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Critiques de Henryk Sienkiewicz (113)
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Quo vadis ? (Intégrale)



N'ayant pas lu la version intégrale de ce roman, je ne peux dire où sont les différences et quelle part a été expurgée pour en faire un roman plus court, à destination de la jeunesse.

Toujours est-il que cette version-ci se focalise sur l'intrigue et développe peu le contexte historique de l'époque. On y retrouve les grandes trames, on devine la cruauté du règne de Néron et on effleure la culture libertine de l'époque. Pour les adultes que nous sommes, nous savons ce qui se cache sous les non-dits, pour les jeunes, ça peut plutôt passer au bleu.



Ce qui fait que ce roman est bien réussi puisqu'il pourrait presque se lire comme un roman d'aventure et permet de faire entrer les jeunes dans cette œuvre classique qui, sinon, pourrait leur faire peur.

Si je débusque l'intégral dans une brocante ou chez un bouquiniste, je ne manquerai pas de l'emporter pour découvrir l'œuvre originale de cette fresque romaine.
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Quo vadis ? (Intégrale)

Quo vadis. Powieść z czasów Neron

Traduction : Bronislaw Kozakiewicz & Jean-Luc de Janasz, revue par Maria Zurowska & Yves Avril

Responsables de Publication : Michel Zink & Michel Jarrety

Introduction & Notes : Yves Avril



ISBN : 9782253160779



Cet ouvrage, j'ai dû le lire pour la première fois il y a quarante-deux ans , dans la version, alors expurgée à l'intention de la jeunesse, qu'en donnait "La Revue Blanche." J'avoue avoir de beaucoup préféré cette traduction, désormais revue et ici donnée dans son texte intégral. J'ajouterai que je regrette par contre d'avoir relu ce merveilleux roman dans la sinistre époque que nous traversons. Mais peut-être ai-je tort : telle quelle, cette édition du "Livre de Poche" conforte, raffermit le désir de retrouver une religion que ne pratiquent plus depuis longtemps les successeurs de Pierre et aussi de se battre pour elle, fût-on, comme je le suis et tiens à le rester, un petit mouton noir sarcastique et mal-pensant par essence. ;o)



"Quo Vadis ?" est un livre catho," me disait récemment, avec un incommensurable mépris, quelqu'un qui ne l'avait jamais lu. Dans la mesure où ce roman traite effectivement des tout débuts du christianisme et des persécutions entreprises par Rome contre cette nouvelle religion qui ne voulait pas s'incliner devant les autres dieux (rappelons que, sur ce plan, les Romains étaient plutôt tolérants, au point d'emprunter des idoles aux peuples conquis et de les placer dans leurs propres temples après les avoir "romanisées"), cette définition est exacte, en tous cas sur le fond. Mais cela s'arrête là. Si propagande chrétienne il y eut de la part de l'auteur (après tout, Sienkiewicz était polonais, c'est-à-dire fils de cette nation qui, après tant de partages entre tant de grands pays - rappelez-vous la honteuse trahison des Européens envers elle dans les années trente - vient de rappeler M. Macron à la raison sur la question de la nécessité des frontières et du souverainisme), elle a au moins le mérite, dans cette version fluide et rajeunie par les soins de Maria Zurowska et Yves Avril, de ne sombrer ni dans l'excès, ni dans le gnan-gantisme, deux phénomènes que j'abhorre quand il est question de littérature et de discours. ;o(



Ergo, si vous prenez la peine de lire ou de relire "Quo Vadis ?" en faisant un effort pour garder la tête libre des critiques négatives d'autrui ainsi que de vos a-priori personnels, vous constaterez qu'il s'agit là tout d'abord d'un extraordinaire roman historique. Si Sienkiewicz donne la victoire finale au Christianisme (victoire inscrite d'ailleurs dans l'Histoire), il n'en admire pas moins la grandeur et les fastes de la civilisation romaine et expose, sans aucune haine, avec logique, un fait qu'on reproche souvent aux "païens" : la morale qu'ils suivaient (ou tentaient de suivre) ne croyait plus depuis belle lurette à la puissance de leurs propres dieux, s'était rejetée vers les grands philosophes grecs et, impressionnée par la civilisation héllène, effectivement l'une des plus prestigieuse de notre héritage , manifestait un faible marqué pour la beauté et la force. Pareilles tendances ne pouvaient amener les hommes de cette époque qu'à laisser éclater l'amour du sang qui sommeille en nous et faisaient la part belle aux psychopathes et aux sadiques.



Notons d'ailleurs au passage que, par la suite, si le Christianisme a évolué, et pas toujours en bien, ni les psychopathes, ni les sadiques n'ont disparu de l'univers. Cela, bien sûr, Sienkiewicz, qui obtint le Prix Nobel en 1905, ne se permet pas de l'écrire. Mais reconnaissons-lui quant à nous l'excuse que, né en 1846, il allait mourir en pleine Grande guerre et rater un nombre de choses très intéressantes sur le Mal se déchaînant au XXème siècle - et en ce début du XXIème.



L'étincelante distribution de "Quo Vadis ?" recèle d'ailleurs un certain nombre de grands rôles qui démontrent l'ambiguïté de la pensée de l'auteur. Disons les choses telles qu'elles sont, on ne se désintéresse pas vraiment de Vinicius et de ses amours contrariées pour Lygie la Chrétienne tant que le tribun romain conserve quelque chose de sauvage et de martial. Cette force de caractère, on l'admire encore quand on la voit se heurter tout d'abord à sa Foi montante et même quand, l'ayant enfin acceptée, il demeure convaincu que le Christ sauvera des arènes et Lygie et Ursus. Entre ce "mouton noir" (ma foi, oui, j'y tiens car c'est un révolté !) et le Dieu qui s'intéresse à sa révolte, il existe une puissance dont le fond est similaire. Pour s'imposer, c'est d'hommes et de femmes comme Vinicius dont la nouvelle religion a besoin. Leur caractère guerrier (même si le Christ a prêché la douceur), leur esprit stratégique, leur bravoure aussi, leur fierté qui, dès lors que le combat est achevé, admet de s'humilier devant la Divinité, les rend précieux car, en parallèle, tout cela s'accompagne d'un sens inné des responsabilités. Humains imparfaits, certes, ils le sont, mais ils savent le reconnaître et ne demandent pas mieux de s'améliorer. Néanmoins, des personnages comme Vinicius font penser à cet Hindou né guerrier, c'est-à-dire appartenant à la caste des Kshatriya ; un jour, non par lâcheté mais par inquiétude sur son devenir spirituel, il va consulter un brahmane car il se demande s'il accomplit vraiment son devoir en tuant l'ennemi ; et le brahmane de lui répondre avec sagesse : "Si tu le fais sans haine personnelle, uniquement parce que tu accomplis ton devoir de Kshatriya, tu n'as rien à redouter des dieux. Fais ton devoir et agis selon ta conscience : être un guerrier n'empêche pas d'éprouver de la pitié."



Toutefois, quand Vinicius, Lygie et Ursus sont saufs et prêts à répandre la Bonne parole en Sicile, il est vrai que le lecteur se sent un peu las.



Non, les véritables "héros", si l'on peut dire, ce sont tout d'abord Pétrone et Néron (oui, Néron, qui est loin, tant dans la réalité que dans les romans, d'être un personnage simple) et, immédiatement après eux, Crispus, Chrétien et martyr certes mais qui symbolise ce que le Christianisme, en se mêlant du temporel, deviendra pour certains (et l'est encore de nos jours, y compris et avant tout, d'ailleurs, dans la Ville Eternelle) et Chélon, le Grec traître et délateur qui finira éclairé par la Grâce. Tous tant qu'ils sont, ces personnages vont subir eux aussi une mutation, liée plus ou moins directement à la montée en puissance de la religion nouvelle.



Au début, Petrone, "Elegantiarum Arbiter" ("L'Arbitre des Elégances") et auteur du "Satyricon" qu'il vient tout juste de publier plus ou moins anonymement dans les premières pages, apparaît comme un partisan absolu du fameux "Carpe Diem." D'une intelligence aiguë, extrêmement cultivé, le ton volontiers incisif et le sens de l'ironie (une ironie qui ne rate jamais sa cible) toujours en éveil, il privilégie le culte de la Beauté dans tout ce qu'il fait, dit et achète. On notera cependant que, toutes les fois qu'il a occupé une charge importante, cet homme qui se définit comme un paresseux-né s'est montré excellent gestionnaire et guerrier. Raffiné oui mais en rien efféminé, il aime par-dessus tout les joutes verbales. Oncle de Vinicius, il porte au jeune homme une affection sincère mais dans laquelle certains dénoteront à coup sûr une pointe d'homosexualité. Aussi convient-il de rappeler que Pétrone aimait tendrement sa sœur, mère justement de Vinicius.



Il est amusant de voir combien le Christ l'agace alors que, finalement, entre "Carpe Diem" et "A chaque jour suffit sa peine", il n'y a pas grande différence. La morale de Pétrone étant de vivre et de laisser vivre, il respecte l'évolution de son neveu (même si elle lui porte parfois sur les nerfs en lui rappelant la gravité de l'existence) et, en sa qualité de favori de Néron, il fait tout son possible pour aider le jeune homme à contrer les plans diaboliques de l'Empereur envers les Chrétiens. Sa fin, aux côtés d'Eunice, "qui l'aura vraiment aimé", comme il l'admet, est digne de l'élégance, du courage et de la fierté de ce patricien qui, jamais, ne trembla ni ne s'humilia devant César. Simplement, il sait que le temps est venu, pour lui comme pour l'époque, de "passer à autre chose" et cette "autre chose" ne l'intéresse pas. Admirablement interprété au cinéma par un James Mason quasi impérial, Pétrone, même dans la coulisse, est peut-être le seul véritable héros de "Quoi Vadis ?"



Au fils d'Agrippine la Jeune, qui se proposa, dit-on, à lui, pour conserver le pouvoir, à l'Empereur déjà étouffé de graisse et qui, après la mort de Sénèque et de Pétrone, ne se retiendra plus du tout sur la pente savonneuse du Mal, revient, semble-t-il à jamais et dans l'Histoire, le rôle d'anti-héros. Fils de Lucius Domitius Ahenobarbus et d'Agrippine, il doit à la parenté de celle-ci avec Caligula (dont elle était la sœur et fut probablement la maîtresse) ainsi qu'au remariage de sa mère avec son oncle, Claude, qu'elle fit empoisonner après avoir évincé (par un autre assassinat) l'héritier légitime, Britannicus, d'avoir pu coiffer la couronne impériale. Solidement éduqué par le grand Sénèque, Néron était loin d'être sot. On le dit fou mais Sienkiewicz ne l'affirme pas. Que Néron ait mis sa folie en scène est une autre histoire. Quoi qu'il en soit, avec l'enfance chaotique qui fut la sienne, ses ancêtres maternels, la violence innée de son père, et les menées d'Agrippine elle-même, mère abusive sur tous les plans, Néron, qu'on le veuille ou non, avait de quoi "mal tourner." Divinisé comme tous les Empereurs de son vivant même, il ne semble avoir eu que trois passions vraiment sincères : la poésie, la musique et le théâtre. Si, selon ce fin connaisseur qu'était Pétrone, nombre de ses vers étaient loin d'être mauvais, il était par contre tout aussi loin de prétendre au génie qu'il espérait. Seulement, comme il était César et Dieu sur terre, les flagorneurs ne cessaient de lui répéter qu'il était le meilleur ... Y croyait-il ? Cela est une autre histoire qu'il emporta avec lui dans la Mort. Mort qu'il n'eut pas le courage de se donner et que lui infligea Phaon, l'un de ses affranchis, qui, lui-même, se suicida sur le corps de son empereur.



Dans le roman de Sienkiewicz, il est bon de lire et de relire les échanges avec Néron et les avis qu'il donne parfois et qui sont "bruts de décoffrage", c'est-à-dire quand il ne joue pas son rôle d'Empereur - ce qui est rare. On y découvre une finesse et un mépris des "augustans" (ses courtisans) qui incitent à se pencher sur cette énigme de l'Histoire bien qu'on ne puisse s'empêcher de faire la grimace devant son sadisme indéniable. Rappelons toutefois qu'on ne prête qu'aux riches et que les histoires colportées sur la cruauté de Néron ne sont peut-être pas toutes véridiques ...



Crispus, Chrétien chez lequel se réfugie Lygie au début de l'ouvrage, est d'abord assez sympathique avant de laisser percer ces traits de fanatique qui valent bien, dans le camp adverse, ceux d'un Tigellin. Jusque dans l'arène, il invite ses coreligionnaires à redouter la justice de Dieu. On sait ce que cela donnera plus tard dans notre religion : tout d'abord justement, même si l'on n'en est pas sûr, ceux qui prêtèrent à Néron des actes qu'il n'avait peut-être pas commis, puis, bien plus tard, l'Inquisition et ses tortures, sans oublier le calvinisme froid et implacable ... En dépit de la douceur que l'auteur lui accorde dans ses dernières paroles, Crispus reste antipathique. (Enfin, c'est mon avis. ;o) )



Quant à Chélon, il aurait pu être un traître sans éclat, un délateur sans prestige. Mais ce Grec qui a passé sa vie entre pauvreté et filouteries diverses, point sot et qui connaît bien des choses, possède une âme tourmentée qu'il s'évertue d'ignorer depuis des années et des années. Par vengeance contre Vinicius, il dénonce les Chrétiens comme incendiaires de Rome mais, devant l'horreur des supplices infligés et bien que devenu "augustans", il se révolte, pointe en public Néron comme le seul responsable et confesse appartenir désormais à la foi suppliciée. Ira-t-on trop loin en croyant voir en ce Chélon Chélonidès intelligent, cultivé et doué une sorte de "double" de Néron, chargé de nous rappeler que, aux yeux du Christ, le Pardon est toujours possible ? En d'autres termes, et bien que l'auteur se garde soigneusement de poser la question qui en fâcherait plus d'un, Dieu a-t-Il pardonné à Néron ? Et, au-delà de Néron, a-t-Il pardonné à Judas sans qui le Christ n'eût pu accomplir Son destin ? ...



Oui, "Quoi Vadis ?" est un roman subtil, bien plus subtil que certains ont voulu le présenter. Et sans doute est-il bon de le lire dans cette traduction corrigée et intégrale, qui rend au texte toute sa puissance initiale A notre époque et pour les néophytes, cela permet de revenir en douceur aux valeurs du Christianisme primitif qui prêche évidemment la Bonté et l'Amour du Prochain mais qui n'empêche pas Ursus de combattre et de tuer pour défendre Lygie. Une œuvre complexe à plus d'un titre, qui se déroule dans un monde complexe, qui parut à une époque déjà très complexe et qui nous revient aujourd'hui, alors que nous avons l'impression, un peu comme sous Néron, que le monde marche sur la tête. Un livre à lire parce que, au-delà de toute religion, il jaillit, éblouissant, comme un hymne d'espoir en l'Homme. ;o)

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Quo vadis ? (Intégrale)

"Quo vadis ?" est un roman que j'avais lu étant ado et qui m'avait profondément marquée, sans doute davantage par le tableau de la décadence de Rome et du martyr des Chrétiens que par l'histoire d'amour qu'il raconte. De fait, venant de le relire, je me suis plus intéressée à cette peinture de la Rome de Néron. Au final, les personnages secondaires m'ont plus marquée que les deux héros. C'était d'ailleurs déjà le cas dans mes souvenirs de ma première lecture. Des personnages comme Pétrone, Néron ou même Chilon Chilonidès ont une épaisseur et/ou une évolution captivantes et une telle place dans le récit (surtout les deux premiers) que c'est à se demander s'ils sont vraiment des personnages "secondaires". Le portrait de Néron est sidérant. On dirait un enfant capricieux mais avec un pouvoir incommensurable. Avec lui, le mot "mégalomanie" prend tout son sens. Vinicius et Lygie, quant à eux, sont bien gentils mais un peu fades, quoique la conversion de Vinicius soit effectivement racontée avec beaucoup de sensibilité et de minutie.

Le contraste entre la vie orgiaque et démente de Néron et de son entourage et celle, toute simple, des premiers Chrétiens, est vraiment saisissant.

Il faut noter aussi la virtuosité et la minutie des descriptions. On croirait effectivement, comme l'a souligné un autre Babelionaute, que l'auteur a été témoin de tous ces évènements.

En bref, un roman épique et marquant qui n'a pas pris une ride.
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Quo vadis ? (Intégrale)

Un roman fabuleux, l'oeuvre a dépassé l'auteur. Le résumé est inutile, a chacun sa fascination devant ce travail qui donne presque envie de se convertir à cette jeune religion toute plein de bonté dans un temps si cruel. Historiquement Quo Vadis est fidèle, il colle au mieux avec les apports de Tacite et de Suétone. Je dirais même qu'il compose comme Racine l'a fait sur une sentence de Suétone pour Bérénice avec un paragraphe de Tacite sur les persécution chrétiennes du temps de Néron. Ce roman est tout ce qu'il y a de mieux pour le genre, il n'est ni révolutionnaire ni original mais il est beau et sincère.
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Quo vadis ? (Intégrale)

Très bien écrit.

Et très bonne intrigue, avec du romantisme sur fond historique dramatique.

Donc tous les éléments qui permettent de faire un très bon livre.



En fermant la dernière page, on se pose des questions, et on a envie de vérifier, non pas si Marcus et Lygie existaient, mais si Néron était tel que le présente l'auteur : cruel car influençable, (comme Charles IX).

Quel est ce sombre personnage, Tigellin, son éminence grise ?

Est il plus facile de suivre son conseiller de la mort que celui (Pétrone) de la générosité ?

La fonction des jeux du cirque, pour détourner le Peuple des bourdes du pouvoir existe toujours.

Quelle fut réellement la vie de Saint Pierre et de Saint Paul, que j'ai laissés à Jérusalem dans une autre lecture, et que je retrouve ici vieillissants ?



Le questionnement post lecture est aussi pour moi la qualité d'un bon livre :
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Quo vadis ? (Intégrale)

J’ai tout d’abord pensé qu’il s’agissait d’un roman d’amour entre le jeune et beau praticien romain Vinicius et la belle Lygie. Cet amour s’avère pur, profond et surtout plus fort que les nombreuses contraintes de l’époque. Vinicius et Lygie forment un couple mythique de la littérature qui doit surmonter les obstacles qui se mettent en travers de leur chemin, à commencer par la différence de statut entre un guerrier romain et une otage, mais aussi la différence de religion puisque Lygie fait partie des premiers chrétiens de Rome.



J’ai ensuite pensé qu’il s’agissait d’un roman justement sur ces premiers chrétiens à Rome et sur la conversion de romains au christianisme. Sous la présence, l’impulsion et les discours de Pierre et de Paul de Tarse, de plus en plus d’habitants de la cité se convertissent à cette nouvelle religion qui prône l’amour et le respect de l’autre dans un monde profondément violent et injuste. Elle apporte alors un bel espoir, notamment celui d’un monde meilleur après la mort. C’est ainsi que de plus en plus d’esclaves et de gens du peuple se font baptiser.



Puis viennent les premières persécutions des chrétiens ordonnées par Néron. Suite à l’incendie de la ville, dans un climat de suspicion, de délation et d’obscurantisme, ils sont les boucs émissaires parfaits pour assouvir la soif de vengeance de la population romaine. On assiste aux différents supplices subis par les chrétiens dans l’arène et on se rend compte que l’imagination de Néron pour infliger des tortures est sans limite.



Dans les dernières pages, je me suis dit que c’était également un roman sur le règne sanguinaire et despotique de Néron et sur l’asservissement de ses proches. A une époque où un mot de travers peut vous coûter la vie, aucune voix n’ose s’élever contre lui lorsqu’il décide de mettre à mort tous les chrétiens de Rome pourtant innocents.



En terminant ma lecture, je me suis rendue compte que ce roman c’était tout ça à la fois, la somme de plusieurs aspects très bien traités qui en fait un des grands romans de la littérature. Mais pour y arriver, il ne faut pas moins de 700 pages. Le récit est très bien documenté et fourmille de détails. Ainsi la grande qualité de ce roman devient aussi son principal défaut, j’ai ressenti à certains moments une langueur dans un récit qui détaille en profondeur les pensées des personnages principaux. Néanmoins j’ai beaucoup apprécié en apprendre plus sur cette époque grâce à cette lecture.
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Quo vadis ? (Intégrale)

J'ai ressenti un peu de nostalgie en lisant ce roman car j'ai pensé à l'époque de mes cours de latin depuis longtemps révolue.

Ce roman nous fait revivre l'époque romaine de Néron avec ses orgies, sa folie meurtrière et son envie obséssionnelle d'être considéré comme un poète inégalable.

Pendant ce temps,Vinicius, un patricien égoiste s'éprend de Lygie une chrétienne qui lui apprendra à aimer et à s'ouvrir à une autre façon de vivre et de croire.

Néron ne tardera pas à incendier Rome pour le plaisir de son art et à faire porter le chapeau aux chrétiens qu'il persécutera sans remords.

Ce roman dépeint avec beaucoup de précision cette époque sauvage et grandiose et suit l'évolution de Vinicius et son combat pour Lygie.

Un grand moment de lecture.
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Quo vadis ? (Intégrale)

J'avais essayé de le lire trop jeune et j'avais abandonné. La visite du Muséoparc Alésia, en Côte d'Or, m'a soudain donné envie de m'intéresser d'un peu plus près à l'Antiquité et particulièrement à l'époque romaine (avec laquelle j'étais fâchée depuis la fac d'Histoire). C'est donc assez naturellement que j'ai choisi de redonner une chance à l'oeuvre.



Quelle vanité ! C'est l'oeuvre qui m'a redonné ma chance !



C'est un roman superbe qui n'a pas volé sa place au Panthéon des Grands Classiques. J'ai littéralement été transportée au Ier siècle, j'ai écouté les discours plein de sagesse et de poésie de Pétrone, j'ai vécu le terrifiant incendie de Rome aux côtés de ses habitants, j'ai marché dans les pas des apôtres Pierre et Paul, j'ai accompagné les martyrs chrétiens jusque dans l'arène... Bien sûr, je me suis émue de la très belle histoire d'amour qui naît entre Vinicius et Lygie mais j'ai été encore plus troublée par la conversion de Vinicius, par sa quête spirituelle, par l'incroyable transformation que subit son être au fur et à mesure de ses épreuves.



Dans le même temps, c'est avec plaisir cette fois (contrairement à mes cours de fac) que j'ai découvert l'univers de la vie quotidienne des patriciens romains et de la plèbe et que j'ai ouvert mon esprit aux divinités domestiques, aux banquets, aux jeux, aux délires impériaux...



J'ai lu "Quo Vadis" alors que je m'offrais une parenthèse (ou une bouffée d'oxygène, c'est égal) dans la lecture des "Bienveillantes", ce qui peut aussi expliquer mon enthousiasme pour une oeuvre qui bien qu'étant assez noire m'est apparue définitivement lumineuse.





Challenge AUTOUR DU MONDE
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Quo vadis ? (Intégrale)

Un énorme coup de coeur. Comment, quand on est passionné de la Rome Antique, ne pas être concquis par cette fresque merveilleuse ? Un livre sublime, tout est parfait, les personnages sont profonds et manichéens, pas de clichés, une reconstitution recherchée et passionnante de Rome sous Néron, une belle histoire d'amour, que demander de plus ? Un de mes romans préféré sans aucun doute, un roman qui donne très très envie de se replonger dans ses cours de latin et dans cette époque passionnante.
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Une idylle dans la prairie

"Une idylle dans la prairie" est un titre qui convient beaucoup mieux que "Une idylle dans la savane" une autre traduction qui est loin d'évoquer, pour moi, la ruée vers l'or.

Je découvre Henryk Sienkiewicz, auteur polonais lauréat du prix Nobel de littérature en 1905 qui bien qu'éloigné géographiquement de l'Amérique s'intéresse à l'émigration vers la terre promise, la Californie.

Dans cette nouvelle, il raconte l'histoire d'un compatriote qui a émigré à la Nouvelle-Orléans en 1849 pour travailler dans une plantation de sucre.

Son savoir-faire reconnu, le Grand Ralph appelé aussi le capitaine va devenir chef d'une caravane d'émigrés qui se rendent en Californie.

L'homme tombe sous le charme de Liliane, une frêle jeune fille de Boston que le convoi surnomme Little Bird. Le voyage est long et difficile alors rêver de Liliane le motive et enjoue son cœur. Ils vont jusqu'à s'engager l'un envers l'autre alors que le danger les menaces continuellement : la maladie, le feu, les indiens, le dessert, chaque étape est une épreuve pour le capitaine amoureux.

On a beau aimer l'aventure et le Far-West avec ses caravanes de chariots, il faut toujours que le héros soit très fort, la fille pleurnicharde et dévote, les indiens sauvages et méchants. C'est trop caricatural à mon goût.

Heureusement, l'écriture de Henryk Sienkiewicz témoigne aussi d'une grande finesse d'analyse sur la dureté des conditions de voyage des émigrés et ça c'est vrai de tout temps.





Challenge Solidarité 2021

Challenge Riquiqui 2021

Challenge Cœur d'artichaut 2021

Challenge XIXème siècle 2021

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Une idylle dans la prairie

Henryk Sienkiewicz est l'un des auteurs classiques polonais les plus connus, si ce n'est LE plus connu. Prix Nobel de littérature en 1905, son "Quo vadis ?" compte parmi les plus belles histoires d'amour dramatiques et parmi les romans se déroulant pendant l'Antiquité romaine les plus marquants.



Mais cet auteur mal connu du lectorat français fut aussi un prolixe auteur de récits plus courts, romans ou nouvelles, d'ailleurs pas toujours publiés sous son nom. Ainsi en est-il d'"Une idylle dans la prairie" (ou la savane, selon les traductions).



Un titre qui se prête parfaitement au genre romance et qui annonce la couleur car il s'agit bien ici d'une histoire d'amour passionnelle entre le narrateur "Big Ralph" et Liliane, une toute jeune femme faisant partie d'un convoi vers le grand Ouest américain que Big Ralph est en charge d'amener à bon port à travers une "prairie" hostile - comprendre le Middle West désertique et peuplé d'Indiens farouches et sanguinaires !



Même en Pologne, la fascination du western s'exerçait et offrait à l'imagination d'un écrivain un terreau fertile. Henryk Sienkiewicz est issu de la noblesse pauvre et il fut chroniqueur pour la presse. Sa curiosité et son intérêt réel pour l'aspect social des écrits, décrivant les modes de vie, ont fait le reste pour dépeindre un Far-West fantasmé qui fut le creuset des espérances de millions d'Européens émigrés fuyant la misère. Et oui, fut un temps pas si lointain où c'étaient les Européens les réfugiés apatrides !





Désert, faim, sécheresse, rivières en cru, feux de camp, attaques indiennes, couverture en peaux de bison... le récit dépeint les difficultés bien souvent mortelles surmontées par les candidats à la colonisation. La dose de romantisme qui agrémente le récit m'a parfois évoqué "Michel Strogoff" dans un autre contexte, celui de la Sibérie. Une lecture divertissante et dépaysante.





Challenge RIQUIQUI 2021

Challenge XIXème siècle 2021

Challenge des 50 objets 2021

Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge ATOUT PRIX 2021

Challenge NOBEL

Challenge SOLIDAIRE 2021

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021
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Une idylle dans la prairie

Voici un livre que je n’ai pas lu, mais que j’ai écouté, ce qui est assez inédit pour moi. Henryk Sienkiewicz est surtout connu pour avoir écrit Quo vadis ? et a reçu le prix Nobel de littérature en 1905. Il a aussi écrit plusieurs courts récits, dont cette Idylle qui nous emmène loin de la Pologne, et très près de la Petite maison dans la prairie (les livres, pas la série).

Le narrateur principal, c’est Big Ralph, c’est lui qui va nous raconter le voyage qu’il a dirigé qu’un groupe d’émigrants vers les terres promises de la Californie. Les états qu’ils traversent sont bien connus – de nos jours – et ne nous paraissent pas si dangereux que cela – de nos jours. Pas de grandes villes, pas de villages à l’époque, mais de grandes étendues désertiques, et des tribus indiennes qui n’ont qu’une envie, en découdre.

Big Ralph tombe amoureux d’une jeune femme fragile, Liliane, qui part toute seule pour la californie. Heureusement, deux femmes d’âge mûr la prennent sous leurs ailes. Le narrateur a beau dire que les hommes se montrent respectueux envers les femmes, je crains qu’il ne donne alors une image vraiment idyllique des Américains. Eux-mêmes sont encore des émigrants, des européens venus chercher une vie meilleure de l’autre côté de l’Atlantique.

La traversée des Etats-Unis n’est pas facile, entre les difficultés purement géographiques, les indiens, l’immense fatigue, et les épidémies. Soigner et se soigner est extrêmement difficile, non seulement à cette époque, mais dans ces conditions. Je me suis demandée ce qui avait bien pu pousser Liliane et les autres femmes à tenter l’aventure vers la Californie. Liliane est en tout cas très croyante – comme beaucoup d’européens à cette époque.

Je note aussi cette « fascination » pour le western, bien l’auteur soit polonais. Je terminerai simplement en disant qu’être un cow-boy, c’est mieux qu’être un vacher, même si c’est exactement le même métier.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Une idylle dans la prairie

A l'origine, le titre traduit devenait Une idylle dans la Savane, terme qui revient fréquemment lors de la lecture et qui est bien surprenant sachant qu'il évoque ici les grandes plaines américaines! Est-ce ainsi qu'on nommait en français les plaines ou les prairies du Far West ou est-ce une erreur du traducteur? Va savoir.

Ce court roman, que j'ai écouté en version audio gratuite en ligne, est bien surprenant également par sa construction. Notre protagoniste, le capitaine Ralph, est un guide aguerri de ces longs convois de pionniers en route pour l'Ouest. Lors de l'un de ces convois se mêle aux familles une jeune fille seule, fragile, en route pour retrouver son père mourant à l'autre bout du continent, et qui émeut aussitôt le capitaine Ralph sous ses airs enfantins. Elle a tout pour plaire l'homme valeureux qui prend sous sa protection cet ange blond aux yeux bleus sans défense. Naît ainsi l'idylle annoncé dans le titre, empreint d'un romantisme exacerbé et d'une vision de la femme aimée très passéiste.

J'étais sur le point de m'agacer de cette tournure un peu trop mièvre et réductrice à mon goût quand le récit prend un virage sec: après les prairies du Midwest, ses forêts, ses rivières et ses attaques de tribus indiennes, survient l'immense plaine désertique brûlante de soleil, si sublimement décrite ici. L'idylle laisse place à la faim, la soif, la lassitude, l'épuisement et la mort, un milieu impitoyable pour tout ce qui vit qu'il faut pourtant traverser pour atteindre la terre promise, la Californie, au-delà des montagnes neigeuses du Nevada.

J'ai nettement préféré cette deuxième partie, légèrement hypnotique.

Cependant, hors ces envolées lyriques sentimentales, l'auteur a une belle plume que j'ai eu plaisir à suivre tout au long de l'itinéraire tracé par le narrateur, et passant non par Saint-Louis, comme c'était l'habitude pour ces convois de pionniers, mais plus au nord par la plaine de 'lowa.

Une lecture exotique au final qui rappelle le courage et la détermination de ces émigrés de première ou deuxième génération.
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