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Citations de Guy Gavriel Kay (336)


On se réjouissait rarement d'être convoqué devant le Conseil des Douze.

Quand il les faisait venir dans ce salon confortable avec vue sur la lagune, ses invités risquaient moins de se laisser gagner par la terreur. Certains à tort, néanmoins, faute de lire dans ses pensées.

Ricci avait étudié les philosophes et les historiens. Il admirait et soutenait financièrement l'art et l'architecture. (Une partie de ses acquisitions n'avait de valeur que pour l'apparat, mais une partie seulement.) Il avait lu les poètes et même composé des vers pour des femmes et le Seigneur (quand il était jeune, beaucoup plus jeune). Mais l'une des leçons qu'il avait retenues au fil de ses années sous le soleil béni de Jad voulait qu'il fût le plus souvent préférable de frapper avant d'être attaqué.
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La terre ne meurt pas définitivement. Elle peut toujours revivre. Sinon, quelle valeur accorder au cycle des saisons et des années ?
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Il parla brutalement parce qu'il ne pouvait faire autrement. «Mon père, répondit-il. Au nom du roi Gorhaut.»
Et les paroles qui vinrent alors le désarmèrent, comme il comprit alors avec le recul. «Mais ce doit être effroyable pour vous !» s'écria la comtesse d'Arbonne avec passion.
Tous se tournèrent vers elle. Elle regardait Blaise de ses magnifiques yeux noirs écarquillés. «Il s'est servi de votre propre ami pour ce dessein ? Il l'a choisi entre tous les tueurs possibles ? Comme il doit vous haïr ! Qu'avez-vous donc fait pour susciter une haine pareille chez votre père ?»
Blaise eut l'impression que son regard exprimait la compassion de toute une vie. Et, chose remarquable, il en faisait à présent l'objet.
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La période de transition entre un roi puissant et son successeur était toujours périlleuse.
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Il y avait un monde à créer en Espéragne, en Al-Rassan, un fait de la rencontre de deux univers ou peut-être, si l'on voulait rêver, de trois. Le soleil, les étoiles, les lunes.
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Husari ibn Musa s'accroupit près d'eux avec un sourire empreint de gentillesse. "Ashar nous a appris que les pas des hommes sont autant de traces dans le désert. Vous le savez".
Jehane essaya de lui rendre son sourire, en vain. "Et les Kindaths disent que rien n'est destiné à durer sous l'orbe des lunes. Que, nous qui nous appelons les Errants, nous sommes le symbole de toute vie humaine." Elle se tourna alors, après une pause, vers le Capitaine : "Et vous ?" demanda-t-elle.
Et Rodrigo Belmonte répondit à voix basse : "Même le soleil se couche, madame."
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Qu'un homme aperçoive une riselka,
Et sa destinée bifurque.
Que deux hommes aperçoivent une riselka,
Et l'un ne tardera pas à mourir.
Que trois hommes aperçoivent une riselka,
L'un sera exaucé, l'autre bifurquera, le troisième mourra.

Qu'une femme aperçoive une riselka,
Et elle trouvera aussitôt sa voie.
Que deux femmes aperçoivent une riselka,
Et l'une ne tardera pas à enfanter
Que trois femmes aperçoivent une riselka,
L'une sera exaucée, la seconde trouvera sa voie, la troisième enfantera.
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Mon cœur me dit que votre monde a peut-être besoin d'une Rêveuse.
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Mais il faut aussi se rappeler que sagas et idylles ont été créées, que quelqu'un en a composé les éléments, les a choisis et mis en harmonieuse relation, en faisant ressortir toute la beauté et le sens, telle une offrande. L'histoire du raid du Volgan, avec sa poignée d'hommes, sur un sanctuaire des Veilleurs en Ferrières sera narrée de façon très différente par un prêtre ayant survécu à l'attaque, dans la chronique d'une année funeste, et par un skalde erling célébrant un triomphe. Ceux qui vivent une histoire ne songent habituellement pas à eux-mêmes en ces termes, même si certains peuvent avoir l'œil fixé sur la gloire et la postérité.
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En chacun de nous, peur et mémoire s'entrelacent en des dessins complexes et changeants. Parfois, c'est ce qu'on n'a pas vu qui s'attarde et nous épouvante longtemps après. Cela se glisse dans les rêves, depuis les frontières confuses de la conscience, ou émerge, peut-être lorsqu'on est seul, au réveil, tôt, à la palissade d'une cour de ferme, ou au périmètre d'un campement, à l'heure brumeuse où l'idée du matin ne s'est pas encore incarnée à l'est. Ou encore, cela nous est asséné à midi, dans l'éclat d'un marché bondé. Nous ne nous libérons jamais entièrement de ce qui nous a causé une mortelle terreur.
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Parfois la poésie apportait de dangereuses idées nouvelles. Parfois on exilait ou exécutait un homme pour ses écrits. Une parade courante consistait à attribuer un texte licencieux à un auteur de la Ière ou de la IIIème dynastie, des siècles plus tôt. L'astuce réussissait souvent, mais pas toujours. Les mandarins de la haute administration n'étaient pas des imbéciles.
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Il y avait des fortunes à édifier dans la gestion et le commerce et, là où s'édifiait une grande fortune, comme disait le vieux proverbe, le désir d'en posséder davantage n'était pas bien loin.
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Parfois la flèche du coeur trouve son chemin vers la certitude malgré les admonestations de la prudence.
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Le monde vous offre parfois du poison dans une coupe incrustée de pierreries, ou alors des présents stupéfiants. Il n'est pas toujours facile de distinguer l'un de l'autre.
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- « Regardez-moi aller, » dit-il alors aux autres auriges, à lui même, à l'enfant qu'il avait été autrefois, sur cet étalon de Soriyie, à eux tous, au dieu et à son fils, au monde entier. Il vit l'autre lui jeter un bref regard. Et fut triomphalement conscient, à travers la douleur écarlate et acérée, de son inquiétude soudaine. Il était Scortius. Il était toujours Scortius. L’Hippodrome lui appartenait bel et bien. Quoi qu'il pût arriver ailleurs dans les ténèbres, quand le soleil roulait à l'envers du monde.
-« Regardez moi aller », répéta-t-il.
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Il mourait debout, néanmoins, au combat, comme il le devait. Les dieux aimaient leurs guerriers, leur sang, les vaisseaux-dragons, les épées rougies: corbeaux et aigles vous invitaient à entrer dans les salles où l'hydromel coulait en abondance, pour toujours. Le soleil s'était levé, mais soudain il ne pouvait plus le voir. Il y eut une longue vague blanche. Il murmura le nom d'Ingavin et de Thünir, et s'en alla les rejoindre
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Il ignorait s’il avait raison, mais il le dit tout de même. À la guerre, les hommes avaient besoin d’entendre un certain discours dans la bouche de leur chef, discours qu’il fallait tenir d’une manière convaincante. Pour qu’on se souvînt de leurs exploits, se rappela-t-il, il faudrait que certains d’entre eux survivent et en témoignent.
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Les nobles avaient le droit de se faire décapiter puis enterrer. Les vulgaires voleurs – ou les pirates senjaniens –, on les pendait et on les laissait pourrir sur place. Ainsi procédait-on dans le monde entier pour marquer les esprits. Il n’y avait aucune raison qu’il en allât autrement à Dubrava.
Il apparut à Leonora que la mort pouvait suivre quelqu’un de très près, même quelqu’un de très jeune, qui avançait sous le soleil ou les lunes, sur une mer bleu-vert, le long des rues d’une ville ou de chemins en pleine nature sauvage, au travers de forêts dont les feuillages obscurs occultaient le soleil du dieu ou entre des colonnes de marbre rouge sous de hautes fenêtres.
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Pourtant, pourtant… on souffrait davantage du froid loin de chez soi. L’homme était ainsi fait, le monde aussi. Une maison inconnue parmi des étrangers, l’obscurité descendue au son de la pluie. Les poètes y trouvaient parfois l’inspiration.
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LE NOUVEL AMBASSADEUR de Séresse sentit son cœur se serrer quand il comprit que l’empereur Rodolfo, connu  pour son excentricité, ne le dispenserait pas d’une innovation apportée au protocole de la cour à titre d’expérience.
L’empereur aimait les expériences. Tout le monde le savait.
Apparemment, l’ambassadeur serait tenu d’exécuter une triple révérence – à deux reprises! – quand on l’inviterait enfin à s’approcher du trône impérial. Ces civilités, lui expliqua le dignitaire de très haute stature qui l’escortait, seraient semblables à celles que l’on rendait au grand calife Gurçu en Asharias.
Ainsi se présentait-on jadis devant les grands empereurs d’Orient, ajouta le courtisan d’un air pensif. Rodolfo semblait s’intéresser depuis peu aux effets d’une déférence aussi solennelle, effets que l’on observait et qu’on lui rapportait. Puisqu’il descendait de ces augustes figures du passé, cela ne tombait-il pas sous le sens?
Pas du tout, considérait l’ambassadeur en son for intérieur.
Il n’avait aucune idée de l’effet attendu chez lui.
Il sourit poliment, hocha la tête, ajusta sa robe de velours. En patientant dans l’antichambre, il regarda un deuxième dignitaire de la cour – jeune, blond – faire avec enthousiasme la démonstration des hommages exigés. L’ambassadeur en éprouva d’avance une vive douleur aux genoux. Et au dos. Il en avait bien conscience, les signes extérieurs de prospérité manifestes sur le périmètre de sa ceinture risquaient de le couvrir de ridicule chaque fois qu’il se prosternerait et se relèverait.
Rodolfo, saint empereur de Jad, occupait ce trône depuis trente ans. Nul n’aurait osé le taxer de sottise – il avait réuni autour de lui bon nombre des meilleurs artistes, philosophes et alchimistes du monde (en vue d’expériences) –, mais il fallait bien prendre en compte son imprévisibilité et, peut-être, son irresponsabilité.
Il n’en était que plus dangereux, bien entendu. Orso Faleri, ambassadeur de la république de Séresse, se l’était fait confirmer par le Conseil des Douze avant de prendre la route.
Il voyait en sa nouvelle affectation une épreuve terrible.

(INCIPIT)
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