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Critiques de Frances Hardinge (150)
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La voix des ombres

Grâce à l'écriture très imagée de Frances Hardinge qui m'avait déjà tant plu dans le chant du coucou, j'ai vite été happée dans l'univers de la voix des ombres.



J'avais un peu peur concernant le récit : les enfants qui voient des fantômes ne manquent pas en littérature jeunesse et je ne savais pas si j'allais accrocher à celui-là sans impression de déjà-lu. Mais j'ai aimé l'idée de gens capable de les dévorer ou au contraire leur servir de réceptacle vivant. Ça renverse un peu les codes, les fantômes peuvent être à la fois menace et menacés.

Le contexte historique très détaillé se mêle vraiment bien à l'aspect fantastique du récit et ajoute une touche de chaos à une ambiance déjà un peu glauque et fantasmagorique.



Je suis moins enthousiasmée par le rythme de l'intrigue. Alors que le début commence lentement, j'ai trouvé que certaines parties de l'histoire allaient trop vite après l'épisode du château familial. On survole les péripéties sans se poser, sans souffler, et j'ai eu l'impression que ça aurait pu continuer indéfiniment selon le bon vouloir de l'auteure.



Makepeace est une héroïne attachante à suivre, à la fois audacieuse et réfléchie, qui sait apprendre de ses erreurs (j'ai l'impression que c'est une qualité rare en littérature ado !). J'ai adoré sa relation avec son hôte, leur façon de s'apprivoiser l'un l'autre tout au long de l'histoire est particulièrement touchante. Mais du coup, ses interactions avec les autres personnages, morts ou vivants, m'ont parues moins intéressantes et moins approfondies.

Elle me fait beaucoup penser à la sorcière du film en stop-motion Paranorman, et les images qui me venaient à la lecture du roman avaient du coup exactement cet esthétisme-là. Je serais curieuse de voir une adaptation de la Voix des ombres par le studio Laika, tiens !



En parlant d'esthétisme, l'objet-livre lui-même est superbe avec sa couverture sobre et ses pages vertes.
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La voix des ombres

Ce roman est un voyage dans les marais humides de l'Angleterre où la brise se confond avec les tribulations des fantômes ! J'ai été transportée par ce roman ! L'action se passe au XVII ème siècle au coeur de la lutte qui oppose catholiques et protestants. Au début le mystère est latent mais le récit nous emmène rapidement dans une intrigue riche, imprégnée d'Histoire et de spectres ! J'ai trouvé vraiment bien travaillé le roman dans le sens où le contexte historique n'est pas uniquement un décor. L'action en dépend même s'il ne prend pas toute la place dans la narration. Ce roman jeunesse aborde des thèmes propres à l'époque comme celui des sorcières et sorciers, la place de la science … et toutes les croyances qui les entourent. Un roman fantastique certes, mais qui a un goût de naturel, sans excès ou fioritures.

Je finirai par une citation d'un spectre du roman sur sa condition de fantôme qui m'a beaucoup plu car ayant trait au monde des livres : « C'est un coup pour ma vanité, d'envisager ainsi que je ne sois qu'un amas de pensées, de sentiments et de souvenirs, auquel l'esprit d'un autre a insufflé la vie. Mais après tout, il en est de même pour un livre »

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La voix des ombres



Quand la possession est une sombre histoire de famille...





Makepeace et sa mère ont toujours vécu à Poplar, une petite ville puritaine près de Londres. Mais l’enfant ne s’y est jamais sentie chez elle, ni en sécurité. Ses nuits sont tourmentées par des fantômes qui tentent de s’installer en elle. C’est un peu rudement que sa mère lui a appris à se défendre, à résister. A sa mort, tout se complique pour de bon et Makepeace est envoyée à Grizehayes, chez les Fellmotte, sa famille qu’elle n’a jamais connue...





Nous faisons la rencontre de la jeune Makepeace, que nous suivons sur plusieurs années. Parce que c’est le don dont elle a hérité, les fantômes font malheureusement partie de sa vie et ils rythment son parcours. On la voit grandir et même si on la sent comme pris au piège tout au long du roman, elle continue de se battre pour sa liberté. On assiste à son combat intérieur, à sa longue bataille contre sa destinée mais surtout contre sa propre famille, l’une des plus puissantes d’Angleterre au XVIIème siècle.





Aucun personnage ne m’a inspiré confiance dans ce récit et je dois dire que cela m’a laissée une impression étrange. Que ce soit à cause du cadre religieux ou du contexte familial, Makepeace est bien seule. La plupart des personnages sont rudes et froids avec elle et j’ai eu beaucoup de peine pour cette jeune héroïne attachante. Ce manque de chaleur ne m’a pas quitté de toute la lecture, même lorsqu’il y avait les fantômes ou James dans les parages.





Makepeace se montre incroyablement forte quand bien même elle est prête à se briser et j’ai aimé ce courage, sa persévérance. Malgré tout ce qu’il se passe en elle, (littéralement), elle puise sa force là où on ne l’attend absolument pas.





Le récit se construit sur fond de guerre civile anglaise et l’aspect historique prend de plus en plus de place au fil de la lecture. C’est quelque chose auquel je ne m’attendais pas et que j’ai apprécié découvrir. Cependant, avec le recul, j’aurais bien aimé avoir plus de références historiques pour mieux l’appréhender parce que ce n’est pas une période que je maitrîse bien. La partie fantastique me parle davantage mais elle n’était pas toujours au cœur du récit. Mon attention est donc quelque fois retombée pendant la lecture.





Verdict : Cela a été une lecture bien étrange mais pas moins plaisante. Même si j’aurais aimé approfondir plusieurs points, j’ai aimé l’ambiance mystérieuse et le cadre historique de ce roman fantastique. Il nous laisse avec la drôle d’impression d’avoir laisser entrer quelque chose... dans notre tête. Brrrr!


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Le chant du coucou

Bon, soyons honnête : je mourais d’envie de lire ce roman depuis sa sortie, la couverture à glacer le sang et le titre poétique m’avaient séduite au premier regard… Et puis des événements imprévus ont différé la lecture… Même si ce n’était pas prévu je vais l’intégrer au Pumpkin Autumn Challenge, pour Cristaux, tarot et encens… pour une peccadille: je n’aime pas l’idée de rester à 13 livres lus, oui, c’est bête mais ça me turlupine…



Le Chant du coucou porte bien son nom. Comme l’oiseau le fait, une étrange coucou, une petite fille, a pris la place de Triss dans son foyer, sans que personne hormis sa sœur ne semble s’en apercevoir. Mais cette Triss commet des bévues et attire l’attention. Bientôt, sa véritable nature l’emporte et une folle cavalcade s’engage. Où est la vraie Triss? Qu’entend faire notre coucou et pourquoi est-il là? Ce sera à vous de le découvrir!



En toute objectivité, bien que quasiment conquise d’avance, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire. Au début, je me perdais dans les querelles entre Pen, la sœur cadette, et Triss, je peinais à trouver l’époque à laquelle se déroulait le récit, et les choses avançaient peu. Les premières pages ont donc été particulièrement frustrantes! Et les soupçons de surnaturels parsemés ne m’aidaient pas à trouver mon équilibre dans l’oeuvre.



Et puis, je ne saurais dire à quel moment précisément, mais il y a eu un déclic. Une fois le décor posé et l’ensemble des pions avancés sur l’échiquier, l’histoire s’est accélérée. Notre Triss-Coucou a subi des revers, sa vraie nature s’est peu à peu dévoilée et le jeu du chat et de la souris avec sa sœur est devenu savoureux. La détresse de l’enfant qui croit perdre la raison a aussi été très touchant. A partir de là, je peux dire sans mentir, que j’ai été happée dans l’histoire.



L’autrice a créé des personnages étonnants, l’Architecte est un mélange inquiétant de démon, de double et de magicien, semblant œuvrer dans l’ombre à des projets machiavéliques, ne supportant ni ennemi ni contrariété. En cela je trouve la réactivation du topos du pacte avec le démon intéressante. Nous sortons des sentiers battus et nous trouvons un personnage très original, fouillé et intriguant.



J’ai pris beaucoup de plaisir également à découvrir Pen, figure de peste détestable… peut-être pas si détestable que cela au fond, car sous l’enfant gâtée et colérique se cache une souffrance sans fond dont je vous laisse trouver les raisons. Violet est aussi une figure féminine assez exceptionnelle. Parfaite antithèse à la mère des filles, femme forte, femme libérée, à l’attitude réprouvée, elle est l’image même des préjugés et des faux semblants, car finalement, celui qui est prompt à condamner ne connaît pas forcément tant de choses que cela sur sa victime.



La Fausse Triss, notre Coucou, est aussi particulièrement intéressante : à la fois monstre, bourreau et victime, elle est une marionnette aux mains de personnes mal intentionnées. Et finalement, sa quête de vie et d’humanité va sous-tendre l’oeuvre, tout autant que la recherche désespérée de la vraie Triss. J’ai adoré cette figure qui permet de s’interroger sur le statut du monstre : qu’est-ce qu’un monstre? Ce qui est hors norme? Ce qui est contraire aux normes habituelles de la nature? Est-ce seulement les actes qui conditionnent la monstruosité? Et si le monstre était plus humain que des hommes pensant faire le bien? Bref, voici un texte riche en humanité qui nous invite à réfléchir, l’air de rien.



Enfin, l’univers imaginé par Frances Hardinge est d’une précision glaçante : les ciseaux et le coucou, les Adjacents, l’Architecte, Pie-Grièche et tous les autres forment une communauté de Petit Peuple bigarré, bizarre, inquiétant et le passage entre les mondes est digne d’un dessin d’Escher. De quoi vous faire tourner la tête et vous entraîner dans un Ailleurs, beau par son étrangeté et terrible par ses réalités! C’est donc une réelle réussite, un petit bonheur de lire cette langue poétique et douce qui parvient à faire surgir un univers entier par la force évocatrice des mots. Plus d’une fois, j’ai relu une description en me disant que telle ou telle formule était réellement belle, pas efficace ou précise, mais belle. Alors bien sûr, quelques expressions m’ont surprise, mais ce n’est pas ce qui m’est resté en tête lorsque j’ai fermé le roman, repue et contente.



Ainsi, j’ai adoré Le Chant du Coucou : ce que je conserve de ce texte, c’est la beauté de la plume, la profondeur des personnages et la cavalcade enlevée et rythmée qui m’a emportée bien loin de la grisaille automnale.
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L'île aux mensonges

Faith, 14 ans, est la fille d'un homme d'église et éminent savant, le pasteur Sunderly, qui s'est acquis une solide réputation dans le monde de la science bouleversé par les récentes théories de Charles Darwin sur l'origine de l'Homme. Pourtant face à la suspicion de découvertes erronées et falsifiées, toute la famille doit fuir l'opprobre de la bonne société anglaise pour se réfugier sur une petite île au prétexte de fouilles archéologiques. Un déchirement pour la jeune fille qui peine à trouver sa place dans une Angleterre victorienne, où la société ne lui laisse pas d'autres choix que celui-ci de devenir une épouse dévouée à son mari, sage et humble. Elle souffre de ne pouvoir étaler au grand jour ses rêves et sa passion pour les sciences. La déchéance de son père et le déshonneur s'abattant sur sa famille rabaissant encore plus sa situation.

Cependant lorsque son père est retrouvé mort, elle est la seule à ne pas croire à un suicide et s'engage alors dans une course contre la montre pour retrouver son assassin. Pour la première fois Faith trouve un sens à sa vie, avec la possibilité de mettre en pratique ses connaissances scientifiques. Dans sa quête de vérité, tout ce en quoi elle croyait, son père, la science, Dieu vont être remis en question.



L'île aux mensonges est un roman qui prend son temps mais qui devient rapidement haletant. Impossible de ne pas s'attacher à cette héroïne au départ si infortunée qui va peu à peu sortir de la condition à laquelle on la condamne, et prendre confiance en elle pour révéler qui elle est réellement. Un roman jeunesse qui mêle science, religion et fantastique prouvant que rien n'est établi et que tout peut être remis en cause à commencer par la place de la femme dans la société. Un façon très originale et intelligente d'aborder la question du féminisme dans la littérature jeunesse.



Ce roman a reçu le prix Costa du livre de l'année dans la catégorie jeunesse puis du meilleur livre de l'année tous genres confondus. C'est seulement la deuxième fois qu'un roman jeunesse obtient cette distinction. le premier étant « Le miroir d'ambre » de Philip Pullman.
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La lumière des profondeurs

Hark et Jerk sont unis par leurs parcours de vie. Ils ont grandi ensemble dans un orphelinat peu soucieux des enfants, et vivent de petits larcins en grandissant ensemble. Unis pour la vie ? La chose n’est pas si sûre ! Jerk domine passablement Hark et le contraint à des missions auquel Hark n’a aucune envie d’être mêlé. Mais par loyauté (ou par peur de se retrouver seul ?), il assiste Jerk dans toutes ses expéditions illicites. Voilà qu’une nuit, le plan tourne mal et Hark est fait prisonnier. Il est acheté par une femme scientifique et doit vivre dans le Sanctuaire abritant les derniers moines ayant côtoyé les dieux de la mer. Sa mission ? Découvrir les secrets et connaissances de chacun sur les dieux marins… et contribuer, malgré lui, aux expérimentations de la scientifique. Si son quotidien est pénible, il le devient encore plus quand Jerk réapparait dans la vie !



Dans cet Archipel des Myriades, les Dieux imposaient leurs volontés jusqu’à se qu’ils disparaissent à force de s’entredéchirer. Depuis, les habitants des îles inventent et construisent de drôles de submersibles pour explorer les fonds marins à la recherche de restes des dieux. Leur motivation ? Faire fortune évidemment pour les brigands et marchands d’épaves… mais pour les scientifiques, ces reliques pourraient bien changer la face de l’humanité.



En débutant la lecture, votre junior va avoir la sensation de se lancer dans une aventure extraordinaire à la Jules Verne. Un monde fantastique l’attend sous la mer, avec ses mystères, ses secrets et ses dieux qu’il ne faut pas réveiller. Puis, le récit prend une tournure plus philosophique. Quel monde voulons-nous ? Quelle place accorder à la transmission et à la mémoire ?

Je conseille ce roman d'aventure dès 13 ans.
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La lumière des profondeurs

Ce livre m'a charmée rien que par la couverture mais aussi le lieu où je l'ai trouvé: dans la boutique au pied du phare des Baleines sur l'Ile de Ré.



Roman jeunesse? Pas de soucis, tout se lit chez moi!

A plusieurs moments j'en ai oublié que c'était pour les plus jeunes que moi: le texte est complet et parfois complexe, ce qui demande d'être tout de même bien attentif.

L'aventure est là dès le début et cela m'a fait penser au domaine de la piraterie, comme on peut connaître.

Les domaines dominants sont l'aventure, l'amitié, les légendes et le monde sous-marin. Un bon cocktail pour rythmer ce roman même si par moments il y avait des longueurs: je me suis même questionnée sur la fin possible de ce roman vu le peu de pages qu'il restait.

Certains points de l'intrigue sont devinés avant qu'ils n'arrivent mais ça n'en réduit pas pour autant la saveur de la lecture.

Je me suis souvent questionnée à quelle période cette intrigue se déroulait: les repères temporels ne sont pas évidents et il pourrait demeurer intemporel.

J'y ai retrouvé l'inspiration de Jules Verne mais avec des termes beaucoup plus simples. Le monde sous-marin tel que décrit m'a permis de me projeter dans une de mes plongées réelles.



Une belle découverte même s'il fallait rester accrochée pour ne pas perdre le fil.
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La lumière des profondeurs

La lumière des profondeurs est présenté par l'éditeur comme un roman fantastique à l'univers original et fascinant, entre Lovecraft et Jules Verne. Je suis d'accord en tous points. On nous offre ici une lecture singulière avec un univers sur mesure. Je n'ai rien lu de similaire, mais après tout, c'est souvent le sentiment que j'ai en refermant un roman de Frances Hardinge.



L'auteure nous invite à parcourir l'archipel des Myriades, qui était autrefois une terre sacrée sur laquelle des Dieux régnaient avant qu'ils ne s'entre-déchirent. Désormais, des submersibles partent fouiller les fonds en espérant ramener les restes de ces Dieux pour faire fortune. Toutefois, plonger dans les profondeurs de l'Abysse n'est pas sans risque...



Dans ce roman, on suit Hark, un ado qui a suivi son meilleur ami Jelt dans une énième arnaque. Malheureusement arrêté, il est vendu aux enchères et se retrouve engagé au Sanctuaire pour trois années. Quand Jelt vient le trouver pour un autre projet fou, Hark est incapable de refuser. C'est de cette manière qu'ils feront une extraordinaire trouvaille. Mais peut-être auraient-ils mieux fait de laisser ce mystérieux objet au fond de l'eau?



Il faut plus d'une centaine de pages à l'intrigue pour s'installer et pour que le lecteur comprenne réellement où l'auteure souhaite mener Hark. En attendant, l'univers nous surprend, nous passionne, et il n'est pas bien difficile de s'y accrocher. C'est un récit assez long, mais ça en vaut la peine. L'aventure de Hark réveille bien des histoires sur les Dieux, qu'on écoute patiemment, et bientôt on en redoute les répercussions. C'est un roman que je vous recommande pour son univers captivant et la part d'exploration, mais aussi pour ce héros qui s'affirme au fil du récit.
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Le chant du coucou

En entrant dans le monde de Frances Hardinge il fait accepter un certain mal-être. Celui des personnages qui est aussi ici celui de l'enfance. triss est enlevée à l'amour de ses parents. Quand elle revient après une nuit d'absence en ayant oublié ce qu'elle a fait c'est sa petite soeur Penn qui alerte les grands : Triss n'est plus elle-même.

Ce qui commence comme une intrigue policière prend vite une allure de récit fantastique. S'y mêlent récit social et familial, histoires de familles et secrets enfouis. C'est mené avec habileté, l'écriture est haletante et interroge sur la place des enfants au sein du cocon familial, sur la perte des liens et sur l'affection que l'on peut donner même à des "étrangers". Un très beau récit fantastique un peu en marge car mixant plusieurs genres littéraires. une très belle découverte.
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Le chant du coucou

Un très bon roman avec une ambiance mystérieuse et magique. J'ai aimé la mythologie qui a été mise en place ainsi que l'intrigue qui entoure Triss. Ce roman abordé pleins de thèmes: le deuil, la place des femmes dans la société, la parentalité etouffante voir toxique, la famille, la cruauté des enfants... Les personnages sont très humains, aucun de leur comportement est bien ou mal, tout est très nuancé.



J'ai vraiment adoré suivre les péripéties de Triss. Je tiens aussi à préciser que cette histoire n'est pas un thriller bien que le récit prenne souvent une tournure assez sombre. Il se déroule dans post première guerre mondiale.



Bref, j'ai passé un bon moment.
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Le chant du coucou

Un roman gothique où la créature de Frankenstein et le golem ne sont jamais loin.

Thérésa, dite Triss, se réveille. Elle est en vrac, elle a 11 ans, vit à Ellchester et vraisemblablement, elle est tombée dans l'eau de la rivière nommée Le sinistre, qui coule près de leur lieu de vacances familiales. Nous sommes dans les années 20 en Angleterre, Georges V est le roi et les premières voitures ont fait leur apparition. Ses parents (papa, Piers Crescent, architecte brillant, maman, Céleste, femme au foyer) couvent Thérèsa comme une porcelaine délicate. Elle est souvent malade. La soeur de Triss, Pénélope dite Pen, la déteste : elle est pour cela le mouton noir de la famille, pleine de vie, impertinente et franche du collier. Il y a un grand vide dans la famille, Sebastian, mort à la guerre de 14-18 et dont la fiancée, Violet Parish a été rejetée par les Crescent après le décès du jeune homme.

Mais rien ne va plus pour Triss : elle a toujours faim, mais maigri en permanence, elle sème partout des feuilles mortes et quand elle commence à avaler ses poupées et qu'elle entend des voix qui lui annoncent un décompte de jours, Triss décide de savoir qui elle est et découvrir aussi qui sont ses parents.

Le coucou est un oiseau qui fait son nid dans celui des autres, c'est ainsi ... Cela ne le rend pas forcément sympathique, mais il n'est pas responsable de ce qu'il est. Un roman prenant, comme si Alice avait franchi le miroir.
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La voix des ombres

Et voilà une histoire de cauchemars, de fantômes et d’autres phénomènes étranges qui commence…. Signé Frances Hardinge (L’île aux mensonges, Le chant du coucou, …), ce roman jeunesse installe dès le départ une atmosphère d’angoisse, parfois digne de L’épouvanteur.

Fantastique, étrange, La Voix des ombres nous emmène aussi dans une époque historique bien précise, l’Angleterre de Charles 1er ,ce roi qui sera décapité au moment de la Première Révolution anglaise .
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Le chant du coucou

Le Chant du Coucou, de Frances Hardinge et publié par L’Atalante, est un récit fantastique anglais, tout pour me plaire ! J’ai beaucoup aimé cette ambiance britannique et le folklore utilisé. Il y a même des passages très visuels qui sont impressionnants quand on les imagine (celui du cinéma, notamment).



Je me suis tout de suite attachée à la petite Triss qui ne comprend pas comment elle a chuté dans la rivière, elle se souvient à peine de l’évènement et, surtout, elle sent qu’elle n’en est pas sortie indemne. Ses parents sont encore plus protecteurs envers elle, qui est déjà trop couvée du fait de sa santé fragile, mais sa petite sœur, Pen, la rejette violemment. Triss va donc devoir creuser un peu pour comprendre ce qui lui arrive tandis que des choses étranges se produisent autour d’elle.



Dernièrement, j’ai eu des ratés avec les enfants de Fantasy/Fantastique (Frederic Delaunay et Nicaise, notamment), mais là, ça l’a fait, autant pour Triss que pour Pen, qui est pourtant très difficile à vivre et qui ne fait rien pour être appréciée surtout au début. Violet est également très sympathique à suivre, c’est une femme indépendante et au fort caractère, et une motarde. La classe, quoi !



On ne comprend pas tout de suite ce qu’il se passe, il faut un moment avant d’en savoir plus, le décor prend le temps de se planter, mais ce n’est pas déplaisant, j’ai vraiment apprécié cette mise en place que j’ai trouvée immersive, je visualisais bien les lieux et les sentiments qui animaient Triss. Je trouve intéressant le fait qu’elle soit une enfant, c’est un thème que j’aime retrouver dans un récit, et l’auteure a su la rendue crédible.



Vraiment une belle lecture.
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L'île aux mensonges

1860. Faith est une jeune fille intelligente qui rêve de devenir naturaliste, comme son père, qu’elle idolâtre. Mais sur cette île où sa famille se réfugie, après de terribles accusations qui menacent la réputation et la carrière de son père, les événements se précipitent et la situation dégénère, jusqu’au drame...



Que peut faire une enfant de 14 ans, une fille de surcroît, dont le cerveau de plus petite taille empêche certainement la réflexion, comme le lui explique obligeamment le docteur de l’île, pour rétablir la vérité ?



Et bien elle se montre intelligente, rusée, déterminée, impitoyable, courageuse...



Après avoir lu La voix des ombres et Le chant du coucou, de la même autrice, je me suis lancée avec confiance dans ce livre. L’histoire est de nouveau complètement différente des autres, extrêmement originale, mais toujours bien construite, avec une écriture maîtrisée et très poétique.
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L'île aux mensonges

La meilleure lecture que j'ai eue dernièrement. Et pourtant, l'histoire ne me disait rien vue de loin et à part le côté fantastique, il n'y avait rien pour me tenter.



Mais au final, on a une intrigue bien construite, bien amenée, et bien menée, dans un univers cohérent, avec des personnages qui tiennent la route, du mystère qui tient la route, et ça en fait une lecture que j'ai trouvée haletante (je perdais la notion du temps en lisant).





Le style est une fausse troisième personne, en réalité on est constamment du point de vue du personnage principal, personnage auquel je ne me suis pas forcément attachée.



Disons que dans les points négatifs, mais qui n'ont gêné en RIEN ma lecture, je mettrai que je ne me suis pas attachée à Faith, dont la dévotion pour son immonde père m'énervait, ainsi que son intelligence fluctuante : en effet, elle est à la fois mature, réfléchie, analyste de son entourage etc. et parfois complètement aveugle et stupide (dans son jugement sur sa mère, son père etc).

Alors c'est peut-être là pour montrer comment son époque et sa culture peuvent lui créer des oeillères mais c'était peut-être pas assez nuancé... disons que du coup, on sait que c'est une lecture moderne. Quand on lit des textes de la même période, ou d'avant, écrits par des femmes qui, comme Faith, ont du mal avec le lourd patriarcat de leur période et leur condition, et le disent dans leurs livres, l'analyse de leur monde reste plus nuancée. Et elles ont plus de recul sur leur situation. Elles voient les injustices autant qu'elles savent bien que pour "s'en sortir" pas mal de femmes de ce milieu doivent savoir utiliser les (sales) outils qu'on daigne leur donner (séduction etc.). Faith semble complètement aveugle de ça jusqu'à ce qu'on le lui explique.



Le père de Faith est vraiment un immonde manipulateur sans coeur, un tyran dans sa famille, et c'est pénible du coup que la si intelligente Faith, qu'il dénigre aisément, n'aie aucun recul là-dessus. Howard le petit frère est assez pénible (sa façon de geindre après sa soeur tout le temps notamment...) mais il est constamment excusé par Faith (en tant que lectrice, il me saoulait bien).



L'histoire et son traitement met en avant l'effacement et le traitement injuste des femmes dans cette société, il est juste mais peut-être un peu trop excessif (y'avait quand même des exceptions). Même les romans d'époque n'en font pas autant (genre TOUS les personnages qui sont à s'horrifier que Faith puisse se servir de son cerveau ou être autre chose qu'une petite chose fragile).

... en même temps, il faut sans doute bien ça pour essayer d'ouvrir les yeux à ceux qui pensaient que "oh non, on les considérait pas si mal que ça les filles à l'époque".



En tout cas, l'histoire est vraiment très bonne et les personnages crédibles, le tout s'emboîte parfaitement et donne une excellente lecture.
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Le chant du coucou

Quelle merveille que ce livre... j’ai commencé sans grande conviction, un peu perdue par le récit, un peu impatiente de savoir de quoi il retournait vraiment. Mais la relation tendue entre les soeurs a réussi à m’accrocher, et ces mystères toujours plus nombreux. J’ai finalement dévoré le récit, qui oscille entre horreur et féérie. J’ai retrouvé avec plaisir la plume poétique de l’autrice, je me suis attaché à ces fillettes farouches, à leur quête fantastique. Je le ferme à regret mais j’en garde mille images étranges et belles.
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La voix des ombres

Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman qui avait tout pour me plaire : écrit par l'autrice Frances Hardinge, véritable petit génie de la littérature jeunesse britannique actuelle, avec un titre qui me promettait une histoire tourmentée, mystérieuse et magnifiquement ténébreuse et enfin paré d'une couverture absolument magistrale, tout bonnement exquise, La Voix des Ombres s'annonçait d'ores et déjà comme une valeur sûre de ma bibliothèque avant même que je ne me plonge entre ses pages. Je remercie du fond du cœur les éditions Gallimard jeunesse pour cet envoi résolument gothique et juste irrésistible et sans plus attendre, place à ma critique livresque sur cette petite pépite !



Ce que j'ai tout d'abord énormément aimé avec ce livre, c'est le fait que, tout comme avec le précédent roman de l'autrice, L'île aux mensonges, l'intrigue prend le temps de nous dévoiler ses divers atouts au fil des pages afin de mieux nous séduire. Comme je vous le disais précédemment, j'ai senti immédiatement que ce livre était fait pour moi, mais il a tout de même fallu que je le laisse m'embarquer, me prendre par la main et me mener à la baguette afin que j'en ressorte véritablement satisfaite. A mon sens, le pouvoir magique et indescriptible de Frances Hardinge, c'est celui de parvenir à inventer des histoires qui viennent à notre rencontre et qui se soucient de nous apprivoiser en nous délivrant leurs secrets un par un, telle une fleur qui se fanerait pétale par pétale pour finir à nue avec toute sa vulnérabilité visible au grand jour. C'est comme lorsque l'on fait la connaissance d'une personne nouvelle au sein de notre microcosme intime dans la vraie vie : on ne lui déballe pas le pot-aux-roses instantanément, il faut s'armer de patience et de compréhensions afin de construire un lien tenace et aussi évident que l'air que l'on respire qui résistera aux affres du temps et des changements qui peuvent s'opérer dans nos vies et en nous même. Eh bien, avec les deux titres de Frances Hardinge que j'ai lus jusqu'à présent, c'est exactement la même chose : il s'agit là d'un livre qui se savoure et qui ne s'en laisse pas conter. Il faut prendre la peine d'emprunter le sentier sinueux et semé d'embûches qu'il nous demande d'arpenter afin de véritablement en saisir toute la subtilité et la beauté. Et puis, très honnêtement, cela n'en rend la destination finale que plus épatante et éblouissante, croyez-moi. En clair, ce livre ne vous fera pas de cadeaux tout au long de la route que vous suivrez avec lui ; comme le personnage principal du récit qu'il vous propose de vivre, vous aurez l'impression étouffante, insoutenable que vous ne retrouverez jamais plus le chemin qui mène à la lumière et à la liberté. Vous aurez également la sensation très désagréable et angoissante d'évoluer au sein d'un univers extrêmement hostile et sombre semblable à une purée de pois indigeste et aveuglante. Rien ne vous facilitera la tâche de la lecture, qui s'en retrouvera dans un premier temps ralentie et fastidieuse et par la suite, votre tête vous paraîtra abriter de nombreux fantômes elle aussi, ce qui vous procurera un sentiment de panique et d'emprisonnement au sein de votre propre corps et esprit. Le titre V.O. traduit entre outre sublimement cet état d'ébriété et de trop-plein avec le terme "skinful" qui désigne une conséquente dose d'alcool ingurgité. A mon sens, c'est exactement l'effet que La Voix des Ombres produit sur nous le temps que nous restons entre ses pages : celui d'être constamment groggy, brinquebalé d'un événement marquant à un autre, et de perdre pour une période qui nous semble interminable nos repères. Difficile alors d'en trouver ce roman sympathique et d'y voir un énième ami d'encre et de papier à chérir de tout notre être. Et pourtant, c'est ainsi que j'ai fini par le considérer : comme une nouvelle âme sœur indispensable au bon cours de mon existence, qui a su me faire capituler face à la puissance magnétique de son essence.



Qui plus est, notre association avec Makepeace, l'héroïne de cette grande et mémorable histoire, est purement et simplement inévitable : sa lutte contre les nombreux oppresseurs du libre-arbitre et de la vérité qui peuplent les bourgades anglaises de ce récit devient la nôtre. Selon moi, c'est cette jeune femme fictive mais aux motivations profondément palpables et solides qui fait la force de ce roman avant toute chose. Makepeace est en effet une protagoniste remarquable, qui grandit et apprend à faire ses armes au sein d'un monde dangereux, sans pitié et d'une famille tout ce qu'il y a de plus toxique et malsaine. Cette fillette de prime abord craintive (et il y a de quoi) mais résolue également dès le départ à se faire entendre va aiguiser son immense intelligence telle la plus fine des lames ou encore... le plus pointu des bâtons. Tout au long de l'intrigue, elle porte un regard extrêmement lucide et avisé sur son environnement direct comme plus large et ce que j'ai particulièrement apprécié dans sa façon d'agir, c'est le fait qu'elle ne fonce jamais tête baissée comme la plupart des héros et héroïnes des romans adolescents/young adult ont tendance à inévitablement le faire. Certes, notre héroïne va devoir prendre une pléthore de risques car les enjeux sont entre autres de taille mais elle va faire preuve d'une ingéniosité sans failles en considérant justement d'abord les défauts que ses divers plans peuvent avoir avant leur éventuelle réussite. Quand je vous parlais de patience et également de persévérance à mots couverts, car c'est en effet clairement la manière dont ce livre parvient à conquérir notre cœur éprouvé, en persévérant de toutes ses forces sans jamais rechigner à l'effort, je peux vous affirmer sans me tromper que Makepeace est la championne dans ce domaine. Sa technique, c'est de courber l'échine devant l'ennemi dans un premier temps pour mieux triompher de lui par la suite, le tout sans malice ni malveillance aucune. Je vais éviter d'aller plus loin à ce sujet afin de ne pas vous gâcher la ravissante surprise que fut pour moi le caractère et la robustesse stupéfiante de Makepeace mais je dirais simplement que cette dernière m'a à proprement parler juste BLUFFÉE. S'ajoute à cela que sa grande sensibilité et générosité n'entrave en rien sa puissance féminine et qu'au passage, ce personnage est tout bonnement une allégorie de la force brute de la femme résolument DINGUE. Il faut le lire et le découvrir par soi-même pour le comprendre, je n'irai pas plus avant sur la question du féminisme flagrant et tout à fait inattendu de ce bouquin, plus que L'île aux mensonges en tout cas ; ça, c'est certain.



Pour ce qui est du reste des personnages, je n'ai pas grand chose à en dire car c'est véritablement Makepeace qui porte le récit et qui en est l'incontestable vedette. Cependant, pour ne pas trop vous en dévoiler, attendez-vous à ce qu'eux aussi vous surprennent et vous émeuvent intensément. Pour ma part, je suis tout simplement allée de surprise en surprise avec cette lecture et je ne vous cache pas que j'ai refermé le roman le cœur serré avec l'envie que cela continue, que je ne quitte jamais Makepeace, son demi-frère aussi agaçant qu'attendrissant et attachant (si, si, c'est possible - mon esprit de contradiction, bonjour) James et l'ensemble des fantômes qui habitent les différentes boîtes crâniennes de membres de leur illustre et abominable famille. Je soulignerai par ailleurs que la note d'humour apportée par les personnages spectres est franchement bienvenue au vu de toute la tension qui pèse sur les épaules de l'héroïne et par extension de ce roman au cours du déroulement de l'intrigue. C'est simple : ces personnages qui ont tous leur importance au sein de la quête fondamentale de Makepeace pour le choix d'une vie insurgée et peu convenable pour une fille de son siècle, le dix-septième, sauront tour à tour vous faire rire, pleurer et vous exaspérer aussi par moments mais cela pour mieux vous faire prendre conscience de leur superbe évolution à chacun à la fin. L'alliance improbable entre Makepeace et les revenants qu'abrite son esprit permet également de mettre en avant l'extraordinaire humanité de la plume de Frances Hardinge, qui s'est révélée être une nouvelle fois un véritable régal : poétique, empreinte d'une saisissante et somptueuse mélancolie et toute en justesse et en sensibilité. Il n'y a rien à ajouter, c'est du grand art à l'état pur. Personnellement, j'aime à comparer (je me fatigue avec mes comparaisons à tout va mais je trouve quand même cela plus éloquent qu'une flopée de mots) son écriture à un bijou finement ciselé : impossible de ne pas rester bouche bée face à une telle merveille.



Pour conclure, je dirais qu'avec ce nouveau roman, Frances Hardinge nous prouve une fois de plus à quel point son apport à la littérature jeunesse actuelle est conséquent : ses généralement jeunes personnages apprennent à faire face à la monstruosité épouvantable du monde et à se frayer leur propre voie au milieu de toutes ces immondices, cette hypocrisie et de ce manque flagrant de décence et de bonté. Qui plus est, les figures centrales de ses récits sont féminines et savent se montrer redoutables et ingénieuses, sans avoir besoin d'un homme ou d'une quelconque romance superflue au bon enchaînement des événements pour les sauver, les faire vibrer ou les rendre dignes d'intérêt, et pour ça, je dis ALLÉLUIA, ENFIN ! Le seul petit regret que je peux avoir concernant La Voix des Ombres et dont j'ai sciemment évité de traiter au cours de ma chronique car ce point-là du roman me laisse encore sincèrement et assurément confuse, c'est le fait que la période historique durant laquelle il se déroule, à savoir le règne de Charles Ier et l'éclatement de la première révolution en Angleterre, qui en mènera à une deuxième et à l'avènement du fameux Cromwell (ce qui n'est tout de même pas rien, vous le concèderez), sert plus de toile de fond au récit qu'autre chose. Certes, Frances Hardinge nous appelle à émettre une réflexion éminemment passionnante et essentielle sur les thèmes particulièrement complexes de la religion et des machinations politiques ; cependant, je ne saurais vous expliquer pourquoi mais je reste convaincue que le roman aurait pu se passer à n'importe quelle époque que cela n'en aurait pas changé la substantifique moelle. Je ne sais si cela est une bonne chose ou non mais pour ma part, j'aurais voulu que le côté historique de l'ouvrage ait plus de poids dans l'intrigue, qu'on en apprenne plus sur le fonctionnement de la vie politique et sociale de cette période bien spécifique de l'Histoire de l'Angleterre. Mais il s'agit là de l'unique point noir que j'ai pu soulever, et encore, il s'en retrouve bien vite oublié face aux innombrables qualités de cette trame extrêmement bien ficelée et prenante, vous verrez. De mon côté, je ne suis absolument pas déçue de l'aventure ahurissante que ce roman m'a vivre et cela m'a résolument donné envie de découvrir le tout premier livre de cette remarquable autrice, Le Voyage de Mosca, même si la suite de ce dernier n'a jamais été traduite en français (coucou Gallimard jeunesse, c'est à vous que je m'adresse). Je remercie une fois de plus infiniment la maison d'édition pour cet envoi d'exception et j'espère sincèrement vous avoir persuadés de laisser leur chance aux romans de Frances Hardinge, ce sont là des expériences inoubliables de lecture à ne pas louper ! COUP DE CŒUR ♥
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L'île aux mensonges

Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions Gallimard jeunesse pour ce sublime envoi, qui, comme toujours, n'a pas déçu mes attentes. J'avais découvert ce titre grâce à la géniale Lili Bouquine et elle en avait parlé comme d'un coup de cœur à ne pas manquer. Vous pensez bien que je ne me suis pas faite prier ! Rien que la couverture est à tomber. Elles le sont toutes, soit dit en passant, et je tenais à vous présenter les trois principales sur les images de mon article car je trouve qu'elles ont toutes une esthétique et une vision du roman différentes et pourtant parfaitement justes. Elles ont toutes un petit quelque chose d'envoûtant, qui va happer le lecteur d'abord d'un point de vue visuel et par l'aura que le talent des illustrateurs dégage, et après lecture, ces choix artistiques font prendre tout leur sens. Le contenu est donc de qualité et au rendez-vous et en plus, il donne un nouvel éclairage aux détails de la couverture, et inversement, c'est un véritable travail de connivence et cela met vraiment le livre en valeur et correctement. J'ajouterai que ce livre le mérite amplement, et pas étonnant qu'il ait gagné le prestigieux Prix Costa de nos amis les Angliches. J'ai été un peu interpellée en voyant mentionné sur la couverture PRIX COSTA DU MEILLEUR LIVRE DE L'ANNEE - Pour la première fois depuis Philip Pullman.



Donc personne n'avait été primé depuis ?? Eeeet... il suffit de se rendre à la quatrième de couverture pour apprendre que Hardinge et Pullman sont les seuls récipiendaires du prix dans la catégorie jeunesse. Certes, je trouve que les œuvres destinées aux enfants/adolescents manquent encore de reconnaissance, mais c'est déjà un progrès ! D'autant plus que, dans le cas des deux auteurs cités ci-dessus, leurs œuvres respectives ont su marqué l'imaginaire et le cœur des lecteurs, petits et grands, de par leur profondeur, leur ouverture d'esprit et leurs idées aussi larges que le monde. Leur création est source d'inspiration, de lumière et d'émerveillement, de par les émotions profondément humaines et fortes dégagées, des personnages uniques en leur genre auxquels on peut aisément s'identifier et des aventures qui en valent le détour pour tout ce qu'elles peuvent nous apporter. Commençons par la couverture française. Elle peut sembler un peu enfantine avec ses traits peu marqués par rapport aux deux autres (anglais standard et collector)-et elle me rappelle à cet égard la couv' vf. des Sorcières du Clan du Nord (ma chronique ici). J'ai trouvé que ces deux romans se rejoignaient de par leur écriture très douce, digne d'un conte ancien, mais en abordant des sujets très adultes, tels que la noirceur de la souffrance, nos plus vils desseins motivés par l'égoïsme et la jalousie, appliqués à des cœurs très jeunes. La pureté de l'enfance y est remise en cause.



L'île aux mensonges met l'accent sur le fait que l'endroit où la famille Sunderly va se retrouver exilée à cause de l'infamie scientifique du père est un tel engrais pour la propagation de rumeurs et autres ragots qui permettent de juger éhontément les gens qui en sont victimes sans les connaître, que Faith, la jeune héroïne, va s'empêtrer dans ses propres mensonges savamment orchestrés afin de prendre sa vengeance sur ces gens qui l'ont insulté, elle et sa famille, et lui ont fait un mal irréparable. D'où les lianes sur la couverture qui émergent de tous les coins, représentation de l'arbre aux mensonges qui a poussé de manière formidablement anormale dans la grotte sombre dans laquelle Faith le protège. Je me suis très rapidement attachée à cette héroïne forte, à l'esprit insatiable de connaissances afin de parfaire son intelligence, qui était pourtant interdite à la plupart des femmes de son temps. Normalement, c'est le très jeune frère de Faith qui doit faire preuve de vivacité d'esprit, digne de son sexe d'homme, pour pouvoir succéder convenablement à son érudit et pieux père. Ce que l'adolescente a du mal à accepter.



Elle qui fait partie du sexe faible, au crâne diamétralement plus petit (soi-disant), n'a pas le droit de participer à des conversations élevées, sous peine de faire montre de son exceptionnelle culture, ce qui serait inacceptable et scandaleux aux yeux de la gente masculine et machiste. La curiosité est un vilain défaut, en particulier pour une femme, et pourtant c'est ce mal qui ronge Faith, qui ne supporte pas d'être maintenue dans l'ignorance. Cette âme si jeune est pourtant déjà bien torturée par cette société étriquée qui ne lui permet pas d'être pleinement elle-même, qui la force à se contenir constamment et à ne pas exploser comme une cocotte face à tant de stupides conventions, injustices, et négligence volontaire des gens envers ceux dont la réputation est traînée dans la boue. La jeune fille, dont le prénom représente très bien la foi et la confiance que son paternel va placer en elle concernant son plus secret dessein, va être poussée à bout face au traitement révoltant et cruel que sa famille va recevoir des habitants de cette île, dont la condescendance et la vicissitude vont l'en écœurer.



Elle va ainsi planter de belles graines de mensonges, qui vont proliférer et donner à l'arbre des fruits à la saveur amère de son désespoir. Un mensonge gros comme une maison pour une vérité enfouie, inavouable, quelle ironie. Tel le fruit défendu de l'arbre de la connaissance, l'arbre à mensonges, qui vous susurre des tentations séduisantes comme le serpent d'Eden, va plonger Faith dans une abîme de noirceur qui pourrait la pousser aux pires extrémités. Faith va se penser mauvaise, pourrie jusqu'à la moelle, elle en a assez de se taire et de rester la jeune fille terne et silencieuse que tout le monde s'imagine qu'elle est. Une fille sans saveur, sans aucune initiative, et qui reste dans l'ombre. Faith est au contraire un esprit éclairé, à la stratégie très élaborée. Pleine de courage et d'audace, elle ne s'en laisse pas conter et en a dans le ventre. Son combat indirect, quoi qu'éloquent, face à cette société patriarcale, sans pour autant trahir sa dévotion sincère et émouvante envers son propre père, personnalité différente des autres hommes de l'île, bien fats et hypocrites, m'a beaucoup parlée et touchée. Ce qui fait de Faith pour moi un personnage honorable et fort louable. L'Enfer est pavé de bonnes intentions, mais elle saura trouver le chemin de la sortie en se rendant compte qu'elle est allée trop loin. Notamment avec le malmené Paul (qui méritait mieux).



En conclusion, j'ai trouvé ce roman jeunesse absolument incroyable. Il nous dépeint les différentes facettes de la femme, à quel point celle-ci est nuancée, dense et intelligente que l'homme pourrait la croire capable, et surtout les diverses armes qu'elle utilise face à cette société du mâle dominant qui l'étouffe.Faith m'a impressionnée de par son sang froid, qui va atteindre un climax de folie carrément dingue ; la mère, Myrtle, n'est pas à mettre de côté et à dénigrer, bien au contraire, je m'en veux de l'avoir jugée trop rapidement. D'autres femmes de l'histoire sauront faire preuve de dévouement, de bravoure mais aussi d'une férocité et d'une malice silencieuse à vous hérisser le poil. Quand au secret le plus enraciné de l'Humanité, difficile à dire si le pasteur y aurait trouvé la clé tant recherchée au bout du compte. Son acte de service délibéré et son sacrifice sur l'autel de la vérité l'honorent.



Cependant, ne serait-pas notre foi qui mettrait en lumière toute chose existante, notre croyance en des valeurs et des êtres immuables ? A méditer. En tout cas, mon verdict est sans appel : COUP DE FOUDRE ϟ A mettre entre toutes les mains cet automne. Frissons, mystère et palpitations garantis.
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L'île aux mensonges

Un roman remarquable... Peu tentée par les thèmes esquissés au départ (notamment le naturalisme), j’ai été emportée par la narration et n’ai pas lâché le livre avant de l’avoir terminé. La psychologie des personnages est d’une grande finesse, le travail de l’intrigue est intelligent, visiblement documenté... Il est rare de voir un roman jeunesse atteindre ce degré d’analyse et défendre avec une telle virulence la condition féminine et le rationalisme. Je le conseillerais cependant pour un public d’âge assez avancé, ne serait-ce que pour la noirceur d’une large partie du récit.
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La voix des ombres

Une fine dentelle !



Vous ne pouvez passer à côté de ce roman.

Le livre, en tant qu'objet, est absolument superbe. La couverture est très travaillée. Les reflets, les reliefs donnent envie de le caresser. Ses bords de pages verts ajoutent encore à la curiosité. Tout l'ouvrage appelle le lecteur.



En ouvrant les pages on se retrouve en Angleterre au XVIIè siècle.

Catholiques et protestants grognent. Le Parlement commence à se soulever contre le Roi Charles.

A Poplar, Makepeace vit chez sa tante et son oncle avec sa mère.

Cette dernière est une femme sévère, taciturne.

Elle tient à ce que Makepeace apprenne à se défendre des fantômes que la jeune fille peut voir, quitte à lui faire vivre les plus grands tourments.

De son père, elle ne sait rien.

Pourtant lorsqu'un fantôme prendra possession d'elle, elle devra faire face à une dynastie aussi puissante que terrible.



C'est un roman enchanteur oscillant en permanence entre ombre et lumière.

La cruauté des Hommes est omniprésente mais l'optimisme n'est jamais loin.

Les paysages sont grandioses - le château, les landes - et si bien décrits que le lecteur se retrouve loin dans l'espace et le temps.



L'écriture est d'une rare élégance en littérature jeunesse.

Les éléments sont distillés petit à petit, maintenant une attente chez le lecteur. 500 pages qu'on ne voit pas défiler.

L'univers est bâti comme une araignée tisse sa toile.

C'est d'une grande finesse et l'on se retrouve prisonnier de l'intrigue.



L'auteure s'affranchit de tous les codes du Young adult pour bâtir une fresque envoûtante.



Makepeace est un personnage complexe, terriblement attachant. Elle apprend de ses erreurs et grandit jusqu'à devenir une femme forte.



J'ai aimé chaque page et n'ai pu lâcher le roman jusqu'à la fin.



Une vraie dentelle, cette histoire me hantera longtemps et je ne peux que recommander cette lecture.
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