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Citations de Guy Boley (328)


Le capitalisme est né, a écrit en substance Karl Marx, quand on a enlevé à l'ouvrier son outil de travail. Peut-être Marx a t-il écrit : quand on lui a volé son outil, et non enlevé. Il faudrait vérifier. Quoiqu'il en soit, enlevée ou volée, c'en est fini de l'enclume , c'en est fini de la forge. Ce sont pourtant des années que l'on nommera Glorieuses : le roi nommé crédit distribue à la volée de pleines poignées de billets permettant d'acheter des meubles en aggloméré, des tables en Formica, de la vaisselle transparente en Pyrex, des oreilles de Mickey et des Général De Gaulle en forme de tire-bouchon. Et ça consomme plein pot, dehors comme dedans, du sous-sol jusqu'au grenier, sans oublier les réfrigérateurs qui dégueulent déjà cellophanés sans saveur, sans odeur, sans effort à fournir pour les servir à table. Les banques font fonction de bibliothèques et l'on signe au bas d'un carnet de chèques pas moins fier que Balzac signant une de ses œuvres.Mais nous, éternels orphelins le coeur couvert de suie, nous ne profitons même pas de ce luxe nouveau. Papa a démâté et maman éplorée est en train de naufrager à l'intérieur d'elle-même.
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Tout le reste n'a aucune importance et fut d'une banalité à faire pleurer les pierres : des pardessus en deuil, des adultes larmoyants, des mots creux à la pelle, des tentures et des cris, des rubans de crêpe noir, un caveau grand ouvert, des cercueils empilés, quelques pelletées de terre, des couronnes mortuaires. Des statuettes d'angelot.
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Un rectangle de silence et de vide avec lequel je devrai désormais regarder le monde. Un écran de plus entre la vie et moi. Un trou aussi profond et puant que celui des latrines de l'école ; un ventre de femme rempli de vide, et de merde, et de mort.
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Depuis, moi l'adulte, l'ex-enfant taciturne dépourvu de boules Quies, de coton, de walk-man, de femme, d'enfant, mais riches de mots brillants, de mots volés aux ans, aux embruns et au temps, riche de claques assénées aux toiles et aux pigments, je vis avec un stéthoscope collé à la porte / au mur / au plancher / au papier peint / à la poussière / aux cris / aux silences, et j'entends, à la façon d'un coeur qui ne battrait qu'une fois, un coup de poing se ficher dans une joue, j'entends comme un marteau sur une enclume de chair, une grenouille dans un seau qui s'appelle maman , et je tremble et je tremble, comme saules sous le vent.
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Le vent d'est traînait par la crinière des lambeaux de consonnes teutonnes, de voyelles latines, d'empreintes sumériennes, cunéiformes ou coptes, mais de tout ce passé, les femmes n'en avaient cure. Tout ce qu'elles savaient, c'est qu'il était venu en passant par-dessus le dépôt et qu'il emportait dans traîne, entre ses doigts, dans sa grande gueule de vent, cette suie noire, épaisse, collante, que crachaient les locomotives, sans omettre les scories des tacots, les poussières des tenders, les étincelles des cheminots qui soudaient, meulaient, brasaient, forgeaient, et qu'il posait tout ça, tapis de deuil, amas de crasse, sur les tuiles, sur les rebords de fenêtres, les perrons, les murets, et surtout, épicentre de cette ecphrasis, sur l'impeccable linge que l'on venait juste de mettre à sécher dehors, au pâle soleil d'hiver.
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On ne choisit pas son enfance, on s'acclimate aux pièces du puzzle, on bricole son destin avec les outils qu'on a sous la main.
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L'église Saint-Martin de Chaprais est assez laide : il est préférable d'avoir la foi avant d'y entrer.

page 96
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Une locomotive siffle et ils comprennent tous deux, dans la langoureuse monotonie de ses trilles, que le vent a tourné et que le temps va se mettre au flocon. Déjà, par la fenêtre, la brume se violace et les bruits du dépôt, au loin, doucement cotonnent. La nuit porte dans ses nuages de petits bonhommes de neige qui ne demandent qu'à choir. Le jupon de l'hiver se met à dévoiler ses jolies chevilles blanches. On se croirait à l'aube d'un rendez-vous galant.
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Rien de scabreux, donc, aux spectacles paroissiaux. Rien de peccamineux. Rien de gracieux, d'original, de frivole, d'outrancier, d'élevé, de risqué : même les majorettes, aux chairs trop étales, sont proscrites sur scène. Nous n'avons affaire, en ces lieux catéchisés, qu'à du divertissement bon enfant, de l'amusement stérile qui flatte le vulgaire et empêche les foules de penser, qui les abrutit et les conditionne, les formate et les soumet. De cette caste de spectacles inconsistants et niais que tenteront de balayer les années explosives et révolutionnaires qui écloront au cours de la décennie à venir, mais que la télévision récupèrera et glorifiera quelque vingt ans plus tard sous des formes déguisées et davantage avilies.
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Vous avez compris, bande de morveux, ou faut que j'aille vous botter le cul pour vous faire grandir ?
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Qu'il est dur d'être père, se dit-il à lui-même tandis que la bobine finit de dérouler l'ultime pellicule. Vieillir est un naufrage.
page 171
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Qu’il est dur d’être père, se dit-il à lui-même tandis que la bobine finit de dérouler l’ultime pellicule. Vieillir est un naufrage. Qui a tué en moi ce qui faisait ma force, cette allure innocente, ce don sacré que j’avais de dire oui à la vie ? Ce chant joyeux. Celui du forgeron face à l’enclume, du boxeur sur le ring, de Jésus sur sa croix.
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Son visage et ses mains étaient encore tout maquillés d'enfance; son âme en partance s'était vêtue du souvenir d'Ali [le boxeur, Mohamed Ali], afin de ne pas partir trop seul, afin de s'en aller vainqueur et roi du monde. (p. 175)
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" Tu n'as jamais été un raté, papa, tu es mon unique dieu, le seul auquel je crois, le seul auquel, jamais je ne cesserai de croire" (p. 174)
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La semaine, du matin au soir, le marteau sur l'enclume, le fer rougi, les escarbilles, l'acier que l'on tord. Les week-ends, il combat, les deux pieds sur le ring, les coups portés, les coups reçus, les adversaires qu'on cherche à faire rougir et plier comme l'acier.
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Car c'était lui, mon père, qui fut tout à la fois mon premier homme, ma première parole, ma première étincelle et ma première aurore. (p. 21)
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J'ai eu les larmes aux yeux. Je venais de réaliser que mon père n'était pas qu'un artiste amateur, avec tout ce que ce terme comporte fréquemment de mépris, de suffisance et de ricanements. C'était un véritable artiste. La vie l'avait taillé pour ça, mais pas son destin, la première se chamaillant fréquemment avec le second en faisant payer aux hommes les pots cassés de leurs sottes divergences. (p. 26)
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Il obéit, mon père, comme toujours. (...)
Il faut reconstruire la France, et dans le même temps bâtir sa propre vie. Lui, il obtempère, ne se pose pas vraiment de questions. Il est là pour agir. faut grandir ? Soit, grandissons. Travailler ? Soit, travaillons. Toujours il obéit. A sa mère, à la vie, à la petite et à la grande Histoire. (p. 59)
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(...) la vie l'émerveille même dans sa monotonie. C'est un candide, teigneux sensible, les larmes au bout des poings. Un éternel enfant, orphelin de père et brimé par sa mère, un amoureux des mots qui ne peut néanmoins pas plonger comme il voudrait dans la tiédeur de l'océan des lettres. Un enfant contrarié, futur autodidacte, donc futur conquérant. (p. 62)
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Riez comme un goret, riez comme une folle puisque vôtre fils est mort. Il faut bien que toutes les horreurs du monde enfantent des printemps si nous voulons durer au-delà du chagrin.
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