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Citations de François Roux (158)


La soirée du nouvel an se déroulait au coeur de là ville, dans un hôtel particulier privé qui impressionna Rodolphe aussitôt qu'il s'en approcha. Ainsi des gens vivaient là-dedans, se dit-il. Des êtres humains y vivaient, y dormaient, parcouraient à grandes enjambées les escaliers et les salons surchargés de mobilier ancien, allaient aux chiottes - bordel, aux chiottes! - dans ce monument historique qui avait tout d'un musée et surtout rien d'une habitation. Il ne pouvait se résoudre à le croire. Il déplia le papier que lui avait remis Gabriel et vérifia plusieurs fois qu'il ne s'était pas trompé d'adresse. Aucun doute, c'était bien là.
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- j'ai toujours eu une âme de sprinter, rappelle-toi, dis-je. C'est dans les derniers mètres que je suis le meilleur.
Tanguy me sourit, sans réellement comprendre ce que je viens de formuler. Il ne se rappelle surement pas que cette phrase, il me l'a sortie le jour où j'ai décroché mon bac, à l’issu des émeuves de rattrapage. Je m'en souviens, moi, parfaitement.
-on est tous les trois des sprinters, non ? ajoute Benoît sarcastique. Ce n'est pas dans les derniers mètres que tout se joue pour nous ?
Tanguy saisit l'allusion et s'en amuse.
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Le pays était bel et bien coupé en deux.
Depuis plusieurs mois – et dans la France entière –, on se répandait en injures, en hypothèses, en pronostics avec, à gauche comme à droite, la même ferveur et une égale mauvaise foi.
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Ce que Benoît souhaitait en vérité, c'était se frotter à la réalité intrinsèque des êtres pour pouvoir fixer les corps et les visages dans ce qu'ils avaient de plus fragile et de plus impermanent, à tel point que la présence de la mort, - qu'il avait lui-même côtoyée dès son plus jeune âge - paraissait constamment en filigrane de son travail. Les corps des uns et des autres, riches ou pauvres, reconnus ou délaissés, s'apparentait à une figure abstraite destinée à être engloutie dans la course irrémédiable du temps. Certains auraient sans doute souhaité que sa démarche représente un acte politique mais Benoît n'était poussé par aucune volonté revendicative. Il se contentait d'observer et de favoriser par son attitude en tant que photographe l'émergence d'un instant magique où l'être humain - quels que soient sa renommée ou l'état de son compte en banque - finissait par se dévoiler tout à fait. L'extrême dénuement le troublait, c'était clair, mais pour des raisons qui échappaient à la plupart des gens - et peut-être aussi à lui-même. Son intention n'était jamais de dénoncer ni de "faire réel" - il détestait ce mot. Il ne croyait d'ailleurs à aucune réalité possible, pas plus qu'il n'admettait que son travail puisse receler un aspect purement psychologique ou documentaire. Pour lui, il n'avait pas d'autre objectif que son propre désir de représenter le mystère de l'état du monde, en tout cas tel qu'il apparaissait à ses yeux. Pas plus qu'il ne faisait du social pour se conformer à une éthique utilitariste ou pour se décharger d'un quelconque poids moral il ne faisait de la mode pour vendre du rêve.
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Souvent, Nicolas se prenait à imaginer ce que ses parents auraient pensé de tout ça, de lui, de l'effroi qu'ils auraient très probablement ressenti à constater l'échec patent de leur fils aîné à se sortir de ce merdier. Toute leur vie, ils avaient travaillé comme des esclaves, se levant six jours sur sept à 4 h 30 du matin pour vendre des chaussures sur des foires ou des marchés ambulants, terminant leur journée à 18 heures - le temps de remballer des centaines de paires de pompes dans leurs boîtes à carton, de déconstruire leur échoppe éphémère, de la ranger morceau après morceau dans leur camionnette, de reprendre la route pour rentrer chez eux et d'y dresser le bilan comptable de leur journée - se couchant à 22 heures après un repas frugal, reproduisant exactement le même schéma le matin suivant, excepté le lundi qu'ils consacraient aux nécessaires obligations domestiques. Sa vie d'enfant puis d'adolescent s'était réglée sur les horaires insensés de ses parents. Très tôt, il avait su ce que travailler signifiait et impliquait. Sa perte d'emploi le renvoyait à l'excès de travail de ses parents. Le vide de sa vie renvoyait au trop plein de la leur.
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De nous quatre, il était le seul que j'imaginais être un jour capable de déployer ses ailes et de s'envoler bien au-dessus de la bêtise, du mensonge et de la médiocrité. C'est tout le contraire qui est arrivé. Ce sont la bêtise, le mensonge et la médiocrité qui ont eu sa peau.
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Dans les moments de crise, les gens pensent à leur survie, pas à celle de la planète.
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On passe à côté de 95% de son existence, il faut juste arriver à profiter des 5% restants (p. 179)
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"et si le bonheur était la plus grosse arnaque de ce siècle et de tous ceux qui l'ont précédé ? Et si le soucis d'atteindre le bonheur était précisément la chose qui nous faisait le plus souffrir ?Ceux qui, comme moi -et des milliard d'autres-, sont trop faibles pour renoncer complètement aux ambitions délétères de leurs désirs, devraient simplement se contenter d'espérer sans rien attendre."
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On réussit quand on emprunte des voies que personne n'avait eu le culot d'emprunter avant soi, pas quand on se contente de suivre des routes déjà toutes tracées par des imbéciles; on réussit quand on est capable de créer une pensée neuve qui s'élève au-dessus des idées communes ; on réussit quand les autres se retournent sur vous avec de l'admiration ou même de la haine et qu'on est capable de les ignorer parce que seuls importent le but implacable que l'on s'est fixé et la tâche qu'il reste à accomplir pour l'atteindre.
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A cet instant, comme aux plus beaux jours de notre adolescence, nous avions le sentiment d'être purs. Nous ne savions plus rien, ni de l'injustice, ni de la mort, ni de la vacuité du pouvoir, ni de la puissance de l'argent, ni de l'absurdité du monde. J'aurais voulu que le temps cesse à jamais de s'écouler, qu'il se fige pour l'éternité sur l'intensité de ce moment que, ce jour-là plus que jamais,
je savais éphémère.
Et si le bonheur d'une vie était constitué justement de la fragile accumulation de secondes aussi merveilleuses que l'était celle-ci. Nous avions tellement voulu grandir et nous frotter à la vie que nous en avions oublié de préserver la plus belle de nous-mêmes: notre innocence.
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Nous avions tellement voulu grandir et nous frotter à la vie que nous en avions oublié de préserver la part la plus belle de nous-mêmes : notre innocence.
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Les années vous débarrassaient de l'inconstance et de la précarité naturelles de l'adolescence. Elles vous sculptaient un visage neuf qui n'était pas tant l'empreinte du temps que la véhémente affirmation de ce qui se dissimulait sous les apparences et l'abandon de l'inutile au profit de l'essence même de l'être. On ne vieillissait que pour devenir ce que l'on était déjà, au plus profond de soi.
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Il est toujours troublant de découvrir comment le cadre où quelqu’un a ses habitudes témoigne de la vie qu’il a menée avant de nous rencontrer, comment la réalité de cette existence se traduit par un ensemble de signes qu’il nous faut déchiffrer si l’ont veut élucider son caractère ou sa personnalité. Des objets, des tableaux, certains meubles, les livres ou magazines qu’il lit, un encombrement inattendu, une collection d’objets saugrenue et fétichiste. C’est parfois aussi l’absence de choses, la rareté des signes qui, à l’inverse, en dit long.
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Le vrai mensonge est celui qu'on se donne à soi-même, pas celui qu'on donne aux autres.
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Il affichait la décontraction naturelle de ceux qui ont une confiance illimitée en ce que la vie leur réserve , une qualité parfaitement déconcertante - et même effrayante - pour tout individu un tant soit peu enclin au scepticisme et à l'introspection.
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Une pensée le traversa et il réalisa brutalement -comme un uppercut que l'Entreprise lui balancerait en pleine figure- que l'ambition ultime et inavouée du capitalisme moderne - celui qui avait, en vingt ou trente ans, remplacé le capitalisme plus ou moins paternaliste de ses années de jeunesse - était de mettre en place des process destinés à se débarrasser systématiquement et méthodiquement des êtres humains, une opération en quelque sorte assimilable à un vaste génocide des travailleurs du monde entier. Bien que le système les désire de plus en plus nombreux à consommer, il les souhaitait, dans le même temps, de moins en moins nombreux à produire.
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Elle eut soudain la conviction que les droits élémentaires des êtres humains semblaient ne plus avoir leur place dans la résolution de l'équation que posait le nouvel ordre mondial. La violence si, de toute évidence. (page 207)
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Deux mondes parallèles profitant des ressources du même sol, l'un horizontal, l'autre vertical,se confondaient sous ses yeux.La trace de la nature et celle de l'homme, aux intérêts opposés dans ce cas précis. (p.54)
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Une pensée le cloua sur place. L'adolescente qu'il avait accompagnée s'était subitement muée en une jeune femme à la détermination manifeste. Adèle n'était plus sa petite fille chérie, elle avait grandi d'un coup, il ne la reconnaissait plus, elle était devenue une autre personne, une étrangère d'une certaine façon. Le père en lui fut ébranlé, comme si une part de son intimité, la plus vibrante, la plus sacrée sans aucun doute, venait brutalement de lui être arrachée.
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