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Citations de Horacio Quiroga (96)


Il était plus de minuit et il faisait un grand silence quand le petit coati, qui souffrait beaucoup de ses dents à cause du piège, vit, à la lumière de la lune, trois ombres qui s'approchaient avec mainte précaution. Le coeur lui battit en reconnaissant sa mère et ses deux frères qui étaient à sa recherche.
"Maman ! Maman ! murmura le prisonnier, à voix très basse pour ne pas faire de bruit…Je suis ici. Tirez-moi d'ici. Je ne veux pas rester. Maman ! Maman !…" Et il pleurait, inconsolable.
Mais, malgré tout, les coatis étaient contents, parce qu'ils s'étaient retrouvés, et ils se faisaient avec le museau mille caresses.

*Histoire de deux petits de coatis et de deux petits d'homme*
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Mais les rêves d'amour, fussent-ils des rêves de deux heures et à 40°, se payent le jour et s'il est au monde une personne que je cours le risque d'aimer en pleine lumière, j'ai très peur que ce ne soit pas mon amour nocturne. Car j'aime une ombre.
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Et quand je ne délirerai plus, m'aimeras-tu encore?
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Si tu veux exprimer avec exactitude cette circonstance: "du fleuve soufflait un vent froid" il n'est en langue humaine d'autres mots que ceux-là pour l'exprimer. Une fois maître de ces mots, ne te soucie pas de savoir s'ils sont assonants ou consonants. (p.9)
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" Les quatre enfants atteints d'idiotie du couple Mazzini-Ferraz passaient la journée entière assis sur un banc dans la cour. La langue pendante, les yeux stupides, ils hochaient la tête, la bouche ouverte."
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Aucune époque plus heureuse que celle que nous offrit ,à Maria et à moi,notre tante avec sa mort.
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Les deux hommes posèrent à terre la machine de zinc et s’assirent dessus. De là où ils se trouvaient à la tranchée, il y avait encore trente mètres et la caisse pesait lourd. C’était leur quatrième pause – et la dernière – car tout près d’eux s’élevait maintenant le talus de terre rouge.
Le soleil de midi pesait lui aussi sur la tête nue des deux hommes. La lumière crue baignait le paysage d’un jaune livide d’éclipse, sans ombre ni reliefs. Lumière d’un soleil méridien, tel qu’à Misiones, sous lequel brillaient les chemises des deux hommes.
De temps à autre, ils retournaient la tête sur le chemin déjà parcouru, et la baissaient aussitôt, aveuglés de lumière. Des rides précoces et d’innombrables pattes d’oie, stigmates du soleil tropical, marquaient d’ailleurs le visage de l’un d’eux. Au bout d’un moment, ils se levèrent ensemble, empoignèrent le bord et, pas à pas, finirent par arriver. Ils s’étendirent alors sur le dos en plein soleil, et du bras se couvrirent le visage.
La machine, en effet, pesait lourd, autant que peuvent peser quatre chapes galvanisées de quatorze pieds, renforcées par cinquante-six pieds de fers en L et en T d’un pouce et demi. Dure technique que celle-là, mais elle était gravée de A à Z dans la tête de nos hommes, car la machine en question était une chaudière destinée à fabriquer du charbon, qu’ils avaient eux-mêmes construite, et la tranchée n’était rien d’autre que le four de chauffe circulaire, résultat également de leur seul travail. Et enfin, si les deux hommes étaient vêtus comme des péons et parlaient comme des ingénieurs, ils n’étaient ni ingénieurs ni péons.
L’un se nommait Duncan Drever et l’autre, Marco Rienzi. Respectivement fils d’Anglais et d’Italiens, ni l’un ni l’autre n’éprouvait le moindre préjugé sentimental en faveur de sa race d’origine. Ils personnifiaient ainsi un type d’Américains qui, comme tant d’autres, a horrifié Huret : le fils d’Européen qui se rit avec autant de légèreté de la patrie dont il a hérité que de la sienne propre.
Mais Rienzi et Drever, couchés sur le dos, le bras sur les yeux, ne riaient pas cette fois-là parce qu’ils n’en pouvaient plus de travailler à partir de cinq heures du matin depuis maintenant un mois, le plus souvent avec un froid de zéro degré. (« Les fabricants de charbon »)
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Il était dix heures du soir et il faisait une chaleur suffocante. Le temps lourd, sans un souffle, pesait sur la forêt. Le ciel de charbon était de temps à autre déchiré à l’horizon par de sourds éclairs, mais l’orage grondant au sud était encore loin.
Sur un chemin au milieu des spartes blancs, Lancéolée avançait avec la lenteur générique des vipères. C’était une yarara mangifique, d’un mètre cinquante, aux flancs ornés d’une ligne noire bien découpée en dents de scie, écaille par écaille. Elle avançait en s’assurant de la sécurité du sol avec la langue, qui remplace parfaitement les doigts chez les ophidiens.
Elle allait à la chasse. En arrivant à une intersection, elle s’arrêta, se lova sans hâte, remua encore un moment en cherchant sa position et, après avoir ramené sa tête au niveau de ses anneaux, elle y posa la mâchoire inférieure et attendit immobile. (« Anaconda »)
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Rohán, pour la troisième fois, vit une ouverture, mais se rappela aussi de ses déceptions antérieures. À peine lui dis-je quelque chose de concret, pensa-t-il, qu’à nouveau elle se ferme. Il était maintenant énervé : si cette idiote pense que je vais lui donner ce plaisir !
Comme toujours en ce cas, s’il forçait l’expression, c’était parce qu’il s’accrochait à un état de haine fictive qu’il créait lui-même pour mieux résister. ("Histoire d'un amour trouble")
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Ce que Juárez ignorait, c’est que Rohán connaissait parfaitement les sœurs Elizalde. Après une amitié de dix ans avec la maison, Eglé, la cadette, avait été sa fiancée. Il l’avait aimée immensément. Et pourtant, ils en étaient là : elle, promenant sa beauté célibataire aux côtés de sa sœur, et lui, autre célibataire, travaillant à la campagne à deux cents lieues de Buenos Aires. Eglé ! Il se répétait son nom à voix basse, avec la facilité de qui a souvent et longuement prononcé un mot dans différents états d’esprit. Ces deux syllabes parfaitement connues lui évoquaient avec clarté les scènes d’amour où il les avait exprimées avec le plus grand désir, bien qu’il reconnaissait ne lui rester de cette vieille passion que la tendresse d’un prénom, rien d’autre. Il le murmurait et ne ressentait, à l’entendre, que la douceur obscure d’un mot qui, par le passé, a tant signifié, comme un idiot répète, des heures durant, le regard vide : « Maman » …
« Comme je l’ai aimée ! » se disait-il, s’efforçant vainement de s’en émouvoir. Il se remémorait les situations où il s’était senti le plus heureux ; il se voyait lui, il la voyait elle, il voyait sa bouche, son expression… Mais tout était d’une netteté excessive, car il appliquait ses souvenirs aux scènes plutôt qu’aux sensations, comme lorsqu’on s’efforce de bien se rappeler une chose pour la raconter ensuite à un ami. ("Histoire d'un amour trouble")
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Díaz Vélez marchait toujours et rapidement je me retrouvai deux pas derrière lui. Un de plus et je pouvais le toucher. Mais à le voir comme cela, sans qu’il s’aperçoive le moins du monde de ma proximité, malgré son délire de persécution et ses interprétations, je réglai mon pas exactement sur le sien. Persécuté ? Très bien ! … Je considérais minutieusement sa tête, ses coudes, ses poignets un peu sortis, les plis transversaux de son pantalon sur ses hanches, les talons, cachés et visibles, successivement. J’avais la sensation vertigineuse qu’auparavant, des milliers d’années auparavant, d’avoir déjà fait une telle chose : rencontrer Díaz Vélez dans la rue, le suivre, l’atteindre – et une fois fait, marcher derrière lui – derrière. Se dégageait de moi la satisfaction de dix vies entières qui jamais n’auraient pu réaliser leur désir. Pourquoi le toucher ? Soudain, il me vint qu’il pourrait se retourner, et ma gorge se serra instantanément d’angoisse. Je me dis qu’avec le larynx ainsi noué il est impossible de crier, et mon unique crainte, effroyablement unique, était de ne pouvoir crier quand il se retournerait, comme si le but de mon existence avait été d’avancer précipitamment sur lui, de lui ouvrir les mâchoires et de lui hurler démesurément en pleine bouche – et au passage de faire le compte de ses molaires. ("Les Persécutés")
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– Qu’est-ce que ce diable d’individu ? demandai-je à son retour. Lugones haussa les épaules.
– Un individu terrible. Je ne sais comment il a pu échanger dix mots avec vous cette nuit. En général, il passe une heure entière sans parler, si ce n’est pour lui-même, et vous pouvez imaginer comme je me réjouis quand il vient ainsi. Nonobstant, il vient peu. Il est très intelligent dans ses bons moments. Vous l’aurez sans doute remarqué, j’ai entendu que vous discutiez.
– Oui, il m’a raconté un curieux cas.
– Lequel ?
– Celui d’un ami persécuté. Il s’y connaît en folie, comme un diable.
– Je veux bien le croire puisqu’il est aussi un persécuté.
Entendre cela me suffit pour qu’un éclair de logique explicative vienne illuminer ce que j’avais perçu d’obscur chez lui. C’était indéniable ! … Je me souvins de son air sombre lorsque je lui avais demandé s’il continuait à interpréter… En bon fou, il avait cru que je l’avais percé à jour et que je m’immisçais en son for intérieur… ("Les Persécutés")
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Pierrot était souvent avec les enfants, et ces petits lui racontaient tant de choses, qu'il apprit à parler. Il disait : "bonjour, petit perroquet !" et "c'est fameux, cette bouillie" et : "la bouillie pour Pierrot !" Il disait encore bien d'autres choses, qu'on ne peut pas répéter, parce que les perroquets, comme les enfants, apprennent les vilains mots avec une grande facilité.

*Le perroquet déplumé*
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(...) Et ensuite, cette immense soif de tendresse, d'effacer baiser après baiser les larmes de la femme adorée dont le premier sourire, après la blessure que nous lui avons causée, est la plus belle lumière qui puisse inonder le cœur d'un homme.

- La mort d'Isolde
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