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Citations de François Nourissier (199)


La grande dame qui craint pour ses bas, la vieille qui prétexte l’hygiène pour repousser un coup de langue, les plaisanteries un peu lourdes de tel ami aux pieds redoutables : j’ai appris à me méfier de ces personnages. A tous il manque un peu du naturel, de l’animalité qui font les bons compagnons. (Ce sont les mêmes qui redoutent les orangeades trop glacées, qui disent “un doigt de vin, pas davantage…”) Parfois, quand il s’agit d’aveux publics et de gens considérables, je suis bien embêté. Par exemple je n’aime guère que Simone de Beauvoir, racontant sa première visite à Colette, avoue lui avoir dit qu’elle n’aimait pas les animaux, ni qu’elle ait suspecté l’amitié de Colette pour ses chats.
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Ne crois surtout pas que ça aille tout seul, cette lettre, cette fausse lettre. On va choquer les humanistes. On va prêter le flanc - si tu me passes l’expression - aux plus rudes critiques. (…)
Toi si grincheuse à l’endroit du monde extérieur, si méfiante envers tout ce qui n’est pas nous, je m’aperçois pourtant que tes années sont tissées de ces parties joyeuses qu’il serait injuste de passer sous silence. Chaque matin, à mon réveil, tu me rappelles - leçon sans prix - que la gravité est une grimace repoussante et que seules comptent les fêtes de la vie. Puissé-je m’en souvenir au jour de la grande peine de ton départ - si je suis là pour la souffrir.
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Écrivains, nous ne présentons l'intérêt que d'offrir des mots à la tribu, de mettre en mots ses songes, ses cauchemars. J'aime l'expression écrivain public. C'est le métier que nous exerçons tous. Nous rédigeons les lettres d'amour, pétitions, sollicitations et gémissements de qui ne sait pas tourner la phrase.
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Accomplir des gestes d'homme dans les lieux qui vous ont vu enfant, confère à tout ce que l'on entreprend un aspect irréel, l'air d’une comédie dont on serait seul à discerner le bluff.
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Quand on met le pied dans les idées générales, on glisse.
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Mon vélo dérapa et le tête-à-queue me jeta dans un groupe d'hommes et de femmes dressés sur la pointe des pieds. Ils essayaient de mieux voir. On me retint de tomber, en maugréant. Puis la petite foule soudain s'ouvrit, et à trois mètres de moi surgit, tendue en avant par l'instinct de fuir, d'échapper à ce cul-de-sac, figure de proue abominable, une femme sans âge, le torse nu, tondue, le visage et le crâne barbouillés de peinture rouge. Des types la retenaient par ses deux bras qu'ils tordaient en arrière, l'offrant à la foule comme du gibier crevé, une dérisoire statue de victoire dont le mouvement, l'élan animal faisaient saillir deux seins très blancs sous les dégoulinades de minium.
Tout cela, en moi, précis et brûlant comme si la scène s'était déroulée hier et avait duré très longtemps, me laissant le loisir de la détailler : la croix d'or entre les seins de la femme; la petite culotte de jersey bleu, souillée, déchirée, qu'on lui avait laissée pour tout vêtement; le rictus qui lui tordait le visage - supplication, terreur - alors que sa bouche tuméfiée crachait encore des injures. Les justiciers portaient des casques sur la nuque, des cartouchières et, à la ceinture, d'énormes étuis à revolver pris sans doute à des sous-offs allemands. Sur leurs visages passaient des ombres ignobles : jactance, rigolade. Et puis soudain un souffle de panique, la peur qu'on la tuât, leur proie, la pauvre pute dont ils avaient rasé les cheveux, arraché les vêtements Dieu sait avec quels attouchements obscènes, sur laquelle ils avaient peint cette croix gammée dont les branches coulaient en bavures écarlates vers le cou, les épaules, le visage convulsé de leur victime.
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Si l'on éprouve tant de mal à parler à ses enfants, c'est aussi qu'on ne peut rien leur dire. Dès que la vie tangue, mieux vaut se taire si l'on ne veut pas tourner à la caricature. Il n'y a de vie que privée, et sur celle-là, bouche cousue. Restent les principes, les idées générales, la marche du monde, et "Te-sens-tu-prêt-pour-ton-examen?" - autant dire la ronce, bonne à être arrachée.
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"Il couve quelque chose..." Le mot lui convient. Il couve, oui, l'œuf pourri de ce viel amour. Il croyait, enfant, que les bébés morts-nés sont des charognes, de la viande verdâtre que la femme expulse et qui pue. L'autre soir il a vécu une naissance de cette sorte. La position même qu'a prise Victoire, tendant son sexe aux baisers de Burgonde, était celle d'une femme qui enfante. Elle expulsait d'elle l'amour de Burgonde et elle l'a abandonné, elle n'a pas voulu jeter les yeux sur lui. La porte de la rue a claqué et Burgonde est resté seul à bercer le petit cadavre. Humide, son pyjama lui colle au cou. Le jour blanchit les fenêtres et la pâte nocturne peu à peu reprend consistance, durcit. La vie l'attend. Non. La vie ne l'attend plus. Elle a fait son plein, la vie. Elle n'a plus besoin de ce passager exténué.
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Les vêtements étaient informes, comme les veut l'élégance de l'époque.
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On répète volontiers à son fils : "Tu es chez toi, ici..." Mais le fait de le dire n'est-il pas déjà l'aveu d'une supercherie ?
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Sans la foi, le folklore réactionnaire n’est que dandysme et simagrées
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Tu laisses ton rêve prendre le large parce que tu as peur de le regarder de trop près.
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Je m'aperçois, et suis le premier à en sourire, rassurez-vous, qu'insensiblement ma chronique a pris le ton d'une "défense de Louis Aragon"... Comme s'il avait besoin de moi, ce persifleur, ce duelliste aux bottes imprévisibles ! Si j'ai glissé à cette facilité, c'est que tel article m'avait exaspéré, et qu'en moi, s'agissant de cet écrivain, l'affection le dispute toujours à la solennité de rigueur
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Dans une petite rue, derrière le musée de Cluny, devant la façade aveugle et muette d'un bordel de dernier ordre, on avait assis deux femmes sur des chaises, en haut de quelques marches, où le trottoir formait une espèce de surplomb. Elles restaient exposées là comme autrefois elles l'eussent été au pilori. Les mains de l'une étaient liées derrière son dos, l'autre les avait posées sur ses cuisses marbrées de bleus. A toutes deux on avait arraché leurs vêtements, dénudés les seins. Des types montaient la garde autour d'elles, repoussant les excités d'une crosse négligente ; d'autres avaient fini de tondre la plus grosse, à laquelle ils peignaient maintenant une croix gammée sur le crâne, d'où lui coulaient sur le visage des bavures noires.
- C'est aux fesses qu'il faudrait la lui peindre !
On voyait des touffes de toison rousse sur le trottoir. Ils tenaient levée la tête de l'autre en tirant ses cheveux et bonimentaient à gros mots sales. Les ciseaux, que manipulait une sorte de larve en culotte de golf, ne parvenaient pas à trancher la tignasse noire. On vit surgir une de ces cisailles qui servent à élaguer les haies, qu'on se passa sous les applaudissement. Un type tira plus fort sur les mèches qu'il avait saisies à pleine main et la femme fut légèrement soulevée de la chaise ; elle gémissait , de façon un peu ridicule, de sorte qu'on ne la prenait pas en pitié. En quelques claquements , les deux énormes lames firent de la malheureuse un épouvantail, dont, s'écartant, les deux hommes montrèrent aux spectateurs le visage livide, bosselé de coups, les yeux fous.
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Nous étions à la fin de janvier, dans ce creux de l'hiver où les courages s'épuisent.
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Ce que je nomme désert est une vie à quoi manquait le goût du bonheur.
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Le petit bourgeois, contemplant sa voiture neuve, croit avoir souscrit une assurance contre le temps. Son trésor est fait d'acier, de tôle, de laque, matières dures qui revêtent l'apparence et le brillant de la dureté. Rien sur ses surfaces ne paraît pouvoir marquer. Mais à peine le véhicule est-il en route que le supplice commence : la boue qui gicle s'attaque au mécanisme de la voiture, la fumée de la gauloise absorbe le parfum de la virginité plastique ou animale des sièges, les cahots, chocs, trottoirs, cailloux mettent en cause le fonctionnement même des organes. Commence alors pour l'automobiliste une période de terreur nerveuse et de désespoir. (p. 250)
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Je me suis souvent demandé, au long des insomnies, quand j’écoute ta respiration, quand tu pèses de tout ton abandon sur ma jambe ou mon dos, ou lors de ces quelques nuits blanches passées à te veiller, je me suis demandé ce que signifient ces excès de ma tendresse pour toi, cette peur viscérale de te voir souffrir ou de te sentir menacée.
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L'âge ne demande nul respect, mais pas non plus d'être humilié.
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Que la vie nous tue à petit feu, quoi de plus sûr ? Au moins espère-t-on donner du goût au bouillon et, à la cuisson, certaine allure. A prétendre être en possession de la recette, je mentirais.
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