En Inde, dernière représentante de son village de la communauté juive, Rachel partage sa vie entre ses recettes de cuisine, variant au gré de ses souvenirs, et l'entretien de la synagogue dans laquelle elle s'est mariée. Synagogue où plus personne ne vient sauf elle...jusqu'au jour où les terrains abritant la synagogue et sa propre maison viennent intéresser des promoteurs. Rachel a passé toute une vie à se consacrer aux autres. Devenue veuve et ses enfants partis vivre en Israël, elle a refusé de rejoindre ces derniers, ne voulant abandonner l'endroit qui a abrité son existence. A l’automne de sa vie, elle commence seulement à s'écouter elle même, à découvrir ses propres goûts, ses propres envies. Elle apprivoise doucement une solitude qui lui pèse mais lui permet aussi de mieux se connaître elle même. L'entretien de la synagogue, tout comme les recettes traditionnelles qui marquent sa vie sont une manière pour Rachel de conserver dans son village la trace de sa communauté. En décidant de sauver la synagogue, c'est son cœur qu'elle écoutera, se battant pour que le monument qui représente sa foi, vestige d'une communauté qui a quitté les lieux, ne tombe pas dans l'oubli.
Chaque chapitre s'ouvre sur une recette de cuisine, accompagnée d'explications traditionnelles. Ses recettes nous montrent la manière dont les Bné Israël (les juifs vivant en Inde) ont conservé les recettes de leur culture tout en y mêlant les traditions culinaires de l'Inde. Ce délicieux mélange ne peut que mettre l'eau à la bouche du lecteur tout au long de l'histoire.
J'ai beaucoup aimé cette manière d’introduire les chapitres, qui m'a à la fois donné envie de cuisiner et appris plusieurs éléments sur la culture juive. J'ai également apprécié le personnage de Rachel, femme entière, généreuse et déterminée, qui se bat pour ce en quoi elle croit. Toutefois, la deuxième partie du livre, tournant autour de la fille de Rachel et de l'avocat qui, aux côtés de Rachel, défend la cause de la synagogue, m'a plutôt déçue. L'histoire m'a alors semblé prendre un tournant bien trop prévisible : on prévoit la fin dés lors que Zephra, la fille de Rachel arrive chez celle-ci. Histoire prévisible donc mais également trop "facile" et trop rapide à mon goût. Cette histoire m'a paru prendre trop de place dans le livre et ce de manière pas forcément utile. Le combat de Rachel, la force de ses souvenirs et la manière dont elle tend à préserver les traditions de son peuple auraient, à mes yeux, largement suffit pour faire de ce livre un excellent roman.
Je reconnais cependant que l'auteur a su éveiller ma gourmandise d'une délicieuse manière : son écriture prend le goût des épices dont elle pimente ses recettes, me mettant sans cesse l'eau à la bouche. Une écriture si vivante que je sentais presque les odeurs alléchantes se dégageant des pages de ce livre.
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