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Citations de Evgueni Zamiatine (377)


Ses yeux brillent comme deux vrilles pointues, ils tournent rapidement et s'enfoncent toujours plus profondément en vous. Je crois qu'ils vont pénétrer jusqu'au fond et voir ce que je n'ose m'avouer...
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La vitre tintait sous le vent, des nuages gris et bas – des nuages de la ville, des nuages de pierre – passaient dans le ciel – comme s’ils étaient de retour, ces nuages étouffants de l’été que pas un orage n’avait transpercés. Sophia sentit que ces nuages n’étaient pas au dehors mais en elle, que depuis des mois ils s’amoncelaient comme des pierres, et qu’à présent, pour ne pas être étouffée par eux, il fallait qu’elle brise quelque chose en mille morceaux, ou bien qu’elle parte d’ici en courant, ou encore qu’elle se mette à hurler…
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Elle appuya son épaule contre moi et nous ne formâmes plus qu'un bloc, elle coulait en moi. Je le savais, c'est comme cela que ça devait être. Je le savais par chaque nerf, par chaque poil, par chaque battement de cœur, doux jusqu'à faire souffrir.
On éprouve une telle joie de se soumettre à ce qui doit être. Un morceau de fer éprouve sans doute le même plaisir lorsqu'il est obligé, par une loi précise et inéluctable, de se souder à un aimant. De même une pierre lancée en l'air qui, après avoir hésité une seconde, retombe la tête la première vers le bas, sur la terre. De même pour l'homme, après l'agonie, lorsqu'il pousse le dernier soupir.
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Parfois, seulement, elle tournait lentement vers Sofia ses yeux verts et fixait sur elle un regard attentif, en pensant clairement quelque chose - mais quoi? Ainsi dévisagent les chats, d'un regard fixe, une idée en tête, et l'on s'épouvante soudain de leurs yeux verts, de leurs pensées félines obscures et étrangères
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Il nous appartient de soumettre au joug bienfaisant de la raison tous les êtres inconnus, habitants d'autres planètes. Qui se trouvent peut-être à l'état sauvage de la liberté. S'ils ne comprennent pas que nous leur apportons le bonheur mathématique et exact, notre devoir est de les forcer à être heureux. Mais avant toutes autres armes, nous emploierons celle du Verbe.
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« Que mon journal, tel un sismographe sensible, donne la courbe de mes hésitations cérébrales les plus insignifiantes. Il arrive que ce soit justement ces oscillations qui servent de signes précurseurs. » (p. 34)
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« Cette femme agissait sur moi aussi désagréablement qu’une quantité irrationnelle et irréductible dans une équation. » (p. 22)
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L'homo sapiens ne devient homme, au sens plein du mot, que lorsqu'il n'y a plus de points d'interrogation dans sa grammaire, mais uniquement des points d'exclamation, des virgules et des points.

Note 21, page 118
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La construction de l'Intégral sera achevée dans 120 jours. Une grande date historique est proche : celle où le premier Intégral prendra son vol dans les espaces infinis. Il y a mille ans que nos héroïques ancêtres ont réduit toute la sphère terrestre au pouvoir de l'Etat Unique, un exploit plus glorieux encore nous attend : l'intégration des immensités de l'univers par l'Intégral, formidable appareil électrique en verre et crachant le feu. Il nous appartient de soumettre au joug bienfaisant de la raison tous les êtres inconnus, habitants d'autres planètes, qui se trouvent peut-être encore à l'état sauvage de la liberté. S'ils ne comprennent pas que nous leur apportons le bonheur mathématique et exact, notre devoir est de les forcer à être heureux. Mais avant toutes autres armes, nous emploierons celle du Verbe.
Au nom du Bienfaiteur, ce qui suit est annoncé aux numéros de l'Etat Unique :
Tous ceux qui s'en sentent capables sont tenus de composer des traités, des poèmes, des proclamations, des manifestes, des odes, etc... pour célébrer les beautés et la grandeur de l'Etat Unique.
Ce sera la première charge que transportera l'Intégral.
Vive l'Etat Unique. Vive les numéros. Vive le Bienfaiteur !

(Note 1, page 15)
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La parole qui "précède la pensée" comme quelquefois (cela peut être dangereux) l'étincelle explose trop tôt dans le moteur.
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Evgueni Zamiatine
Combien grande est la sagesse divine des murs et des obstacles. L'homme n'a cessé d'être un animal que le jour où il a construit le premier mur.
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C’était absurde parce que ce devoir n’était qu’un crime. C’était encore absurde parce que la couleur blanche ne peut pas être noire : le devoir et le crime ne peuvent s’allier. À moins que, dans la vie, il n’y ait ni noir ni blanc et que la couleur ne dépende que des prémisses posées ?
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“Votre science n’est qu’une forme de lâcheté. Vous avez beau dire, vous voulez emprisonner l’infini dans un mur, et vous avez peur de regarder de l’autre côté de ce mur”
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S’ils ne comprennent pas que nous leur apportons le bonheur mathématique et exact, notre devoir est de les forcer à être heureux
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Vous avez, mon cher, I'air malade, anormal- parce que la maladie et l'anormalité, c'est la même chose. Vous allez à votre perte, et cela, personne ne vous le dira - personne.
Ce "personne", bien entendu, désigne le Numéro du billet: 1-330. Bonne, merveilleuse U! Vous avez, bien entendu, raison: je ne suis pas raisonnable, je suis malade, j ai une âme, je suis un microbe. Mais la floraison - n'est-elle pas une maladie? Quand le bourgeon éclate, n'est-ce pas dans la douleur? Et ne croyez-vous pas que le spermatozoïde est, de tous les microbes, le plus effrayant?
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Après – je ne me rappelle pas non plus, très probablement parce que… Eh bien oui, je le dis carrément : parce que je l’ai vue s’approcher du “piano royal” – elle, I-330. J’ai été tout simplement frappé par son apparition inattendue sur l’estrade.

Elle portait le costume fantastique d’une lointaine époque : une robe noire étroitement moulante, la blancheur éclatante des épaules et de la poitrine découvertes, et cette ombre chaude oscillant au rythme de son souffle entre les… et ces dents éblouissantes, presque cruelles…

Son sourire, de là-haut – une morsure. Elle s’assied, elle joue. C’est sauvage, convulsif, bigarré, comme toute leur vie d’alors – pas l’ombre d’un principe mécanique rationnel. Et, bien entendu, tout autour de moi, avec juste raison, tout le monde rit. Quelques-uns seulement… mais pourquoi moi aussi, moi?

Oui, une sorte d’épilepsie – une maladie mentale – une souffrance… Une souffrance lente, suave – une morsure – on la voudrait encore plus profonde, plus douloureuse. Et puis, lentement – le soleil. Pas le nôtre, non, pas ce bleu cristallin transfusé uniformément à travers les briques de verre – non : un soleil sauvage, bondissant, dévorant – il envoie tout promener – tout part en miettes.

Mon voisin de droite jette – vers moi – un regard de biais, avec un petit ricanement. Je ne sais pourquoi, je me rappelle très nettement : une bulle de salive microscopique a surgi sur ses lèvres pour y éclater. Cette bulle me dégrise. Je suis redevenu moi.
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Des raies lourdes flottaient du haut du ciel jusqu'en bas ; une fumée rampait sur les forêts, sur les villages. On entendait de sourds gémissements : c'étaient des hommes, en longues files noires, que l'on poussait vers la ville pour les sauver de force et leur apprendre le bonheur.
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Nous savons maintenant que les songes sont le signe d'une sérieuse maladie mentale.
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Le printemps. Un vent venu d'invisibles plaines sauvages, au-delà de la Muraille verte, apporte la poussière jaune et miellée d'on ne sait quelles fleurs. Suave poussière qui dessèche les lèvres - on ne cesse d'y passer la langue - et sans doute toutes les femmes que l'on croise (les hommes aussi naturellement) ont les lèvres sucrées. Cela gêne un peu la pensée logique.
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Qu'est-ce que le bonheur ? Tous les désirs sont douloureux et il ne peut y avoir de bonheur que lorsque ceux-ci sont supprimés jusqu'au dernier. Quelle erreur avons-nous commise jusqu'à présent en mettant le signe plus devant le bonheur. C'est le signe moins qui se trouve devant le bonheur absolu, le divin signe moins.
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