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Critiques de Hari Kunzru (42)
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Larmes blanches

Toute la musique qu'ils aiment, elle vient de là, elle vient du blues... Larmes blanches est l'histoire de l'obsession de deux jeunes américains pour le son parfait et la musique la plus pure qui soit, à savoir celle du blues des origines. Le livre de Hari Kunzru, dont on connait la splendeur du style, débute de façon plutôt classique avec une narration conduite par Seth, l'un des deux garçons, le moins riche, le moins séducteur, le plus loser du duo. Le jour où ils s'amuseront à créer un faux morceau de vieux blues et le balanceront sur la toile sera le premier d'une déchéance et d'un aller simple vers l'enfer. Un temps, le roman tient parfaitement la note, se réinventant en thriller bien noir. C'est palpitant et toujours extrêmement documenté au rayon musical. Et puis c'est le drame. Tout bascule dans la dernière partie du livre dans un halo cauchemardesque et paranoïaque où les couches temporelles se télescopent. Larmes blanches devient un film d'horreur, opaque, pour illustrer une vengeance d'outre-tombe. Fallait-il cette lourde symbolique pour illustrer le thème de l'appropriation de la culture noire par les blancs ? Peut-être pas mais même en perdant un peu notre attention dans les dernières pages, le roman de Hari Kunzru est le plus souvent captivant par les thèmes qu'il développe, l'érudition qu'il montre et le rythme qu'il impose.
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Larmes blanches

Carter et Seth sont amis. Leur amitié particulière repose sur leur amour fou pour la musique. Un jour, ils créent un faux enregistrement de blues et le mettent en ligne. Ils sont immédiatement contactés par un homme qui leur apprend que ce morceaux et son interprète ont existé.



Seth et Carter sont 2 amis que tout oppose sauf leur passion pour la musique, en particulier la musique noire, le blues mais surtout les très vieux blues méconnus. Ils se sont rencontrés à l'université et rien ne les destinait à être amis : Seth est un gars introverti, sans amis et désargenté  tandis que Carter est la star, il attire les gens comme des mouches et c'est un gosse de riche.Ils vont faire de leur passion, leur métier et vont créer leur propre studio d'enregistrement avec l'argent de Carter.



Tout roule jusqu'au jour où Carter est obnubilé par un air enregistré par Seth. Un air de blues aux paroles sombres. Il trouve une musique et décide de créer un faux enregistrement avec un faux nom d'interprète. Dès lors, leur vie à tout 2 sera une succession d'accidents et leur descente aux enfers.



La narration est faite uniquement par Seth. Seth raconte sa passion, sa rencontre avec Carter et le déchaînement d'événements violents.La première moitié du livre, que j'ai trouvé plutôt longue se consacre principalement à la passion des 2 amis pour la musique,et surtout pour les sons. A la 2 ème moitié, l'histoire s'enclenche enfin et les événements s'enchaînent très vite. Rapidement le passé et le présent s'entremêlent au point de se confondre.



Au-delà de la musique et du blues où les références sont pointues et nombreuses, l'auteur nous entraîne dans un univers de racisme et de violence incroyable. Nous sommes projetés dans le passé où règne la suprématie des blancs dans une Amérique profonde et surtout dans le Mississipi où les crimes raciaux étaient légions. C'est d'ailleurs de ce lourd passé, que gémissent les notes de blues!



Musique, racisme, haine, pouvoir, vengeance et une certaine forme de vaudou : tous les ingrédients sont réunis pour faire de Larmes Blanches un roman explosif! Cependant, bien que ce soit bien écrit, j'ai trouvé quelques longueurs et je me suis perdue dans la compréhension des événements. J'ai eu quelques sursauts de frayeur mais je ne me suis pas projetée. J'ai choisi ce livre pour son résumé et je dois dire que mon avis sur cette lecture est mitigé. Les faits ne sont pas assez clairs et trop sous-entendus. Ce livre n'est ni un thriller, ni un policier ni même un roman paranormal...Quand la musique réveille les morts, quand la vengeance et la haine sont plus fortes que la mort, les enfants payent pour les crimes de leurs ancêtres...



Je remercie Masse Critique, Babelio et les Editions Jean-Claude Lattès pour m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Larmes blanches

Merci à Babelio - via sa Masse Critique - et aux Editions JC Lattès de m'avoir fait parvenir cet ouvrage et, par la même occasion, de découvrir Hari Kunzru.



Cette plume est incroyable! D'une part, jamais je n'ai rencontré un auteur capable de si bien décrire des sons par les mots, on croirait presque entendre la mélodie et, d'autre part, le style et la forme de l'auteur sont si fluides que c'est un réel bonheur de le lire.



L'histoire est également réellement intéressante, avec plusieurs thématiques magnifiquement abordées : évidemment, d'abord la musique, mais également les liens familiaux et amicaux, la différence de classes sociales dans la société blanche newyorkaise, le racisme et le ségrégationnisme, etc.



Hari Kunzru parvient, de cette manière, à nous plonger dans la vie de Carter, Seth et du musicien obscur Charlie Shaw; son livre devenant, pour moi, un vrai pageturner et peinant à le reposer.



J'étais sur le point de lui attribuer un coup de coeur mais, malheureusement, les cinquante dernières pages sont venues - légèrement - gâcher mon plaisir. En effet, j'ai trouvé ces dernières relativement brouillons et peu en ligne avec le reste du récit.



Néanmoins, Hari Kunzru est, à mes yeux, un très grand auteur que je suis ravie d'avoir découvert et dont, sans nul doute, je suivrai la trace.



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Larmes blanches

Une couverture psychédélique, une larme au centre, des sillons noirs qui ressemblent à ceux des vinyles... Hari Kunzru, célèbre plume de la critique musicale britannique, nous propose un roman très singulier sur - notamment - l'appropriation par les Blancs de la musique noire. Ni contemporain, ni historique, ni thriller, ce livre ressemble fortement à un roman noir, très noir.



Son sujet principal ravira les passionnés de musique. Nous suivons en effet deux amis musiciens qui sont à la recherche permanente du son, du bon son. Le roman est truffé de références musicales (McKinney's Cotton Pickers, Cab Calloway, Harlem Hamfats et bien d'autres). C'est une ode au son, à la musique. Plus particulièrement à la musique noire, créée par des chanteurs Noirs anonymes tombés dans l'oubli. Ce blues qui faisait partie de leur identité a été pillé par des collectionneurs Blancs en quête de sensations, de frissons.



Mais Larmes blanches va encore plus loin que ça. Quête identitaire, immersion dans un passé sombre et dangereux, et dans un présent bobo de jeunes Blancs New-Yorkais collectionneurs de vieux disques. La réalité et le fantastique se mêlent, illusion, rêves et cauchemars se côtoient. Vous l'aurez compris, Larmes blanches est un roman particulier, mais captivant. On veut savoir ce qu'il va arriver à Seth et à Carter, amis unis par la musique, et aspirés tous deux dans une spirale infernale à cause d'un blues fredonné par un inconnu :



"Oh oui vraiment un jour j'm'achèterai un cimetière.



C'était une voix magnifique, assez haute, avec quelque chose de rauque quand elle était poussée, comme sur le "vrai" de "vraiment" que le chanteur décomposait en trois notes, celle du milieu montant dans l'aigu en bourdonnement perçant.



Oh oui vrai-ai-ai-ment, j'vais m'acheter un cimetière

Et ce jour-là j'mettrai tous mes ennemis en terre" (page 25)



Seth, un jeune homme introverti, passionné de sons et d'électronique, passe la plupart de son temps à enregistrer des sons de la rue, autour de lui. Alors que Seth est issu d'une famille modeste, Carter lui, est son opposé : issu d'une famille aisée, cultivé, stylé, dans l'air du temps. La passion pour la musique noire des années 20 les unit. Ils fabriquent des sons dans leur studio d'enregistrement et ils rencontrent un certain succès. Un jour, en se promenant à Washington Square, Seth enregistre un chanteur Noir qui fredonne un blues sorti de nulle part : « Oh oui vraiment un jour j’m’achèterai un cimetière. Et ce jour-là, je mettrais tous mes ennemis en terre ». Seth et Carter vont enlever les sons environnants et le "modifier" jusqu'à produire l'effet d'une chanson authentique des années 20. Ce chant puissant va modifier le comportement de Carter jusqu'à l'obsession.



"Il fredonnait ça depuis des jours. Je l'avais entendu le passer en boucle, la voix a cappella chantant ses paroles mélancoliques et menaçantes. Un an plus tôt, elle n'aurait pas eu un tel impact sur lui. Elle était apparue au moment où il y devenait réceptif. Toute musique après la Seconde Guerre mondiale avait disparu de sa vie." (page 49)



Carter décide de diffuser ce morceau sur Internet en affirmant qu'un certain Charlie Shaw, un chanteur de blues oublié, en est l'interprète. Le succès est immédiat et les collectionneurs prennent contact avec eux. Mais l'un d'entre eux retienne leur attention. Il semble connaître le véritable chanteur du morceau, Charlie Shaw...



" — Ils y croient. C'est dingue, non ? Nous l'avons fabriqué et ils croient que c'est authentique.

— Est-ce que c'est vraiment très malin ?

— Qu'est-ce que tu racontes ? C'est génial ! Ces connards pensent que cette musique a été enregistrée en 1928 alors que c'est nous qui l'avons créée. (...) Cette merveille est à nous !"

(page 93)



Dès l'instant où Seth et Carter s'approprient ce blues, les choses dérapent. Qui est Charlie Shaw ? A-t-il vraiment existé ? Seth, avec la sœur de Carter, part à la recherche de ce mystérieux Charlie Shaw et il ne s'imagine pas au départ à quel point ce passé ségrégationniste du Sud des Etats-Unis va le rattraper. La mécanique d'une vengeance brutale et violente se met en marche.



La réalité se mêle parfois au fantastique, le passé et le présent se mélangent, les faux-semblants s'accumulent, au point que ce morceau de blues risque de perdre les âmes des personnages à tout jamais.



"Quelque chose s'était agrippé à Carter et à moi, une vrille du passé, et si nous la détachions pas de nous, nous serions entraînés dans la mort et le silence." (page 175)



"(...) la voix de Charlie Shaw descend en piqué, ancienne, ensanglantée, violente, et c'est après moi qu'elle en a, c'est moi qu'elle veut débusquer tandis que je sombre, plus loin, encore plus loin, dans les ténèbres." (page 235)



Comme le dit Hari Kunzru dans Le Point, "le racisme, ce sont des petites choses, des moments de flou et de malaise". Ici, l'auteur dénonce le racisme, l'appropriation violente par les Blancs du blues, et évoque ces artistes, chanteurs, poètes et musiciens, dont les noms sont tombés dans l'oubli.



"Nous avions vraiment le sentiment que notre amour de la musique nous apportait quelque chose comme le droit à être noir, mais avant d'arriver à New-York, nous avions appris à ne pas en parler." (page 31)



"Personne ne pouvait autant aimer cette musique et avoir en soi un gramme de racisme. Malgré tout, je me sentais plein de honte. Dire ce qu'il avait dit semblait indigne." (page 221)



En bref, Larmes blanches est un roman noir, sur fond de vengeance, dans lequel s'affrontent deux temps : le présent bobo, Blanc, collectionneur ; et le passé sombre, ségrégationniste du Sud des Etats-Unis. Hari Hunzru, en plus de nous livrer une véritable ode au son, dénonce l'appropriation violente par les Blancs de la musique noire, le racisme, l'esclavage, mais aussi le pouvoir de l'argent sur l'art et la création musicale. Ce roman est déroutant par sa temporalité et son style. Il mêle passé et présent, réel et fantastique. Cependant, il est captivant et si passionnant, que l'on a impression, en refermant le livre, d'avoir vécu une aventure littéraire hors du commun. Une prouesse remarquable.
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Larmes blanches

L'auteur de « L'Illusioniste » revient avec un roman sur le thème de la mystification et de ses conséquences, sur fond de musique blues.
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Larmes blanches

Un roman noir qui aborde un sujet en vogue actuellement : l'appropriation culturelle. Le blues et ses racines sont au coeur de ce roman qui raconte une vengeance, mais une vengeance tout sauf ordinaire. Car l'excellente idée de ce roman, c'est d'utiliser le fantastique pour représenter l'appropriation culturelle et ses conséquences. Et retracer le drame vécu par un joueur de blues oublié de tous.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Larmes blanches

Un roman subtil sur la musique noire et les sortilèges du blues.
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Larmes blanches

Larmes blanches est un roman aussi étrange que surprenant. La quatrième de couverture et la lecture des premières pages ne sauraient dire à quel point cette histoire est inclassable.



Le récit d’Hari Kunzru est aussi méticuleux que nébuleux, son style aussi travaillé que filandreux. Déstabilisant, pour le moins, mais c’est clairement une volonté de l’auteur.



Il est parfois aisé de parler d’une lecture. Celle-ci me donne un peu de fil à retordre, à l’image de la lecture, qui n’a pas été d’un parcours aisé. Il faut dire que le trajet n’est pas, comme souvent, balisé et qu’il laisse une large part à l’interprétation avant de pouvoir appréhender le fin mot de l’histoire.



Cette amitié, entre un sans-le-sou asocial et un héritier qui refuse son statut de caste, réserve bien des surprises. Elle est improbable, à l’image de l’intrigue, et pourtant on s’y attache. Du moins si on a l’esprit ouvert à l’irrationnel et qu’on aime lire entre les lignes.



Larmes blanches a plusieurs niveaux de lectures, mieux vaut avoir l’envie de naviguer entres les flux narratifs qui s’entrechoquent. Ce fut mon cas, même si parfois les circonvolutions de l’auteur m’ont perdu en route, trop quelquefois. Un chemin recouvert de chausse-trappes que j’ai pourtant aimé parcourir.



Il faut dire que le début du roman m’a appâté, moi l’amateur de musique. Les deux personnages principaux sont obsédés par leur passion, bien au-delà de l’excitation normale envers un art. Obnubilés par leur collectionnite aiguë (d’albums comme de sons divers), ils vont peu à peu perdre pied. L’étrangeté du récit va vite les engloutir (et le lecteur avec).



Si vous recherchez un livre linéaire, facile à suivre, sans trop demander d’efforts, passez votre chemin. Appréhender et comprendre Larmes blanches se mérite. D’autant plus qu’Hari Kunzru est allé très loin dans ses recherches et que le propos « musical » est souvent très pointu.



Cette singularité est un réel atout, même si l’écrivain a eu parfois eu tendance à se perdre dans son excentricité narrative, à mon sens. Mais les concepts frappent l’esprit, au fil de la compréhension de cette sombre intrigue. Il faut parfois savoir s’égarer pour mieux comprendre.



Ce récit de blancs obsédés par la musique noire, va bien au-delà de ce qu’on pourrait imaginer. Il est question d’appropriation, de classes. Et de tant d’autres sujets non divulgables ici.



Hari Kunzru est un auteur étonnant, comme l’est son roman noir, Larmes blanches. Un voyage à l’aveugle dans le monde des sons. Un périple par les mots dans l’univers de la musique noire et de ce qu’elle représente réellement.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Transmission

Une satire du monde des "grandes corporations", aux USA mais valable ailleurs. Kunzru a un vrai talent pour ajouter une pincée d'humour aux situations les plus désespérées.
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Dieu sans les hommes

Dieu sans les hommes est un roman d'une ampleur impressionnante. Mes amis, il est rare, notez-le bien, que je lise un livre en une journée. le dernier en date était un roman jeunesse de 250 pages écrit en police 18. Dieu sans les hommes relate lui ses histoires sur 500 pages denses et nerveuses.



Laissez-moi essayer d'en faire mon résumé.



1947, Schmidt cherche à s'éloigner des horreurs aperçues lors de la seconde guerre mondiale où il a participé à la mission Hiroshima. Dégouté par l'humanité, il trouve un repère de solitude au milieu du désert de Mojave, dans les Pinnacles, paysage lunaire aride et poussiéreux à deux heures de Las Vegas. Il s'installe dans la propriété abandonné d'un vieux fou mort depuis peu, où il découvre un énorme sous-sol creusé et assez d'espace pour entreprendre ses propres folies. Il est persuadé qu'il peut changer l'humanité, la sauver d'un désastre imminent causé par la découverte du nucléaire. Or un soir apparaît au-dessus du désert un disque rayonnant, duquel des êtres supérieurs l'appellent.

2008, Dawn tient un petit motel aux abords du parc national des Pinnacles dans le désert de Mojave. Elle se souvient encore du temps où elle était jeune et où elle faisait partie de la communauté du Commandement galactique d'Ashtar, les Enfants de la lumières, appelés un jour à réunir l'humanité avec une entité extraterrestre supérieure qui les sauverait d'un désastre mondial. Drogue, sexe et psychédélisme, avant que la communauté ne finisse de façon dramatique. de l'ancien temps.

Nicky fait partie d'un groupe de Rock anglais venu aux US pour s'immerger dans l'ambiance du rock Californien. Mais le musicien a perdu l'inspiration. La Californie est loin de l'image qu'il s'en faisait, loin du brillant et de l'extravagance londonienne. Excédé, déprimé, il prend le volant pour se perdre dans le désert de Mojave, finit par s'arrêter un motel miteux au bord des Pinnacles, un lieu bizarre et étrangement attirant.

Jaz et Lisa sont en route pour un week-end en famille qui s'annonce mouvementé. Raj, leur petit garçon de quatre ans a été déclaré autiste. Bruyant, instable, ses crises les mettent à la porte des meilleurs hôtels, aussi s'arrêtent-ils dans un petit motel à deux heures de Las vegas dans le désert, le même que celui d'une rockstar aux jeans jaunes poussin et à la coupe Mohawk.

Laila habite la Californie depuis quelques années déjà. Avant, elle était à Bagdad, mais elle vit maintenant avec son petit frère Samir chez son oncle et sa tante, dans un trou paumé sans grand intérêt. Elle y a tout de même découvert une nouvelle culture dans laquelle elle s'est plongée ; elle lui doit son look gothique, et surtout ses vinyles qu'elle vénère, en particulier ceux de ce groupe anglais dont le chanteur aux airs de junky vient de s'installer au motel de la ville. Une véritable aubaine…





Pour tout dire, Dieu sans les hommes retrace une partie de l'histoire des Pinnacles depuis l'arrivée des missionnaires espagnols jusqu'en 2008, où Jaz, Lisa, Raj, Nicky, Dawn et Laila se retrouvent liés par les phénomènes étranges qui peuvent parfois survenir dans des lieux aussi extrêmes que le désert de Mojave.

De tous les endroits de la planète, le désert de Mojave est celui qui fait le plus penser à la surface de la lune, avec ses excroissances rocheuses et son absence d'humanité. Il est d'ailleurs utilisé pour de nombreux tournages de films et séries de SF, dont Battlestar Galactica ou Star Trek, tout ça pour vous dire qu'en y mettant les pieds, on a vraiment l'impression d'être dans un autre univers. Je pense que c'est pour cela que Kunzru a développé ce roman dans ce lieu, où l'extraordinaire côtoie le quotidien banal - heureux ou dramatique - de chaque homme. Tous ses protagonistes sont des voyageurs perdus à la recherche d'un équilibre et d'une réponse à leurs questions, d'un dénouement.



Vous aurez compris que le roman parle à certains moments d'extraterrestres, d'où mon exclamation d'introduction ! Mais le roman n'est pas à propos de ça. Extraterrestre, Dieu ou esprits, Kunzru donne juste plusieurs noms aux différentes croyances des personnes qui ont arpenté la terre qu'il dépeint. Bon, par contre, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi l'éditeur français, Lattès, à traduit le titre original Gods without men, par "Dieu" au singulier, mais bon, j'imagine que ça sonnais mieux.

En tout cas il ne s'agit pas d'un seul dieu, ni de Dieu avec un grand D, mais de déités, quelles qu'elles soient.

Mais j'ai effectivement adoré cette période, entre les années 1947 et 1970 où il décrit l'ascension et la chute de la communauté « hippie » qui s'installe dans le désert, menée par son « guide », persuadé d'être en communication avec des êtres venus d'ailleurs et de pouvoir sauver une Terre pourrie par l'humanité. Kunzru raconte la lente descente aux enfers de cette communauté de paumés, certains vraiment croyants, d'autres juste séduits par la drogue, la liberté sexuelle et l'ouverture spirituelle du campement.



Mais cette histoire là n'est qu'un aspect de ce roman à tiroir, où l'on passe chapitre après chapitre d'une époque à une autre, 1778, 1947, 1920, 1943, 1986, 2008, et où l'auteur attaque une Amérique sous plusieurs angles, sa colonisation, son incompréhension des indiens et ses rapports violents avec eux, sa volonté de croire à une nouvelle mythologie, sa décadence, sa mixité raciale, religieuse, sa passion pour l'art et la musique, ses guerres, ses préjugés, sa perfection comme ses nombreux défauts qui font ce qu'elle est aujourd'hui.



Le Mojave et les événements étranges qui s'y passent ne sont qu'un prétexte pour raconter la vie de ces gens : la volonté de Dawn d'échapper au destin sans consistance qui l'attend au village et le réconfort qu'elle avait trouvé en devenant un Enfant de la lumière au sein de la communauté.

Le traumatisme de Schmidt suite à la guerre où son travail a été exploité pour détruire des villes entières, et son espoir de rédemption.

La lente dislocation du couple de Jaz et Lisa due à leur impuissance face à la maladie de leur enfant, ce qui n'a fait qu'exacerber les problèmes déjà présents : le rejet de Lisa et son enfant malade par la famille indienne Penjabi de Jaz, ou l'indécision de Jaz face à son boulot à Wall Street qui pourrait selon lui déclencher une crise incontrôlable.

La détresse de Nicky qui ne sait plus pourquoi il fait ce qu'il fait, s'il est vraiment heureux de s'être éloigné de la femme qu'il aime pour s'enfermer dans un studio avec des musiciens drogués et alcooliques qui semblent avoir oublié le concept de l'amitié et de la liberté.

L'attente de Laila dans ce pays en guerre contre ses origines, l'attente de l'arrivée de sa mère qui n'arrive pas à obtenir de visa, l'attente de quelque chose qui donnera un sens à sa vie de jeune adolescente. Et tous se rejoignent dans cet endroit catalyseur, les Pinnacles, endroit mystérieux, comme doté de magie, capable de bouleverser leur vie à jamais et de leur donner une direction à prendre.



J'aime quand un brin de fantastique s'insère dans les rouages d'un roman comme celui-ci. J'aime que Kunzru laisse une porte ouverte à la fin de son récit, laissant au lecteur le soin de croire ce qu'il a envie de croire, tout comme ses personnages. le pouvoir qu'il attribue au désert est totalement subjectif, modelé par ce que chacun à envie de voir et de croire. Au final, on ne saura jamais si les Pinnacles sont un vrai récepteur d'une énergie spirituelle quelconque, et comme toujours, ce sont les lieux les plus reculés, déserts, solitaires, où apparaissent les miracles, maisons hantées, villages fantômes, grottes, champs, déserts, ce sont toujours les mêmes histoires. Mais moi, j'adore ça !



Alors oui, vu tout ce que je vous ai raconté, le livre est dense, part dans plusieurs histoires aux nombreux méandres, mais l'écriture de Kunzru est très fluide, et ce qu'il écrit semble couler de source. Il sait vraiment manier la langue, passer d'un style à un autre selon les périodes de l'histoire, l'adapter aux situations selon les personnages qui les vivent, comme lorsque Lisa conte l'attente douloureuse du retour de Raj, mystérieusement disparu dans le désert. Sa narration devient complètement déconstruite à cause des médicaments qui l'assomment complètement, et on arrive à percevoir l'angoisse sourde, le désespoir de Lisa qui ne sait pas si elle doit considérer ça comme une punition ou un soulagement, alterne entre culpabilité, horreur et incompréhension.



Je me souviens maintenant de la dernière fois où j'ai lu un roman aussi parfaitement maîtrisé, où malgré l'ampleur de la tâche narrative dont doit s'atteler l'auteur, le roman reste construit, cohérent et captivant ; il s'agissait des Monstres de Templeton, de Lauren Groff, où l'histoire était certainement un poil plus légère, mais où l'on retrouvait cet étrange aspect de saga sur plusieurs siècles, ce résumé d'histoire des Etats-Unis par ceux qui la peuplent, et cette volonté d'y introduire un aura de mystère, d'irréel, d'inexplicable.

Définitivement, le roman de Kunzru plaira aux amateurs de grande littérature américaine, car Dieu sans les hommes est une oeuvre à la voix puissante et troublante, mais aussi aux lecteurs de SF, puisque la porte reste ouverte, et toutes les théories restent possibles.



Je me suis un peu renseignée, certains faits racontés par l'auteur, dont l'histoire du missionnaire Fray Garcès en 1778, sont réels, bien que romancés, mais d'autres comme l'apparition d'une communauté d'excentriques fan d'ufologie semble avoir été inventée de toute pièce, ainsi que les histoires des personnages en 1920 et 2008. le nom de la ville n'est même jamais évoqué, on peut seulement situer l'endroit grâce aux indices que laisse l'auteur sur les distances entre les villes alentours et la proximité avec le Momument National des Pinnacles, il fait référence à une « trinité » de montagnes pour indiquer le lieu exact où campait la communauté avant que le terrain soit transformé en parc naturel, mais il ne précise pas exactement l'endroit où se situe son roman.

En cherchant sur la communauté d'Ashtar, je suis tombée sur un site de fans qui ont décidé de faire réellement vivre ce Commandement Galactique. Vous pouvez vous inscrire et tenter de devenir un believer, héhéhé, à cette adresse : http://www.ashtarcommandcrew.net/



Bon, maintenant j'ai ajouté un lieu à visiter pour un road trip au Etats-Unis, le désert de Mojave, les Pinnacles, et avec un peu de chance je pourrais faire un arrêt dans ce village sans nom, peut-être si je retrouve son motel Dropp In miteux et son diner aux murs couverts d'affiches de science-fiction et au menu extraterrestre. Ouais, ça serait vraiment chouette !
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Dieu sans les hommes

Allez je me lance ! Première critique sur babelio, juste pour "voler au secours" de cet étonnant roman de Hari Kunzru (qui n'est à ce jour crédité que d'une évalution moyenne - et injuste ! - de 2.8/5 !)

Qu'à cela ne tienne, mes quatre étoiles arrivent en renfort pour réhausser un peu la note de cette aventure originale, qui mérite à mon goût une meilleure appréciation.



L'auteur m'était inconnu, mais le titre et la couverture m'ont bizarrement inspiré et j'ai décidé de tenter le coup. D'abord un peu désarçonné par cette histoire farfelue, plutôt éloignée de celle que je m'étais imaginéée, j'ai fini par y adhérer complètement et à me laisser "porter par les flux", comme ces protagonistes soumis du début à la fin à des forces mystèrieuses, surnaturelles.

Le véritable héros de ce roman est le désert des Pinnacles, ses étranges roches lunaires, ses étendues arides tour à tour enivrantes et inhospitalières, son atmosphère sauvage propice aux délires psychédéliques et aux phénomènes extraordinaires. Autour de ce lieu primitif, joliment dépeint par Kunzru, gravitent plusieurs personnages qui à travers les époques se croisent, se rencontrent, s'affrontent...

Un ecclésiastique du XVIIIème siècle, puis des Indiens, des colons, une secte d'illuminés, des hippies en tous genres, des militaires, une rock star britannique et enfin un couple d'Américains aisés : aucun n'est insensible aux forces telluriques de l'endroit, que le lecteur finit presque par percevoir, pour peu qu'il se laisse un peu entrainer ! Certains y voient une base du "Commandement Galactique d'Ashtar", un site de contact extraterrestre, d'autres un point de passage entre le monde des morts et celui des vivants, d'autres encore un "triangle des bermudes" en plein désert ... dans lequel je me suis moi-même joyeusement égaré !



Malgré quelques petites longueurs parfois, le style est plaisant, la lecture est facile et les histoires s'entremêlent, à mi chemin entre la mini-fresque historique (colonisation américaine et évangélisation des autochtones, révolution sexuelle des années 60, guerre du Vietnam et d'Irak, décadence occidentale du XXIème siècle), l'enquête policière pour disparition inquiétante, la peinture de la nature sauvage et l'aventure fantastico-ésotérique aux accents de science-fiction : voilà en bref un bel OVNI littéraire, que j'ai pris plaisir à découvrir !
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L'illusionniste

Un livre assez spécial. Il débute à en Inde, d’abord chez un riche Indien, puis chez un proxénète et enfin auprès un missionnaire et sa famille. Ensuite, le héros part pour le Royaume-Uni, où il va faire des études en usurpant l’identité d’un jeune Anglais. Il tombe amoureux de la fille d’un professeur d’ethnologie, professeur qu’il suit en Afrique pour lui servir d’assistant. Je n’arrive pas à me rappeler la fin.

J’ai trouvé toute cette histoire assez abracadabrante, je ne me suis pas attachée au personnage principal. Ca ne sera pas un souvenir de lecture impérissable. J’ai surtout trouvé intéressant la description de différentes cultures du 20° siècle par le biais des pérégrinations de Pran/Bobby/Johnathan.
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L'illusionniste

Voici bientôt 10 ans que je lisais les tribulations de cet usurpateur illusionniste. Pourtant il est resté dans mon souvenir, gage selon moi, de qualité. Le rythme de ce livre très enlevé m'avait tenue en haleine et je m'étais régalée jusqu'au départ pour l'Afrique du personnage, à mon sens le livre aurait dû être achevé un peu plus tôt. Mais il s'agissait alors d'un premier roman, Kunzru pourrai s'améliorer...

Ce livre est incontestablement romanesque et l'aventure s'y déploie dans la bonne fortune et l'astuce d'un indien a-priori malchanceux...
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Leela

Un indien, immigré aux USA dans une boîte esclavagiste qui l'exploite, petit génie de l'informatique... idéaliste, il a toujours été amoureux d'une danseuse indienne : Leela. Pour se venger de l'entreprise qui l'a exploité, il crée un virus appelé "Leela", du nom de son amour... c'est touchant et drôle en meme temps... Hari Kunzru s'amuse à inverser les rôles et les valeurs, comme ce technocrate évoluant dans les hautes sphères, qui se retrouve dans la peau d'un immigré victime d'une rafle de la police...
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Leela

Arjun a de la chance : une société d'informatique lui offre d'aller travailler aux USA! Pour ce jeune Indien, c'est un rêve qui se réalise enfin et c'est avec enthousiasme qu'il fait ses valises pour cette nouvelle aventure. Hélas, le rêve tourne au cauchemar : malgré ses efforts, il est licencié. Pour se venger, ce timide génie de l'informatique, geek à souhait, crée un terrible virus, à l'effigie de sa star de cinéma indienne préférée, Leela. En quelques semaines, le monde est infecté, c'est le chaos général! En parallèle, on suit le parcours d'un jeune "loup" de la com' et celui de la belle Leela, star bollywoodienne si fragile. Leurs trois destins ne cessent de se croiser...



Un roman qui a un peu de mal à démarrer mais qui se révèle au final très intéressant et surtout très bien écrit. Une langue recherchée, des sentiments tourmentés, du suspense (oui, oui!), j'ai passé un excellent moment avec ce roman, glané au Salon du Livre qui recevait l'Inde cette année.
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L'illusionniste

L'illusionniste ou les tribulations d'un anglo-indien.

Si l'existence de Pran avait bien commencé, tout dérape pour lui à l'âge de 15 ans. il se retrouve à la rue, sans ressources et bien mal armé pour affronter les réalités. D'un hasard à l'autre, il se retrouve au fond d'un claque drogué jusqu'aux yeux, prisonnier à la cour du Maharadja où il subit les derniers outrages, provisoirement adopté par un couple de missionnaires puis embarqué à bord d'un paquebot sous une identité usurpée, à destination de l'Angleterre.

La quatrième de couverture laissait présager un récit dramatique, voire sordide, que nenni ! Si le protagoniste de l'histoire court après "sa moitié blanche" avec une obsession qui relève presque de la pathologie ... persuadé que la nationalilté anglaise est le Saint Graal absolu, son parcours pour le moins agité est jalonné d'anecdotes franchement drôles. Est-il besoin d'ajouter que Mr Kunzru possède une plume bien anglaise, elle, subtilement satirique.

Pour couronner le tout, la première partie qui se déroule en Inde est baroquissime. On retiendra tout particulièrement la narration d'une certaine chasse aux tigres ... tout simplement inoubliable.
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Dieu sans les hommes

Au coeur du désert de Mojave, les Pinnacles, des élévations rocheuses qui sont sources de mystère et de mysticisme. Plus que les nombreux personnages qu'il peuplent Dieu sans les hommes (notez le pluriel du titre original, Gods without Men, qui aurait dû être conservé), c'est ce paysage qui tient la vedette dans le dernier roman de Hari Kunzru. L'intrigue est chorale, déconcertante, les époques s'entrechoquant entre elles de 1778 à 2009, avec un récit qui refuse toute linéarité chronologique pour ajouter au chaos ambiant. A travers plusieurs épisodes, ou la raison se perd, où le fantastique s'insère, l'auteur raconte tout un pan de l'histoire de l'Amérique, symboliquement. Avec la profusion d'intrigues, il est facile de s'égarer dans ce désert aride que même les dieux semblent avoir abandonné. Fort heureusement, le romancier met peu à peu en avant une de ses nombreuses histoires, celle d'un petit garçon autiste perdu dans cet environnement et, de façon concomitante, le déclin de l'amour qui unissait ses parents, jusqu'aux confins de la folie. Dieu sans les hommes n'est pas, à proprement parler, un livre de SF, il en épouse certaines codes, mélange étrangeté et réalisme dans un récit aux multiples ramifications temporelles où tout est dans tout, et réciproquement. Une sorte de trip halluciné qui demande un bel effort de concentration au risque d'être largué corps et âme dès le premier tiers du livre.



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Dieu sans les hommes

Dieu sans les hommes est un roman aux teintes variées, étrange et surprenant à la fois. De 1775 à 2009, nous allons suivre plusieurs personnages dont le destin les mènera tous à un moment ou à un autre de leur vie au pied des Pinnacles en plein désert de Mojave.



Le plus surprenant est qu'ils sont tous si différents. Entre un ecclésiastique du 18ème siècle, un trader, une star du rock ou encore une jeune irakienne, rien ne les lie si ce n'est ce curieux endroit. Pour chacun d'eux, ce lieu, comme empreint de magie, changera à jamais leur vie.



L'auteur a, en effet, apporté une pointe de fantastique dans son livre. Que pour certains les Pinnacles soient un point stratégique pour communiquer avec une espèce supérieure, que pour d'autres, ils soient la porte entre la vie et la mort, une voie vers Dieu, tous vivront une expérience différente, surnaturelle mais décisive pour leur avenir.



Tous les faits se regrouperont aussi à un moment, faisant de ces divers récits un énorme puzzle qui finira par s'emboîter. D'un chapitre à l'autre, nous voyageons dans le temps, passant allégrement des années 70 à 2008, ou encore en plein cœur du désert au milieu d'indiens du début du 20ème siècle. Le point commun à toutes ces époques et tous ces personnages est les trois pics des Pinnacles et l'étrangeté de ce lieu, de l'attrait qu'il exerce sur chacun d'eux.



Le récit peut-être le plus marquant, mais aussi celui revient le plus souvent, est celui de Raj, ce petit autiste qui va disparaître dans ce désert. Nous suivrons alors une descente aux enfers de ses parents, couple qui passera par tant d'étapes dures et cruelles avant de pouvoir trouver une sorte de paix. Et là encore, le mystère restera entier puisque l'auteur nous laissera imaginer notre propre fin à ce livre, ouvrant la voie à notre imagination.



Une narration bien construite, même si parfois la lecture oscille entre une folle envie de dévorer les pages et une pesanteur qui alourdi le texte. Malgré cette sorte de lenteur, au final, on se laisse tout de même embarquer par ce singulier roman aux tonalités hétéroclites.
Lien : http://kamanaschronicles.blo..
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Dieu sans les hommes

Dieu sans les hommes s’ouvre sur l’année 1947, avec Schmidt, un homme venu s’installer dans le désert de Mojave pour y trouver le calme et la solitude après avoir vu et participé aux horreurs de la guerre : « Le désert, en revanche, personne n’y avait touché. C’était une terre qui vous laissait en paix ».





Dans ce désert dépouillé de toute humanité, Schmidt essaye de faire le point sur sa vie passée. Cependant, avec le temps qui passe, notre homme commence à délirer et croire en la vie extraterrestre : « Il était temps qu’ils se manifestent, qu’ils interviennent dans la vie des hommes ».



Nous le retrouvons quelques années plus tard, en 1958, dans ce même désert, en tant que guide de la communauté du commandement galactique d’Ashtar : « le rassemblement était un lieu dédié à l’amour, organisé par ceux qui cherchaient à guérir les épouvantables blessures du monde ». Cependant cette « secte » n’est pas ce qu’elle paraît être...



Après s’être consacré au passé du désert de Mojave, l’auteur s’attarde sur les années 2008 et 2009.



Nicky Capaldi, considéré comme une « rock star » anglaise. Il débarque aux US dans l’espoir de trouver de l’inspiration et par la même occasion réfléchir sur sa carrière. Il décide de s’arrêter dans le motel de Dawn (ancienne membre de la secte), pour décompresser de son mode de vie londonien composé essentiellement de sexe, drogue et Rock’n’roll.



Nous suivons aussi une famille New-Yorkaise : Jaz d’origine indienne, sa femme Lisa et leur fils autiste de quatre ans Raj. En raison des crises de leur fils, Ils se retrouvent contraints de passer quelques jours dans ce motel « miteux » reclus de toute civilisation. Leur couple bat de l’aile, notamment à cause de leurs différences culturelles qui commencent à peser de plus en plus. Les choses ne feront qu’empirer lorsque Raj est déclaré perdu dans le désert…



Grâce à cette véritable fresque historique, nous apprenons énormément sur l’histoire de l’Amérique du début de la colonisation jusqu’à la guerre d’Irak. Force est de constater que ce livre peut être vu comme une critique de certains évènements de l’histoire américaine. Notamment, l’évangélisation forcée des amérindiens avec l’interdiction de mixité de couple. Il nous décrit aussi les années hippies à travers la communauté qui s’installe dans le désert. Cette communauté persuadée d’être en relation avec des êtres de l’espace venus les sauver du futur chaos de la terre.



C’est un beau roman que nous propose Hari Kunzru, maniant adroitement une part de fantastique, avec les mystères qu’occasionne le désert de Mojave et la dure réalité enduré par les Américains. A travers cette galerie de personnages variés, tous se remettent en question et essayent d’avancer tant bien que mal.

Concernant sa plume, nous pouvons applaudir la remarquable adaptation d’Hari Kunzru selon les périodes de l’histoire. Son écriture peut être aussi parfois brutale lorsqu’il faut parler de sujets durs car son but n’est pas d’apaiser le mal à l’état pur.


Lien : http://metamorphoselivresque..
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L'illusionniste

Il y a bien plus qu'une recherche d'identité dans ce fabuleux roman.On y trouve une peinture féroce des milieux aisés tant Indiens que Britanniques, une réflexion sur la colonisation, sur l'incompépence à tous niveaux et l'absence de d'humanité en général.C'est une fresque historique passionnante, foisonnante de détails piquants et d'humour.On y croit de bout en bout.

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