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Citations de Ingrid Thobois (178)


Lui a depuis longtemps accepté que l'existence ne soit qu'un entrelacs de coïncidences, un jeu de roulette russe auquel nul dieu ne préside, sans règle ni logique, affaire de bon ou de mauvais endroit au bon ou au mauvais moment.
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Et chaque soir, à la nuit bien tombée, je traque les mots. Dans cet exercice, on en oublierait presque de respirer, lorsqu'il s'agit de s'enfouir au-dedans, au plus profond de soi, et dans le même temps d'exploser au-dehors. On se sent certains jours comme une foreuse affolée qui ne sait plus ce qu'elle doit transporter du ciel ou de la terre. Immense est la fatigue à laquelle on est bien obligé de se laisser aller. On se prend à rêver de bras si dignes d'amour qu'ils vous arracheraient à la pensée d'écriture.
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Tous les départs sont définitifs et participent à l'incessant mouvement d'érosion de la vie
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La notion d'instinct maternelle a la dent dure. On ne dit jamais comme la maternité est un devoir d'intelligence qui consiste à vouloir trouver, donc à chercher beaucoup, les solutions les plus fines aux cas d'école les plus exaspérants. Un devoir qui consiste à se contenir soi avant de vouloir contenir l'enfant. Un devoir qui consiste à lui proposer le monde sans lui imposer la route.
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L'Afghanistan est sec comme les poignets des vieillards qui surveillent les rues. Comme un corps d'homme bien fait, aussi. Sa beauté n'a d'égales que sa pudeur et sa violence.
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29 mai 1993. Dans le sous-sol du centre culturel, cinq cents personnes sont réunies pour le défilé. Les gens parlent, fument, boivent. L’atmosphère est au tripot. Plus rien n’existe à Sarajevo sinon ce concours de beauté. Dans la salle comble, la tension monte. On attend depuis plus d’une heure déjà. Trois coupures de courant ont perturbé l’organisation. Quand la musique se tait, les détonations s’amplifient.
Le dos, les omoplates, la tête de la petite Zlata reposent contre la poitrine de Joaquim qui lui enserre les épaules. Que lui rappelle-t-il pour qu’elle l’ait ainsi adopté ? Vesna à sa droite, Zladko à sa gauche, son appareil photo au sternum, Joaquim ne quitte pas la scène des yeux. Le règlement du concours veut que les trois inscrites défilent d’abord en robe, puis en maillot de bain, comme à l’endroit des plages, à l’envers des combats.
Sous les cris et les sifflements, les candidates apparaissent enfin. Une à une, les jeunes filles traversent la scène, un petit écriteau à la main, chiffre blanc sur fond bleu, à hauteur du bassin. Un aller, un regard bariolé, demi-tour, et retour. Les sourires sont immenses et rouges dans les visages sans sommeil. Les candidates se sont entraînées à marcher, sauf Ilena qui le comprend à l’instant de devoir avancer d’un pas accidenté. Depuis une année qu’elle n’est pas sortie de l’appartement, sa vue a décliné, son équilibre s’est fragilisé. Les larmes lui montent aux yeux. Mais à l’extrémité de la scène, Joaquim lui prête la ligne de son regard. Inela se redresse, sourit, serre les points, et l’ensemble de son corps dessine la grâce d’une trajectoire. Un instant, le siège de Sarajevo n’a jamais existé. Dans les jeux d’ombres et de lumières, la figure fascinée de Zlata retrouve la mobilité de l’enfance. Celle de Vesna irradie de fierté. Celle de Zladko s’enflamme d’excitation. Il siffle et hurle le prénom de sa sœur dont Joaquim flashe le visage qui s’imprime sur le seul film de sa mémoire.
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Évidemment. Mais cette manière de relativiser en permanence m'a toujours rendu fou. Comme si, sous prétexte qu'on mourrait du virus Ebola en Afrique, et qu'il y avait eu plus de 220 000 morts en Syrie en cinq ans, je n'avais pas le droit d'être triste. Comme si tout avait à voir avec tout. Comme si les atrocités pouvaient alléger les soucis, les horreurs annuler les chagrins, comme si tout se compensait de l'intérieur, les poids sur les épaules de chacun additionnés puis divisés par leur nombre pour totaliser une espèce de moyenne mondialement acceptable. Sauf que non. À l'intérieur de moi, ça ne se passait pas du tout comme ça. Et puis, pour être honnête, je crois que j'aimais bien ça, le cafard. Ça me faisait me sentir vivant. Un peu comme un héros de roman.
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Certains jours, au réveil, il m'arrive encore de douter de la mort de Yann, pour finir par enfoncer ma tête de longues secondes dans l'oreiller. Et moi qui n'ai jamais pris un seul cours de catéchisme au sérieux, moi qui menaçais ma mère de fuguer si elle m'obligeait à faire ma communion, ma confirmation et tout le bazar, moi qui lui ai reproché mille fois de m'avoir fait baptiser sans me demander mon avis, soudain j'aimerais croire en Dieu, et qu'on me certifie qu'il existe quelque chose derrière un pare-brise explosé.
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Les voyages comme les enfants, assomment ceux qui ne les ont pas faits
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Ma mère, son sport favori, c'est de penser à ma place.
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On ne peut pas cesser d'être photographe, de même qu'un écrivain ne peut rien opposer à sa porosité au monde, ni à ce double foyer qui lui sert de regard. Mais il arrive, pour toute sorte de raisons, que l'on choisisse, momentanément ou définitivement, de ne plus écrire, de ne plus photographier.
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On ne se tue pas par abandon de la lutte – les religions ont inventé la rhétorique de cette prétendue lâcheté. On se suicide et on dévore la vie au nom d’un seul et même scandale : l’exiguïté du couloir de temps qui nous est alloué, dans lequel il nous est permis d’avancer mais jamais de faire demi-tour, ni de nous arrêter. On se tue après avoir longuement soupesé la vie, analysé ses accélérations et décélérations, afflux et reflux sanguins dans la carotide, et la sensation de vide qui s’ensuit. On se tue au moment d’aller mieux, dans l’équilibre retrouvé entre les artères chargées d’oxygène et les veines de CO2 : se jeter par la fenêtre, c’est d’abord s’essayer à voler.
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La mort ne révèle rien. Elle entérine ce qui a toujours été, que personne n’a voulu regarder et que la mémoire a évacué. Il faut se pencher sur le fonctionnement du cerveau pour comprendre comment telle chose a pu s’évanouir, et telle autre se graver au-delà de la conscience. On n’est jamais trop jeune pour se souvenir. On n’est jamais trop vieux non plus. Joaquim a lu quantité d’articles sur le sujet pour parvenir à supporter, six mois durant, chaque week-end entre la mort de sa sœur et son départ pour Sarajevo, la progression fulgurante des troubles cognitifs de sa mère.
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Quatorze ans et demi...est-ce un âge pour comprendre que la vie est un trait de lumière, que l'enfance a passé, et que rien ne se rattrape jamais ?
[p. 184]
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Harraga. "Brûler". Comme on "brûle un feu rouge". "Brûler la mer", en d'autres termes, la traverser: gagner l'Europe, clandestinement.
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La culture berbère est tellement riche: syncrétisme de nombreuses traditions, de différents courants de pensée, mélange d'animisme et d'islam.
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La culture berbère est tellement riche: syncrétisme de nombreuses traditions, de différents courants de pensée, mélange d'animisme et d'islam.
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Allez, allez, ne vous faites pas de bile, les enfants !
Ces fêlés d'extrémistes ne réussiront jamais à asseoir leur pouvoir ici ! Dans la vallée du Dadès, on est berbères, et on le restera.
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Entre la France et le Maroc. Et ça ... impossible ! Alors, pour toutes ces raisons, Eric reste couché. Il enfonce sa tête dans l'oreiller. Les amours impossibles, mieux vaut les museler.
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De toute façon, on peut être super croyants et tatoués de partout !
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