une touche de poésie et beaucoup d’humour sont au rendez-vous dans cette histoire où les traditions du conte sont prises à rebours pour mieux être réinventées. Derrière son apparente drôlerie, le conte n’est cependant pas dénué de tragique et donne à réfléchir sur de nombreux sujets.



Petit Zacharie surnommé Cinabre regroupe des personnages aussi variés qu’originaux. Zacharie est toujours perçu à travers d’autres protagonistes, à commencer par sa mère qu’il insupporte et par la fée Rosabelverde qui le prend en pitié. Quelques années plus tard vient ensuite Balthasar, étudiant poète dans l’âme qui n’est pas sans rappeler Anselme, et son ami Fabian, d’un cynisme plus cruel. Candida, joyeuse et inconséquente, porte bien son nom, fille du savant et pédant Mosch Terpin ; le savant Prosper Alpanus fait figure de vieux sage dont le roi Barsanuph, aisément abusé, gagnerait à s’inspirer. Autant de types qui ajoutent au comique du conte une satire sociale non dénuée de justesse.



Comme Casse-Noisette, la morale de Petit Zacharie surnommé Cinabre est loin d’être évidente. Le regard des autres est au centre de l’intrigue, tour à tour favorable, erroné ou accusateur, révélant la difficulté à trouver un juste milieu. Quel sort mérite véritablement Cinabre ? La fée s’est-elle montrée trop bonne avec lui ? Comment considérer quelqu’un dont la hideuse apparence va de pair avec l’horrible caractère sans tomber dans la cruauté gratuite ? Le destin de Cinabre était-il inéluctable ? L’ignorance est pour moi la véritable ennemie dans ce conte étrange, antagoniste d’autant plus dangereux lorsqu’elle se dissimule derrière les lumières d’un prince ou la science d’un professeur. Ignorance dont seul se garde Balthasar, figure du poète chère à Hoffmann, guidé par son cœur plutôt que par son esprit, qui s’abstient de juger trop vite ce qu’il voit.



J’ai adoré ce conte aussi drôle qu’imprévisible, à la morale insolite, qui rafraîchit considérablement le genre.



Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
Commenter  J’apprécie          40
Le petit Zachée, surnommé Cinabre

Une sorte de conte de fée drôle et un peu cruel aussi. Très farfelu également. De jeunes étudiants prometteurs mais dont l'un est un peu rêveur et surtout un peu extralucide sans doute. Un vilain enfant un peu trop protégé par une fée, un professeur de sciences un peu trop ambitieux, une belle jeunes filles et de drôles de péripéties. Se lit rapidement et on s'amuse beaucoup!
Commenter  J’apprécie          20
Le Vase d'or

Un jeune homme, le jour de l’Ascension, percute malencontreusement une vieille femme, qui l’accable de reproches étranges sonnant comme une malédiction. Ce qui dans la vie courante serait une anecdote amusante devient sous la plume d’Hoffmann un récit à la croisée du conte merveilleux, de la quête initiatique et de l’histoire d’amour. Magie et métamorphoses, quête poétique de l’idéal, combat de l’amour et du doute, Le vase d’or allie à ces qualités une ironie teintée de tendresse. Après avoir renversé le panier de la vieille, l’étudiant Anselme s’approche en effet d’un sureau à l’écart de la ville, où il entend chanter des couleuvres d’or aux yeux bleus… Illusion ou réalité ? C’est le début d’une aventure digne d’un roman fantastique.



Hoffmann se plaît à jouer avec nous. Le vase d’or multiplie les personnages en autant de jumeaux, au point de perdre parfaitement le lecteur. La sublime Serpentina est-elle réelle, ou bien ses yeux bleus et sa voix de cristal se confondent-ils avec ceux de la jolie Veronika ? L’archiviste Lindhorst aux terribles pouvoirs se dresse en miroir de la vieille sorcière, jusque dans leurs familiers respectifs, l’oiseau et le chat. Seul Anselme n’a pas de double, Anselme qui ne sait s’il devient fou ou s’il doit croire aux inexplicables miracles qui se produisent alors qu’il recopie les mystérieux manuscrits de l’archiviste. Son point de vue alterne avec celui de Veronika, de sorte que le lecteur, jusqu’à la dernière ligne, est en proie aux mêmes hésitations que l’étudiant.



Doute de la réalité, doute amoureux, doute poétique, Le vase d’or allie en un même sentiment trois quêtes parallèles. L’union parfaite de la nature et du sentiment, l’émotion devant la beauté, la soif d’idéal sont l’expression magique d’une réalité poétique. L’amour qui en résulte ne peut exister sans une foi profonde, aveugle et qui pourrait paraître folie, un désir qu’ont en commun l’amant et l’artiste. Lindhorst l’a compris, qui recherche un homme capable de manier habilement la plume : réalité dont le pragmatisme est le pâle reflet de ce monde plus haut, de cette compréhension absolue dont l’archiviste fut jadis banni. Le fameux vase d’or, casserole ou pot selon les traductions, n’est-il pas lui-même l’incarnation de l’imagination ? Mais Hoffmann, loin de se laisser aller à la mélancolie du poète maudit, conclut avec humour sur la richesse toute relative de la poésie… Réelle à condition d’être capable de la percevoir.



Le vase d’or est le premier conte d’Hoffmann que je lis. Un conte très long, dont j’ai adoré la portée métaphorique ! J’ai beaucoup apprécié de suivre tour à tour les aventures de Veronika et d’Anselme, et jusqu’à la fin je suis restée incapable de deviner la chute.



Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
Commenter  J’apprécie          70
Le Vase d'or

Ce conte est comme une suite de visions, tirées des rêves les plus profonds, avec les rythmes, tantôt lents et mélancoliques, tantôt puissants et saisissants, d'une symphonie. Est-ce une simple allégorie qui célébrerait l'art et la connaissance, ou bien un conte initiatique plein des effluves magiques que déploierait un vieux grimoire avec ses signes étranges et parfois inconnus ? Anselme, un jeune étudiant quelque peu fragile et misérable, se croit, après avoir renversé, dans sa précipitation, les pommes d'une vieille mégère qui ressemble à une voyante ou une sorcière, et donné en échange le fond de sa bourse, accablé par le malheur. Il se promène sous les feux du couchants sur les bords déserts de l'Elble et trouve refuge sous l'ombre d'un sureau qui jaillit d'un mur. C'est là qu'il voit apparaître trois petits serpents d'or, dont les voix tintent comme des cloches de cristal, et l'un d'eux, Serpentine, le pénètre de ses deux yeux splendides. Il sent alors comme une étonnante brûlure et le cours de son destin qui semblait voué à une médiocrité bourgeoise va suivre d'autres chemins... Il se retrouve à copier des manuscrits chez un vieil archiviste à la demeure qui a parfois des allures de serre tropicale et de ménagerie et où il semble trôner, en habit de brocart, comme le prince des esprits. Après maints combats dans des ténèbres terrifiantes et son union avec Serpentine consacré par la possession d'un vase d'or, Anselme accède à un monde supérieur, à une infinie félicité résonnant comme un choeur triomphal, à une pensée qui pénétrerait tous les secrets, ayant retrouvé les voies de l'harmonie.
Commenter  J’apprécie          270
Le Vase d'or





L’étudiant Anselme est ce que l’on qualifier d’un homme malchanceux : ce qu’il touche tombe, ce qu’il regarde s’écroule. Et quand il croise « la vieille » c’est dans son panier de pommes qu’il trébuche. Excédé par cet ultime coup du sort, il file se réfugier au pied d’un sureau, au bord de l’Elbe. Alors qu’il médite paisiblement, il entend une vibration cristalline, un bruissement des feuilles surprenant et aperçoit 3 serpents 🐍



Sa vie bascule à ce moment là. De fil en aiguille il va devenir copiste de l’archiviste Lindhorst chez qui il rencontre ses trois filles et comprend alors qu’une d’elle n’est autre que Serpentine et ses yeux hypnotisant, un des serpents qu’il a côtoyé au pied du sureau. Il en tombe éperdument amoureux. S’engage ainsi douze veillées durant lesquelles Anselme quitte le monde réel pour s’imprégner du monde étrange de l’archiviste et de ses filles. Il voguera entre mirage et réalité.



ETA Hoffmann fait du parcours initiatique du jeune homme un parallèle avec sa propre réalité et le besoin de mettre de la distance avec le monde réel. La dualité réel / surnaturel - magie est omniprésente dans ce conte publié en 1814, la frontière entre les deux mondes est brumeuse.



Il s’agit ici d’un conte mirifique ! J’ai adoré me perdre dans cet univers flou, lâcher prise sur les repères temporels et sur la véracité des faits. Le contexte d’écriture du conte est important : il a été écrit après la victoire de Napoléon à Dresde en 1813. Pour ne pas faire de sa réalité un sombre quotidien, ETA Hoffmann s’est évadé dans « Le Vase d’Or » où l’on retrouve beaucoup de points communs avec sa vie (le goût de l’art, l’appétence pour la boisson).

Un conte étrange qui nous ensorcelle !

Commenter  J’apprécie          20
Le Vase d'or

Déjà en lisant « Casse-noisette », qui est une préfiguration de « Toy story », et qui va bientôt faire l'objet d'un autre film, je me disais qu'une partie de l'imaginaire Disney était très redevable à Hoffmann. Quand il laisse se déployer sans mesure toute son imagination, comme dans ce « Vase d'Or », ce sont des images de dessins-animés qui me reviennent à l'esprit. La description de la sorcière m'a fait réapparaître celle de Blanche-Neige, par exemple. Et surtout, c'est à « Fantasia » que j'ai pensé, dans les moments de délire du personnage principal, l'étudiant Anselme, où toute chose semble s'animer, les oiseaux et les arbres se mettent à parler, etc. Enfin, c'est difficilement explicable, il faut le lire pour sentir ce total délire. Evidemment, les films de Disney s'en tiennent à l'explosion de l'imaginaire et sont purgés du côté inquiétant que peut quelque fois laisser Hoffmann à ses romans.

Au début du roman, Anselme peut passer pour un malade, un vrai psychotique, ou alors une sorte de mystique puisqu'il a une vision mêlée d'éléments chrétiens et païens, le jour de l'Ascension. Mais Hoffmann nous entraîne tout de suite dans son délire et tout devient de la pure imagination, de la magie comme dans Fantasia, avec une sorcière et un nécromancien qui se livrent un combat sans pitié à partir d'un mythe original.

On peut considérer le Vase d'Or comme le pendant positif de L'Homme au Sable. Là aussi le héros se retrouve face à un dilemme amoureux entre une femme idéale et une femme réelle. le Vase d'Or est à la fois mieux construit et encore plus fantaisiste, mais j'aime moins, Hoffmann y montre moins d'ambiguïté et de liberté, moins de tragique aussi, tout fini un peu trop bien, à la manière d'un conte de fée à la Disney. C'est quand même l'une de ses meilleures fictions.
Commenter  J’apprécie          50
Le Violon de Crémone - Les Mines de Falun

Conte fantastique, âme des personnages, âme du violon, violon, clavecin, voix au cœur du conte, on oscille entre lecture et musique au fil des pages...
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
Commenter  J’apprécie          10
Le Violon de Crémone - Les Mines de Falun

Dans le recueil présent, il y a des thématiques chères à Hoffmann : la folie, la jalousie, la musique et la mort. Dans le premier récit le narrateur s'introduit chez le conseiller Krespel qui a des lubies étranges. Il construit une tour sans plan, avec des fenêtres un peu partout, il collectionne des violons pour les déchiqueter afin de connaître le secret de leur âme et il garde sa fille prisonnière chez lui, et lui interdit de chanter de sa superbe voix envoûtante. Qu'en résulte-t-il de cette répression néfaste ?



Dans Les mines de Falun, le personnage Elis Fröbom va travailler dans les mines où la folie et la mort l'attendent. Cinquante ans plus tard on retrouve son corps quasiment intact...



Il y a un sentiment d'étrangeté qui dégage de ces contes. Hoffmann cherche constamment à repousser les barrières de l'inconscient, dévoilant de manière subtile les plus profonds désirs et angoisses de l'être humain.

Voilà pourquoi Hoffmann me fascine beaucoup...
Commenter  J’apprécie          00
Le Violon de Crémone - Les Mines de Falun

Dans le violon de Crémone, l'art en l'occurrence ici le chant et la musique apparaît comme une impasse. La plus grande beauté artistique est associée à la mort. Ce conte me semble être largement nourri par des éléments autobiographiques. Hoffmann dont la vie fut écartelée entre la création artistique alimentée par une passion pour la musique et une vie de fonctionnaire, exprime probablement ici ses difficultés à vivre de son art. Le destin d'Antonie fait écho à la mort précoce de sa fille et le personnage de l'excentrique Krespel est probablement inspiré de sa propre expérience. Le conte illustre aussi l'attrait qu'exerçait l'Italie des arts sur Hoffmann.



Le second conte Les mines de Falun met en scène Elis, personnage qui me semble particulièrement représentatif du romantisme allemand : mélancolique et taciturne, accablé par la mort de sa mère, sombrant dans l'attrait des profondeurs et la folie au moment même où il a trouvé l'amour. Outre Elis, le personnage principal de ce conte est la mine de Falun, particulièrement terrifiante sous la plume d'Hoffmann qui pourtant n'y a jamais mis les pieds et la décrit comme un noir chaudron bouillonnant et sulfureux. Cette mine a réellement été exploitée pendant des siècles et elle est même classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2001.
Commenter  J’apprécie          50
Le Violon de Crémone - Les Mines de Falun

Le violon de Crémone, Les mines de Falun d'Hoffmann, Etonnants classiques GF

Dans la première nouvelle, le narrateur fait la connaissance du conseiller Krespel, passionné de violons qu'il collectionne, et de la jeune fille qui habite chez lui, Antonie. La légende raconte qu'Antonie possède une voix envoûtante et mystérieuse. Le narrateur est prêt à tout pour l'entendre, mais c'est sans compter sur Krespel qui refuse à Antonie le droit de chanter.

Je n'ai pas bien vu le motif fantastique dans cette nouvelle, ou peut-être, est-ce tout simplement parce qu'il arrive bien tard, le récit étant centré sur la mystérieuse Antonie.

Dans la seconde nouvelle, le jeune marin Elis qui vient de perdre sa mère, est victime un soir d'une hallucination bien étrange, un vieil homme l'enjoint à renoncer à sa vie de marin pour devenir mineur dans les mines de Falun, mines qu'il entrevoit dans un rêve merveilleux. Le matin, le jeune homme se rend à Falun, et si les mines l'effraie, sa rencontre avec la belle Ulla va le garder captif de cette ville. Mais c'est sans compter la malédiction du vieil homme.

Cette nouvelle est très émouvante de par son dénouement tragique.

Malgré tout, je n'ai pas vraiment accroché au recueil, et je me souviens avoir lu des nouvelles d'Hoffmann bien plus effrayantes. Ou alors ce n'était pas une bonne idée d'enchaîner ce livre après une littérature jeunesse, j'ai vraiment eu du mal avec l'écriture...
Commenter  J’apprécie          30
Le Violon de Crémone - Les Mines de Falun

Commenter  J’apprécie          00
Le Violon de Crémone - Les Mines de Falun

Un vrai régale. Voilà deux histoires mystérieuses et intrigantes qui en valent la peine.
Commenter  J’apprécie          10
Le violon de Crémone - Trois contes

Une étonnante relation de père et fille entre le conseiller Krespel et sa fille Antonia! Déjà pour recueillir sa fille, le conseiller construit une tour pour enfermer celle-ci. Etant lui meme joueur, collectinneur et accordeur de violon,en entendant discrètement la merveilleuse voix de sa fille, on se demande pourquoi ne jouaraient-ils pas ensemble.En plus il y a le fiancé de la fille qui est un pianiste mais il a l'interdiction de faire chanter la fille, car autant sa voix d'une beauté envoûtante, autant elle est source d'une malediction....
Commenter  J’apprécie          130




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1780)Voir plus

Quiz Voir plus

Personnages 🧑‍🤝‍🧑

Accro à sa cassette chez Molière dans "L'Avare"

Sganarelle
Harpagon
Scapin
Trissotin

14 questions
71 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , théâtre , personnagesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}