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Critiques de François Bon (147)
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Après le livre

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



François Bon (photo) et Milad Doueihi, deux auteurs pour nous réconcilier avec le livre numérique. Lorsque les auteurs, éditeurs, lecteurs et amateurs de livres envisagent l’avenir en numérique, ils reprennent malgré eux l’air de la chanson «It’s a hard rain’s a-gonna fall» («Il va pleuvoir très fort !») de Bob Dylan. La déferlante numérique que l’on annonce a tout pour inspirer méfiance : d’abord, elle s’accompagne d’une frénésie consumériste qui tend à faire des nouveaux supports culturels (smartphones, tablettes, liseuses) les fétiches du XXIe siècle ; ensuite, cette nouvelle manière de lire repose sur une industrie massivement centralisée, laissant prévoir une structuration du champ proche de la dictature (ou, au mieux, de l’oligarchie) économique ; enfin, ce futur foule aux pieds un support qui fédère depuis des générations ceux et celles qui, parce qu’ils aiment la littérature, vivent parmi les livres - et qui en ont souvent dans leur poche.

Pourtant, il arrive également aux humains de devoir se détacher de leur propre sensibilité. Méfiance et nostalgie sont les mamelles bien connues de la réaction la plus aveugle, la plus vaine. Vous pouvez certes choisir d’avoir tort contre l’histoire. Mais l’écrivain François Bon et l’historien Milad Doueihi ont tous deux de solides arguments pour bousculer votre scepticisme. Et c’est en analysant le passé qu’ils proposent d’envisager l’avenir et de vaincre, bon gré mal gré, votre résistance à entrer dans la fameuse «ère numérique».

Milad Doueihi commence par rappeler que trois humanismes successifs ont été repérés par Claude Lévi-Strauss en 1956 et qu’ils tenaient chaque fois leur forme d’objets précis : ainsi, la redécouverte des manuscrits de l’Antiquité a donné lieu à l’humanisme aristocratique de la Renaissance ; la découverte des objets d’Orient et d’Extrême-Orient au XVIIIe siècle a engendré l’humanisme bourgeois universaliste, avant que la prise en compte de la culture dans son ensemble (y compris l’oralité et les formes éphémères) ne donne naissance au XXe siècle à l’humanisme démocratique. Ce bref rappel suffit à montrer que l’humanisme ne désigne pas un corpus de valeurs fixes, et qu’il évolue avec le temps. Or le numérique a introduit plusieurs mutations qui, loin de s’opposer frontalement à lui, exigent d’en revoir les configurations et de le repenser. Car «la mutation induite par le numérique touche d’abord à la stabilité de l’espace [culturel] dans toute sa diversité».

Quels sont donc ces fameux bouleversements ? Le premier est géographique. En quelques instants, un même texte peut être immédiatement lu et traduit aux quatre coins du globe. L’architecture du savoir s’en trouve modifiée : elle voit émerger une culture hybride, à la fois matérielle et virtuelle, articulant le vivant et la machine, mais surtout créant des modalités d’échanges inédites. C’est ainsi que se trouve redéfinie... l’amitié : en revenant à Aristote, à Cicéron et à Bacon, Milad Doueihi ne se moque pas (comme il arrive souvent) des «amis» virtuels, mais pointe l’originalité d’un tissu relationnel organisé en «plateformes» où c’est la relation elle-même qui circule. Dans ce contexte, Facebook incarne le danger d’une récupération commerciale, car le réseau est bien plus grand que cette petite entreprise, et les données y sont mutualisées d’une manière qui eût fait rêver les Anciens... D’ailleurs l’Antiquité, éprise d’anthologies et de recueils de citations, anticipe à bien des égards la culture à venir : celle qui, articulée autour du «fragment» numérique, privilégie déjà les formes brèves, le feuilletage des identités, la dynamique interpersonnelle. Si l’avenir n’est pas tout rose, il se partage donc entre des héritages contestés et des idéaux inspirés par la nature du numérique. Dans ce contexte, les valeurs humanistes sont en crise, mais certainement pas menacées.

Mais qu’en est-il de l’objet livre ? Telle est la question que se pose François Bon. L’angle choisi par l’audacieux créateur du site Remue.net, qui fut l’un des premiers à publier des textes exclusivement en ligne, est moins large que celui de l’historien, mais non moins ambitieux : à partir d’une sorte de phénoménologie de l’utilisateur, il tâche de rendre compte de ce que deviennent la lecture, l’écriture, et même la littérature, lorsqu’elles « migrent » du papier vers un support numérique. Par une suite de clics aussi plaisants qu’autant de petites nouvelles, il témoigne ainsi d’une expérience qui trempe dans l’histoire littéraire des intuitions souvent justes. Par exemple, il observe que la lecture numérique est plus discontinue qu’avant ; mais il remarque aussi que l’éclatement de l’attention était déjà vrai avec un livre, quoiqu’il n’y fût pas inscrit... De même, il reconnaît que l’écran rétro-éclairé nous contraint de renoncer à la plaisante symbolique de la lampe allumée dans la nuit ; mais le corps ne trouve-t-il pas une compensation à se trouver enfin émancipé de la sacro-sainte table, ou de la position assise ? Toujours très suggestif, François Bon remarque souvent la pérennité de certaines fonctions. Ainsi, les nostalgiques du papier sont comme on sait très attachés à l’épaisseur du livre, mais c’est, dit-il, parce qu’ils ne sont pas encore sensibles à sa traduction verticale. Ceux qui sont nés avec le numérique naviguent déjà de haut en bas avec le même plaisir que nous d’avant en arrière. Cependant, les analyses les plus intéressantes sont encore celles qui montrent que le numérique fait de nous tous des éditeurs. En effet, chaque lecteur peut désormais déterminer à sa convenance les réglages du texte ; publier sur un blog sans avoir l’impression de trahir son intimité ; désarticuler le recueil des Fleurs du mal, dont l’ensemble en réalité fut toujours artificiel. En somme, François Bon rappelle que la littérature n’a jamais visé à fabriquer des livres, mais des mondes. Et dans le monde hybride qui commence, elle ne peut manquer d’avoir sa place. Il faut pourtant rendre justice aux sceptiques : ces analyses montrent que, le plus souvent, ce qu’on annonce comme révolutionnaire (la bibliothèque mondiale...) n’exprime que des rêves anciens, et que la révolution en cours se trouve dans des germes qui commencent à peine à pointer.
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Après le livre

C'est le premier livre que je lis au format numérique sur le Kindle d'Amazon installé sur mon PC. Il est vendu 2,99 € au format Kindle au lieu de 17, 10 € au format papier.

C'est un essai assez dense et touffu sur la lecture et le livre comme technologie intellectuelle et matérielle. Il montre combien la lecture est tributaire des technologies du livre, ou plutot des supports de l'écrit, et combien elle a évolué au cours du temps.



Pour l'auteur, nous sommes déjà dans l'ère post-livre. Stimulant !
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Autoroute

Une histoire étrange qui se passe dans un monde étrange... Je dois bien reconnaitre que je ne me suis jamais posée la moindre question sur ce qui peut bien se passer sur une autoroute.

Ces quelques jours hors du temps de la "vraie vie" sont déroutants au sens premier du terme, tant il vous font sortir du cadre d'une normalité un peu trop balisée... Les personnages rencontrés sont étonnants, et pourtant on a le sentiment de pouvoir les croiser au coin de sa rue.

Ce qui n'empêche pas de l'humour, de la poésie (très belles descriptions des paysages ou de la nuit tombant sur l'autoroute), et beaucoup de finesse.

En un mot j'ai beaucoup aimé, sauf peut-être la fin, un rien trop facile. La disparition d'un des deux protagonistes entrainant l'arrêt de fait d'une aventure qui aurait mérité une vraie conclusion.
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Quoi faire de son chien mort ?

Courtes, très courtes pièces – ou très brefs levers de rideau – théâtre de mots sans rien – belle oralité reconstituée
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rencontre avec le dernier descendant de Cha..

Une rencontre avec celui qui se dit le dernier descendant de Charles Baudelaire, un étrange énègumène qui veut apporter un nouveau regard sur l'oeuvre de son ancêtre.

court petit ouvrage qui amène à reconsidérer ses positions sur Baudelaire et sur la poésie du XIXe en général
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Autoroute

Un intéressant Road movie littéraire. Caméra sur l'épaule et carnets de notes à la main, le récit d'un voyage sur l'autoroute à la rencontre du prévisible, de l'habituel...
Lien : http://www.publie.net/fr/ebo..
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Un fait divers

Redonner vie à un fait divers. En place d'un scénario auquel il renonce une suite de monologues. Par la voix de chaque protagoniste, l'homme, la femme, l'amie, le compagnon de cette dernière, l'inspecteur de police, un acteur, le metteur en scène du film projeté à partir de cette histoire, voix intérieures avec la distance nécessaire à la profération sur un plateau, se trouvent redits l'action, le passé, et même ce qui a suivi, et ce qu'est le monde, la société où cela a lieu.
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Hoboken, plan fixe

l y a l'eau qui est le nerf des villes (pas toutes), les alvéoles où nous vivons, et

« On sait vaguement encore l’orientation, et où l’artère principale, qui vous ramènera. Un carrefour a ses lois propres : à peine un coin de rue, mais c’est celui dont on se souvient de la cabine téléphonique, ou d’un accident de voiture, ou bien parce que c’est le chemin pour aller chercher le pain. Cherchez en vous-même combien vous portez de coins de rue, cherchez à comprendre pourquoi on mémorise avec tellement plus de précision le coin de rue ou le carrefour que la rue elle-même : parce qu’on y bute contre le vide ? »

vide, parce que la ville évoquée par les photos et par le texte le renvoie à Hooper, à un âge déjà ancien, qui pour ma ville est perdu dans les brumes de l'avenir.

Monde d'immeubles, de voies et de terrains vagues (de pont aussi et des plages désertes) vu dans le flou, l'indécision, le vide du sténopé.

« La maladresse apparente du sténopé c’est nous rouvrir l’écriture depuis l’amont : la possibilité même, peut-être, de gommer la ville, d’en revenir à notre seule énigme, passion du signe, passion de l’abstraction. Nous-mêmes par une géométrie définis. »

et c'est la ville, descendante très lointaine de la mienne - non, sans filiation, autre, à une autre échelle, mais où circulent, vivent les mêmes humains, façonnés un peu par cet univers qu'ils s'approprient pourtant pour y loger leur vie... jusqu'aux dernières lignes

« Nous n’avons plus qu’indifférence quant à nos routes : puisque les villes qu’elles joignent sont pareilles. Alors on s’assoit là, sur le parking. On est dans sa voiture, on a mis une musique. On attend le camion, des écouteurs aux oreilles. On a mal au monde. »
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Quoi faire de son chien mort ? : Et autres ..

La littérature théâtrale devrait-elle obligatoirement passer par la déconstruction/reconstruction du langage pour être reconnue comme contemporaine? François Bon ne semble pas déroger à cette "règles" en usant d'une langue convulsive, spasmodique, inversée (à la manière de l'anglais: venu je suis) et amalgame les paroles des personnages avec les didascalies. Si cette écriture trop recherchée peut nuire à la beauté des situations présentées, elle offre tout de même un réel plaisir de lecture (mais je plains les acteurs et les metteurs en scène...)


Les 5 courts textes montrent à chaque fois les réactions possibles d'individus confrontés à des imprévus, à des événements douloureux: la mort d'un chien, une rupture conjugale, une mutilation sordide, une disparition. Les personnages évoluent dans un monde urbanisé, sur des lieux de passages et de rencontres possibles: paliers, cages d'escalier, rue. Souvent avec humour, François Bon dessine les travers d'une époque ou l'individualisme et le consumérisme étouffent notre propre humanité. C'est ce qui rend ce livre attachant. Mais est-ce suffisant pour présenter ses textes sur une scène?
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Commonplace Book

Ce livre est la traduction du célèbre carnet de notes de Lovecraft - une curiosité et une lecture réellement intéressante pour les admirateurs ou les amateurs d'HPL.



L'éditeur a eu la bonne idée de le publier en version bilingue... ce qui permet au lecteur également bilingue de relever d'assez nombreuses et étonnantes erreurs de traduction. Bien sûr, la traduction n'est pas une science exacte... il ne s'agit toutefois pas ici d'aménagements sémantiques mais bien d'erreurs manifestes.



Trois petits exemples au passage : "weirdly" traduit par "sauvagement" (confusion avec 'wildly', sans doute...), "motto" (mot généralement traduit par 'devise' ou 'maxime') traduit par "motif", "farm-dotted valley" (une vallée constellée, parsemée ou jalonnée de fermes) traduit par "une ferme dans une vallée...".



Cela ne serait pas si irritant s'il n'y avait également les annotations du traducteur (François Bon), visiblement déterminé à afficher son érudition et un ton d'écrivain sérieux (par opposition, je suppose, à un simple "fan de Lovecraft" - cf. notamment ses références récurrentes aux motifs de l'escalier et du livre chez HPL)... mais qui réussit surtout à montrer une pédanterie assez insupportable et, ce qui est plus grave, mâtinée d'erreurs élémentaires. Deux exemples au passage :



- Walter Gillman, le protagoniste de "Dreams in the Witch House", présenté comme le narrateur de la nouvelle alors que celle-ci est racontée à la troisième personne (et que le personnage en question meurt à la fin).



- Plus gênant : M. Bon écrit que Clark Ashton Smith (un des "trois mousquetaires" de Weird Tales avec HPL et Howard) était "un personnage important" dans la vie de Lovecraft (en effet, ils étaient amis et correspondaient régulièrement) car il était (accrochez-vous) "rédacteur en chef de Weird Tales" (tiens donc...) et qui (je cite, pour prouver que je n'invente rien) "ne lui a jamais permis d'accéder au rêve d'un livre publié de son vivant.". Tout cela est évidemment totalement inexact. Monsieur Bon a manifestement confondu ce pauvre Clark Ashton Smith et Farnsworth Wright, le rédacteur en chef de WT à l'époque... Au-delà de la maladresse, j'avoue ne pas du tout comprendre comment un écrivain qui connait Frank Belknap Long et cite ST Joshi peut tout ignorer d'un auteur comme Smith (ce serait un peu comme si un spécialiste de Victor Hugo ne voyait pas du tout qui était Charles Nodier) ou faire preuve d'une telle légèreté... Il semble en tous les cas s'être pris les pieds dans le tapis (peut-être celui qui recouvre les marches de l'escalier lovecraftien récurrent).



Olivier Legrand
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50 Micronouvelles

On va s'essayer à la micro critique :



Enchanté par l'idée.

Déçu par la forme.

Frustré par le contenu.



... Bon en fait c'est pas si facile.

Néanmoins, j'ai plus eu l'impression d'avoir eu des petits fours par auteurs (sans oublier la présentation de son livre avant histoire de faire un petit coup de comm). Rien de bien rassasiant, ni même appétissant par moment.

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Rock'n Roll : Un portrait de Led Zeppelin

Comme à l’accoutumée et avec grand renfort de documents voire d’expériences vécues, François dresse une fresque sur les groupes et chanteurs majeurs des années 60-70.

Tout part ici de ce fameux concert de mai 1975 à l’Earl Court de Londres auquel l’auteur se rendit avec des amis depuis son Anjou natal dans « une Opel Kadett brune ». Puis c’est la fascination immédiate pour cet ange blond, chemise ouverte sur torse velu (Robert Plant), ce guitariste empli des riffs les plus fabuleux (Jimmy Page), ce bassiste-organiste discret et efficace (John Paul Jones) qui colle si bien à la frappe de bûcheron de ce batteur monolithique (John Bonham).

Et c’est justement par ce batteur que l’on commence, John Bonham, des environs de Birmingham – qui, avec Robert Plant, représente l’envers « prolétaire » du groupe – mort le 25 septembre 1980 et qui mettra fin au groupe tant il en constituait l’alchimie. Pourtant, quand Jimmy Page le voit sur scène et veut absolument le recruter, John Bonham n’y croit pas trop : il veut bien « dépanner » sur une tournée mais pas plus. Car le groupe s’est formé sur les ruines des fameux Yardbirds dans lequel défilèrent quelques guitaristes qui s’y sont fait les riffs et ont depuis laissé quelques traces : Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page. Et puis il y a bien sûr quelques anecdotes : ainsi l’origine du nom du groupe « Lead Zeppelin » [de l’anglais « lead » (prononcé « lède »), le plomb] viendrait d’une plaisanterie de Keith Moon, batteur des Who, voit tomber le « a » de Lead sous l’influence de Peter Grant.

La lecture se fait donc au gré du temps et des albums (en tout huit), François Bon s’ingénie à brosser le portrait de chacun des membres du groupe. D’abord il y a John Bonham, celui qui apprend la batterie dans une caravane puis finit par demander des modifications techniques aux fabricants qui s’empressent de lui faire essayer gratuitement ; Jimmy Page qui apprit la guitare par hasard, parce qu’il s’ennuyait dans la maison de ses parents et qu’un visiteur l’a oubliée un jour et qu’à la radio passait un morceau d’Elvis que Jimmy se mit en devoir de vouloir reproduire. Ce qui le conduira à devenir un musicien professionnel dès 16 ans, un de ces fameux « requins de studio ». C’est aussi le cas de John Paul Jones, le bassiste-organiste, qui lui vient d’une famille de musiciens saltimbanques et qui n’est pas toujours pour rien dans la création zeppelinienne : arrangeur de cordes, pianiste et bassiste émérite, on lui doit le riff d’entrée du fameux Black Dog qui ouvre le Led Zeppelin IV.

A force, tout ce beau monde se croise dans les studios et finit par jouer ensemble. On notera que souvent des parties de guitares dans les albums des grands groupes comme les Rolling Stones sont de Jimmy Page. On sait aussi que John Paul est le pianiste qui officie sur leur fameux « She’s Like a Rainbow .» Quant à Robert Plant, il est recruté un peu comme Bonham, parce que sa voix de bluesman a fait le tour de l’Angleterre et du monde du rock et que Jimmy Page le voit sur scène et repère son potentiel.

Ainsi va le livre, François Bon part dans le passé, revient à ce qu’il appelle les « horloges », temps forts de cette aventure du rock, où les dates sont marquées et marquantes, zoome avant et arrière, explique la composition de telle ou telle chanson, l’ambiance de tel ou tel album, de tel ou tel concert, toujours sous la houlette du massif Peter Grant, producteur et organisateur en chef secondé par le fameux Richard Cole qui entraîne souvent l’excessif Bonham dans des frasques sexuelles, alcoolisées et emplies de drogues diverses. On peut expliquer la prise de drogues par le nombre des tournées, la pression croissante et les marathons surhumains des concerts qui durent jusqu’à trois heures de temps. C’est aussi l’époque où l’on ruine les chambres d’hôtel, où l’on fait scandale, où l’on saccage et où l’on finit par être interdit ici et là. Mais tous les excès n’ont eu guère qu’une issue pour les deux batteurs les plus fous et géniaux de ce monde trépidant, Keith Moon et John Bonham, même destin à deux années d’intervalle. Dans la légende aussi, on apprend que Jimmy Page avait racheté la propriété d’Aleister Crowley, le sulfureux écrivain occulte du début du siècle dernier et qu’il reste fasciné par le personnage allant jusqu’à racheter à prix d’or les manuscrits le concernant. Le rock et les déviances occultes et diaboliques ont toujours fait bon ménage. Encore est-ce un signe des temps ?

Mais ce qui est, à mon sens, fascinant c’est l’aspect technique de composition et d’enregistrement de cette époque. Par exemple, dans Headley Grange, vaste manoir anglais, on place la batterie au centre et on décale les micros ; Jimmy Page a besoin de faire fabriquer une double manche 12 cordes et 6 cordes pour interpréter Stairway to Heaven sur scène et pour la petite histoire se fait offrir une Fender Télécaster achetée en Californie par Jeff Beck et sur laquelle il joue le solo dudit Stairway .

En quelques albums et en 12 années de création intense, Led Zeppelin a rejoint le panthéon des grands groupes de rock. A cause des riffs acérés de guitare distordue, on les assimile au heavy métal, les considérant comme les inventeurs de ce courant. Mais à la lecture de cet ouvrage, on apprend mieux que les influences de Led Zeppelin sont diverses, copiant parfois les grands du blues (deux procès pour plagiat notamment de Willie Dixon pour Whole Lotta Love qui reprend ses paroles) mais aussi partant de cette alchimie qui fait un grand groupe et où chacun apporte : Jones, le classicisme, Page, le blues et le folk aux guitares accordées en DADGAD (Ré-la-ré-sol-la ré = accordage pour jouer Kashmir)), Plant les paroles issues de ses lectures de fantasy et Bonham le martèlement wothanien des vikings de ma chanson préférée : Immigrant Song dans l’album III.

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Sortie d'usine

Sortie d’usine est une lecture passionnante et indispensable pour mieux comprendre les enjeux socio-industriels actuels.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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Bob Dylan : Une biographie

Comment devient on Bob Dylan?



C'est ainsi que commence cette biographie fascinante et érudite, et c'est en effet bien la question.

Comment devient on cette icone, qui aura révolutionné la musique à moins de 25 ans, qui sombre dans les drogues et la panne d'inspiration, et qui pourtant revient encore et toujours nous gratifier de bonheurs inattendus (Rough & Rowdy Ways).



Sans arriver à percer le 'puzzle' que Dylan prends tant de soin à construire (Cf. Chroniques), François Bon nous donne des clés, certaines connues et d'autres moins.



Côté pile : apprendre de tout (quantité de chansons connues par cœur), apprendre de tout le monde (je suis admiratif !) et mixer toutes ces inspirations (musique et poésie), mettre à mal à chaque album une convention bien établie (chanson de 7 minutes, double album, mi acoustique mi électrique, etc), et ce détachement incroyable qui lui permet de suivre ses idées contre son public (tournée de 1966) et que je trouve fascinante avec notre regard de 2020.



Côté face : un peu de chance (comme le fait que ce soit l'harmonica qui lui permette au tout début de commencer à se faire connaître), ne pas s'encombrer de relations auxquelles on ne tient plus sans avoir le courage de le dire (Suze qui apprend cela de la bouche de Joan lorsqu'elle monte sur scène chanter don't think twice et dire qu'il s'agit d'une relation qui a trop duré)...,



Une lecture passionnante, enrichissante, en tout cas personnellement j'ai adoré !
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Société des amis de l'ancienne littérature - Re..

Critique complète de Philippe Castelneau



Source : https://philippe-castelneau.com/2020/08/02/francois-bon-societe-des-amis-de-lancienne-litterature-tiers-livre-editeur/



Court extrait de la critique : "Société des amis de l’ancienne littérature : à la fois manuel d’écriture, analyse du récit fantastique et recueil de nouvelles. D’abord, la mise en place du dispositif, puis la mise en abîme, avant la plongée dans l’abîme."
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Proust est une fiction

Proust est une fiction

François Bon

Seuil (Fiction & Cie), 2013



François Bon qui a déjà fait des biographies de musiciens de rock comme "Rock'n roll. Un portrait de Led Zeppelin", "Bob Dylan : une biographie", n'a pas son pareil pour nous faire connaître ces artistes, et surtout nous les faire revivre dans leur époque.

Cette fois-ci, il change de registre en s'attaquant à Proust, avec un résultat tout aussi bluffant.

Cela aurait pu être une lecture fastidieuse, mais la découpe en une centaine de thématique, qui sont autant d'entrées dans l'œuvre de Proust en fait un texte très agréable que l'on peut lire d'une traite, de façon plus espacé ou même dans le désordre.

Avec ce texte François Bon nous donne envi de lire ou relire Proust avec un nouvel éclairage : Proust a vécu à une période pendant laquelle il y a beaucoup d'évolutions technologiques (l'aviation, le téléphone, l'automobile...). Ce parti pris est intéressant car c'est également une façon de nous faire réfléchir au monde dans lequel nous vivons, qui connaît lui aussi une grande mutation technologique.

Une lecture que je recommande à toutes les personnes qui aiment la littérature, ainsi qu'à toutes les personnes qui souhaiteraient lire Proust, mais qui auraient "peur" de son oeuvre, car ce texte nous rend Proust plus abordable.
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Daewoo

Le sujet est intéressant, mais je n'ai pas "accroché", l' ensemble me semblant un peu confus.
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30, rue de la Poste

Le résumé me paraissait tentant car j'aime les livres où l'histoire est racontée à la manière de chacun de ses protagonistes cependant c'est loin d'avoir été le cas ici...

En effet, je me suis malheureusement ennuyé lors de ma lecture n'accrochant pas du tout à l'histoire. Malgré un ou deux personnages au profil et à la vie

quelque peu plus intéressante, je n'ai pas aimé le prolongement entre leur situation et celle des autres. Le texte en lui-même, d'ailleurs, ne m'a pas comblé non plus. Je m'attendais à beaucoup mieux.
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Autobiographie des objets

Les objets de son enfance sont l'occasion pour l'auteur de passer en revue ses souvenirs et le temps qui s'est écoulé depuis. Je n'y ai pas vu de profondeur mais beaucoup d'ennui.
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Autobiographie des objets

Merci pour ce tour historique de nos gestes communs et si forts en nous.

Les maisons de famille dont on garde la nostalgie, par la simple restitution du rôle de cloches de la bâtisse comme l'ambiance illustrant les fonctions définies de chacun.

Je ressors nimbée d'images personnelles, réactivées vers ma conscience par la succulente description des livres de références... diverses

Merci
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