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Critiques de Italo Calvino (696)
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Cosmicomics

Magnifique recueil de nouvelles de Calvino, maître du format court. Les nouvelles mêlent l'onirique, le cosmique et le comique. Le ton est à la fois celui du conte et celui des vieilles BD. La plume est minimaliste et épurée comme je les aime. La richesse de la poésie s'y retrouve sans ces lourdes phrases pompeuses et saturées si fréquentes dans la littérature blanche.



Pour le contenu maintenant : On y suit Qfwfq, être aux contours un peu flous qui est tantôt un dinosaure, tantôt un marin chassant la lune. C'est l'histoire du monde qui est racontée jusqu'à aujourd'hui. Soutenue par des citations scientifiques qui servent de prétexte aux histoires. C'est le réenchantement du monde par la science, qui n'abandonne pas une bride d'imagination face à la raison.



Un délice!
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Cosmicomics

Qfwfq est notre héros tout au long de ces douze nouvelles concoctées par Italo Calvino dans les années soixante. Qfwfq ? Eh bien oui, c'est comme cela qu'il s'appelle, et ses copains de l'époque ne sont pas mieux lotis : le capitaine Vhd et sa femme (dont Qfwfq est un peu amoureux), la petite Xlthlx, et puis aussi Pfwfp et bien d'autres encore.

Mais il faut comprendre que cela se passait il y a très - très - longtemps. Un temps où la Lune frôlait la Terre au point qu'on pouvait presque la toucher, pourvu qu'on ait une échelle. C'est d'ailleurs ce que faisait Qfwfq pour aller y ramasser le lait (qui était d'ailleurs presque du fromage blanc).

Je vous sens bien incrédules, et pourtant… Considérez seulement ces Apsaras, vous savez ces vraiment jolies filles qu'on croise parfois, eh bien elles sont nées du grand barattage de la Mer de lait. Et allez voir à Angkor si vous ne me croyez pas !

Ainsi, voyez-vous, il n'y a rien de bien étonnant qu'à une certaine époque, on ait pu aller ramasser du lait sur la Lune. Et c'est loin d'être la seule activité un peu surprenante à laquelle s'adonnait Qfwfq et ses amis. Mais je ne vous en dis pas plus, sinon Italo ne sera pas très content que je déflore ainsi son travail "presque" scientifique soigneusement rassemblé dans ce délicieux petit recueil.
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Cosmicomics

Ce recueil de nouvelles peut être divisé en quatre parties, qui ont d'abord été publiées séparément.



La première partie se nomme Cosmicomics – bien que le ton soit plus tragicomique que comique. Chaque nouvelle prend pour point de départ une citation d'un article scientifique, le plus souvent d'astrophysique, et développe à partir de là une trame narrative que nous raconte un personnage qui a tout vu, tout fait, avant tout le monde. L'histoire se déroule sur la lune, dans l'espace, sur une planète en formation, parmi les premières formes de vie terrestres, ou au tout début de l'univers. le côté scientifique n'est vraiment que le point de départ ; il s'agit de fables le plus fantaisistes possibles et non de science-fiction, comme l'indique l'auteur en préface. Les évènement extraordinaires qui se produisent peuvent rappeler la manière dont Cyrano de Bergerac prétend aller sur la lune ; il y a une imagination presque enfantine.

Chaque histoire, à travers ses personnages informes, irréels, ou faits d'animaux préhistoriques personnifiés, sert d'analogie pour les interactions sociales humaines : les commérages, la vie en voisinage, les enfants qui jouent, les nouveaux venus qui emménagent dans le quartier, leur intégration à la communauté et leur manière d'être vue par "ceux qui étaient là avant", la nostalgie, l'introspection, et en thème récurrents l'amour, la séduction, la jalousie, la déception amoureuse ou la séparation.

Parfois drôles, parfois amères, parfois touchantes, les anecdotes du narrateur errent entre fables et purs délires. L'aspect le plus marquant, qui ressort de l'ensemble de cette partie, est sans doute la mélancolie et la nostalgie avec lesquelles sont évoqués la quête éternelle de l'amour et la fatalité du destin qui sépare les couples. Les quelques pointes d'humour et le ton léger du héro renforcent, par contraste, cette impression.



La seconde partie du recueil, titré Temps Zéro, est une vraie déception. On ne retrouve plus les aspects humains qui font les histoires de Cosmicomics si géniales, et il n'y a même plus de trame narrative. Les nouvelles dans Temps Zéro se perdent dans des circonvolutions à propos de concepts abstraits comme le temps ou la division cellulaire ; le narrateur prétend expliquer des choses simples de manière complexe, sans direction précise ; le discours est décousu, abscons, il n'y a plus rien à ressentir ou à en attendre.

De plus, le style d'écriture n'a rien à voir avec ce qu'il était dans Cosmicomics ; à la place des phrases claires et simples de longueur moyenne, on se retrouve avec des longues phrases qui s'étendent sur un paragraphe ou une page, avec des propositions intriquées les unes dans les autres.

Si vous aimez Cosmicomics pour son côté humain, vous allez détester Temps Zéro et son babillage sans fin pseudoscientifique/vraiment mystique.



La troisième partie et la quatrième partie sont titrées Autres histoires cosmicomiques et Nouvelles histoires cosmicomiques ; elles sont plus courtes et reprennent le style de la première partie, mais cette fois je ne trouve pas que les nouvelles ont autant de puissance évocatrice.



En bref, je ne regrette pas d'avoir lu ce livre, mais c'est juste grâce à la partie Cosmicomics, qui elle seule vaut le coup.

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Cosmicomics

Tous les chapitres de Cosmocomics commencent par un baratin qui ressemble à un extrait sec et insipide d'un manuel de physique,d'astronomie ou de géologie,et décrit comment se sont formés les systèmes solaires à partir de nébuleuses,comment l'univers a démarré d'un point plus petit qu'un atome,comment l'orbite de la lune a changé il y a longtemps,les dinosaures ont disparu ,l'espace s'est courbé,étendu etc.....

Sur chaque sujet,notre narrateur Qfyfq (un palindrome) se lance immédiatement.Son ton particulier,omniscient,allègre,égocentrique,infaillible,ridicule,est reconnaissable,d'une logique exacte,qu'il parle de sa vie comme mollusque,dinosaure,être lunaire avant la couleur,ou de la vie avant qu'il y ait une forme,quand toute la famille vivait sur une nébuleuse,ou sur un point avant l'espace.
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Défis aux labyrinthes 01 : Textes et lectures..

Une compilation de textes critiques et d'essai de l'écrivain du baron perché écrit en italien ou en français donnant un éclairage sur la production littéraire, des thématiques philosophiques ou de société (les beatniks, le comique, le cybernétique...). La partie intitulée "collection de sable" est un catalogue de curiosité décrit par Italo Calvino lui servant de prétexte à la recherche et à la rêverie.

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Défis aux labyrinthes, tome 2 : Textes et lec..

Après six articles réalisant des "propositions pour le prochain millénaire", Italo Calvino nous conseille de relire nos classiques de la littérature et des contes.
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Ermite à Paris - Pages autobriographiques

La petite vingtaine de récits et d'interviews qui viennent d'être rassemblés sous le titre Ermite à Paris nous font découvrir un Calvino peu connu, à travers cet autoportrait involontaire, publié en français près de trente ans après sa disparition.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Ermite à Paris - Pages autobriographiques

Entrer dans l'intimité d'un auteur à l'œuvre complexe et intimidant qui suscite mon admiration depuis toujours, avec la surprise de découvrir que le "conteur fantastique" est un homme simple, les pieds sur terre, de surcroît, intelligent, lucide, humble et à l'humour espiègle, est une aventure formidable; une aventure aussi vécue avec Samuel Beckett ( ref.Beckett de James Knowlson), un autre génie littéraire.



Rassemblés par sa femme Esther Calvino, c'est un recueil de dix-sept textes déjà parus dans divers publications, d'un inédit -le "journal américain"- et d'un récit publié à Lugano à tirage limité -"Ermite à Paris"-.

Le "journal américain", tenu " à l'usage des amis", durant son séjour à NewYork et ses pérégrinations à travers divers États de novembre 1959 à mars 1960, sont les impressions d'un italien à la découverte du Nouveau Monde, mais aussi un témoignage intéressant sur les milieux littéraires, intellectuels, politiques de l'époque en général, où l'on croise beaucoup de noms familiers ,comme Malamud, Roth, Steiger Wallace, Arthur Miller....Tantôt avec une ingénuité feinte, saupoudrée d'humour, tantôt avec un esprit critique aiguisé, il nous rapporte des détails croustillants de ses observations de l'époque, dont l'apogée est une journée en Alabama (" C'est une journée que je n'oublierai pas tant que je vivrais. J'ai vu ce qu'est le racisme, le racisme de masse, accepté comme une des règles fondamentales de la société" p.143).



Dans les autres textes du recueil, dont la majorité des entretiens avec des journalistes italiens, Calvino nous livre d'autres époques de sa vie et façades de sa personnalité et de son univers d'écrivain.

Considéré disciple de Cesare Pavese , il doute de mériter ce titre ( " je me lance dans des chemins risqués, en essayant toujours de m'en sortir par une force " naturelle". Pavese, non; il n'existait pas une "nature" de poète pour lui: tout était une rigoureuse autoconstruction volontaire, il ne bougeait pas en littérature sans être sûr de ce qu'il faisait " p.157).

La lecture de Pinocchio à six ans et celle de l'Amérique de Kafka à vingt-trois ans seront les deux bouts de sa première formation décisif de sa vie d'écrivain , qu'il définit comme "aventure et solitude d'un individu perdu dans l'étendue du monde, allant vers une initiation et une construction intérieure". Plus tard,Edgar Allan Poe sera celui qui l'influencera le plus non seulement dans le domaine américain ,mais en un sens absolu, " parce qu'il s'agit d'un écrivain qui dans les limites du récit, sait tout faire.....un auteur aux possibilités illimitées".



Calvino nous parle aussi de sa jeunesse sous le fascisme et ses idées et activités politiques. Témoignages qui montrent une fois de plus que la cruauté et la bêtise humaines, la manipulation des masses sont de toutes les époques. L'histoire se répète, seul la forme change....le fond reste inchangé.



Issu d'une famille bourgeoise non conformiste originaire de Ligurie, née à Cuba et d'adoption turinois , Calvino est un homme de gauche dont douze années d'appartenance au Parti communiste italien qui se terminera en 1957, suite à l'entrée des chars russes à Budapest en 1956. Calvino, souffrant "d'une névrose géographique", sa quête d'un lieu idéal pour se sentir à l'aise et à sa place, se terminera apparemment à Paris. "La seule ville qui ne fut jamais étrangère à personne", lui permettra de réaliser un projet auquel il aspire depuis toujours : lire et travailler en solitaire.D'où le titre "Ermite à Paris", le texte donnant son titre au recueil.



Un livre que je conseille de lire, indépendamment du fait qu'on connaît ou pas Calvino, qu'on aime ou pas son oeuvre. Témoignage poignant d'un homme, d'un écrivain et d'une époque.





"Le rêve d'être invisible.....Quand je me trouve dans un lieu où je peux avoir l'illusion d'être invisible , je me sens très bien."

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Forêt, racine, labyrinthe

Il y a une forêt, il y a une ville. Une forêt si épaisse, si touf­fue, si laby­rin­thique qu’on n’en voit pas le bout du bout. Il y a une ville qui s’est assé­chée de toute végé­ta­tion : « toutes les plantes, à l’intérieur de la cité, avaient fané, perdu leurs feuilles, puis étaient mortes ».



Il y a un roi fati­gué qui rentre de guerre et qui ne retrouve plus le che­min dans cette forêt où les racines main­te­nant semblent s’élancer vers le ciel et les branches s’enfoncer dans le sol. Il y a une Reine marâtre et un Pre­mier ministre qui veulent pro­fi­ter de l’absence du roi pour s’emparer du pou­voir. Avec leurs hommes de main ils veulent encer­cler ville pour lui tendre un guet-apens mais ils se perdent à leur tour dans la forêt. Il y a une Prin­cesse qui se lan­guit de ne pas voir son père ren­trer et qui, hap­pée par un vieux mûrier dans l’enceinte de la ville, se retrouve comme par enchan­te­ment au cœur de « la forêt libre qui l’attirait tant ». Il y a aussi un jeune homme, comme tou­jours, qui s’inquiète de la dis­pa­ri­tion de la belle jeune fille au bal­con et qui, grim­pant à la cime d’un arbre, se retrouve lui aussi en pleine forêt. Et il y a sur­tout un oiseau extra­or­di­naire qui a « les plumes chan­geantes du fai­san, les grandes ailes puis­santes d’un cor­beau, le long bec d’un pic, et l’aigrette de plumes blanches et noires d’une huppe. » C’est cet oiseau-là qui appa­raît à chaque fois pour égarer ou gui­der les personnages…



Voici le décor : une forêt sans des­sus des­sous en lutte contre une cité for­te­resse qui la refuse. Voilà les per­son­nages : quatre pro­ta­go­nistes avec quatre moti­va­tions dif­fé­rentes qui se perdent dans la forêt, mais chuuut ! Je ne vous raconte pas la fin.



Italo Cal­vino nous pro­pose ici1 un conte pour enfant qui devient grand et pour grand qui rede­vient enfant. On peut y trou­ver plein de thèmes dif­fé­rents der­rière ces oppo­si­tions sys­té­ma­tiques d’éléments sym­bo­liques : nature/culture, vie sauvage/civilisation, langage/littérature, etc.



Voici un point de vue lin­guis­tique de Paul Braf­fort et une défi­ni­tion de la lit­té­ra­ture de Cal­vino qui peuvent appor­ter un autre éclairage :



« Dans Forêt-racine-labyrinthe la forêt toute entière a été le théâtre d’une fan­tas­tique per­mu­ta­tion des racines et des branches. L’auteur féru de lin­guis­tique qu’était Cal­vino n’ignorait pas que les arbres syn­taxiques (Claude Berge les appe­lait “arbo­res­cences”) se repré­sentent gra­phi­que­ment à l’envers, comme dans le conte. »



Paul Braf­fort, Italo Cal­vino sur les sen­tiers du laby­rinthe,

article paru dans le Maga­zine Lit­té­raire n°398, mai 2002



« Nous avons dit que la lit­té­ra­ture est, tout entière, dans le lan­gage, qu’elle n’est que la per­mu­ta­tion d’un ensemble fini d’éléments et de fonc­tions. Mais la ten­sion de la lit­té­ra­ture ne viserait-elle pas sans cesse à échap­per à ce nombre infini ? Ne chercherait-elle pas à dire sans cesse quelque chose qu’elle ne sait pas dire, quelque chose qu’elle ne sait pas, quelque chose qu’on ne peut pas savoir ? Telle chose ne peut pas être sue tant que les mots et les concepts pour l’exprimer et la pen­ser n’ont pas été employés dans cette posi­tion, n’ont pas été dis­po­sés dans cet ordre, dans ce sens. Le com­bat de la lit­té­ra­ture est pré­ci­sé­ment un effort pour dépas­ser les fron­tières du lan­gage ; c’est du bord extrême du dicible que la lit­té­ra­ture se pro­jette ; c’est l’attrait de ce qui est hors du voca­bu­laire qui meut la lit­té­ra­ture. »



Italo Cal­vino, Cyber­né­tique et fan­tasme, texte d’une confé­rence pro­non­cée en 1967,

réédité dans La machine lit­té­ra­ture (Seuil, 1993).

Cita­tion extraite de l’article de Paul Braffort



On peut donc y lire une ten­ta­tive de récon­ci­lier des laby­rinthes a priori incom­pa­tibles, celui de la forêt touf­fue, sens des­sus des­sous, du lan­gage sau­vage qui retourne à ses racines, du babil dirait Barthes, du bar­bare dirait le grec et celui de la ville rec­ti­ligne et poli­cée, du lan­gage plus élaboré, plus civi­lisé régi par la syn­taxe, par la nor­ma­li­sa­tion gram­ma­ti­cale. Entre ces deux deux laby­rinthes qui s’opposent, un oiseau chi­mé­rique, un oiseau inventé et recom­posé par per­mu­ta­tion du lan­gage, un oiseau poé­tique (dans le sens de la créa­tion) fait le lien, perd ou guide celui qui le suit… Cet oiseau n’est-ce pas ce qu’on nomme tout sim­ple­ment la littérature ?



Extrait -



« Ce matin-là, la forêt n’était qu’un enche­vê­tre­ment de sen­tiers et de pen­sées per­plexes. Le roi Clo­do­vée se disait : “Ô ville inat­tei­gnable ! tu m’as appris à mar­cher dans tes rues rec­ti­lignes et lumi­neuses et me voilà condam­ner à che­mi­ner dans des sen­tiers tor­tueux et embrouillés et me voilà per­dus !” Cur­wald [ndlr : le félon], lui, se disait : “Plus le che­min est sinueux, plus il convient à notre plan. Tout ce qu’il faut, c’est trou­ver l’endroit où, à force de se cour­ber et de se recour­ber, ce che­min rejoin­dra la route droite. L’ennui, c’est qu’avec tous les nœuds et tous les car­re­fours, je n’arrive pas à trou­ver le bon.” Ver­veine [ndlr : la prin­cesse], elle, pen­sait : ” Fuir ! Fuir ! Mais pour­quoi ? Plus j’avance dans la forêt, plus j’ai la sen­sa­tion d’être pri­son­nière. J’avais cru que la ville de pierre de taille et la forêt-labyrinthe étaient enne­mies et sépa­rée, sans com­mu­ni­ca­tion pos­sible. Main­te­nant j’ai trouvé le pas­sage, j’ai l’impression qu’elle se res­semblent de plus en plus… Je vou­drais que la sève de la forêt pénètre la ville et ramène la vie entre les pierres. Je vou­drais qu’au milieu de la forêt on puisse aller et venir, se ren­con­trer, être ensemble, comme à l’intérieur d’une ville…”» p.38 – 39
Lien : http://www.labyrinthiques.ne..
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Forêt, racine, labyrinthe

Intervention en faveur d'Italo..(s'il en était besoin, car Babelio prend une mauvaise pente !)



Conte qui raconte le retour de guerre d'un roi et de son armée vers son château où l'attend la princesse Verveine qui n'est autre que sa fille qui commence à s'impatienter. Pensez-vous ? elle attend son père depuis le petit matin, et après une guerre qui n'est pas de la veille, nous font dire certains indices implicitement.. On peut comprendre son anxiété, le vide s'est creusé en l'absence du roi.



Ils ont à traverser une forêt assez dense et en principe ne devraient pas tarder à voir apparaître les hautes tours de la ville d'un point avantageux. Les sujets sont fatigués et pressés de rentrer, mais le soir arrive et cette forêt des racines aux branches des arbres leur semble de plus en plus impénétrable dans des proportions qu'ils ne soupçonnaient pas ! La nature aurait-elle poussé à ce point pendant leur absence ? À plusieurs reprises, ils pensent voir telle partie du royaume, jusqu'à le voir très près, mais ce sont des hallucinations ..



À la lecture de ce conte qui se déploie à l'allure d'un tgv, mu par un souffle profond, la question, on peut peut-être se l'inventer comme je l'ai lue ici, mais elle n'est aucunement à qui s'adresse ce magnifique écrit qui me rappelle du coup des auteurs de Bd des années 1980, je pense à Makyo, à Marcelé et d'autres (*), français dont on ne parle pas assez du reste et qui méritent amplement la palme de très grands artistes. Il y a peut-être influence : à vérifier ? …. Bon ! il n'y a pas de marais et de nuées vespérales, on ne verrait pas un labyrinthe dans un marais - entre nous ! Non, ce n'est pas une question que je me pose, mais plutôt une réflexion qui m'anime : ce joyau italien n'a pas d'âge et son décor ma foi se révèle au fur et à mesure que le mystère né de la traversée de la forêt enfle. Pour situer - si ça peut aider ? - allez, d'un très vieux moyen-âge à la naissance de la bicyclette (non comprise). Et puis aux mômes, désolé. Mais il faut quand même traduire, les illustrations ne font que mystifier le propos.



Il y a des auteurs comme ça qui ne définissent pas trop le temps, pas comme Bourgeon en fait qui s'est astreint à un travail d'historien éreintant, je pense que c'est pour mieux s'en évader, comme Stendhal avec le Coffre et le Revenant, qui part en Espagne pêcher une affaire ou nulle part ailleurs il aurait pu planter son chevalet.. Dante avait tout sur place pour décrire ses dangereux périples ..



Ici, ça donne le sentiment in fine que le mot liberté est banni du vocabulaire. On part sur autre chose, un délire en quelque sorte où la moindre anicroche peut vous arracher le coeur. Bien sûr la guerre qui est derrière a fait un vainqueur et un vaincu, mais on ne sait pas trop, la liberté n'est pas le propos, elle est derrière.



Quand un conte est conte, où s'arrêter dans la critique au risque de priver le lecteur de sa lecture, mais avec moi ça ne risque pas, ; aussi, je ne résiste pas au plaisir toutefois d'en dire un peu plus, non sans avoir dit ceci : un conte n'est pas un récit, sa variété est infinie en fait, c'est selon l'intention de l'auteur qui nous désarme bien souvent comme ici ou tout semble s'acheminer vers une fin improbable qui n'est donc pas réelle mais purement imaginative, et que les hommes se rassurent, la femme n'est jamais très loin.



Bon alors,



(*) Madame la Ministre , qu'attendez- vous pour leur rendre un vibrant hommage, avant qu'ils ne meurent : ils ont dans les 80 balais maintenant, après il n'y aura que les vers pour leur rendre visite !
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Forêt, racine, labyrinthe

Italo Calvino a souvent donné dans la littérature dite enfantine, avec des bonheurs divers et pas forcément très fréquents.

Ici, c'est encore le cas et je vais essayer d'exposer mes raisons :

Tout d'abord, il y a un décalage que je juge trop grand entre le public qui semble visé (illustrations, format de type "Roi-Reine-Princesse", etc.) c'est-à-dire plutôt des enfants de l'école primaire, avec la difficulté du langage (vocabulaire, tournure des paragraphes, ellipses) et la difficulté d'interprétation (conte philosophique, pas évident à rendre parlant).

En ce sens, ce texte est accessible, au mieux, pour des collégiens, et encore, pas n'importe quels collégiens, or, ces collégiens, avec un niveau de langage et d'abstraction suffisants, lorsqu'ils sont au collège ne lisent plus des histoires de princesses.

Donc, selon moi, il y a plantage sur le public et/ou sur la forme de l'écrit. Le propos n'est pourtant pas inintéressant et donne sujet à réflexions.

Le texte étant très allégorique, peut-être que des gens qui auront passé plus de temps que moi à réfléchir dessus trouveront mon interprétation délirante, mais, en l'état actuel de mes connaissances de cette œuvre, je pense que l'on peut d'abord y voir une réflexion sur le contraste Ville-Nature. La ville étant jugée trop minérale et la nature pas assez accessible aux non-initiés. Ce contraste, ces deux mondes qui semblent s'opposer et s'exclure sont pourtant de même nature, deux facettes d'une même monnaie, à savoir le labyrinthe. Le lacis et l'enchevêtrement des rues n'a d'égal que celui des branches et des plantes lianescentes. À bien y regarder, il est parfois difficile de distinguer qui sont les branches, qui sont les racines (amis baobabs, c'est à vous que je dédie cette phrase).

Le propos de l'auteur semble donc : faire entrer les arbres dans la ville et la ville dans les arbres.

Mais un bien étrange messager dirige les êtres privés de repères dans les méandres impénétrables de tous ordres, un oiseau phénix à cri de klaxon. Ça je vous laisse le soin de décider de qui il s'agit car j'ai déjà beaucoup parlé et d'ailleurs, ceci n'est qu'un avis, noyé dans les entrelacs impénétrables des préférences humaines, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'oncle aquatique et autres récits cosmicomics

Quatre nouvelles, comment dire, étranges, déconcertantes.

Une expédition de récupération de matériaux sur la lune (qui n'est distante que de la Terre de quelques mètres) va se transformer en cauchemar quand la lune s'éloigne tout à coup de la terre. Un oncle qui veut continuer de vivre dans l'eau alors que tout le monde est passé à la vie sur Terre mais qui fait figure de vieux sage. Le dernier des dinosaures qui s'intègre mal au monde des Nouveaux et pour finir la lune fait appel à de jeunes filles nues pour la sauver du monde qui a décidé de l'éliminer. Et des histoires d'amour malheureuses.
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L'oncle aquatique et autres récits cosmicomics

Petit recueil savoureux de quatre nouvelles extraites du recueil "Cosmicomics. Récits anciens et nouveaux" qui font voyager le lecteur aussi bien dans des temps immémoriaux où l'espèce humaine n'existait pas encore (ère du Carbonifère, du Jurassique, etc.) que dans une modernité revisitée sur laquelle l'auteur porte un regard plein d'humour mais subtilement critique.



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La grande Bonace des Antilles

Ce recueil est paru en 1995 soit dix ans après la mort d’Italo Calvino (1923-1985). Il réunit ses premiers apologues et récits (1943-1958) marqués par la guerre et les préoccupations politiques de l’après-guerre avec des récits et dialogues plus tardifs (1968-1984) traitant des transformations du monde moderne.

Les trente-quatre textes sont extrêmement variés et plus ou moins faciles à comprendre. Quelquefois j’ai passé mon chemin, surtout quand il s’agissait de récits à clé. Je ne connais pas suffisamment la vie politique italienne de l’après-guerre. Dans la deuxième partie, certains textes expérimentaux sont également assez obscurs. Mais, le plus souvent j’ai été sous le charme. Calvino est un conteur hors-pair. Il a l’art de faire jaillir en quelques mots une situation totalement absurde. Puis de vous embarquer dans un récit ludique et parfaitement construit jusqu’à la chute qui donne matière à réflexion.

Dans la première partie j’ai beaucoup aimé :

-L’homme qui appelait Thérèse : un passant se joint à l’amoureux et appelle aussi Thérèse, puis un autre, puis…Très drôle.

-Contentement passe richesse (voir citation)

-Conscience : Luigi est volontaire pour faire la guerre car il veut tuer un certain Alberto. A la guerre il tue des dizaines d’ennemis sans avoir d’ennuis et …

-Le mouton noir (voir citation)

-Le régiment égaré : un régiment entre dans une ville et à la suite d’un enchaînement d’ordres stupides s’égare dans la cour d’un immeuble.

-Des regards ennemis : ce sont ceux des Allemands qui reviendraient…et qui reviennent dans les yeux d’une mère.

-Un général dans la bibliothèque : une commission d’enquête militaire est chargée de censurer les livres d’une bibliothèque. La lecture des ouvrages leur apprend la diversité des opinions et rend le rapport de la commission impossible.

-La grande bonace des Antilles : allégorie de l’immobilisme politique.

-Une belle journée de mars : la foule indifférente se réchauffe au soleil pendant que Brutus et les conjurés assassinent César.

Dans la seconde partie (1968-1984) je retiens surtout :

-La décapitation des chefs : un peuple a choisi démocratiquement de décapiter périodiquement ses chefs. Dialogue très drôle entre autochtones patelins et touriste étonné.

-L’homme de Néandertal : interview bidonnante depuis la pittoresque vallée du Néander près de Dusseldorf de M.Néander.

-Henry Ford : interview impossible et ironique.

-Les Mémoires de Casanova (Calvino voulait en faire un roman) : catalogue très drôle de débuts de situations amoureuses.

-La dernière chaîne : apologue qui traite de l’abrutissement devant la télé.

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La grande Bonace des Antilles

Sur un ordre idiot d'un général, un régiment qui défile s'égare dans la cour intérieure d'un immeuble... Une ville entière peuplée de voleurs se retrouve déstabilisée quand un seul habitant honnête ne participe pas au système et finit par mourir de faim... Un pays étrange où, à chaque fin de mandat, les chefs sont décapités le plus légalement du monde... Une foule qui se réchauffe au soleil pendant que les conjurés amis de Brutus s'apprêtent à assassiner César... Des journalistes interviewant l'homme de Neandertal, l'empereur Montezuma ou Henry Ford... Une poule qui crée bien du tracas aux services de sécurité d'une usine... Des militaires qui traquent les écrits sulfureux dans une bibliothèque...

« La grande bonace des Antilles » est un recueil de textes, articles, nouvelles ou extraits de romans inachevés pris sur l'ensemble de la carrière d'Italo Calvino, c'est à dire de 1943 à 1984. Comme toujours dans ce genre de livre, le lecteur y trouvera un peu de tout autant dans les styles (Calvino les ayant à peu près tous abordés, de la nouvelle à la fable, de l'apologue au récit et du conte au roman sans oublier les dialogues théâtralisés) que dans les registres : le social, côtoyant l'absurde, le poétique ou l'allégorique s'alliant au réaliste et le politique au moraliste. Bien évidemment, il en est de même de l'intérêt de cette compilation. Certains textes sont de véritables petits chefs d'oeuvre (comme « Le mouton noir », « Le régiment égaré », « Un général dans la bibliothèque », « La décapitation des chefs » ou « La dernière chaîne », fable cruelle contre l'abrutissement télévisuel) alors que d'autres sont d'un intérêt moindre comme « La glaciation » qui fut un texte de commande pour un compagnie japonaise de spiritueux et qui garde un petit relent... alimentaire. Ce livre intéressera néanmoins les véritables fans du grand auteur italien.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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La Journée d'un scrutateur

Calvino nous propose de vivre la journée d’un scrutateur italien. Proche de la gauche (à l’instar de Calvino) il doit tenir un bureau électoral situé dans un hospice catholique. Il assiste donc au défilé des infirmes et des fous, qui votent sous la tutelle attentive des religieuses (proches de la droite). Devant cette manipulation grossière du vote et la désaffection des membres de son parti, le scrutateur remet en question l’acte électoral et s’interroge sur l’importance du suffrage universel. Le lecteur est également conduit sur ces interrogations, la mise en scène très visuelle et caricaturale permettant une allégorie des élections pour l’ensemble de la société. Au fond, à quoi rime ce défilé d’électeurs ? Qu’expriment-ils réellement en déposant leur bulletin dans l’urne ? L’atmosphère du texte s’assombrit au fur et à mesure, donnant une teinte assez pessimiste. Les élections semblent détournées de leur vocation originelle et l’idéal démocratique dénaturé. Néanmoins, cette constatation de l’auteur est circonstancielle, ouvrant la possibilité d’une évolution. Les pistes suggérées dans cette nouvelle peuvent se comprendre si nous raisonnons a contrario des scènes où le vote est dénaturé. Le texte invite finalement l’électeur à réfléchir sur ce qui le manipule ou sur les œillères qui peuvent l’empêcher de voter de manière libre et éclairée. Ainsi, ce texte peut se lire comme un appel à la lucidité, à l’intelligence et au refus de voter sous l’influence de la peur ou de fausses informations... (Plus sur Instagram)
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La Journée d'un scrutateur

Ce petit livre très court est né d’un fait à la limite de l’anecdote, point de départ d’une réflexion sur la démocratie, et de questions qui restent d’actualité.

L’histoire se passe dans l’Italie des années 20 : Amerigo, communiste, occupe la fonction de scrutateur dans le bureau de vote du quartier Cottolengo à Turin. Ce quartier est une sorte de ville hospice ou asile. Les électeurs sont infirmes, grabataires, voire déficients mentaux. Au vu de ce spectacle, Amerigo a bien peur que le résultat des élections ne soit joué d’avance, car « on votait ici pour un seul parti : tout le monde le savait n'est-ce pas ? Alors à quoi bon s'agiter et compliquer les choses ? », pour le parti démocrate-chrétien a priori, les électeurs votant la main guidée par le personnel de l’institution religieuse. Italo Calvino fait de ces faits bruts une matière riche. Le défilé d’électeurs est le reflet d’une Italie profonde, le scrutateur se doit de refuser le vote de ceux qui sont de toute évidence inaptes à voter et manipulés, mais en même temps, quand il refuse un vote, il a l’impression d’aller à l’encontre de ses idées, il vit une espèce de crise morale, se posant des questions sur le sens de l’humanité. Le constat est assez désespérant par rapport aux magouilles des hommes politiques et à la bêtise humaine, mais les questions sur les limites de la démocratie sont saines et pertinentes, même si sans réponse.

Chapeau pour avoir réussi à concentrer tout cela dans un roman d'une centaine de pages !
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La Journée d'un scrutateur

Voici un récit qui peut sembler déroutant dans la bibliographie d'Italo Calvino et qui pourtant ne cesse de scruter les fonctionnements humains. Ce livre résonne bien avec les problématiques électorales actuelles. Qui a le droit de voter. Vaste question. Livre écrit hier ? Loin de là. C'est la force de l'artiste et de son oeuvre. Au détour du contenu certains dialogues et situations sont très savoureux.
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La Journée d'un scrutateur

Le moins mauvais des systèmes politiques : Calvino en illustrateur de Churchill



Avec le court récit de la longue journée du scrutateur Amerigo Ormea, chargé de surveiller un bureau de vote situé au sein du quartier Cottolengo à Turin, en fait une sorte de ville hospice, nous sommes invités à nous interroger sur le fonctionnement de la démocratie.



Si dans un premier élan Amerigo tombe sous le charme d’une démocratie qui n’a pas honte d’afficher le plus grand dénuement et qui semble capable de rassembler ceux que l’on pouvait penser irréconciliables ( à l’image du groupe de scrutateurs officiant de concert), le doute devient rapidement son plus sûr

compagnon.

Devant le spectacle offert, bien malgré eux, par des électeurs infirmes et parfois déficients mentalement, le communiste Amerigo craint que les jeux ne soient faits d’avance : « On votait ici pour un seul parti : tout le monde le savait n’est-ce pas ? Alors à quoi bon s’agiter et compliquer les choses ? » ( dans l’esprit d’Amerigo il s’agit du parti démocrate-chrétien italien …).



C’est dans ces conditions que notre scrutateur occasionnel se penche sur la notion d’humanité pour déterminer si certains électeurs du quartier sont bien en mesure de voter en citoyens libres et éclairés. Ce faisant, il ne peut éviter de soulever le paradoxe d’une démocratie, par essence égalitaire, qui pour assurer son fonctionnement et asseoir sa légitimité, doit écarter certains de ses membres ( les gouvernés) lors de la désignation de ses représentants ( les gouvernants).



Certains pourront expliquer ce paradoxe par le fait que la démocratie bénéficie à tous, y compris ( surtout ? ) à ceux qui sont les plus faibles. Cela en effet paraît justifier des pratiques discriminatoires au moment du vote entre ceux qui peuvent faire un choix et ceux qui ne le peuvent pas. La journée d’un scrutateur renvoie également à la question plus générale du citoyen et du « bagage » dont a besoin celui qui vote. Thomas Jefferson, l’un des pères de la démocratie américaine, voyait dans l’école le plus sûr moyen de fabriquer de bons citoyens. Il affirmait également que tous les hommes ne sont pas égaux en intelligence : comme quoi rien n’est simple quand on réfléchit sur la démocratie !
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La Journée d'un scrutateur

Calvino, scrutateur de l'homme en démocratie.



Dans ce récit romancé, Italo Calvino nous fait part d'une expérience vécue en tant qu'assistant à un bureau de vote dans l'Italie des années 50. Résumé de cette façon laconique, La Journée d'un scrutateur pourrait très vite apparaître comme au mieux un livre de témoignage anecdotique mais l'auteur est un véritable écrivain et il transforme rapidement cette matière brute en une réflexion très inspirée et très féconde. Grâce à des digressions suscitées par ce défilé d'électeurs, véritable concentré d'une "Italie profonde et cachée" , il s'interroge toujours avec pertinence et sans aucune certitude sur les limites de la démocratie et la place de l'homme dans la société et au-delà. Il se permet même le luxe de remettre en perspective (succinctement, cependant!) des débats du début du 20ème siècle sur ces problématiques. Réussir à faire tenir toute cette richesse dans un livre d'une centaine de pages et à partir d'un fait divers de sa vie personnelle: Bravo l'artiste!
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