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Citations de Isaac Bashevis Singer (377)


Pour vivre, il se contenterait de ce qu’il extorquait aux bordels et aux commerçants qui le payaient pour s’assurer que leur boutique ne brûlerait pas et que leurs marchandises, sacs de farine ou de légumes secs et quincaillerie, ne seraient pas aspergées d’essence. Les gars se mirent donc à discuter ouvertement de tout cela dans la rue et les tavernes.
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Pourquoi ne pas refaire le même coup ? Il suffirait de poser une barre de fer en travers des rails pour que le train soit forcé de s’arrêter. Deux ou trois hommes tout au plus gardaient le wagon où se trouvait l’argent. Si cela se passait la nuit, dans une forêt, la police ne le saurait pas tout de suite.
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Cela n’était pas fréquent qu’une femme ayant fréquenté trois bordels se marie et, en plus, avec quelqu’un d’aussi éduqué que Yarmy, quand même un semi-intellectuel. Cela constituait un signal envoyé à toutes les putains de Varsovie, afin qu’elles n’abandonnent pas l’espoir qu’il leur en arrive autant, preuve que l’amour régnait encore sur le monde, même si on baignait dans la fange jusqu’au menton. Parfois, un mac s’éprenait d’une fille et la sortait de son bordel mais, après, ils partaient pour l’Amérique ou l’Afrique du Sud et on n’en entendait plus jamais parler.
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Un amour comme le nôtre, il n’y en a jamais eu depuis que le monde est monde », chuchotait Keila.
Et c’était vrai. Ils avaient passé un accord tous les deux : si une femme tapait dans l’œil de Yarmy ou si Keila se sentait soudain attirée par un homme, pas question de se frustrer de quoi que ce soit, ils allaient jusqu’au bout. Mais à une condition : ne rien garder secret et aussitôt tout raconter en détail à l’autre. Ils s’en tenaient strictement à ce pacte.
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Mari et femme n’aimaient pas seulement dormir ensemble, ils adoraient aussi bavarder. Dans leur appartement du 8 rue Krochmalna, ils se racontaient des histoires jusque tard dans la nuit. Keila la Rouge en connaissait des milliers et Yarmy dix fois plus. Depuis qu’elle était arrivée de sa province, presque vingt ans plus tôt, Keila n’avait guère quitté la ville, n’allant jamais plus loin que Praga ou Pelcavizna.
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Après la mort du docteur Herzl, les sionistes continuaient à tenir leur congrès, comme les années précédentes. Les socialistes proclamaient que le sionisme n’était qu’un fantasme sans avenir et que les travailleurs juifs feraient mieux de combattre pour le socialisme dans les pays où on les traitait mal plutôt que de rêver à une terre à moitié inculte et où, en plus, vivaient des Arabes. Le sultan Abdülhamid ne leur accorderait jamais le droit de s’y installer.
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De son vrai nom, il s'appelait Jeremiah Eliezer Holtzman mais, rue Krochmalna, on n'avait pas la patience d'en utiliser un aussi long et on disait Yarmy, surnommé la Teigne.
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– Mark, de toutes les erreurs que nous les Juifs avons commises, la plus grave c’est que nous nous sommes bercés de l’illusion – et plus tard nous avons à notre tour berné aussi d’autres peuples – que Dieu était miséricordieux, qu’il aimait ses créatures et détestait les méchants, et que nous nous sommes laissés endormir par tout ce que nos saints hommes et nos prophètes – de Moïse à Chaïm Chafetz – ont prêché. Les Grecs de l’Antiquité, eux, n’ont jamais nourri cette illusion, c’est ce qui a fait leur grandeur. Tandis qu’ils accusaient les autres nations d’idolâtrie, les Juifs servaient eux-mêmes une idole de justice. Le christianisme est le résultat de ce vœu pieux. Tout sauvage qu’il est, Hitler est en train d’essayer de réveiller le monde et de lui montrer que tout cela était faux, mais – oh ! encore ce téléphone ! Le soir de Yom Kippour ! (p. 197)
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J’étais pressé de rentrer et de me mettre au travail, mais Feitelzohn avait commencé à m’expliquer ses idées sur le « voyage spirituel » qu’il se préparait à organiser. La psychanalyse n’est pas une solution, dit-il. Le patient va voir l’analyste pour guérir – c’est-à-dire pour devenir comme tout le monde. Il veut se débarrasser de ses complexes, et l’analyse est censé l’aider dans ses efforts. Mais où est-il écrit que la santé vaut mieux que la maladie ? Ceux qui prendraient part à son voyage spirituel ne seraient soumis à aucune contrainte. Nous nous réunirions un soir dans une pièce, toutes lumières éteintes, et nous laisserons notre âme s’exprimer librement. On doit accorder à l’homme la possibilité d’avoir le courage de révéler aux autres et à lui-même ce qu’il désire réellement. Les vrais tyrans n’ont pas été ceux qui entravaient le corps (qui est soumis à des contraintes de toute façon) mais ceux qui asservissaient l’esprit. Les prétendus libérateurs ont tous été des asservisseurs de l’âme, dit Feitelzohn.

– Moïse, et Jésus, l’auteur du Bhagavad-Gita, et Spinoza, Karl Marx et Freud. L’esprit est comme un jeu qui n’a ni règles ni lois. Si Schopenhauer est dans le vrai – si la volonté aveugle est réellement la chose-en-soi, l’essence de toute chose – pourquoi ne pas laisser celui qui désire désirer ?

– A quoi sert le seul désir ? demandai-je.

– Où est-il écrit que tout doit avoir une fin ? Peut-être que la fin c’est justement le chaos. Tu connais un peu la Kabbale et tu sais qu’avant qu’il ne crée le monde Ain Sof a réduit l’intensité de sa lumière, et formé un vide. C’est seulement dans ce vide que l’Émanation a commencé. Cette absence divine est peut-être l’essence même de la Création. (pp. 75-76)
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– Tu es un impie ! s’écria-t-elle. Un hérétique !

– Eh bien, oui ! Élisée, fils d’Abiah, en était un aussi. Quiconque regarde la vigne doit en supporter les conséquences.

– Tu as toujours une citation du Talmud pour répondre à tout. Attention, Shloimele ! Prends garde ! Tu joues avec le feu !

– J’aime le feu ! J’adorerais voir un holocauste ! J’aimerais que toute la ville s’embrase et qu’Asmodée prenne le pouvoir.

– Arrête ! s’exclama Lise. Ou j’appelle au secours !

– Que crains-tu donc, petite folle ? répondit Shloimele d’un ton rassurant. Penser, ce n’est pas agir. J’étudie avec toi, je te révèle les secrets de la Torah, et tu restes si naïve. Pourquoi crois-tu que Dieu a ordonné à Osée d’épouser une prostituée ? Pourquoi le roi David a-t-il pris Bethsabée à Urie le Hittite et Abigail à Nabal ? Pourquoi, dans sa vieillesse, a-t-il demandé qu’on lui amène Abishag de Shunem ? Les Anciens les plus vénérables pratiquaient l’adultère. Le péché est purificateur ! Ah, Lise, mon amour, j’aimerais que tu obéisses à chacun de tes caprices, je ne pense qu’à ton bonheur… Même quand je te guide vers l’abîme ! (pp. 58-59)
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Le jour du grand shabbat d’avant la Pâque, après que Levi eut parlé, Reb Degaliya prononça un sermon plein de conseils et de paroles de consolation. Il rappela à la congrégation que les jours d’exil étaient comptés et l’avertit que les dernières âmes qui viendraient au monde attendaient sur le Trône de Gloire. Il déplora que tant de garçons et de filles fussent encore célibataires. Pareille négligence du principe de fécondité retarderait leur rédemption. Il démontra, en se référant à la kabbale, que toutes les lois de la Torah et du Choulchan Arukh renvoyaient au commandement d’être fécond et de se multiplier. Quand la Fin des Jours arriverait, dit-il, non seulement l’anathème de Rabbi Gershom contre la polygamie serait nul et non avenue, mais aussi tous les sévères « Tu ne dois pas ». Chaque femme pieuse deviendrait aussi pure qu’Abigaïl et n’aurait plus de règles, car le sang impur vient du Malin. Les hommes auraient le droit de connaître d’autres femmes. De tels accouplements seraient peut-être considérés comme un devoir religieux. Car chaque fois qu’un homme et une femme s’unissent, ils forment une combinaison mystique et favorisent la rencontre entre le Saint, béni soit-Il, et la Présence Divine. (pp. 136-137)
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Ceux qui ne racontent pas d'histoires et n'en écoutent pas non plus ne vivent que pour l'instant présent, et cela n'est pas assez.
Extrait de Naftali le conteur et son cheval Sus
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Je veux mourir chez moi. Je ne veux pas être enterrée dans un cimetière étranger. Qu'est-ce que Hitler pourrait me faire de plus ? Je ne me rappelle plus qui a dit qu'un cadavre est tout-puissant, car il ne craint plus personne. Tout ce que les vivants désirent, espèrent obtenir un jour, c'est ce que les morts ont déjà - la paix totale, l'indépendance absolue.
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Les Américains, et avec eux toutes les démocraties du monde, ont perdu leur bien le plus précieux, le courage. Il existe une forme de tolérance qui est pire que la syphilis, pire que le meurtre, pire que la folie.
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- Qu'est-ce qu'il y a à dire ? L'homme ne veut pas la paix.
- Pourquoi dites-vous l'homme ? Moi, je veux la paix, et Shosha aussi veut la paix, et aussi des millions de gens comme nous. Je soutiens envers et contre tout que la plupart des gens ne veulent pas de la guerre, ni de la révolution. S'ils avaient le choix, ils vivraient leur vie du mieux qu'ils pourraient. Avec plus ou moins de confort, dans un palais ou dans une cave, du moment qu'ils auraient un morceau de pain à manger et un oreiller pour reposer leur tête.
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Le Dr Nahum Fischelson faisait les cent pas dans sa mansarde de la rue du Marché,à Varsovie.C'était un petit bossu à la barbe grisonnante,dont le crane presque chauve s'ornait d'une maigre couronne de cheveux.Il avait le nez aquilin et de ses yeux,grands et sombres,émanait le regard trouble et fébrile des oiseaux de proie.
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Mon éducation s'est faite dans trois langues " mortes": l'hébreu, l'araméen et le yiddish (que certains se refusent à considérer comme une langue à part entière), et dans un enseignement qui a pris naissance à Babylone: le Talmud. Le heder où j'allais enfant était une simple pièce dans laquelle le professeur mangeait et dormait, et où sa femme faisait la cuisine. Là, ce n'était pas l'arithmétique, la géographie, la physique, la chimie ou l'histoire que j'étudiais, mais les lois régissant la consommation des oeufs pondus les jours de fête, et des sacrifices qui avaient eu lieu dans un temple détruit deux mille ans plus tôt. Bien que mes ancêtres se fussent établis en Pologne six ou sept cents ans avant ma naissance, je ne connaissais que quelques mots de polonais.
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