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Critiques de Han Kang (178)
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La végétarienne

Je découvre Han Kang dans ce roman, qui nous entraîne peu à peu dans une folie troublante.

Autour de Yonhye, 3 récits nous décrivent une descente aux enfers où cette femme semble vouloir disparaître peu à peu dans une autre réalité.

Dans le premier récit, le mari voit soudainement sa femme devenir végétarienne de façon extrême suite à une raison saugrenue, un rêve. Centré sur lui-même, il voit sa femme se transformer, son couple s’effriter et son mode s'effondrer. Dans le second récit, le beau frère de Yonhue, veut réaliser un rêve artistique érotique en utilisant le corps de la jeune femme. Enfin, dans le dernier récit, sa sœur tente de résister au délitement de sa vie tout en tentant de résister au désespoir qui la consume.

Il est question dans ce récit beaucoup de violence: violence paternelle qui traumatise leurs enfants, violence d'une société patriarcale où la femme doit répondre aux besoins de son père, au patron de son mari, voire de son beau-frère. Il est question d'amour ou plutôt de son absence: la froideur et l'absence de sentiments dans les relations conjugales sont saisissantes. De même, les amours familiaux ne résistent pas devant le jugement de la société. Devant tout cela, la folie jusqu'à la mort semble le seule échappatoire.

J'ai été happé par cette histoire où chacun des personnages est transformé par la folie de Yonhue. C'est magnifiquement poétique malgré un réalisme parfois cru. L'écriture est très belle, elle sait parfaitement nous restituer cet implacable tourbillon que déclenche la maladie de la jeune femme.

Je souhaite désormais découvrir de nouveaux romans de cette auteure à l'univers si particulier.
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Blanc

Deuxième lecture de Han Kang et je l'ai préférée à "Leçon de grec".



Avec "Blanc", l'auteure jette sur le papier tout ce qui lui fait penser à cette couleur, que ce soit des choses concrètes ou abstraites. Mais c'est également l'occasion pour elle de se dévoiler un peu plus, notamment sur la tristesse que sa mère ait perdu son premier bébé. Elle en parle à plusieurs reprises et semble très marquée malgré le fait que cela se soit passé bien avant sa naissance.



L'écriture est belle et poétique, emplie de mélancolie. Les thèmes abordés sont divers et variés, ils sont centrés autour de paysages, de souvenirs ou de reflexions, tantôt contemplatifs, tantôt introspectif.
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Celui qui revient

Partant d’une histoire vécue, Han Kang s’en sert ici pour développer un roman surprenant, choral, prenant parfois des allures de reccueil de nouvelles…



Nous sommes au printemps 1980. La révolte de Gwangju est un massacre immonde. Plusieurs personnages en seront impactés, de différentes maniéres…



SI on retrouve, tout au long du roman, des personnages qui parfois se connaissent, qui se sont parfois croisés, ou encore qui ont vécus une histoire similaire, il serait difficile de considérer ce livre comme étant linéaire, simple d’accés. Il faut du temps pour comprendre où nous méne une courte histoire narrée à la deuxiéme personne en début de livre. Puis ensuite une autre qui semble ne rien avoir à voir avec la premiére. Et puis au fur et à mesure, on saisit la violence du propos, la pertinence de l’ensemble, la reconstruction travaillés des sentiments.



Parcequ’il a bien fallu que Han Kang s’imagine être elle ou lui pour imaginer comment ils ont pu vivre ces événements et ce qu’ils ont pu en retirer. L’épilogue même, qui fait le lien avec l’histoire de l’auteure, se montre particulièrement touchant, tout en restant suffisamment déconstruit pour que l’on ressente que tout cela vient du coeur, et n’a pas d’autre vocations que celle de toucher, durablement. C’est réussit.



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Leçons de grec

Deux êtres que tout sépare mais que la vie va rapprocher.

Il est professeur de grec ancien dans un cours du soir pour adultes.

Il perd la vue chaque jour un peu plus, son univers n'est plus fait que d'ombres.

Elle est devenus muette après avoir perdu la garde de son jeune fils.

Elle s'est inscrite au cours de grec ancien.

Tous deux se remémorent leur vie.

Lui qui, avec sa famille a quitté la Corée à 10 ans pour l'Allemagne dans laquelle il ne s'est jamais intégré, et qui adulte a décidé malgré son handicap de revenir vivre seul en Corée.

Elle qui n'a jamais trouvé sa place dans la société coréenne.

Un soir, après un accident, il cassera ses lunettes le rendant ainsi totalement dépendant, elle le prendra en charge.

Arriveront-ils à dépasser chacun leurs traumatismes pour enfin se trouver ?

Un livre fait de silences, de douceur et de poésie.
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Celui qui revient

Han Kang, à travers une plume torturée et assurée à la fois, nous livre un puissant récit sur le souffle d'horreur qui a terrassé la Corée du Sud dans les 70's-80's. Sous un régime totalitaire et dictatorial, les populations oppressées se rebellent, des syndicats d'étudiants s'élèvent et le sang coule, le sang d'une patrie qui s'entaille avec sa propre arme...

L'auteure coréenne ne nous épargne en rien les horreurs perpétrées à travers des descriptions glauques afin de nous faire ressentir la barbarie. Elle pointe de ses mots le gouvernement de l'époque comme l'assassin de ces atrocités.

Au milieu de ces chairs mortes et de ces corps sans vie qui s'empilent, des âmes errent. Celles qui ont survécu aux tortures et aux massacres de leurs camarades n'oublieront jamais. Les souvenirs reviennent et gangrènent les esprits, et les plaies infestées de pue saignent encore. Il y a pire que la mort.

Il faut voir ce roman comme un travail de mémoire sur ce pan de l'histoire coréenne que je connais assez mal. le récit prédomine presque intégralement la narration il y a très très peu de dialogues. D'ailleurs, j'ai trouvé la narration très complexe car il y a plusieurs narrateurs, plusieurs personnages et il m'arrivait de mélanger les noms. Il n'y a pas non plus d'indicateurs de temps et J'avoue m'être perdue à plusieurs reprises. Je devais parfois revenir aux pages précédentes pour me repérer. J'ai eu le sentiment que l'auteure mettait une distance entre ses personnages et le lecteur, parfois je ne savais pas de quel personnage il était question. Les points de vues se mélangent mais au fond ces jeunes gens, n'ont-ils pas vécu les mêmes horreurs ?



Une lecture très intéressante et enrichissante sur l'histoire de la Corée du Sud mais une narration très complexe qui peut entraver la compréhension et nous faire perdre le fil de l'intrigue...
Lien : https://piuma.fr/celui-qui-r..
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La végétarienne

Dans "La végétarienne", Han Kang nous fait suivre le parcours d'une femme qui plonge vers la folie, entraînant avec elle ses proches.



Yonghye est une femme banale, à la vie banale, avec un mari banal. Voilà comment débute ce court roman. En réalité, Yonghye est une femme boniche qui doit satisfaire les besoins de son mari. Sa vie est d'une tristesse infinie.

Et puis un jour, elle fait un rêve et elle devient vegan - et non végétarienne comme l'auteur veut le faire croire. "La végétarienne" est un titre un peu racoleur qui n'a pas grand chose à voir avec le végétarisme en lui même.



C'est assez dénué de sens, sauf pour elle visiblement. Elle tombe peu à peu dans la volonté de ne plus se nourrir du tout et puis son beau-frère s'en mêle et sombre dans l'obsession psychotique lui aussi.



Bon, j'avoue que ce livre m'a passablement ennuyé. C'est un peu trop barré et contemplatif pour moi. Il y a quelques sujets abordés mais sans réellement être approfondis. Seuls les moments à l'hôpital psychiatrique ont vraiment retenu mon attention. Toute cette folie ambiante, cette tristesse qui se dégage des personnages, ne m'ont pas rendue ce livre attrayant. Et puis la fin est complétement vide de sens pour moi. Elle ne s'accroche à rien. Ce livre manque de profondeur, comme si l'auteur n'allait pas jusqu'au bout de ses idées.



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Leçons de grec

Depuis que les éditions Le serpent à plumes ont présenté ce roman l’automne dernier, j'avais terriblement envie de découvrir la relation qui unit une femme devenue muette et son professeur de grec qui perd la vue.

C'est maintenant chose faite et je suis absolument ravie !



Je tiens avant tout à souligner la qualité de l'écriture et de la traduction. Une plume sensible, évocatrice et poétique ; les émotions des deux protagonistes, pour complexes qu'elles soient, sont décrites avec une pudeur touchante.

Des sujets très variés sont abordés, de la naissance d'un handicap au retour au pays, en passant par la perte de la garde de son enfant et, bien sûr, la langue et notamment, donc, le grec ancien.



Je reste un chouïa sur ma faim, mais je me suis vraiment délectée de cette lecture, dont j'ai savouré chaque mot.

Je conseille ce doux roman aux lecteurs qui veulent plus se laisser bercer par des mots ciselés que par un scénario bien ficelé ;-)

Maintenant, j’ai très envie de découvrir La végétarienne !

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Pars, le vent se lève

Ayant réalisé il y a peu que ma bibliothèque ne comportait pas beaucoup d'auteurs asiatiques, j'ai sauté sur l'occasion quand Babelio a proposé ce titre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je n'avais jamais lu d'auteur coréen.

Mais ce roman est-il un roman coréen? Bien sûr, il se déroule à Séoul, son auteur y est née, la dictature qui a pesé sur le pays jusque dans les années 80 est brièvement évoquée et, évidemment, les noms des lieux, des personnages sont coréens (et demandent un petit moment d'acclimatation pour se faire à leur sonorité et parvenir à les mémoriser). Pour autant, Han Kang ne se tient pas dans les frontières de son pays : son roman est universel. La peinture, l'apprentissage, les attractions interdites, l'amitié, son dévoiement vers un attachement obsessif, maladif, le mal de vivre qui enserrent dans ses griffes des personnages perdus, ces thèmes ont le même impact sous toutes les latitudes. Mais Han Kang va encore plus loin : elle nous emporte au-delà des limites de notre petite planète. Neurasthénique, solitaire, sa narratrice, prénommée Jeong-hee, ressasse en effet régulièrement (entre autres idées déstabilisantes) des notions d'astrophysique dont elle tire surtout une conclusion : nous humains, ne sommes vraiment rien, comparés à l'immensité de l'espace qui nous entoure ; nos vies, nos souffrances écrasantes, nos passions si puissantes ne sont que des fétus de paille dans le flux du temps qui s'écoule depuis le Big Bang et qui continuera à s'écouler sans nous jusqu'à un évènement final dont nous ne connaissons encore ni la nature ni la date de survenue.

De ces connaissances scientifiques, qui l'ont marquée dès l'adolescence, elle retire aussi d'autres enseignements, notamment au sujet de l'influence des corps sur leur voisinage (démontré au niveau des corps massifs, comme les étoiles, qui déforment l'espace-temps à proximité, mais que Jeong-hee imagine potentiellement extrapolable aux corps humains... rejoignant la notion d'aura... et impliquant une interaction possible entre deux individus proches).

Ces idées m'ont parlé, évidemment, puisque je me pose fréquemment des questions assez proches, de par mes deux métiers : enseignant les sciences, j'ai approfondi ces thèmes et me suis questionné à leur sujet ; romancier, j'ai pris l'habitude de considérer l'impact sur la nature humaine de toute connaissance. Alors, oui, Jeong-hee, avec ses idées qui peuvent sembler loufoques, m'a parlé. Mais elle peut "parler" à bien d'autres lecteurs, je pense, puisqu'elle porte en elle tant d'autres idées, noires, violentes, affectueuses, désenchantées, résolues ou désespérées. Un agglomérat de contradictions qui, là encore, rend ce personnage universel.

Une autre particularité de ce roman (et qui peut paraître déroutante, mais augmente surtout son originalité) est sa structure. Il apparait pourtant bien vite que, aussi étrange puisse-t-elle être, cette structure n'est en réalité qu'une représentation du désordre qui règne dans la tête (et dans la vie) de Jeong-hee. Solitaire, du fait que les personnages de sa jeunesse sont morts ou ont fui, elle est en effet lancée dans une sorte d'enquête pour reconstituer les derniers jours de son amie d'enfance, In-ju et, par dessus tout, comprendre son tout dernier jour : s'est-elle suicidée, comme le prétend un biographe de cette artiste-peintre ; ou sa mort était-elle un accident ?

Cette recherche de la vérité (ou de la confirmation de "sa" vérité) va balloter Jeong-hee entre divers protagonistes, divers lieux, des lieux inconnus ou des lieux qui lui ont été familiers mais que le passage du temps a rendu méconnaissables. Et c'est ainsi que ses pérégrinations et ses réflexions se succèdent dans un désordre apparent (qui la fait pourtant progresser... et les lecteurs avec elle). Ce désordre, l'auteur de Pars, le vent se lève le rend de la manière la plus parfaite, justement, par la structure qu'elle a choisi : le déroulement est linéaire (la vie de Jeong-hee avance, jour après jour), mais tout ce qui occupe ces journées surgit dans un véritable tourbillon : les époques qui se rappelent à sa mémoire, les fragments assemblés par l'auteur (cinq lignes par là, quatre pages par-ci...), mais, surtout, les formes de narration. S'enchaînent ainsi scènes d'action, scènes de prostration, trajets, recherches, confrontations, conversations, mais aussi les ruminations de Jeong-hee, ses moments de désespoir, ses malaises, ses délires, le tout s'entremêlant à des souvenirs, des rêves et se confrontant par moments à des points de vues externes, dressés comme des obstacles sur son parcours : des lettres, des demi-conversations téléphoniques (l'auteur ne nous retranscrit que les paroles de l'un des deux interlocuteurs) et, revenant régulièrement, l'exposé froid de ces fameuses notions d'astrophysique. Pourtant, comme je l'ai dit, nous avançons, nous emmagasinons les informations, nous approchons de ce qui pourrait être la vérité. Ou la désillusion. Et Han Kang sait disséminer des repères, des étapes-clés, des révélations, dans ce parcours du combattant dans lequel elle nous entraîne. Elle entretient ainsi habilement un suspense dans un roman qui, sans être un polar, est un vrai roman à énigme.

Enfin, un autre point fort de ce texte est la poésie de son écriture. Une poésie au service de la solitude, de la nostalgie, de la tendresse parfois, mais aussi du désespoir, de la folie ou encore de la violence : violence des coups, des lames de couteau, des accidents ou violence plus insidieuse des trahisons et des mensonges. La plume d'Han Kang sait donner corps à ces abstractions ; comme elle sait donner vie au silence, au vent, au froid, aux regrets. Et avec cette poésie, elle parvient à contrebalancer la dureté de ses décors et la froide objectivité des scènes dans lesquelles elle jette ses personnages. Cette écriture augmente encore la valeur de ce roman, riche, complexe, troublé et définitivement marquant.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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Leçons de grec

J'avais beaucoup apprécié "La végétarienne" , attirée par la littérature asiatique, l'envie de retrouver la plume d'Han Kang était grande. Je me suis à nouveau régalée.



Lui est un professeur de grec ancien. Adolescent il avait quitté la Corée pour l'Allemagne. Atteint d'une maladie dégénérative, il perd progressivement la vue. Il décide alors de revenir seul dans son pays la Corée du Sud. Il y enseigne le grec ancien en cours du soir à une poignée d'étudiants. Il camoufle son handicap de plus en plus grand en portant d'épaisses lunettes..



Une de ses étudiantes l'intrigue. Elle est vêtue de noir et semble avoir perdu l'usage de la parole. En effet, ce n'est pas la première fois, elle était déjà entrée dans un mutisme étant adolescente.



"La chose avait fini par se produire un hiver, alors qu'elle venait d'avoir dix-sept ans. Les paroles qui l'enfermaient et la piquaient comme un habit tissé de milliers d'aiguilles avaient soudain disparu. Elle les entendait de ses deux oreilles, mais un silence semblable à une couche de brume épaisse et dense faisait bouchon quelque part entre celles-ci et le cerveau. Le souvenir de la langue et des lèvres qui servaient à les prononcer tout comme celui de la main tenant un crayon étaient devenus impalpables, enveloppé qu'il était dans ce silence cotonneux. Elle ne pensait plus en mots. Elle agissait sans mots, comprenait sans mots. le vide, pareil à celui qui précède l'apprentissage de la langue ou même la conception de la vie, absorbant le temps comme un nuage, encerclait son corps et l'envahissait.'



A nouveau, elle avait perdu les mots, l'usage de la parole, impossible pour elle de communiquer avec la voix. Elle se plonge alors dans le grec ancien car il est important pour elle de trouver les mots justes, l'essence de ceux-ci.



Ils sont tous deux "enfermés", "isolés" au plus profond d'eux-mêmes. Une perte en point commun, celle de la vue, celle de la parole. Des blessures enfuies au plus profond, depuis le presque début de leur histoire.



Un événement fortuit se produira et leur permettra peu à peu de se reconstruire, de renaître tel le phénix de ses cendres. Un nouveau langage, une nouvelle communication naîtra.



Dans le récit, chacun s'exprime tour à tour. Il est parfois difficile de savoir qui s'adresse à nous.



L'histoire de Platon, du grec ancien, ces leçons de grec amènent les personnages à se construire peu à peu. A travers l'usage de cette langue morte, elle sortira peu à peu de son isolement.



C'est de la littérature asiatique, cela signifie que c'est lent, très lent, et on va droit au coeur des émotions. Mais quelle écriture magnifique ! Epurée, poétique, splendide.



La construction du dernier quart du roman est très particulière, un peu déroutante. Les choses deviennent plus floues, plus confuses pour le lecteur à l'image sans doute du ressenti des personnages dans leur enfermement mais quelle beauté, quelle magnificience.



Le langage et l'expression sont au coeur de ce récit. On découvre les failles, les blessures, la tristesse et les solitudes des narrateurs avec une association de mots juste parfaite. Un récit à la langue aérienne, tout en sensibilité.



J'adore.



Ma note : pas loin du coup de coeur 9/10


Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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La végétarienne

Vous n’aimez pas la viande ? Vous ne savez pas ce qui vous attend… Indépendamment du débat actuel sur la condition animale dans les abattoirs, ce roman nous plonge sur les méandres d’un effet papillon plutôt inattendu. Une jeune femme Yŏnghye, commence par refuser de manger de la viande, quelles que soient les circonstances et les réactions de son entourage. Qui s’étonne, s’inquiète, s’exaspère, s’affole, en vient aux mains… Son père perd le contrôle, son mari la quitte, son beau-frère la désire, sa sœur l’enferme ! Combat d’autant plus acharné que l’héroïne, qui ne s’explique jamais, finit par refuser de manger quoi que ce soit et évolue de plus en plus vers une condition végétale… Qui est fou ? Qui aime vraiment ? Sommes-nous des êtres de nature ou de culture ? Faut-il soigner ceux qui s’aiment étrangement, étouffer des fleurs qui s’épanouissent sur les corps, au risque de les réduire à néant ?

Un roman sur la déraison et la normalité. Le personnage de cette femme liane, résistante avec son corps, pose plus de questions qu’il ne donne de réponses, et c’est tant mieux, car le livre donne à réfléchir longtemps après l’avoir refermé. Une belle littérature, venue de loin et si proche en même temps.








Lien : http://maryseesterle.com/lec..
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Cocktail Sugar et autres nouvelles de Corée

Des nouvelles à la qualité fluctuante mais surtout le même constat partout : la place de la femme dans la société coréenne doit encore se gagner. Elles ont tout de même parues plus libres et libérées que ce que je pensais. Ma nouvelle préférée est la première : elle est emblématique des femmes coréennes du siècle dernier.
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Impossibles adieux

Le lecteur plonge en pleine tempête de neige dans un monde ouaté, un monde froid et obscur où règne une douceur, celle de la neige ,celle des souvenirs. Chaque page nous permet de contempler le monde dans lequel évolue l'héroïne Gyeongha. Typique de la littérature asiatique, cette immersion totale dans la nature, la pensée en adéquation avec les éléments naturels : le vent, la neige jouent sur le rythme et l'avancée de Gyeongha dans son voyage sur l'Île de Jeju où habite son amie Inseon.



  Ce roman construit en triptyque progresse du réel à l'onirisme et au fantastique. Dès le début l'ambiance est floue, le voyage devient mystérieux et fantastique et la rencontre finale entre les deux amies livre des révélations dramatiques. C'est tout un pan de l'histoire de la lutte contre le rouge, les exactions et les massacres contre les communistes supposés en 1948/1949.  Comme si le climat et le lieu étaient porteurs des cicatrices des générations précédentes. La douceur et l'horreur se croisent, s'alternent, se succèdent. Le rêve et la réalité, le présent et le passé...Le rêve se révèle cauchemar; le passé réel, historique réapparait...



  L'auteur a su créer un monde particulier, onirique, un drame de l'histoire reconstitué par la mémoire, un hommage aux victimes de cette folie politique. Le tout est d'une puissance poétique. 

 #Impossiblesadieux #NetGalleyFrance !
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Impossibles adieux

Gyeongha vit seule à Séoul. Alors que le même cauchemar hante ses nuits, elle reçoit un sms d'Inseon, une amie de longue date vivant sur l'île de Jeju. Elle s'est gravement blessée à la main et demande à Gyeongha d'aller chez elle le plus rapidement possible pour nourrir son perroquet blanc laissé sur place depuis 2 jours. Bien que le lien entre elles se soit distendu avec le temps, Gyeongha saute dans le dernier avion la menant sur l'île et va braver la tempête de neige pour se rendre dans le village reculé où habite Inseon et sauver l'oiseau si cher à sa précieuse amie.



Lire ce roman coréen c'est accepté une expérience littéraire à part et déroutante.



L'ambiance est particulière. Il y a beaucoup de mélancolie, de solitude, de douleur mais aussi de la douceur.



La neige y a une grande place, pas uniquement comme un élément naturel froid. Elle peut aussi bien symboliser la mort et dans son extrême contraire le calme et le souvenir d'un événement passé heureux.



J'y ai retrouvé ce qui fait le charme de la littérature asiatique : la contemplation visuelle et intellectuelle, la poésie, l'onirisme à la limite du fantastique.



Entre souvenir, rêve, deuil et drame historique, le roman est hors du temps et demande une exigeance de lecture qui peut ne pas convenir à tout le monde.



Le cœur de cette histoire et l'amitié entre Gyeongha et Inseon. Entreprendre ce voyage pour Gyeongha c'est la possibilité de revenir vers Inseon et recréer ce lien fort qui les a uni. Cette femme, elle l'admire comme une grande sœur. Gyeongha va aussi découvrir l'histoire familiale traumatique de son amie. Les archives de massacres de milliers de civils, hommes, femmes, enfants et nourrissons ont été compilées dans la maison familiale. Cet événement douloureux de la Corée du Sud apparaît d'abord en filigrane au début du roman puis prend une place plus importante dans la dernière partie.



Le deuil est multiple et parfois impossible lorsqu'il est difficile de trouver une place pour les absents.



Un roman surprenant et troublant. Totalement différent du reste de cette rentrée littéraire 2023.
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Impossibles adieux

Je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup lire d’auteurs/autrices coréen/nes mais c’est à chaque fois un véritable coup de cœur. J’ai donc sauté sur l’occasion en voyant ce titre. L’intrigue m’a tenté dès les premières lignes mais c’est surtout le fait qu’il soit décrit comme un hymne à l’amitié et un réquisitoire contre l’oubli qui m’a poussé à sauté le bas pour entamer ma lecture !

Autant le dire tout de suite, cette lecture a été comme des montagnes russes pour moi. J’ai trouvé certains passages longs, surtout dans la première partie. J’ai aussi eu beaucoup de mal à m’habituer à un récit à la première personne, l’entièreté du roman est écrit de cette manière et c’est très déstabilisant quand on a l’habitude de lire à la troisième personne.

Arrivée à la moitié du roman, j’avais l’impression de lire le périple d’une femme sans que ça n’est vraiment de lien avec la quatrième de couverture et l’histoire de la Corée qui m’avait poussé à lire ce livre au départ. J’ai été un peu déçue mais en lisant la deuxième et la troisième partie du roman, j’ai réellement été emballée dans ma lecture et je n’ai pas pu reposer le livre avant de l’avoir fini !

Par le biais de souvenirs, de coupures de presse et de témoignages, on découvre un pan de l’histoire qu’on ne connait pas (ou peu) : des milliers de personnes ont été assassinées, torturées arbitrairement et on a interdit aux familles de récupérer les dépouilles.

En somme, une lecture difficile, et surtout émouvante où la troisième et dernière partie est pour moi une magnifique conclusion à l’ensemble du texte.
Lien : https://autodidacteauxmillel..
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La végétarienne

Je ne connais rien à la culture coréenne et je ne crois pas avoir jamais lu un texte de la sorte ! Doux et violent à la fois. Fable poétique et conte chamanique, scènes de sexe crue et de violence familiale, satire sociale grinçante et délire extrême... Une jeune femme arrête de manger de la viande et se révèle en arbre, éveillant des fantasmes chez son beau-frère et une profonde culpabilité chez sa sœur. Trois personnages désespérés, prisonniers d'une société qui paraît ultra normée. Mélange étonnant, détonnant, sensuel et troublant, et finalement très noir, sans concession...
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La végétarienne

Je suis complètement passée à côté de cette lecture, c'est beaucoup trop perché pour moi, tellement haut que je ne voyais pas où on devait aller.

Le titre est trompeur, elle ne devient pas végétarienne mais tend à devenir végétale. Je ne suis pas très à l'aise avec les désordres mentaux en général mais ici encore plus. Je n'y ai pas vu de fable mais un court roman sur la folie, le sexe et des fantasmes chelou.

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Blanc

Blanc est un recueil de textes très intimes autour de la couleur blanche.

Lors d'un séjour à l'étranger , l'auteure progresse dans son histoire personnelle en puisant dans ses souvenirs ou dans son quotidien avec le blanc comme inspiration : un grain de riz, la neige, la lune, un morceau de sucre..

C'est un voyage de douceur vers les sentiments les plus profonds d'une femme face à elle même.
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Leçons de grec

Han Kang nous embarque de nouveau dans son monde onirique, inexplicable et poétique. Elle nous montre l'étendue de son style littéraire et de ses connaissances. Dès les premières pages, on se demande ce que l'on tient entre nos mains. En effet, "Leçons de grec" prend des allures de livre hybride, sur ce plan, cet ouvrage est le digne successeur de "La végétarienne".



Elle nous entraîne à la rencontre de deux êtres touchants, marginalisés à cause leur handicap respectif, l'une par son mutisme, l'autre par son début de cécité. Ce sont deux personnages très isolés de par l'incompréhension de leurs proches. 



On est dans l'attente de leur rencontre et ce qui est intéressant c'est que cette dernière se produit par le biais de l'apprentissage d'une langue morte, l'un en l'enseignant, l'autre en l'étudiant. Le cheminement de leurs pensées est lui aussi très poétique et mélancolique. 



Un livre à ajouter aux nombreux ouvrages qui ornent nos bibliothèques.
Lien : http://labullederealita.word..
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Leçons de grec

Une envie de littérature différente m’a fait accepter ce partenariat en optant pour de la littérature coréenne. Je pensais, à lire la quatrième de couverture, assister davantage à la rencontre de cet homme et cette femme et à leur résurrection. En fait, non. C’est plutôt le chemin qui les conduit à cet instant de renouveau que le lecteur va découvrir. Et c’est également très joli.



Des deux personnages, le lecteur ne saura jamais les noms, ce qui m’est apparu un peu déstabilisant au départ, d’autant qu’on ne sait pas toujours lequel prend la parole. Mais on devine bien vite que c’est pour mieux souligner l’importance du corps dans la communication. Pas besoin de mots pour dire les blessures intimes qui vont les mener à se rencontrer.



Lui cache sa cécité grandissante à l'école dans laquelle il enseigne, auprès d'élèves plus ou moins motivés. Elle s'est inscrite à son cours pour tromper sa peur des mots, surtout de ceux qu'elle ne peut plus prononcer depuis qu'elle a perdu son travail et la garde de son fils. Une grande partie de ce roman porte sur des flashbacks qui montrent la faillite du corps de chacun, les poussant à s'enfermer dans un monde qui leur est propre, ne partageant rien avec les autres, dans l'incapacité totale de communiquer, effrayés par cette solitude qui les entoure de plus en plus.



Avant cette rencontre, l’auteur prend le temps de nous montrer chacun dans sa vie intime, dans ses souvenirs et ses sensations, dans sa relation aux autres, ajoutant par touche une profondeur à chaque personnalité au fur et à mesure que la lecture avance. Ce n'est qu'à la toute fin que nos deux protagonistes vont retrouver ensemble, après un bête accident, le goût du partage.



Entre les deux, Han Kang nous livre ici un roman subtil sur le rapport à l’autre et la résilience, avec une écriture pleine de poésie. Un grand merci aux éditions du Serpent à plumes pour cette découverte.
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Celui qui revient

Je connais la situation politique de la Corée du Nord, ainsi que la situation actuelle de la Corée du Sud, mais j’ignorais complètement que cette Corée du Sud, en 1980 vivait aussi au rythme de la dictature et des sanglantes répressions de la moindre manifestation estudiantine ou ouvrière.

Après quelques petites recherches, il se trouve que le livre de Han Kang, Celui qui revient (publié en 2016 en France, en 2014 en Corée) retrace le soulèvement de Gwangju de mai 1980. Les étudiants et ouvriers s’élèvent contre la dictature de Chun Doo-Hwan qui a pris le pouvoir après la mort du président en 1979.

Du point de vue du régime militaire en place, ce soulèvement est vu comme un mouvement inspiré par les communistes, les opposants étant appelés les ‘’putes rouges’’.

Mais une fois un régime civile à nouveau au pouvoir, le mouvement a été reconnu comme un mouvement de défense de la démocratie et des droits contre la dictature militaire.

De très jeunes gens, comme Sonju, Chinsu, Tongho…voici quelques uns des personnages à travers lesquels nous vivons les quelques jours du soulèvement de Gwangju. Beaucoup sont morts, sans sommation. Beaucoup sont arrêtés et torturés. Quelques uns reviendront, changés à vie parce qu’ils ont vécus dans les geôles.

Un style épuré, parfois même très poétique, nous sommes portés de personnage en personnage, de témoignage en témoignage. Ils se croisent, se recoupent et dressent des portraits hommage aux martyrs de la démocratie coréenne. Un livre à découvrir pour ne plus ignorée une page d’histoire contemporaine.

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Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

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