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Citations de Eugenio Corti (54)


Et rappelez-vous : je reviendrai. D'après ce que je vous ai dit jusqu'ici, il est clair que je dois revenir : je le sens. Je pourrais à la rigueur être blessé ou porté disparu, mais il y a une chose que je veux que vous vous rappeliez absolument : je reviendrai.
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Mais quelque chose de plus proprement barbare est en train de poindre : il nous semble en effet assister à une sorte de bestialisation nouvelle de plus en plus répandue dans les jeunes générations dépourvues d'idéaux chrétiens, et désormais de tout idéal. (on ne peut pas qualifier d'idéaux ceux de la société de consommation : c'est-à-dire pour les jeunes le sexe, l'habillement plus ou moins excentrique, la motocyclette et le sport)
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Instinct grégaire, chantage, arrivisme… Si l'homme de culture traditionnelle a coordonné et soutenu l'édification de notre culture, l'intellectuel nous apparaît - tout à fait malgré lui - voué à en coordonner l'autodestruction.
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Il plut durant la nuit. La pluie frappait avec insistance le toit de toile de la tente, et je l'écoutais, rempli de détresse.
Il n'en était pas ainsi quelques années plus tôt. La vie m'apparaissait comme un grand jeu, en ce temps-là, et le bruit de la pluie sur une tente, comme un chant.
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Ce qui accrut mon émotion, c'est que je me rendis soudain compte qu'ils portaient sur leurs bérets de tankistes anglais l'insigne de la cavalerie polonaise.
- La cavalerie ! dis-je tout excité à Canèr, assis à côté de moi dans la cabine, et à Sabatini. Vous voyez ces insignes ? Ce sont des soldats de la cavalerie…
Et comme ni l'un ni l'autre ne semblait comprendre à quoi je faisais allusion :
- Vous ne vous rappelez pas les charges de la cavalerie polonaise, à la lance contre les chars d'assaut allemands, en 39 ?
Sabatini se rappela :
- Ah, oui, dit-il, c'est vrai.
Et après un temps :
- Quelle folie, tout de même ! Pourquoi ont-ils fait ça ? La Pologne était déjà vaincue…
Pour cela, justement pour cela. cela avait été un geste de grande fierté, pour le temps de l'esclavage : un geste à transmettre aux enfants en même temps que le souvenir des jours de liberté.
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Ainsi dans la ville assiégée, le mal et le bien, la misère et la générosité se mêlaient sans cesse.
Le bien et la générosité étaient d'ailleurs bien peu de chose en regard de la misère. Nous essayions de trouver une parole de réconfort pour ceux qui souffraient le plus ; c'étaient des gouttes d'eau versées sur une immense étendue de sable : les grains de sable s'en apercevaient à peine.
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Eugenio Corti combat jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, apportant son concours à la libération de l'Italie de l'occupation nazie et fasciste, navré d'être l'allié indirect des bolcheviks, comme il avait été navré, auparavant, d'être l'allié de l'Allemagne nazie.
Préface, François Livi
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"La plupart ne reviendront pas" est un témoignage et un mémorial. Eugenio Corti veut arracher à l'oubli ces pans d'histoires individuelles et collectives ; à défaut de leur donner une sépulture, il veut perpétuer le souvenir de ses camarades disparus - il est dans ce livre des silhouettes inoubliables, telle celle de Zoilo Zorzi, le jeune officier vénitien qui prend congé avec élégances de ses camarades et de la vie ; il veut les sauver de cette autre forme de mort qu'est l'indifférence. Ne serait-ce qu'à ce titre, "La plupart ne reviendront pas" est un livre exceptionnel.
Préface, François Livi
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En d'autres occasions semblables, ce genre de statues m'avait fait réfléchir: parallèlement à la perte de Dieu, le triomphe du communisme sur le peuple russe avait entraîné la perte, qu'on eût dite complète, de sa sensibilité artistique, jadis si remarquable.
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En voyant tant d'apathie chez les soldats, la lourde insensibilité des Allemands qui, indifférents, nous regardaient travailler, en décelant une sorte d'impénétrable visage de sphinx dans tout ce qui nous entourait, mon esprit fut tout à coup envahi par les lentes volutes d'un doute horrible : et si ma vision de la réalité, en fonction de laquelle j'agissais et je m'agitais, n' était qu'un pur produit de l'imagination, dépourvu de sens?
Et ce monde lointain, l'Italie, tel que je me le rappelais, existait-il réellement?
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Aujourd'hui, au bout de tant d'années, je me souviens encore parfaitement que celui qui m'entraîna dans la neige. En revanche, je ne rappelle pas, ou seulement vaguement, qu'elle a été l'anomalie dans le fonctionnement de l'obus, qui a certainement contribué à nous sauver la vie. (J'ouvre une parenthèse car une question importante se pose, à laquelle il est malaisé de répondre : pourquoi est-ce pratiquement sur nous qu'est tombé le seul obus défectueux, alors que tous les autres n'avaient aucune anomalie ? Est-ce un pur hasard ? Mais alors, je me demande, pour me limiter aux anomalies, était-ce par hasard encore qu'en août 1944, à Montecarotto dans les Marches, des grenades allemandes de cent cinq millimètres, au lieu d'exploser comme toutes les autres autour, s'agitèrent dans tous les sens comme prises de folie sans exploser, dans une pièce voisine de la quelle seule une très mince cloison de bois me séparait ? Une semblable répétition de cas d'anomalie me semblait impossible. Mais sincèrement, pour tout dire, je percevais, je sentais qu'il n'était pas question de hasards. La même perception vaut – anomalies à part – pour d'autres terribles dangers mortels, et en particulier pour le danger encouru à Arbusov deux jours plus tôt, quand une balle qui devait me frapper à la tête avait transpercé mon passe-montagne à hauteur de ma nuque, sans me toucher. Je referme la parenthèse.)
p. 134-135
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J'enlevai et fis enlever couvertures et manteaux aux morts, pour les distribuer aux vivants qui attendaient de mourir.
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Depuis sa publication discrète en 1983, Le Cheval rouge est devenu en Italie un véritable phénomène littéraire et social. Car dès sa parution, et au fil des rééditions qui se sont succédé sans discontinuer, Le cheval rouge, bien qu'ignoré en raison de son anticonformisme idéologique par la critique, a captivé un très large public. Dans une enquête publiée en 1986 sur le plus beau roman italien des dix dernières , Eugenio Corti et "Le Cheval rouge distançait Sciascia, Morselli, Moravia...
Comme peu de livres de notre temps, Le Cheval rouge a su créer, entre son auteur et ses lecteurs, un profond courant de sympathie. Cela tient d'abord au caractère de témoignage que revêt ce roman : non seulement les personnages historiques qui le traversent, mais aussi tous les événements historiques relatés, de la campagne de Russie à la barbarie nazie, de la découverte du goulag communiste eux épisodes de la résistance en Italie du Nord, à la vie politique des années cinquante et soixante, sont rigoureusement vrais. Ce monde fourmillant de personnages, de drames et d'histoires d'amour, de grandioses scènes collectives, baigne dans l'éclatante lumière de la vérité.
Cette force de la vérité est la charpente qui soutient "Le Cheval rouge". Mais Eugenio Corti a écrit aussi un très grand roman. Son souffle épique, la puissance des passions emportent le lecteur dès les premières pages. Le Cheval rouge est fait pour résister à l'usure du temps. L'ampleur et la profondeur des sujets abordés, la saisissante vérité des personnages et des situations font de ce roman un point de repère fondamental dans la littérature mondiale du XXe siècle.


« Un autre cheval sortit : il était rouge feu. Son cavalier reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre pour que les hommes s'entretuent, et une grande épée lui fut donnée13. »

Le deuxième cavalier représenterait la guerre14, et la couleur de sa monture, le rouge (πυρρός, de πῦρ, feu), le sang versé sur le champ de bataille. Il porte également une épée qui représente l'affrontement et le combat. Toutefois, Jean utilise ici, pour la seule et unique fois, le mot macaira, au lieu de romphaia (épée) ; il a peut-être en vue un couteau ou un poignard15 de grande taille (megalé), ce qui s'accorderait avec l'égorgement général (sphaxousin) ; certains auteurs ont pu y voir une guerre civile, idéologique ou religieuse. Dans la récapitulation, c'est le mot romphaia qui est utilisé.
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ONZIÈME ÉPISODE
Scène 88
Le même jour vers le soir. Le soleil décline. Dans les cabanes, les femmes sont en train de préparer le repas du soir; de temps à autre l'une d’elles se montre à la porte ou sur la véranda, parfois appelle un enfant. Tout est paisible. ,
Devant la maison de Christian va bientôt avoir lieu l'assemblée. A l'exception de McCoy et de Williams, tous les marins sont arrivés, ainsi que tous les Polynésiens mâles, et les femmes de ces deniers: Tinafornea, Vahineatua et Tufaiti (seule manque Mareva); aux côtés de Young, il y a aussi Suzanna. Quelques uns des participants sont assis sur le rebord de la terrasse de Christian, d'autres sur des billots, des bancs, etc., d'autres encore sont debout; ils forment approximativement un cercle. Les six Polynésiens se tiennent groupés, soupçonneux. Young respire par moments avec peine, son asthme le fait visiblement souffrir.
Suzanna, à Young: Je vais te chercher un peu d’eau, Neddy?
Young, bien qu’il ait de la difficulté à respirer fait non de la tête. C’est inutile Suzanna.
Enfin arrivent McCoy et Williams.
CHRISTIAN, assis au centre de la terrasse: Ah, voici Williams et Mc Coy. Bon, tout le monde est là.
Un temps. Williams et McCoy prennent place.
WILLIAMS: Salut.
Quelques uns des présents répondent à son salut.
Scène 89
CHRISTIAN: Nous pouvons commencer. Un temps. Nous devons prendre des décisions à propos des semailles, vous le savez. Cette année, nous avons cultivé plus de terre qu’il n’était nécessaire, et..
McCoy, levant le bras, l'interrompt: Un moment.
CHRISTIAN: Qu’y at-il, Mac?
MC COY: Un moment.
CHRISTIAN: Alors?
MCCOY, d'un air buté: Avant de parler de la terre, il y a autre chose dont nous devons parler; quelque chose de plus urgent.
CHRISTIAN: Mais... en voilà des manières.
MC COY: C’est Williams, ici, qui doit en parler.
YOUNG: Qu’il attende son tour. Il a une longue quinte de toux. McCoy, s’entête: Non, Neddy, non. Williams doit parler tout de suite. Pas vrai, Williams? WILLIAMS: Oui, c’est exact. D'un ton embarrassé. C’est à propos de... de mon... de mon mariage. Je veux me remarier. C’est tout.
CHRISTIAN: Comment, c’est tout? Qu’est-ce que c’est que cette histoire que tu nous sors?
MCCOY: C’est une histoire très claire. Sa femme Fahotu est morte, non? Et maintenant il veut se remarier. Rien de plus clair.
CHRISTIAN: Mais... Un temps. Écoutez, essayons de raisonner avec notre tête.
MC COY: Certainement.
CHRISTIAN: C’est une nouvelle si extravagante que... En tout cas le sujet n’est pas à l’ordre du jour.
MC COY: Sil n’était pas à l’ordre du jour, nous, on y met maintenant. Un temps. Est ce qu’on est au Parlement de Londres, ici? Williams veut se remarier. Plus précisément, inutile de perdre notre temps, il veut Tufaiti. Nous devons décider si on la lui donne ou non. Voilà, je demande qu’on vote là dessus.
TUFAITI: Il me veut, moi? A Williams: Tu me veux? Sur le moment, elle paraît plus surprise qu’autre chose.
WILLIAMS, hoche la tête: Oui.
Tararo: Eh là, mais... Tufaiti est mon épouse .Tararo avance résolument de quelques pas, prend Tufaiti par un bras et la place derrière lui: toi, reste ici, derrière moi.
CHRISTIAN, se lève: Holà, un moment, qu’est-ce que c’est que cette histoire? Mac, Williams, vous êtes devenus fous? Comment l’assemblée pourrait-elle enlever son épouse à un homme pour la donner à un autre? Vous avez perdu la tête ?
Tararo, avec colère, à McCoy et Williams: Misérables!
MC COY: Fais attention à ce que tu dis, macaque. Il fait le geste de se jeter sur Tararo; Smith, qui est près de lui, le bloque vivement en l'entourant des deux bras.
SMITH: Du calme, Mac, du calme.
MC COY: Je suis calme, n’aie pas peur. C’est lui qui. .. allez, lâche-moi.
Smith le lâche.
OHU, faisant quelques pas en avant, à Christian; il montre Mc Coy: Il a passé toute la journée à monter les autres. Tout le temps de la pêche il n’a fait ça. Il m’a même insulté. J’ai dû quitter la yole et partir à la nage.
MC COY, d’un air torve: Encore toi, Ohu; cochon d’espion.
CHRISTIAN: Mais... Mc Coy!
OHU : Voilà, vous le voyez? À Mc Coy: Vous auriez plutôt dû penser à la pêche. Peut-être même que vous auriez pris quelques poissons, vous aussi.
MC COY, furieux: Espèce de satané merdeux.
Les Polynésiens tressaillent de colère.
MILLS: Du calme, Mac, du calme, vous autres. Mac, qu’est-ce que tu crois pouvoir faire, avec ces manières? Si tu agis comme ça. . .
WILLIAMS, à Mc Coy: Oui, n’exagère pas.
MINARI, très inquiet: Tararo, Ohu, calmez-vous, vous aussi.
Tararo: Mais. . .
MINARI, l interrompant: Calmez—vous!
CHRISTIAN: Jusqu’à aujourd’hui, nous nous sommes tous bien entendus sur cette île. Pourquoi tout d’un coup devrions—nous tout gâter?
TUFAITI: Monsieur Christian a bien parlé.
CHRISTIAN: Essayons donc de raisonner. Un temps. Il ne faut pas de malentendu: le mariage est une chose qui regarde les deux intéressés et eux seuls.Si deux personnes veulent vivre ensemble, se marier, l’assemblée ne peut pas les en
empêcher. Et de même s’ils veulent se séparer, divorcer: c’est une affaire privée.
MC COY: C’est vous qui le dites.
YOUNG: Bien sûr qu’il le dit. Et je le dis moi aussi; n’importe qui avec un atome de cervelle le dit. Si Tararo et Tufaiti se trouvent bien ensemble...
Parce que vous vous entendez bien, n’est-ce pas? Il a de nouveau de la peine à respirer. ’
Tararo: Ah, mais ça va de soi!
YOUNG: Voilà. Tu es aussi d’accord, Tufaiti?
TUFAITI, hésitante: Oui, nous sommes bien ensemble. Pourquoi ne devrions-nous pas être bien? Mais....
YOUNG, essayant de poursuivre: Par conséquent....
WILLIAMS, l’interrompt. Elle dit « mais ». Laissez-la finir, Neddy.
Silence. Tous regarde la femme.
TUFAITI, montre Williams: Je voulais dire que lui aussi me plaît. Alors si vraiment il veut coucher avec moi....Pourquoi Tararo devrait l’empêcher?
MC COY : Bien dit, Tufaiti. Aux autres. Vous avez entendu?
CHRISTIAN: Tufaiti, ici nous ne sommes pas à Tahiti, où... Ici le mariage n’est pas un jeu.
TUFAITI: Alors je ne peux pas?
CHRISTIAN: Je ne dis pas que tu ne peux pas, mais. . . En tout cas la question n’est pas là. La question est: est-ce que tu veux rester l’épouse de Tararo, ou
quitter Tararo pour le prendre, lui. Il montre “Williams.
TUFAITI: Je les veux tous les deux.
MC COY, éclate d’un rire gras: Elle est bien bonne, celle-là.
Plusieurs autres rient.
WILLIAMS: Tufaiti. Là-dessus je ne suis pas d’accord. Je ne veux pas partager ma femme avec un autre.
Tararo, très en colère. Moi non plus je ne veux pas.
OHU: Alors, vous les Blancs, vous n’en avez pas encore assez, de toutes les femmes que vous avez prises pour vous?
MINARI: Du calme. À Tufaiti. Tufaiti, essaie de réfléchir. C’est très sérieux. Avant tout: tu veux ou non rester l’épouse de Tararo?
TUFAITI: Je peux parler?
MINARI: Certainement.
TUFAITI: Librement?
MINARI: Bien sûr, librement. Mais réfléchis bien, tu ne joues pas.
TUFAITI: Moi, pour cette saison, ça me plairait d’être la femme de Williams.
YOUNG: Pour cette saison?
MC COY: Et voilà. Comme ça, tout juste. Et puis elle y repensera. Et pourquoi pas, elle pourra se séparer à nouveau et redevenir la femme de Tararo, ou de qui elle voudra. Aussi simple que ça. Voilà la vraie liberté.
WILLIAMS, à Mc Coy: Eh là, s’il te plaît, pas de blague.
OHU, à Tararo: Attention, une fois qu’ils l’auront prise pour eux, les Blancs ne la lâcheront plus.
Tararo, avec colère: Tufaiti, maudite chienne. Tourné vers Christian et les Blancs: À Tahiti, dans mon clan, ce n’est pas permis. Chez nous... Il s’interrompt; long silence. Il se tourne, tremblant d’indignation, vers les autres Polynésiens:
Mais nous, ici, nous ne pouvons pas discuter. . . Vous le voyez, non.Ca suffit, allons nous en.
Il part sans plus attendre. Seul Ohu le suit.

Sur le village s’est abattue l’inquiétude....






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