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Critiques de Han Suyin (45)
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Le soleil en embuscade



J’ai eu le grand privilège et l’immense plaisir de boire paisiblement un café avec Han Suyin dans un bistrot à Louvain en septembre 1967. La veille, l’écrivaine avait donné une conférence sur la situation en Chine dans la grande aula de l’université, à laquelle comme beaucoup d’étudiants j’avais assisté. Grand était mon étonnement de la voir le lendemain matin seule à une table dans un café d’étudiants, où j’avais coutume de prendre mon petit déjeuner. Je lui ai offert un autre café et elle m’a invité à sa table. Nous avons bavardé pendant une petite demi-heure et je l’ai accompagné à la gare, où elle a pris le train pour Bruxelles.



En rentrant chez moi, je me suis arrêté dans une librairie pour me procurer son premier ouvrage, largement autobiographique, "Destination Tchoungking" de 1942, regrettant de ne pas l’avoir fait avant, bien sûr.



Han Suyin est née le 12 septembre 1917 à Xinyang en Chine, de père chinois et mère belge, et est morte à Lausanne en Suisse le 2 novembre 2012, à l’âge de 95 ans. Son père, Yentung Chou, avait rencontré sa mère, Marguerite Denis, pendant ses études à Bruxelles. Le couple s’y est marié en 1908.



Je ne vais pas résumer ici la vie d’Han Suyin, qui relève d’un grand roman à lui tout seul, mais vous recommander vivement la lecture de son chef-d'oeuvre littéraire "Multiple splendeur" de 1952, qui couvre une bonne partie de son parcours hors pair.

Vous pouvez aussi visionner le film qui en a été réalisé 3 ans après par John Patrick, sous le titre "Love Is a Many-Splendored Thing" (en Français : La colline de l’adieu) avec William Holden et Jennifer Jones dans le rôle du docteur Han Suyin.

La chanson du film avec le même titre est devenu un tube mondial, interprété par entre autres le groupe The Four Aces, Connie Francis, Frank Sinatra, Nat King Cole.



Au fil du temps, j’ai lu plusieurs ouvrages historiques, biographies et romans d’Han Suyin qui portaient sur la Chine d’avant et après Mao Zedong, "Le soleil en embuscade" est mon premier polar d’elle. J'ignore d’ailleurs si elle a écrit d’autres policiers ?



Lors d’une somptueuse réception dans un palace au bord du pittoresque lac Léman en Suisse, soudainement le malheur frappe brutalement : le richissime brasseur d’affaires, John Dalton, 52 ans, et sa belle-fille, Lucinda Barron, 29 ans, sont abattus à coups de revolver par un inconnu au visage masqué par un passe-montagne. Phyllis, l’épouse de John, qui a assisté à la scène, a miraculeusement survécu, mais a été transféré d’urgence vers un hôpital de Genève.



Le commissaire principal de la brigade criminelle de Genève, André Stoller, se trouve très vite sur le lieu du double meurtre, où une pénible et délicate enquête l’attend, lui et son équipe.



Seulement, il n’est pas le seul à mener une enquête, le père de Lucinda, Lloyd Barron, a juré de retrouver le meurtrier de sa fille préférée et de l’abattre purement et simplement !



Une enquête qui mènera les 2 hommes au bout du monde ou plus précisément en Thaïlande, sur la piste du terrible Triangle d’or. Un endroit du globe que l’auteure de par ses pérégrinations dans cette partie du globe connaît fort bien.



Ce roman policier, qui constitue pour la grande Han Suyin une curiosité, vaut la lecture pour son approche psychologique raffinée, ainsi que pour la conception et construction originale de l’intrigue, qui en font un thriller intercontinental captivant.

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L'arbre blessé

Sacrebleu ! quel ennui ! naïvement, je me disais chaque jour qu'enfin j'allais avoir moins de peine. Que nenni ! il a fallut que je boive la coupe jusqu'à la lie. Je mérite véritablement une médaille (laquée !) pour avoir ingurgité ce plat de nouilles chinoises !

Et quand je pense que cette dame faisait la promotion de la Chine de Mao dans les journaux et autres médias à l'époque de parution de ce livre en France, je ne peux que rire jaune !

Il fallait quand même oser faire l'éloge du grand bond en avant, faisant passer Lucien Bodard pour un rigolo sur le plateau d'Apostrophe, ignorer les dix, vingt (?) millions de morts de famine, rien ne peut justifier cette saloperie. Han Suyin : Jean foutre total.
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Multiple splendeur

On relit toujours un livre en se demandant s'il nous plaira tout autant qu'à la première lecture. Pour Multiple Splendeur, c'est le cas, mais les raisons pour lesquelles je l'ai aimé autrefois ne sont plus exactement les mêmes que maintenant. Hier, l'histoire d'amour avait suscité tout mon intérêt. Aujourd'hui bien d'autres choses ont retenu mon attention, et notamment les circonstances historiques dans lesquelles se déroule le récit de Suyin.

Cette jeune veuve, mère d'une enfant, a rejoint Hongkong pour exercer sa profession de médecin. Des milliers de Chinois du continent, riches ou démunis, ont fait de même alors que les troupes communistes achèvent de prendre le contrôle du territoire chinois. En cette année 1949, la pression des migrants est si forte sur la colonie anglaise que les familles s'entassent dans des logements exigus et insalubres ou vivent sur les trottoirs. Suyin peut compter sur l'aide de quelques amis fortunés, mais bien vite elle doit partager une chambre de foyer avec deux autres jeunes femmes et leurs enfants. Heureusement son travail à l'hôpital lui apporte quelques subsides et la passionne. Son origine eurasienne lui permet de frayer avec certains membres de la bonne société et c'est au cours d'une soirée qu'elle fait la connaissance de Marc Elliott, un correspondant de presse anglais. L'attirance mutuelle se transforme très vite en une liaison qui scandalise les dames de la Colonie et les amènent à bannir la jeune femme des réunions mondaines : un couple mixte est impensable dans ce milieu très fermé et, de surcroît, Marc est marié et père de famille. Quel est l'avenir de Suyin et Marc ? Le destin se chargera de trancher leurs hésitations de façon douloureuse.

Deux épisodes m'ont paru très intéressants dans le récit quasi autobiographique de l'auteur. Tout d'abord, la description très précise de l'atmosphère qui règne à Tchoungking, dans la province du Sichuan, avant l'arrivée des troupes communistes quand Suyin décide de rendre visite à sa famille paternelle. Elle retrouve la Chine de son enfance, renoue avec les traditions ancestrales et le statut privilégié du clan familial et de son milieu, observe la misère des habitants et les exécutions sommaires de communistes. Le monde autour d'elle semble figé par l'attente, un vieux monde empreint de fatalité et d'aveuglement sur ce que lui réserve l'avenir.

Le second épisode qui m'a marquée concerne l'affolement des migrants qui cherchent par tous les moyens à fuir Hongkong pour rejoindre les États-Unis ou l'Europe. Pour sortir à tout prix de la souricière que représente à leurs yeux l'enclave britannique, ils nourrissent le trafic de passeports, de visas et de billets de bateau. La sœur de Suyin, Sutchen, n'aspire qu'à rejoindre l'Amérique et son confort, ce qui déclenche chez son aînée une forme de mépris pour cette « Chinoise blanche », un peu trop geignarde à son goût. Elle parviendra à son but et les deux sœurs se sépareront sans trop de regrets, leur éducation ayant produit des effets différents sur leur personnalité. La battante Suyin reste très attachée à sa patrie de naissance et ses études en Angleterre ne l'ont pas éloignée de sa culture chinoise. Paradoxalement, elle reste persuadée d'avoir sa place dans la société nouvelle qui se profile et elle est souvent tentée de retourner en Chine. Avec une certaine naïveté, elle pense pouvoir se mettre au service de son pays, oubliant un peu vite qu'elle est la veuve d'un officier du Kuomingtang. Est-ce ce rêve – ou cette chimère – qui explique que Han Suyin se montrera toujours soucieuse de maintenir de bonnes relations avec le gouvernement chinois ? Pourtant, vu ses origines familiales et son premier mariage, un retour dans la mère patrie se serait soldé à coup sûr par une mise à l'écart, dans le meilleur des cas. Au moment de la Révolution culturelle, le danger d'une élimination pure et simple aurait été très probable.

Il faut lire Multiple splendeur qui possède toutes les qualités d'un grand roman, à commencer par la sensibilité poétique de l'écriture, tout en conjuguant la force d'un témoignage captivant sur une période peu connue du grand public. Enfin, on ne peut lire certaines pages sans penser au drame des migrants et à la condition qui leur est faite dans nos sociétés.
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Multiple splendeur

Ce roman d'Han Suyin est avant tout un témoignage passionnant sur l'avancée des troupes communistes en Chine en 1949 et sur la fuite des réfugiés vers Hong Kong. Aux premières loges de ce moment historique, en raison de sa double condition d'Eurasienne, Han Suyin nous donne la vision des américains missionnaires, des riches commerçants chinois, de sa famille, des étudiants. Les tableaux qu'elle brosse de Hong Kong ou de Tchoungking en Chine sont si précis, détaillés et objectifs qu'ils ont la valeur et la dimension historique de reportages.



A Hong Kong, nous déambulons avec elle le long de la Praya pour découvrir la foule qui se presse sur les quais en bord de mer, pour admirer au loin les collines sur lesquelles se construisent nuit et jour des habitations pour les riches chinois qui viennent de Shanghaï tandis que la misère règne dans les camps où s'entassent les pauvres. Nous l'accompagnons dans sa famille chinoise quand elle retourne à Tchoungking pour aider sa sœur à partir aux États-Unis. Nous entrons avec elle dans les salons des familles américaines de missionnaires qui l'invitent jusqu'au moment elle deviendra persona non grata en raison de sa liaison amoureuse.

On découvre le travail des Jeunesses communistes, les fêtes qui accompagnent leur arrivée dans chaque ville conquise, les purges et exécutions dont est victime la population. Han Suyin se défend de juger mais on la sent partagée entre son amour pour la Chine et ses traditions féodales et son attirance envers les idéaux communistes qui la séduisent. Sans doute les germes de ce qui en fera une écrivaine très controversée par la suite...



C'est aussi le récit passionné et autobiographique de sa liaison avec un journaliste britannique, marié et père de famille, liaison scandaleuse au yeux de la colonie britannique en raison de tout ce qui les sépare...

L'écriture est belle, poétique et le ton changeant : tantôt détaché quand Suyin écoute ses amis américains sans s'offusquer ni même sourciller de ce ce qu'ils disent de son pays et de son peuple, tantôt vif et passionné quand elle décrit la splendeur de la lune ou ses moments avec Marc.

Si les deux premières parties sont agréables à lire, j'ai eu plus de mal avec la dernière : le style reflète l'intensité des crises d'exaltation douloureuses ou joyeuses que Suyin traverse, avec ou loin de son amant, et plus on se rapproche du dénouement dramatique, plus la poésie du texte emporte Suyin loin des autres, loin du lecteur, comme détachée du quotidien et de la matérialité.

Une intéressante et superbe lecture !



Challenge multi-défis 2021

Challenge plumes féminines 2021
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Multiple splendeur

"Multiple Splendeur" est un roman de l' écrivaine eurasienne Han Suyin .Il fut publié en 1952. Après sa traduction, il fut salué comme étant un grand livre et connu un grand succès de librairie .Il fut traduit en plusieurs langues au vu de sa qualité littéraire .

Ce roman est largement autobiographique et s' inspire de la vie de Han Suyin. Cette dernière est une femme médecin .C' est à Hong-Kong que Han rencontre, le journaliste anglais, Marc.

Ce roman relate l' histoire d' amour entre Han et Marc .Les deux protagonistes appartenant à deux civilisations différentes mais cela ne les empêche pas

de connaître la passion, le grand amour c' est à dire la

multiple splendeur de l' amour et de la passion .

Han Suyin traduit tout cela avec une beauté de sentiment et de style et une très belle poésie..

Cette belle histoire a pour cadre la ville cosmopolite :Hong-Kong .

Tout se déroule dans une chine pleine de bouleverse-

-ments et de transformations révolutionnaires .

La lecture de ce roman est un vrai plaisir, un régal .
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La montagne est jeune

Plusieurs romans de Han Suyin ont une dimension autobiographique plus ou moins affirmée. C’est la cas de Multiple Splendeur, mais également de La montagne est jeune. Invitée en 1956 au couronnement du roi du Népal Mahendra, l’écrivaine découvre un pays féodal, encore peu accessible aux étrangers, et d’une beauté à couper le souffle. Il servira de cadre à son quatrième roman et ses paysages grandioses magnifient l’histoire d’amour qui naît entre Anne Ford, une jeune femme qui enseigne dans une institution pour jeunes filles à Katmandou et Unni Menon, un ingénieur chargé de la construction d’un barrage. Anne est lasse de son mari, un ancien fonctionnaire colonial, et étouffe sous le conformisme d’une existence morne. Sa rencontre avec le bel Indien ouvre tout à coup ses horizons, l’amène à redécouvrir sa féminité en même temps que sa créativité.

Dans ce roman, Han Suyin transpose à peine l’échec de son second mariage avec l’officier de sécurité, Leonard Comber, et son amour naissant pour celui qui deviendra son troisième époux, Vincent Ruthnaswamy, un officier et ingénieur indien. Mais l’intérêt du livre se trouve ailleurs, dans la galerie de personnages pittoresques qui peuplent le roman (le rinpoché est l’un de mes préférés), dans la sensibilité des sentiments éprouvés, dans la description d’une nature majestueuse et indomptable.

Livre de la renaissance, La montagne est jeune nous livre son souffle porteur depuis ses sommets enneigés.
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Multiple splendeur

Un livre vintage, qui surgit alors que l’on cherchait autre chose ou à l’occasion d’une nième mise en ordre d’une des piles de livres à (re)lire.



Un prélèvement originaire d’une boite à livre locale ; je connaissais l’auteure dont j’avais lu dans mes vertes années un ou deux livres et l’envie de me reconfronter à ce type de lecture s’était éveillée.

Dans les années 70, pour qui s’intéressait aux péripéties de la Chine contemporaine, Han Suyin était incontournable.

Depuis, outre que l’offre d’ouvrages didactiques pour découvrir et/ou approfondir la culture et la société chinoise s’est considérablement élargie, Han Suyin, estampillée garde rouge masquée, est devenue beaucoup moins fréquentable.



Cependant, si les prestigieuses éditions gallimard ont tout récemment déroulé le tapis rouge à Céline (oui un peu paradoxal pour un auteur à la pensée si brune), il n’y a rien de déshonorant à (re)lire Han Suyin aujourd’hui.

Et ce d’autant plus, qu’au moins dans ce livre, l’auteure n’a pas déployé un dazibao à la gloire de la tyrannie.



Han Suyin considère, non sans raison, que le fanatisme, l’intolérance sont inscrits dans les gênes de l’homme ; les élans a priori les plus nobles sont fatalement contaminés par le poison de la chasse aux « hérétiques ». Le communisme, même au sommet de sa popularité, après avoir terrassé l’abomination nazie, ne fait pas exception.



L’auteure dans la rédaction de ce livre en 1950-51 fait preuve d’une lucidité étonnante, alors que le régime pouvait encore bénéficier sinon d’un « état de grâce », tout au moins d’une adhésion pour mettre un terme aux infinies souffrances du peuple chinois, pour un monde plus juste. Elle ne cède pas à une certaine euphorie et sait qu’elle sera enregistrée de par ses origines (eurasienne et fille de notable), son statut (médecin), pro occidentale et « ennemie du peuple », au moins potentielle. Et ce quelle qu’ait été sa vie humble et au service des autres.

Elle a tout à craindre directement, ce n’est pas un manifeste d’intellectuel(le) confortablement installé(e) dans son salon à des milliers de kms des événements.



Sur la quatrième de couverture, on peut relever l’appréciation de l’éditeur, « un roman d’amour exceptionnel » (sic).

A se demander si l’éditeur a lu le livre !! Celui-ci, autobiographique, relate effectivement une romance entre la narratrice et un journaliste anglais, mais cette histoire est presque accessoire.



Les sujets principaux sont la conquête de la Chine par les communistes et les soubresauts d’une société chinoise traditionnelle agonisante.

Davantage qu’« un roman d’amour exceptionnel » le lecteur dispose ainsi d’un témoignage exceptionnel sur ce contexte historique ; nombre de tableaux esquissés ici illustrent la misère extrême du plus grand nombre, l’état d’esprit étriqué de cette micro société anglaise coloniale réfugiée à Hong Kong.



Ce témoignage est magnifié par une écriture raffinée, poétique.



Surtout, ce livre pourrait être qualifié, si la catégorie existait, de roman taoïste.

L’héroïne vit intimement le « wu wei », le non agir au sens de la sagesse du Tao. Elle a conscience que l’ordre du monde, tout au moins en Chine, obéit à des forces qu’il est vain de vouloir modifier. La destinée personnelle s’inscrit dans ce(s) flux. L’auteure s’efforce d’affronter les épreuves avec un certain détachement mais avec lucidité et détermination. Elle sait d’emblée que sa passion pour ce journaliste, Marc, ne peut s’épanouir dans un vrai projet de vie mais elle ne s’interdit pas de vivre ce qui peut l’être, en dépit de la réprobation de la « distinguée » société anglaise.



L’issue, tragique, ne pourra que consolider sa sensibilité et son intuition.



Une lecture que je regrette d’avoir tant tardé à initier de par les qualités de l’ouvrage sus évoquées et qui de surcroit m’a beaucoup touché à titre personnel. Mais même si elle n’éveille pas des échos personnels, une lecture que je ne peux que recommander.
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Destination Tchoungking

Plongée dans la deuxième guerre sino-japonaise qui a ensanglanté la Chine de 1937 à 1945. S'il ne s'agit pas complètement d'un documentaire historique, ce n'est pas pour autant un roman, et pas non plus une autobiographie. Han Suyin y égrène ses propres souvenirs de cette époque, mais surtout évoque les tribulations du peuple chinois, pourchassé par l'armée japonaise et ballotté de lieu en lieu au rythme des bombardements que l'ennemi inflige à une population résignée et résiliente, capable de supporter le pire en conservant une admirable égalité d'humeur !

Fuite à travers les territoires libres, de Hankeou (Wu Han) à Koueilin et Tchoungking.



Destination Tchoungking.... car l'armée japonaise a pilonné sans cesse cette ville, où s'était réfugié le gouvernement de Tchang Kaï-chek. Han Suyin décrit minutieusement la destruction de la ville, sans cesse détruite et sans cesse reconstruite par ses habitants refusant d'abandonner les lieux.

Passionnant document, quelque peu idéalisé peut-être quant à la capacité chinoise d'encaisser toutes ces horreurs, d'événements peu connus des européens !

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Un été sans oiseaux

Dans "Destination Tchoungking", sa première oeuvre, sortie en 1942, (dont elle conte la genèse dans le présent ouvrage), Han Suyin évoque "à chaud" les premières années de la seconde guerre sino-japonaise, à chaud, puisque ce conflit ayant duré de 1937 à 1945, elle n'a pu avoir pour ce récit le nécessaire recul du temps.

Dans "un été sans oiseaux", sorti en 1968, par contre, outre une passionnante description de l'histoire chinoise depuis la révolution de 1911, elle offre une vision complète et globale de ce même conflit.

Et surtout elle analyse avec acuité les rapports complexes entretenus entre l'Armée rouge de Mao-tsé-Toung, le Kuomintang de Tchan-Kaï-chek et le Japon, signalant le fait que Tchan-Kaï-chek avait plus envie de battre les troupes de Mao que l'armée japonaise, allant même à une certaine période jusqu'à souhaiter une alliance avec le Japon !

S'il ne le fit pas, c'est à cause de la résolution du peuple chinois à se battre contre l'ennemi, soit le Japon ! Pour autant, bien des officiers de l'armée communiste furent exécutés par les services secrets du Kuomintang, car il fallait à tout prix détruire l'hydre communiste,



D'un côté donc, une véritable résistance à l'invasion japonaise ; et de l'autre une politique de compromis avec le Japon avec l'espoir d'une aide occidentale, dans l'optique à long terme de détruire le communisme.



Le régime de Tchan-Kaï-chek apparaît comme une détestable dictature fasciste, avec des mouvements "les Chemises bleues" largement inspirés des sections d'assaut de Hitler et une idéologie calquée de "Mein Kampf".



Sa très sévère critique du régime de Tchan-Kaï-chek, étayée par nombre d'exemples, largement ignorés par nous, occidentaux, - étant rarement sinologues - se double d'une admiration pour le régime de Mao-Tsé-Toung, dont elle loue (le livre est écrit en 68) sans réserve la révolution culturelle, qui pour elle constitue un sain rejet du mandarinat !

Dans quelle mesure Han Suyin reste-t-elle parfaitement objective en nous décrivant ces événements ?



L'époux chinois de Han Suyin, quant à lui, est un jeune officier, pilier du régime, et le texte comportant une large dimension autobiographique, elle n'hésite pas à conter son malheureux mariage avec Pao, cet être violent et parfaitement odieux, sous un vernis d'aimable courtoisie destinée au public, que ce soit en Chine puis plus tard en Angleterre, lors de sa nomination en tant qu'attaché militaire. Il veut faire d'elle une "vraie" épouse chinoise, entièrement soumise, en la battant pour un oui ou un non, lui reproche d'être eurasienne, et va jusqu'à se demander si elle n'a pas des racines juives !!!



Outre les très nombreux éléments autobiographiques qui parsèment ce récit, la relation de cette très dure existence en temps de guerre, le travail hospitalier que Han Suyin est amenée à accomplir, cet "été sans oiseaux" nous plonge avec stupéfaction dans les arcanes de l'existence d'une famille aisée chinoise, qui laissent le lecteur européen totalement ébahi, tant les us et coutumes pratiqués sont différents et nous paraissent quasiment incompréhensibles ! Seul élément léger qui donne un parfum d'exotisme bienvenu à cet ouvrage au propos par ailleurs si parfaitement sombre !



Un ouvrage très instructif qui s'achève par la fin de la guerre civile en Chine "dans la tornade d'une triomphale révolution" par les victoires de Mao Tsé-Toung, n'importe quoi étant mieux que le Kuomintang, même si, dit Han Suyin "j'étais un peu inquiète, car personne ne savait ce qui allait arriver ensuite." !
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Multiple splendeur

Ce roman se déroule dans le Hong Kong d'après la prise de pouvoir par le parti communiste en Chine. C'est donc le Hong Kong des réfugiés et des expatriés, mais aussi celui de la main mise de l'Angleterre sur ce bout de terre chinoise avec ses débarquements de missionnaires et de colons.

Les personnages principaux sont une médecin eurasienne ayant fait ses études à l'étranger, peu intéressée par la politique mais profondément attachée à son pays et à l'aide qu'elle peut lui apporter et un journaliste anglais. Ces deux là vont tomber amoureux alors que tout tend à les séparer et vont vivre une passion profonde quel seule la mort de ce dernier viendra rompre. C'est bien écrit avec quelques passages poétiques très attrayants et quelques longueurs. Le contexte politique est certes essentiel au sein de ce récit puisqu'il en compose la trame de fond, mais il lui fait perdre une part de son côté romantique.
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S'il ne reste que l'amour

Ce livre parle d’un jeune de trente-trois ans qui contracte une maladie grave que son père et sa belle-mère soignent avec amour. La belle-mère du malade est Han Suyin, le père est Vincent, un indien catholique du sud de l’Inde qu’elle a épousé en 1956. Vincent a trois enfants Michaël, Patricia et Peter.



Vincent était en Inde où il exerçait son métier d’ingénieur, Han Suyin était en Malaisie ou elle dirigeait une clinique. En 1956 Vincent et Suyin se rencontraient et s’aimèrent. Cinq ans plus tard Vincent obtient un travail à Singapour, frontalier avec la Malaisie ce qui signifie qu’ils purent vivre ensemble. Vincent est un homme qui désire protéger, donner à ceux qui en ont besoin.



J’aimais me rendre à Kuala Lumpur, dit Han Suyin, et rendre visite à mon amie la vicomtesse Dorothea Head dont le mari Anthony était un haut-commissaire britannique. Un jour Dorothea, Anthony, Vincent et Suyin en arrivèrent à parler de Peter. Vincent estimait que ce serait une bonne chose que son fils Peter, un brillant élément, aille en Angleterre pour parachever ses études secondaires ; aussitôt Anthony offrit de le parrainer et écrivit une lettre de recommandation.



Le destin de Peter est lié à celui de Suyin, qui a joué un rôle d’agent dans le tracé de son avenir ; le Karma. C’était également à cause de Suyin que Peter à travailler quelques années en Europe en tant qu’ingénieur.



On parlait de la révolution verte de l’Inde ; l’agriculture allait être relancée. A cette époque Peter lu beaucoup de livres sur les révolutions paysannes. Son projet de devenir prêtre s’était transformé en un désir ardent d’aider les paysans. En 1973, il alla travailler dans un plan visant à irriguer les champs, à creuser des puits. Peter a toujours voulu faire quelque chose pour les pauvres et ses conversations avec Suyin ont renforcé cette tendance.



En 1977, Suyin reçois un coup de téléphone l’informant que Peter ne va pas bien. Il a de forte fièvre et est rapatrié de Téhéran vers l’hôpital Saint Pierre de Bruxelles. Là sa maladie n’a pas pu être exactement diagnostiquée et sa santé c’est gravement détériorée. Son père Vincent croyait en sa guérison et lu parlait des journées entières durant trois semaines où il était dans le coma, espérant de la sorte ranimer son fils et lui demander de lutter contre ce mal qui l’accablait et il a réussi. Au terme de ces trois semaines une méningite tuberculeuse fût diagnostiquée.



L’inde, dans son immensité, tolère les handicapés, les inadaptés, les fous. Ces derniers deviennent parfois objets de vénération, car ils sont « touchés par Dieu ». L’Inde vit en effet dans deux mondes – celui qu’on dit réel, tangible, défini et celui, irréel, fantastique, le monde des Dieux.



Peter fût intensément soigné par Vincent, Suyin, Michaël et son épouse Anne. Il régressait mais la famille malgré les difficultés pourvoyait à tous ces besoins jusqu’au jour où un mieux leurs redonna espoir.



Tout n’était pas toujours facile pour Michaël très dévoué pour son frère mais aussi découragé pensant qu’on se servait de lui comme gardien de son frère à la convenance du père. En famille, se rejoindre et se comprendre dans la difficulté n’est pas tous les jours facile.



Dans ses difficultés, ne se sentant pas compris, Michaël se confiait à sa belle-mère Suyin qui très habilement pu le conseillé.



Toutes les difficultés engendrées par des soins et une assistance continue de la famille certes leurs empoisonnaient la vie mais ils ne lâchaient pas leurs efforts animés d’une profonde détermination articulée sur le sens du devoir.



Tout l’amour et la présence que Vincent apportait à son fils Peter engendrait un manque de présence manifeste à Suyin, qui comme toute épouse attend par moment un réconfort du mari.



Han Suyin déclare : « Ecrire sur Peter a été un demi exorcisme ; pour essayer d’enlever, de supprimer la tache toujours présente, l’irritation, l’appréhension de ce qui reste à venir. Car il sera sans cesse avec nous deux, Vincent et moi. »



« Les efforts déployés par tant de personnes, dans la famille, qui se sont relayées auprès de Peter, sont une chose qui mérite d’être rapportée ; car tous les gestes de dévouement doivent laisser une trace, pour nous encourager à ne jamais oublier notre propre humanité. »





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La Cité des sortilèges

Bien que cet ouvrage soit entièrement une oeuvre de fiction, les évènements historiques qui s'y déroulent, eux, sont véridiques. C'est d'ailleurs une des raisons qui m'a fait aimé ce livre. L'histoire se déroule à la fin du XVIII ème siècle et s'étend de 1752 à1785, d'abord à Lausanne puis ensuite en Chine. Colin et Béa sont des jumeaux dont le destin est, si je puis dire, inscrit dans les cartes dès leur venue au monde. Enfants d'un constructeur d'automates et d'une sorcière, Colin suivra les traces de son père tandis que Béa, elle, héritera des dons de sa mère tout comme elle héritera également de sa beauté. Après la mort de leurs parents, les deux frère et soeur sont d'abord recueillis par la famille paternelle, puis trouvent refuge chez un banquier de Lausanne chez qui ils vont faire une rencontre qui va changer le cours de leur vie. Ils feront en effet la connaissance un prince musulman qui les emmènera en Chine.



Magnifique roman où se mêlent à la fois aventures, ésotérisme, histoire et amour. Le livre est empreint d'une note de poésie qui nous permet de rêver et de découvrir cette Chine mystérieuse qui nous paraît si lointaine.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre et ai même regretté qu'il n'y ait pas un deuxième tome. Je ne peux donc que vous le recommander !
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Multiple splendeur

Ce livre a un beau titre et cela fait des années que je l'avais mis dans ma PAL. C'est lui qui a rendu célèbre son auteure Han Suyin (1917-2012). Celle-ci, porteuse d'une double culture, a vécu principalement hors de Chine. Ceci ne l'a pas empêchée de rester fidèle à son pays natal et de soutenir discrètement le régime communiste.



"Multiple splendeur" est un long roman clairement autobiographique. Il relate la rencontre de l'écrivain avec le journaliste Marc (pseudonyme d'Ian Morrison) à Hongkong, en 1949, alors que la guerre civile est en train de s'achever en Chine. Lui, c'est un homme délicat, charmant, connaisseur de l'Orient mais aussi très britannique. Quant à elle, sa culture chinoise compte toujours. Je la trouve étonnamment dure, quand elle dit à son amant: « Pas de promesse entre nous. (…) Tu ne dois jamais faire quelque chose dans le but de m'épargner. Je hais la bonté » (p. 132). Malgré leurs différences, malgré le qu'en-dira-t-on, malgré l'impossibilité d'un mariage, cette liaison est heureuse. Puis Marc est envoyé comme correspondant de guerre en Corée où la guerre éclate en 1950.



Il y a de très belles pages sur cet amour qui n'aime pas se nommer, et aussi sur cet Extrême-Orient bouleversé: non seulement le peuple chinois et ses fortes traditions, mais aussi les civils coréens victimes collatérales de leur "sauveur" américain. Une fois de plus, j'aurais aimé plus de concision. D'ailleurs le début, mettant en scène la société de Hong-Kong, m'a presque découragé de continuer…

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Multiple splendeur

Ce fut pour moi une lecture exotique, mais non dénuée de beauté et de richesse. L'amour subtil qui unit une Eurasienne se voulant chinoise à part entière, exerçant la médecine, veuve de surcroît, et un grand reporter anglais, est dépeint avec beaucoup de sensibilité et de tact. Dans ce roman très autobiographique, Suyin nous plonge dans l'atmosphère d'une grande ville, Hong Kong, où se côtoient, en 1949 et 1950, Chinois, fortunés ou misérables, fuyant l'avancée communiste, colons ou missionnaires anglais et américains, aventuriers de passage... La guerre de Corée met fin tragiquement à l'idylle, sans que la romancière se prenne dans les rets d'une sensiblerie de mauvais aloi.
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Multiple splendeur

Une tres belle histoire d amour interdite entre une chinoise médecin et Marc, un journaliste anglais marié, dans la Chine de 1950. Sur fond de communisme, Han Suyin relate avec beaucoup de poésie emprunte de taoïsme, son histoire d'amour, à la lueur de la lune.
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Multiple splendeur

Le titre était plaisant, mais ça c'est arrêté là, malheureusement, je n'ai pas du tout été pris dans l'histoire. La lecture fût très longue, l’histoire reste à un niveau plutôt planant, parfois il se passe un évènement mais le plus souvent ça reste au même niveau, comme posé sur un courant que je ne suivrais pas.

Si vous aimez le style de Flaubert, dans la contemplation, la vie quotidienne, vous allez sûrement aimer.
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Destination Tchoungking

Premier livre publié de Han Suyin. Il relate sa jeunesse et les débuts de sa vie adulte en couple lors de la guerre sino-japonaise. Fuyants les bombardements, ils partent pour la ville de Tchoungking rejoindre le mouvement pour la Chine de Chiang Kai-Shek.

Ce livre raconte la seconde guerre mondiale vu d'un autre continent, Asie, avec ses cultures, son histoire, ses traditions différentes.

Malgré la guerre, les ruines... Suyin restera toujours digne, apprêtée, combattante, fière: une vraie force de caractère.

J'ai eu plaisir à retrouver l'écriture de Han Suyin que j'apprécie beaucoup.
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Multiple splendeur

Multiple splendeur / Han Suyin (1917-2012)

Nous sommes en mai 1949 en Chine quand débute ce roman autobiographique alors que la poussée communiste avance du Nord vers le Sud, les villes tombant les une après les autres, sans résistance, des armées entières se rendant à l’ennemi.

C’est dans un foyer d’accueil de l’Église catholique à Hong Kong où se sont réfugiées des femmes de missionnaires, d’origine occidentale avec leurs enfants que nous faisons connaissance de la narratrice, Mrs Han Suyin, docteur en médecine, d’origine chinoise, eurasienne, veuve avec une fillette de 9 ans. Du fait de l’exode, la ville est surpeuplée, la population a presque triplé en quelques mois. Riches et pauvres arrivent à Hong-Kong vestige un peu altéré de l’impérialisme occidental, venant de toute la Chine : banquiers, négociants, femmes riches, missionnaires et squatters se côtoient et la ville est devenue un immense camp de réfugiés. Et de l ‘autre côté de la montagne qui ceint la ville, le Chine, si proche et pourtant si lointaine, si éloignée de la Colonie : un autre univers.

En juin 1949 à Hong-Kong alors colonie anglaise, lors d’une soirée chez son amie Evelyn, Mrs Han rencontre une certain Marc, journaliste anglais correspondant à l’étranger. Quelques jours après, alors qu’elle ne s’y attendait aucunement Marc l’invite à dîner au Grill Parisien, un restaurant coté de Hong-Kong. Il s’avère être un homme charmant, délicat, cultivé et très british, ce qui n’empêche Han de vivre sa culture chinoise toujours intensément.

Au fil des rencontres, Mrs Han réalise que Marc, qui est marié, lui a fait peu à peu dévoiler son intimité. Elle écrit : « Cet homme avait tout pris. Mon intimité, je la lui avais entièrement livrée. » Elle se confie à lui : deux ans au couvent pour apprendre le français, université chinoise, voyages en Europe, mariage, séjour en Angleterre avec son mari, études médicales en Angleterre, retour en Chine avec son mari en 1938, une fille, mort de son mari par les communistes lors de la guerre civile, retour en Angleterre pour terminer ses études médicales et obtenir le diplôme. Puis retour en Chine alors que le pays subit une mutation formidable et révolutionnaire balayant le féodalisme qui a régné durant des siècles.

Ce roman émouvant n’est pas seulement une belle histoire d’amour, un amour intense et harmonieux : « Bien que sobres, nous n’étions pas mesurés. Bien que continents, nous ne modérions pas nos ébats. N’étant pas émoussés par des étreintes antérieures, occasionnelles et basses, nos difficultés stimulaient notre ardeur. L’enchantement de notre rencontre fortuite donnait plus de richesse au miracle qu’elle avait déclenché. » C’est aussi le récit de la transformation du pays face à l’avancée du communisme : l’auteure nous décrit bien les manières des instructeurs politiques procédant à la réhabilitation des personnes atypiques et notamment les prostituées. Tout au long du livre est mis en évidence le contraste entre l’éblouissante Hong-Kong et la Chine communiste, avec des personnages très divers : missionnaires chrétiens, réfugiés chinois de la vieille école, jeunes communistes enthousiastes, vieux chinois anticommunistes, Suyin l’eurasienne mais avant tout chinoise et Marc l’anglais. Han Suyin éprouve une impulsion contraignante à retourner en Chine communiste pour aider son peuple qui souffre et lutte, et en même temps elle aime Hong-Kong d’où elle peut observer ce qui se passe ailleurs. En effet, Hong-Kong, excroissance de la côte de Chine, magnifique entrepôt de commerce, somptueuse entreprise capitaliste, île des monopoles où fleurissent les camps de réfugiés, cloaque de tous les vices, de tous les escrocs, gangsters, prostituées, esclaves rampants, exploiteurs du peuple, espions, réactionnaires et rebuts de la nouvelle Chine, est sans doute le meilleur endroit pour observer ce qui se passe sur le continent chinois. Il faut bien comprendre que bon nombre de Chinois non communistes veulent demeurer en Chine pour s’associer à l’œuvre des communistes. Ce sera le cas de Han Suyin qui n’en vivra pas moins intensément sa passion, une passion marquée par le destin. Han Suyin choisit la Chine par conscience sociale et amour de son peuple et pour servir son pays qui avait tant besoin d’elle, renonçant à la petite liberté de l’individu et acceptant une forme d’oppression avec abnégation. Très tôt et secrètement, Han sut qu’elle allait devoir choisir entre Marc et la Chine, comprenant que si une partie d’elle n’appartiendrait jamais à Marc, une partie d’elle-même toutefois n’appartiendrait plus jamais à la Chine.

Un livre riche de beaux sentiments et de passions, un grand roman au style poétique, une réflexion philosophique sur l’eurasianisme et un témoignage remarquable sur la mutation subie par la Chine au cours du XXe siècle. Le racisme eurasiatique était alors un préjugé mesquin entretenu dans les avant-postes de l’Empire où il demeurait le thème des malsaines spéculations et des méchants cancans des femmes blanches lassées par le bridge, une manie vexante subie par Han Suyin et d’autres eurasiens, notamment ceux qui ont singé le mode de vie des blancs au lieu de rire de toute cette mystification comique et pompeuse qu’est la vie d’un Blanc en Orient. Selon Han Suyin, il n’existait pas de problème pour les Eurasiens qui acceptaient leur côté asiatique.

J’ai lu ce livre une première fois alors que j’avais 18 ans. 58 ans plus tard, je l’ai relu avec autant de plaisir mais pour des raisons différentes. Alors que la première fois, l’histoire d’amour passait au premier plan, cette fois-ci c’est le témoignage historique qui a retenu toute mon attention.

Publié en 1952, traduit en de nombreuses langues, ce roman a connu un très grand succès de librairie, un succès largement justifié.

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Multiple splendeur

J'ai lu ce livre au beau temps de ma jeunesse et j'avais adoré ,j'avais envie de le relire après un voyage récent en Chine .Suivant l'âge ,les expériences ,les impressions sont loin d'être les mêmes ,j'avais été éblouie à l'époque par cette belle histoire d'amour : multiple splendeur comme l'écrit Han Suyin ,qui cette fois m'a paru un peu exaltée ! J'ai davantage été intéressée par son analyse des débuts de la Chine communiste ,par sa description des missionnaires américains ,des réfugiés Chinois qui arrivent en masse à Hong-Kong ,de son mal à vivre son statut d'Eurasienne et de sa critique du monde occidental qui la fera pencher vers son identité chinoise ce qui pourrait expliquer son soutien ensuite à Mao ,à la révolution culturelle et au grand bond avant, ce qui de nos jours n'est plus très défendable
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La montagne est jeune

Un très beau et fort roman sur le réveil de la passion et de la sensualité d'une femme encore jeune dans le Népal de 1956.



C'est l'histoire d'amour entre la frigide Anne Ford, Anglaise et mariée et l'ingénieur Indien Unni Menon qui va la réveiller à la passion. C'est une histoire bouleversante car semée d'embûches.

Le cadre géographique est sublime avec des descriptions de carte postale en permanence et la vigueur descriptive est telle que le lecteur voit défiler les images comme dans un film. (D'ailleurs James Ivory en a tourné un beau film avec Paul Newman et Joanne Woodward en 1990).

Mais il y a davantage dans ce long roman : on apprend beaucoup sur le Népal d'alors, sur ses peuplades et ses coutumes; il y a bien d'autres histoires de couples dans ce roman "d'expats", quelques unes cocasses, d'autres dramatiques. Il y a des personnages secondaires hauts en couleur et par moments, une fine ironie qui fait sourire.



Et la jeune montagne est Mana Mani, une pointe rocheuse faisant partie du cirque himalayen, c'est une montagne traîtresse qui peut se venger sur ceux qui l'offensent.

Ce livre de 1958 (1959 en France) est magnifiquement traduit de l'anglais car la traductrice a su le rendre très sensuel parce que l'écrivaine décrit sans fioritures et avec des mots justes le réveil de la passion ravageuse dans le cadre de la vallée de Katmandou comme si l'altitude (1500 m) exacerbait les sens jusqu'au vertige.

Il semblerait que Han Suyin raconte dans ce roman le naufrage de son deuxième mariage avec l'Anglais Leonard Comber et sa rencontre avec l'ingénieur Indien Vincent Ruthnaswany, son troisième et dernier mari. Quelle belle histoire d'amour, complexe et torride.

Un très bon livre qui n'a pas vieilli d'un iota même si Katmandou a du changer énormément.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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