Une tour en plein coeur de la Défense qui abrite aussi bien les puissances de Magister en son sommet, que les bas-fonds de Paris dans ses entrailles. Une multitude de personnages pour une représentation de la société actuelle qui fait parfois grincer des dents. La Tour abolie c'est une révolte qui gronde, un peuple qui se soulève et qui chamboule tout au passage. Accrochez-vous pour ne pas perdre le fil et pour faire face au langage parfois cru de l'auteur.
C'est un livre lu dans le cadre du "Cercle des lecteurs Furet du Nord". Je ne connaissais pas Gérard Mordillat avant de lire La Tour abolie et je n'aurais certainement pas lu ce livre si je ne l'avais pas découvert à travers ma participation à ce fameux cercle.
La Tour Abolie, c'est donc une tour, une tour de bureaux, une tour où des milliers de personnes se croisent sans cesse au quotidien. Et à travers cette tour, c'est donc toute la population qui est représentée avec pour seul objectif la réussite. Pour les plus grands au somment c'est réussir à s'imposer dans leur milieu professionnel, réussir à toujours gagner plus, pour les plus petits dans les sous-sols, c'est réussir à survivre un jour après l'autre, réussir à se nourrir et à faire face aux autres. Personne ne se connaît vraiment, personne ne veut vraiment connaître les autres à vrai dire...
Gérard Mordillat offre une parfaire représentation de notre société. En un seul et même lieu tout y est présent, des riches patrons aux salariés voulant grimper les échelons, en passant par celui qui voit sa vie basculer suite à son licenciement, aux SDF qui squattent un abri ou encore les sans-papiers qui travaillent au noir. En 500 pages, il met le lecteur face à tout cela, face à une réalité qui le dépasse parfois.
Les personnages sont vraiment très nombreux, ils se succèdent au fil des pages, nous perdons parfois le fil, mettant un peu de temps à situer l'un et l'autre. Chacun est représenté, chacun à sa propre histoire, mais tous vont sombrer vers l'abîme à un moment ou un autre, car cela gronde, la tension monte au fil des pages et on sent que tout cela finira par éclater.
Même si j'ai eu du mal à accrocher, à m'attacher aux personnages, je dois avouer que Gérard Mordillat offre tout de même ici un roman qui secoue le lecteur. Son écriture est vive, nerveuse même, son histoire surprenante et cruelle de vérité. Certains passages sont vraiment parfois crus, vulgaires, mais pour s'adapter au mieux aux classes sociales de chaque personnage.
Si vous ouvrez La Tour Abolie, vous allez plonger dans un livre qui ne laisse pas de marbre. Même si j'ai eu du mal à l'apprécier, notamment, car je ne me suis pas attachée aux personnages, c'est en reposant le livre que j'ai pris pleinement conscience de tout ce que celui-ci dégageait. C'est un roman qui fait réfléchir, qui dénonce l'attitude de certains, qui montre et fait penser que la colère gronde et finira bien par éclater et qui offre un final véritablement explosif. Un reflet quelque peu violent, poussé à l'extrême et cru de notre société, mais qui cache bien des vérités. Tentez l'expérience de ces trente-huit étages et sept sous-sols, mais accrochez-vous tout de même.
La Tour Abolie de Gérard Mordillat est disponible aux Éditions Albin Michel.
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