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Critiques de Henri Bergson (62)
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Le pragmatisme

Etanchons donc notre soif de savoir avec la collection Kurosavoir et son importante sélection de titres de vulgarisation. Aujourd'hui, nous parlons du pragmatisme à travers une fiction western qui dégaine en flligrane la philosopophie de William James, l'un des pères fondateurs de ce qu'on appelle le pragmatisme...



Comme souvent, c'est à travers le prisme de la fiction et non à travers de simples explications qu'un mouvement philosophique est expliqué et démontré dans la collection Kurosavoir.



Ainsi, avec Kant, nous avons eu droit à une intrigue de science-fiction robotique tandis qu'ici, nous sommes plongés dans l'emblématique Ouest Américain du XIX ème siècle, période dont est issu le fondamenteur du pragmatisme William James. Un monde sans pitié , à même de retranscrire l'esprit pragmatique, c'est en tout cas ce que démontre ce manga qui se démarque un petit peu de la collection par son contenu plus brut tout en restant dans les clous de la vulgarisation accessible au grand public.



Nous avons droit à une fiction interessante, un petit western qui reprend des trames scénaristiques emblématiques comme l'inconnu au trouble passé qui vient sauver la veuve et l'orphelin ou encore le sinistre hors-la-loi au service d'une autorité avide et peu scrupuleux. Jack , le héros de ce western, est un vagabond porteur de la doctrine du pragmatisme qui va venir aider sur sa route un jeune garçon et sa mère à lutter contre une bande de hors-la-loi. Une leçon de mentor qui permettra au jeune garçon de s'émanciper de sa pauvre condition... D'autres personnages gravitent autour de cette leçon comme un jeune pasteur qui, sous l'influence de Jack, s'émancipera un peu d'une posture de croyant un peu figé et passif , trop emprisonné dans l'inaction et l'intellect.



Sans rentrer dans les détails du pragmatisme, ce titre propose une fiction très terrre-à-terre afin de l'illustrer , le pragmatisme étant plus une conduite à suivre qu'un dogme intellectuel, le choix d'un cadre aussi rigoureux et menaçant que le Far- West est adéquate et pousse justement les héros de cette histoire à s'adapter face à la menace. Le vagabond, Jack , est un homme flegmatique qui privilégie l'action à la réflexion en se laissant guider par des valeurs telles que la justice.



Par sa cohérence et la solidité de son intrigue, ce titre de la collection Kurosavoir s'avère très plaisant à lire, loin de toute lourdeur explicative ou démonstrative. La philosophie est un peu expliquée dans quelques planches entre les chapitres, elle n'alourdit pas le récit et permet de délivrer un one-shot sympathique à travers un western sans surprises mais cohérent et divertissant.



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Le rire

Tout ce qu'écrit Henri Bergson sur "Le rire" semble évident aujourd'hui mais ça ne devait pas l'être au tout début du 20ème siècle puisque cet essai a été publié en 1900. En effet, aujourd’hui on reconnaît facilement le comique de mots par exemple, avec des experts en jeux… (je pense notamment à Raymond Devos mais il y en a bien d'autres).



Le philosophe sous-titre cet ouvrage en précisant qu'il s'agit d'un essai sur la signification du comique. D'ailleurs, c'est marrant d'écrire sur ce sujet.

Uniquement humain, le rire a une fonction sociale qu'il s'amuse à décrire quand il est provoqué par le comique.

Moi qui aime rire et qui le fait facilement j'ai toujours eu horreur des moqueries du type vidéo gag où les rires forcés sont là pour se moquer voire humilier.

A ce sujet, il montre que ce rire provoqué à partir d'une maladresse involontaire peut être un rappel à l'ordre social.

Il constate aussi que c'est surtout le côté mécanique, répétition de la vie réelle, qui incite au rire. Son développement permet de décrire le comique de mots, de situations, de caractères avec un grand nombre d'exemples comme l'analyse du procédé des vaudevilles et plus généralement des comédies de Molière particulièrement bien choisies.



Même si cet essai est très sérieux et étayé dans ses démonstrations, Henri Bergson m'a surtout donné envie d'aller au théâtre pour rire "d'un jeu qui imite la vie".





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Le pragmatisme

Un ouvrage assez intéressant lu dans le cadre de Masse critique.

Tout d'abord le pragmatisme n'est pas un courant philosophie homogène et William James fait figure de personnalité originale dans ce courant assez éloigné de Peirce, Dewey ou Mead.



On suit au cours du récit quelques citations de James et une mise en abîme de la pensée du philosophe. Une bonne vulgarisation pour des ados ou des lycéens, c'est un peu juste je pense pour aborder vraiment la philosophie de James.



C'est un bon moment, bien écrit, accessible, correct dans la vulgarisation et bien dessiné.



Une jolie réussite.



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Le pragmatisme

La collection de mangas Kuro savoir : la connaissance en manga aborde cette fois le mouvement philosophique américain le pragmatisme. Mouvement née en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle. Les 3 pères du pragmatisme sont Charles S Peirce, William James et John Dewey ; ce Manga s'intéresse à William James. L'époque de la naissance du pragmatisme est le Far West. Ce manga n'hésite pas à utiliser les codes cinéma du genre : la veuve et l'orphelin, le cow-boy solitaire, l'as de la gâchette...Un très bon moment de lecture ! Le livre est divisé en 4 parties chacune introduite par des citations de W James. Je ne suis pas sûr de les avoir comprises ! Je me lance : la première estime que la vérité serait une chose déterminée par notre intérêt à y croire ; la 2ème est une forme de dette que l'homme a envers la vie ; la 3ème est que nous sommes maître de notre destin et enfin la 4ème le monde est t-elle qu'il et c'est à nous de le modeler. En conclusion je vais citer le dictionnaire de philosophie (encyclopédie Universalis) à l'entrée Pragmatisme : "Tout essai de comprendre le pragmatisme à partir de écrits de James est voué à l’échec". Je ne peux donc que vous conseiller de vous laisser guider par Jack, le cowboy solitaire de ce manga, pour y voir plus clair.
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Le pragmatisme

Savoir et connaissances à la portée du plus grand nombre, tel est le défi que semble s être lancé les éditions Kurokawa. Je dis bravo et merci ! Que ce soit philosophie, personnages de l histoire ou grandes œuvres, l'adaptation en manga permet un accès plus simple et plus ludique.

Merci à cette masse critique et à Babelio de m avoir permis d appréhender plus facilement la question du Pragmatisme !

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L'énergie spirituelle

Un recueil de conférences données dans les 1900-1910 à propos de la nature de cette «énergie spirituelle» capable de création, et qui est si importante pour Bergson qu’elle est la raison d’être même de l’évolution. La première conférence, «La conscience et la vie», est un texte d’anthologie, dont de nombreux passages se retrouvent dans les manuels de philosophie, et qui parvient, de manière claire et concise, à résumer la quasi-totalité de la doctrine de Bergson.



La seconde, «L’ame et le corps», nous synthétise tout aussi clairement les reproches adressés par l’auteur au matérialisme, dans sa forme plus spécifique d’un strict parallélisme cerveau/esprit. Cette conférence est à compléter par la dernière, et moins longue, de l’ouvrage, qui produit un argument original, mais à vrai dire assez alambiqué, montrant que ce parallélisme repose sur le passage subreptice d’un type de description à un autre, pourtant incompatible avec le premier.



Les conférences restantes sont consacrées à l’analyse de phénomènes plus pointus : les «recherches psychiques» (sur la télépathie), le rêve, la fausse reconnaissance, l’effort intellectuel. Les deux premières apportent des précisions tout à fait intéressantes sur la conception qu’a Bergson du «moi». A propos de la «fausse reconnaissance», Bergson prend position dans un débat à vrai dire à assez technique avec les psychologues de son temps, mais d’une manière qui apporte des lumières sur sa théorie de la perception et de la mémoire. La conférence sur l’effort intellectuel est sans doute à réserver à des spécialistes, bien qu’elles contiennent des informations tout à fait intéressantes sur la manière dont une unité psychique peut se décomposer en une pluralité, ce qui est, comme Bergson le souligne lui-même brièvement au terme de la conférence, une tendance fondamentale de l’évolution.
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Essai sur les données immédiates de la conscience

Un globiboulga pseudo-philosophique qui ne présente absolument aucun argument en faveur des thèses avancées. Il s'agit bien plutôt d'un exercice de style qu'une enquête philosophique sérieuse, qui s'appuie d'avantage sur la persuasion, la beauté esthétique du texte et les sentiments que sur la raison.

Comme le disait Bertrand Russel : « On ne peut pas contre-argumenter Bergson puisqu'il ne présente aucun argument »
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L'âme et le corps

Petit livre qui permet de garder en mémoire une de ses conférences sur « L’âme et le corps ». Encore néophyte dans la lecture de ses textes, il m’a fallu du temps pour arriver à bout de ces 90 pages et m’imprégner de toutes les nuances de sa pensée. Il est néanmoins enrichissant de suivre sa démonstration de l’existence de l’âme. Pour ce faire, il différencie les différentes activités du cerveau et définit respectivement les capacités du corps et de l’esprit par des exemples précis. Croyants ou non, on ressort de cette lecture avec des éléments nous poussant à croire que l’âme est immortelle.

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L'énergie spirituelle

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la pensée dominante est celle du positivisme d'Auguste Comte, selon lequel toute chose peut être expliquée par la science et qui énonce d'autre part que nous entrons dans une étape du progrès de l'esprit humain : l'étape scientifique, qui vient remplacer les étapes métaphysique et théologique. Cependant tout n'est pas aussi tranché, car même la science s'appuie sur des hypothèses, avec par conséquent un aspect provisoire et incertain.



Bergson (1859-1941) va tenter de combattre le positivisme qu'il juge réducteur. Il va s'appuyer pour cela sur l'analyse et sur l'intuition. Il manie la langue avec précision et s'efforce d'exprimer en langage clair les pensées les plus complexes et les plus subtiles.



Parmi ses thèmes de prédilection, on trouve les concepts de conscience, de durée, de liberté, de mémoire. Bergson examine les relations entre le corps et l'esprit, entre le cerveau et la pensée. La question est de savoir si le corps et l'esprit sont inséparablement liés l'un à l'autre ou pas. Bergson admet qu'il ne peut trancher cette question, mais refuse que la philosophie n'ait rien à répondre sur cette question. le philosophe explore le domaine du rêve et s'intéresse à tous les phénomènes produit par l'esprit notamment celui du souvenir du présent par lequel nous avons parfois le sentiment de revivre un moment de notre vie à l'identique comme si le présent se confondait avec le passé dans le même interval de temps.



Toutes ses questions sont évoquées dans ce livre « L'énergie spirituelle » qui rassemble sept conférences données par Bergson entre 1901 et 1913. L'auteur analyse la conscience, la vie psychique du rêve, la télépathie, la survie de l'âme après la mort, la sensation étrange d'avoir été dans un lieu alors que nous y venons pour la première fois, l'intelligence, les limitations de notre cerveau.



Bergson a influencé le développement de la science naissante qu'est alors la psychologie. Il rejoint le courant philosophique du vitalisme qui considère l'existence d'une force vitale, une sorte « d'intelligence biologique » que possède le corps et qui ne serait pas liée aux lois physico-chimiques.



Cet ouvrage, rédigé au tout début du XXe siècle est une tentative d'examiner le phénomène humain non pas essentiellement selon des critères scientifiques, mais en s'appuyant sur le raisonnement et l'intuition.



Le niveau d'abstraction est plus ou moins important selon les thèmes abordés et j'ai éprouvé quelques difficultés à tout comprendre, mais le style de Bergson est très agréable, c'est celui d'un grand écrivain qui s'exprime dans une langue très pure avec le souci constant d'être compris. Ce livre est une bonne introduction à la pensée du philosophe. Et ce n'est pas parce que l'on ne comprend pas tout que l'on ne doit pas essayer de comprendre un peu.



— « L'énergie spirituelle », Henri Berson, Petite bibliothèque Payot (2020), 241 pages.
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Les deux sources de la morale et de la reli..

Je reste honnête : je n'ai lu que les cent premières pages...La théorie de Bergson me fait penser à Hegel qui force le réel à s'adapter à la raison. Trop de concepts qui sont discutables, et ..non, je n'ai pas accroché du tout.... Je préfère les cartésiens..;-)
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Le rire

Ce n'est pas parce que cet essai traite du comique qu'il ne faut pas le prendre au sérieux ! Pour Bergson le comique s'introduit quand quelque chose de mécanique s'introduit dans la vie : tels sont le comique de répétition, le comique d'inversion, le comique d'interférence, les jeux de mots, etc. C'est dire que ce travail ne se détache pas de sa philosophie générale et qu'il est à prendre au sérieux : les présupposés vitalistes, ceux de L'Evolution créatrice, sont là. Mais une question se pose, peut-être en reproche : si le rire intervient à ces moments mécaniques en quoi est-il profondément vivant si il l'est seulement ? Par une reprise vivante du mécanique, ce qui détruirait le mécanisme ... ? Le comique n'est-il pas plus créatif ? Ne devient il pas dès lors automatique ? Les arguments sont bons et la discussion est ouverte.

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Oeuvres complètes

Encore un gros pavé, acheté en prévision d'une lecture au long cours, que je termine ces temps-ci. De Bergson j'avais lu le Rire, un sujet qui m'intéressais (j'avais aussi parcouru l'Ironie de Jankélévitch), mais c'est loin d'être l’œuvre phare du philosophe français.

Mais pourquoi Bergson, d'ailleurs?

Alors que j'étais en terminale, mon professeur de philo ne jurait que par lui, et vaguement par Nietzsche. J'ai bien plus accroché à l'allemand, ce qui a repoussé ma lecture du premier. Mais m'y voilà, une première lecture intégrale, avant sûrement de relire quelques livres essentiels pour mieux comprendre. Car comprendre l'intuition bergsonienne, son concept de Durée, cela ne se fait pas d'un coup, tout seul, sans effort...

Ce volume contient donc toutes les publications de l'auteur, sauf Durée et simultanéité, un essai sur la relativité einsteinienne.

On plonge donc véritablement dans le cheminement de sa pensée.

C'est une philosophie très construite, parfaitement rédigée, écrite avec art, qui suit une structure parfaite, logique, belle de classicisme ; et paradoxalement elle entend imposer l'idée de l'intuition du réel plus que de son intellection. C'est là toute sa beauté d'ailleurs. Il faut alors lire, relire et réfléchir pour comprendre.

Car si le langage est clair, simple, la pensée ne l'est pas du tout, loin de là. Elle ne s'offre pas, et le découpage (ou plutôt son absence) n'aide pas à faire des pauses, des coupures dans la lecture. C’est dense, très dense !

Mais quel génie, indubitablement, et si certaines considérations basées sur la science de son époque sont aujourd'hui datées et dépassées, largement, le fond de la pensée et la méthodologie sont toujours là !

Force est de constater qu'il n'a pas trouvé de continuateur, et que sans doute le tournant qu'a pris la philosophie après la guerre (seconde) lui aurait sans doute déplu...

Il faut donc d'autant plus lire, relire et méditer cette pensée tournée vers la vie, le présent, résolument optimiste et tellement riche et exigeante.
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Essai sur les données immédiates de la conscience

Je ne comprends pas ceux qui prétendent que Bergson "n'argumente pas mal puisqu'il n'argumente pas". Si il a style assez esthétique ce n'est pour autant que ce texte ne présente pas d'arguments, plutôt pertinents. Il ne faut pas confondre le rapport philosophique de Bergson à l'intuition et le rejet du raisonnement, on peut raisonner sur l'intuition y compris si elle a le primat.



En ce qui concerne cet essai Bergson présente un système intéressant : il distingue la durée pure, sans espace et sans mathématisation possible (sans intervalles vides entre les différents points temporels : enchevêtrement), de ce que l'on va extérioriser "hors du vécu", objectiver, avec la mathématisation du temps - il fait correspondre cela à l'espace. Il ne rejette pas l'objectivité de la physique, au contraire. Il affirme la liberté humaine, malheureusement (selon moi) indéfinissable pour lui, dans la durée pure. Et dès que l'on sort de cette durée, par sociabilité, par science mathématisable, dès que l'on tente de voir la durée comme grandeur ("temps objectif") on l'assimile à l'espace, à l'étendue. Et à Kant, selon Bergson, que de se tromper sur le temps et l'espace, malgré de bonnes intuitions.



L'Essai sur les données immédiates de la conscience peut sur certains points nous rapprocher du contemporain de son auteur : Husserl. Mais aucune "réduction phénoménologique" chez Bergson : on reste dans la psychologie (le psychologisme, dirait Husserl) et la stricte métaphysique.



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L'évolution créatrice

La critique suivante est un extrait de mon livre "Croire ou savoir ?".



Les concepts flous



Dans son ouvrage « L’évolution créatrice », Bergson a recours à un mystérieux et vague « élan vital » pour rendre compte de l’évolution de la vie sur la Terre. Cette approche est, à mon sens, tout à fait similaire au recours à la « volonté de Dieu » pour rendre compte, par exemple, du mouvement des planètes. Il s’agit d’une pseudo-hypothèse qui n’apporte rien, n’explique rien, mais surtout est porteuses d’effets pervers dangereux : elle risque d’inhiber la démarche humble, patiente et méthodique d’observation, de réflexion et d’expérimentation, seule démarche susceptible de conduire pas à pas à une description et à une compréhension de plus en plus fines de la réalité. C’est malheureusement ce qui s’est produit pendant des siècles, avec toutes les conséquences néfastes qu’on connaît, par exemple sur la progression de la médecine. L’« élan vital » de Bergson peut paraître bien innocent, mais je pense vraiment qu’il contient ce germe de perversion, comme bien d’autres approches de ce type, passées ou actuelles. En cela, il est bien révélateur d’un écueil insidieux à éviter.

Chaque fois qu’on a essayé d’expliquer un phénomène de l’Univers physique (que ce soit la foudre, l’électricité, la vie, etc.) par des principes vagues, par des intentions, des dieux ou encore un Dieu, on a, au mieux, piétiné et parfois régressé. Non seulement ces tentatives ne sont pas des explications, mais c’est justement quand on s’en affranchit qu’on commence à progresser dans la compréhension. Ces tentations du passé ne sont pas encore mortes : on trouve encore de nombreux croyants qui essayent d’enfermer Dieu dans le Big Bang (comme une sorte de dernier refuge !). Pourtant, comme toujours, c’est quand on refuse ce genre de facilité qu’on commence à voir s’ouvrir des horizons nouveaux, toujours plus vastes et plus extraordinaires. Dans le cas du Big Bang, l’ouverture laisse entrevoir rien moins que des Univers multiples !



L’humilité de la recherche



Bien sûr, ceux qui ont eu le courage d’entrer dans cette voie de recherche et d’y persévérer ont bien compris qu’on n’a jamais fini de comprendre. Mais l’humilité et l’ascèse qu’elle exige sont payantes : les merveilles découvertes compensent largement les efforts effectués pour y parvenir.

Heureusement que les chimistes ne se sont pas laissé décourager par les préjugés de Bergson qui le conduisent à proposer que la chimie n’est pas applicable à la matière vivante. Ils n’auraient pas découvert tout l’univers de la chimie organique avec, au passage, une foule d’applications médicales pour soulager une multitude de douleurs physiques (et même psychique si l’on pense à toute la pharmacopée de la psychiatrie). Heureusement, de même, que les biochimistes ne se sont pas laissé impressionner par ces autres préjugés qui conduisent le même Bergson à penser que la chimie n’est pas pertinente pour rendre compte du fonctionnement des êtres vivants et de leur évolution. Ils n’auraient peut-être pas découvert l’ADN ni la multitude de ses applications et le généticien Craig Venter n’aurait peut-être pas osé entreprendre les travaux qui lui ont permis de réaliser cette formidable prouesse technologique que constitue le premier être vivant contrôlé par un génome entièrement synthétisé en laboratoire, le premier être vivant sans parents !



Le souci de la vérification



Dans « L’évolution créatrice », je ne rencontre que des suggestions (de formulation souvent imprécise) que des scientifiques appelleraient « hypothèses de travail ». C’est bien normal, quand on essaye de comprendre, de formuler des hypothèses de travail et c’est ce que font en permanence tous les scientifiques (jour et nuit, pourrais-je même ajouter par expérience personnelle…). Seulement voilà : une hypothèse de travail n’a pas d’autre but que de conduire à une prédiction réfutable. On réalise alors l’observation ou l’expérimentation destinée à confirmer ou à infirmer la prédiction et ce n’est qu’en cas de confirmation que l’hypothèse de travail est retenue. Dans le cas contraire (de très loin le plus fréquent), elle va rejoindre le cimetière bien rempli des « bonnes idées » fausses. C’est ainsi que fonctionne la science et c’est ce mécanisme qui est responsable de sa redoutable efficacité. Par contre, dans son « Évolution créatrice », Bergson n’élimine aucune de ses hypothèses de travail (puisqu’il ne les trie pas par l’expérience), de sorte qu’il se retrouve au milieu d’un fatras de préjugés.

Il apparaît, à la lecture, que Bergson est bien au courant des découvertes de son époque, particulièrement en biologie. Malheureusement, il procède un peu à la manière des créationnistes actuels : il passe sous silence toutes les prédictions bien réalisées des théories retenues par la science de son époque et il met l’accent sur quelques difficultés qu’elles n’expliquent pas encore pour justifier l’existence d’un « élan vital » qui pourtant n’explique rien de plus. Pour un lecteur du XXIème siècle, c’est assez amusant : je suis loin d’être un expert en biologie, mais pourtant j’ai plusieurs fois souri à la lecture, dans « L’évolution créatrice », d’un de ces mystères de l’époque de Bergson aujourd’hui bien résolu (et grâce à des explications autrement plus précises et convaincantes qu’un recours à un mystérieux « élan vital »).



L’émerveillement fondé sur le réel



À mon avis, le recours à des concepts flous (comme celui de l’« élan vital » ou même celui de Dieu) ne présente pas seulement un risque d’entrave méthodologique à la démarche scientifique progressive de compréhension. Il est également susceptible, et c’est encore plus grave, d’obscurcir l’enthousiasme quasi-mystique que procure l’approche intime du réel. Je suis personnellement beaucoup plus émerveillé par la contemplation de l’Univers et de la vie qu’il porte que par toutes les théories plus ou moins fumeuses inventées par les hommes, surtout quand ces théories ne sont pas confrontées à l’expérience. Je ne suis pas dupe : la nature est dure, cruelle. Mais, nom de Dieu (!!), qu’elle est belle ! Je n’ai jamais été déçu dans ma quête constante de la vérité. Oh, il ne s’agit certes que de la vérité avec un v minuscule (Ponce Pilate demandait, paraît-il, « Qu’est-ce que la Vérité ? » et là, il devait y avoir un V majuscule…). Qui plus est, on ne peut jamais l’atteindre cette vérité (et c’est même prouvé mathématiquement par la raison elle-même qui a réussi à découvrir ses limites !). Pourtant, c’est sur ce chemin rugueux et difficile que s’est toujours révélé progressivement à mon intelligence et à mon cœur une sorte de présence sereine, lumineuse. L’effort permanent de recherche m’en a rapproché de plus en plus et il continue de m’en rapprocher. C’est là, et là seulement, tout au fond de ma conscience, que je me permets d’envisager l’existence de Dieu. Mais ce n’est qu’une hypothèse de travail !

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Le rire

Je connaissais l'existence de cet ouvrage depuis l'âge de seize ans et je ne l'ai lu qu'à trente-six ans. J'ai eu trop de temps pour en fantasmer le contenu. Il allait m'apporter toutes les réponses à ce mystère. J'ai évidemment été déçue. Dimanche, j'ai recroisé une vague connaissance. C'était un moment très embarrassant auquel j'ai vite coupé court. Elle s'est forcée à rire à mes vannes tant elle ne savait pas si j'étais sérieuse. En partant j'ai répensé à quelqu'un d'autre. Il avait beau ne pas m'apprécier, il ne parvenait pas à s'empêcher de rire à ce type de vanne. Il avait exactement la même expression de surprise que la fille d'une copine. Quand elle avait six ans, je lui racontais la Reine des Neiges de d'Andersen alors elle me racontait celle de Disney qui partait s'isoler parce qu'elle glaçait tout le monde. le plus sérieusement du monde, je lui ai dit "C'est l'histoire de ma vie!" Après la surprise, elle a éclaté de rire. Bergson, n'explique pas ça. C'est sans doute mieux comme ça. Ca reste magique. Je comprends bien son propos, sur la mise à distance, et la petite "gifle" sociale. Je comprends bien le fait que d'autres le décrivent comme un mécanisme de défense. Pourtant je crois que c'est ce que j'ai préféré dans la vie, c'est rire et faire rire. La vie ne vaut d'être vécue sans humour.
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L'évolution créatrice

Sans doute certains sont injustes en réduisant Bergson à un poète même si sa lecture peut sembler faire dire aux concepts scientifiques ce qu'ils ne disent pas. Sans doute certains vont trop loin en affirmant que "Bergson n'argumente pas puisqu'il n'argumente pas". Il faut vraiment comprendre la pensée de Bergson dont la difficulté principale réside dans le fait suivant : faire de conceptions scientifiques ou étudiables scientifiquement des conceptions à portée métaphysique. Il s'agit là du néovitalisme (et pas du vitalisme qui part d'une institution scientifique, l'Ecole de Montpellier). Alors on dira que Bergson est inspirant mais qu'il ne doit pas, lui non-plus, être lu de façon à lui faire dire ce qu'il ne dit pas : on peut évidemment discuter de l'aspect véritablement mécanique de la théorie de l'évolution mais la totalisation qu'il opère dans celle-ci n'est pas qu'une totalisation épistémique (quoiqu'on dise). Et ce qu'il dit est très loin d'être naïf ou idiot, épistémologiquement ou métaphysiquement.
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Durée et simultanéité

Dans "Durée et simultanéité: à propos de la théorie d'Einstein" Henri Bergson propose que c'est notre capacité de percevoir le temps comme une durée qui est la qualité de base de notre condition humaine. Cette œuvre a beaucoup influencer Marcel Proust qui était le garçon d'honneur au mariage de Bergson. d'ou vient vraisemblablement son importance principale.

Lisez "À la recherche temps perdu" intégralement trois fois avant d'entreprendre la lecture de cette curiosité
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Le rire

C'est un livre difficile d'approche, sauf pour les bons en philo, ce qui n'est malheureusement pas mon cas. Et pourtant le sujet est passionnant : la signification du comique - Pourquoi rit-on devant telle ou telle situation ?



L'auteur aborde la question en tant que philosophe, je n'ai pas donc pas tout compris dans son raisonnement mais j'ai lu avec plaisir tous les exemples tirés de pièces ou de citations dont il émaille son ouvrage. Mon ignorance est telle, que j'aurais presque pris ce livre au deuxième degré et ri du livre lui-même. La base du sens comique dit-il (pour résumer la première partie) est l'introduction du "mécanique" dans la légèreté, la souplesse, la fluidité, de la "vie réelle".



Sa façon de nous faire entrer dans son raisonnement est un peu directif : à la question "pourquoi rit-on ?", il va donner une réponse, qu'il présente non comme une hypothèse mais comme une vérité, puis, de cette première vérité, il va en déduire une autre, et ainsi de suite. Petit à petit, il nous fait entrer (en nous forçant un peu la main je trouve) dans son raisonnement. Pour résumer sa réponse, il va ensuite énoncer des "lois", des "lois" qui régissent à ses yeux le comique et son pourquoi.



Par exemple, une de ces lois, qui m'a laissée assez dubitative, explique pourquoi nous rions lors de répétition de mots au théâtre : "Dans une répétition comique de mots il y a généralement deux termes en présence, un sentiment comprimé qui se détend comme un ressort, et une idée qui s’amuse à comprimer de nouveau le sentiment. »



Plus loin, il va donner une définition alambiquée du quiproquo, qui serait une forme d'effet comique relevant de l'interférence des séries : "une situation est toujours comique quand elle appartient en même temps à deux séries d'évènements absolument indépendantes, et qu'elle peut s'interpréter à la fois dans deux sens tout différents".



Les derniers chapitres (sur les mots) m'ont un peu perdu, puis il termine en imaginant le trait de caractère qui aurait la meilleure disposition à générer le rire, et pour lui, ce serait la vanité.

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L'évolution créatrice

Dans cet ouvrage, Bergson veut établir une véritable philosophie de la vie et la lier à une théorie de la connaissance.

Ayant déjà défini la notion de "durée" (opposée au temps, c'est une perception par notre conscience de moments qui se prolongent les uns dans les autres de manière irréversible et imprévisible) dans ses précédents essais, il l'applique à l'univers tout entier.

Il défend l'idée d'un "élan vital" qui serait une force à l'origine des formes de plus en plus complexes qui caractérisent le développement de la vie. Ce serait donc un processus de création que seule notre intuition est capable de révéler car notre intelligence ne peut par nature qu'isoler les phénomènes les uns des autres et ne saisit pas le discontinu, les changements inscrits dans la "durée" authentique.

Il définit l'intuition comme un prolongement de l'instinct, qui serait libéré des contraintes imposées par la nécessité de conservation.

Bergson sépare donc le monde en deux types différents d'ordre:

- la matière est soumise à une organisation géométrique, elle-même propre à l'intelligence, qui serait le fruit d'une volonté.

- l'élan vital, automatique et naturel, qui correspond aux déterminations de l'instinct.

Pour Bergson, le désordre n'existe pas, c'est seulement la déception d'un esprit cherchant un ordre et se trouvant confronté à un autre.

Pour lui, l'histoire de l'évolution est une confrontation constante entre l'élan vital et la matière.

Si l'intuition est donc la seule faculté à pouvoir saisir le principe de la vie, c'est dans le but de faire progresser la conscience de l'homme.

Enfin, Bergson affirme que la notion de "néant" n'a pas de réalité, c'est une fausse idée issue de la seule intelligence.

Selon lui, le temps étant considéré comme une grandeur indépendante, qui peut se mesurer, il est opposé à la durée qui est une perception différente de ce qui fait l'être, à savoir son unité et son dynamisme.
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Le rire

Henri Bergson aborde cet essai d'une façon très doctorale. Je vous préviens : on ne rit pas beaucoup : ) Mais cet ouvrage est très riche. Cependant, je retiens des vérités :

1 ) c'est un geste social qui régule certains excès par « la moquerie » ; le « moqué » a éventuellement tendance à faire attention ensuite, pour cesser d'être ridicule ;

2 ) le rire vient de la mécanisation du corps vivant : un passant qui tombe manque de « souplesse », et est un peu transformé en objet ;

3 ) le rire vient de la répétition : « qu'allait-il faire dans cette galère ? » … ou, et je prends un exemple contemporain, le tampon de « l'administratif » Laspalès appuyé avec détermination X fois dans « C'est vous qui voyez ».

de nombreux exemples sont à l'appui, sortis principalement de Molière ou Labiche.

.

Ce livre me satisfait très moyennement…

--Car ses références sont Molière et Labiche que je n'ai pas lus, honte à moi !

--La classification, les lois et les théorèmes de Bergson sur le rire m'indisposent : c'est pour moi, comme si on mettait Devos ou Laspalès ( mes deux fétiches ) dans des cases. de plus, très analytique, il dit lui-même décortiquer « le labyrinthe du déclenchement du rire », son ouvrage me semble partir dans toutes les directions, et il me semble manquer une synthèse.

Ce livre, par sa méthode scientifique d'un concept social ou philosophique, me fait penser à « L'éthique » de Spinoza, dont la valeur me semble dépréciée par la rigueur mathématique : n'est pas mathématique qui veut, surtout dans les « sciences humaines » !

.

Enfin, Bergson parle-t-il de l'intonation, de l'accent, des jeux de mots, choses qui me font le plus rire personnellement ?

Je pense à Poelvoorde qui, dans « Rien à déclarer », dit à son collègue français Dany Boon, qui veut se faire apprécier de sa future belle famille belge : « Ne mets pas une fois ! à chaque fin de phrase ».

Je pense au sketch de Raymond Devos :

« La mer est démontée ! »

 Vous la remontez quand ? »



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