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Critiques de François Nourissier (78)
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À défaut de génie

Ecrire était son dernier plaisir, le seul que le grand âge daignait encore lui accorder, et il l'a perdu. François Nourissier, écrivain à l'ancienne comme on le dit de certains artisans, ne connaît plus la volupté de noircir des pages, de griffonner, de raturer, le bonheur d'user ses chères pointes Bic sur du papier épais, la douceur de coucher ses regrets ou ses remords dans des draps de vélin. Rattrapé sur le tard par une vieillesse qu'il a simulée trop tôt - l'a-t-on jamais connu autrement qu'avec sa solennelle barbe blanche?-, celui qui fut longtemps un malade imaginaire, doublé d'un véritable hypocondriaque, est en effet atteint de la maladie de Parkinson.



«Miss P.», ainsi l'appelle-t-il dans ce livre, est la compagne intraitable et menaçante de ses derniers jours. Il lui doit de perdre la mémoire, de compter les trois heures de répit, de lucidité, que le petit matin de la littérature veut bien lui concéder. Elle le contraint désormais à dactylographier ses lettres personnelles, au pied desquelles grelotte une maigre signature. Elle lui donne «une démarche pâté de foie», un air d'hydrofoil aplati, elle le fait s'agripper, dans les escaliers, à l'épaule d'inconnus et, saisi d'une ivresse d'abstème, tituber, l'été, sur la passerelle d'un bateau. Dans les dîners où jadis il brillait, les plats soudain lui échappent, chaque bouchée est un calvaire, la sauce coule, la conversation se fige, il bafouille, flageole, gêne et, comble du supplice pour ce conteur-né, il ennuie. On sait que François Nourissier ne s'aimait guère, maintenant il se dégoûte: «Je me rêvais hêtre, chêne, me voilà tremble - vert d'eau, pâleur d'os - frissonnant dans les rafales de mon automne.»



Ce livre de 803 feuillets impeccables, de 670 pages au cordeau, ce livre qu'il n'a pas pu écrire, il l'a tapé, «en état de perdition», sur une vieille Hermès 30, modèle 1958. On l'imagine, tel Glenn Gould recroquevillé sur son Steinway, pianotant avec rage pour que s'efface le corps abîmé et que jaillisse, d'une antédiluvienne machine à écrire, le son pur, la note claire - la musique qui restera. Et il y parvient, le bougre. Et c'est sa revanche, et c'est notre récompense.



Dans une prose nerveuse, il nargue cette maladie qui ramollit les muscles. A sa mémoire vacillante, il arrache des souvenirs précis et justes, ce sont ses «Variations Goldberg». La main est traître, pas le style - du vif-argent. Certains jours d'épuisement, celui pour qui «être écrivain aura été une certaine façon de vivre» aspire même à mourir dans son paragraphe, la tête venant cogner sur l'AZERTY familier comme le comédien en scène ou l'amant, au déduit. Car, fidèle à son devoir de sincérité, François Nourissier ne donne pas seulement ses Mémoires - il récuse le mot, il a tort -, il veut aussi qu'on assiste à la naissance douloureuse de chaque chapitre, au combat quotidien qu'il mène contre le temps pour parvenir au point final, à ce «Maintenant c'est assez joué, cassez-vous. Du balai, du vent, ouste!» par quoi, excédé, il salue la compagnie. Et se congédie lui-même.



L'auteur du «Petit Bourgeois», qui n'en est pas à sa première autobiographie, prenait le risque de se répéter, de macérer «dans son jus», selon sa formule préférée. La question se pose en effet au seuil de cette ultime confession: qu'a-t-on encore à apprendre d'un homme qui a déjà raconté la mort de son père, en 1935, dans un cinéma du Raincy, le juvénile amour des chevaux, la passion des grosses cylindrées qui fleurent le cuir souple et la ronce de noyer vernie, la compulsive folie des grandeurs et des maisons - château en Cévennes, villa dans le Luberon, châlet en Suisse, maison à Auteuil - où l'on reconnaît les entêtés qui n'ont rien reçu et tout acheté, qui pensent avoir mérité ce dont ils n'ont point hérité?



Cela fait presque quarante ans que, dans ses multiples précis de décomposition, cet écrivain gâté incline à l'expiation et s'exhibe en se fustigeant. Combien de fois n'a-t-il pas écrit, forçant toujours plus le trait, gravant le cuivre jusqu'à se faire mal, qu'il était disgracieux, faux mince, pansu du devant, avachi du dos, trop porté sur la pizza et le chocolat, lâche en public, infidèle en privé, caméléon, nul au lit, mauvais père, inapte à devenir «un colosse de la littérature» et incapable de s'identifier au notable qu'on stigmatise quand, au fond de lui-même, il se rêverait «anar»? Combien de fois n'a-t-il pas revu et corrigé cet autoportrait accablé tout en peaufinant, au point-virgule près, sa brillante copie de premier de la classe?



«A défaut de génie» ne serait donc qu'un nouveau volume d'aveux à verser au dossier si, par la faute de «Miss P.», il n'avait été composé dans l'urgence, la panique, la nostalgie, la colère - «Je jette des souvenirs à mon livre comme on jette des bouts de gras aux chiens. Bouffe! Bouffe!» -, et cette lumière crépusculaire qui lui donne aujourd'hui tout son relief, et sa raison de paraître.



Parodiant Herriot, on pourrait dire de cette somme: c'est ce qui reste quand l'auteur a tout oublié. Du long cortège de relations mondaines et de fausses camaraderies qui encombrent sa mémoire, le gardien de ruines ne sauve, quitte à froisser les absents, qu'une poignée d'amis exemplaires: Marc Soriano, Clara Malraux, Edmonde Charles-Roux, Bernard Privat, Georges Borgeaud, Mario Prassinos, Jacques Chessex, Jean d'Ormesson et Maurice Rheims. Des maîtres qui l'ont jadis adoubé, il ne veut conserver, négligeant Chardonne et Morand, que le souvenir charmeur d'Aragon, «polygraphe piaffant, crêté, protéiforme», dont il parle comme un fils de son père spirituel.



Seules les femmes qu'il a aimées incitent à l'exhaustivité celui qui confesse n'avoir pas réglé son affaire avec les garçons. Et pour cause, elles ne sont que six, dont trois qu'il a épousées. A la Martiniquaise catholique, à la fille d'une Libanaise chrétienne et surtout à Cécile, alias Tototte, Franco-Américaine juive qui partage sa vie depuis quarante ans, le patriarche girondin doit d'être à la tête d'une «extended family» où se fondent couleurs et religions.



Enfin, d'une vie dont il prétend avoir goûté si peu d'épisodes, l'élève du manège du Panthéon ne retient que «les années de cheval, une embellie». C'est là que, à force de gratter l'animal, il a trouvé son style, celui d'un écuyer. Il aurait voulu écrire des chefs-d'oeuvre, il prétend n'être parvenu, «à défaut de génie», qu'à imposer un talent, celui des «écrivains à mi-voix». Il se regrette sans gémir.



Rien ou presque, en revanche, sur ce qui a occupé l'essentiel de sa vie: l'édition, où il tient qu'il a perdu son temps; la critique littéraire, dont on sent bien qu'il l'a exercée comme on dîne en ville; l'académie Goncourt, sur laquelle il passe parce qu'elle donne de lui un portrait qu'il déteste («on ne s'habitue pas aux injures, on ne se bronze pas»); et les honneurs, que peut-être il néglige aujourd'hui pour les avoir autrefois obtenus.



Dernier grand écrivain au sens où on l'entend dans les manuels scolaires, c'est-à-dire jouissant d'une autorité et d'une surface sociale, François Nourissier s'applique à effacer de sa biographie l'image du notable au moment précis où, en France, la littérature a cessé d'être une grandeur d'établissement. Il ne cache pas avoir voulu réussir et s'y être même ingénié: salué, en 1951, pour son premier roman par Nimier et Chardonne, entré à la NRF grâce à Dominique Aury et à Jean Paulhan, flirtant avec les communistes sous l'égide d'Aragon, qui pour l'amour du «Maître de maison» démissionna de l'académie Goncourt, «tricotant pendant trente-huit ans la bonne et la mauvaise légende de la maison Grasset», Nourissier n'évoque sa carrière que pour mieux signifier combien il s'y est brûlé les ailes. Maintenant qu'il est trop tard, cet homme «blessé» (l'adjectif revient sans cesse) constate que ses propres livres ont fait les frais de «cette revue de café-théâtre», que le potentat a ombré le musicien de la langue française et que pour s'imposer il a manqué à cet indécis politique - il fuit Mai-68 pour la Suisse ou ignore ce qu'est un QHS - de savoir choisir «une stratégie de colère et de terrorisme».



Partageant le destin contrarié de François Mitterrand, homme de gauche que la droite fascinait, François Nourissier est un homme de droite qui a sans cesse été attiré par la gauche. Il se flatte par exemple d'avoir sacrifié au culte du TNP et de n'avoir pas raté Vilar quand ses pairs lui préféraient les salles à l'italienne et le style «Pierre-Fresnay-Figaro»; il rappelle avoir collaboré à «France-Observateur»; il ne veut poser pour la photo finale que sur l'estrade d'Aragon; il n'attribue son goût des privilèges qu'à son besoin de camoufler ses origines modestes; et il est fier de présenter sa famille destructurée et pluriculturelle aux tenants de l'ordre bourgeois. De cette obstination à prouver qu'il n'est pas celui que la légende a figé dans l'or et le pourpre ou de l'acharnement à faire que la littérature rachète sa vie, on ne sait ce qui nous émeut le plus dans cet ultime livre écrit contre lamaladie. Si le style, c'est l'homme, Nourissier peut dormir tranquille.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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À défaut de génie

"A défaut de trop mal vieillir, François Nourissier a donc achevé son histoire française ce 16 février 2011. « Notable des lettres », « mandarin des lettres », « éminence grise », président de l’Académie Goncourt de 1996 à 2002 ; très bien, c’est très bien....



http://www.denecessitevertu.fr/
Lien : http://www.denecessitevertu...
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À défaut de génie

Nourrissier se raconte, au soir de sa vie. Evitant l'ordre chronologique, il évoque ses passions, ses rencontres, ses plaisirs, sa conception de la vie, de l'amour, de l'amitié, de la littérature. Beau livre, grand style. Je recommande.
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À défaut de génie

A défaut de génie(comme par exemple Louis Aragon),on peut avoir de multiples talents comme François Nourrissier.Alors on écrit ,on écrit de tout, sur tout,partout ,dans tout,je pense qu'il est mort comme il a vécu de la fièvre d'écrire.Etrange maladie.Des imparfaits du subjonctif à foison ,aux néologismes savoureux ou incompréhensibles,c'est convulsif compulsif,enivrant.Toujours original, bien que la filiation soit connue :anar de droite,fasciné par les communistes ,amoureux un peu,ne s'aimant pas plus qu'il n'aime autrui,se défendant mal d'avoir été "contraint d'accepter" des places en vue ,etc....ça sent la pose :"que vais-je bien pouvoir écrire sur un sujet qui me distingue".Oui c'est cela un homme distingué pour ce qu'il n'est pas,et il en souffre;et distingué ,dandy,mufle,émouvant.Bref mille personnages de romans à lui tout seul.Ou plutôt d'esquisses de personnages pas aboutis,en rade à la dixième page,mais que l'on retrouve un peu changé à la onzième et ainsi de suite,parfois sur une seule page il en joue dix d'un coup;un styliste mais à la point Bic;
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À défaut de génie

J'ai découvert cet auteur grâce à la critique de lecassin publiée dans Babelio sur À défaut de génie, récit autobiographique au titre vraiment génial. J'en ai aimé la construction non linéaire, souvenirs livrés pêle-mêle dans une langue impeccable et qui nous fait pénétrer au coeur même du milieu littéraire parisien; ses portraits des plus grands écrivains français sont livrés avec justesse ainsi que son rapport avec la maladie et la fin de vie, décrits avec autant d'autodérision que de lucidité. J'ai souvent eu recours à Internet pour compléter ma lecture car dans une vie d'écrivain telle que celle qu'a vécue François Nourissier, événements et personnalités ont foisonné. Une lecture à la fois émouvante et fascinante.
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À défaut de génie

Voilà le livre qui m’a fait découvrir François Nourissier, un auteur que j'ai dédaigné pendant de longues années, ne le croisant qu'à la télévision lors des remises de Goncourt. Pourquoi cet homme m'a-t-il si longtemps rebuté ? Ses lunettes ? C'est vrai que je n'aimais pas ses lunettes…

Il aura fallu une émission de Bernard Pivot, en 2000, pour que je découvre cet homme lucide et sensible décrivant sa haine et son dégoût de lui même dans ce monument d’introspection qu’est « A défaut de génie ». D’abord, le titre m’attire, somptueux, court, mais tellement révélateur de l’état d’esprit de l’homme. Je me précipite chez le libraire et dévore les 660 pages du bouquin… C'est un choc !

Et cette façon de parler de Miss P, alias Miss Parkingson, la maladie qui finira par l'emporter…

Une découverte bien tardive. Son premier ouvrage date de 1951…

Mea culpa… Mais quel plaisir de penser qu’il ne me reste pas moins de vingt-cinq livres à découvrir du même auteur : « La crève » et « En avant, calme et droit », lus depuis cette découverte, ne m’ont en effet pas déçu.

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Allemande

Quel plaisir que de (re)lire François Nourissier , un peu oublié de nos jours malheureusement .

"Allemande" est un roman splendide sur l'adolescence qui plus est vécue en période de guerre .

Lucien , l'alter égo de François Nourissier , nous conte ses premières amours , ses doutes nombreux ainsi que ses joies et ses peines .

On découvre une jeunesse insouciante mais grave confrontée au STO , à la faim , au rationnement mais qu'éclairent les yeux des filles .

François Nourissier nous raconte également les combats de la libération de Paris qui le verront participér de très loin mais surtout perdre sa virginité dans les bras d'une combattante .

Un roman lucide dans lequel il n'épargne ni les collabos ni les résistants de ses sarcasmes .

Et puis quelle langue magnifique que celle maniée avec un talent énorme François Nourissier , me rendant presque sympathique l'emploi du subjonctif imparfait , une langue qui se perd de plus en plus malheureusement .





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Allemande

Le premier roman de François Nourissier que je lisais. J'ai été énormément déçue sans doute parce que j'attendais trop de ce grand écrivain. Je n'ai pas apprécié la manière dont il traitait le sujet, lié à l'occupation de Paris et la libération.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Allemande

Un roman d'apprentissage. Lucien Lechade, alter ego de François Nourissier est étudiant à Louis Le Grand. L'époque est particulière : Printemps 1944. Pour Lucien, le bac est en ligne de mire comme le sont les Allemands pour les Alliés qui préparent le Débarquement en Normandie. Le problème de Lucien c'est de trouver sa place . Irrémédiablement il se sent " à côté" , en porte-à-faux. A Louis Le Grand, ses condisciples sont pour la plupart des fils de bonnes familles . Même si Lucien accapare les meilleures notes en philo et en histoire , un fossé invisible sépare l'aisance des uns de la poussive bonne volonté de l'autre. Lucien se dote alors d'une carapace hautaine faite de sarcasme et de cynisme qui lui permet de cacher la provenance "honteuse" de ses origines : une famille petite bourgeoise besogneuse qui "crèche" rue Saint-Séverin au 3e étage d'un immeuble populaire.

Luc, un ami de Lucien, l'invite alors chez lui et lui présente sa soeur Noëlle. S'ensuit une relation compliquée où les différences sociales constitueront comme autant de blocages à l'épanouissement amoureux des deux tourtereaux.

"Allemande" est un roman qui fait inévitablement penser à L'Education sentimentale de Flaubert. Il y a du Frédéric Moreau dans Lucien. Nés tous les deux à une "mauvaise époque" , Lucien, comme Frédéric à la Révolution de 1848 (et comme Fabrice Del Dongo à Waterloo...) , assistera aux péripéties de la libération de Paris sans y prendre vraiment part et sans rien y comprendre. Il aura le sentiment comme ses grands frères en littérature du siècle précédent "d'être passé à côté de l'Histoire".

Roman d'apprentissage, roman de formation. On sait l'adolescence être un âge délicat sinon ...ingrat. Lucien n'échappe pas à la règle. Les évènements servent de décor à l'élaboration du "moi" adulte. Les peines de coeur se mêlant inextricablement aux péripéties de l'Histoire.



L'ironie sous-jacente parcourant tout le roman, et le style très particulier de François Nourissier (phrases courtes et sèches, sans pathos, distanciations et ellipses...) concourent au plaisir du lecteur, même si la lecture se doit d'être attentive car l'auteur est friand de coq à l'âne et de raccourcis abrupts.

Tout Nourissier , le "pape" des Goncourt, l'homme de droite un peu conservateur qui aurait pu être un "Hussard", l'écrivain à l'intellect acéré jamais dupe des grandes envolées idéalistes (beaux passages dans "Allemande" , où collabos comme résistants prennent leurs lots de sarcasmes..) , et bien , oui, tout Nourissier est déjà dans "Allemande". On retrouvera plus tard , dans d'autres oeuvres, les avatars du petit Lucien Lechade : des hommes qui ne s'aimaient pas et qu'une "infirmité" du moi empêcheront de dire oui à la vie.
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Autos graphie

Que dire de cet essai si ce n'est qu'entre lui et Cyrano, il n'y a pas photo…

...

Facile aussi de parler de ses propres expériences exotiques, ainsi m'en vais-je vous conter notre aventure en BMW Z4 sur les routes bien balisées de Belgique. Ainsi, nous voilà partis, cheveux aux vents, sourire au lèvres, petite valise dans le coffre (qui est énorme par rapport aux autres cabriolets que nous avions testés…) et prêts pour l'aventure, la vraie. Allez, un petit week-end, une excursion facile pour faire le tour des cimetières non encore visités (bon d'accord, ça fait glauque mais c'est pour la bonne cause, généalogie quand tu nous tiens), première étape à une cinquantaine de kilomètres de la maison et le chemin nous était bien connu, mais c'est l'aventure et nous voilà embarqué dans une magnifique chaussée inconnue dont le nom donne des frissons à qui aime l'histoire. Chaussée de Brunehaut qu'elle s'appelle, c'est pas rien quand même, une princesse wisigoth devenue reine des Francs, ça en jette ! Et tout commence gentiment, une belle chaussée bien pavée, bordée de beaux arbres aux cimes ensoleillées, et l'on entend bien le gazouillis des oiseaux, et l'on profite bien de la bonne odeur de la campagne, et doucement, on s'est enfoncés après une dizaine de kilomètres dans ce qu'il faut bien appeler un chemin de terre semé de cailloux, truffé de bosses et de fosses, de plus en plus étroit et qui semblait se terminer dans une douce prairie dont l'accès ne se faisait plus que par quelques tracteurs courageux. Chaussée de Brunehaut qui un temps fut peut-être le chemin des carrosses entre Florenville et Arlon mais qui depuis longtemps, abandonnée aux fermiers peu scrupuleux et surtout peu soigneux, l'ont laissée en jachère, oubliée, perdue et tout à fait impraticable pour une voiture de notre temps qui plus est un cabriolet bas sur roue. La conclusion, une marche arrière pour le moins laborieuse, une heure de perdue, beaucoup de stress et finalement, un énorme fou rire à chaque fois que l'on parle de notre fichue chaussée. Voilà, vous ai-je fait rire, je ne crois pas ; cela vous a-t-il apporté quelque chose, je ne crois pas non plus ; ainsi en est-il de cet essai qui parle bien mais qui n'émeut point !

...



Comme auteur, il a eu des hauts et des bas, eh bien ça ne m'étonne pas ! Ce que j'ai lu ici montre surtout beaucoup de pédanterie et de snobisme et un peu de racisme et de misogynie aussi : « J'expose mes voitures, mes excès (en voiture), mes fantasmes (en voiture), mes amis (bien connus et via la voiture) et mes convictions (très légères ces dernières et toujours, en voiture) ». Pas de sociologie ni de philosophie, juste une liste de voitures auxquelles il associe quelques événements de vie très peu transcendants pour moi…

Pour être tout à fait honnête, la voiture pour moi n'est qu'un objet qui sert à se déplacer, et donc, le lyrisme dont l'auteur use et abuse pour parler de ses automobiles me passe bien au dessus de la tête. Et si un essai, c'est parler de soi au travers d'une de ses passions, le genre ne me plaît pas non plus…

Une lecture barbante, 147 pages de pur ennui !
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Autos graphie

Nourrisier évoque en une vingtaine de courts chapitres sa passion de l'automobile. Plaisant, vite lu, plein de réflexions intéressantes, dans le style Nourissier.
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Bratislava

Comme il m’est déjà arrivé de le signaler ici, j’ai découvert sur le tard François Nourissier alors qu’il publie « A défaut de génie ». Et depuis, c’est toujours un ravissement pour moi quand au hasard d’un vide grenier d’été, d’un bouquiniste, je tombe sur un de ses nombreux ouvrages ; cette prose, précise, maîtrisée, ciselée, parfois… élégante, souvent…



« Bratislava », Grasset 1990, est un texte très largement autobiographique, de l’écrivain vieillissant, qui se voit vieillir et qui l’assume sans complaisance, « Je vais, accompagné de mes petites misères, comme une jument suitée de ses poulains : je les regarde gambader. »

Un petit opus composé de petits chapitres thématiques, très largement axés sur le vieillir et la vieillesse ; quelques textes sur le la ville, le pays auquel on appartient , « N'est-elle pas importante, la ville où l'on a eu vingt ans ? » , quelques piques aux politiques ; et puis cet éloge à la femme enceinte, « J’ai toujours trouvé belles, désirables, émouvantes les femmes enceintes… »



Une découverte tardive, disais-je… Quel bonheur ! Il me reste de nombreux ouvrages à découvrir.

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Dictionnaire des Genres et notions littéraires

C'est bien
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Dictionnaire des Genres et notions littéraires

Un dictionnaire pratique qui permet de voir rapidement tout ce qui a été dit sur telle ou telle notion. Il est utile pour retrouver des ouvrages connus qui traite un notion littéraire. A la fin de chaque définition, on a la liste bibliographique à laquelle l'auteur a fait appel.
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Eau-de-feu

Dans ce récit autobiographique, François Nourissier témoigne de la maladie de Reine son épouse, alcoolique. Il ne s'épargne pas, mettant en lumière son aveuglement, son propre rapport avec l'alcool, les alcools plûtôt, le cauchemar au quotidien de cette addiction. Et puis bien au delà, il a une réflexion sur le couple, la vieillesse, sur les terribles scènes qui accompagnent cette dépendance.

Une confession sans complaisance, extrémement touchante et humaine qui évite l'indécence et l'impudeur, avec une écriture extrémement joyeuse et érudite pour masquer les douleurs.
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Eau-de-feu

Je ne connaissais pas François Nourissier (80 ans) avant d'avoir lu une interview de lui dans "Le Point", cet été, à l'occasion de la sortie de son nouveau roman, "Eau-de-feu". En fait, ce roman n'en est pas vraiment un dans la mesure où l'auteur témoigne de l'alcoolisme de sa femme, Reine. Enfer qui a duré 5 ans avec rechutes, mensonges, cachettes découvertes, angoisses... Dans un style épuré, sobre et poétique, François Nourrissier s'interroge sur le pourquoi de cette "maladie", sur son propre aveuglement, sur l'amour et le couple face à l'épreuve du temps. Un très beau texte. Très touchant aussi.
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Eau-de-feu

Le témoignage de l'auteur peut surement aider des couples vivants le même combat mais j'aurais préféré des mots plus simples.
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Eau-de-feu

François Nourissier a livré un récit bouleversant sur la passion qu'il a vécu avec sa compagne. De son écriture éblouissante, il nous décrit sans voyeurisme, mais avec des mots d'une justesse infinie, les embellies et les tempêtes de son couple, la plongée pernicieuse de REINE dans l'alcoolisme, la vieillesse, la rage de travail d'un grand écrivain comme lui. La description intense, d'une scène de ménage, non pas la leur, mais celle de n'importe quel couple, est bouleversante de vérité. L'érosion de l'amour passion est merveilleusement imagée. Les rires, les pleurs, la douleur, les faux semblants procurés par l'alcool sont racontés avec sobriété mais puissance. Les signes du vieillissement et le combat à mener contre eux sont montrés avec réalisme. Ce livre est constellé de phrases sublimes qui restent à l'esprit longtemps après l'avoir refermé.
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Eau-de-feu

Avec ce style particulier, ce verbe froid incisif et sec, l'auteur nous plonge dans la descente aux enfers de son couple. L'auteur n'est pas complaisant envers lui-même et nous livre le récit de sa culpabilité, de ce prince charmant devenu mari.
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Eau-de-feu

Le narrateur est atteint de la maladie de Parkinson. Son épouse souffre d’alcoolisme. Servi par un style classique truffé de subjonctifs, ce récit autobiographique d’un homme au soir de sa vie ne m’a pas touchée. Trop de froideur peut-être.
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