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Critiques de Hari Kunzru (42)
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Red pill

**Ouais bah sur le papier c’était difficile de me donner encore plus envie de le boulotter. Alors forcément je me suis lancé avec un sacré grand élan pour le déboiter. Mais.



C’est ultra pompeux et horriblement lent. À part pour tartiner de grand concepts de philosophie allemande des 18e et 19e siècles, repris au moment de la solution finale, l’auteur a énormément de m...**



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L'illusionniste

Un roman captivant à plusieurs niveau de lecture. A l'instar des couches géologiques ou archéologiques, les fouilles nous dévoilent :

1. le récit épique faisant un clin d'oeil aux romans de dix-huitième siècle comme le "Paysan parvenu" de Marivaux ou "Tom Jones" de Fielding racontant la carrière et la chute d'un métis hindou-anglais. L'histoire pleine d'aventures tel un magasin pittoresque riche en couleurs, en saveurs et en tumulte de l'Inde du début de 20 ème siècle, ou de l'Angleterre et de "l'anglititude" où la question est posée: Comment devenir Anglais?

2. En descendant plus profondement, il y a l'énigme de la construction de l'identité, qui suis-je, où je me dirige et d'où de viens?

3. La couche politique et ethnologique, la cruauté de la civilisation occidentale, les destructions amenées par l'impérialisme et la question sur la fin / ou le début de la civilisation, d'un "avant" et d'un "après".

4. La strate quasi psychanalytique, la question de "l'Autre". La protagoniste Pran Nath dans toutes ses incarnations perdant le nom donné par son père adoptif car ce nom ne lui colle pas et finalement, il devient Personne et doit rechercher jusqu'au dénouement un nom quelconque, sans avoir le choix, il devient toujours une autre personne, il passe par les étapes d'orientation sexuelle indéterminée, il évite la castration pour finalement devenir un super-anglais. En partant du mythe de son origine jusqu'à la dernière transformation où il n'y a plus d'identité fixe ce qui l'oblige à continuer sa quête jusqu'à l'infini.

5. la couche anthropologique telle l'hypothèse de Todorov dans laquelle il parle de la conquête de l'Amérique sous un angle d'approche non-europocentriste. Chez Kunzru, ce qui est connu , à savoir l'homme occidental, est représenté comme une construction bizarre, incompréhensible détruisant les autres identités, libérant les forces destructrices et allant à l'encontre de ce qui s'opposerait à l'Occident.

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Leela

Je crois que l'éditeur s'est un peu emballé en écrivant sa 4e de couverture. "Un subtil chef-d’œuvre d'humour et d'excentricité" plein "d'imbroglios désopilants". Le Times le trouve même "hilarant du début à la fin". Qu'ai-je manqué? Je n'ai pas ri en lisant ce livre.

J'ai trouvé l'histoire d'Arjun et celle de Leela bien désespérées. Seul Guy a un côté ridicule, mais en grande partie causé par la drogue, ce que je ne peux m'empêcher de trouver sinistre. Dommage, j'avais choisi ce livre pour rigoler un peu.

Passée cette déception, il y a quand même de bonnes surprises. Les histoires des différents protagonistes s'imbriquent bien. J'ai particulièrement aimé Gabriella, le personnage le plus subtil et nuancé du livre.

En bref, une lecture sympathique mais pas indispensable.
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Larmes blanches

Le titre français propose un jeu de mots tel que je me suis demandé s'il n'était pas volontaire. Hé bien non, Larmes blanches est la traduction exacte de White tears, donc le titre français est encore plus malin que l'original... Troublant!



Mis à part l'incitation du blogueur susnommé, l'écriture de l'auteur m'a entraînée dans cette histoire qui a priori n'était pas trop pour moi. Seth et Carter sont amis, mais de milieux différents. Carter est issu d'une très riche famille américaine. Seth est une sorte de génie de l'enregistrement et Carter un collectionneur fou, recherchant les 78 tours de musique de blues remontant de plus en plus dans le passé. Je préviens, dans ces deux domaines, ils sont pointus. Je leur ai fait confiance pour les détails.



Seth se balade dans New York et enregistre beaucoup, un jour un vieil homme chantonnant un air Oh oui vraiment un jour j'm'achèterai un cimetière, et un autre jour ailleurs un air de guitare, les deux correspondant pile poil, et voilà qu'ils lancent le tout sur internet, comme quoi un certain Charlie Shaw- nom imaginaire- en serait l'interprète.



Ils sont contactés par un vieux collectionneur leur racontant une histoire étrange. Et le roman bascule dans l'étrange aussi, avec des échos du passé, deux voyages effectués au même endroit à des années d'écart, bref je ne veux pas en dire plus (surtout que je n'ai sans doute pas vraiment tout compris), mais à la fin l'on constate l'existence d'une histoire tragique survenue dans le passé (et le sud bien raciste).



Ce qui est sûr, c'est que l'auteur mérite d'être connu ! Mais je préviens, c'est spécial quand même.



"Vous pouviez sentir l'épaisse moquette monter à l'assaut des pieds de votre tabouret, cherchant à ne plus faire qu'un avec vos chevilles."
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Red pill

Hari Mohan Nath Kunzru, né à Londres en 1969, est un écrivain et journaliste anglais. D'origine anglaise et indienne (Cachemire), Kunzru a grandi dans l'Essex. Il a fait ses études à Oxford et obtenu un Master of Arts en philosophie et littérature à l'Université de Warwick. Il a travaillé comme journaliste depuis 1998, écrivant pour des journaux tel que The Guardian et The Daily Telegraph. Il a aussi été correspondant pour le magazine Time Out et comme présentateur TV, faisant des interviews pour une chaîne anglaise. Red Pill son nouveau roman vient de paraître.

Ecrivain d’origine indienne, le narrateur est invité en résidence à Wannsee dans la banlieue de Berlin, quartier au passé historique lourd. Il quitte donc New York, sa femme Rei et leur petite fille, persuadé de pouvoir y travailler sérieusement à son livre. Bien vite il déchante quand il réalise qu’il n’a pas bien lu avant de s’engager, le règlement intérieur strict qui l’oblige entre autre, à travailler dans un open space, entouré de collègues, ou qu’un rapport hebdomadaire recense le temps passé sur son ordinateur… Lentement, comme un étau qui se resserre, il se sent surveillé jusque dans sa chambre ; pour se détendre, il marche et va sur la tombe de Heinrich von Kleist, un écrivain prussien, poète, dramaturge et essayiste mort en 1811, ou bien il regarde sur son ordinateur personnel, Blue Lives, une série policière qui va s’avérer être une prise de tête et un début d’engrenage effrayant…

Ca c’est du roman ! Même si ce n’est pas une surprise puisque j’avais adoré Larmes blanches (2018) dans un autre registre. Par contre sachez que le début du livre m’a paru « compliqué », le narrateur évoquant son travail d’écriture sur un livre très complexe, un essai très intellectuel, qui pourrait faire fuir certains lecteurs ; passez outre, l’embellie est proche. Ce qui devrait vous inciter à poursuivre votre lecture, c’est qu’immédiatement on voit que le gars sait écrire, le talent saute aux yeux. Une narration finement développée, pas strictement linéaire pour stimuler vos petites cellules grises, un vocabulaire et des tournures de phrases chiadées, un style insidieux, Hari Kunzru en garde sous la pédale mais on devine sa grande culture.

Revenons-en au roman qui s’étire sur une année, celle qui s’achèvera avec l’élection de Trump à la Maison Blanche. Notre héros, légèrement dépressif « tombe » dans Blue Lives, comme dans un puits sans fond. Si les dialogues paraissent quelconques au téléspectateur lambda, lui l’intellectuel y reconnait les sources dont ils sont tirés et les intentions subliminales fascisantes qu’ils distillent. Un hasard lui fait faire la connaissance d’Anton Bridgeman, le réalisateur de la série, et dès lors un combat intellectuel va se livrer entre les deux hommes ; Anton est sûr de sa force alors que notre narrateur est un peu mou de la réplique, au point que celui-ci en vient à se persuader qu’Anton corrompt son cerveau (comme dans un bouquin de Philip K. Dick ?). Persuadé qu’il a une mission d’intérêt général à accomplir il va pourchasser Anton à Paris puis sur une ile abandonnée en Ecosse où il s’apprête à en finir, le Bien contre le Mal, Saint-Georges terrassant le Dragon etc.

Mais tout ceci est-il bien réel ? Ne seraient-ce pas les propos d’un paranoïaque croyant à ses propres fantasmes où le monde irait au désastre ? Où est la vérité ? Police, hôpital psychiatrique et traitement adapté, retour à New York, femme et enfant effrayés. Tempête sous un crâne, espoir d’accalmie et paf ! Trump est élu…. Aaaaaargh ! Le cauchemar devenu réalité ?

Ne craignez pas que j’aie tout dit du roman, loin de là. Je ne m’inquiète pas, je sais que vous allez le lire.



PS : Certains pourront se demander pourquoi ce titre de roman ? La définition donnée par Wikipédia me paraît convaincante : « Les termes « pilule rouge » et « pilule bleue » font référence à un choix entre la volonté d'apprendre une vérité potentiellement dérangeante ou qui peut changer la vie, en prenant la pilule rouge, et celle de rester dans une ignorance satisfaisante en prenant la pilule bleue. Ces termes font référence à une scène du film Matrix. »

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Red pill

C’est un rêve d’écrivain : une résidence tout confort à Berlin, pourvue d’équipements dernier cri, partagée avec des artistes prestigieux… Le narrateur de Red Pill pense y trouver la sérénité qui lui manque pour avancer dans son projet de livre. Mais, derrière la bienveillance de façade des responsables des lieux, se profile bientôt leur exigence tyrannique de transparence et de productivité. Mal à l’aise, le narrateur se replie sur lui-même. Dans sa chambre, il regarde sans fin des épisodes de Blue Lives, une série policière au sous-texte politique ambigu qui ne fait qu’entretenir sa paranoïa, jusqu’à le pousser à fuir Berlin.



A la satire hilarante d’une résidence d’artistes absurde, croisement entre un espace de coworking snobinard et un club de vacances infantilisant, succède une turbulente errance aux quatre coins de l’Europe. Alimentée par d’inquiétantes réminiscences des totalitarismes européens, la fuite en avant du héros de Hari Kunzru prend des airs de lutte contre une société de la surveillance de plus en plus coercitive. Rappelant d’autres grands thrillers hallucinés comme Cosmopolis de Don DeLillo ou Glamorama de Bret Easton Ellis, Red Pill nous entraîne dans une spirale narrative grinçante, reflet de nos sociétés toujours plus perméables à des idéologies autoritaristes et liberticides.

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Red pill

Un écrivain américain en résidence à Wannsee sombre dans la paranoïa.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Red pill

Un écrivain se rend à Wannsee pour écrire. Au lieu d’y trouver la sérénité, il se sent envahi par une atmosphère délétère. Mieux que quiconque, Hari Kunzru joue avec le périmètre de nos facultés mentales, fait surgir des fantômes du passé et joue au magicien ès sortilèges. Il montre sans efforts à quel point notre monde repose sur des illusions et est fragile. Avec « Red Pill », il offre un puzzle obsessionnel qui prouve à quel point chacun peut basculer dans la névrose ou le néant sans qu’il y soit préparé. Il signe un roman rudement bien écrit, nourri de références mais diantrement chirurgical qui laisse une impression de froid qui parcourt l’échine.
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Red pill

Publié en 2020 et offrant une action se déroulant l'année avant l'élection de Trump, "Red Pill" n'a pas prédit l'assaut du Capitole en janvier 2021 par les partisans du président, même si les personnages de ce roman font partie de groupuscules extrémistes et préparent un soulèvement? L'auteur insiste

sur la prolifération des théories héritées du fascisme à travers forums ciblés sur Internet et sur les théories conspirationnistes. Il nous plonge dans un monde underground fait de racistes, de déçus et de toute une faune de personnages prêts à en découdre au nom de leur nation, pour ne pas modifier leur manière de vivre ou plus simplement pour en découdre. Effrayant ...



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Red pill

Dans ce roman décalé, Hari Kunzru éclate tous les codes et les repères. On y découvre un écrivain américain qui débarque à Berlin pour écrire et qui fait la connaissance d’Anton, le réalisateur d’une série policière addictive mais violente. Très vite, il se rend compte que ce dernier véhicule des idées malsaines et une idéologie réellement inquiétante, faisant référence au passé douloureux de l’Allemagne ou aux événements politiques américains récents. Ce roman noir est très surprenant et assez perturbant. Hari Kunzru a l’art de nous déstabiliser dans nos habitudes de lecteurs. C’est âpre, mais bien écrit et surtout bien traduit par Elisabeth Peelaert. J’ai été très inspirée par le visuel et même si j’ai trouvé le roman troublant, je suis contente d’avoir été bousculée et d’avoir fait une nouvelle découverte. Le titre est une référence à l’univers de Matrix. La pilule rouge va emmener le narrateur, et le lecteur aussi par la même occasion, au fond du « gouffre ». Il y a beaucoup de références à la psychologie, à la philosophie, mais aussi à la poésie et au conte. En réalité (si tant est que l’on reste connecté à la réalité dans ce texte), n’est-ce pas un conte cruel ? Tous les aspects les plus sombres et cauchemardesques de notre société sont condensés dans ce « Centre » qui aurait pourtant dû être auréolé de tranquillité pour le travail d’écriture du narrateur. Le voilà donc embarqué dans une spirale infernale, aux confins de la folie. J’affectionne particulièrement les romans publiés chez Christian Bourgois et celui-ci nous réserve encore bien des surprises !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Red pill

Avec Red pill, Hari Kunzru réfléchit avec brio sur la possibilité d’être un individu dans un monde où repères et certitudes se dissolvent.
Lien : https://www.transfuge.fr/202..
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Red pill

Roman captivant sur le fil retors de la paranoïa, Red Pill met un auteur en crise existentielle face à ses craintes d'un retour de la menace fasciste.
Lien : https://focus.levif.be/cult..
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Red pill

Complètement mindfuck et sans grand intérêt. Je n’ai même pas saisi le but final du roman et je n’ai absolument rien ressenti pour le héros. Le résumé en dévoile beaucoup trop et le tout est surchargé de mots/tournures qui alourdissent la lecture... pas du tout un coup de cœur !
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Larmes blanches

« Larmes Blanches » de Hari Kunzru (2018, JC Lattès, 378 p.) traduit par Marie-Hélène Dumas est un roman à lire, surtout en ce moment d’élections américaines. Oh rien de foncièrement politique, si ce n’est en partie une histoire de recherche des racines du blues, de l’authentique blues du Sud, autour de Jackson, Mississipi.

Tout part de Seth, jeune paumé sans le sou, qui rencontre Carter Wallace à l’Université. Tout les sépare. Seth ne sait que bricoler du matériel d’enregistrement, des micros directionnels « des micros statiques AKG C12’s à quinze mille dollars pièce » et autres amplis à lampes. Et il enregistre « sur bande quart de pouce » et filtre ensuite tout ce qui produit du son autour de lui. « Guglielmo Marconi, l’inventeur de la radio, croyait que les ondes sonores ne mouraient jamais complètement, qu’elles persistaient, de plus en plus faibles, masquées par le bruit quotidien du monde. Marconi pensait que s’il avait pu inventer un micro assez puissant, il aurait pu entendre les sons des temps anciens. Le sermon sur la montagne, les pas des soldats romains défilant sur la Via Appia». C’est comme cela qu’il va trainer dans les squares de New York, Washington Square ou Tompkins Square, tous deux dans Manhattan, à côté de East Village, du côté des avenues à lettre (A, B, C, D). Les gens jouent aux échecs et les noirs de la musique pour gagner quelques sous. Il vit en colocation avec Carter Wallace, descendant de la compagnie Wallace Corporation, « empire de « gestion logistique de dix milliards de dollars » actuellement présidée par Cornelius Wallace, le frère ainé de Carter. Ce denier entretient son frère Carter et le laisse faire ce qu’il veut de sa vie, tout comme sa sœur Leonie dont « la part d’action est évalué à quatre-vingt millions de dollars ». SI ce n’est pas beau la fratrie familiale, où l’un récolte ce que les autres ont semé, et permet aux fleurs sauvages de pousser. La compagnie est d’ailleurs devenue la « Wallace Magnolia Group », « ils fournissaient des équipements de déblayage, construisaient des autoroutes, posaient des pipelines. Blocs WC en Afghanistan. Pistes d’atterrissage et entrepôts militaires ». On voit tout de suite en Cornelius un « important donateur républicain qui apparaissait sur les photos de presse avec des sénateurs et des membres du clan Bush ». Il n’y a pas de petit profit, mais que des grandes occasions de s’enrichir.

Ils ont leur studio dans « un bâtiment de Williamsburg, au bord de l’East River » tout de même. La sœur, elle, vit à Tribeca, au sud-ouest de Manhattan, c’est bien plus chic. Quand ils se déplacent, ils partent de Teterboro, aérodrome semi privé à une vingtaine de kilomètres seulement du centre d’affaires. Cela évite de côtoyer la foule des touristes, voire des émigrants de JFK ou de la Guardia.

Leurs loisirs, c’est de collectionner des vieux disques des années 20. Disques en cire, des 78 tours, avec des labels disparus, mais dont ils ont la liste des productions, chez Paramount ou Victor pour les plus connus, Okeh, Gennett, ou Gamages pour les autres. Et ils échangent ou achètent à bons prix à d’autres collectionneurs, en tenant compte de l’échelle de « Vintage Jazz Mart ». Seth, lui enregistre tout ce qui passe, et fini par enregistrer un chanteur dans Washington Square. « Oh oui, vraiment, un jour, j’m’achèterai un cimetière. Et ce jour-là, je mettrai tous mes ennemis à terre. / M’ont mis aux ordres d’un homme, Cap’tain Jack qu’ils l’appelaient. Il a gravé son nom tout au long de mon dos ».

Remixage et filtrage dans le studio. Finalement cela donne un enregistrement quasi d’époque, que Carter attribue à un dénommé Charlie Shaw. Le nom est fictif, de même que l’enregistrement. Mais cela déclenche une tempête chez les collectionneurs. Tempête aussi dans le roman, car tout s’accélère. Rencontre dans des endroits douteux, qui puent la pisse et la misère. Meurtres ou incendies d’appartement, rendez-vous dans un quartier du Bronx pour Carter, dans Hunts Point, juste en face de Rikers Island, ile à la prison célèbre. Bref, Carter est sérieusement tabassé et sort du roman dans un état comatique profond. Restent Seth et Leonie qui vont partir à la recherche du dénommé Charlie Shaw. Parcours à la recherche du disque « Key & Gate, label KG 25806, Charlie Shaw, “Graveyard Blues” » dont on ne connait qu’une face.

Deux virées dans le Sud profond, Virginie, puis Tennessee et Mississippi. Routes poussiéreuses, maisons en bois, « au-dessus du comptoir, panneau « Réservé aux Blancs » ». et ce qui devait arriver, arrive. « Le policier nous a intercepté quand nous quittions Clarkdale ». Après le permis et la carte grise : « Je vais te poser une question, mon garçon. Es-tu un défenseur des droits civiques ? ». Quelques chapitres plus loin, Seth est confondu avec un repris de justice. Scènes ordinaires de la police blanche.

Présenté comme étant « l’histoire inique de l’appropriation par les Blancs de la culture noire » par le Washington Post, on peut alors s’étonner de l’absence du point de vue des Noirs. Ils n’apparaissent pas dans le livre, qui ne contient que les propos d Seth Carter et sa sœur Leoni, plus quelques personnages secondaires, tels Chester Bly, collectionneur à ses heures. Puis, on se dit que finalement, c’est sans doute volontaire de la part de l’auteur. Puisque les Blancs ont confisqué la culture, autant avoir aussi confisqué la parole. D’ailleurs la ségrégation toujours latente dans le Sud permet elle cette parole. Ce n’est pas ce que laisse supposer les interventions de la police, fussent elle à l’encontre de Seth. Ce n’est pas non plus l’opinion qu’en ont, ou qu’en ont eue, Cap’tain Jack et Cap’tain Jim., du moins dans les paroles du « Graveyard Blues » de Charlie Shaw.

On a fait dire beaucoup de choses à la sortie du roman aux USA. En particulier dans les milieux des amateurs de blues. Certes, Kunzru se sert beaucoup de références à des paroles de blues ou d’auteurs. Citant volontiers, ou parodiant Robert Johnson, qui a appris à jouer de la guitare après avoir vendu son âme au diable. D’ailleurs, le symbole du cimetière est également tiré de Robert Johnson « you may bury my body by the highway side, / So my old evil spirit can get a Greyhound bus and ride». Hélas « Le blues est devenu une écriture vidée de sens dans la publicité : un homme sous une véranda avec un harmonica, une goutte coulant sur une bouteille ». Par ailleurs, le blues n’est pas originaire que du Sud. Ainsi, le jeu de batterie de John Bonham n’est pas lié à « When The Levee Breaks » racontant les crues du Mississippi en 1927, qui fit plus de 200 morts et plus d’un demi-million de personnes déplacées. D’ailleurs John Bonham n’était pas encore né. Reste que Hari Kunzru raconte dans « The Guardian » son tour, à l’époque où il n’était pas encore marié à Katie Kitamura, sur la Piste Natchez entre Nashville, Tennessee et le Mississippi. Les églises baptistes qui sonnent le tocsin au passage des automobiles, les bouteilles vides de bourbon Four Roses à la maison de William Faulkner, la mousse espagnole (Tillandsia usneoides) qui pend des arbres.

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Larmes blanches

Pour moi c'est une première lecture d'Hari Kunzru mais j'en avais entendu parler comme étant une figure de proue de romans rock en Angleterre et ce roman ne fait pas mentir sa réputation.



C’est une histoire singulière qui se révèle dans ce livre, des thèmes tels que l’appropriation et de la création sont au cœur du roman et se pose la question de l’originalité et du plagiat.

J’ai beaucoup apprécié ces questionnement soulevés mais j’ai été un peu moins emballée par l’histoire qui comportait pour moi quelques longueurs.



C’est une lecture particulière, sa construction est atypique et me laisse une bonne impression grâce à la deuxième partie du roman qui devient de plus en plus noir.



Petit coup de cœur par contre pour la couverture, noire et blanche au motif psychédélique qui rappelle certaines pochettes de disques vinyles !
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Larmes blanches

Un très bon début, j'ai beaucoup aimé, puis je me suis lassée des personnages et du rythme, dommage... ! par contre, ce bouquin donne des tonnes d'idées de musique à écouter!
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Larmes blanches

Larmes blanches, un joli billet de Titania l’été dernier, un sujet qui me fait dresser les poils et hop, j’suis parti au pays du blues.

Deux potes, l’un dingue de musique, l’autre de sons multiples et divers. Carter, issu d’une famille à l’abri du besoin pour les deux ou trois prochains millénaires, Seth, tranquille pour à peu près les cinq prochaines minutes. L’un explore tous les styles musicaux de fond en comble, l’autre enregistre tous les bruits de la rue.

Un jour, en écoutant l’enregistrement de la journée, un vieux blues attire l’oreille des deux amis.

Entre investigation pour retrouver le bluesman et escroquerie dans le milieu des collectionneurs de disques, quelques substances illicites et un brin de pratiques vaudou vont nous emmener aux racines du blues.



Page après page, un air m’a trotté dans la tête. Dealing with the devil de Sonny Boy Williamson version James Cotton, le pied. (https://www.youtube.com/watch?v=PCwtdvwVzho&index=2&list=RDME9Tq-wHzzQ bonne écoute si le cœur vous en dit).



Et puis et puis… ça a merdé quelque part. Arrivé à la page 301, j’ai fermé définitivement le bouquin.

Oui ce sont des choses qui arrivent de fermer un livre quand on a fini, le problème c’est que là il y a 371 pages. J’ai abandonné à… 70 pages de la fin. J’ai essayé de le terminer mais je n’ai pas pu à mon grand désespoir.

J’ai commencé à partir en vrille aux premières prises de champignons. Leurs effets malheureusement désirables m’ont fait lâcher prise petit à petit jusqu’au largage complet. Le voyage à travers le temps, ça m’épuise et quand d’une page à l’autre je ne sais plus où je suis ça me gave vite. D’être perdu m’a fait décrocher de l’histoire, me l’a faite oublier.

Grosse déception car pas fan de retour vers le futur et autres produits dérivés, mais un bouquin qui pourrait plaire à beaucoup.

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Larmes blanches

Étrange et fascinante histoire avec une bande son éblouissante...



J'aime qu'un auteur me surprenne et c'est le cas pour ce roman musical dont le blues est le héros.



Il nous conte, avec des phrases comme des mélopées, sur le picking d'une guitare, l'histoire de deux musiciens blancs fascinés par les enregistrements anciens. Carter Wallace, un riche héritier bipolaire s'associe à Seth, un collectionneur de sons, pauvre et arrangeur hors pair. Ensemble ils fabriquent un faux blues à l'ancienne , et tout se passe comme s'ils avaient invoqué quelque chose de maléfique.



Une fascination mortelle comme une malédiction, qui brouille l'entendement, nous emmène dans un espace temps étrange , où le passé se mêle au présent . Les passions excessives des collectionneurs de disques confinent à la folie, coupent du réel, faussent le jugement et l'auteur réussit bien à rendre l'ambiance irréelle et onirique de cette obsession. La dimension fantastique du récit me fait penser aux délires esthétiques d'une fameuse série policière de David Lynch. Le bus de l’errance de Seth, rappelle celui, célèbre de Robert Johnson dans le blues du diable, celui qui doit sauver son âme .



Cette quête à la recherche d'un drôle de Graal, qui évolue et se dérobe sans cesse, nous emmène aux sources du son blues, dans des villages de cases du Mississippi. Dans les paroles des chansons, on a la souffrance , les amours perdues et la mort, toutes choses de la condition des pauvres hères, universelles et partageables . Le destin de Seth, misérable méprisé et rejeté, ressemble beaucoup à celui de Charlie, le musicien noir .



Au delà de la ségrégation, il y a une musique transmise de générations en générations par des musiciens blancs et noirs, leur histoire commune, un métissage artistique inéluctable, écouté par tous, une synthèse poétique qui fait un joli pied de nez à l'histoire.
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Larmes blanches

Hari Mohan Nath Kunzru, né à Londres en 1969, est un écrivain et journaliste anglais. D'origine anglaise et indienne (Cachemire), Kunzru a grandi dans l'Essex. Il a fait ses études à Oxford et obtenu un Master of Arts en philosophie et littérature à l'Université de Warwick. Il a travaillé comme journaliste depuis 1998, écrivant pour des journaux tel que The Guardian et The Daily Telegraph. Il a été correspondant pour le magazine Time Out, et a travaillé comme présentateur TV, faisant des interviews pour une chaîne anglaise. Un premier roman en 2003 et Larmes blanches, son cinquième qui vient de paraître.

« Carter et Seth, âgés d’une vingtaine d’années, appartiennent a des mondes opposés. Le premier est l’héritier d’une grande fortune américaine, l’autre est sans le sou, introverti. Ils forment un tandem uni par une passion commune, la musique, qu’ils écoutent dans leur studio. Seth, obsédé par le son, enregistre par hasard un chanteur de blues inconnu dans Washington Square. Carter, enthousiasmé par la mélodie, l’envoie sur Internet, prétendant que c’est un disque de blues des années 20, un vinyle perdu depuis longtemps, œuvre d’un musicien obscur, Charlie Shaw. Lorsqu’un vieux collectionneur les contacte pour leur dire que leur faux musicien de blues a réellement existé, Seth accompagné par Leonie, la sœur de Carter, partent dans le Mississipi sur les traces de ce personnage. »

Il y a des bouquins qui vous vont droit au cœur dès les premières pages et dont vous savez quasi immédiatement que vous ne vous en séparerez jamais, pépites secrètes de votre bibliothèque. Larmes blanches est de ces livres.

Le début du roman m’a fait penser à un film (Blow Out de Brian de Palma avec John Travolta) et un autre roman (Haute Fidélité de Nick Horny) : Seth enregistre des sons dans les rues, au hasard de ses promenades et en réécoutant attentivement ses bandes, il va s’engager en terrain miné… Carter, lui, est un fou de blues, monomaniaque toujours en quête de disques rares (78 tours), hyper calé sur les références et les musiciens les plus obscurs. Rien que ce début m’a mis en transes pour des raisons personnelles (je suis moi aussi amoureux de blues et j’ai moi aussi connu à une époque ce genre de recherches mais à un niveau moindre néanmoins).

La suite du roman se complique nettement et risque de faire fuir certains lecteurs potentiels car s’il ne s’agit pas d’un roman classé « fantastique/surnaturel », il s’appuie pourtant sur un cas de possession, dans le sens psychiatrique du terme, avec une finalité de vengeance posthume. Bien entendu je ne m’étendrai pas sur ce point essentiel, au cœur de la forme narrative adoptée par l’auteur. Sachez quand même qu’elle offre surprises, mystères, incompréhensions intrigantes et toute la gamme de prise de tête pour le lecteur qui ne sait plus très bien où il est (à New York ou dans le Mississipi), ni à quelle époque (aujourd’hui ou dans les années 20)… Etourdissant quand on aime ce genre, saoulant quand on n’adhère pas. Pour ce qui est du fond du roman, Hari Kunzru traite de la culture Noire pillée par les Blancs et donc du racisme.

Si j’ai adoré ce roman, je comprendrais très bien qu’il ne fasse pas l’unanimité.

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Larmes blanches

Larmes blanches de Hari Kunzru m'a été envoyé par J.-C. Lattès et net galley.

Comme souvent, je l'ai demandé sans regarder le résumé, juste car je trouvais la couverture surprenante.

Le contenu est tout aussi surprenant que la couverture :)

C'est un roman dont je vais avoir du mal à vous parler !

Deux amis que tout opposent, mais dont l'amitié est pourtant forte. La musique est très présente tout au long du roman. C'est un roman noir, une histoire d'amitié, mais pas seulement, on a du fantastique dans cet ouvrage.

Bref, un Objet Littéraire Non Identifié comme on on lit parfois.

Je vais vous laisser la surprise de la lecture, en espérant qu'il ne vous perde pas trop car je dois avouer que parfois je me suis un peu perdue. Un OLNI c'est bien, mais il peut arriver que l'on se perde dans les méandres de l'histoire non conventionnelle.

J'ai aimé ce livre, sans avoir de coup de cœur, mais je le recommande et je lui mets quatre étoiles :)
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Jhon Marsden

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Thème : Lettres de l'intérieur de John MarsdenCréer un quiz sur cet auteur

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