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Citations de Han Kang (129)


Quand la neige tombe à gros flocons sur la manche d'un manteau noir, on peut voir à l’œil nu les cristaux de glace qui la forment. Il faut à peine une ou deux secondes pour que leur forme magique s'évanouisse? Elle pense à ses brefs instants pendant lesquels elle assiste au phénomène.
Lorsque la neige commence à tomber, les gens s'arrêtent pour la contempler un moment. S'ils sont dans un bus, ils fixent l'autre coté de la vitre. Quand les flocons se dispersent sans bruit, sans joie ni tristesse, et que bientôt des milliers et des dizaines de milliers d'autres effacent les rues en silence, certaines personnes ne regardent plus et se détournent.
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À l'époque où elle pouvait parler, sa voix était basse.
Ce n'était pas un problème de cordes vocales, ni de capacité pulmonaire. Elle n'aimait pas s'approprier l'espace. Chacun peut occuper l'espace physique qui correspond exactement au volume de son corps, mais la voix, elle, se déploie beaucoup plus. Elle n'avait pas envie de déployer sa présence. p 51
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DERNIÈRES LUMIÈRES

«  La neige tombe.
Sur mon front et sur mes joues.
Sur ma lèvre supérieure et sur mon cou.

Elle n’est pas froide.
Elle est comme des plumes .
Juste le poids de la pointe d’un pinceau .

Ma peau est- elle gelée ? .
Est- elle en train de se couvrir de neige comme le visage
d’un mort? .
Mes paupières ne sont pas froides .Je sens la neige qui
tombe dessus.
Elle fond en gouttelettes d’eau claire et mouille
les contours de mes yeux » .
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Dans mon demi-sommeil, j’ai fait un rêve. J’étais en train de tuer quelqu’un. J’avais enfoncé un couteau dans son ventre que j’avais ouvert en y mettant toutes mes forces et j’en ai extrait les intestins. J’avais découpé la chair et les muscles pour ne laisser que le squelette, comme un poisson. Mais au réveil, j’ai été incapable de me rappeler qui j’avais assassiné.
Il faisait encore nuit. Saisi par une étrange impulsion, j’ai soulevé la couverture qui couvrait ma femme. J’ai tâté dans l’obscurité. Je ne sentais ni mare de sang ni intestins étalés.
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La neige tombe éparse. Le champ où je me trouve s'étend sur une colline hérissée de milliers d'arbres noirs sans cimes ni branches, de troncs nus. Ils sont de taille légèrement variées, comme des personnes d'âges différents. Il ne sont guère plus épais qu'une traverse de voie ferrée mais courbés, tordus, l'ensemble évoquant une frise composée de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants maigres qui se tiendraient sous la neiges, épaules voûtées.
Je marche entre les troncs noirs sur lesquels se sont posées des flocons de neige semblables à des cristaux de sel, et derrière chaque arbre s'élève un tumulus. Si je m'arrête soudain, c'est que je sens sous mes baskets comme des petits clapotis. C'est bizarre, me dis-je, alors que l'eau monte jusqu'au-dessus de mon pied. L'autre extrémité du champ que je prenais pour une terre s'étirant vers l'horizon est en réalité une mer. Et la marée continue de monter. La mer monte de plus en plus vite. La marée fait-elle vraiment cet aller-retour deux fois par jour ? Les ossements des tombeaux au pied de la colline sont-ils tous emportés par le reflux, qui ne laisse subsister que les tumuli ?
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Les flocons se dispersent au hasard.
Dans le vide noir que la lumière des réverbères ne traverse pas.
Sur les arbres noirs et silencieux.
Sur les cheveux des passants à la tête baissée.
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Il l’a couchée en rugissant. Une main agrippant son sein, il a léché toutes les parties de son visage qu’il rencontrait, les lèvres et le nez, et entrepris d’ôter sa chemise en arrachant les boutons du bas. Enfin nu, il l’a pénétrée en écartant brutalement ses cuisses. Des halètements bestiaux et des gémissements proches du hurlement résonnaient à ses oreilles – les siens comme il a fini par le comprendre, ce qui l’a fait frissonner. Jamais auparavant il n’avait crié en faisant l’amour. Seules les femmes, selon lui, le faisaient. Dans un mouvement d’agonie, il a laissé fuser son sperme dans le sexe abondamment mouillé qu’il enserrait avec une force contractile presque effrayante.
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Chaque fois que la sueur vient piquer mes yeux, m’empêchant de travailler, je prends une douche froide. Et à chaque fois que je retourne au bureau, je déchire ce que je viens d’écrire. Lorsque je m’allonge toute collante sur le sol du salon, laissant la lettre que je dois reprendre à nouveau, le jour se lève dans une lueur bleutée. Instant de grâce où la température baisse légèrement. Je le dis que je pourrais fermé les yeux un moment, et quand je me sens sombrer dans le sommeil, il se met à neiger sur ce champ. Une neige qui semble tomber sans répit depuis des décennies, depuis des siècles.
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Il n’était pas encore midi mais il faisait sombre au-dehors, comme un début de soirée. Sous le ciel qui semblait prêt à libérer sa neige à tout moment, les immeubles en béton, de l’autre côté de la rue, s’accroupissaient, rassemblaient leurs forces ; l’air était froid et humide.
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Plus j’accumulais de données, plus les contours des affaires devenaient nets, je me sentais comme changée. En un état dans lequel je n’étais plus surprise de découvrir tout ce que des humains pouvaient infliger à d’autres humains… En un état dans lequel quelque chose au fond de mon cœur s’était déjà brisé, où le sang qui passait par là ne jaillissait plus si vigoureusement.
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Il était conscient du fait qu’il n’avait pas fait l’amour à sa femme depuis presque deux mois – et aussi du fait que si son sexe était en train de gonfler, elle n’en était pas la cause.
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Au début, ainsi, Inseon ne se montra guère enthousiaste, mais vu que j’étais motivée, étape par étape, elle m’apprit sa langue. Ma partie préférée était les terminaisons des verbes et des adjectifs, qui ne s’accordent pas comme sur le continent. Je m’essayais à dialoguer avec elle et chaque fois que je commettais une faute de conjugaison dans les hada-han-hamen-hazan, Inseon me corrigeait avec un sourire. Un jour, elle m’a dit :
« Certains racontent que c’est à cause du vent. Je veux dire, les terminaisons courtes. Parce que le vent emporte la fin des mots. »
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La surface de l'eau entre au loin en éruption. Les puissantes lames de cette mer hivernale déferlent avec de plus en plus de force. Quand elles atteignent leur point culminant, les vagues se brisent en innombrables flammèches blanches. La mer ainsi disloquée glisse sur le sable en se retirant.
Pendant qu'elle observe sur la frontière entre la terre et l'eau ce va-et-vient qui semble jamais ne devoir cesser (mais en fait l'éternité n'existe pas - la Terre et le système solaire finiront par disparaître), elle ressent comme une vérité tangible que notre vie ne représente qu'un instant.
Chaque fois qu'elles explosent, les vagues sont d'une blancheur éblouissante. Au loin, l'eau étale fait penser à d'innombrables écailles de poissons. On y distingue des milliers ou des dizaines de milliers d'éclats. Des milliers ou des dizaines de milliers d'inversions. Mais rien n'est éternel.
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Elle fixe son regard qui explore le vide, ses lèvres tendues, son menton et ses joues sur lesquels commence à pousser, vu l'heure tardive, une légère barbe bleuâtre. Comme si les points et les lignes formant ce visage cachaient des signes ou des hiéroglyphes à déchiffrer. Comme si elle croyait que rien qu'en le représentant par quelques traits elle pourrait faire surgir des mots tranquilles.
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Elle s'est à nouveau dénudée et s'est allongée sur le dos. L'éclairage partiel laissait la tête dans l'ombre, mais il a plissé les yeux comme s'il était ébloui. Il l'avait déjà vue nue de face, mais la voir ainsi couchée, parée de la même beauté
éphémère née de l'abandon que quand elle était sur le ventre, lui procurait une sensation si intense qu'elle agissait presque sur ses glandes lacrymales.
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Quand on fait un rêve, on le prend pour la réalité. Mais quand on finit la nuit, on sait qu’il n’en était rien…
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Incapable de marcher droit, il était allé vomir dans la cuvette des toilettes où il avait laissé une odeur infecte. Bien qu’à moitié endormie, elle ressentait une violente aversion pour ce père qu’elle vilipendait comme l’aurait fait une femme plus âgée. : « J’en ai assez, j’en ai assez! » Si maman les avait quitté, pensait-elle, c’était à cause de lui, et elle avait dû en avoir sacrément marre pour se décider à partir.
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Nulle part je n'ai pris de photos. Les paysages ne sont enregistrés que dans mes prunelles. Les sons, les odeurs, et les touchers, impossibles à saisir avec un appareil, se sont inscrits un par un dans mes oreilles, dans mon nez et dans mes mains. Cela me suffisait à l'époque, car il n'y avait pas encore d'épée entre moi et le monde.
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Le magnolia pourpre dont les pétales flétris ont commencé à tomber brille sous la lumière du lampadaire. Elle marche, se frayant un chemin à travers la sensualité des fleurs si abondantes qu'elles font fléchir les branches, à travers l'atmosphère de cette nuit de printemps dont on dirait qu'il va se dégager un parfum sucré si on l'écrase. De temps à autre, elle passe ses deux mains sur son visage alors qu'elle sait que rien ne coule sur ses joues. p 22
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«  C’était un été de canicule, les nuits étouffantes se succédaient depuis presque trois semaines.
Comme à mon habitude, je m’étais étendue dans le salon, sous le climatiseur en panne, espérant un sommeil qui ne venait pas.
.
En dépit de douches froides répétées , allongée le dos à même le sol, mon corps en nage ne se rafraîchissait pas ……. »
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