reviendrai vers François,
aujourd'hui voici ma traduction d'un poème écrit par David Lehman
Villon
par David Lehman
En ma trentième année,
Ivre, pas étranger à la disgrâce,
Je souris comme un imbécile d'une oreille à l'autre
Malgré les larmes sur mon visage,
Moi le clown, condamné
Sur ordre de Thibauld d'Assole,
Menacé et même damné
Par le faussaire avec la crosse à la main.
L'évêque, un vrai cul de cheval,
voulait que mon souper soit sa merde.
Au diable ça. Je préférerais fumer de l'herbe
Et adorer la fontaine sacrée de l'esprit.
Garçon, j'ai été nourri d'une croute de pain dur
et d'une cruche d'eau lors d'une marche de huit kilomètres.
Chaque nuit épuisé je me couchais
Et rêvais d'elle dont j'aime le parfum.
A ceux qui m'ont causé le chagrin
Qui s'étale dans mes poèmes, Je dis que
j'ai fleuri comme un amandier en feuilles.
Pendant des années, chaque jour j'ai écrit des poèmes
Et j'ai ri de ceux qui croient
que "aime tes ennemis" a du sens.
Puissent les poètes, qui savent tout,
éloigner vos illusions et déplaisirs.
Je prie pour vous, je prie pour tous ceux
qui méritent la miséricorde de Dieu.
Mais moi qui suis tombé avec la chute d'Adam je ne dis qu'un mot : merci.
Je remercie tous ceux qui m'ont fait souffrir,
m'ont infligé des douleurs, ont enflammé mon cœur,
ont excité ma virilité comme un amant
et m'ont appris que la romance est un art.
Certains de mes ennemis peuvent
me rejeter comme une grande gueule
Mais ils regretteront le jour
Où mon nord a conquis leur sud
Et l'acte a vaincu le mot.
Pourtant, je dirai une ligne à la louange de celui
qui m'a laissé porter une épée
pour la défense du fils unique de Dieu.
Je n'ai aucun bien immobilier à laisser,
Mais si malade que j'aie l'air, et blême,
j'ai encore mon cerveau. Je crois que
le Seigneur m'a donné tout ce que je pouvais désirer.
J'avoue que je lui dois tout.
Et maintenant je dirai ce que je voulais
dire dès le début. Comme un hymne
je composerai mes dernières volontés et mon testament.
Écrite dans la soixante-troisième année
De notre siècle, cette déclaration se dresse
Comme ma main et mon sceau alors que je nettoie
L'air du mensonge et frappe dans mes mains
Pour applaudir le prince qui m'a libéré
De prison et m'a rendu la vie.
A lui et à sa femme, et à ceux qui me lisent,
je lègue la paix qui survivra aux conflits.
Je confesse mes nombreux péchés de luxure,
de colère, de cupidité, d'orgueil.
Mais Dieu qui a fait l'homme de la poussière
a pris mon parti.
Bien que je sois mort lorsque vous lirez ceci,
Sachez que je vis par
la grâce Du Seigneur qui m'a aidé dans mes besoins
Et laissez-moi contempler le visage de Madone.
Et sachant que je rencontrerai mon destin
Bien assez tôt sur cette route bien tracée, Puissé-je m'arrêter une dernière fois, un soir tard,
Dans un café où je déclamerai mon ode
Pour la joie de la multitude, pour les acclamations
Des étrangers dans ce vieux continent,
Ma soif étanchée par une chope de bière, Au-delà de toute réforme, ton humble pénitent.
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