AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Giles Milton (67)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


D-Day : Les soldats du débarquement

🎖🎙D-Day : Les soldats du débarquement🎖🎙





Les livres d'histoire abordant la Seconde Guerre mondiale ou les manuels scolaires ne peuvent faire l'impasse sur cette journée où le débarquement eut lieu sur les plages de Normandie. Malheureusement, tout cela reste vague, académique. Giles Milton nous offre une plongée dans cette unique journée au travers d'un livre incroyablement vivant. L'Histoire prend ici une consistante plus vivante, plus humaine avec les témoignages, les récits de soldats, de civils l'ayant vécu. Le lecteur sort complètement de sa sphère passive pour se retrouver plonger dans l'horreur et l'innommable.





Giles Milton revient sur les grands événements de ce jour mémorable comme le débarquement sur les plages de Normandie, les bombardements sur Caen en nous offrant des témoignages poignants de protagonistes de l'époque. Les soldats alliés relatent leur arrivée sur les plages, les tirs nourris, les amis fauchés en pleine course... Les soldats allemands dans leur bunker voyant cet incessant arrivage de soldats, et sentant que le vent tourne. L'auteur met en avant des héros moins connus qu'Einsenhower, Lord Lovat en donnant la parole à de simples soldats sans grades, de simples héros qui le jour J ont été là.





Cet ouvrage met également en exergue la fragilité de ce débarquement qui à tout instant aurait pu mal se passer. Entre le mauvais temps, les nombreuses barges coulées, le matériel inutilisable, les radios défectueuses, l'inexpérience des soldats au combat pour beaucoup, les mauvaises décisions, Giles Milton nous dresse un récit palpitant et émouvant de cette journée unique.





Giles Milton nous dresse un constat sinistre de cette journée qui émotionnellement est très intense. Le lecteur perd rapidement la notion de soldats alliés vs ennemis pour les remplacer par des noms, des histoires vécues. Le tout est adouci par des anecdotes comme Billie Millin jouant de la cornemuse lors du débarquement, une vache tellement effrayée par les bruits des obus et de la mitraille que son lait tourne et est bu par un soldat ; l'anniversaire de la femme de Rommel dont le mari lui offrit des chaussures parisiennes trop petites.





Le livre est constitué de 28 chapitres, regroupés en 8 parties, permettant de suivre heure par heure, point par point l'évolution de cette journée. La carte au début du livre et les photos accompagnant chaque chapitre permettent de visualiser les grands moments et de suivre l'avancée du récit.





Au final, un livre intense en émotion et qui ne laissera pas indifférent son lecteur. Le jour J relaté de manière vivante et humaine, rendant hommage aux hommes l'ayant vécus et ayant été fauchés trop tôt.





Un énorme merci aux Éditions NOIR sur BLANC pour cet envoi et un autre énorme merci à Babelio pour m'avoir sélectionné pour pouvoir le découvrir en avant-première.👌

Commenter  J’apprécie          1301
Berlin année zéro : La première bataille de la gu..

En 1945 à Yalta, Churchill, Roosevelt et Staline décident du sort de l'Allemagne vaincue. le pays comme sa capitale sont divisés en quatre secteurs (la France qui n'est pas conviée à la conférence se voit quand même attribuer un secteur). Reste pour les vainqueurs à s'entendre sur la façon de les gérer. C'est ce qui doit être décidé quelques mois plus tard à Potsdam. Sans Churchill, battu aux dernières élections britanniques, et Roosevelt qui a succombé, mais avec Atlee et Truman, qui vont avoir la difficile charge d'affronter un Staline plus déterminé que jamais à s'étendre à l'ouest.



De fait l'armée rouge victorieuse des nazis pénètre dans Berlin deux mois avant les militaires américains et britanniques qui découvrent une ville presque en totalité détruite avec une population exsangue et traumatisée par l'occupation russe. Se pose alors la question de l'attitude à adopter face à Staline. Si certains estiment qu'il faut lui opposer la plus grande fermeté, pour éviter de voir le communisme s'étendre à toute l'Europe, d'autres craignant un troisième conflit mondial préfèrent essayer de s'entendre avec lui. Après cinq ans de multiples affrontements, c'est finalement Staline en ordonnant le blocus de la ville pour faire plier les Occidentaux qui mettra tout le monde d'accord...



Édifiante, passionnante, documentée l'histoire de Berlin à l'heure de la redistribution des forces dans le monde occidental, racontée par Giles Milton à travers les portraits souvent impertinents des personnalités qui y ont joué un rôle essentiel, mérite vraiment le détour.
Commenter  J’apprécie          714
Captifs en Barbarie : L'histoire extraordin..

Prisonniers des Barbaresques… La traite d'esclaves européens, particulièrement prospère entre le XIVème et le XVIIIème siècle, nous évoque pêle-mêle les raids dans les villes côtières d'Espagne jusqu'en Irlande, les prises de navires marchands en Méditerranée, les razzias, les marchés aux esclaves, Cervantes vendu à Alger, Vincent de Paul à Tunis, Angélique au Sultan, et la cousine de Joséphine de Beauharnais à un harem de Topkapi…

Pour évoquer le sort des Européens en terre d'Islam, le journaliste anglais Milton centre son récit sur les mésaventures de Thomas Pellow, mousse originaire des Cornouailles qui fut capturé sur un navire, et qui fut esclave durant 23 années (1715-1738) avant de parvenir à s'évader. Son ouvrage The History of the Long Captivity and Adventures of Thomas Pellow in South-Barbary constitue un précieux témoignage du sort des esclaves européens et surtout des actes de Moulay Ismaïl, sultan du Maroc pendant 55 ans. Son règne ancré dans une période d'apogée de la puissance marocaine fut marqué par des succès militaires, et un nombre important de prisonniers chrétiens via le contrôle des corsaires basés à Salé. Captifs en Barbarie est donc l'histoire de ces deux hommes: un Cornique intelligent affecté à la construction de remparts et de palais, qui passa ensuite au service du sultan, fut contraint d'épouser une femme du pays, se convertit sous la torture, dut combattre dans les troupes de Moulay Ismaël, et un souverain colérique qui tuait quotidiennement sujets et esclaves.



A travers le remarquable récit de captivité de Pellow chez les Barbaresques, Milton laisse aussi entrevoir l'effroi que suscitaient les raids barbaresques dans les populations européennes, et l'émoi causé par le sort réservé aux captifs, alors que la traite des noirs par les mêmes Européens n'éveillait pas la même compassion. Il évoque également les nombreuses démarches diplomatiques pour leur libération ainsi que les actions des institutions religieuses qui vont se spécialiser pour racheter les hommes, femmes et enfants retenus prisonniers. Plus étonnant, parmi ce million d'esclaves en Afrique du Nord, certains d'entre eux se convertissent, et se mettent à écumer la mer, comme le Hollandais Jan Janszoon, connu aussi sous le nom de Murad Reis qui deviendra le grand amiral de la république de Salé .

Captifs en Barbarie est un ouvrage accessible, qui se lit comme un roman d'aventure, et donne à voir un autre aspect de la traite des êtres humains. le titre m'a induite en erreur car je m'attendais à un ouvrage sur la traite en terre d'Islam alors qu'il évoque essentiellement le sort des esclaves du sultan marocain Moulay Ismaîl. Mais le destin mouvementé du courageux Thomas Pellow m'a rapidement conquise.
Commenter  J’apprécie          645
D-Day : Les soldats du débarquement

Quel livre extraordinaire ! Je conseille vraiment à chacune et à chacun de le lire pour ne pas oublier le sacrifice de tous ces hommes qui sont venus libérer notre pays et le reste du monde de l'oppression et de la barbarie nazie.

Giles Milton a su raconter le fameux D-Day de façon vivante et surtout extraordinairement documentée. Surtout, il n'oublie pas ce qui se passait côté Allemand, le rôle de la Résistance et le sort des civils sous les bombes des Alliés…

La machine de guerre nazie ne s'est pas effondrée ce jour-là, bien au contraire. Elle a démontré pendant des mois encore toutes ses capacités à semer mort et désolation et cela, l'auteur le mentionne en fin d'ouvrage.

Ouvrage historique basé sur une quantité énorme de documents et de témoignages, tous cités à la fin du livre, D-Day : Les soldats du Débarquement propose d'abord une carte et deux gros plans sur les cinq plages choisies par le haut commandement des forces alliées aux ordres de Churchill et Roosevelt mais dirigées par Dwight Eisenhower, secondé par neuf cents personnes.

Overlord, comme on l'a nommée, s'est déroulé sur une centaine de kilomètres entre Sainte-Mère-Église et Lion-sur-Mer, impliquant cent cinquante-six mille soldats débarquant sur Utah Beach et Omaha Beach (USA), Gold Beach (Grande-Bretagne), Juno Beach (Canada) et Sword Beach (GB). Ces noms codés désignaient des plages bien tranquilles, des villages charmants que la folie hitlérienne avait bunkérisés, tentant d'ériger un Mur de l'Atlantique infranchissable.

Avec une écriture précise, prenante, l'auteur sait prendre son lecteur et lui faire partager l'ambiance d'un centre radio qui tente d'intercepter tous les messages venant d'Angleterre puis il nous plonge dans le centre météo de Fort Southwick où sept cents personnes travaillent avant de nous faire survoler la Manche à bord des planeurs devant larguer les parachutistes. le fait de nommer les gens, de les décrire un peu, de donner parfois leurs goûts, leurs passions – tout cela sans rien inventer – rend le récit captivant de bout en bout.

Une liste impressionnante de personnages entraîne au coeur de la bataille mais aussi sur les traces de Guillaume Mercader, ce champion cycliste qui s'entraîne entre Courseulles-sur-Mer et Grandcamp, avec l'autorisation de la Gestapo, et récolte tous les renseignements sur les postes de défense allemands, renseignements transmis ensuite en Angleterre par la Résistance.

Les heures précédant le jour J sont angoissantes, des deux côtés de la Manche puis c'est la nuit du 5 au 6 juin, cette météo exécrable, atout et handicap terrible. Les premiers parachutistes sont là puis, à l'aube, les premiers hommes tentent de débarquer. C'est précis, plage par plage. Chaque partie des vingt-huit chapitres est introduite par une photo d'archives commentée. La journée sera longue, les blessures, les morts seront abominables. L'auteur n'oublie pas les bombardements de Caen où huit cents personnes ont été tuées en vingt-quatre heures par les bombes alliées

Certains Allemands se rendent mais beaucoup trop résistent, fanatisés, la plupart sont très jeunes, d'autres, Polonais, Tchèques, ne parlent même pas allemand… À chaque page, je me demande pourquoi ces hommes ont été capables d'aller au bout de tant d'atrocités pour obéir à des officiers qui vivent dans des châteaux, à un Führer qui s'isole à Berchtesgaden mais je n'oublie pas que, pendant ce temps, dans les camps de la mort, on continue d'exterminer enfants, femmes et hommes…

Il faut lire ce récit du D-Day, journée si importante pour nos démocraties, même si beaucoup d'autres livres ont déjà été publiés, si de grands films ont tenté de nous faire prendre conscience de l'ampleur de la bataille.

Dans D-Day : les soldats du Débarquement, Giles Milton accomplit une tâche admirable qui m'a passionné. Je remercie Babelio et les Éditions Noir sur Blanc de m'avoir permis cette lecture essentielle.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          614
D-Day : Les soldats du débarquement

JOUR-J...



... Il suffit d'écrire ou de prononcer ces cinq lettres pour que tout un chacun - ou peu s'en faut - sache au moins grossièrement de quoi il retourne : le fameux débarquement alliés sur les plages de la Manche et du Calvados une certaine nuit de très mauvais temps du 5 au 6 Juin 1944. Cette opération aussi spectaculaire que monstrueuse - en terme d'hommes engagés, de moyens matériels, d'heures passées à la planifier, etc - c'est OVERLORD. Ces plages, partant des hauteurs de Quinéville dans le Cotentin jusqu'au plaine marécageuses (et inondées par les allemands) de l'embouchure de l'Orne, ce sont les désormais célèbres UTAH, OMAHA, GOLD JUNO et SWORD Beaches, rebaptisées pour la cause.



C'était il y a (bientôt) soixante-quinze ans tout juste.



Giles Milton, journaliste et écrivain d'origine britannique, «spécialiste de l'histoire des voyages et de l'exploration» nous résume sa bio wikipedia, songeait depuis plusieurs années déjà à rendre hommage aux acteurs directs de ce fameux jour interminable. Voilà qui est chose faite avec cet ouvrage intitulé D-Day : Les soldats du débarquement pour lequel il nous faut remercier vivement l’excellente petite maison d'édition suisse Noir sur Blanc ainsi que notre site bibliophile préféré, Babelio, pour cette Masse Critique spéciale : l'ouvrage se lit, se dévore même, plutôt plaisamment, comme une sorte de "roman vrai" du Jour-J, et il n'a pas été sans nous rappeler une lecture aujourd'hui un peu lointaine dans notre souvenir, le fameux "Le jour le plus long" écrit par Cornelius Ryan, publié en 1959 et qui demeure, par bien des aspects, une source tout à fait précieuse de témoignage directs (contrairement au film qui en fut tiré qui, s'il remporta un succès mondial, n'en demeure pas moins truffé d'erreurs, de contre-vérité historiques, etc. Mais il s'agissait alors de mettre en avant les grandes stars hollywoodiennes de l'époque plutôt que de réaliser un film sérieux !). Les deux ouvrages ont d'ailleurs plusieurs points communs : leurs rédacteurs ne sont pas des historiens, a proprement parler, mais l'un comme l'autres sont bel et bien des journalistes qui savent avant tout rédiger des histoires, mettre en scène des témoignages. Parfois au mépris d'un certain recul, d'une certaine confrontation de leurs sources. L'un comme l'autre se basent en grande partie sur les témoignages directs (un peu plus indirects pour le second, du fait même de la disparition au fil des années de la plupart des survivants), bien plus que sur les sources écrites (ce qui était logique pour le premier, nombre de documents étant alors encore classés), l'un comme l'autre donnent la parole au "soldat de base", et c'est même encore plus flagrant et quasi exclusif dans ce texte de Giles Milton qui apparaît parfois comme une espèce de revanche des petits, des sans grades (et cette fois, au propre encore plus qu'au figuré), les remarques personnelles de l'auteur, et plus qu'amènes en direction de ces chefs donnant des ordres du lointain de leurs QG, y foisonnent (même ceux sur le terrain en prennent bien souvent pour leur grade, jeu de mot compris)... Enfin, l'un comme l'autre ont essayé de donner une sorte de panorama complet, total, omniscient de ces 24 heures d'une densité, d'une puissance quasiment invraisemblable et indicible, tant ce débarquement parvint à réunir de superlatifs : le plus grand débarquement de tous les temps, la plus grande armada jamais réunie en un endroit, l'une des plus grandes opérations aéroportée jamais menée, 156 000 hommes débarqués en 24h, plus de 200 000 véhicules transbordés... Au nombre des victimes de cet assaut faramineux (les chiffres donnés par Giles Milton dans son épilogue sont, de ce point de vue, sujets à caution, même s'il semble qu'aujourd'hui encore aucun spécialiste ne parvienne vraiment à s'entendre sur aucun d'eux, sauf, sans doute, sur les pertes du côté troupes alliées) environ 10 000 soldats alliés, potentiellement autant de soldats allemands (les fourchettes de l'horreur varient entre 6 000 et 9/10 000) mais, chiffre méconnu (et très minimisé de l'auteur), nombre de spécialistes estiment les morts et disparitions de civils français ce jour là aussi important que l'ensemble des soldats tombés d'un côté ou de l'autre ! (Giles Milton sous-estime dangereusement ce chiffre, certes complexe à évaluer puisqu'il donne malgré tout celui, déjà important, de 3 000 enfants, femmes et hommes morts ce jour-là sous les bombes).

Pourquoi de telles macabres comptabilités ? En aucun cas par goût du sang : le sang versé par ces hommes et femmes d'hier mérite, avant toute autre considération, notre respect le plus définitif, à tout le moins notre commisération - impossible d'oublier tout à fait que parmi ces morts innombrables, un tiers d'entre eux étaient dans "le mauvais camp". Qu'ils sont, ordres ou pas, co-responsables de la fin tragique de tous les autres -. En revanche, cela donne pour partie le genre d'ouvrage auquel l'auteur nous convie : ce n'est pas un "livre historique" que nous avons ici mais, l'auteur en donne lui-même la définition dans ses quelques pages de remerciements, ceci est une "enquête journalistique" réalisée grâce au soutien attentif d'archivistes du monde entier, lesquels ne sont pas eux-même exactement des historiens professionnels, même si d'aucuns jugulent très probablement les deux casquettes.



Ainsi, à la manière d'une - excellente, précisons-le définitivement - enquête journalistique, Giles Milton nous raconte "une" histoire du D-Day : intense, humaine, très liée aux témoignages des soldats les moins gradés (c'est surtout vrai côté alliés, beaucoup moins dans sa description du débarquement vu par les "boches" où il ), tâchant même de leur rendre honneur lorsque, selon lui, certaines archives ou vérités historiques "officielles" ont "oublié" des faits qui n'ont pas été, par la suite, attribués aux bonnes personnes. Ainsi de la ville de Bayeux qui aurait été "prise" momentanément par le soldat Donald Gardner et la poignée de survivants de son commando 47 de la Royal Marine peu avant minuit au soir de ce 6 juin, alors que tous les ouvrages historiques l'attribuent au 2nd Battalion Gloucestershire Regiment, mais seulement le lendemain. Erreur historique, insupportable oubli, injustice à l'égard d'un de ces soldats sans grade et quasi anonyme de ce débarquement ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, il est aussi historiquement admis que des éclaireurs de ce 2nd bataillon furent envoyés dans les faubourg de la ville dès la fin du 6 juin, sans qu'aucun de ces hommes n'aient jamais prétendu à la prise de la ville... Pénétrer dans une ville sous contrôle ennemi, c'est une chose absolument digne d'être mentionnée. La "prendre" répond à de toutes autres exigences, qui n'enlèvent rien à la bravoure des premiers qui méritent largement qu'on se souvienne d'eux. De ce strict point de vue-là, il semble que Bayeux ait bien été prise et libérée le 7 seulement. Ce sera d'ailleurs l'une des très rares villes n'ayant subit aucune destruction de toute la bataille de Normandie, contrairement à Caen pour ne citer qu'elle, la plus grande agglomération bas-normande, qui fut rasée à près de 70% !!!



Avec un art consommé du "storytelling" ainsi qu'un plan en béton armé qui permet de passer en revue les principales phases de cette journée tellement hors norme, de lui donner en quelque sorte une structure, de lui donner du sens, le journaliste britannique survole avec intelligence ce moment tout à la fois héroïque et tragique, incroyable et terrifiant, drôle parfois (par l'incongruité de certaines scènes), le plus souvent terrible de violence, de sang versé, de courage fou, de peur partagée - quel que soit le camp -. De morts. On pourra bien entendu reprocher à Giles Milton de faire, parfois, dans le sensationnalisme (cette journée ne le fut-elle pas, par bien des aspects ?), d'être assez modérément factuel, de ne presque pas développer les éléments politiques, économiques, stratégiques, - souvent antagonistes entre des alliés ne courant pas exactement après les mêmes buts -, de cette affaire puisqu'il consacre très peu de pages à la préparation en amont de cette bataille titanesque, d'être dans le sensible plutôt que dans le technicien. Ainsi, à quelques exceptions près, les descriptions des matériels utilisés sont elles réduites à l'expression la plus indispensable à son "enquête", sans fioriture ni comparatifs ni fiches techniques détaillées (ne serait-ce que reportées dans un cahier en fin d'ouvrage comme c'est souvent pratiqué en de telles matières). Idem des tactiques et stratégies militaires qui ne sont évoquées que lorsqu'elles servent à structurer la description des combats eux-mêmes. Il y a bien quelques cartes en introduction mais rien de plus que le minimum que l'on trouvera dans n'importe quel ouvrage didactique sur le sujet. On pourra aussi s'étonner de la parcimonie des témoignages de ces civils et militaires ayant permis, à l'arrière, que cette incroyable opération ait lieu (certes, c'est moins "héroïque" à conter mais ce fut ô combien indispensable. C'est sans doute aussi l'une des limites de cet ouvrage). Nul reproche définitif dans ces lignes : ce genre d'éléments participent d'un autre genre de documents, plus "historiens" et documentaires, sans doute, plus froids aussi, bien souvent. Ainsi, sans pouvoir prétendre être LE livre de référence sur le célèbre Jour-J, ce long et troublant texte du journaliste britannique sera un bon complément, dans sa version humaine, d'ouvrages de référence tels Jour J de Warren Tute, John Costello, Terry Hughes ou Le Jour J heure par heure de Marc Laurenceau ou encore le très complet D-Day et la bataille de Normandie de l'historien anglais Anthony Beevor, les uns complétant les autres. Sans oublier, bien entendu, le célèbre texte de Cornelius Ryan. Quant à l'amateur plus pointu, il ne saura se satisfaire d'ouvrages aussi généralistes et préférera certainement la lecture de titres consacrés à tel ou tel aspect, tel moment, tel corps d'armée, tel développement de l'opération Overlord, et ces livres sont pléthore (il suffit pour s'en convaincre de visiter les librairies du musée du débarquement à Arromanches ou de l'émouvant Mémorial de Caen pour s'en convaincre).



Extrêmement lisible, suffisamment complet pour ne passer à côté d'aucun fait essentiel, ce D-Day : Les soldats du débarquement est tout à la fois un bel hommage à ces hommes ayant donné, pour beaucoup, leur vie, pour d'autre leur santé et leur intégrité physique afin de participer à l'annihilation de ce IIIème Reich qu'un certain Adolf Hitler avait pourtant annoncé millénaire, en ouvrant ce second front majeur à l'ouest, en complément de celui ouvert par les soviétiques à l'est. Une lecture forte à défaut d'être une lecture complète. En ce bientôt soixante-quinzième anniversaire de cette date fatidique, ce document est, à tout le moins, un émouvant et vibrant hommage qui est rendu à tous ces hommes et ces femmes auxquels nous devons collectivement et individuellement tant !
Commenter  J’apprécie          344
D-Day : Les soldats du débarquement

6 juin 1944, c'est un peu comme 1515, une date que tout le monde connait et dont on pense que tout a été dit. Films, livres, documentaires, difficile d'imaginer que tout n'a pas déjà été conté et raconté sur ce jour historique du Débarquement en Normandie. Giles Milton aurait donc pu se contenter de glaner des infos ici où là en quantité assez conséquente pour en faire un livre signé de son nom et terminé, du bon boulot de copiste qui rapporte, comme on en voit (trop) souvent fleurir sur les étals des librairies lors de dates anniversaires d'évènements divers, disparitions d'artistes et autre manne appétissante.

Eh bien pour Milton, pas question de verser dans cette facilité et pour les 75 ans du Débarquement, c'est à un travail de fourmi titanesque qu'il s'est livré (les 34 pages de notes et de sources en fin de volume en attestent) de l'Angleterre aux États-Unis, en passant par la France et l'Allemagne, il a compulsé des archives, étudié des mémoires, des journaux, des biographies, organisé des rencontres et amassé ainsi tout ce qu'il a pu trouver de matière se rapportant au Jour J pour nous offrir un récit riche et vivant peut-être pas totalement inédit, n'attendons pas l'impossible, mais tellement bien documenté et raconté qu'on se retrouve à le dévorer comme un roman.



500 pages pour couvrir une période de 24 heures, peu de détails peuvent être oubliés en route et en effet, rien n'est laissé de côté. Bien expliqué et bien écrit, chaque force armée y est représentée à part égale et c'est sans aucun mal qu'on touche du doigt l'horreur vécue sur les cotes normandes il y a 75 ans car ne comptons pas sur l'auteur pour amoindrir ce qui fut malgré la victoire alliée une véritable boucherie dans les deux camps, rien ne nous est épargné des détails de cervelles et de tripes ayant quitté leur habitat naturel, de corps mutilés, pulvérises et éparpillés sur les dizaines de kilomètres de l'estran normand.



Témoignages inédits de civils, de résistants, d'allemands. Actes héroïques. Joueur de cornemuse (clin d'oeil à Bill Millin, la classe). Têtes brûlées... D-Day : les soldats du débarquement est avant tout un livre factuel et justement, c'est bien là son seul bémol, une analyse même superficielle aurait été la bienvenue car on referme ce livre riche du comment mais sans avoir jamais vraiment effleuré le pourquoi. Pourquoi les alliés ont heureusement réussi et pourquoi la Wehrmacht sensément si supérieure à toutes les autres armées n'a pas su repousser ce débarquement. Que certains gradés allemands n'aient pas pris au sérieux l'invasion et se soit recouché ou que Rommel n'ait pas obtenu les deux Panzerdivisionen supplémentaires qu'il suppliait Hitler de rapatrier sur les côtes normandes restent des motifs un poil trop légers pour expliquer cet échec.

Pas question pour autant de jeter la pierre à ce passionnant D-Day dont la mission de mémoire et de documentation atteint son but à travers une lecture enrichissante, intelligente et historiquement incontournable et qui au passage rappelle – et ce n'est jamais inutile – que comme dans tout conflit, les soldats tombés lors de l'opération Overlord étaient souvent des jeunes hommes, peu ou pas gradés, encore tout pétris de romantisme et d'idéaux. Les généraux quant à eux et comme à leur habitude, assurant courageusement les arrières en attendant de se glorifier de victoires pour lesquelles ils n'auront pas risqué une rognure d'ongle.

Commenter  J’apprécie          273
D-Day : Les soldats du débarquement

« J'ai connu beaucoup de bons moments pendant l'écriture de ce livre ; les promenades sur les plages désertes de Normandie aux premières lueurs de l'aube comptent parmi les plus magnifiques de mes souvenirs. Mais même par les journées les plus belles, je n'ai jamais pu oublier l'héroïsme et les tragédies qui se sont jouées là autrefois. En ces lieux, des vies ont été perdues et la liberté conquise de haute lutte. Mon dernier remerciement total et sans réserve, va à tous ceux qui ont combattu pour nous. »

Il me semble que ces derniers mots de Giles Milton, à la toute fin de la rubrique « remerciements » illustrent parfaitement ce qu'est son livre : le récit détaillé et terriblement humain des vingt-quatre heures du Jour J et l'hommage bouleversant qu'il rend à tous ses participants.

On croyait tout savoir et on découvre qu'on ne savait pas grand-chose au final. On avait en tête les images des péniches de débarquement, la flotte immense, les parachutistes de Sainte Mère l'Eglise et la plage tellement sanglante d'Omaha mais on avait oublié les planeurs, les chars amphibies et Bill Millin, le joueur de cornemuse de la plage d'Ouistreham, qui survécut parce que les Allemands n'osèrent pas lui tirer dessus, le prenant pour un « dummkopf » (simple d'esprit). On avait oublié aussi un incendie accidentel qui joua son rôle (tragique, épouvantable) à Sainte Mère l'Eglise ainsi que les terribles bombardements sur Caen qui firent tant de victimes civiles.

Du coureur cycliste espion aux chaussures de Frau Rommel, en passant par la peur saisissant les assaillants comme les défenseurs allemands (souvent des Russes ou des Polonais peu enclins à mourir pour Hitler), menacés par les Kettenhunde (chiens enchaînés) chargés de liquider les soldats abandonnant leurs postes, Giles Milton redonne la parole aux acteurs de cette tragédie absolue. Les trois cartes du début éclairent parfaitement le champ de bataille ainsi que les principaux faits d'armes relatés, tout comme les nombreuses photos du jour J. C'est un très bel ouvrage dans lequel l'émotion est permanente et qu'on ne peut que recommander à tous, anciens ou jeunes. Difficile de résister à la larme qui vient, à un moment ou à un autre, troubler le regard, comme un ultime salut à ces jeunes gens qui méritaient tellement mieux.

Merci à Babelio et aux éditions NOIR sur BLANC.

Commenter  J’apprécie          262
Le cadavre était presque parfait

Un cadavre parfaitement conservé est découvert dans l’antarctique. Un corps congelé, sans famille, formidable trouvaille pour la ZAKRON Inc laboratoire spécialisé dans la cryogénisation, la science qui permet de préserver les êtres humains par la conservation du corps à des températures extrêmement basses. Un corps pour tester une technique de décongélation ZAKRON ne pouvait pas rêver mieux.



Le jeune chercheur londonien, Jack Raven, paléontologue spécialiste en anthropologie médico-légale se rend bien compte que les scientifiques américains sont en train de jouer les apprentis sorciers, mais comment résister au charme de Tammy la jeune laborantine. Le réveil du corps se fera par une nuit d’orage et le cadavre rendu à la vie n’aura pas les réactions attendues. Mais à quoi s’attendre lorsque l’on réveille un homme mort dans l’Antarctique en Juin 1944. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ce sacré Rabelais avait bien raison et une petite bourgade du Nevada va en faire les frais.



« Le cadavre était presque parfait » nous plonge dans un thriller historique et scientifique. Un page-turner qui passe avec beaucoup d’habileté d’un labo High-Tech américain aux Alpes bavaroises pour nous raconter le Lebensborn, folie nataliste aryenne et la SS totenkopf troupe d’élite de tueurs nazis. Prenant, intelligent et instructif, Gil Milton nous rappelle qu’il est toujours dangereux de rompre la chaine du froid.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          190
Les saboteurs de l'ombre

Et de quatre ! Voici le quatrième ouvrage de Giles Milton que je lis, et le bougre arrive encore à me surprendre. De quoi s'agit-il cette fois ? "Les saboteurs de l'ombre : la guerre secrète de Churchill contre Hitler", le titre annonce la couleur, il sera question des actions entreprises par les services secrets britanniques pour lutter contre les nazis... Une facette de la Seconde Guerre mondiale qui ne m'était pas familière avant cette lecture aussi instructive que plaisante. On y découvre d'abord qu'aux premiers temps du conflit, les généraux britanniques semblaient ne pas prendre la mesure du péril puisqu'ils s'entêtaient dans l'idée d'une guerre "propre", respectueuse des usages et menée entre gentlemen. Churchill, en revanche, comprit aussitôt que face aux armées d'Hitler il n'était pas question de suivre un quelconque code d'honneur, d'où la création d'un "Ministry of Ungentlemanly Warfare" (le titre de l'ouvrage en VO) destiné à piloter des opérations de "guerre asymétrique", autrement dit : guérilla, sabotages, assassinats ciblés, partout en Europe et même au-delà.



J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pensais de l'écriture de Giles Milton, et ce nouvel ouvrage ne me fera pas changer d'avis : l'auteur a un véritable sens de la narration, tout est d'une grande rigueur historique mais c'est comme si l'on était dans un excellent roman d'espionnage. Le récit est un peut-être un peu lent à démarrer, comme l'était à mon sens "Le paradis perdu", et pour les mêmes raisons, tout à fait justifiables : il y a d'une part la volonté de l'auteur de s'attarder sur de nombreux détails et anecdotes qui peuvent paraître superflus, mais qui au bout du compte contribuent à rendre plus concrets les événements qu'il relate ; d'autre part, avant d'entrer pour de bon dans le feu de l'action, il est nécessaire de mettre en place le contexte et présenter les différentes figures, souvent hautes en couleurs, autour desquelles s'articulera "Les saboteurs de l'ombre". Les protagonistes sont d'authentiques héros, des hommes et des femmes au destin extraordinaire et dont les noms sont pourtant absents des ouvrages généralistes consacrés à la Seconde Guerre mondiale. Bonne initiative de l'éditeur : le cahier central de photos d'époque peut faire office de "dramatis personae" et aider à mieux mémoriser les noms et fonctions des uns et des autres.



Dans ces pages, on apprendra, entre autres, comment former et équiper des résistants tchèques afin d'assassiner Reinhard Heydrich, l'âme damnée d'Hitler à Prague ; comment envoyer un destroyer bourré d'explosifs contre les installations portuaires de Saint-Nazaire alors aux mains des Allemands ; comment utiliser des méthodes de pirate pour capturer un dangereux navire italien dans un port d'Afrique de l'Ouest ; comment organiser la destruction dans les montagnes grecques d'une voie de ravitaillement vitale pour le corps expéditionnaire de Rommel ; et on ne pourra s'empêcher de songer au cours qu'aurait pris la guerre, et même l'histoire du monde, si un commando norvégien formé en Angleterre n'était pas parvenu à saboter l'usine productrice d'eau lourde dont les nazis avaient absolument besoin dans l'élaboration de la bombe atomique...



Je remercie les éditions Noir sur Blanc de m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          180
D-Day : Les soldats du débarquement

J'ai très peu lu sur la Seconde Guerre Mondiale, mes connaissances se bornant essentiellement à la Shoah (des témoignages comme le Journal d'Anne Frank ou La Trêve de Primo Levi, mais aussi des fictions comme Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay, Maus d'Art Spiegelman ou Auschwitz de Pascal Croci). En ce qui concerne le D-Day, j'ai été bien en peine d'analyser le site d'Omaha Beach en Normandie où je me suis rendue cet été et j'ai dû uniquement faire appel à mes vieux souvenirs cinématographiques comme Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg sorti en 1998 ou la série télévisée Band of brothers du même réalisateur diffusé en 2001. L'ouvrage de Giles Milton est donc une première sur ce sujet pour moi et je dois dire que je n'ai pas été déçue, au contraire car cette lecture s'est avérée être un coup de coeur.



Le 6 juin 1944 : les troupes des alliés anglaise, française, canadienne et américaine débarquent sur cinq plages de Normandie (Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword), entre Caen et Bayeux. le but ? Prendre les Allemands par surprise : en effet, ces derniers savent qu'un Débarquement est imminent mais pensent à une opération plus au nord, vers Calais. Quant à la météo pluvieuse et orageuse, elle semble contraindre les troupes à rester au sol, les Allemands ne se doutent donc pas que les Alliés vont profiter d'une journée ensoleillée (le 6 juin) pour débarquer.



Le D-Day, le Débarquement débute très tôt par le parachutage de soldats dans les petits villages alentours. Leur but est de détruire routes, voies de chemins de fer et ponts pour empêcher l'arrivée des renforts allemands tout en prenant le contrôle d'un nombre limité d'infrastructures afin de permettre l'avancée des troupes des Alliés sur le territoire français. Puis, 156000 soldats Alliés débarquent à l'aube sur les cinq plages de Normandie mais l'avancée se révèle difficile en raison de leur confrontation avec le Mur de l'Atlantique imaginé par le Maréchal allemand Rommel. En effet, la fortification des ports, la présence de blockhaus et de bunkers sur les plages, les bombes dans la Mer, les dispositifs anti-débarquement sur les plages et anti-planeurs dans la campagne, les stations de radar et d'écoute rendent leur avancée mortifère.



En milieu de journée, les troupes alliés ont bien avancé dans la campagne et ont déjà libéré des villages côtiers mais c'est loin d'être le cas des grandes villes à proximité. Après avoir prévenu préalablement la population (qui malheureusement n'a pas évacué), les troupes Alliés bombardent et détruisent entièrement Caen. du côté allemand, les réactions tardives des officiers supérieures et les mauvaises décisions se révèlent désastreuses pour leur camp : le refus d'envoyer les forces aériennes de la Luftwaffe en Normandie et les troupes stationnées vers Paris vont considérablement avantager les Alliés. La suite, vous la connaissez…



Sur la quatrième couverture, il est mentionné que l'auteur Giles Milton est historien : je ne suis pas vraiment d'accord avec cette affirmation car la méthode employée dans l'ouvrage n'est pas du tout celle d'un historien mais plutôt celle d'un journaliste. La méthode du premier permet un certain recul par rapport aux sources et aux témoignages grâce à une analyse et à une réflexion synthétique des évènements ; quant à la seconde, elle informe le lecteur tout en les faisant vivre avec émotion les évènements en direct. L'une ou l'autre méthode n'est pas meilleure que l'autre, c'est juste que le but recherché n'est pas le même.



Et je dois dire que le travail journalistique de Giles Milton a été une très grande réussite : il a beaucoup voyagé aux Etats-Unis, en France et en Angleterre pour aller se documenter auprès des Musées, des Mémoriaux, des Bibliothèques, des Témoins directs ou la lecture de leurs ouvrages publiés après Guerre. D-Day : les soldats du débarquement est d'une précision chirurgicale comprenant maintes détails et rendant le lecteur témoin des évènements : c'est simple, j'avais l'impression d'y être. J'ai également beaucoup apprécié le fait que Giles Milton ne se soit pas simplement borné au récit des soldats Alliés. Au contraire, le fait qu'il ajoute des témoignages de soldats allemands (ou presque! Car certains étaient en réalité d'origine polonaise, tchèque ou autrichienne) permet de comprendre que beaucoup ont été contraints de combattre et ne l'ont pas tous fait pour des raisons idéologiques. L'ouvrage comprend aussi quelques témoignages de femmes, les Grandes Oubliées de l'Histoire et montre qu'elles ont aussi joué leur rôle dans l'Armée, notamment dans les stations de radar et d'écoute, dans les deux camps.



En conclusion, D-Day : les soldats du Débarquement de Giles Milton est un ouvrage remarquable et passionnant. Ses détails et sa précision permettent au lecteur de rendre l'Histoire presque palpable comme s'ils avaient assisté eux-mêmes aux Évènements, aux côtés des contemporains. Si vous êtes passionnés par cette période, vous ne pouvez pas passer à côté de ce livre. Je remercie Babélio ainsi que les éditions Noir sur Blanc pour me l’avoir envoyé.
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          170
Berlin année zéro : La première bataille de la gu..

1945 : Année zéro, celle de la capitulation de l’Allemagne nazie et du partage du pays entre les quatre grandes puissances alliées à la conférence de Yalta.



Formidable travail de documentation pour retracer les mois qui ont suivi la prise de Berlin, et la partition de la ville en secteurs internationaux.

Au-delà de la connaissance historique recueillie et utilisée, la narration est passionnante et digne d’une fiction, donnant du corps à l’humain face à l’ampleur du travail à effectuer pour relever une ville à genoux.



L’historien et écrivain anglais Giles Milton en fait un livre addictif, jamais lassant, des premiers jours de l’arrivée des russes se comportant comme des barbares, de l’angélisme et de l’aveuglement des occidentaux, de l’évolution des mentalités américaine et britannique jusqu’à l’incroyable pari réussi de soutien de la ville par un pont aérien pendant le blocus.



Dans cette première guerre froide, on notera aussi l'inexorable montée en puissance de la confrontation entre occidentaux et soviétiques, éclairant l’opposition de deux idéologies inconciliables entre démocratie et communisme. Le courage des hommes, leur capacité d’improvisation et leur détermination sont au cœur du récit.

Un coup de cœur !

Commenter  J’apprécie          150
D-Day : Les soldats du débarquement

Livre tellement intéressant que Jules a dû m’écouter régulièrement lui raconter ce que je venais de lire !



Giles Milton, historien anglais, s’appuie sur de nombreux témoignages. La cinquantaine de pages qui citent les références atteste de la richesse de celles-ci. Ces témoignages sont manuscrits ou dactylographiés, sous forme d’enregistrements audio ou de de transcriptions d’interviews, ainsi que de mémoires non publiés, de journaux intimes et de lettres.

Quelques extraits sont cités entre guillemets, mais ils sont insérés dans le récit de manière tout à fait naturelle et subtile, sans en alourdir le style.



Le débarquement est donc raconté ici dans l’ordre chronologique, selon le point de vue allié, mais aussi selon le point de vue allemand, un peu.

Le livre présente d’abord des cartes de la côte normande avec les lieux qui nous intéresseront en ce fameux jour, tout à fait bienvenues pour s’y retrouver un peu géographiquement.



Nous commençons le récit un peu avant le jour le plus long, par l’opération Tarbrush, le 17 mai 1944, qui visait à photographier de nouvelles mines sur les plages normandes. L’opération capote, Lane et Wooldridge qui appartiennent aux commandos parachutistes sont arrêtés et emmenés à La Roche-Guyon. Ce village de bord de Seine abrite un château, qui a la particularité d’avoir un donjon troglodyte. Il appartenait au duc de La Rochefoucauld et a servi de quartier général au maréchal Rommel en 1944. Je recommande d’ailleurs la visite de ce lieu et des alentours, le château est en effet un peu surnaturel et il y a de très belles promenades dans le coin, qui offrent un point de vue sur la vallée de la Seine magnifique. Bien plus agréable en temps de paix, pas la peine d’en avoir connu d’autres pour le deviner…

Nous nous attardons encore un peu dans cette première partie sur les transmissions radio à Fort Southwick le 3 juin et sur Guillaume Mercader, un cycliste résistant qui a participé aux sabotages qui étaient nécessaires pour accompagner le débarquement.

Nous sommes donc à deux jours du vrai jour, car il y a eu un départ de bateaux à ce moment-là. Faux départ. Il a fallu faire demi-tour, à cause du temps, gros temps, pour éviter un naufrage. Mais c’était reculer pour mieux sauter, et pas seulement en parachute.

Nous voici donc, dans la nuit du 5 au 6 juin, embarqués pour un naufrage. Un naufrage, dis-je, alors que vous pensiez que c’était une réussite ? J’y reviendrai…



Peu avant minuit, donc, c’est en planeurs que les premiers embarquent. Nous faisons connaissance avec Denis Edwards, John Howard et Wally Parr. Traîné par l’avion remorqueur, le planeur fait d’abord un grand bond en avant au moment où le câble de remorquage se tend. Puis il se soulève, retombe, se soulève à nouveau pour rester en l’air cette fois. Edwards se dit déjà « T’es foutu, mon vieux […]. Plus la peine de t’inquiéter. » Au bout d’une heure de vol, ils sont pris dans une tempête de tirs de la DCA, puis le planeur se détache du remorqueur. Edwards était assourdi par « le hurlement strident du vent qui sifflait à travers les fentes et les espaces de la toile légère tendue sur la structure en bois. » L’atterrissage est très violent, ils touchent terre à peine conscients. Les pilotes des autres planeurs sont éjectés lors de l’atterrissage. Le commando se bat pour le pont de Bénouville et les premières victimes des combats tombent. Lorsque les chars s’approchent, Wally Parr s’aperçoit que leur lance- grenades antichar a été tordu lors de l’atterrissage de leur planeur. Heureusement, ce n’est pas le cas de celui d’un autre planeur qui fonctionne et permet de repousser l’ennemi.



Je ne détaillerai pas toute la suite, bien sûr, mais chaque chapitre, précédé d’une photographie, nous raconte un « épisode », s’attache à une unité, tout en gardant un ordre chronologique global et en s’inscrivant dans des parties plus larges qui regroupent à peu près une partie de la journée (« minuit », « la nuit », « l’aube », « un pied dans la place »…)

Après les planeurs, nous suivons les premiers parachutistes, le célèbre dont la toile s’est accrochée sur le clocher de l’église de Sainte-mère l’église, mais aussi celui qui, aspiré par un feu, s’embrase et brûle, et tous ceux qui ont atterri dans des champs inondés et qui sont morts noyés, incapables de se dégager de l’aspiration du champ détrempé à cause de leur matériel extrêmement lourd.

Les premiers qui débarquent des péniches ? Pas mieux. Les chars amphibies qui devaient arriver à peu près en même temps qu’eux sont beaucoup plus lents à se déplacer dans l’eau que prévu et ils ne sont pas prêts quand il faudrait prêter main forte aux soldats sur les plages. La première vague d’hommes à débarquer est appelée la vague suicide et c’est un surnom tout à fait prédictif. Sur des centaines d’hommes, quelques-uns seulement survivent. Les autres s’écroulent dans l’eau ou sur les plages dans un carnage ahurissant : des cris, du sang et des horreurs.

Certains passages sont gores, mais c’est une réalité sur laquelle on ne veut plus faire l’impasse, à raison à mon avis.



Bien entendu, les choses s’améliorent un peu après, vous n’êtes pas sans ignorer que nous avons vaincu l’ennemi. Les gradés ont débarqués après la vague de massacres et si tout est rentré dans l’ordre, c’est quand même beaucoup une question de hasards et de mauvais choix faits par les allemands, parce que leur aviation avait été mobilisée pour une autre raison, parce que les deux divisions que Rommel souhaitait avoir en renfort était conservées ailleurs, pour contrer un éventuel autre débarquement sur les plages du nord. Les allemands ont pris trop de temps à se rendre compte que c’était bien là la grande invasion et à se rendre compte de l’ampleur de cette invasion. Et tant mieux finalement.

Parce que du côté allié, tout n’a pas marché comme prévu, loin s’en faut, et après la lecture, on se dit que la victoire a tenu au gigantisme du débarquement, comme quoi l’union fait la force comme on le dit.

Et puis ça a tenu à quelques hommes aussi, des héros on les appelle, mais en réalité des dingues, que je ne qualifierais pas du tout de doux, des couillus complètement barges, prêts à tout et qui n’avaient peur de rien. Il y avait aussi des hommes plus ordinaires, beaucoup, mais il fallait quand même des têtes brûlées pour certaines missions, comme la prise de la pointe du hoc, épisode que je vous laisserai découvrir… Je ne vous ai pas non plus parlé de Bill Millin le joueur de Cornemuse et lord Lovat, the mad bastard… Ni de l’entraînement à balles réelles…

Quelques passages aussi se portent sur Eisenhower, qui, s’il n’avait pas pu prévoir tous les détails de l’opération Overlord, l’avait tout de même assez bien pensée.



Nous retrouvons quelques-uns des personnages tout au long du livre, tant mieux, ils ne sont pas morts, mais on n’ignorait pas que les témoignages ont été laissés plus volontiers par les survivants que par les morts !

C’est un gros livre qui a beaucoup de choses à dire. Passionnant ! En cette année du 75ème anniversaire du débarquement, une bonne occasion d’en apprendre un peu plus sur cet épisode.

Je remercie vivement Babelio d’organiser Masse critique et les éditions Noir sur blanc d’y participer.



Quelques réflexions supplémentaires sur le sujet sur mon blog…
Lien : https://chargedame.wordpress..
Commenter  J’apprécie          148
Le Paradis perdu : 1922, la destruction de ..

"En 1922, les troupes turques brulent Smyrne". On pourrait très bien s'arrêter là, évoquer un effet collatéral, un soubresaut de la première guerre mondiale, peu de choses en regard des atrocités subies par les arméniens avant, etc.



Cela c'était un peu ma vision avant de mettre le nez dans ce bouquin. Attention, la lecture de ce livre ne laisse pas indemne.



Des récits de massacres — chez les humains, on adore s'étriper férocement à tout propos — j'en ai lu un grand nombre dont celui de Mexico au temps de Cortès. Le bouquin de Giles Milton prend le temps de peindre la situation bien en amont avant d'arriver inexorablement à l'automne 1922. Du coup, familiarisé avec les lieux, les gens, les évènements, on est assommé par le dernier acte bien que prévenu en ouvrant ce livre.



En lisant ce bouquin, on découvre surtout un monde d'avant 1914 totalement inconséquent, quasi lyrique avec son lot de politiques qui veulent relancer, les uns, l'œuvre d'Alexandre le grand (Venizélos comme Lloyd George), l'autre, la Rome éternelle (Orlando). Sans oublier ceux qui souhaitent rétablir le grand empire ottoman (Enver Pacha et ses amis). Voire démarrer le grand reich avec des accords avec la Turquie (Liman von Sanders) ou le Mexique. Bref, chaque leader politique y va de sa manière de repeindre le monde, de ses lectures de jeunesse, de sa foi en étendard, de son intolérance à peine dissimulée et de ses rêves démesurés de grandeur à trop regarder les cartes.



le problème de ces politiques, ce sont les autres, les ennemis de toujours qu'il faudra bien massacrer ou expulser. Ceux qui ne sont pas la même religion, ces étrangers vivant là depuis des générations, n'ayant pas les mêmes pratiques, moeurs, cultures.



Alors, pour arriver à ses fins, ces politiques courtisent telle nation, tel ministre tout aussi rêveur, nouent des alliances secrètes, s'asseyent sur les traités, intriguent. Et cela de tous cotés. Côté Turc, on réorganise les troupes quitte à les expédier en plein hier sur le front russe ; on finance des troupes supplétives pour massacrer à qui mieux-mieux l'ennemi intérieur (Talaat Bey et le massacre des arméniens à lire page 106), on forge des légendes pour mieux manipuler l'opinion internationale et légitimer la terreur… Je vous rassure de suite, les turcs n'ont pas le monopole de ces pratiques, loin de là. C'est d'ailleurs un point très agréable dans ce livre, l'auteur ne désigne pas telle ou telle nation comme particulièrement abomifreuse, toutes se comportent de manière misérable, même celles qui n'interviennent pas directement dans la bagarre en… n'intervenant pas, justement.



Au milieu de cette cohue politique, de cette cuisine d'ambitieux cherchant à tout prix à obtenir le pouvoir et sa place dans l'histoire, des gens brillants capables de justifier l'injustifiable, il y avait un coin de Paradis. Smyrne.



Ici la lecture est faite du côté des riches familles. L'explication est simple, ce sont les seules qui ont du temps, qui sont instruites, parlent plusieurs langues, de déplacent, rencontrent les notables et ont laissé des témoignages considérables dans lesquels Giles Milton a abondamment puisé.



Ces très riches familles sont installées là depuis longtemps et ont créé de la richesse. Et puis, sur ce coin de côté turque, on trouve un incroyable patchwork culturel…! Des grecs, des français, des anglais, des levantins, des juifs, des turcs, des arméniens… Imaginez pour l'époque, des musulmans qui partagent leurs activités avec des chrétiens et des juifs, des gens qui se parlent, s'invitent les uns chez les autres. Et cela perdure depuis près de deux siècles dans ce coin ultra tolérant du monde Ottoman. Mieux encore, administrant cette province, un personnage cultivé, Rahmi Bey interprète de loin les consignes de Constantinople, essayant de maintenir la cohésion de ce mosaïque cosmopolite même en pleine attaque Grecque sur Gallipoli.



Malheureusement, ce ne sont pas ces hommes cultivés, respectueux des autres qui gagnent. Plus encore quand, dans ce grand Monopoly, les (dé)raisons d'État l'emportent.



C'est cette histoire terrible de Smyrne qui est narrée au fil des années jusqu'en septembre 1922. Là, la lâcheté des États occidentaux fut admirable. Certes l'armée turque fut sans pitié mais il serait un peu facile d'oublier les hésitations, les massacres, les fanfaronnade, les actions guerrières, les promesses puis les retournements politiques des grandes puissances.



C'est l'histoire de cet évènement dramatique raconté par les témoins de l'époque, les rescapés des grandes familles, les diplomates en poste, les prisonniers britanniques qui passèrent par là à leur libération, les marins, les enseignants, etc. Avec son lot de décisions contre-productives, le fatalisme ou la frivolité, le refus de regarder la réalité en face, les entre-aides entre gens de confession différentes (les grecs protégeant leurs amis turcs ou inversement), les signes d'amitié.



À la fin, on ne peut que s'attrister devant la perte d'un tel paradis. Il y en eu d'autres, d'Alexandrie à Beyrouth. C'est d'ailleurs la question. Comment se fait-il que de tels territoires atypiques, cosmopolites finissent par imploser…? Qui cela dérange-il…? Manifestement pas ceux qui vivent sur place.



Excellent bouquin, puisant — je me répète — aux meilleures sources et, surtout, prenant du recul, de la distance, démontrant que le ressort était bandé, que tout le dispositif ne demandait plus qu'à se dérouler avec des politiques sourds et partiaux.



Entre l'arrivée des troupes grecques le 15 mai 1919 à Smyrne (page 155), les exactions sur la population turque le même jour dans une débauche de violence incroyable et l'incendie de Smyrne trois ans après, que de fagots pour bouter ce dernier…



Entre le déni fait aux turcs de gérer leur propre pays après la guerre de 14-18 ; le refus prendre en compte des solutions locales de gouvernement (à propos de la région cosmopolite de Smyrne justement) ; les décisions ubuesques de la Conférence de Paris ; la mise à l'écart de généraux turcs qui n'avaient pas démérité lors de cette guerre — dont Mustafa Kemal (pages 142 et 174) traité comme un moins que rien…

On ne savait pas grand-chose de la stratégie de Mustafa Kemal, qui était mal connu de la hiérarchie militaire britannique.

Les fonctionnaires de Whitehall s'essayèrent à de nombreuses analyses de personnalité, mais qui reposaient davantage sur des fantasmes que sur la réalité. D'après un dossier des services secrets, il aurait mené une vie « dissolue » dans ses jeunes années et aurait contracté une maladie vénérienne.

Cet événement lui aurait donné «du mépris et du dégoût pour la vie», et J'aurait conduit « au vice homosexuel ». On l'accusait d'avoir désobéi à Liman von Sanders pendant son énergique défense de la péninsule de Gallipoli.

Plus étrange encore, on peut lire qu'il avait perdu un oeil au combat dans une bataille contre les Anglais. Bien qu'ayant étudié toutes les informations disponibles sur Kemal, Sir John de Robeck n'arrivait pas à le cerner. « Il reste une véritable énigme », écrit-il, découragé. Lloyd George était plus méprisant : « un marchand de tapis dans un bazar », jugeait-il.

On se rendit vite compte que le « marchand de tapis » était un élément rassembleur particulièrement actif en Turquie centrale.



Ou encore, les discours religieux évoquant la reconquête nécessaire de Sainte-Sophie (Lord Curzon) avec, en réaction, le discours fondateur de la nationaliste turque Halide Edib à Constantinople et le démarrage du mouvement nationaliste au sein de ce qui restait de l'armée turque ; le cynisme des représentants des grandes puissances émergentes d'alors, le monde était franchement très très mal parti.



Bref, qui a tord, qui a raison…? Vous découvrirez en lisant ce livre que personne n'en sort grandi, que des actes imbéciles fragilisèrent peu-à-peu l'équilibre entre ces communautés et finirent par rendre cette partie du monde totalement explosive. Quant à ce qui s'est déroulé à la fin, ce fut atroce. Pendant et après. Imaginez 300 000 personnes coincées sur un quai entre la mer et un incendie. Et cernées par des troupes déchainées. En face, des bateaux britanniques, français et américains n'intervenant pas.



Aussi, si vous ne connaissez pas cette période de l'histoire entre les deux grandes guerres, c'est une manière époustouflante de la découvrir. Retenir que les promesses n'engagent que ceux qui les croient, jamais les États, jamais les politiques qui ont beau jeu d'expliquer ensuite qu'ils avaient les mains liées, qu'ils leur était impossible d'agir, etc.
Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
Commenter  J’apprécie          131
Les saboteurs de l'ombre

Je remercie Babelio et les éditions Noir sur Blanc pour m'avoir permis de découvrir ce livre. Je ne connaissais pas du tout l'auteur, ni le sujet traité d'ailleurs.

Comme beaucoup, j'ai appris que pendant la seconde guerre Mondiale, les actions de résistance dans les différents pays d'Europe était soutenu par les Anglais, puis les Américains. Ce que je ne savais pas c'est que le soutient avait été spécialement organisé et que les hommes engagés dans ses actions étaient sélectionnés et spécialement entraînés.

Et d'ailleurs, on ne connait que rarement ces actions, on connait beaucoup plus les conséquences sous forme de représailles de l'occupant. On connait tous l'histoire de l’exécution des villageois d'Oradour sur Glane, mais qui sait que c'est la conséquence d'actions répétées pour ralentir le déplacement d'une tristement célèbre Division SS, vers la Normandie.

J'ai lu ce livre comme un roman, l'écriture est fluide, facile à aborder, avec parfois même une petite note d'humour. Mais les quelques pages de références en fin de livre ne laissent aucun doute quant à la réalité du récit.

Et compte tenu de l'organisation qui y est décrite, il me semble assez évident que ce qui est raconté dans ce livre n'est qu'une infime part de tout ce qui a été réalisé, et suscite pour moi une grande curiosité.

Et tout cela met aussi une nouvelle lumière sur différents événements récents qui devaient certainement correspondre aux même type d'action , mais qui ont été beaucoup moins discrets.

C'est peut-être un livre a relire calmement tout en parcourant d'autres documentations.
Commenter  J’apprécie          110
D-Day : Les soldats du débarquement

Machiavel disait " Une guerre est juste quand elle est nécessaire."...alors, il fallait bien sortir de cette guerre qui avait déjà fait tant de morts, écraser ce régime nazi, dont le monde ne connaissait pas encore tous les crimes et enfin arriva ce 6 juin 1944, journée au cours de laquelle tout pouvait basculer, journée qui permettait d'ouvrir un front nécessaire à l'Ouest, afin d'enserrer l'Allemagne de deux côtés.

Rares doivent être ceux qui vivent encore, parmi ces 156 000 soldats qui ont vécu cette journée, après avoir débarqué dans l'eau froide à l'issue d'une traversée au cours de laquelle ils avaient vomi tripes et boyaux sur cette mer démontée. Près de 7 000 bateaux, depuis des croiseurs jusqu'aux péniches de débarquement, avaient du se regrouper et affronter côte à côte cette traversée à l'insu des observateurs allemands qui ne les attendaient pas. Pour eux, le temps n'était pas un temps à faire débarquer des troupes. Longtemps ils crurent que c'était une opération de diversion.

Un seul ordre qui fait froid dans le dos, avait été donné aux capitaines de ces embarcations : "Ne vous arrêtez pas pour repêcher et sauver ceux qui tomberaient à l'eau! Foncez !" . Nombreux furent ces anonymes qui ne virent pas les côtes françaises, parce que leur char amphibie coula et se retourna sur le fond, parce que leur navire fut touché par une bombe, ou envoyé par le fond par l'une de six millions de mines posées au large des côtes.

La cour martiale était promise à tous ceux qui refuseraient de sauter

Giles Milton détaille toutes les phases d'observation préparatoires à cette journée, et toute la journée du 6 juin, plage par plage, en 8 parties qui articulent le livre, depuis la préparation en passant par les différentes parties de cette journée, de minuit à minuit.

Il s'appuie sur de très nombreux témoignages, issus d'autres ouvrages historiques mais surtout sur des écrits ou des entretiens laissés par ces soldats qui

arrivèrent à atteindre la grève et à survivre à cette guerre.

Milton ne nous épargne rien, ni ces morts, pulvérisés par des mines, ou hachés par les obus ou les balles, ni ces blessés agonisant, ni ces monceaux de cadavres ballottés par les vagues, ni cette eau rougie par le sang...

Les GI, les soldats anglais ou canadiens ne sont pas les seuls à être présentés dans cet ouvrage. Miton donne aussi la parole à ces soldats allemands qui depuis leur casemates les canardait, à ces normands qui les accueillirent, qui virent leur ville bombardée, leurs maisons détruites. Les généraux et hauts gradés sont relativement peu présents, sauf dans les phases de préparation.

Des petits riens auraient pu changer le succès de cette opération et le destin du monde : les stratèges allemands ne croyait pas qu'il s'agissait du vrai débarquement, le temps étant trop mauvais. . D'autre part, pour eux, ce débarquement ne pouvait se faire que dans le Pas-de-Calais... enfin le maréchal Rommel qui commandait cette armée occupant la Normandie était parti en Allemagne afin offrir une paire de chaussures à son épouse pour son anniversaire...

Le hasard fait bien les choses, même si, au soir de cette journée les objectifs n'avaient pas été atteints, la réaction allemande fut longue à se mettre en oeuvre

J'ai été impressionné par cette organisation, par cette logistique, par l'importance du matériel et des moyens mis en oeuvre, par le courage et l'abnégation de ces hommes.

La guerre n'était pas achevée pour autant, il fallu encore 335 jours de combats et combien de morts de part et d'autre, sur ce front et celui de l'Est, qu'il ne faut pas oublier non plus, avant la capitulation allemande.

Napoléon Bonaparte aurait dit : "Les soldats généralement gagnent des batailles ; les généraux en obtiennent le crédit.."

Ce livre est écrit pour justement attribuer le crédit de cette bataille du débarquement à ces soldats.

Merci à eux et merci à Babelio et à Masse critique pour cette lecture.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          101
Les saboteurs de l'ombre

Il serait bien vain et même présomptueux de prétendre résumer par moi-même un épisode véridique de l'Histoire. Voilà pourquoi je vous renvoie à la quatrième de couverture qui est très bien faite. Colin Gubbins n'avait pas l'approbation de ses supérieurs, mais c'est en partie grâce à ses méthodes de guérilla que la guerre de 39-45 a été remportée par les Alliés. « Après deux ans de guerre, le gouvernement britannique et ses serviteurs apprenaient enfin à se conduire comme des mal élevés. » (p. 175) Dans son bureau secret situé dans Baker Street, à deux pas de la maison de Winston Churchill, il a pensé la guerre différemment pour donner l'avantage à l'Angleterre et aux ennemis du nazisme. « Dans l'armée régulière, on avait très peu l'expérience de cette guerre souvent indigne de gentlemen. » (p. 29) Grâce à l'équipe exceptionnelle qu'il a rassemblée, il a élaboré des opérations de sabotage d'envergure, souvent extrêmement audacieuses, menées en Afrique, en Grèce, en Norvège ou encore en France. Giles Milton présente dans le détail leur préparation, ce qui les rend très visuelles, voire cinématographiques. Le livret iconographique présent au milieu de l'ouvrage illustre intelligemment le propos et donne envie de se perdre dans des kilomètres d'archives.



Les portraits des membres de l'équipe d'élite de Colin Gubbins sont passionnants. Nous sommes en présence de personnes extraordinaires, peu communes parce que visionnaires ou faisant montre d'une morale peu acceptable, et pourtant positive. « Il allait avoir besoin d'un petit groupe d'experts qui l'aiderait à trouver où frapper pour mieux enrayer la machine de guerre d'Hitler. Des experts qu'il avait peu de chances de trouver dans l'armée régulière. Gubbins devait dénicher des mauvais garçons, des loups solitaires, des excentriques sachant penser en dehors du cadre et aimant l'action. » (p. 35) Mais il n'est pas question que d'hommes dans cet ouvrage. Joan Bright et Margaret Jackson ont été deux assistantes indispensables au travail de Colin Gubbins, des femmes travaillant sans relâche à l'effort de guerre jusqu'à l'armistice.



La réussite de ces opérations, de cette stratégie novatrice et de cette guerre irrégulière était la façon de Colin Gubbins de servir son pays au plus fort de la guerre, mais également de prendre une revanche sur sa hiérarchie militaire en prouvant sa valeur de soldat. « Après l'attentat contre Heydrich, Colin Gubbins comprit quel puissant avantage il avait sur les nazis. Si tous les coups étaient permis, la guerre devenait un jeu, un jeu à haut risque, mais qui ne manquait pas d'attrait. En plaçant bien ses cartes, il cesserait d'être un sous-fifre mal-aimé pour devenir maître de la stratégie. » (p. 229) Ce portrait d'homme déterminé ferait un excellent biopic au cinéma. J'ai été saisie par le sang-froid de Gubbins, l'inventivité de ses hommes et la témérité de cette brigade secrète. À noter que les techniques et les technologies développées par ces saboteurs ont été saluées par tous pendant la guerre, et même par certains officiers de l'armée allemande qui en faisait pourtant les frais.



J'avais déjà apprécié la plume de Giles Milton dans son roman Le nez d'Edward Trencom qui parle de fromage, entre autres choses. Ici, son enlevé et entraînant fait dévorer sans effort les quelque 400 pages de ce document historique.
Commenter  J’apprécie          90
Le Paradis perdu : 1922, la destruction de ..

Du journaliste britannique Giles Milton, j'avais beaucoup apprécié "Les aventuriers de la reine", portant sur les premières tentatives de colonisation anglaise en Amérique au temps d'Elizabeth Ière, et "La guerre de la noix muscade", sur la chasse aux épices au dix-septième siècle dans l'actuelle Indonésie : des sujets historiques peu communs mais rendus passionnants par cet auteur qui ne m'a encore jamais déçu — ainsi que le confirme ce troisième ouvrage que je lis de lui. Il est ici question d'événements plus récents, avec la destruction de Smyrne (aujourd'hui Izmir, troisième ville de Turquie) par les troupes de Kemal Atatürk. La particularité de cette ville était d'apparaître au début du siècle dernier comme un véritable paradis dans l'Empire Ottoman en déclin. Plaque tournante du commerce entre l'Europe et l'Asie, incroyablement prospère et cultivée, Smyrne offrait en outre un modèle de société multiculturelle et multiconfessionnelle, avec ses communautés grecque, turque, arménienne, juive et européenne cohabitant en bonne intelligence ; le fameux "vivre ensemble", avant d'être un fantasme de politicien français, fut bel et bien une réalité sur les rivages de la Mer Égée. Préfigurant Beyrouth et Sarajevo, ce magnifique exemple de tolérance et d'enrichissement mutuel s'acheva dans une terrible explosion de violence en 1922, point d'orgue de la guerre gréco-turque...



La tragédie de Smyrne selon Milton se décline en trois actes. Le premier s'attarde sur la présentation du cadre idyllique dans lequel évoluaient les familles Whittall, Giraud, Paterson et autres, ces riches Levantins dont les témoignages ont été méticuleusement recueillis par l'auteur. Si l'exposé de leurs relations sociales, de leurs pique-niques familiaux et de leurs soirées dansantes peut paraître futile et anecdotique, il est néanmoins nécessaire pour mieux marquer la rupture avec les deux actes suivants : le deuxième, où les conséquences géopolitiques de la Grande Guerre font peser de lourdes menaces sur l'insouciante Smyrne, prise dans un étau entre nationalistes turcs et grecs ; et plus encore le troisième, consacré à ce funeste mois de septembre 1922 qui vit l'anéantissement de Smyrne la tolérante. Autant prévenir les âmes les plus sensibles : le récit de ces jours tragiques est très précis, jusque dans ses détails les plus sordides, et l'horreur est omniprésente dans ces pages. Jeunes filles violées, vieillards battus à mort, hommes abattus froidement, prisonniers torturés, corps décapités et cadavres pourrissant dans le port... Rien n'est épargné au lecteur, de la même manière que rien ne fut épargné aux malheureux habitants. "L'un des sentiments les plus vifs que j'aie rapportés de Smyrne est la honte d'appartenir à l'espèce humaine" écrit l'un des protagonistes du drame, opinion qu'on ne peut que partager face à la litanie des exactions commises par les uns et les autres... même si des actes courageux et des élans d'humanité, incarnés notamment par l'Américain Asa Jennings qui organisa avec succès l'évacuation de dizaines de milliers de réfugiés, amènent un peu de lumière dans ce témoignage très dur.



"Le paradis perdu" est une lecture émotionnellement difficile, donc, mais passionnante à plus d'un titre et d'un abord facilité par la capacité qu'a Giles Milton à rendre clairs des événements complexes, aux implications considérables. Car la question de Smyrne ne s'arrête pas aux côtes ioniennes : elle embrasse des problématiques bien plus larges, telles que les relations pluriséculaires entre Orient et Occident, les traités de paix de la Première Guerre Mondiale, les luttes d'influence entre grandes puissances, ou encore le génocide arménien.
Commenter  J’apprécie          92
D-Day : Les soldats du débarquement

(Lu en VO)

"La petite histoire dans la grande Histoire"... c'est ce dont me parle souvent un ami normand lorsqu'il évoque sa passion pour les livres consacrés à la Seconde Guerre mondiale et notamment ceux écrits par les acteurs du conflit, qu'ils soient militaires ou civils, gradés ou hommes de troupe, Alliés ou allemands...

Ce livre de Giles Milton conte exactement cela, la collection d'expériences vécues par les participants de tous bords à cet événement incroyable qu'a été le D-Day.

Le lecteur le vit ainsi "à hauteur d'hommes", qu'ils aient participé à sa préparation, aient été actifs dans les opérations militaires du jour ou l'aient simplement subi en tant qu'habitants de la zone.

Et le dit lecteur reste interdit devant l'extraordinaire logistique qui a sous-tendu l'ensemble et en retire, à l'instar des témoins allemands de l'événement, la conviction de l'inéluctable tellement le déséquilibre des ressources en ressort important.

Ce livre n'est peut-être pas le plus érudit des ouvrages consacrés au Jour J mais probablement l'un de ceux qui permet la meilleure immersion dans le déroulement de celui-ci.
Commenter  J’apprécie          80
La guerre de la noix de muscade

De cette épice que nous manions avec délectation, nous ignorons totalement – comme l'histoire de l'Angleterre au XVIIème siècle – les conflits sanglants que sa possession suscita entre Portugais, Hollandais et Anglais.



C'est cette saga à multiples rebondissement que l'auteur, journaliste et historien, retrace en s'appuyant sur les témoignages, journaux de bord, traités et rapports retrouvés aux archives. Des carnages, des batailles navales, des trahisons, des massacres, des exécutions après d'ignobles actes de torture et de barbarie, des famines, des maladies décimant les hommes venus d'Europe, en fait un désastre pour s'emparer d'un minuscule archipel des Moluques, à l'est de Bornéo et en particulier la minuscule île de Run, couverte de muscadiers.



L'époque prête en effet à la noix de muscade des propriétés médicinales – totalement illusoires – et son prix atteint des sommets inouïs. Mais les îles où elle pousse, comme le clou de girofle et le macis, sont l'objet de luttes de souveraineté inimaginables. Des expéditions maritimes successives qui disparaissent en mer, des équipages décimés par le scorbut, des aventuriers sanguinaires … Et surtout, la naissance du capitalisme avec la création des deux compagnies des Indes rivales en Angleterre et en Hollande, une lutte à mort entre les deux nations qui fit d'innombrables victimes.



Giles Milton est britannique : il ne se lasse pas de détailler la fourberie et la cruauté des hollandais. le conflit autour des îles de Banda et de Run se clôturera cependant de manière inattendue ; un compromis – le traité de Breda en 1667 - actant l'échange des îles à muscade définitivement conservées par les Hollandais contre une autre île située sur la côte est du Nouveau Monde, la Nouvelle Hollande, en fait l'île de Manhattan renommée aussitôt New York. Entre temps, les Anglais avaient transplanté nombre de pieds de muscadier dans leurs autres comptoirs du sud-est asiatique (à Ceylan, Penang et Singapour), où ils s'acclimatèrent très bien.



Une occasion de découvrir des savants comme Mercator, des navigateurs comme Baffin, Cabot, Hudson, Barentz qui cherchèrent en vain un passage par le nord (l'un à l'est, l'autre à l'ouest) censé raccourcir considérablement le trajet vers les « épiceries », et des héros retombés dans l'oubli comme Nathaniel Courthope.



L'ouvrage est foisonnant, plus confus que le dernier livre consacré au blocus de Berlin car les sources se chevauchent, mais cette histoire mérite d'être contée, car elle en apprend beaucoup sur la nature des hommes, leur avidité à faire du profit quoi qu'il en coûte et leur capacité à se battre entre eux …



Une chose est certaine : je serai désormais plus attentive lorsque je commencerai à râper une noix de muscade ...
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          70
D-Day : Les soldats du débarquement

De l’opération Overlord qui sonna le début de la libération de la France, on pense tout savoir ou presque. Mais le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie prend de nouvelles couleurs sous la plume de Giles Milton qui nous fait revivre avec force cette journée cruciale.



Sous la forme d’un docu-fiction qui laisse une large place aux témoignages de ceux qui ont vécu ces heures fatidiques, il nous entraîne à bord des avions et des navires qui ont abordé les côtes françaises, débarquant et larguant des combattants courageux voués à la mort ou à des blessures irréversibles.



En donnant la parole aux survivants anonymes, aux soldats américains, britanniques, canadiens mais aussi allemands et aux habitants et résistants français, aux médecins et infirmières, aux radiotélégraphistes... il éclaire les événements d’une nouvelle lumière et leur donne une réalité à la fois terriblement violente et humaine.



Avec cet ouvrage magistral, très détaillé et documenté, Giles Milton redonne toute leur place aux soldats sans grade ou aux grades subalternes qui ont combattu et qui ont libéré la France et fait que la guerre s’achève. Il rend palpable la tension, la peur mais aussi l’incroyable optimisme et la bravoure qui ont conduit ces soldats sur les plages normandes. Ce qui est aussi particulièrement frappant est la jeunesse de tous ces soldats, souvent à peine âgés d’une vingtaine d’années et qui se sont sacrifiés.



Si on en connaît l’issue, le débarquement est pourtant décrit ici avec une telle intensité qu’on vit de véritables moments de suspens dans les pas de tous les protagonistes qui incarnent magnifiquement ce récit.



Un livre à lire comme un vibrant hommage à ceux qui ont combattu pour la liberté.

Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Giles Milton (205)Voir plus


{* *}