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Citations de Fernando Aramburu (93)


- Je parle sans amertume, je t'assure. Je sais où je vais et pourquoi j'y vais. Regarde autour de nous. Que vois-tu ? Des copines venues me dire adieu ? Je n'ai ni copains ni copines sur cette terre. Que vais-je devenir dans un endroit pareil ? Pourrir toute seule ? Vivre avec l'ama, manger avec elle et avec toi le poulet rôti dominical et verser avec vous quelques larmes au dessert ?
- Il y a une certaine injustice dans tes propos, et de l'amertume, même si tu prétends le contraire.
- Tu veux que je renonce à mon voyage, c'est cela ?
- Pas du tout. Je suis venu te souhaiter le meilleur pour toi.
- Merci. Mais tu sais quoi, mon frère ? Je serais folle d'enthousiasme si tu t'exprimais avec un peu plus de joie.
- La joie, elle t'est réservée.
- Et ça, ce n'est pas de l'amertume ?
- Ici, on ne peut pas faire mieux. Tu as bien raison de partir. Finalement, que laisses-tu derrière toi ? Une famille brisée, un père assassiné.
- Derrière moi restent toi et l'ama. Pas l'aita. Lui, il est là, à l'intérieur.
Et elle porta la main sur son cœur avec énergie, véhémence.
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Ils vont apprendre qui est le Txato. Je suis plus basque qu'eux tous réunis. Et ils le savent. Jusqu'à l'âge de cinq ans, je ne parlais pas un mot de castillan. Mon père, qu'il repose en paix, a eu la jambe démolie par une rafale de mitraillette alors qu'il défendait Euskadi sur le front d'Elgueta.
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La braise qu'on a en soi [la haine, le ressenti].
- À chacun de voir comment il peut la refroidir.
L'ama [la mère] ajouta que si le vent souffle sur la braise, la flamme sera plus vive.
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Demander pardon demande plus de courage que tirer au pistolet ou déclencher une bombe ; ça c'est à la portée de n'importe qui. Il suffit d'être jeune, crédule, et d'avoir le sang chaud. Il ne fallait pas seulement avoir des couilles pour réparer avec sincérité, ne serait-ce que par des mots, les atrocités commises. p.596
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Tout d'un coup, il en eu marre. Il quitta l'ETA, seul, dans sa cellule, sans témoins.
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Ce n'est pas de l'orgueil. Quand vous aurez scellé la dalle et que j'aurai retrouvé le Txato, je lui dirai: l'imbécile s'est excusé, maintenant nous pouvons reposer en paix.
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Il se croit moderne, mais il est plus traditionnel que le riz au lait.
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Elle était de gauche, du moins le prétendait-elle, et allait comme nous tous aux manifestations, ce qui, qu’on le veuille ou non, vous donnait à la fac une sorte de sauf-conduit, de la même façon que dans les siècles passés, pour éviter les problèmes avec le Saint-Office, les gens saisissaient le moindre prétexte pour affirmer en public leur fidélité à la foi.
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La raison ? C’est que de son point de vue, au restaurant tout le monde se comporte comme il n’est pas et que, pour bien se connaître, rien de tel que sa maison.
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[A propos des jeunes membres de l'ETA:]
On leur fourre de mauvaises idées dans la tête, et comme ils sont jeunes ils tombent dans le piège. Ensuite, ils se prennent pour des héros parce qu'ils ont un pistolet. Et ils ne se rendent pas compte qu'en échange de rien, parce qu'au bout du compte il n'y a d'autre récompense que la prison ou la tombe, ils ont tourné le dos au travail, à la famille, aux copains. Ils ont tout quitté pour obéir aux ordres d'une poignée de profiteurs. Et pour briser la vie d'autres personnes, en laissant des veuves et des orphelins à tous les coins de rue.
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La vie ne me plaît pas. Si belle qu’elle soit, selon certains chanteurs et certains poètes, elle ne me plaît pas. Qu’on ne vienne pas me chanter les beautés des couchers de soleil, de la musique ou des rayures du tigre. Tous ces décors, aux chiottes ! Je trouve que la vie est une invention perverse, mal conçue et encore plus mal réalisée.
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Portazo. Y Arantxa, encerrada. Le daba igual. Qué asco de madre. Va lista si cree que así me castiga. El deseo de Arantxa se llamaba soledad. Su mayor deseo, estar por fin sola, fuera del campo visual de aconsejadores, de empujadores de su silla, de alimentadores, protectores y gente en líneas generales servicial que a todas horas exhibía ante elle sus prodigiosas (me muero de la risa) dotes para la paciencia en sus distintas facetas: la paciencia-cariño, la paciencia-compasión, la paciencia-enojo mal disimulado, la paciencia-rencor por no haberles hecho el favor de morirse. Que se vayan a la mierda. Desde la tarde de su desgracia ya no es dueña de su vida.
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Et soudain, les coups de feu. Ne me demande pas combien. Mais il s'agissait de coups de feu, je n'en ai pas douté un seul instant. J'ai couru au balcon. J'ai vu le Txato étendu sur le trottoir et personne d'autre. Je n'ai pas vu celui qui a tiré, ou ceux. Bon, je ne me suis pas attardée à regarder, je suis descendue dans la rue à toute vitesse et, en voyant le sang, alors je me suis mise à crier comme une folle. Tu crois que quelqu'un serait venu me donner un coup de main ? Parce que je voulais relever ton père. Je me dis : cet homme, il faut que je le remette debout. Il est très lourd. Il faudrait être deux ou trois pour le relever, mais personne n'est venu. Alors j'ai décidé de lui parler. Et pour te montrer à quel point j'étais perturbée, je lui ai dit : je t'aime. On ne se l'est jamais dit. Même quand on était fiancés. Cela ne nous venait pas. Il n'empêche qu'on se le montrait, c'est tout. Mais là, il faut que je parle et que je parle, sinon je perds cet homme. Et au moins, tu comprends, s'il va dans la tombe, qu'il sache que je l'ai aimé.
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Parce que je suis aussi lâche que lui, comme tant d'autres qui, en ce moment, dans mon village, doivent se dire tout bas pour qu'on ne les entende pas : c'est de la barbarie, une effusion de sang inutile, ce n'est pas ainsi que l'on construit une patrie. Mais personne ne va remuer le petit doigt. A cette heure, on a déjà dû nettoyer la rue au jet d'eau pour effacer toute trace du crime, et demain, il y aura des murmures en suspens, mais le fond de l'air restera pareil. Les gens se rendront à la manifestation suivante en faveur de l'ETA, sachant qu'il faut se montrer dans le troupeau. C'est le tribut à payer pour vivre tranquille au pays des taiseux. p.441
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– Don Victoriano dit : seul est basque celui qui parle la langue basque, l’euskera. Les autres ne sont qu’à moitié basques ou carrément des étrangers. Ces derniers ont été envoyés par l’oppresseur en Euskadi pour nous voler notre âme basque. Tu comprends la combine? Franco est très intelligent. C’est pour cette raison qu’il faut réagir Txiki. Don Victoriano affirme qu’à ce rythme, si nous ne réagissons pas, le jour viendra où nous allons tous danser du flamenco dans les rues de Saint-Sébastien. Tu connais quelque chose de pire, toi? Quel désastre!
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La dissimulation, l’hypocrisie, la complaisance, pratiquées aussi entre nous, évitaient les conflits ou les atténuaient, et dans les grandes lignes nous assuraient une existence confortable, certes à condition de ne rien faire d’intéressant ou d’héroïque, parce que nous ne prenions aucun risque, pas un gramme de vérité ne coulait dans nos veines, et notre peau exsudait la lâcheté par tous ses pores.
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Je sais que le miroir me définit de façon insuffisante, que je ne suis pas seulement les traits de mon visage ; en peu de mots, que j’ai besoin des autres pour savoir en profondeur qui je suis. Malgré tout, une fois que je me suis déchiffrée, que se passe-t-il ?
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Je pense que le bonheur naïf repose sur la conscience d’avoir dépassé l’infortune. Sans une dose de souffrance, il n’y a pas de bonheur, quelles qu’en soient les variables. Être heureux n’est pas tranquille et donc heureux. Il n’y a pas un absolu du bonheur, pas de bonheur en soi. Le bonheur, c’est ici et maintenant. Il était là, il n’y est plus, alors il faut le relancer si on veut le déguster.
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Actuellement, maman n'est plus la même. Je dirais qu'elle n'est plus personne ; en quelque sorte, un résidu remarquable, purement corporel, chez lequel il est impossible de retrouver la femme intelligente et belle d'autrefois. Aujourd'hui, maman m'inspire une profonde compassion. Et de même que pendant mon enfance, pris d'une haine frénétique, je souhaitais la mort de mon frère, maintenant le chagrin me pousse à désirer la mort de maman, bien entendu une mort douce, indolore, sans agonie.
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En ce moment même, je ne vois pas de crime plus monstrueux que la prétention d’être heureux.
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