AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Fernando Aramburu (93)


Il y a des livres qui mûrissent en soi pendant des années guettant l'occasion d'être écrits. le mien, dont je suis venu vous parler aujourd'hui, en est un exemple.
[...]
Et ce projet de composer, par le truchement de la fiction littéraire, un témoignage des atrocités commises par la bande terroriste procède dans mon cas d'une double motivation. D'un côté l'empathie que j'éprouve pour les victimes du terrorisme. De l'autre, le rejet sans réserve que suscitent en moi la violence et les agressions dirigées contre l’État de droit.
L'écrivain se demande ensuite pourquoi il n'a pas adhéré à l'ETA quand il était jeune. Dans la salle se répand un silence stupéfait de souffles retenus.
En fin de compte, moi aussi j'ai été un adolescent basque, et j'ai été exposé comme tant d'autres jeunes de mon époque à la propagande en faveur du terrorisme et de la doctrine sur laquelle il est fondé.
[...]
J'ai donc dénoncé la souffrance infligée par des hommes à d'autres hommes, en essayant de montrer en quoi consiste ladite souffrance et, bien entendu, qui la génère et quelles conséquences physiques et psychiques cela entraine pour les victimes survivantes.
[...]
De la même façon, j'ai dénoncé le crime perpétré au nom d'une politique, au nom d'une patrie où une poignée de gens armés, avec le soutien honteux d'un secteur de la société, choisissent qui appartient à cette patrie et qui doit l'abandonner ou disparaître. J'ai dénoncé sans haine le langage de la haine, et l'oubli tramé par ceux qui essaient de s'inventer une histoire au service de leur projet et de leurs convictions totalitaires.
[...]
Mais en écrivant, j'ai aussi été poussé par le désir d'offrir une vision positive à mes semblables, en faveur de la littérature et de l'art, donc en faveur de ce qui est beau et noble chez l'être humain. Et en faveur de la dignité des victimes de l'ETA dans leur individualité humaine, pas comme de simples numéros d'une statistique où se perd le nom de chacune d'elles, leur visage concret et leurs caractéristiques intransmissibles.
[...]
J'ai tenté de contourner les deux dangers que je considère comme les plus graves dans ce genre de littérature : d'un côté le ton pathétique, sentimental; de l'autre la tentation d'interrompre le récit pour prendre ouvertement une position politique.
Pages 522 - 523
Commenter  J’apprécie          70
Les violents [de l'ETA] seraient ravis que tout le monde participe à leur jeu. Ils auraient ainsi la preuve que cette guerre n'existe pas seulement dans leurs têtes.
Commenter  J’apprécie          60
- Puisque nous en sommes à la sincérité, j'ai appris que tu tiens à ce que le fils de la Miren te demande pardon, et qu'Aranxta veut donner un coup de pouce pour y arriver. C'est vrai ?
- Pourquoi crois-tu que je suis toujours en vie ? J'ai besoin de ce pardon. Je le veux, je l'exige, et je n'ai pas l'intention de mourir tant que je ne l'aurai pas obtenu.
- Tu as un orgueil gros comme une maison.
- Ce n'est pas de l'orgueil. Quand vous aurez scellé la dalle et que j'aurai retrouvé le Txato, je lui dirai : l'imbécile s'est excusé, maintenant nous pouvons reposer en paix.
Commenter  J’apprécie          60
En fin de compte, moi aussi j'ai été un adolescent basque, et j'ai été exposé comme tant d'autres jeunes de mon époque à la propagande en faveur du terrorisme et de la doctrine sur laquelle il est fondé.
Commenter  J’apprécie          60
Un chef d'œuvre, tant pour le sujet que pour l'écriture. Une approche intelligente d'une période historique sanglante espagnole, le terrorisme basque de ETA, à travers le vécu de deux familles amies au départ , déchirées par les évenements. Des chapitres courts, alternant le vécu d' un des membres de ces deux familles, en naviguant entre le présent , les années actuelles et les années noires, 80-90.Des personnages attachants, empêtrés dans leurs destins personnels aliénés par la grande Histoire. Les mères sont bouleversantes avec des caractères tranchés, et les pères obligés. Des analyses sociologiques et psychologiques très fortes.
Un index des expressions basques, quelques notices en bas de page sur les événements marquants, rendent la lecture confortable, et donnent envie d'en apprendre plus sur cette histoire une fois la lecture terminée .
Commenter  J’apprécie          60
Quand j’étais petit, je croyais que c’était maman la méchante. Aujourd’hui, j’essaie de compenser cette erreur par l’affection et les visites. Une demi-erreur, car maman est loin de mériter le titre de sainte. À sa décharge, il faut reconnaître qu’elle était souvent sur la défensive. Mais parfois, experte dans l’art de dissimuler, elle fut l’agresseuse, même si ses actions ne semblaient pas violentes.
Commenter  J’apprécie          50
- Lis tout ce que tu peux. Accumule de la culture. Plus tu en sauras, mieux ce sera. Pour ne pas tomber dans le trou où beaucoup sont déjà tombés dans ce pays.
Commenter  J’apprécie          50
- Je te rappelle que mon beau-frère à un prénom.
- Il me reste en travers.
- Enrique, si tu permets.
- Pour moi, c'est Entravers.
Commenter  J’apprécie          50
Certains ont des enfants terroristes. Le mien, il est médecin. Pourquoi ne pas le dire, puisque c'est la vérité ?
Commenter  J’apprécie          50
Des mots. Impossible de s’en débarrasser. Ils ne vous laissent pas une seule seconde. Fléau d’insectes insupportables, hein. Elle devrait ouvrir les fenêtres en grand pour chasser les mots, les lamentations, les vieilles conversations, tristes, claquemurés dans l’appartement inhabité.
Commenter  J’apprécie          50
— Il veut un petit mâle à lui, qui lui ressemble, qui joue un jour à la Real Sociedad. Ça l’obsède, ama. Et il va l’avoir. Ah là là ! Quand il a quelque chose en tête ! Mais je ne sais pas avec qui. Avec une fille qui veuille bien. Ne me pose pas de questions. Je n’en ai aucune idée. Il louera un ventre et paiera ce qu’il faut. Si cela ne tenait qu’à moi, je l’aiderais à trouver une femme saine qui satisfasse son désir.
Commenter  J’apprécie          50
L'ETA doit agir sans interruption. Il n'a pas le choix. il y a belle lurette qu'il est tombé dans l'automatisme de l'activisme aveugle. S'il ne fait pas de mal, il n'est pas, il n'existe pas, il n'a plus aucun rôle. Cette façon mafieuse de fonctionner dépasse la volonté de ses membres. Même ses chefs ne peuvent s'y soustraire. Oui, d'accord, ils prennent des décisions, mais c'est l'apparence. Ils ne peuvent en aucun cas ne pas les prendre, car une fois que la machine de la terreur est lancée, rien ne peut plus l'arrêter.
Commenter  J’apprécie          40
Papa, je l'ai surtout haï après sa mort. Avant, je n'osais pas, même en secret, car je le soupçonnais de pouvoir lire dans mes pensées. J'étais trop occupé à observer une distance prudente en raison de la crainte qu'il m'inspirait, même si ce n'était pas celle qu'inspire un tyran dont on peut attendre toutes sortes de cruautés, mais la sensation d'infériorité et d'échec que j'éprouvais en sa présence. Cette sensation abrasive s'intensifiait quand il avait un geste bienveillant à mon égard. J'étais alors accablé par l'idée qu'il me prenait pour un farceur qui aurait usurpé sans l'avoir mérité un sourire de lui, une petite tape d'approbation ou quelques mots cordiaux. J'éprouvais à l'égard de papa une crainte émaillée d'admiration, peut-être même d'affection. Avant que nous l'ayons enterré, je ne mesurais pas combien il avait été nuisible pour moi. [...] Il se passe la chose habituelle ; on perd un membre de sa famille et on est triste de l'avoir laissé partir sans lui dire combien on le haïssait ou l'aimait, ou les deux à la fois, alternativement ; désolé, papa, mais je n'ai pas eu le cran de me planter devant toi un jour de poser la main sur ton épaule et de te dire, d'une voix sereine et ferme, les yeux dans les yeux, que tu étais un drôle de type, mi-dieu, mi-porc. (P.155)
Commenter  J’apprécie          40
Elle avait porté le deuil la première année ; ses enfants avaient insisté pour qu’elle mène une vie normale. Une vie normale ? Ces naïfs n’ont aucune idée de ce qu’ils disent. Pour qu’on la laisse tranquille, elle a suivi le conseil. N’empêche qu’elle considère comme un manque de respect de marcher au milieu des morts en portant des couleurs.
Commenter  J’apprécie          40
Je ne suis pas catholique, je ne suis pas marxiste, je ne suis rien, juste un corps dont les jours sont comptés, comme tout le monde. Je crois en certaines choses qui me réjouissent , quotidiennes et visibles. Je crois en certaines choses comme l'eau et la lumière. Je crois en l'amitié de son seul ami et aux martinets qui, en dépit de l'air pollué et du bruit, arrivent à tire-d'aile dans la ville, même si je soupçonne qu'il y en a de moins en moins, au fil des années.
Commenter  J’apprécie          30
Un défaut de la nature : de même que nous avons des paupières pour cesser de voir quand ça nous chante, nous pourrions disposer de vannes dans le canal de l'ouie. On les ferme et on n'est plus obligés d'entendre ce qu'on ne veut pas.
Commenter  J’apprécie          30
J’avais la sensation qu’ils l’aimaient plus qu’ils ne m’aimaient. Pire encore, qu’ils l’aimaient, lui, mais pas moi, ou qu’ils s’occupaient de lui et qu’ils m’avaient abandonné. À tout moment je pouvais être renversé par une voiture ou une moto, et eux, sans avoir remarqué l’accident, poursuivraient leur chemin sans se douter de rien. L’idée du désintérêt qu’ils manifestaient à mon égard m’était douloureuse.
Commenter  J’apprécie          30
On le disait trafiquant de drogue. L’organisation l’affirma dans un communiqué qui serait publié quelques jours plus tard dans Egin. Une ekintza rapide et facile, rien de spectaculaire, mais l’idéal pour mettre ses nerfs à l’épreuve. […] Joxe Mari s’en souvenait souvent comme de sa grande première avec mort d’homme. Son baptême du sang des autres. Il devait faire un effort de mémoire pour se rappeler les autres actions. Il a oublié de nombreux détails de celles du début. C’étaient des bricoles : des plasticages, une attaque. L’action du bar, au contraire, lui était restée très présente à l’esprit. Pas à cause du type. Lui, sans importance. On m’ordonne d’exécuter un tel et je l’exécute, qui qu’il soit. Sa mission n’était pas de penser ou ressentir, mais d’obéir aux ordres. Un truc que les mauvaises langues ne peuvent pas comprendre. Les journalistes surtout, des mouches collantes qui à la moindre occasion leur demandent s’ils sont des repentis. C’est autre chose quand il se le demande dans la solitude de sa cellule.
Commenter  J’apprécie          30
Joxe Mari s’en souvenait souvent comme de sa grande première avec mort d’homme. Son baptême du sang des autres. Il devrait faire un effort de mémoire pour se rappeler les autres actions. Il a oublié de nombreux détails de celles du début. C’étaient des bricoles : des plasticages, une attaque. L’action du bar, au contraire, lui était restée très présente à l’esprit. Pas à cause du type. Lui, sans importance. On m’ordonne d’exécuter un tel et je l’exécute, qui qu’il soit. Sa mission n’était pas de penser ou de ressentir, mais d’obéir aux ordres. Un truc que les mauvaises langues ne peuvent pas comprendre. Les journalistes surtout, des mouches collantes qui à la moindre occasion leur demandent s’ils sont des repentis.
Commenter  J’apprécie          30
Je suis restée en vie jusqu'à maintenant et je vais peut-être durer encore un peu. Je sais ce que j'ai dans le corps. Je ne veux pas de chimiothérapie ni aucun de ces supplices. Je veux rejoindre mon mari, il va être temps, et personne ne va m'en empêcher. Vivre un an de plus ? Deux ? A quoi bon ? Il y a longtemps qu'on m'a tuée. Depuis, je ne suis plus qu'un fantôme. Au mieux, une demi-personne. Et encore, parce qu'il faut bien garder quelque chose pour ressentir le mal qu'on vous a fait et qu'en outre, avec deux enfants, on doit rester debout quoi qu'il arrive.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Fernando Aramburu (704)Voir plus

Quiz Voir plus

L'enfant et la rivière

Qui est Bargabot par rapport à Pascalet ?

Son oncle
Un ami de tante Martine
Un pêcheur qui apporte du poisson à la famille
Un vagant

11 questions
245 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}