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Critiques de Estelle Nollet (39)
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Embarquement à bord d'un porte-conteneurs le " Baron Dufresne " et cap sur New Aberdeen , une petite île imaginaire de l'océan austral .



Estelle Nollet va plonger le lecteur dans l'univers clos de la base des scientifiques qui , pendant un an doivent observer la faune et la biodiversité .



Au fil du récit , on va découvrir les personnalités de chacun et l'analyse minutieuse des histoires personnelles permet un élargissement vers diverses facettes d'une d'étude sociétale qui remonte souvent le temps .



Mais , peu à peu , la routine va faire place à un quotidien de moins en moins serein jusqu'à devenir un huis clos dramatique .

Le narrateur est le personnage principal , cuisinier du groupe qui fait aussi figure de sage .



Voilà donc un récit d'aventure qui fait la part belle à l'érudition , c'est certain .

C'est écrit dans un style vif , incisif , suffisamment personnalisé pour être une signature et laissant poindre un désir d'originalité .

Et , je retiendrai de belles descriptions poétiques de la nature , des oiseaux : on est au pays des albatros ...



Pourtant , je suis sortie de cette lecture un peu frustrée par le manque d'émotion : pas vraiment d'empathie pour les personnages et j'ai regretté de trop nombreux flash -back qui nuisent à l'intensité de l'action : pour moi , peu de suspense et une fin sans surprise.



Pour ce genre de récit , j'avoue préférer une narration plus classique , plus sobre avec moins d'effets de style pour plus de concentration sur les faits , ceux-là mêmes qui provoquent les grands frissons !

Dans le genre , j'ai repensé à " Les naufragés de l'île Tromelin " de Irène Frain ou encore " Soudain seuls " d' Isabelle Autissier ...



Mais , je suis tentée de découvrir un peu plus l'oeuvre d'Estelle Nollet , je ne resterai sans doute pas sur cette première impression .

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On ne boit pas les rats-kangourous

C’est un village perdu au milieu de nulle part. Personne n’en part et ceux qui sont là on peu d’espoir. « On est la lie de l’humanité. Des fions dans le trou du cul du monde. Pas moyen de partir et de toute manière l’envie qui se carapate chaque jour un peu plus. » (p. 10) À part, l’épicerie de Monsieur Den et le café de Dan, rien. L’ennui. Le néant. C’est Willie qui raconte cette histoire. Contrairement aux autres habitants, il n’a jamais quitté les lieux. Il est né ici et ça le rend malade. « Putain, comment j’ai fait pour naître ici ? On dirait que c’est un endroit qui n’existe pas. Pourtant, merde, c’est bien là que je vis. » (p. 10) Alors il va chercher à comprendre pourquoi les gens restent ici, comment ils sont arrivés et quel passé cache ce hameau oublié dans le désert.



Deuxième abandon du mois d’août. Le mystère de cette histoire est trop grand, trop opaque. Il n’est pas inintéressant, comme avec cette histoire de chèques qui arrivent d’on ne sait où. Mais ce qui m’a surtout freinée, c’est la plume. Les mots s’entrechoquent et se précipitent, la syntaxe est erratique et capricieuse et la narration très orale m’a lassée. Attention, ne vous y trompez pas, Estelle Nollet a un vrai style et une signature littéraire originale, mais je n’y ai pas été sensible. De cette auteure, j’avais beaucoup aimé son second roman, Le bon, la brute, etc.

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New Aberdeen, vous connaissez ? Non ?

C'est normal.

D'abord parce que cette île est "un si minuscule point de basalte caché dans l'océan qu'on [peut] le prendre pour un trou de punaise sur un planisphère ou une crotte de mouche sur un globe terrestre oublié dans un grenier".

Ensuite et surtout parce que ce petit îlot n'est répertorié sur aucune carte. Il n'existe pas ... ou plutôt il n'existait pas avant qu'Estelle Nollet ne le fasse émerger des flots et m'y expédie tout droit, avec sa fine équipe de scientifiques en mission longue au beau milieu de l'océan austral.



Nous étions onze, nous avons signé pour un an.

Douze mois coupés du monde.

Cinquante-deux semaines pour tout connaître de ce caillou perdu et de son ecosystème préservé, étudier la faune et la flore, faire des relevés géologiques ou météorologiques, baguer les albatros, compter les otaries et prélever quelques échantillons d'une terre vierge de toute pollution humaine.

Tout s'annonçait bien (l'air pur, le vent du large, les embruns marins, tout ça tout ça), nous avions même parmi nous un cuisinier maori habile et sympathique (c'est d'ailleurs lui qui vous contera dans ces pages l'histoire de notre Community) et nous ne devions manquer de rien...

Seulement voilà, y'a eu un couac.

Huston, on a un problème ! 365 jours se sont écoulés et toujours aucun navire à l'horizon pour nous rapatrier... Plus de radio, des stocks de vivres qui s'amenuisent et des dissensions qui vont crescendo : nous voilà partis pour un Koh-Lanta infernal...



Sur le camp, rien ne va plus : le biologiste s'emporte contre l'ornithologue libidineux, lui qui reluque de plus en plus lourdement la botaniste, pendant que le chef de bord écluse les réserves d'alcool... Tout part en vrille et notre pauvre cuistot-narrateur assiste impuissant à l'inéluctable implosion du groupe.

Pour son quatrième roman, Estelle Nollet mêle avec une certaine réussite de belles images de nature sauvage et une intigue plaisante, qui se fait de plus en plus tendue à mesure que les jours passent et que la cohésion de l'équipe se délite. Pour donner un peu plus de pep's à cette robinsonade scientifico-écologiste, peut-être aurait-elle pu forcer un peu la dose de suspens, un peu trop légère à mon goût.

Son roman, porté par un narrateur attachant au profil plutôt atypique, reste néanmoins agréable et dépaysant.



Dommage peut-être qu'Estelle Nollet n'ait pas poussé plus loin le curseur de la tension psychologique, avec ce genre de huis-clos on pouvait espérer quelque chose de plus intense encore.

Dommage aussi que les personnages ne soient pas plus fouillés, et qu'en dehors du cuisinier dont l'auteur retrace un peu le parcours à coups de flash-back réguliers, nous ne sachions rien d'eux au point de vite oublier qui est qui... La vérité est peut-être que dans cette histoire, les premiers rôles sont tenus par les gorfous sauteurs, les grands skuas et les éléphants de mer ? Après tout n'est-ce pas à eux que l'auteur dédie sont roman ?

Si fait, ce livre est bien pour eux, "amis non humains, à poils à plumes ou à écailles, rencontrés ça et là sous l'eau sur terre ou dans les airs, témoins de notre passage destructeur et ingrat sur cette planète qui est aussi et surtout la leur..."
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Quand j'étais vivant

Le début du roman nous apprend d'emblèe que l'histoire à venir se terminera mal. C'est inattendu. Ce qui l'est davantage encore c'est que malgré cette connaissance du dénouement, il ne nous vient jamais à l'idée d'abandonner la lecture. Mieux encore : on se prend à espérer qu'un ultime retournement conduira vers une autre fin !

Oui, on sait immédiatement qu'Harrison, le blanc, propriétaire d'une réserve en Afrique, viscéralement engagé pour la survie des espèces menacées et dans la lutte contre les braconniers, que son ami d'enfance, son presque frère, N'Dilo, le noir devenu trafiquant d'ivoire, que Juma, l'enfant albinos et Pearl, l'éléphante sont morts et se trouvent réunis dans un espace et un temps indéterminés où ils ne peuvent que revoir leurs souvenirs.

Si la fin du roman nous semble connue, il reste à élucider les circonstances qui ont mené les protagonistes dans ce lieu peu à peu habité par leurs vies "d'avant".

Au Sud de l'Afrique, la réserve d'Harrison a vu se nouer et se dénouer la trame de leurs vies. Contraints de se replonger dans leurs souvenirs projetés comme des films sur un invisible écran, forcés de fouiller non seulement leur propre mémoire mais aussi celle des autres et donc d'en accepter le point de vue, ils revivent ensemble des évènements qu'ils ont déjà vécus seuls.

La situation initiale donne une tonalité déchirante à ces séquences d'un passé perdu où tout pouvait encore basculer du côté du bonheur et de la vie : les amitiés, les soupçons, les trahisons réelles ou supposées, les amours se confondent dans une nasse de méprises et de malentendus souvent dérisoires.

Cet aspect romanesque - au meilleur sens du terme - est porté par la flamboyance de la vie sauvage qu'Estelle Nollet excelle à décrire dans toute sa beauté et sa cruauté. A la brutalité de la nature répond la férocité mesquine des hommes. Car "Quand j'étais vivant" est aussi un livre militant, qui attire l'attention sur tout ce que l'homme élimine par sa vénalité.

Finalement, NOUS prenons la place d'Harrison, N'Dilo, Juma et Pearl et contemplons comme dans une atroce anticipation les désastres causés par bêtise, ambition, avidité. Alors on voudrait revenir en arrière, on souhaiterait corriger, modifier le cours des choses, effacer les erreurs. On voudrait tout recommencer, avoir une autre chance. Mais le livre se referme et il est trop tard...

Le roman d'Estelle Nollet m'a beaucoup touchée et a suscité une révolte impuissante. J'en avais des sanglots de colère retenue à la fin ! Vraiment j'ai beaucoup aimé et il faut découvrir ce roman, qui faisait partie de la sélection des 30 livres en lice pour le Prix Orange, et dont j'estime que l'on n'a pas assez parlé !
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Le bon, la brute, etc.

Pierre dit Banguerossa dit Bang fixe le sol avec obstination. D'un simple regard, il amène quiconque à révéler ses secrets, des plus petites vilenies aux crimes les plus odieux. Ce don le rend fou et fait de sa vie une suite des situations gênantes. « Je suis un prêtre en puissance, la rue pour confessionnal. À la seule différence que je ne donne pas l'absolution. » (p. 18) Nao est sa chance : elle ne cède pas à son regard inquisiteur et débite mensonge sur mensonge. Entre eux, tout est simple et c'est tout naturellement qu'ils s'embarquent pour un grand voyage. « En cet instant précis, il se dit qu'il suivrait jusqu'au bout du monde non la personne avec qui il aimerait vivre, mais celle auprès de qui ça ne le dérangerait pas de crever. » (p. 24)



Du triste don de Bang, les amants font un pouvoir. Comme dans les vieux westerns dont Bang se repaît, il y a toujours un bon, une brute, etc. « Tout petit déjà il avait flairé dans les westerns le concept du destin. » (p. 145) Henry Fonda ou Wyatt Earp, qu'importe le costume, Bang et Nao s'instaurent justiciers des temps modernes et forcent la vérité surtout si elle n'est pas belle à entendre.



Mexique, Australie, Bali, Nouvelle-Zélande... Les deux amants ne connaissent plus de frontières et s'agrippent l'un à l'autre dans une course effrénée à la vie, à l'immédiat. Mais ils savent que ça ne peut durer. « Ils se tenaient par la main les doigts tressés et tricotés, ils s'accrochaient l'un à l'autre mais c'était pour ne pas tomber, comme quand on fait dix nœuds à une corde trop usée qui un jour ou un autre, fatalement, irait lâcher. » (p. 99) Ce qui va lâcher en premier, c'est Nao. Le cancer qui ronge son cerveau ronge aussi son âme et avec Giméon, silhouette qui la suit partout, elle applique une justice expéditive. Ensuite, c'est Bang qui lâche tout et se perd dans une forêt africaine où il peut enfin être un type, juste un type.



La plume d'Estelle Nollet est brillante et tonique. Parfois le texte s'emballe et envoie balader la ponctuation. L'appétit de vivre et de dire sous-tend tout le roman. Chacun des secrets entendus – sordides révélations et pourritures minuscules – trace à l'acide un portrait du monde. Les grands éclats de rire de Nao ne trompent personne : le sujet est grave, mais le texte ne dégouline d'aucun misérabilisme. Tout est net, tranché, cinglant. Ici, on avance ou on quitte la scène.



Les deux héros surnagent et résistent à leur manière. L'auteure a créé des personnages grandioses : Bang a un don, Nao a un projet. À eux deux, s'ils le pouvaient, ils renverseraient le monde. C'est un peu ce que fait Estelle Nollet : elle renverse le lecteur. Après les deux premières parties de son roman, elle tourne à angle droit et remet les gaz vers une destination que l'on ne soupçonnait pas. Ou comment atterrir en Centrafrique sans passer par la douane... Atterrir dans l'imaginaire sans s'encombrer de bagages. Il suffit de suivre la plume agile et audacieuse de l'auteure pour découvrir un roman original et émouvant.
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On ne boit pas les rats-kangourous

étonnant univers que celui du premier roman d'Estelle Nollet .Au milieu de nulle part ,une région aride, quelques baraques , une épicerie un bar, et n'oublions pas la Décharge.Les quelques personnes qui vivent là , arrivées depuis longtemps pour la plupart, semblent plongées dans une sorte de léthargie,de renoncement à tout projet d'avenir.Alors les jours se suivent plus monotones les uns que les autres, entrecoupées de soirées passées chez Dan à boire pour oublier pourquoi ils sont là.Seul Parfois l'un d'eux se met à bouger ,il prend la route qui sort du village et après le premier virage ......il se retrouve au point de départ!

Les 2 seules personnes qui n'ont pas connu "le monde extérieur" sont Willie ,25 ans et Dig-Doug, son ami, l'enfant lunaire qui creuse des trouset pour cause ils sont nés ici! .Willie veut savoir, veut comprendre pourquoi ils sont tous là bloqués, et pour cela il décide de mener son enquête.Questionnant les uns et les autres il va réveiller des souvenirs parfois douloureux.

Quelle ambiance grise, noire , alcool, brutalité, misère Estelle Nollet excelle dans tous les registres.Son style poétique, fantastique, mais sans pathos accentue la lourdeur de l'ambiance.

Seul bémol, à mes yeux, le prosélytisme sous-jacent que j'ai ressenti et qui m'a tellement gênée que je n'ai pas adhéré à la chute de cette histoire.
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Le bon, la brute, etc.

LE BON, LA BRUTE, ETC. d’Estelle Nollet – coup de poing !

Publié le 15/09/2011 par Asphodèle



Editions Albin Michel, 2011. 347 p. Mieux qu’un coup de coeur, c’est bien un coup de poing ? Mon premier livre voyageur, envoyé par Delphine, avant mon blog fut « On ne boit pas les rats-kangourous » et ce livre m’avait troublée, scotchée, bref je me demandais comment l’auteure allait pouvoir surprendre avec un deuxième livre, je le guettais, LiliGalipette me l’a offert. L’essai est transformé, mais en plus son style s’affirme, prend un ampleur incroyable.



DE QUOI ÇA PARLE ?



Nao (Fiona) et Bang (Pierre) cavalent, ils ne font que ça depuis qu’ils se sont rencontrés (et nous on essaie de suivre en reprenant notre souffle.) Pour mieux échapper à la mort (pour elle) et pour la suivre (pour lui). Parce qu’en bougeant, en voyageant, ils ont l’impression d’exister, de croire que leur vie ne s’enlise pas dans la médiocrité à laquelle elle était condamnée.



Bang, la trentaine falote a un don infernal : il croise un regard une fraction de seconde et la personne se met à avouer les pires choses qu’elle ait faite. L’horreur ! Il s’est volontairement mis en retrait de la société en faisant webmaster, condamné à rester dans son coin et à vivre les yeux baissés. Pour éviter la transe qu’il provoque, le vortex qui l’accompagne et les ignominies qu’il entend .« Parce qu’il n’y avait pas moyen de tourner le bouton sur off »". « Il était las, ça se voyait, des cernes en forme de découragement ».



Nao vient d’apprendre qu’elle a une tumeur au cerveau et ne veut pas l’entendre, elle ne veut surtout pas passer le temps qui lui reste, à vomir sa chimio. Autant s’étourdir, se saoûler, s’envoyer en l’air et pourquoi pas, se servir un peu du « don » de Bang au passage. « Ils se tenaient la main les doigts tressés et tricotés, ils s’accrochaient l’un à l’autre mais c’était pour ne pas tomber, comme quand on fait dix noeuds à une corde trop usée qui un jour ou l’autre, fatalement, finirait par lâcher. Bang le savait.

Car Nao hibernait même si c’était l’été. »



Ils quittent tous les deux leur boulot et commencent à bourlinguer. Le Mexique où Nao réalise un vieux rêve, elle connaît par coeur la vie de tous les animaux, singes, perroquets, papillons et autres grenouilles, séquelles d’une enfance solitaire passée devant les documentaires télé. Puis l’Australie, l’Afrique pour Bang (qui a choisi son prénom en mettant le doigt sur Bangui lorsqu’il était petit). Nao va un peu forcer Bang a user de son don pour se faire justice, pour faire justice. Parce qu’il n’y a pas de raison, elle va mourir avant trente ans alors pourquoi les salauds ne paieraient-ils pas un peu ? Ils vont brûler la chandelle par les deux bouts, le passé va rattraper Bang… Ce sont encore deux « innocents magnifiques » que nous donne à lire Estelle Nollet, deux êtres dont le destin ne veut pas, qui n’ont pas le temps de se fabriquer des souvenirs pour plus tard, leur présent c’est déjà l’avenir, quand ils ont le temps d’y penser. Et parce que aussi peut-être, tant qu’il n’y a que le bon et la brute, on s’en sort mais que vienne un truand et ce n’est plus la même donne…



Je ne vous en dis pas plus sur « l’histoire » qui jusqu’aux dernières pages rebondit…tristement, comme souvent dans la vraie vie.



Estelle Nollet a un style « boulet de canon », elle m’a mise K.O. debout ! Rien de classique, de convenu, de « dans l’air du temps », les autres styles ont l’air compassé à côté du sien. C’est l’électron libre de la littérature actuelle. Sa plume a cette particularité saignante qui écorche les mots, bouscule les codes, balaie les convenances, un peu comme ses deux héros atypiques. Mais qu’est-ce que ça fait du bien ! Bizarre que les critiques littéraires (les vrais) n’en parlent pas plus, comme Picasso à ses débuts, on l’adorait ou on détestait…



Un dernier extrait pour la route : « ….ça ne le gênait pas de refaire le trajet à pied, même à la nuit tombée, les étoiles en réverbères. Il avait tellement l’air d’être tombé par erreur d’un ciel inattendu ou d’avoir germé là un matin, crevant la terre, que personne ne lui prêtait vraiment attention. (…) Des hauteurs de Ngaragba il avait vu les pirogues brunes glisser sur le fleuve café-au-lait et les pêcheurs lancer leurs filets d’espoir (…). Humé l’ail et l’oignon des marchés bigarrés où des femmes sous des parapluies en parasol attendaient que les heures passent comme les gardiennes du temps. »
Lien : http://leslecturesdasphodele..
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Êtes-vous prêts à passer un an au bout de nulle part avec une équipe de scientifiques ? A partager votre quotidien avec des otaries agressives, une colonie envahissante de rats, une collègue végétarienne, un mec lourdingue en manque de sexe et avec des liaisons externes bien plus qu'aléatoires ?

C'est le cas de Charles-Charlie Cookers, maori, cuistot, juste divorcé, qui remplace au pied levé un autre cuisinier et se joint à cette expédition peu ordinaire.

Si ce type n'était pas si philosophe, nul doute qu'il n'aurait pas résisté, comme tous les autres, quand il s'avère que le bateau de la "relève" ne viendra pas les chercher...

J'ai été captivée par ce roman, par cette aventure au milieu de nulle part, par les rapports de force ou d'amitié (mais aussi d'amour ?) s'instaurent comme un moyen de survivre. Pourtant, je n'ai pas toujours été emballée, ne pouvant m'empêcher de penser à "Soudain, seuls" d'Isabelle Autissier qui m'avait tant marquée.

Mais j'ai aimé ce roman, j'ai aimé le ton du narrateur (le cuistot), sa manière d'appréhender cet exil forcé, ce qu'il parvient à distiller d'espoir et de renoncement, d'optimisme, et ce ton souvent teinté d'humour.
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Quand j'étais vivant

4 personnages, Juma (un enfant Albinos), Harrisson (un homme blanc qui a vécu en Angleterre), N’Dilo (un homme noir) et Pearl (une éléphante) sont dans le noir complet. Ils sont morts et le savent… La lumière apparait, et sur un écran des « films » sont projetés. Films, brides de leurs vies respectives. Films qui se succèdent, qui sont liés (mais pas chronologiquement).



Au fur et à mesure des projections, on en apprend beaucoup sur eux, leur histoire, leur vie. Leur bonheur et leur malheur. Leurs amis et leurs ennemis. Ils ont tous les quatre vécus au même endroit, sur la même réserve africaine, mais ont vécus des choses totalement différentes…



On s’attache alors facilement à chacun, même s’ils sont tous différents, leurs histoires sont, chacune à leur façon, émouvantes.



Bien que ce roman, nous dévoile le lien entre les protagonistes, il s’agit aussi d’une critique sur le massacre des éléphants pour le commerce d’ivoire, et sur le commerce des albinos…. En outre sa fonction narrative, ce roman est très instructif, nous montrant les côtés positifs (descriptions de paysages…) autant que les côtés négatifs (différences entre les couleurs de peaux, braconnages, trafics…).



On ne s’y perd jamais en lisant ce roman, la lecture enivrante se fait doucement et nous emporte en Afrique



Bref, un voyage, une découverte, des sentiments, un côté très humain… C’est un roman qui vaut vraiment le coup !!!


Lien : http://voldelivre.canalblog...
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Le bon, la brute, etc.

Oh comme je ne regrette pas d'avoir traversé la ville pour trouver le précieux dans une bibliothèque d'un autre quartier que le mien ! Après "on ne boit pas les rats-kangourous" j'étais curieuse et avide de cette auteure qui n'a hélas, pour l'instant, que deux opus à son actif. Je ne suis pas déçue du tout, du tout. Quelle géniale épopée de Bang et Nao qui fuient en avant vers ailleurs et à toute allure... mais que fuient-ils au juste ?



Encore un livre qui tourne autour de la culpabilité.. et oui les gens qui plongent leur regard dans celui de Bang sont immédiatement sous son emprise et se mettent à "confesser" ce qui les ronge. Un don plutôt encombrant pour Bang et dont Nao va un peu se servir. Une histoire bien ancrée dans la réalité et ses petites et grandes atrocités malgré cette pointe de fantastique : ce don de Bang. Des personnages bien campés et somme toute peu ordinaires mais tout à fait crédibles. L'écriture a du punch, elle est vive et court aussi vite et rythmée que la course de Bang et Nao. Difficile de commenter sans en dire davantage, je ne voudrais pas dévoiler le contenu de l'histoire tant il gagne à être découvert au fil des pages. Effet de surprise oblige. Une énigme demeure pourtant... et Giméon ? D'où sort t-il, que devient t-il ? Serait-ce une hallucination de Nao ?



Dans les rats-kangourous les personnages ne bougent pas ou peu et sont enfermés dans une ambiance, une atmosphère particulière, cette fois-ci les personnages sont prisonniers d'eux-même bien qu'ils fuient et voyagent au loin. On en saura peu sur l'histoire de Nao, cet être totalement dénué de culpabilité. Bang lui-même n'en saura pas plus mais il s'en contentera et finalement nous aussi. Ces interrogations demeurent sur elle et on peut alors mieux comprendre Bang à un certain point de l'histoire, son désarroi... C'est aussi un livre qui nous interroge sur notre propre culpabilité, son rôle, et aussi notre propre part de cruauté. N'aurions nous pas voulu venger certaines atrocités avouées par certains coupables ? Et puis pourquoi ne finit-il pas flic avec un don pareil ? Comment John est-il parvenu à devenir insensible au regard de Bang, serait t-il comme Nao dépourvu de toute culpabilité, ce qui fait de lui un véritable monstre ?... ce qui soudain nous éclairerait sur la véritable nature de Nao ? à qui pourtant on aurait aisément trouvé des circonstances atténuantes...



Mais chut, j'en dévoile déjà trop sur le contenu de ce roman qui mérite vraiment d'être découvert sans à priori.



Bonne lecture à ceux qui tenteront cette aventure !



Quant au prochain "opus" d'Estelle Nollet comptez sur moi pour le dévorer des yeux dès sa sortie !
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Quand j'étais vivant

Quand j’étais vivant, d’Estelle Nollet est particulièrement étonnant. Fort bien écrit, même si l’on peut considérer que le verbe est dur, vif et en tous les cas sans complaisance, ce roman est magnifiquement agencé.

Encore une fois, il me semble dommage de dévoiler l’histoire magnifiquement agencée. Sachons seulement qu’elle narre les destins croisés de quatre personnages : Harrison, un homme blanc, N’Dilo, son ami d’enfance noir, Juma, un jeune albinos persécuté et recueilli par Harrison et Pearl, une éléphante qui voue un amour infini à l’homme blanc qui a sauvé son petit.

C’est très violent, la mort est omniprésente et l’auteur s’y entend pour décrire la violence, la brutalité, les émotions tant des hommes que des bêtes. Elle y parle sans langue de bois du trafic de l’ivoire, de celui des Albinos et de la manne financière que représentent ces commerces. On y voit une Afrique à la frontière du ciel et de l’enfer, entre merveilleuse savane et calvaire d’animaux traqués. Sans langue de bois aucune, Estelle Nollet nous fait prendre conscience de l’horreur et donne à réfléchir.

Le récit de ces quatre vies gâchées par l’appât du gain est très réussi et offre un beau moment de lecture.

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Quand j'étais vivant

Avec son troisième roman « Quand j’étais vivant », paru en 2015, l’excellente écrivaine Estelle Nollet, m’a secoué en me mettant encore un gros uppercut.

Parce que cette romancière est entière et que son écriture est toujours aussi vive, avec ses mots parfois très percutants qui griffent et égratignent.



Estelle Nollet est touchante, vibrante, presque révoltée lorsqu’elle parle de l’Afrique, de son avenir et surtout comment l’homme blanc, sans aucun scrupule, après s’être approprié ce grand et noble pays, continue de le piller et de le faire saigner.



Sa fiction humaine est très forte, parfois très cruelle mais d'un très grand réalisme, où les hommes et les animaux sauvages vivent côte à côte, survivent et s’entretuent sans pitié,

La romancière, grande protectrice des animaux, qui aime profondément la nature, semble vouloir aussi réveiller les consciences. Elle y dénonce et condamne, sans concession, la barbarie des hommes et aussi ce trafic d’ivoire qui n’a jamais cessé et qui contribue aujourd’hui à l’extinction des éléphants et ceux des rhinocéros, en toute impunité.



Comme à son habitude, le roman d’Estelle Nollet, est à la fois déroutant et atypique car il commence dans une sorte d’antichambre où des morts regardent défiler leur vie sur un grand écran.

Et ce n’est au fil des pages, qu’on apprend l’histoire passionnante, parfois tragique de tous ses personnages, d’Harrison l’anglais, du braconnier N’dilo, de Pearl, l’éléphante et de l’enfant Juma. Ce jeune albinos qui a fui son pays, après avoir été mutilé d’un bras par son oncle.

Oui ! il existe encore dans certains pays d’Afrique, des hommes qui font aussi un trafic ignoble, immonde de membres et de corps d’albinos et qui les vendent au prix fort.



C'est un roman à lire, car au-delà de cette histoire très dure entre les hommes et animaux, l’auteure a su aussi, par ses descriptions, nous faire voyager à travers l’Afrique et ses grands espaces.

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On ne boit pas les rats-kangourous

Roman à mi-chemin entre le conte moral et le récit fantastique, écrit avec brio. L’auteure distille adroitement au fil des pages les indices qui vont conduire à un dénouement logique.
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On ne boit pas les rats-kangourous

Ambiance étrange voire surprenante pour ce roman où l'auteur manipule la plume avec tellement de dextérité que vous sentez jusque sur vos mains tenant le livre la moiteur de cette Australie décrite ici.



Les personnages, au bout du rouleau, alcooliques pour certains, paumés dans leurs vies mais aussi géographiquement parlant dans un endroit perdu au fin fond de nul part, d'où on ne sort pas.



L'histoire vous embarque,

vous ne savez pas où l'auteur ira, les pistes que vous explorerez ne vous mèneront nulle part, Estelle Nollet vous coupant l'herbe sous le pied, c'est déroutant mais délicieux.



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Quand j'étais vivant

J'ai été secouée par Quand j'étais vivant d'Estelle Nollet. ce roman à la structure un peu surprenante, cinématographique. Deux hommes, Harrisson, anglais, blanc, propriétaire d'une réserve en Afrique australe, N'dilo, son ami d'enfance, condamné à la débrouillardise et le braconnage pour survivre, un enfant, Juma, petit albinos fuyant la barbarie des hommes, et une éléphante, Pearl se retrouvent, suite à leur mort simultanée dans une pièce étrange - l'antichambre de la mort? - Sous leurs yeux, le film de leurs vies respectives se déroule, dévoilant leurs pensées les plus intimes et permettant la rencontre, la compréhension, dans la mort. Que s'est-il passé? Pourquoi sont-ils morts ensemble? Qui étaient-ils? Il n'y a pas forcément de dénouement heureux dans ce roman, qui nous étreint, nous secoue profondément. Il y a t-il lieu d'espérer pour l'avenir de l'Afrique? de l'humanité? de la planète?
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On ne boit pas les rats-kangourous

Une ambiance des plus étrange, avec des personnages haut en couleur, une écriture agréable. Une histoire qui se découvre fantastique, un peu moraliste, juste ce qu'il faut. J'ai vraiment aimé ce livre.
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On ne boit pas les rats-kangourous

Un livre qui sent la sueur, la bière et la cendre froide. Une atmosphère étouffante et poisse qui colle aux yeux du lecteur. Une écriture qui empoigne et enserre et qu'on a du mal à lacher. Bref, je n'ai pas pu le lâcher et je l'ai lu très vite. Pour ma part je voulais savoir, continuer à avancer dans ce bout du monde abandonné de toute civilisation sauf eux, réunis ici dans cet étrange cul de sac d'où ils ne peuvent s'échapper. Encore une histoire de village isolé de tout mais rien à voir avec " les oubliés de la lande " de Fabienne Juhel. L'ambiance y est totalement différente. J'ai vraiment adoré cet univers et l'écriture d'Estelle Nollet. Un regret peut être pour la fin qui s'évapore un peu vite à mon goût. Sinon un très bon roman.

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Le bon, la brute, etc.

Estelle Nollet avait déboulé avec fracas sur la scène littéraire il y a deux ans.



Et elle fait mieux que confirmer avec ce roman qui vous prend à la gorge d'entrée, cette drôle d'histoire d'amour entre Bang et Nao qui ne vous laisse pas respirer une seconde pour vous laisser, sonné et tremblant après la dernière ligne, pourtant banale : Maintenant, je suis juste un type.



Attendez vous à être secoués, brinquebalés, surpris, émus, ébahis devant tant de souffle et d'imagination.



Un grand voyage littéraire porté par un style et un univers déjà si personnels.



Une belle idée de cadeau de Noël pour les lecteurs curieux !

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On ne boit pas les rats-kangourous

Une écriture qui cogne comme ce soleil qui chauffe à blanc les cailloux et la poussière.

"Foutu soleil qui nimbera notre agonie de lumière orangée" (p283).



Pas vraiment gais les personnages d'Estelle Nollet, coincés dans ce trou du cul du monde. Sans pouvoir sortir ? Sans vouloir quitter l'unique bistrot ? Le bar de Dan, lieu central de l'histoire.

Coincés par une culpabilité qui les consume et qu'on découvrira progressivement.



Bien barrés en tout cas ! Qu'on pourrait croiser chez Djian ou Brautigan. Ou alors, dans une version alcoolisée de Steinbeck, "des ivrognes et un coyote".



Avec des moments "clairs comme une larme d'antilope" (p312).



Et des espoirs, après l'averse, malgré tout.

Un peu d'humanité qui revit.



C'est si fragile l'humanité; c'est beau comme un rêve.

"Ah Johhny, t'inquiète, tes rêves ne sont pas là dessous avec toi à faire rigoler les cailloux".

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Le bon, la brute, etc.

Estelle Nollet est vraiment un électron libre, qui bouscule les codes.

On peut ne pas aimer.

Moi, j’adore ses romans ! j’adore sa littérature !



Et avec « Le bon, la brute, etc. », le troisième roman que je lis d’elle, j’ai du encore me faire violence.

J’ai du me restreindre à lire, entre cinquante et soixante pages par jour, pour en apprécier davantage la saveur.

Sinon je l’avalais d’un seul bloc en gros glouton.



Estelle m’a encore embarqué par sa tonicité et surtout par son audace, qui n’est pas à la portée de tout le monde.

Mais Estelle Nollet est brillante, très imaginative et a de la classe, qui peut seule se permettre d’écrire des livres aussi originaux, de raconter des voyages bizarres et colorés et des histoires de personnages un peu frappés, un peu fous.



Elle est aussi tellement truculente, fantasque, imprévisible, surprenante dans ses récits et dans la fin qu’elle leurs donne, qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre.



C’est l’histoire, dure, cruelle, émouvante et bouleversante d’une rencontre entre deux êtres en détresse et de leur fuite folle dans différents pays.

Deux êtres en mal de vivre, et dont la vie leur a fait à chacun, un cadeau empoisonné.

Pour Bang le jeune garçon, c’est un don qu’il voudrait se libérer et qui le rend malheureux.

Et pour la jeune femme Nao, c’est une maladie, qui va la condamner à profiter, à la déraison, à l’obsession, du temps qui lui reste.



C’est avec une certaine jubilation que j’ai retrouvé Estelle, avec son écriture presque à la sauvage, qui toujours arrache, qui toujours égratigne parfois les convenances. Estelle avec une plume toujours aussi punchy, pleine de verves, qui écorche et cisaille parfois les mots, qui fait de grande embardées lyriques, une plume qui semble toujours autant s’emballer, zigzaguer au même rythme que la frénésie des deux personnages du récit.



Mais Bon Dieu ! qu’est-ce que cela peut faire du bien…



Pour moi, c’est encore un excellent roman.

Je trouve d’ailleurs même très dommage, que les véritables critiques littéraires, que dans ces cercles de littérature, trop hermétiques et formatés, ne parlent pas plus de cette auteure vraiment très atypique et magnifique.



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