Citations de Gisèle Halimi (314)
Est-ce que vous accepteriez, vous, Messieurs, de comparaître devant des tribunaux de femmes parce que vous auriez disposé de votre corps ?...
Cela paraît démentiel !
Entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et le droit qui affranchit.
Mais il faut une relève à qui tendre le flambeau. Le combat est une dynamique. Si on arrête, on dégringole. Si on arrête, on est foutues. Car les droits des femmes sont toujours en danger. Soyez donc sur le qui-vive, attentives, combattives : ne laissez pas passer un geste, un mot, une situation, qui attente à votre dignité. La vôtre et celle de toutes les femmes. Organisez-vous, mobilisez-vous, soyez solidaires. Pas seulement en écrivant "Moi aussi" (Me Too) sur les réseaux sociaux. C'est sympathique mais ça ne change pas le monde. Or c'est le défi que vous devez relever. Soyez dans la conquête. Gagnez de nouveaux droits sans attendre qu'on vous les "concède". Créez des réseaux d'entraide - les homme sen bénéficient depuis des lustres - et misez sur la sororité. Désunies, les femmes sont vulnérables. Ensemble, elles possèdent une force à soulever des montagnes et convertir les hommes à ce mouvement profond. Le plus fascinant de toute l'histoire de l'humanité.
(...) La presse crie à la menace de censure, les annonceurs, craignant d'être limités dans leurs images publicitaires quasi pornographiques (enchaînées demi nues, à quatre pattes devant un lave-vaisselle, ou traditionnelles et heureuses, devant un tas de couches-culottes), mènent un combat sans merci. (...)
Sanctionner le racisme, le négationnisme, n'a pas semblé attentatoire à la liberté d'expression. Sanctionner le rejet, le mépris, l'instrumentalisation, la commercialisation de la femme, oui. On peut le comprendre. Pour continuer de dominer les femmes, le patriarcat a besoin de la perpétuation de schémas infériorisants et d'images dégradantes. Et puis business is business, même s'il se pare du masque des libertés.
- […] Non ! ce n’est pas possible ! Dans des affaires comme celles-là, on ne peut pas désigner des femmes !
Un instant, je suis restée sans voix. J’ai enfin réagi :
- Mais pourquoi ?
- Parce que ce sont des affaires politiques.
- Mais pourquoi des femmes ne plaideraient-elles pas des affaires politiques ?
« Pourquoi n’auraient-elles pas précisément la possibilité d’élaborer une tribune politique, de frapper l’opinion publique ? Pourquoi, d’ailleurs, ne seraient-elles pas sensibles à la situation dans laquelle elles vivent, de la même manière que les hommes ? Pourquoi ne prendraient-elles pas partie pour l’indépendance du peuple tunisien contre la colonisation ? Contre l’exploitation et l’humiliation ? Pourquoi ? Oui, pourquoi ?
« Et, pourquoi, une avocate ne trouverait-elle pas les mots pour faire passer tout cela, si elle le sentait, comme un avocat ?… »
Comme beaucoup de femmes aujourd'hui, elle a choisi la solitude pour accomplir sa liberté.
il est un langage que tiennent les hommes et que les femmes ne devraient jamais laisser passer. Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent une idéologie, une mentalité, un état d'esprit. Laisser passer un mot, c'est le tolérer. Et de la tolérance à la complicité, il n'y a qu'un pas.
Le principe selon lequel l'enfant est une personne et qu'il faut le traiter comme telle relevait d'une sorte de folie. Un enfant n'avait droit à aucune explication réelle. C'était un enfant, à former du mieux possible en grande personne, c'est tout. Et sans trop d'histoires.
Quand ma mère ou mon père me racontait à plusieurs reprises et complaisamment l'histoire de ma naissance: "Une fille ? Catastrophe ! Pendant trois semaines, nous avons caché ta naissance ..." [ ...], ils en se doutaient pas des dégâts qu'ils causaient.
Depuis, ce corps mûr et ses seins haut plantés, cette peau sombre et douce, son sexe foisonnant comme sa langue chevelure couleur de miel roussi, avaient enchaîné l'Arabe. Il tentait de se détacher, humilié par l'aimant de cette chair ennemie. Mais les gestes sur le moment elle lui prodiguait anéantissement en lui toute résistance, toute prise de conscience. Il se méprisait - en quoi ai-je été libéré? Je ne me suis jamais senti aussi esclave, aussi étranger à moi même, aussi impuissant. Fuir?
Cela me fait penser à cette fameuse vignette, que l'on avait dû payer pour verser, je crois, une retraite aux vieux, et qui, en définitive, n'a servi qu'à financer la guerre d'Algérie...
"L'avenir boitera s'il n'est construit que de mains d'hommes et d'attente de femmes", ai-je insisté en exposant à la presse notre démarche.
L’échec, l’erreur, l’oubli…Voulez-vous contraindre les femmes à donner la vie par échec, par erreur, par oubli?
Il est un langage que tiennent les hommes et que les femmes ne devraient jamais laisser passer. Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent exactement une idéologie, une mentalité, un état d'esprit. Laisser passer un mot, c'est le tolérer et de la tolérance à la complicité, il n'y a qu'un pas.
- Mais enfin, disait le procureur, si tout cela avait été vrai, vous auriez dû le dire à la Police aussitôt ! Votre histoire est invraisemblable !
C’était absurde, grotesque. Lorsqu’une fille est violée, son premier souci, une fois tirée d’affaire, n’est pas d’arrêter un policier et de lui raconter son histoire. Le choc est grand, le traumatisme est réel. Elle a d’abord besoin d’intérioriser ce qu’elle vient de vivre. Et généralement, ce genre d’agressions ne donne que très rarement lieu à des plaintes.
Messieurs, regardez-vous et regardez-nous... Quatre femmes comparaissent devant quatre hommes pour parler de quoi ? De leur utérus, de leurs maternités, de leurs avortements, de leur exigence d’être physiquement libres... Est-ce que l’injustice ne commence pas là ?
Mais rebellez-vous ! Pensez enfin à vous. A ce qui vous plaît. A ce qui vous qui vous permettra de vous épanouir, d'être totalement vous-mêmes et d'exister pleinement. Envoyez balader les conventions, les traditions et le qu'en-dira-t-on. Fichez-vous des railleries et autres jalousies. Vous êtes importantes. Devenez prioritaires.
Misez sur la sororité. Désunies, les femmes sont vulnérables. Ensemble, elles possèdent une force à soulever des montagnes et convertir les hommes à ce mouvement profond. Le plus fascinant de toute l’histoire de l’humanité.
Eh bien j’affirme que la maternité ne doit pas être l’unique horizon. Et que l’instinct maternel est un immense bobard à jeter aux poubelles de l’Histoire. Je n’y ai jamais cru. La vie n’a fait que confirmer mes intuitions. Alors j’insiste : soyez libres ! La maternité n’est ni un devoir ni l’unique moyen d’accomplissement d’une femme. Elle mérite réflexion, considération, sans aucune autocensure : pourquoi faire un enfant ? Sauver le monde ? Se reproduire ? Laisser une trace ? Ce doit être une décision prise en liberté, et en responsabilité, hors pressions bibliques ou conditionnement social. Un engagement réfléchi et lucide.
Il est un langage que tiennent les hommes que les femmes ne devraient jamais laisser passer. Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent exactement une idéologie, une mentalité, un état d'esprit. Laisser passer un mot c'est le tolérer. Et de la tolérance à la complicité, il n'y a qu'un pas.
Rebelle, passionnée, infatigable. Et libre. Farouchement libre.