Isaac Bashevis Singer

I was brought up on three dead languages - Hebrew, Aramaic, and Yiddish (some consider the last not a language at all) - and in a culture that developed in Babylon: the Talmud.
The cheder where I studied was a room in which the teacher ate and slept, and his wife cooked.

En moi vivait un démon antisocial qui m’isolait du reste du monde.

Car tout ce qui est caché veut être révélé au grand jour, chaque secret désire être percé, chaque amour se languit d’être trahi, tout ce qui est sacré doit être profané, le ciel et la terre conspirent pour tout détruire.

Si Dieu existe, pensai-je, pourquoi reste-t-il silencieux ?

La nuit, le froid était épouvantable. Nous n'étions jamais assez couverts. Le vent qui sifflait à travers l'appartement me faisait penser à des lutins malfaisants. Blotti dans mon lit, j'essayais d'imaginer des trésors, des incantations, de la magie noire, qui m'aurait permis d'aider mes parents et tous ceux qui souffraient tant. Je m'imaginais devenant le prophète Elie, le Messie, que sais-je encore. Tel Joseph, je remplissais le grenier de provisions que je distribuais pendant les sept années de famine. (Extrait de "La faim")

Son violent désir pour elle avait disparu aussi vite qu'il était venu . Il lisait maintenant sur son visage l'âge qu'elle avait réellement , il voyait les rides autour de ses yeux et sur le front , soigneusement recouvertes de fond de teint .

Un grand merci vous est dû pour avoir toujours écrit la vérité toute une. Les scribouillards d'ici essayent de persuader le lecteur que le shtetl était un paradis peuplé de saints. Et voici qu'arrive quelqu'un de là-bas qui nous dit: " Sottises et balivernes !" Ils vont vous excommunier ici, mais ne vous inquiétez pas.

Il était conscient que le Mal n'était rien d'autre que le consentement de Dieu à se diminuer Lui-même, afin de créer le monde, de sorte qu'il put être appelé le Créateur et avoir pitié de ses créatures.

Dans la famille, il était entendu que la défaite était préférable à la méchanceté et que, si l'on gagne, ce doit être honorablement. Nous étions les héritiers d'un code héroïque qui n'a pas encore été décrit dans la littérature yiddish et dont l'essence était une capacité à endurer la souffrance pour les besoins de la pureté spirituelle.

À la maison, on parlait tout le temps d'esprit des morts qui prennent possession de corps d'êtres vivants, d'âmes qui se réincarnent dans des animaux, de maisons hantées habitées par des lutins, de caves hantées par des démons. Mon père parlait de ces choses, d'abord parce que ça l'intéressait, et ensuite parce que dans une grande ville, les enfants risquent facilement de mal tourner. Ils vont partout, ils voient tout, ils lisent des livres profanes. Il est nécessaire de leur rappeler de temps à autre qu'il existe encore des forces mystérieuses à l'œuvre dans le monde.

Chacun croit être le roi en sa demeure et découvre soudain qu'aux yeux de sa femme il n'est qu'un minus qu'elle peut échanger contre n'importe quel bon à rien. C'est la même chose avec les femmes. (p.287)

Comme c'est le cas avec beaucoup de gens, sa langue fonctionnait plus vite que son cerveau. (p.138)

Il s'arrêta devant quelques vitrines et regarda ce qui y était exposé, sans vraiment rien voir. Soudain, il remarqua un globe terrestre. Le monde était-il réellement rond ? Et de quel côté se trouvait Varsovie ? En haut ? En dessous ? Sur le côté ? En haut, probablement, parce qu'il se souvint de ce que certains disaient : si on creusait un trou, sans s'arrêter, on finirait par atteindre l'Amérique du Sud. Cela voulait dire que les gens, là-bas, marchaient sur la tête, seulement ils ne s'en rendaient pas compte. Ils croyaient être debout, dans le bon sens. Peut-être en allait-il ainsi de toutes choses.

Mais un jour, la lumière qui éclairait l’univers s’éteindrait. Les étoiles ne brilleraient plus. Les voix se tairaient. Toute vie a la surface disparaîtrait. Dieu et Satan s’uniraient pour ne plus être qu’un. Le souvenir de l’homme et de ses crimes ne serait plus qu’un mauvais rêve inventé par Dieu pour se distraire au fond de sa nuit éternelle.

Depuis le décès de son fils Arturo, Max pensait constamment à la mort. Si un garçon de dix-sept ans pouvait se plaindre d'un mal de tête et rendre le dernier soupîr dix minutes après, alors m'existence d'un homme ne valait pas plus qu'une bouffée de fumée.

L’ouvrage reprenait 4 recueils : Passions, Amour tardif, Le beau Monsieur de Cracovie et Le Fantôme

Mais à quoi bon tous ces rêves ? Ils l'épuisaient tout en avivant son sentiment d'impuissance.

Les universités cherchent des gens qui répètent ce que d’autres ont déjà dit – ou l’interprètent.

Je me sentais double : il y avait un garçon jeune plein d’ambition, de passion et d’espoir. Et il y en avait un autre mélancolique qui se livrait à ses derniers plaisirs avant d’être porté en terre.

« Les haïdamaks nous ont massacrés et martyrisés
Ils tuèrent de jeunes enfants, ils enlevèrent des femmes.
Chmielnicki fendait les ventres et y cousait des chats (à cause de nos péchés !)
Voilà pourquoi nous nous lamentons si fort et t’implorons,
Venge, Seigneur, le sang de tes saints massacrés ! ».