Autant Elvis a inventé le rock, autant Led Zeppelin a inventé le style mouvementé de la vie en tournée. C'est sexe, drogue et rock'n'roll de manière exagéré. Et pourtant, ce groupe a su exploiter le son brute du blues et du rock, inventant du même coup le hard rock.
Les quatre musiciens de Led Zeppelin ont travaillés d'arrache-pied pour leurs albums qui furent publiés entre 1968 et 1979. Puis, survint la mort du batteur du groupe, John Bohnam en 1980, ce qui met un terme à douze ans de cette vie trépidante.
Cette biographie, j'ai mis une semaine à en venir à bout, mais je suis heureux de l'avoir terminé. Ce groupe, je vais plus que l'admirer.
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Ce livre appelé roman par son auteur est un récit hybride qui ressemble de façon lointaine à un reportage sur la fermeture brutale des usines Daewoo en Lorraine et sur ses conséquences sur la vie des anciennes salariées de l’entreprise coréenne.
Le récit, discontinu mais développé selon un fil à peu près chronologique, est surtout construit sur les comptes-rendus d’entretiens avec les ouvrières licenciées mais incorpore également des apartés sur la trouble vie du PDG de Daewoo, des méditations sur la paysage vu d’avion, des extraits de la pièce de théâtre que François Bon a écrite sur le même sujet, des résumés d’articles de presse, des récits personnels sur les promenades de l’auteur sur les friches industrielles…
Comme dans un roman classique, l’auteur est mû par une quête de vérité et par un travail sur le langage. Comment rendre compte d’une réalité que la plupart des lecteurs de roman ignorent ? A ce propos, une citation très judicieuse de Rabelais en exergue du livre : « il est bien vray ce que l’on dit, que la moitié du monde ne sçay comment l’aultre vit ». François Bon veut briser l’indifférence de la majorité envers le désarroi, l’angoisse et le drame vécus par les anciennes ouvrières de Daewoo. Nul analyse idéologique mais un simple constat de souffrance et d’échec. Donner la parole à celles qui en sont généralement privées dans la sphère publique est un acte de solidarité. Derrière ce livre pointe cependant les limites de l’exercice : dans cette région meurtrie, François Bon est de passage. Il vient d’un autre monde et le jour où il repart d’où il vient, les femmes qu’il a rencontrées et qu’il a fait parler restent désespérément attachées à leur piquet sinistré. Je crois néanmoins que donner la parole à ces femmes est un geste qui vaut mieux que rien, mieux que l’indifférence.
De façon très intéressante, le livre est une illustration de certaines caractéristiques du langage : la langue comme barrière entre les groupes sociaux (la langue des fonctionnaires technocrates, la langue des media où ‘rien ne nous concerne’ dit une ouvrière), la langue comme barrière entre citoyens de différents pays (ici entre Français et Coréens), la langue comme marqueur social (dans une scène cruelle où les ouvrières sont invitées sur un plateau de télévision en compagnie d’hommes riches et instruits), la langue comme outil de fiction et de manipulation (et là paradoxalement, je ne pense pas à celle de l’écrivain mais à celle des hommes politiques, celle des syndicats ou celle des patrons), la langue comme outil de domination. La langue des classes dirigeantes ne décrit pas la réalité vécue par les classes populaires.
Ce livre fait écho aux idées développées par Zygmunt Bauman. C’est un témoignage sur une population pauvre, d’une grande vulnérabilité face aux aléas économiques. Il illustre la disparition du devoir de solidarité envers les plus faibles. Chacun pour soi. Cela peut marcher pour certains mais pas pour tous. Le problème n’est pas que des usines ferment. Car il est probablement illusoire d’espérer continuer à produire en France des produits peu sophistiqués qui sont maintenant fabriqués en Chine à un coût imbattable. La critique développée dans ce livre porte plus sur le choix fait par les politiques de subventionner des industries qui n’ont pas une grande espérance de vie et sur la brutalité et l’indifférence dont sont victimes les salariés de ces entreprises fragiles.
Certes le livre est parfois long et répétitif mais pour une fois que l’on donne la parole à ceux qui en sont privés, ne la leur reprenons pas trop vite.
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Comme des haïkus
En quelques mots, une histoire,
Qu'on devine en dessous.
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Soyons honnêtes : c'est la double fréquentation de Louis Dubost (créateur fondateur des éditions Le dé bleu) et de François Bon qui m'ont amené à lire cet opuscule consacré à Rabelais. Bien m'en a pris, puisqu'il m'a été donné de comprendre l'entrée de François Bon en écriture, à partir d'une expérience extraordinaire qu'a constitué pour lui la rencontre de Jean Audeau, très grand spécialiste de l'oeuvre de Rabelais.
Outre cette passionnante découverte, la plongée dans l'univers de Rabelais par la petite porte reste une aventure inoubliable. Marqué par Rabelais ? Certes et y revenant souvent.
James Sacré,lui, se focalise sur la braguette dont on peut imaginer l'importance pour Rabelais. Au sens propre et au sens symbolique. D'où une sorte de vertigineuse relecture de l'oeuvre de Rabelais, qui ne laisse pas indemne.
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Pour cette nouvelle édition, François Bon a intercalé, entre des blocs de textes, qui reprennent la parole des différents personnages, des réflexions ou explications sur l'écriture de ce second roman - et l'ensemble est passablement passionnant.
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Autobiographie d'un auteur ingénieur mécanicien : 10 ans d'usines dans le monde entier, et ce que ça a signifié...
Publié en 1992, dix ans après ses débuts littéraires, ce récit autobiographique raconte à sa manière bien spécifique les dix années de l'auteur entre les Arts & Métiers et sa décision de quitter l'industrie pour l'écriture, entrecoupées de quelques plongées dans l'enfance de ce fils de mécanicien et d'institutrice.
Ingénieur mécanicien, travaillant à la Sciaky, société qui reste aujourd'hui l'un des leaders mondiaux de l'ingénierie de soudure de haute technicité, le narrateur revient sur la vocation technique et mécanique, l'ascenseur social des années 70, le profond sentiment d'aliénation communiqué par la formation, la hiérarchie et l'usine, la fraternité et la camaraderie des missions difficiles, les usines anonymes dans le monde entier, le danger et les accidents du travail omniprésents, le blues progressif du technicien qui voit monter le pouvoir exclusif des financiers et des "faiseurs de vent", la fin d'un certain monde,...
Un texte qui en dit long sur l'érosion d'une certaine foi en la technique au quotidien, sur les racines de la désindustrialisation, mais aussi sur les pièges sociaux et humains qui y sont à l'œuvre, tout en constituant, en une centaine de pages, une formidable ode au métal, à la mécanique et à l'industrie comme combat avec la matière récalcitrante...
"Fantôme que l'école, alignement des laboratoires de chimie et de métallurgie, salles d'informatique et plus haut les dortoirs où maintenant la meute, deux mois passés, leur fichait la paix, compensant l'initiation et l"humiliation par cette intégration à une fausse république de privilèges, le sentiment d'une réussite définitive déjà jouée par l'abaissement d'abord accepté à cette comédie des visières, des deux cents hurlant leurs insultes et les tours à genoux sur le carrelage de la salle nue, mais le goût pris peu à peu des séances de cinq heures à composer sur épure d'une machine ou le calcul d'engrenages, l'écriture obligée de copies rendues noires pour exprimer même ce dégoût où on était de l'organisation sociale qu'on vous forçait à ingurgiter par le détail gestion des stocks, rentabilité et cette notion tout aussi calculable de travail masqué (on fouillait parfois dans les anciens dortoirs des moines pour lire les copies calligraphiées d'il y a un siècle, rien n'avait été jeté)."
"Accroupi un matin à six heures dans le fond de l'armoire de puissance pour revisser la serrure de sécurité desserrée, en sueur l'épaule gauche contre les trois barres conductrices du quatre cent quarante volts triphasé, tenant d'une main la clé et de l'autre le petit boîtier de serrure et voir soudain deux mètres au-dessus de sa tête s'enclencher le triple contacteur à relais, le quart de seconde qu'il faut pour s'éjecter d'une trappe et comment ça suffit à la plus violente peur, faute de la colère qui ne vient qu'après."
Déroutant par moments, exaltant à d'autres, ce récit touchera sans doute profondément celles et ceux qui ont (quelles qu'en soient les raisons) arpenté le sol inégal d'usines de mécanique, un peu partout, et fournira aux autres la chance paradoxale d'approcher un univers bien particulier, où le grandiose et le misérable sont étroitement associés.
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"Madeleine"
A dire vrai, la lecture d'"Autobiographie...." suscite chez moi un commentaire très subjectif. La raison ? Je retrouve à chaque chapitre les "choses" qui ont empli mon enfance et leur description s'approche (dangereusement) de ma propre perception.
Même génération, même contexte : les ressemblances évidemment font sens.
Ce qui me ferait dire qu'en fait François Bon a écrit ce livre ( en tout cas l'exemplaire que j'ai entre les mains) sous ma dictée hypnotique (ou l'inverse).
J'aurai découvert cette capacité à coller au plus près des intimités : une qualité que j'apprécie par dessus tout d'un auteur contemporain.
Contemporain, voilà le mot que je cherchais. A l'opposé de cette quête, je me retrouve aussi bien dans son engagement numérique.
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Ce « récit » déstructuré, est rédigé au plus près des impressions et des souvenirs détaillés et précis qui surgissent à l’occasion du décès du père du narrateur (qui est aussi l’auteur). Ce livre est un hommage à une lignée de garagistes, puis concessionnaires Citroën, le grand-père, puis le père de François Bon, dont le métier – par la proximité géographique du garage, de l’atelier, du magasin de pièces détachées, avec la maison d’habitation – a profondément marqué l’enfance de l’auteur : odeurs, sensations au contact des cuirs, des volants, des véhicules devenus terrains de jeux, prestige des engins, des moteurs, de la marque familiale. Tout un univers fait de souvenirs précis et de sensations, procédant de l’imaginaire de l’enfant, est ainsi recréé par une écriture blanche, sans effet de rhétorique, s’efforçant de poursuivre la notation juste, dans des regroupements sur des thèmes généraux (maisons, voix, véhicules), qui sont plutôt des occasions de rupture dans le récit.
On est touché par cet univers professionnel qui a tant marqué l’enfance de l’auteur, par la passion de ces mécaniciens pour leurs engins et leur métier, par la reconstitution de ce monde révolu des garagistes amoureux de leurs mécaniques. Toutefois l’écriture se veut essentiellement descriptive, parfois énumérative, et certaines accumulations de détails ne sont pas toujours aussi suggestives pour le lecteur que pour l’auteur. On n’est pas toujours sensible à la poésie de ces mécaniques d’antan...
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Un propos captivant et un style abscons. Autour de la question de l'avenir de l'écriture et de la lecture et de leurs supports - François Bon pose d'excellente question et ses notations sont toujours passionnantes: la déconstruction du récit, la fragmentation de la notion d'auteur, le rapport très intéressant à l'histoire des supports d'écriture (en commençant par des tablettes...d'argile :-)). Au moment où le livre électronique, les tablettes ou les téléphones changent le rapport physique à "l'objet livre", une telle réflexion est bienvenue.
Malheureusement le style de l'auteur, touffus, elliptique, et souvent volontairement "haché", rend la lecture du livre compliquée et parfaitement indigeste. N'est pas Barthes qui veut. A lire, donc, avec effort.
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Pour ceux qui ont aimé « Prison » la force de ce qui était dit par les mots des jeunes détenus, et surtout par la façon dont en parlait celui qui les avait rencontré, qui avait essayé de les deviner, qui avait provoqué leurs mots, ce qui était dit aussi de notre société et de ses marges et de la façon dont elles étaient produites, contenues, réprimées, qui avaient découvert ce que l'on peut saisir de la vie des prisons en venant de l'extérieur, il vaut la peine de se procurer cette nouvelle édition révisée, à cause de ce qui y a été ajouté, qui fait environ 70 pages : le rapport intermédiaire, réflexion sur cette expérience, la difficulté qu'entraîne le turn-over extrême – article – textes écrits par participants – courrier (fax) au responsable culturel de la prison – réflexion sur ce qui en reste plusieurs années après, humainement, pour l'intervenant, qui n'est pas le moins important et raison et justification du livre - et l'on peut ensuite reprendre la lecture depuis le début.
Pour ceux qui ne l'avaient pas lu, je conseille fortement de le faire (à tout ce que j'évoque ci-dessus s'ajoute, discrètement, souplement, sans s'imposer ni prendre le dessus, la beauté de la construction et l'écriture)
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L'un des achats effectués lors du Salon du Livre de Saint Malo. J'aime pas trop comment François Bon raconte l'histoire de Dylan, l'écriture est pas agréable (sur-utilisation du "On", comme si il se mettait dans la vie de Dylan... pas très lisible) mais une reflexion sur sa vie assez intéressante... Un peu long vers la fin (mais la fin de Dylan n'est pas super de toute facon :-|)
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300 pages de découverte d'un univers auquel je suis étrangère : une longue maturation de la technique, oui, pas seulement, mais cela passe par là, des ateliers d'écriture, la passation, la recherche des thèmes, des textes, des outils, les buts et ne pas en rester au pansement, et l'oralité, la contemporanité du regard, partir de Barthes ou Kafka comme plus directs pour revenir éventuellement aux classiques, la formation des enseignants, et puis la critique, etc... et finalement ce que l'écrivain lui-même en tire), avec un intérêt passionné malgré un regard par force frivole, non impliqué, futile parce qu'ignorant, parce que cela parle aussi un peu de notre rapport à la lecture, à l'écriture, au monde
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Pour une fois, ici, avec François Bon, on ne rigole pas. les deux sortis de prison ont de drôles de relations y compris avec leurs familles. Alors, ça grince souvent, ça ricoche dans des paysages gris, ça développe des amitiés tordues et quasi exclusives. Petite lumière que le Don Quichotte apporté en loucedé pour le personnage le plus intéressant. le seul qui ne finira pas dans une prison imposée ; il a déjà la sienne.
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« Ce que décrivent les lettres de la passion à peindre ou de la chronique d’une vie de village est alors comme démultiplié par le fait que nous savons les trous et les manques : Chaissac produit devant nous l’illusion d’une écriture globale parce que nous savons n’avoir affaire qu’à des fragments arbitrairement retrouvés. »
Brides glanées dans les premières pages du texte de François Bon « grands gestes effrayeurs (de Gaston Chaissac écrivain), la suite est à lire, avec la façon dont se combinent les deux vies celle de la campagne et du labeur, celle des galeries, des écrivains.
Et m’en vient une envie de les lire ces lettres, moi qui me contentais de contacts épisodiques et joyeux avec le peintre-sculpteur. Alors quelques brides péchées dans la première partie, que je conserve sans les développements de François Bon, pour trouver ma réaction propre à ces mots, mon imaginaire
« Et si les âmes étaient visibles avec nos yeux de chair nous en verrions de toutes noires, des régiments, et laides à faire peur. » et bien sur ce n’est pas simple jugement pessimiste, le noir est un révélateur, puisque bien entendu » Mais le noir est quand même une superbe couleur. »
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Ce fut une lecture très très intéressante grâce au travail de François Bon qui nous permet de comprendre mieux le monde de Lovecraft et la création de certaines de ses œuvres. Ce roman consiste en un grand nombre d'idées de Lovecraft dont une minorité ont été utilisés pour certaines de ses œuvres tel que les montagnes alluciné. Toutes fois je recommande d'avoir lu au préalable certains classiques de l'auteur et notamment le recueil de nouvelles Dagon dont on peut se servir durant toute la lecture pour mieux comprendre la raison de la création de certaines œuvres. Je souligne aussi le fait qu'il est intéressant d'avoir laissé la version originale pour se faire sa propre traduction. J'ai beaucoup aimé cette lecture et je la recommande.
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