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Citations de Gaspard Koenig (285)


Nous glissons sans difficulté sur le lac, à peine ridé d’une légère houle. Je me suis arrêté près du bastingage et le vent joue avec la crinière de Desti, parfaitement impassible pour cette première expérience maritime. Les deux contrôleurs s’approchent de nous. On papote. Ils cherchent en vain sur leur grille tarifaire une catégorie à laquelle nous pourrions correspondre. Ni piéton, ni cycliste, ni voiture, ni poids lourd. Conclusion : « c’est gratuit ». Parfaite parabole de ce voyage. Comme la vie hors des cases est belle !
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Ne pourrait-on pas ajouter au tronc commun des enseignements obligatoires de véritables cours d’artisanat.? Pourquoi , dans les lycées français, ceux qui se destinent á la menuiserie doivent-ils étudier la littérature, et pas l’inverse? Pour mieux penser retroussons-nous les manches!
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L'épreuve du puzzle constituait une étape cruciale dans ses amitiés et ses amours.
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Il faut se préparer à une ère de chômage massif et structurel, qui aboutira à remettre en cause le vieux modèle de l’emploi salarié. Ne survivront qu’une petite élite de geeks milliardaires contrôlant les réseaux numériques, et quelques emplois manuels incompressibles : je prévois une belle résistance pour les coiffeurs, en attendant le microrobot qui coupe les cheveux, ou le gène qui en stoppe la pousse…
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La leçon ultime de mon hôte, avant de bondir vers un meeting naturellement urgent, c’est que ni les entrepreneurs ni les investisseurs n’ont la moindre idée de l’impact social et politique des technologies qu’ils créent.
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En quelques heures, ce qui était impératif est devenu dérisoire.
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On confond (…) liberté des parents et liberté des enfants. Le terme « d'école libre », popularisé en 1984 lors des grandes manifestations contre le projet de loi Savary, est trompeur. Guizot se refusait d'ailleurs à l'utiliser, pour lui préférer celui d'école « privée ». Car les enfants ne sont pas la propriété de leurs parents : ce sont des individus en puissance, qu'il appartient à l’État de rendre autonomes et de sevrer des liens qui les ancrent dans telle ou telle tradition. L'école véritablement libre, c'est celle qui leur offre, à travers la multiplicité des points de vue enseignés, la possibilité d'effectuer leurs propres choix. Pour le dire vite : libre à eux de croire au créationnisme, du moment qu'ils ont pu lire Nietzsche et Darwin. A l'inverse, l'école dite « libre » comporte le risque de pure reproduction culturelle et confessionnelle. L'enfant est-il « libre » d'embrasser les croyances de ses parents quand il n'a jamais eu connaissance d'autres modes de pensée ?
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Il ne comprenait pas qu'Arthur gaspille ses meil- leures années avec une seule fille, un seul corps, un seul avenir possible. Il trouvait ce genre de relation hétérosexuelle incroya- blement rébarbative. Tout était couru d'avance: le désir, le couple, les enfants, la fatigue, l'ennui, puis une seule alternative: le divorce ou la résignation, aussi appelée « amour de ma vie ».
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Pour la première fois, Arthur considérait chaque ver comme un individu singulier, avec son histoire, sa stratégie de survie, ses cachettes souterraines.
En les contemplant de très près, Arthur put distinguer leur bouche. Enne n'avait ni langue ni croc. C'était un simple vide annelé, comme le trou formé par une pelote de fils.
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Avec de la haine, on pouvait encore sauver l'amour. Mais quand la haine devenait pitié, plus rien n'était possible.
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Vous aurez compris que pour ma part, je renonce. J'ai été jusqu'au bout de mon expérience et j'ai constaté que nous étions déjà condamnés. Nous profitons encore un peu, ivres morts, du sursis que nous donnent les dernières gouttes de pétrole. Des matières organiques décomposées durant trois cents millions d'années dans les bassins sédimentaires, et bues en deux siècles, à pleines rasades.
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Un jour, vieux et grinçant, il sera déraciné par un coup de vent trop nerveux. Il chutera d'un coup dans un bruit de tonnerre. Ses branches fracassées s'emmêleront au sol comme une chevelure dénouée. Son corps usé et troué se décomposera lentement, très lentement, pendant des siècles. Il perdra ses rameaux et son écorce. Il se couvrira d'essaims d'abeilles, de mousse luisante et de champignons meringués. Il offrira refuge et nourriture à des milliards de milliards d'insectes. Puis il redeviendra humus.
Finalement, Arthur avait bien réussi son coup. Il avait fait sa révolution à lui.
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Nous bétonnons les terres et les cœurs. La société plante des êtres humains en rangées bien droites, désherbées au glyphosate. Les lois sont nos herbicides, le marché notre labour. Nous abattons les vieux arbres comme nous envoyons nos parents en ehpad ; nous arrachons les adventices comme nous jetons en prison les marginaux ; nous engrillageons les terrains comme nous installons des portiques dans les gares et des caméras dans les rues ; nous bourrons les champs d'engrais comme nous nous gavons d'informations inutiles ; nous encageons les poulets comme nous badgeons les employés ; nous attachons des tuteurs aux jeunes plants comme nous disciplinons les enfants à l'école. La monoculture s'étend sur nos paysages autant que dans nos têtes. Contrôles de traçabilité et contrôles d'identité sont les deux faces d'une même passion pour l'étiquetage.
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Les physiocrates du XVIIIe siècle avaient raison : toute la valeur provient ultimement de l’agriculture. Quand il n’y aura plus d’énergie, quand les chaînes d’approvisionnement seront rompues et les réseaux de télécommunications coupés, quand les voitures n’auront plus d’essence ni batterie, à quoi penseront les gens ? A poster un commentaire scandalisé sur leurs écrans éteints ? Non. Ils penseront à survivre, le lot commun de l’humanité avant la révolution industrielle. Ils fuiront les villes comme des rats. Ils voudront de la terre. De la terre pour vivre et pour se nourrir. ( p 164-165)
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En s'installant dans la cabine de l'A350, Kevin n'éprouva aucune appréhension. PAsser douze heures sur un siège de quarante centimètres de large lui semblait parfaitement anodin. Il n'avait pas besoin de distractions : il lui suffisait d'attendre en regardant fixement la trajectoire de l'avion sur l'écran en face de lui, dans cet éta semi-méditatif qu'Arthur lui enviait tant lorsqu'ils devaient suivre des cours de structuration des matériaux alimentaires. Alors que Philippine trassaillait à chaque turbulence et s'empiffrait de grains de café pour calmer son angoisse, Kevin se laissait paisiblement bercer par la danse de l'appareil au-dessus de l'Atlantique.
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Il lui avait d'emblée précisé qu'il était"chargé d'affaires", pas banquier : trop vulgaire, sans doute. Kevin avait déjà appris à connaitre ce personnage très parisien : cadre à la carrière linéaire, à l'esprit agile mais étroit ; soutier anonyme du capitalisme n'en récoltant que les miettes, et compensant la médiocrité de son parcours par la conviction de se trouver à l'avant garde du progrès social. Révolutionnaire à cinq mille euros par mois, ils étaient les hérauts de la disruption, les pythies de la responsabilité d'entreprise, les prophètes du monde de demain, toujours en avance d'une innovation. Là où le grand public découvrait encore l'intelligence artificielle, ils s'enflammaient déjà pour l'ordinateur quantique. A force de s'abonner à des newsletters et d'assister à des conférences, ils finissaient par acquérir un échantillon de références et de citations suffisantes pour alimenter un diner en ville.
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Lui qui n'avait jamais cultivé d'amitiés fortes, à l'exception de celle d'Arthur, se trouvait soudain pris dans d'innombrables boucles Telegram et enseveli de smileys jaloux dès que son nom apparaissait dans la presse. Les relations les plus vagues lui envoyaient des messages outrageusement familiers. C'était comme si on le connaissait depuis toujours. Un jour, il avait poussé la bonne porte et, surprise ! tout le monde est copain, on se tutoie, on s'embrasse, on se papouille.
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Kevin s'apprêtait à répondre quand il fut sauvé par les bifurqueurs qui montaient sur scène. C'était le moment que toute la salle attendait...Ils étaient une vingtaine et se tenaient la main. Ils portaient tous des T-shirts verts avec le symbole de l'extinction, un sablier dans un cercle. Munis de micros-cravates, ils se partageaient un texte appris par coeur et entrecoupé et entrecoupé de slogans en anglais chantés en choeur : "Extinction rebellion !" ou "One Planet !". Leur discours s'était politisé. Ils voulaient frapper plus fort que leurs prédecesseurs, trop timides. Sauver la planète ne leur suffisait plus. C'était désormais le capitalisme qu'il fallait détruire, à la plus grande joie de leurs copains de promo. Banques, multinationales, Europe, grouvernements, lobbyistes, tous des ennemis. Même l'ONU était complice.
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Il n'aimait pas qu'on manque de respect aux anciens. Surtout à ces agris qui avaient vingt ans dans les années soixante-dix et qui avaient tout changé à leur manière de faire. On leur avait vendu le progrès et ils l'avaient acheté comptant. C'était le pari le plus fou jamais tenté par une génération. Pari perdu, peut-être,. Mais comment leur reprocher leur audace, leurs machines aux formes de vaisseaux spatiaux, leur soif de savoir inextinguible, leur espoir fou en ce monde sans guerre ni famine ? De paysans, ils étaient devenus mécanos, chimistes, juristes, financiers et géopoliticiens. Leur échec était aussi celui de l'humanisme.
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À cette paire étaient satellisées des ombres féminines invariablement attirées par Kevin. Alors qu'Arthur, pauvre mâle errant de la génération Z, tout honteux de ses désirs, déployait sans grand succès des stratégies de séduction byzantine pour draguer sans importuner, insister sans harceler, caresser sans brusquer, jouir sans dominer, il suffisait à Kevin s'asseoir à la table de la cafétaria pour se retrouver entouré d'un aréopage d'étudiantes. Son aimable indolence, renforcée par un incurable manque d'imagination, passait pour la distinction. À ses côtés, les étudiantes semblaient oublier toutes les préventions rigides de MeToo et redevenir avec insouciance des jeunes filles légères et pépiantes.
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