Citations de Gilles Abier (183)
Quand ma mère devine que mon cœur ne lui est plus exclusivement réservé, elle panique. Et elle devient méchante.
Les jours trop noirs, les jours où la rage m'étrangle, les jours où je la maudis, je m'accroche à l'ironie qui doit la ronger. L'ironie de ses bonnes intentions. Forcément qu'elle se rappelle les paroles vertueuses qu'elle a tenues quelques minutes plus tôt, après s'être finalement décidée à nous apporter une carafe de citronnade avec deux verres. Des paroles en réponse à la réflexion d'Alex qui trouvait qu'aujourd'hui était la journée idéale pour avoir une piscine, une piscine pleine. Des paroles qu'elle lui a balancées, d'un air inspiré. Il fallait, c'était important, qu'il ouvre les yeux et qu'il prenne conscience que l'environnement était en danger. Et pas seulement pour lui. Ce geste qu'elle faisait, elle, de ne pas remplir la piscine, elle ne le faisait pas pour elle, ni pour lui, mais pour ses petits-enfants. Et le monde dans lequel ils vivraient.
Oui, sauf qu'aujourd'hui son fils n'aura jamais d'enfant. Aujourd'hui son fils est mort. Il est mort parce que la piscine était vide.
Puisque tu te moques de ce qui est moche, puisque tu hais ce qui est laid, je transforme ta belle Eline en Crapouille, la grenouille.
Mais qu'est ce qui nous dit que l'humanité doit être immortelle ? Pourquoi ne serait-elle pas à l'image des êtres qui la composent ? Avec une date limite inéluctable ? De quel droit exigeons nous de vivre à jamais sur cette planète ? Pourquoi ne connaîtrions nous pas la fin, nous aussi, comme tant d'espèces qui ont disparu ? Si la nature est éternelle dans son renouvellement permanent et son adaptation imparable à ce qu'elle subit, ce qui la construit ne l'est pas obligatoirement ? N'est-ce pas justement ce besoin de tout contrôler, de tout sécuriser, qui anime Eran et le conduit à réduire nos libertés ? Ne vaut-il pas mieux vivre brièvement mais pleinement plutôt qu'indéfiniment dans l'ennui ? À craindre le moindre risque et à essayer de le contenir au maximum on éprouve le temps plus qu'on ne l'incarne.
Je lui parlais de Martial, de ce manque abyssal qui m'empêchait d'avancer, de ce sentiment d'abattement qui m'était tombé dessus dans le bureau de Madame Siblate et qui ne m'avait pas lâchée depuis...et tout ce qui l'intéressait concernait l'assassin de mon frère."
J’ai toujours su qu’un jour il m’arriverait un truc extraordinaire. Depuis que je tiens debout, j’ai la conviction que je suis né pour accomplir un miracle. Ce n’est pas possible autrement. Sinon, comment expliquer la contradiction entre les rêves qui me dévorent et le corps dont je dispose.
À treize ans, j’en parais neuf. Dix, les jours où je pète la forme.
Tu crois vraiment que ce sera mieux ailleurs ? Dans une autre famille ?
Là-bas, les gens ont les yeux plissés. C'est comme s'ils cherchaient constamment à apercevoir quelque chose. J'imagine que leurs visages restent figés comme ça, à essayer de voir les uns à l'intérieur des autres ce qu'il y a de bon en chacun. C'est pour ça que c'est écrit que "Japon" veut dire "le pays d'origine du soleil". Personne ne voudrait louper sa naissance, dans un sourire, un regard, ou dans un simple geste.
-Qui est cette charmante jeune fille?
-C'est Amélie, maman.
Et là malgré moi, comme pour la provoquer, j'ai ajouté:
-Mon amoureuse.
Le sourire de ma mère s'est crispé.
Et puis, ôtant délicatement l'écharpe du cou d'Amélie, ma mère s'est adressée à moi. D'une voix douce.
- Elle m'a l'air gentille mais elle n'est pas très jolie.
"Tu sais Johanna, moi j'ai couché avec Robert Pattison et j'en fait pas tout un plat. "
"Il fallait , c'était important, qu'il ouvre les yeux et qu'il prenne conscience que l'environnement était en danger. Et pas seulement pour lui. Ce geste qu'elle faisait, elle, de ne pas remplir la piscine, elle ne le faisait pas pour elle, ni pour lui, mais pour ses petits-enfants. Et le monde dans lequel ils vivraient."
"Certains racontent que cette graine se lie au coeur de celui qui la plante, et qu'elle vivrait ainsi d'eau fraîche et d'amour". p. 92
J'ai failli faire un arrêt cardiaque lorsque j'ai ouvert mon colis. Quelle horreur ! un tricot vert, avec des rayures rouges au niveau des coudes ! On dirait une relique de grand-mère. Un pull en grosse laine qui gratte en plus ! Tu l'enfiles, tu te changes en sapin de Noël.
( p 7 )
Tu sais bien que la règle numéro 1 d'un pirate est de glacer le sang rien qu'à l'évocation de son nom.
« - Imagine que tu as une balance en face de toi. D'un côté, se tient la vie de ton frère, de l'autre sa mort. Aujourd'hui, tu donnes plus de poids à sa mort. La balance penche de son côté. Alors que c'est sa vie qui devrait peser la plus lourd. C'est elle qui a le plus d'importance. En pardonnant à ce jeune homme, tu te libères de la mort de ton frère pour ne garder que sa vie. »
« Le remords qui ronge, celui qui grignote un peu chaque jour, ne s'embarrasse d'aucune cohérence. Il n'a pas de logique, il n'est pas lucide. Il s'installe en toi sans raison et tu l'accueilles à bras ouverts. Tu lui fais même une place au chaud. »
"Ce n'est pas fini" - Grégoire, page 189
"Il connaissait toute ma vie. Et moi, si peu de la sienne" page 164
"Lucie posa sa tête contre l'épaule de Grégoire. Elle tenait bien à lui. Étrangement il était plus facile pour elle de se confier à ce jeune homme qu'à ses deux amies. Entre eux, aucun jugement. Elle pouvait tout lui dire." page 30
J'ai arrêté de boire de l'eau en prison, histoire de plus pleurer. Mais ça n'a pas marché. T'as beau crever de soif, tu peux encore chialer toutes les larmes que tu veux. T'as beau demander à ta mère de te laver ton vieux doudou, un lapin gris aux grandes oreilles qu'on t'a autorisée à garder, avec la même lessive que ton mec mort, insister pour qu'elle le trempe carrément dans l'assouplissant avant de la mettre en machine, histoire que son odeur de propre bien imprégnée envahisse ta cellule ; la nuit, tout ce que tu respires, c'est la honte, la solitude et l'incompréhension.
C'est épuisant d'être avec quelqu'un qu'on ne mérite pas. On passe son temps à attendre le moment ou il va s'en apercevoir.
Aussi,après le dîner, pour évacuer cette frustration qui lui colle à la peau depuis qu'il a du renoncer à visiter sa ville fétiche,il a décidé de dresser la liste de tous les élèves de sa classe qui passent leur temps à l'humilier.Sept tordus.Trois filles,quatre garçon,auxquels il a ajouté le prof d'histoire,même si ce dernier ne participe pas au voyage.Après un long moment à scruter ces noms maudits,au bout duquel aucun d"eux n'arriverait vivants à Londres