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Critiques de Guy de Maupassant (3141)
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Cinq nouvelles réalistes

Voici un petit livre qui fait un effort d'attrait visuel pour attirer à lui les jeunes lecteurs du XXIème siècle à sauter par dessus le vingtième pour rejoindre le talent vivace d'un orfèvre du XIXème.

Vous êtes en de bonnes mains, jeunes gens, car Guy de Maupassant, c'est quelqu'un. Pour sûr, vous ne trouverez certes pas beaucoup de zombies, d'elfes ou chevaliers héroïques d'une galaxie éloignée, mais des portraits poignants, des manières de penser et d'agir qui sont ceux de vos ancêtre d'il y a quatre ou cinq générations.

Vous êtes tous faits de cette argile-là et l'auteur sait la malaxer, la modeler, la faire vivre et palpiter sous vos doigts comme si vous y étiez. Enfilez vos costumes populaires du dix-neuvième siècle, asseyez-vous sur une mauvaise chaise en paille, à la lumière vacillante d'une bougie coulante, auprès d'un vilain café dont on aura pris soin de dissimuler l'amertume avec une bonne rasade de calvados version " terroir ", c'est-à-dire, un peu plus puissant que les 45° d'alcool réglementaires de celui qu'on trouve de nos jours dans les rayons rectilignes des supermarchés, baignés de la lumière sans vie d'un tube au néon.

La première nouvelle, La Rempailleuse, issue du recueil Les Contes De La Bécasse, est absolument sublime et bouleversante.

On y découvre le destin peu enviable d'une humble femme qui vit faiblement de son artisanat et qui s'est entichée très jeune d'un fils de bourgeois, Chouquet. Elle ne vit que pour lui, toute l'année à battre le pavé dans sa vie d'errance à se faire mépriser par les gens qui lui confient dédaigneusement leurs chaises à rempailler. Lui est devenu pharmacien et tâche chaque jour d'oublier qu'il a pu un jour connaître et embrasser cette gueuse. Maupassant a l'art de nous le rendre détestable en aiguisant son snobisme, son mépris et son égoïsme criant, tout en élevant la fidélité amoureuse de la rempailleuse à un degré tellement poignant que cela en devient maladif. La mesquinerie finale du pharmacien vaut également le détour.

Aux Champs, elle aussi issue du recueil des Contes De La Bécasse, aborde un autre thème, cher à l'auteur, celui de la parentalité non assumée, dans un cadre un peu particulier. La question de la pauvreté et de l'argent y jouent un rôle prépondérant. Deux familles paysannes normandes tirent le diable par la queue pour élever leurs ribambelles de marmots. Un jour, le carrosse cossu d'un couple riche de la ville s'arrête chez eux et à une proposition indécente à faire : acheter un gosse, puisque la femme ne peut en avoir elle-même. Chez les Tuvache, on s'indigne de ce commerce et même pour vingt mille francs (somme énorme pour des campagnards) on refuse de vendre son enfant. Par contre, chez les Vallin, on ne tergiverse pas autant. Une poignée de main est échangée et un enfant grimpe dans le carrosse. Qu'adviendra-t-il lorsque les deux enfants, ayant atteint la vingtaine se rencontreront ?... À vous arracher les tripes !

Mon Oncle Jules, issu du recueil Miss Harriet est lui aussi un conte particulièrement réussi. Maupassant y aiguise le couteau infâme du regard familial sur la réussite sociale...

Le Parapluie, issu du recueil Les Sœurs Rondoli est elle-aussi particulièrement plaisante. C'est un portrait aux petits oignons d'une vraie radine maladive ; une nouvelle caustique et sentant fort le vitriol, un peu à la façon de Gogol dans Le Manteau ou de Zola dans nombre de portraits sans concession qu'il nous a légué des vieilles femmes cupides.

Enfin, La Parure, issue du recueil Contes Du Jour Et De La Nuit, nous narre cette sorte de descente aux enfers d'une brave et belle jeune femme par péché d'orgueil et de paraître...

Bref, cinq nouvelles absolument superbes et de grande qualité, la tout agrémenté d'explications, de dossiers et d'illustrations très bien faits. Je recommande l'ouvrage à 100 % pour ceux qui souhaitent découvrir Maupassant, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes.

Nonobstant, ce que j'exprime ici n'est qu'un avis, le mieux sera toujours que vous vous fassiez le vôtre.
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Aux champs et autres nouvelles

J'ai bien aimé cette nouvelle car l'histoire est facile a comprendre et ce n'est pas très long.

Mon passage préféré se déroule (l.191-199) car Jean revient à la maison et ses parents sont contents de le revoir et ils veulent montrer a tous le monde qu'ils ont fait le bon choix et cela va entraîner la colère et la jalousie de Charlot.

Les parents de Charlot se demandent donc si ils on fait le bon choix.

Cette histoire a une morale: "L'argent ne fait pas le bonheur"
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La Parure

Belle critique de la société bourgeoise du 19 ième siècle . Quand le paraître est plus important qu'être : l'époque a changé mais pas les gens .
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Bel-Ami

Soldat récemment démobilisé, Georges Duroy arpente les rues de Paris, dépensant dans les bars et restaurants les quelques sous gagnés dans son emploi au bureau du chemin de fer du Nord. Une vie qui ne saurait satisfaire ses ambitions.

Lorsqu'il rencontre Forestier, un ancien camarade de régiment devenu journaliste politique à "La vie Française", une fenêtre d'opportunités s'ouvre. Duroy est engagé au journal pour un travail subalterne dont il ne peut se contenter.

Commence alors une inlassable quête de puissance et de richesse, qui passera par son pouvoir de séduction auprès des femmes.



Une fois n'est pas coutume, je commencerai cette chronique par l'écriture. Une écriture limpide, ciselée, qui n'a pas besoin de beaucoup de mots pour nous faire vivre une scène. Du grand art ! On comprend pourquoi Flaubert poussait l'auteur à travailler davantage, à moins se livrer au dilettantisme et à la débauche qui provoqueront sa mort prématurée.

Car si l'écriture est brillante, l'intrigue et les personnages paraissent cousus de fil blanc. Certes, la critique sociale, antibourgeoise, est féroce. Mais elle n'a pas la crédibilité, portée par les nuances, des romans de Balzac.

Duroy, le personnage central, vole de succès en succès, un peu comme un Bernard Tapie qui n'aurait pas connu la faillite et la prison. Ses réussites auprès des femmes sont prévisibles ; il n'y a guère de place pour le doute. Et que dire des maris, cocus et/ou complaisants, ou du père, richissime et retors, mais pourtant berné ?

Une intrigue un peu trop manichéenne ; des personnages qui, pour la plupart, n'ont guère de qualités ou de nuances à faire valoir. Voilà les gros points faibles de ce roman.

Heureusement, restent les qualités de l'écriture ! Un peu comme si Victor Hugo s'était lancé dans les romans de gare...
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Bel-Ami

Un emploi minable et mal payé, une chambre meublée dans un immeuble vétuste, des vêtements et des souliers usés mais un appétit de vivre et de réussir chevillé au corps, de belles manières et un esprit rusé. Tel est Georges Duroy lorsqu'il rencontre par hasard un ancien camarade de régiment dans une rue de Paris. Charles Forestier est arrivé, lui. Chef de la rubrique politique à La vie française, il a ses entrées dans le beau monde, est marié à la voluptueuse et futé Madeleine et se propose de trouver un emploi à son vieil ami. C'est ainsi que Duroy entame une carrière de journaliste, épaulé par Madeleine qui l'aide à rédiger ses articles. Mais le jeune homme est ambitieux, il veut se faire une place au soleil, et c'est grâce à sa belle gueule et son bagout qu'il va s'élever dans la société. Georges Duroy plaît aux femmes, à toutes les femmes, les fillettes, les dames patronnesses, les épouses fidèles, les amantes frivoles, les jeunes filles en fleurs. Et toutes sont prêtes à se damner pour un regard, un mot d'amour, une caresse de celui que dans les salons on surnomme Bel-Ami.



L'ascension fulgurante d'un provincial, fils de cabaretiers normands, qui va gravir l'échelle sociale en se servant des femmes. De celle qui l'aide dans ses chroniques journalistiques à celle qui l'introduit dans la bonne société jusqu'à celle qui lui permet de s'enrichir, il prend, il se sert, il jette, sans faire de sentiments. Car le beau Georges Duroy ne s'embarrasse pas de scrupules. Cynique, égocentrique, ambitieux, il en veut toujours plus, il vise toujours plus haut et tant pis pour celle qui croit à ses déclarations d'amour. Pour Bel-ami, toutes les femmes sont des filles et il faut les traiter comme telles. D'ailleurs Maupassant ne les épargne pas. Naïves, bêtement romantiques, elles se laissent aisément manipuler par le bellâtre aux dents longues. Même Madeleine, la plus maline, paie le prix fort son association avec cet homme sans vergogne. Elles ne sont pas les seules à subir la pointe acérée de l'écrivain. Toute la société française de la fin du XIXè siècle est la cible de ses sarcasmes. La classe politique, les journalistes et les financiers sont l'objet de ses critiques acerbes. Corruption, magouilles, collusions contre-nature entre la presse et la classe politique...en fin observateur, Maupassant décrit les vices de la Troisième République où les réputations se faisaient et se défaisaient, les gouvernement tombaient, d'un simple trait de plume. Et si on aime détester ce héros sans foi ni loi, on en vient aussi à se questionner sur l'ambition, le bonheur, la réussite à tout prix et à ''s'amuser'' des similitudes entre la société française décrite ans Bel-Ami et la France telle qu'on la connaît aujourd'hui. Jubilatoire te instructif !
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Boule de suif

Maupassant a été témoin de la guerre qui opposa la France et la Prusse (1870-1871). L'Alsace et la Lorraine furent rapidement annexées par l'armée prussienne. Les allemands envahissement la Normandie, ce qui leur permet alors d'assiéger Paris. La nouvelle Boule de Suif se situe dans le contexte. Un groupe de voyageurs fuit la ville de Rouen occupée par les Prussiens. Ensemble, ils représentent toutes les classes sociales : clergé, petit commerce, petite noblesse et grande bourgeoisie. Parmi ces personnages, Elisabeth Rousset, appelée Boule de Suif en raison de son apparence physique est méprisée par tous, car elle est une prostituée bien connue dans la petite ville. Elle sera forcée par ses compagnons de voyage de céder aux avances d'un officier prussien pour assurer leur fuite. Boule de Suif est une nouvelle réaliste faisant partie du recueil de nouvelles "Les Soirées de Médan" (1880) considéré comme le manifeste du réalisme. Le style simple et précis de Maupassant permet de créer d'authentiques personnages. La nouvelle se concentre sur l'ingratitude et l'égoïsme des personnages "bien-pensants" qui méprisent jusqu'au bout la jeune fille qui se sacrifie pour eux. L'indifférence et la lâcheté des hommes en société font de Boule de Suif une véritable victime. Ce texte incontournable de Maupassant est à lire de toute urgence pour sa vivacité et son réalisme.
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Une vie

Jeanne, l'héroïne du roman, sort du couvent.

Ses parents, baron et baronne sont appelés respectivement petit père et petite mère.

Une grande affection les lie à leur fille unique;

Ils sont généreux, naïfs. Ils ont l'air d'évoluer dans un monde bien à eux.

Jeanne reçoit un manoir " Les peuples"en héritage .

Elle rêve de rencontrer le grand amour.

Le prêtre de la paroisse leur présente le jeune vicomte Julien de Lamare.

Trois mois après, ils seront mariés et partiront en voyage de noces en Corse.

Jeanne, malgré son ignorance, se révèlera bien sensuelle mais tout cela sera terminé dès son retour.

Le mari se montre avare et s'absente du lit conjugal et pour cause, il couche avec la bonne, Rosalie, la sœur de lait de Jeanne. Il se révèlera un bien piètre mari.

Tous ces évènements sont vécus avec beaucoup de passivité et d'abnégation de la part de Jeanne et de ses parents.

Nous suivrons Jeanne jusqu'à la fin de sa vie .

Le roman porte très bien son nom. Adultère, générosité, avarice, vengeance, amour, affection, hypocrisie.... : tous les aspects d'une vie sont abordés.

La religion y est très présente ainsi que le côté anticlérical du baron.

J'apprends que c'est le premier roman de Maupassant.

Il est magnifique, je n'ai pas manqué une ligne, un mot tant l'écriture est belle.

Il faut dire que j'avais déjà été charmée dans le roman "Pierre et Jean".

Le film finit de passer à l'écran mais je n'ai pas envie d'aller le voir : on m'abîmerait les images que je me suis créée en le lisant.
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Contes divers 1875-1880

Je ne me lasse pas de lire Guy de Maupassant, bien sûr je ne me suis pas encore attaqué aux formats longs de l'auteur mais j'y viendrai tôt ou tard.

Dans ce recueil nous allons lire quelques nouvelles assez longues, notamment Le Docteur Héraclius Gloss, Boule de suif ou encore Les dimanches d'un bourgeois de Paris avec une nette préférence pour les deux premières me concernant.

Parmi les plus courtes j'ai particulièrement apprécié Le Donneur d'eau bénite et surtout Le mariage du lieutenant Laré, qui nous propose un conte conclu par une belle morale, ce qui pour ce que je connais de Maupassant n'est pas si fréquent.

L'avantage des nouvelles est que l'on peut les intercaler entre deux lectures sans contrainte, à son rythme et selon son envie.
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Pierre et Jean

Longue nouvelle ou court roman ? Qu’elle qu’en soit la forme pour moi, soit dit en passant, à soixante-cinq ans, c’est mon premier Maupassant.

Et c’est de la BAL… Comprenez que je l’ai trouvé dans une Boite A Livres.

C’est « de la balle », ça ne se dit plus depuis 2000. Et Maupassant se lit-il encore en 2021 ?

Si vous aimez les histoires toujours contemporaines avec des mots d’autrefois, pourquoi pas !

Je me suis remémoré avec nostalgie les demandes de ma grand-mère à serrer le pain dans la huche alors qu’aujourd’hui on se contente de le remettre dans le sachet…Ce pain a-t-il le même gout du coup ?

Et que dire de ces idées misogynes étalées à longueur de pages, dépassées comme une trottinette électrique dépasserait une charrette asthmatique, ont-elles raison d’être aujourd’hui ?

Et pourtant, les non-dits et les faux-semblants, c’est ce que fait exploser Maupassant avec des mots galants et pour cela il fera s’affronter Pierre et Jean. Par contre, les faits sont bien d’actualité, on ne peut le nier. Pourquoi un seul héritier ?

Je suis tout de même resté scotché par la fluidité des phrases et la facilité déconcertante à énoncer des pensées complexes et les faire paraitre aussi claires et pétillantes que des bulles de champagne.

Pardonnez-moi, mais pour conclure, je pense que les idées reçues ont la peau dure.

Lorsque j’étais adolescent, Maupassant c’était pour les filles à la vanille comme Jules Verne l’était pour les garçons.

Je les ai presque tous englouti, ce qui m’a ravi mais foin de « Bel-ami ».

Moralité, il n’y a que le vécu qui élargit les idées et la vieillesse qui rend la peau molle.



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Une vie

Une femme, à la fin du XIXe siècle, va voir, peu à peu, tous ses rêves et ses espoirs se briser les uns après les autres. Alors que, par sa condition sociale, elle avait tout pour être heureuse. Lu plusieurs fois, il y a longtemps, cette descente dans le malheur m'a toujours interrogé. Maupassant a toujours été fâché avec le bonheur de ses personnages, décrivant plus souvent leurs déboires que leurs réussites. (Ou alors ce sont des réussites douteuses comme « Bel-ami »). Mais avec la déchéance de cette femme, il y va fort. C'est d'ailleurs à peine réaliste, tant elle semble cumuler tous les malheurs du monde. Ce qui est sûr, c'est qu'il décrit le passage d'une société à une autre, la fin de la noblesse et la prédominance de la bourgeoisie qui s'affirme. De plus l'environnement du pays de Caux, est magnifiquement dépeint. J'ai une amie, qui m'a dit arrêter de lire Maupassant, trop « déprimant ». Je comprends. Mais l'analyse de la société qu'il fait est d'une grande justesse. Tout comme les autres auteurs de cette époque, comme Flaubert, Zola ou Balzac...
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Le Horla et autres contes fantastiques

Pourquoi Maupassant reste-t-il indémodable et tellement présent dans nos lettres françaises?

Parce que Maupassant écrivait juste, clair et bref. Maupassant a inventé la nouvelle moderne.

Maupassant a mis, dans ses lignes, sa souffrance avec ce Horla qui le dévorait.

Maupassant a dit sa tristesse, sa révolte, son indignation et son impuissance, aussi, face à son époque et ses préjugés, ses hypocrisies souvent mortelles, sa morale trop de fois biaisée.

Cela n'aurait pas suffi à rendre Maupassant immortel, si l'écriture n'avait pas eu cette complexité dans la simplicité, ce travail au plus juste de la formule.

Maupassant est toujours là, proche de nous.

le lire et le relire sans relâche est un nécessaire bienfait.
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Bel-Ami

Soir d'été étouffant en plein Paris. Quelques sous en poche, Georges Duroy hésite entre le dîner du lendemain ou un bock rafraîchissant pour égayer sa soirée.

Hasard, chance, il rencontre un ancien camarade de régiment, devenu journaliste, qui va lui ouvrir les portes du beau monde derrière lesquelles il entrevoit rapidement les charmes de la richesse.

Dans les premières pages, Georges est presque attendrissant. Rougissant, hésitant, intimidé, sa gène tend à être touchante…



Mais dès sa première entrée chez son ami, les grandes glaces lui révèlent son reflet de bel homme, son irrésistible moustache frisottante, son maintien de séducteur. Son physique fera sa force.

Oui, il veut fuir les murs tachés de son misérable logis, ses odeurs douteuses, la saleté des escaliers. Et il désire de l'amour, mais un amour riche de femme du monde.

Et c'est justement vers ces femmes souvent oisives, si vite passionnées, si facilement séduites, qu'il se tournera pour gravir les marches vers cette richesse tant convoitée. Le « je vous aime » sera sa principale arme. Ces femmes ne seront d'ailleurs pas entièrement victimes de son jeu car elles sont aussi instigatrices en lui donnant de judicieux conseils.

Rusé, il en prend vite de la graine et en devient un odieux manipulateur. Mais être envieux ne cesse jamais, il existe toujours une fortune plus belle que la sienne.

L'impatience grandissant au fil des pages, on se demande jusqu'où Maupassant va-t-il pousser la muflerie de ce Bel-Ami !



Univers de dîners, de causeries, d'opportunités financières, de charmes, d'adultères. L'approche de l'auteur est fine et incisive.

Ce n'est pas sous le charme de Georges que je suis tombée mais plutôt sous celui de la plume De Maupassant. Après Une vie, j'y ai retrouvé avec un réel plaisir toute la beauté de cette écriture qui embellit chaque personnage, chaque décor et chaque scène sans jamais alourdir la progression de l'intrigue.

La lumière, les lieux, les bruits, le souffle de divers effluves, tout cet environnement qui habille les manipulations séductrices de ce Bel-Ami est éblouissant. Même la fumée de cigarette s'envole poétiquement !



L'auteur sait aussi jouer avec les émotions en passant de l'effroi de la mort aux senteurs enivrantes de la vie.

L'appétit de cette lecture s'aiguise proportionnellement à celle, insatiable, de ce beau dandy en pleine ascension sociale.

Maupassant m'a définitivement séduite et je vais continuer la découverte de ses romans.



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Misti

MISTI est un recueil de 20 nouvelles constitué dans les années 1960 par l’éditeur Albin Michel, qui n’a donc jamais existé du temps de l’auteur, et qui essaie de tirer le meilleur parti des miettes, c’est-à-dire les nouvelles publiées par Guy de Maupassant dans des journaux à l’époque, mais que lui n’avait pas jugé bon de reprendre dans des recueils.



Pourtant, on ne peut pas dire qu’il dénote particulièrement ; certes on n’y rencontre peut-être pas de ces nouvelles luminescentes qui fleurissent çà et là dans certains recueils, mais tout de même un niveau moyen très convenable. Comme cet ouvrage est constitué de façon artificielle, je ne vois pas l’intérêt de respecter sa construction et vais plutôt vous présenter les nouvelles dans l’ordre chronologique de leur parution car, dans l’ensemble, elles ont tendance à être meilleures à mesure que l’on avance dans le temps :



1) La Main D’Écorché est une histoire un peu brinquebalante, surnaturelle, à défaut d’être crédible ou poignante, où un jeune homme achète une main momifiée ayant appartenu à un malfrat notoire. Cette main, en plus d’un aspect effrayant semble douée d’autres vertus qu’il serait malsain de vous dévoiler. Cette histoire annonce une autre nouvelle plus tardive intitulée simplement La Main et parue dans le recueil Contes Du Jour Et De La Nuit. L’une comme l’autre ne m’ont pas particulièrement parlée, mais c’est normal, une main n’est pas faite pour parler, quoique…



2) Le Donneur D’Eau Bénite est une nouvelle potentiellement hyper riche mais, à l’instar de la précédente, qui souffre un peu de la jeunesse de l’auteur et de son manque de maniement du genre propre qu’est la nouvelle. La langue est déjà impeccable, telle qu’on la connaît par ailleurs, mais pas forcément l’organisation de la narration. Les enchaînements sont un peu téléphonés et le suspense pas suffisamment maintenu à mon goût. Mais c’est très dommage car cette histoire de kidnapping d’un enfant de cinq ans chez un brave couple d’artisans qui va tout abandonner pour se lancer à la recherche de son enfant, coûte que coûte, aurait vraiment tout pour plaire et pour faire du super Maupassant.



3) Le Mariage Du Lieutenant Laré est encore un passage de l’épopée prussienne en Normandie durant la guerre de 1870 (époque brève et peu relatée dans les livres d’histoire mais surreprésentée dans l’œuvre de Maupassant) où l’on voit, pour une fois, un effet indirect de la guerre qui a des répercussions positives. Nouvelle très brève mais vraiment à point et plaisante.



4) « Coco, Coco, Coco Frais ! » est le titre pas trop heureux d’une nouvelle pourtant agréable et assez amusante sur la destinée. Elle a aussi le mérite de nous faire ressouvenir d’un métier et d’un produit oublié, à savoir, le coco, boisson issue de la macération de bâtons de réglisse dans de l’eau citronnée et qui était l’objet d’un commerce ambulant dans la capitale au XIXème siècle.

Au soir de sa vie, un homme dévoile à son neveu l’impact qu’eurent toujours sur son existence ses rencontres avec des marchands de coco. (N. B. : Je suppose que c’est cette boisson qui est à l’origine du terme d’argot désignant l’essence dont on abreuve les automobiles.)



5) Une Page D’Histoire Inédite nous rapporte une mésaventure survenue en Corse au jeune Bonaparte, pas encore devenu Napoléon et qui aurait bien failli ne jamais le devenir sans le dévouement de deux ou trois partisans de la première heure.



6) Un Million est une version initiale et notablement plus réduite de la nouvelle qui deviendra plus tard L’Héritage reprise dans le recueil Miss Harriet. Il est question d’un fonctionnaire propret d’un ministère, personnage irréprochable sous tous points de vue dont l’épouse est vouée à devenir l’unique héritière d’une tante millionnaire n’ayant jamais eu d’enfant. Et c’est d’ailleurs pour cette intime raison qu’elle exige que sa nièce devienne mère avant de toucher le magot ; malheureusement, la progéniture tarde à se montrer, si bien que la vieille tante passe l’arme à gauche.



Notre brave fonctionnaire et son épouse espèrent donc toucher l’héritage mais ne sont pas peu surpris d’apprendre que celui-ci est soumis à condition, celle de faire naître un enfant viable dans les trois ans suivant le décès, sans quoi, l’intégralité de la somme sera versée aux pauvres. Maupassant prend plaisir à nous faire sentir les entorses à la bonne moralité dont devront se rendre coupables les braves gens, propres sur eux, pour jouir de la somme tant convoitée.



7) Ma Femme est une nouvelle un peu franchouillarde, un peu machiste, probablement destinée à brosser dans le sens du poil les lecteurs du journal dans lequel elle était destinée à être publiée et développant la thèse selon laquelle il ne sert à rien de choisir une femme car l’on fait toujours le mauvais choix et que même, le mieux, si vraiment il faut en passer par là, c’est de ne pas choisir. Messieurs, à vous de voir. Pour le reste, nouvelle très quelconque dans l’œuvre de Maupassant.



8) M. Jocaste, comme son nom l’indique, est une référence au personnage féminin de la mythologie grecque, Jocaste, à la fois mère et épouse d’Œdipe. Ici, l’auteur nous dresse la fable d’un cas limite, plus théorique que crédible, où un père ayant perdu celle qu’il aimait s’éprend de sa fille qui est aussi la sienne. Le seul côté (un peu) intéressant de cette petite nouvelle malgré tout d’une lecture agréable c’est le parti pris osé de ne pas condamner l’acte d’inceste.



9) Le Père Judas est une nouvelle pas très éloignée d’un tableau biblique, verset moderne aux relents lyriques, symboliques et ésotériques, dont le thème rejoint l’acceptation de la différence à l’échelle de la populace. Une belle écriture, indubitablement.



10) Dans Les Caresses, l’auteur nous dévoile sa conception de la volupté et de l’amour physique. Peut-être pas un essai, mais une vision personnelle très intéressante.



11) Humble Drame nous conte le désarroi d’une mère, devenue vieille, et à qui l’on a, puisque c’était dans les mœurs de la haute société d’alors, privé des droits et des prérogatives d’une mère vis-à-vis de son fils, envoyé en pension loin d’elle. Elle ne l’a ainsi point vu grandir ni devenir un homme et une fois homme, celui-ci n’avait plus vraiment besoin de s’encombrer d’une mère puisqu’il lui fallait une femme, et ainsi de suite jusqu’à ce que la vieille mère s’aperçût que son fils était lui-même un homme d’expérience, avec des cheveux blancs… Un récit touchant.



12) La nouvelle titre, Misti, me fait énormément penser à la chanson de Brassens « À l’ombre des maris » et je ne serais pas surprise qu’elle en soit l’inspiratrice. Ce à quoi est mêlé une histoire de vague ésotérisme et de jalousie animale que je vous laisse le loisir de découvrir.



13) La Peur est un récit très intéressant, pas si éloigné que cela d’un mini essai, où l’auteur nous guide sur la définition de la peur, la peur ancestrale, s’entend, la peur primale, originelle, celle des dragons et des êtres immatériels.



14) La Tombe est l’une de ces nouvelles coutumières où Maupassant nous emmène au tribunal pour juger d’un cas de conscience, lui permettant au passage de donner son avis sur la rigidité du système judiciaire et pénal. Ici, y a-t-il une vraie bonne raison pour rouvrir une tombe ?



15) Un Fou ? reprend un peu la thématique du Horla, celle de nos sens insuffisants pour percevoir tout ce qu’il y a à percevoir, notamment, dans ce cas précis, le magnétisme.



16) Blanc Et Bleu est une petite nouvelle sans prétention (et presque, si j’ose, sans intérêt) qui traite d’une balade en barque sur les bords de la Méditerranée. Barques et maisons blanches sur fond bleu. Bof.



17) Madame Hermet est une énième nouvelle relative à la folie, celle d’une mère absolument traumatisée par la petite vérole contractée par son fils.



18) Le Voyage Du Horla, contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, n’a réellement rien à voir avec la nouvelle célèbre intitulée Le Horla. Ici, il s’agit simplement du nom donné à un aérostat, sorte de zeppelin embryonnaire qui permet à l’auteur de prendre de la hauteur. Sans doute captivant à l’époque mais désormais sans grand intérêt avec les progrès de la navigation aérienne.



19) Alexandre est une très belle, très subtile petite nouvelle qui nous conte la destinée ambiguë d’un domestique et de sa maîtresse, ainsi que de l’acariâtre maître. Mais au fait, pourquoi est-il si acariâtre ce maître ? Humm… du grand art !



20) L’Endormeuse est une magnifique nouvelle, dont l’argument est très original : le suicide institutionnalisé, contrôlé, dans le confort, dans une structure adaptée. Idée farfelue ? Pas tant que cela et voilà qui nous questionne sur la signification sociale du suicide. Un vrai petit chef-d’œuvre selon moi, et l’une de mes favorites. Il s’agit de l’une des toutes dernières nouvelles écrites par Maupassant, cela en dit peut-être long sur l’origine de cette thématique.



Il me reste sûrement à vous préciser, de façon tout à fait indicative et subjective, mes quelques favorites. Je retiendrai très volontiers L’Endormeuse, puis, un ton en dessous, Alexandre, La Peur, Misti, Humble Drame, Les Caresses, Le Père Judas et Le Mariage Du Lieutenant Laré. Les autres m’apparaissent très quelconques, mais ce n’est là que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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Une vie

"""On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts."""



Une vie commence devant un tableau : Pyrame, croyant Thisbé morte, se suicide ; Thisbé, découvrant le corps de Pyrame, se tue.



Hors du tableau, les yeux et les bras grands ouverts, Jeanne apelle la vie. Ce n'est pas cette vie là que Jeanne vivra, mais une autre, faite de vide, de désillusions, de déceptions, de profits, de mensonges.



Elle qui avait besoin de "frotter son coeur à des coeurs honnêtes" n'en trouvera point. Elle aura un mauvais mari, un mauvais fils, un mauvais abbé, quelques faux amis, peu de soutien.



Premier roman de Guy de Maupassant, Une Vie brosse le portrait en creux d'une femme arrivée sans savoir dans une vie de plain-pied. On suppose que c'est un peu le cas de sa mère et de sa tante, Subir.



Jeanne attendait l'amour ; elle découvre le sexe. Jeanne attendait la complicité ; elle découvre la trahison. Jeanne a échappé à Zola : il y a toujours autour d'elle quelque personnage protecteur ou arrangeant : le baron, l'abbé Picot, Rosalie, lui évitent les abysses.



Un livre ou, selon Jeanne, il ne se passe rien. Une chûte. Un Bel Ami à rebours parti d'en haut pour tomber sur le pavé. Par l'amour, tout pareil. Sans un rebond.
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Boule de Suif - La Maison Tellier

La France a perdu la guerre contre la Prusse. Partout, c’est la débâcle et le Second Empire ne se relèvera pas. En Normandie comme ailleurs, les officiers allemands se sont installés dans les foyers français. « Il y avait […] quelque chose dans l’air, quelque chose de subtil et d’inconnu, une atmosphère étrangère intolérable, comme une odeur répandue, l’odeur de l’invasion. » (p. 19) C’est l’hiver à Rouen et une poignée d’habitants ont obtenu de l’officier allemand en charge de partir à Dieppe en diligence. C’est par une nuit froide que plusieurs bourgeois, deux religieuses et une prostituée partent en voyage. Le trajet est long et froid. La faim se fait sentir, mais seule Boule de suif, la prostituée, a prévu des provisions. De bon cœur, elle partage avec les autres voyageurs qui font peu de manières quand il s’agit de se remplir le ventre à bon compte. « On ne pouvait manger les provisions de cette fille sans lui parler. Donc on causa, avec réserve d’abord, puis, comme elle se tenait fort bien, on s’abandonna davantage. » (p. 32)



Le voyage aurait pu être tout à fait charmant si la diligence n’avait pas fait une étape dans une auberge isolée. Il y réside un officier prussien qui refuse que le convoi reparte tant que Boule de suif ne se sera pas donnée à lui. Mais si la jeune femme mène une vie de débauche, elle n’en est pas moins patriote et abhorre de tout son être les ennemis qui ont renversé l’empereur. Impossible pour elle de céder au caprice de l’Allemand. Hélas, ses compagnons de voyage se moquent bien de sa pudeur de catin. « Puisque c’est son métier, à cette gueuse, de faire ça avec tous les hommes, je trouve qu’elle n’a pas le droit de refuser l’un plutôt que l’autre. » (p. 51) La belle Boule de suif doit faire fi de ses principes au nom de l’intérêt collectif, mais quand tout est consommé, les voyageurs de la diligence ne font montre d’aucune reconnaissance à l’égard de la prostituée.



Cruelle histoire que celle de Boule de suif. Alors qu’elle avait généreusement offert ses vivres, sa charité n’est pas reconnue et les bourgeois bien-pensants estiment qu’ils peuvent tout lui demander puisqu’elle leur est inférieure. Comme quoi, le rang social n’est pour rien dans la dignité et la vertu. Boule de suif fait partie d’un recueil, mais je revendique mon droit à ne lire que ce que je veux et je m’en suis tenue à cette nouvelle que j’ai vraiment appréciée.

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Contes de la bécasse

Le vieux baron des Ravots, grand amateur de chasse, organise des diners auxquels il convie ses compagnons chasseurs. Seront servies les bécasses issues de la chasse et un rituel désigne l’heureux convive qui pourra déguster les têtes de ces oiseaux. Le sort l’ayant désigné, l’heureux élu doit raconter une histoire à l’assemblée présente. C’est là le fil conducteur de ce recueil de nouvelles.



Un recueil d’histoires captivantes, qui ressemblent à celle que les anciens pouvaient se raconter au coin du feu, à la recherche de la sensation forte, de la peur qui épice les histoires, des dernières nouvelles d’autrui, d’un certain commérage, du constat des défauts de nos pairs… Ces nouvelles s’inscrivent dans le mouvement du réalisme qui exige une description des individus regroupés en classes sociales, les mettant en scène et décrivant leur quotidien, incluant dans les dialogues, leur dialecte lorsqu’il s’agit de personnes issues des classes ouvrières. Les contes de la bécasse mettent en évidence les travers de la société, les grivoiseries des hommes, les défauts des uns et des autres, les croyances, la folie.



A titre d’exemple, l’un des premiers récit, Pierrot, met en avant l’avarice et la cruauté des individus,



La peur montre les superstitions et la folie qui s’empare d’une famille, on peut y voir une présence active de l’auteur qui, atteint de syphilis, transmet ses hallucinations aux lecteurs. Cette histoire n’est pas sans rappeler le Horla, cette longue nouvelle décrivant un individu qui sombre dans la démence.



Un Normand, un fils, les sabots semblent bien dénoncer la condition de la femme soumise à la volonté masculine.



Mais Maupassant ne se contente pas de décrire, on le sent omniprésent dans ses écrits. Il suffit de consulter sa biographie pour comprendre. La nouvelle, un fils, peut être considérée comme quasi autobiographique puisqu’elle rappelle les enfants que l’écrivain n’a jamais voulu reconnaître.



La dernière nouvelle, l’aventure de Walter schnaffs, est une dénonciation de la guerre qui dégrade et avilit l’homme.



Mais ces considérations littéraires ne sont pas indispensables à la lecture, on peut découvrir les nouvelles avec la curiosité d’une personne qui écoute des contes, chacune d’elles renfermant un suspens de courte durée, sachant que le dénouement est proche, des nouvelles tantôt angoissantes, tantôt comiques ou encore attristantes voire révoltantes.



J’ai choisi de lire ce recueil de Maupassant parce que mon professeur de français nous avait demandé de la lire et que je n’ai pas dû beaucoup l’ouvrir à l’époque. Je me rattrape donc plusieurs dizaines d’années après. Mieux vaut tard que jamais !



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Pierre et Jean

Quelle merveille inattendue! Pierre et Jean était destinée à être une courte lecture entre deux monstres, mais ça a finalement été une très bonne découverte.

L'intrigue, assez simple, nous amène dans les méandres psychologiques de Pierre, jeune homme diplômé de médecine, qui voit son frère cadet hériter d'une grosse fortune suite à la mort d'un vieil ami de ses parents.

Pourquoi Jean est-il l'unique héritier de cet homme célibataire endurci? Pourquoi lui, Pierre, le premier que cet homme a connu et aimé, ne lui a t-il rien légué? Et pourquoi ses parents et Jean semblent-ils trouver cet héritage normal alors qu'il est suspect pour ses amis? Quel atroce secret de famille cache cet héritage?



Comme toujours, l'écriture est incisive et belle. On suit les tourments du pauvre Pierre, jeune homme sanguin si différent de son frère, plus sensible et doux. Les descriptions du port du Havre et de la mer sont magnifiques de retenue, on entend le bruit des vagues contre la coque des bateaux, on aperçoit la lumière brumeuse du phare dans la nuit silencieuse.

Je n'ai jamais autant aimé Maupassant.

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La Maison Tellier

Quel plaisir pour moi de revenir ici dans l'univers de Guy de Maupassant !

Ce recueil qui porte le titre éponyme de la première nouvelle, La Maison Tellier, est une magnifique entrée dans l'univers de cet auteur que j'aime beaucoup.

Certains disent que c'est son plus beau recueil de nouvelles. Il est vrai que ce sont des histoires de vies qui accrochent tout de suite l'attention et que cet écrivain possède une manière magnifique de les raconter.

Ce sont neuf nouvelles toutes aussi savoureuses les unes que les autres.

Alors, bien sûr il y a La Maison Tellier, la fameuse, celle qui ouvre le bal... Maupassant nous invite dans une maison close provinciale du XIXème siècle. Bien sûr, le propos De Maupassant n'est pas ici innocent en tâchant de nous rendre ces jeunes femmes fort sympathiques, à la faveur d'une escapade vers une communion. On y trouve de la grâce, de la tendresse, de la truculence, on croise aussi des hommes avides de désir, irrespectueux pour les femmes, ce qui ramène la légèreté de ce récit à quelque chose de plus haut, de plus fort. Ce récit demeure une petite perle dans l'univers romanesque De Maupassant.

Mais d'autres nouvelles vont nous amener sur le chemin de l'émotion.

Histoire d'une fille de ferme, par exemple, qui parle d'une jeune ouvrière paysanne qui se retrouve enceinte et abandonnée par l'homme qui lui a fait cet enfant. J'ai été totalement happé par le destin de cette femme et je me sentais là au plus près d'elle à travers les mots de l'auteur.

Je pense aussi à la nouvelle intitulée le Papa de Simon, c'est la nouvelle qui m'a le plus ému, cet enfant à la recherche d'un papa, Simon est un enfant détesté, conspué sur la cour de récréation parce qu'il n'a pas de père. Une rencontre inouïe va lui offrir des étincelles dans sa vie...

Les Tombales est une nouvelle qui nous promène par une invitation envoûtante et amoureuse dans un cimetière où l'auteur nous démontre que ce lieu peut être un lieu intéressant pour de rencontres sentimentales.

En famille est une histoire désopilante, elle porte un ton sarcastique. L'auteur nous y relate des relations familiales dénuées d'amour, à l'occasion du décès d'une vieille grand-mère acariâtre. La fin est drôle.

Enfin, La Femme de Paul, offre un regard sur l'homosexualité féminine, texte moderne pour l'époque où j'ai senti l'auteur en totale empathie avec les personnages du récit. J'ai trouvé ce texte très émouvant.

Maupassant est un de mes auteurs classiques préférés. Pourquoi ? Tout d'abord, il pratique une langue française merveilleuse, riche et accessible qui n'a pas son pareil pour nous donner envie d'aller vers les personnages et de nous les rendre attachants. Et puis il y a l'imaginaire dans lequel il sait nous entraîner, ce romanesque du quotidien, enchanteresse et parfois tragique. La vie, quoi !

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Bel-Ami

N'en déplaise aux puristes, je classe ce merveilleux "Bel-Ami" parmi les romans naturalistes et non pas réalistes car il y a du Zola dans ce roman à chaque page, dans chaque phrase. C'est un condensé de "Pot-Bouille" et surtout de "La Curée", parus quelques années plus tôt, et Georges Duroy n'est autre qu'un Aristide Saccard associé à un Octave Mouret.



Maupassant a écrit peu de romans comparativement à ses contes et nouvelles mais quel plaisir à la lecture des uns comme des autres ! Après "Pierre et Jean" l'an dernier, j'ai enfin mis mon nez dans son plus célèbre opus romanesque et la peinture que l'auteur brosse de l'arrivisme acharné et sans scrupules de Georges Duroy, ce provincial aux dents longues, est captivant de véracité, d'acuité et de génie.



Comme chez Zola, les ressorts de la réussite dans le milieu d'affaires font mouche : l'ascension par les femmes, la politique, l'argent, les magouilles. Georges Duroy est l'archétype du séducteur habile qui saura mettre de son côté hommes et femmes, tremplins vers la position sociale convoitée. Un processus crédible du point de vue narratif avec des personnages superbement travaillés, notamment les femmes - et la figure marquante de Madeleine, femme libérée avant l'heure - et convaincant du point de vue de la critique sociétale.



Bel-Ami m'a moi aussi pris dans ses filets et j'ai subi sa séduction jusqu'au bout, entre exaltation et répulsion. Un chef-d'oeuvre. Zola a bien eu raison de célébrer le génie de son confrère écrivain lors de ses funérailles, il ne pouvait que rendre hommage à son émule, dramatiquement mort fou dans la fleur de l'âge ; qu'aurait été son oeuvre s'il avait vécu plus longtemps !





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Bel-Ami

Pour faire court ce roman est vraiment à lire. Georges Duroy alias Bel-ami est le parfait exemple du fils de paysan essayant à tout prix et par tous les moyens de se faire une belle place dans la société parisienne du XIXème siècle. Au fil de la lecture on aime ou on déteste ce personnage mais il ne laisse pas indifférent. On se surprend à sourire de ses succès, de ses conquêtes et ressentir son ambition et sa colère contre le monde. Une parfaite illustration d'une société du XIXème pleine de principes et valeurs qui sont vite oubliés une fois les portes closes.
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