Citations de Isaac Bashevis Singer (377)
Par la fenêtre il aperçut le ciel, les étoiles, les planètes, la Voie lactée. La brume blanchâtre qu'il était en train de contempler émanait de ces astres qui dataient de millénaires, du temps du patriarche Jacob, de la construction de la pyramide. Quelle chose étrange que de se trouver ici, au cinquième étage d'un immeuble sis dans la rue Novolipki, et de se sentir en contact avec l'éternité du cosmos! Quelle pensée étrange! les mêmes lois qui commandent au soleil et à la lune, aux comètes et aux nébuleuses, gouvernent également la vie et la mort, Mussolini, Hitler, chaque butor nazi chantant la chanson de Horst Wessel et réclamant à grands cris du sang juif.
La mort était inévitable. Elle rôdait partout, dans le lit d’une femme en couches, dans le berceau d’un enfant, elle suivait toute vie comme une ombre. Ceux qui sont familiers de la mort sentent l’odeur du suaire jusque dans les draps d’un bébé.
Cela n'était pas fréquent qu'une femme ayant fréquenté trois bordels se marie et, en plus, avec quelqu'un d'aussi éduqué que Yarmy, quand même un semi-intellectuel. Cela constituait un signal envoyé à toutes les putains de Varsovie, afin qu'elles n'abandonnent pas l'espoir qu'il leur en arrive autant, preuve que l'amour régnait encore sur le monde, même si on baignait dans la fange jusqu'au menton.
From the time I can first remember, I heard my father repeat the phrase "It's forbidden".
Everything I wanted to do was a transgression.
I was not allowed to draw or paint a person - that violated the Second Commandment.
I couldn't say a word against another boy - that was slander. I couldn't laugh at anyone - that was mockery.
I couldn't make up a story - that represented a lie.
Si vous n'êtes pas heureux, comportez-vous comme si vous l'étiez. Le bonheur viendra plus tard.
Si on connaissait la vérité, comment pourrait-il y avoir liberté de choix ? Si l'enfer et le ciel apparaissaient au milieu de la place du marché, chacun deviendrait un saint. De toutes les bénédictions accordées à l'homme, la plus grande réside dans le fait que la face de Dieu lui est dissimulée à jamais.
Je ne crois vraiment pas que la littérature puisse profondément influencer la vie. L'art est une force, mais sans vecteur. De même que les vagues de la mer, il évolue en avant et en arrière, mais le résultat final est statique. Je crois que le roman exige une histoire, un mouvement, bien qu'en fait il décrive le caractère et la personnalité de l'homme, qui sont pratiquement constants.
Je dirai que l'art émeut l'esprit, mais qu'il ne le fait jamais évoluer bien loin dans une direction ou dans une autre. Les admirateurs de Dostoïevski et de Goethe peuvent être des nazis qui jouent avec des crânes d'enfants. L'espoir que la grande littérature puisse apporter la paix ou améliorer l'humanité est sans aucun fondement.
Ici, à Piask, les habitants vivaient accroupis comme des crapauds sur une souche d'arbre ; mais au-dehors dans le monde, les choses allaient vite. La Prusse était devenue une puissante nation. Les Francais avaient annexés en Afrique des territoires peuplés de Noirs. En Angleterre, on construisait des navires capables de traverser l'océan en dix jours. En Amérique, des trains passaient juste au-dessus des toits ; on avait édifié un immeuble haut de trente étages. Même Varsovie s'étendait et embellissait d'année en année.
Si vous ne pouvez pas "être" un bon Juif, comportez-vous "comme" si vous en étiez un, parce que, à force, vous le deviendrez. Si vous jouez un rôle, vous êtes le personnage [...] Si vous n'êtes pas heureux, comportez-vous comme si vous l'étiez. Le bonheur viendra plus tard. Il en est de même pour la foi. Si vous êtes désespéré, faites comme si vous croyiez. La foi viendra après.
[Un conseil]
Il mourait d'envie de lui répéter pour la centième fois que ni le socialisme, ni l'anarchisme, ni quoi que ce soit en " isme" ne pourrait jamais venir à bout de la tragédie humaine, mais il s'abstint de cela aussi.
A vrai dire, toute passion est aussi bien le comble de la folie que le comble de la sagesse.
Hier encore , tu m'as juré que tu avais été fidèle , dit-il .
Comparée à toi , j'ai été la fidélité incarnée !
Souvent, en écoutant tel ou tel récit, je pensais « c’est impossible, cela n’a pas pu se passer » et puis un an ou deux après, c’était devenu vrai.
Mais de ce jour, je fis le vœu de croire tout ce qu'on me dirait. A quoi cela sert-il de ne PAS croire ? Si aujourd'hui vous ne croyez pas votre femme, demain vous ne croirez pas en Dieu.
Des juifs - une communauté entière - s’adressaient à un dieu que nul ne voyait. Malgré les calamités, les famines, la pauvreté et les pogroms qu’Il leur réservait, ils exaltaient sa miséricorde et sa compassion et proclamaient qu’ils constituaient son peuple élu. Yasha enviait souvent leur foi inébranlable.
En elle se lisait le dépaysement de ceux qui, après avoir arraché leurs racines, se sentent étrangers à eux-mêmes.
Il était à moitié juif, à moitié gentil - ni juif ni gentil. Il s'était forgé sa propre religion. Il existait un Créateur, mais qui ne se révélait à personne, ne donnait pas d'indications sur ce qui était permis ou défendu. Ceux qui parlaient en son nom étaient des menteurs.
Le temps est un livre qu'on ne peut pas feuilleter en arrière.
Si un temps vient où le yiddish, où le folklore et les coutumes yiddish disparaissent, alors Hitler aura gagné, non seulement physiquement mais spirituellement. Je me lève chaque matin avec l'exaltation de celui qui doit faire plus qu'il n'est en son pouvoir. Il est vrai que l'histoire juive est destinée à n'être jamais dite parce qu'il y a trop peu de gens capables de la raconter.
Pourtant chacun ne peut faire que ce qui est en son pouvoir. Récemment, j'ai commencé à écrire pour les enfants, et je reçois des lettres de certains d'entre eux qui me proposent des sujets. Je voudrais que le yiddish soit aussi vivant aujourd'hui que dans mon enfance, et que beaucoup de jeunes auteurs de talent écrivent en yiddish. Je ne dirai pas que je suis le dernier auteur yiddish, mais je suis certainement l'un des derniers. C'est à la fois une tragédie et une responsabilité.
Où sont donc parties toutes ces années? Qui s'en souviendra quand nous ne seront plus là? Les écrivains les mentionneront, certes, mais ils mélangeront tout. Il doit bien exister quelque part un lieu où tout est préservé, inscrit jusque dans les moindres détails. Disons qu'une mouche est tombée dans une toile d'araignée et que l'araignée l'a dévorée. C'est un fait universel et un tel fait ne doit pas être oublié. S'il l'était, cela constituerait une tache, universelle, elle aussi. Vous me comprenez?