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Critiques de Italo Svevo (96)
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La Conscience de Zeno

« Je n'étais pas tranquille. Peut-être est-ce mon destin de ne l'être jamais. »



Roman psychologique, précurseur de Proust, James Joyce à l'italienne, la messe est dite sur l'ouvrage le plus célèbre du triestin Italo Svevo.

L'auteur italien eut une carrière littéraire dilettante, commençant très jeune avant de vivre une vie professionnelle plus chiant.. pardon “classique” et de revenir à ses premiers amours littéraires.



« La conscience de Zeno » paru en 1923, et pour partie autobiographique, prend la forme d'un long journal rédigé par un patient à l'attention de son psychanalyste.

Nous devons à Mario Fusco le texte intégral, la première édition en français paru tronquée car jugée (à grand tort) trop verbeuse, au grand dam du vieux Svevo, toutefois ému par une renommée tardive. Aujourd'hui encore celui qui a sa statue à Trieste divise la critique italienne sur la qualité de son style dont le lecteur français ne peut apprécier certaines nuances, notamment l'emploi d'un patois régional à certains passages, complexité linguistique d'autant plus compréhensible que Trieste fut une ville aux multiples influences, entre les Balkans, l'Italie et l'Empire Autrichien.



« Je suis au moins sûr d'une chose ; écrire est le meilleur moyen de rendre de l'importance à un passé qui ne fait plus souffrir et de se débarrasser plus vite d'un présent qui fait horreur. » Pour résumer : Zeno est l'archétype et la quintessence de la littérature « blanche ». Cette littérature inclassable, classique s'il en est (mais toujours novatrice pour son époque), une littérature psychologique, du sentiment, de l'introspection où le monde intérieur se dévoile, avec ses sommets et ses grottes souterraines, ses ombres et ses mondanités, ses drôleries et ses drames.



« C'est un malaise auquel je suis sujet : les poumons fonctionnent bien, mais je m'applique à respirer, je compte mes respirations, l'une après l'autre, et il me semble que si mon attention se relâchait, ce serait aussitôt pour moi la mort par étouffement. » Dans cet ouvrage, Zeno tour à tour s'amuse et se désespère de son hypochondrie, de son tabagisme abusif (des pages sur la cigarette absolument géniales), se prête à toutes sortes de commentaires sur l'expérience humaine jusqu'aux couleurs que reflètent nos paupières closes après que nos yeux se soient éblouis au soleil.



« Bien que je ne fusse pas orateur, j'avais la maladie de la parole. » le lecteur, et c'est un luxe d'humour, de complicité et de nuance, peut découvrir à la fois les évènements eux-mêmes mais aussi le regard luxuriant et a posteriori de Zeno sur son père, les quiproquos nombreux qui conduisirent à son mariage avec l'une des filles Malfenti, sa relation avec les femmes et son aventure commerciale avec son beau-frère.



C'est cette distance de l'âge, entremêlée de souvenirs, qui apporte son épaisseur de champ au récit. C'est aussi ce qui rattache incontestablement Italo Svevo au courant des auteurs du « flux de conscience » au nombre desquels le français Marcel Proust, l'irlandais James Joyce, grand ami et promoteur de Svevo ou encore la britannique Virginia Woolf.

Puis il y a une autre distance, celle du lecteur d'aujourd'hui, qui découvre la Belle époque bourgeoise cristallisée dans cet ouvrage, avec ces facéties, sa culture, ses moeurs, ses croyances et ses préjugés de genre heureusement dépassés de nos jours.



« Il faut être bon. Tout est là. Qu'importe le reste. » Au sortir de cette saga familiale, Zeno ne peut que faire partie de la famille du lecteur, constituée des grands personnages qui ont marqué ses lectures. Car en dépit de toutes les tares dont il s'affuble, son honnête exercice d'introspection nous amène à le voir comme un véritable pilier sur qui son entourage peut compter.



Je n'ai pas été avare de superlatifs mais nul doute qu'un latin comme Zeno ne l'était pas non plus… et vous, qu'en pensez-vous ?
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Les Théories du Comte Alberto

Encore une petite pièce insoupçonnée et insoupçonnable d'Italo Svevo et qui présente de l'intérêt. J'avais toujours cru que cet auteur était venu à l'écriture sur le tard, en dilettante, et qu'on lui devait essentiellement un seul roman, La Conscience de Zeno.



Or, il n'en est rien, car certes son œuvre la plus célèbre arrive dans les années 1920 alors qu'il a passé la soixantaine, mais il écrivait depuis bien longtemps, et pas seulement des romans. D'ailleurs, quand on y réfléchit, quel auteur pourrait subitement se révéler à soixante ans s'il n'a pas été auteur depuis toujours ? Le mythe d'Hokusai, en littérature, j'y crois peu.



Voici donc une petite pièce en deux actes d'un jeune homme italien d'origine allemande, qui choisit comme nom de plume Italo Svevo, littéralement, " Italien souabe " et qui nous livre dès 1886 une réflexion pénétrante sur l'eugénisme et sur la science appliquée aux affaires humaines.



C'est une critique très vive des théories génétiques et héréditaires, ne l'oublions pas, — dès 1886 ! —, c'est-à-dire à une époque où elles étaient à peine naissantes et encore séduisantes pour le plus grand nombre. Connaissant l'identité juive de Svevo, on ne peut qu'applaudir ce formidable talent de visionnaire et d'anticipation face à des méthodes sélectives de l'humain qui prendront leur plein essor sous le Nazisme allemand.



L'auteur nous offre également matière à réflexions sur la science elle-même et sur ceux qui la font et qui s'y adonnent. Selon lui, il y a autant de " croyance " dans la science et autant d’irrationalité que dans n'importe quelle foi ou conviction politique. Qu'avons-nous à craindre quand la science devient une religion et qu'elle nous dicte nos choix sociaux ?



Ici, le décor est minimaliste : une jeune fille à marier, un jeune homme intéressé par la précédente, un tuteur, une mère et une éminence scientifique. Le jeune homme, vous l'avez reconnu, c'est évidemment Alberto, un représentant de la noblesse (à cette époque, cela voulait encore dire un peu quelque chose, socialement parlant).



Alberto a rencontré Anna et en est de suite devenu dingue. Il est par ailleurs scientifique en dilettante et particulièrement au fait des théories de l'hérédité. Il a déjà éconduit une demoiselle parce qu'il avait appris que sa mère avait eu un amant autrefois. Il fait donc sa petite enquête réglementaire sur les antécédents familiaux d'Anna.



Il s'avère que par chance, celle-ci est la pupille de Lorenzo, un bon ami à lui. Il peut donc sans crainte s'en référer à lui pour savoir à quoi s'en tenir à propos d'Anna et de son aptitude à faire une épouse convenable selon ses critères scientifiques.



Je ne souhaite pas vous en dire plus mais je tiens à préciser que je décèle beaucoup de malice et de profondeur dans cette pièce, a priori, anodine. Comment l'on peut faire des entorses à ses convictions lorsque nos intérêts semblent contradictoires, comment l'on peut interpréter telle ou telle information selon le cadre conceptuel dans lequel on essaie de les faire entrer absolument, même si elles n'y rentreront jamais, même à coups de maillet, etc., etc. Tout ce qui est et reste plus que jamais d'actualité dans notre façon de percevoir le monde.



En somme, une petite pièce qui commence mollement mais qui monte en intensité et en intérêt au fur et à mesure et qui nous propose une fin intéressante. Bref, encore une bonne surprise signée Italo Svevo. Mais ceci n'est que ma théorie, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Les Colères de Giuliano

Un obus ! Un météore ! Ah, si seulement je m’étais attendue à cela ! Une minuscule pièce en un acte d’Italo Svevo. Je me suis dit, pourquoi pas ? Et bing ! Un p’tit chef-d’œuvre de derrière les fagots.



On ne croirait pas comme ça, un titre qui ne m’évoquait rien, Les Colères De Giuliano, à peine une quarantaine de pages, une notoriété proche du néant et pourtant — pourtant ! — j’y ai trouvé un véritable petit trésor de psychologie, de sociologie et de questionnement sur la position de la femme dans l’Italie de la fin XIXème. Du grand art, croyez-moi ou je ne m’y connais plus ! À tout le moins, une vraie orfèvrerie d’art dramatique qui aura su me plaire et me séduire au-delà de toute espérance.



Italo Svevo, avec l’intelligence qui lui est coutumière, sait nous peindre un petit drame domestique, une altercation qui n’aurait presque l’air de rien tant elle paraît banale. Une simple dispute entre Lucia et son mari Giuliano comme en connaissent tant et tant d’autres.



L’ennui, c’est que cette querelle est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de Lucia. Elle n’en peut plus des débordements de son Giuliano. Depuis deux ans qu’ils sont mariés, elle a cru que ceux-ci s’espaceraient, diminueraient ou qu’elle s’y habituerait tout simplement, or il n’en est rien. C’est décidé, elle s’en retourne chez sa mère et laissera désormais Giuliano à ses colères. Elle retrouvera sa place d’institutrice et son indépendance financière qu’elle avait laissées deux ans auparavant pour s’installer en ménage avec Giuliano.



Et c’est là que la subtile écriture de Svevo est réellement exceptionnelle. Il arrive, sans caricature, sans parti pris ou du moins avec un minimum de parti pris, à nous faire adopter les différents points de vue des membres de la famille de Lucia. Tout d’abord, la mère, Giovanna, qui se montre compréhensive vis-à-vis de sa fille mais qui aimerait bien comprendre car, de toute façon, dans l’Italie de cette époque-là, on ne quitte pas son mari pour si peu. Se faire traiter de poisson pourri et ramasser deux ou trois trempes de temps en temps, quoi de plus normal pour une épouse honnête ? C’est dans l’ordre des choses, n’est-ce pas ?



Et petit à petit, tout ceci se complique de considérations bien plus souterraines et sournoises encore. Car Matilde, la sœur de Lucia, avec son mari doit une certaine somme d’argent à Giuliano. Et puis il y a aussi Romolo, le petit frère, qui est embauché comme jeune apprenti par Giuliano. Emilio, le frère de Lucia qui pronostique de grands malheurs tout en lui spécifiant bien : « Tu fais ce que tu veux, Lucia, mais… » Mais en vrai ça n’arrange personne cette situation. Et de là, je vous laisse imaginer la sourde pression que la famille exerce sur la fuyarde pour tenter de la faire réintégrer le foyer familial en se donnant l’air d’être de son côté et de s’indigner des manières rustres de Giuliano.



Puis, c’est au tour de Giuliano lui-même de venir exposer son point de vue et là, Italo Svevo parvient magistralement à nous faire vaciller car d’une situation qu’on croyait bien connaître, en nous en donnant seulement un éclairage depuis un autre point de vue, il parvient à nous en faire douter. Je ne vous en dis pas plus, si ce n’est que j’ai adoré (mais ça, j’imagine, vous l’aviez bien perçu !).



Bref, quarante pages d’une étonnante qualité, avec une fin surprenante et qui en suggère mille fois plus encore qu’elle n’en dit. J’aime quand je rencontre des œuvres qui me donnent à voir et à réfléchir sur un lieu ou sur une époque donnée. Ici c’est d’Italie fin XIXème qu’il est question, d’Italie des toutes petites villes s’entend. Selon moi, un joyau à ne pas manquer, mais ce n’est bien sûr qu’un avis, un seul petit avis, qui sans autres éclairages depuis d’autres points de vue, restera, pour toujours et à jamais, très peu de chose.
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Théâtre complet I : Les Colères de Giuliano, Le..

Voici le premier tome du théâtre complet d'Italo Svevo, une œuvre méconnue et qui mérite pourtant le détour. Un grand merci à Ginette Herry qui par cette traduction directe des manuscrits de l'auteur nous permet d'accéder à la genèse et à la richesse d'une production beaucoup plus vaste qu'il y paraît et ce pour un auteur, beaucoup plus incontournable qu'il y paraît.



Le fait que plus de cent ans après qu'elles aient été écrites ces pièces soient enfin traduites prouve, à l'image d'un Pessoa, que voilà un auteur qui restera pour des siècles, même si sa production est restée, dans l'ensemble, assez peu célébrée de son vivant.



1. Les Colères De Giuliano

On commence par un météore ! Ah, si seulement je m’étais attendue à cela ! Une minuscule pièce en un acte. Je me suis dit, pourquoi pas ? Et bing ! Un p’tit chef-d’œuvre de derrière les fagots.



On ne croirait pas comme ça, un titre qui ne m’évoquait rien, à peine une quarantaine de pages, une notoriété proche du néant et pourtant — pourtant ! — j’y ai trouvé un véritable petit trésor de psychologie, de sociologie et de questionnement sur la position de la femme dans l’Italie de la fin XIXème. Du grand art, croyez-moi ou je ne m’y connais plus ! À tout le moins, une vraie orfèvrerie d’art dramatique qui aura su me plaire et me séduire au-delà de toute espérance.



Italo Svevo, avec l’intelligence qui lui est coutumière, sait nous peindre un petit drame domestique, une altercation qui n’aurait presque l’air de rien tant elle paraît banale. Une simple dispute entre Lucia et son mari Giuliano comme en connaissent tant et tant d’autres.



L’ennui, c’est que cette querelle est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de Lucia. Elle n’en peut plus des débordements de son Giuliano. Depuis deux ans qu’ils sont mariés, elle a cru que ceux-ci s’espaceraient, diminueraient ou qu’elle s’y habituerait tout simplement, or il n’en est rien. C’est décidé, elle s’en retourne chez sa mère et laissera désormais Giuliano à ses colères. Elle retrouvera sa place d’institutrice et son indépendance financière qu’elle avait laissées deux ans auparavant pour s’installer en ménage avec Giuliano.



Et c’est là que la subtile écriture de Svevo est réellement exceptionnelle. Il arrive, sans caricature, sans parti pris ou du moins avec un minimum de parti pris, à nous faire adopter les différents points de vue des membres de la famille de Lucia. Tout d’abord, la mère, Giovanna, qui se montre compréhensive vis-à-vis de sa fille mais qui aimerait bien comprendre car, de toute façon, dans l’Italie de cette époque-là, on ne quitte pas son mari pour si peu. Se faire traiter de poisson pourri et ramasser deux ou trois trempes de temps en temps, quoi de plus normal pour une épouse honnête ? C’est dans l’ordre des choses, n’est-ce pas ?



Et petit à petit, tout ceci se complique de considérations bien plus souterraines et sournoises encore. Car Matilde, la sœur de Lucia, avec son mari doit une certaine somme d’argent à Giuliano. Et puis il y a aussi Romolo, le petit frère, qui est embauché comme jeune apprenti par Giuliano. Emilio, le frère de Lucia qui pronostique de grands malheurs tout en lui spécifiant bien : « Tu fais ce que tu veux, Lucia, mais… » Mais en vrai ça n’arrange personne cette situation. Et de là, je vous laisse imaginer la sourde pression que la famille exerce sur la fuyarde pour tenter de la faire réintégrer le foyer familial en se donnant l’air d’être de son côté et de s’indigner des manières rustres de Giuliano.



Puis, c’est au tour de Giuliano lui-même de venir exposer son point de vue et là, Italo Svevo parvient magistralement à nous faire vaciller car d’une situation qu’on croyait bien connaître, en nous en donnant seulement un éclairage depuis un autre point de vue, il parvient à nous en faire douter. Je ne vous en dis pas plus, si ce n’est que j’ai adoré (mais ça, j’imagine, vous l’aviez bien perçu !).



Bref, quarante pages d’une étonnante qualité, avec une fin surprenante et qui en suggère mille fois plus encore qu’elle n’en dit. J’aime quand je rencontre des œuvres qui me donnent à voir et à réfléchir sur un lieu ou sur une époque donnée. Ici c’est d’Italie fin XIXème qu’il est question, d’Italie des toutes petites villes s’entend. Selon moi, un joyau à ne pas manquer.



2. Les Théories Du Comte Alberto

Encore une petite pièce insoupçonnée et insoupçonnable et qui présente de l'intérêt. J'avais toujours cru que cet auteur était venu à l'écriture sur le tard, en dilettante, et qu'on lui devait essentiellement un seul roman, La Conscience de Zeno.



Or, il n'en est rien, car certes son œuvre la plus célèbre arrive dans les années 1920 alors qu'il a passé la soixantaine, mais il écrivait depuis bien longtemps, et pas seulement des romans. D'ailleurs, quand on y réfléchit, quel auteur pourrait subitement se révéler à soixante ans s'il n'a pas été auteur depuis toujours ? Le mythe d'Hokusai, en littérature, j'y crois peu.



Voici donc une petite pièce en deux actes d'un jeune homme italien d'origine allemande, qui choisit comme nom de plume Italo Svevo, littéralement, " Italien souabe " et qui nous livre dès 1886 une réflexion pénétrante sur l'eugénisme et sur la science appliquée aux affaires humaines.



C'est une critique très vive des théories génétiques et héréditaires, ne l'oublions pas, — dès 1886 ! —, c'est-à-dire à une époque où elles étaient à peine naissantes et encore séduisantes pour le plus grand nombre. Connaissant l'identité juive de Svevo, on ne peut qu'applaudir ce formidable talent de visionnaire et d'anticipation face à des méthodes sélectives de l'humain qui prendront leur plein essor sous le Nazisme allemand.



L'auteur nous offre également matière à réflexions sur la science elle-même et sur ceux qui la font et qui s'y adonnent. Selon lui, il y a autant de " croyance " dans la science et autant d’irrationalité que dans n'importe quelle foi ou conviction politique. Qu'avons-nous à craindre quand la science devient une religion et qu'elle nous dicte nos choix sociaux ?



Ici, le décor est minimaliste : une jeune fille à marier, un jeune homme intéressé par la précédente, un tuteur, une mère et une éminence scientifique. Le jeune homme, vous l'avez reconnu, c'est évidemment Alberto, un représentant de la noblesse (à cette époque, cela voulait encore dire un peu quelque chose, socialement parlant).



Alberto a rencontré Anna et en est de suite devenu dingue. Il est par ailleurs scientifique en dilettante et particulièrement au fait des théories de l'hérédité. Il a déjà éconduit une demoiselle parce qu'il avait appris que sa mère avait eu un amant autrefois. Il fait donc sa petite enquête réglementaire sur les antécédents familiaux d'Anna.



Il s'avère que par chance, celle-ci est la pupille de Lorenzo, un bon ami à lui. Il peut donc sans crainte s'en référer à lui pour savoir à quoi s'en tenir à propos d'Anna et de son aptitude à faire une épouse convenable selon ses critères scientifiques.



Je ne souhaite pas vous en dire plus mais je tiens à préciser que je décèle beaucoup de malice et de profondeur dans cette pièce, a priori, anodine. Comment l'on peut faire des entorses à ses convictions lorsque nos intérêts semblent contradictoires, comment l'on peut interpréter telle ou telle information selon le cadre conceptuel dans lequel on essaie de les faire entrer absolument, même si elles n'y rentreront jamais, même à coups de maillet, etc., etc. Tout ce qui est et reste plus que jamais d'actualité dans notre façon de percevoir le monde.



En somme, une petite pièce qui commence mollement mais qui monte en intensité et en intérêt au fur et à mesure et qui nous propose une fin intéressante.



3. Le Voleur Dans La Maison

C'est une pièce beaucoup plus longue que les deux précédentes, un drame en quatre actes jamais publié du vivant de Svevo comme un certain nombre d'autres pièces de l'auteur et qui a eu la chance de ne pas terminer au feu contrairement à un certain nombre d'autres de pièces de l'auteur.



C'est un carottage émouvant dans la sociologie d'une famille juive de Trieste, pour ne pas dire de la quasi autobiographie familiale. On y trouve à la fois des accents typiquement italiens mais aussi et surtout des caractéristiques propres à la mentalité juive de cette époque et de cette ville.



Le commerce à Trieste n'est pas florissant, on est prêt à faire confiance, à dépanner, mais dans de certaines limites toutefois et obtenir de la liquidité, même avec une solide réputation d'honnêteté et de fiabilité commerciale n'est jamais chose aisée.



C'est le monde du petit commerce, c'est une ambiance très provinciale fin XIXème. Le personnage de Carlo Almiti est très proche de ce qu'avait dû être le véritable Francesco Schmitz, père de l'auteur.



La famille est le cœur, le microcosme dans lequel gravitent chacun des personnages. La famille, avec ce qu'elle peut avoir de rassurant mais aussi avec ce qu'elle peut avoir de contraignant. Et l'argent, sempiternel nerf de la guerre, sempiternel nerf à vif, l'argent avec le secours duquel tout irait si bien semble-t-il lorsque les fins de mois sont pénibles et que l'humeur s'en ressent...



Carlo, devenu orphelin assez jeune et du coup responsable de sa jeune sœur Carla, n'a jamais ménagé sa peine pour tâcher de faire tourner le foyer familial. L'heure du mariage a sonné pour Carla et cela ne semble pas trop tôt car les relations entre elle et sa propre épouse Fortunata sont parfois tendues.



C'est par l'entremise de la voisine du dessous, Elena, que Carla a rencontré un prétendant nommé Ignazio Lonelli. Ignazio, lui aussi est orphelin et a pour seul parent un vieil oncle dur de la feuille qui sera bien content de caser le petit pour ne plus avoir à en répondre.



Les préparatifs du mariage vont bon train mais il reste une petite question à débattre entre Carlo, tuteur de sa sœur et son futur beau-frère Ignazio : la question de la dot. Légalement, le frère doit remettre une certaine somme à sa sœur qui était prévue dans l'héritage. Mais il s'avère que conjoncturellement, Carlo a dû injecter cette somme dans ses affaires et ne pourra pas la récupérer en une seule fois ni sur l'instant. Est-ce que cela pose problème à Ignazio ?



Évidemment que cela pose problème à Ignazio ! Car précisément, cette somme, il en a lui-aussi cruellement besoin pour faire fonctionner ses propres affaires. Et bon, il n'y aurait que lui, il s'arrangerait, mais il y a Carla, alors on ne peut pas mégoter sur le bonheur tant de sa future que d'une sœur en ce qui concerne Carlo.



J'aime le velours dans lequel Italo Svevo nous retranscrit ce qui relèvent presque autant du commerce que du contrat de mariage, la pudeur gênée qui consiste à ne jamais reconnaître qu'on est complètement fauché et qu'on a des créances jusqu'au cou, cette mauvaise fois tant latine que juive et qui fait toujours merveille dans les comédies du genre " La vérité si je mens ".



Bref, les années se passent et les plaies d'argent continuent, d'autant plus qu'Ignazio a maintenant des ardoises un peu partout et qu'avec son ton enjôleur, au moment précis où il devrait rembourser un billet arrivé à échéance, il se débrouille toujours pour faire miroiter (c'est son travail me direz-vous, il est bijoutier) une belle opération mais qui nécessite encore un léger renflouement avant d'être tout à fait mûre...



Tant et si bien que le voisin du dessous commence à s'impatienter, Carlo en est de sa poche pour un sacré paquet et même le vieil avare d'oncle d'Ignazio, lui qui avait toujours réussi à tenir bon et à ne pas lâcher le moindre centime, et bien même lui, le vieux renard semble s'être fait entortiller.



Mais où diable est passé Ignazio ? Et où diable est passée la voisine du dessous ? Mais cela, je m'en voudrais de vous le révéler.



Selon moi, une bonne pièce, très sociologique mais peut-être pas aussi al dente que les deux autres, notamment la première qui m'a tant enthousiasmée. En somme, un joli petit recueil à découvrir chez l'éditeur Circé (qui lui ne connaît qu'une seule nuance de gris), et — pourquoi pas ?—, un joli cadeau à faire pour les amateurs de théâtre. Mais ce n'est bien évidemment que mon avis, c'est-à-dire, fort peu de chose.
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La Conscience de Zeno

L’auteur Italo Svevo s’intéressa très tôt à la psychanalyse, il fut d’ailleurs un des traducteurs de Freud en italien. Et cet intérêt aboutit à l’écriture de son roman La conscience de Zeno au début des années 1920. On y rencontre cet homme, Zeno, vieillissant et malade. On comprend que son médecin ne trouve pas une cause physique à son mal et lui propose d’écrire, espérant que l’évocation de ses souvenirs puisse constituer une cure. Le mot psychanalyse est très rarement employé mais c’est bien de cela qu’il s’agit : fouiller dans ses souvenirs, dans des événements parfois très lointain, pour trouver la source à ses problèmes présents. Ainsi donc, Zeno couche sur papier sa vie, remonte jusqu’à son enfance pour en faire ressortir les moments les plus importants : quand il a commencé à fumer, quand son père est mort, l’histoire de son mariage, quand il a pris une maitresse et quand il s’est lancé en affaires avec son beau-frère. Certaines de ces parties sont, à mon avis, plus longues que nécessaire mais elles démontrent clairement la manière dont les événements relatés ont affecté la vie du pauvre homme. (Pauvre homme, c’est une façon de parler, c’est un bourgeois du début du siècle dernier. C’est plutôt un névrosé, on aimerait tous avoir ses problèmes…) En ce sens, c’est réussi. Zeno, avec ses manies, ses craintes, sa malchance, l’auteur est parvenu à me faire comprendre pourquoi il est comme il est, pourquoi il agit comme ceci ou comme cela. Pire, il est parvenu à me le rendre sympathique, même si parfois j’avais l’envie de le secouer un peu. Mais ce n’est pas nécessaire, même s’il refuserait de l’admettre, la thérapie semble être bénéfique car il trouve la paix à la fin du roman.
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Le Voleur dans la Maison

Le Voleur Dans La Maison est un drame en quatre actes d'Italo Svevo jamais publié de son vivant comme un certain nombre d'autres pièces de l'auteur et qui a eu la chance de ne pas terminer au feu comme un certain nombre d'autres de pièces de l'auteur.



C'est un carottage émouvant dans la sociologie d'une famille juive de Trieste, pour ne pas dire de la quasi autobiographie familiale. On y trouve à la fois des accents typiquement italiens mais aussi et surtout des caractéristiques propres à la mentalité juive de cette époque et de cette ville.



Le commerce à Trieste n'est pas florissant, on est prêt à faire confiance, à dépanner, mais dans de certaines limites toutefois et obtenir de la liquidité, même avec une solide réputation d'honnêteté et de fiabilité commerciale n'est jamais chose aisée.



C'est le monde du petit commerce, c'est une ambiance très provinciale fin XIXème. Le personnage de Carlo Almiti est très proche de ce qu'avait dû être le véritable Francesco Schmitz, père de l'auteur.



La famille est le cœur, le microcosme dans lequel gravitent chacun des personnages. La famille, avec ce qu'elle peut avoir de rassurant mais aussi avec ce qu'elle peut avoir de contraignant. Et l'argent, sempiternel nerf de la guerre, sempiternel nerf à vif, l'argent avec le secours duquel tout irait si bien semble-t-il lorsque les fins de mois sont pénibles et que l'humeur s'en ressent...



Carlo, devenu orphelin assez jeune et du coup responsable de sa jeune sœur Carla, n'a jamais ménagé sa peine pour tâcher de faire tourner le foyer familial. L'heure du mariage a sonné pour Carla et cela ne semble pas trop tôt car les relations entre elle et sa propre épouse Fortunata sont parfois tendues.



C'est par l'entremise de la voisine du dessous, Elena, que Carla a rencontré un prétendant nommé Ignazio Lonelli. Ignazio, lui aussi est orphelin et a pour seul parent un vieil oncle dur de la feuille qui sera bien content de caser le petit pour ne plus avoir à en répondre.



Les préparatifs du mariage vont bon train mais il reste une petite question à débattre entre Carlo, tuteur de sa sœur et son futur beau-frère Ignazio : la question de la dot. Légalement, le frère doit remettre une certaine somme à sa sœur qui était prévue dans l'héritage. Mais il s'avère que conjoncturellement, Carlo a dû injecter cette somme dans ses affaires et ne pourra pas la récupérer en une seule fois ni sur l'instant. Est-ce que cela pose problème à Ignazio ?



Évidemment que cela pose problème à Ignazio ! Car précisément, cette somme, il en a lui-aussi cruellement besoin pour faire fonctionner ses propres affaires. Et bon, il n'y aurait que lui, il s'arrangerait, mais il y a Carla, alors on ne peut pas mégoter sur le bonheur tant de sa future que d'une sœur en ce qui concerne Carlo.



J'aime le velours dans lequel Italo Svevo nous retranscrit ce qui relèvent presque autant du commerce que du contrat de mariage, la pudeur gênée qui consiste à ne jamais reconnaître qu'on est complètement fauché et qu'on a des créances jusqu'au cou, cette mauvaise fois tant latine que juive et qui fait toujours merveille dans les comédies du genre " La vérité si je mens ".



Bref, les années se passent et les plaies d'argent continuent, d'autant plus qu'Ignazio a maintenant des ardoises un peu partout et qu'avec son ton enjôleur, au moment précis où il devrait rembourser un billet arrivé à échéance, il se débrouille toujours pour faire miroiter (c'est son travail me direz-vous, il est bijoutier) une belle opération mais qui nécessite encore un léger renflouement avant d'être tout à fait mûre...



Tant et si bien que le voisin du dessous commence à s'impatienter, Carlo en est de sa poche pour un sacré paquet et même le vieil avare d'oncle d'Ignazio, lui qui avait toujours réussi à tenir bon et à ne pas lâcher le moindre centime, et bien même lui, le vieux renard semble s'être fait entortiller.



Mais où diable est passé Ignazio ? Et où diable est passée la voisine du dessous ? Mais cela, je m'en voudrais de vous le révéler.



Selon moi, une bonne pièce, très sociologique mais peut-être pas aussi al dente que certaines autres de l'auteur qui m'avaient tant enthousiasmée. Ceci dit, ne laissez pas ce voleur d'avis rentrer dans votre maison et réfléchir à votre place, car il ne signifie sans doute pas grand-chose.
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Une vie

"Une vie" est le premier roman d'Italo Svevo. L'auteur y décrit la vie tragique d'Alfonso Nitti. Ce jeune homme a quitté son village pour Trieste. Il loue une modeste chambre et est employé au service de la correspondance de la banque Maller. Mais c'est surtout la littérature qui intéresse Nitti et les intrigues de bureau l'ennuient. Il s'éprend d'Annetta, la fille de Maller, la séduit en dépit de sa timidité et de son inexpérience. Il est question de mariage, à condition d'abord de convaincre un père qui espérait un meilleur parti. Mais Nitti semble craindre cet engagement. Il obtient un congé afin de retourner dans son village où il apprend que sa mère est mourante. Après le décès de sa mère il rentre à Trieste. Annetta a été promise à un autre. Il cède une partie du capital qu'il a hérité afin de permettre le mariage de Lucia, la jeune fille de ses logeurs. A la banque il est relégué au service de la comptabilité en guise de punition. Bref, il est à nouveau pauvre et désoeuvré et Anetta le poursuit désormais de sa haine. Ce premier roman est donc l'histoire d'un échec, celle d'un homme sans doute trop tendre et sentimental, dont les rêves et les ambitions se heurtent à une réalité qui s'avérera des plus brutales.
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Senilità

Il s'agit surtout d'un roman psychologique, qui se situe dans un cadre précis, Trieste à la fin du 19ème siècle. La trame peut d'abord paraître assez ordinaire, un homme est le jouet d'une femme, qui se sert de ses charmes pour échapper à la misère et mener une vie frivole - elle est tantôt l'ange, tantôt la tigresse ou la femme perverse des décadents -, et sans doute encore davantage de lui-même, de sa naïveté, de sa passion, de ses incertitudes, de ses mensonges aussi... Sa sœur, condamnée par sa laideur, vit également un amour malheureux et, tout en s'adonnant à l'éther, plonge de plus en plus dans le délire. Le roman mérite donc assez bien son titre, "Senilità", et s'avère moins anodin que prévu et moins innocent également. Svevo est un orfèvre qui décrit de l'intérieur des personnages inaptes à la vie, ou que celle-ci condamne.
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La Conscience de Zeno

Après Quand Ulysse revient à Trieste, et avant un billet à rédiger encore sur Le fantôme de Trieste, un nouveau livre se déroulant dans cette ville .



Ce fut un véritable plaisir de lecture...



Dans la préface, un psychanaliste, le Docteur S., annonce avoir prescrit à son patient, Zeno Cosino, de coucher sur papier son autobiographie. Celui-ci ayant abandonné son traitement, le Docteur S., par vengeance, décide de publier celle-ci.



Commence alors le récit de Zeno, à la première personne. Il est subdivisé en un préambule suivi de six chapitres : Fumer, La mort de mon père, Histoire de mon mariage, L’épouse et la maîtresse, Histoire d’une association commerciale ; ces chapitres se clôturent par un chapitre sur la psychanalyse.



L’originalité de ce livre tient d’abord et avant tout à la personnalité de Zeno, c’est un inadapté, incapable de se décider, habité par des sentiments contradictoires, toujours en équilibre instable devant les choix à faire et qui se justifie sans cesse. Il manque de force et de volonté et est continuellement tiraillé devant les décisions à prendre.

Elle tient également à la structure de l'autobiographie, qui n’a rien de chronologique ni de conventionnel : Zeno ne développe que certains épisodes de sa vie, il mêle le passé au présent, entremêle un épisode à l’autre, il nous fait part de ses réflexions, de ses doutes, de ses auto-justifications.

Il y aurait beaucoup à ajouter mais alors en devant me baser sur les épisodes que Zeno nous livre, mais je ne veux pas le faire à sa place : le livre se suffit à lui-même



J'’apprécie particulièrement l’ironie ! Les situations sont souvent cocasses (dans les efforts de Zeno pour arrêter de fumer, dans ses déclarations successives la même soirée à trois sœurs,...) et nous nous prenons à sourire même dans les moments dramatiques.



Le roman nous plonge dans l’analyse de la conscience de Zeno mais il n’a rien d’un plaidoyer pour la psychanalyse : celle-ci est intéressante pour s’analyser mais Italo Stevo lui dénie le pouvoir de guérir, l’ultime chapitre nous le démontre. Italo Svevo s'y était intéressé l'un des premiers, influencé notamment par le psychiatre Edoardo Weiss qui l'introduisit à Trieste, et en avait constaté l'inefficacité sur un membre de sa famille.



La maladie de Zeno n’est-elle pas celle de notre monde ?



Notons que la fin du roman est prophétique : »Quand les gaz asphyxiants ne suffiront plus, un homme fait comme les autres inventera, dans le secret de sa chambre, un explosif en comparaison duquel tous ceux que nous connaissons paraîtront des jeux d’enfants ». Le roman a été publié en 1923...



J’ai savouré cette lecture, j’ai pris plaisir à en relire des passages, j’ai laissé le temps à ce billet de maturer avant de vous le livrer,

je vous incite à lire La conscience de Zeno et je vous souhaite le même enthousiasme devant ce livre !

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La Conscience de Zeno

Zeno s'est toujours senti affublé de troubles divers, au point d'entamer une cure en compagnie d'un psychanalyste qu'il finira par dénigrer et à l'attention duquel il entreprend une confession écrite au cours de laquelle il évoque, avec une minutie maniaque et sans doute quelques artifices, les faits marquants de sa vie : la mort de son père, un négociant fortuné de Trieste, auquel il ne pourra succéder en raison de son inaptitude en affaires, son mariage avec Augusta alors qu'il aimait Ada, l'une des sœurs d'Augusta, ses infidélités avec une jeune femme démunie qu'il entretient jusqu'à ce qu'elle le quitte pour un autre, ses affaires scabreuses avec Guido, Le mari d'Ada, etc. Zeno interrompt sa cure mais non pas l'écriture de notes qui accompagnent le journal remis à son psychanalyste. La guerre, en mai 1915, est sur le point d'éclater entre l'Autriche et l'Italie et Zeno et sa famille sont à Lucinico, au nord-ouest de Trieste, sur la ligne de feu. C'est sans doute le roman le plus abouti d'Italo Svevo, après les échecs de "Une Vie" et "Senilità".
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L'assassinat de la Via Belpoggio et autres ..

Je découvre l'univers d'Italo Svevo (1861-1928) l'auteur de la conscience de Zeno avec ce petit recueil de nouvelles.

Italo Svevo littéralement « Italien-Souabe » est le pseudonyme d'Ettore Schmitz, né Aronne Ettore Schmitz à Trieste alors dans l'Empire austro-hongrois, d'un père juif allemand et d'une mère italienne, originaire de la communauté juive du Frioul.

L'Assassinat de la via Belpoggio est une nouvelle remarquable écrite sous le pseudonyme de Ettore Samigli (dérivé italien à travers l'hébreu de shlemilh signifiant « rêveur »). L'auteur travaille alors comme simple commis dans une banque depuis la faillite de son père, entrepreneur verrier. La nouvelle est parue par épisodes en 1890 dans le quotidien triestin et irrédentiste L'Indipendente.

Un soir, via Belpoggio à Trieste, Giorgio assène un coup de poing instinctif et fatal à Antonio V qui l'avait prié de tenir un instant ses billets de banque empaquetés. Giorgio marche à grandes enjambées en direction de la gare avec l'idée de s'enfuir en Suisse mais, au dernier moment, il change d'avis et rentre chez lui…

La narration est à la troisième personne mais nous sommes dans la tête de ce tueur faussement sûr de lui et vite dépassé non pas par le remord mais plutôt par l'angoisse de ne pas pouvoir dissimuler son crime. En décidant de ne pas partir pour Trieste, il se condamne. Ensuite Il fait tout semble-t-il pour qu'on le découvre, qu'on le punisse et en même temps il se cherche des excuses comme un petit garçon. La nouvelle est certes très imprégnée de Dostoïevski mais déjà très singulière dans sa forme. Une précision d'horloger pour traduire les oscillations de la conscience de Giorgio.



Les deux nouvelles suivantes Umbertino et le contrat ont été écrites après la Conscience de Zeno (1923) dont elles sont le prolongement, quelques mois avant la mort de Svevo en 1928. Elles sont inachevées. Elles sont touchantes mais m'ont moins intéressée que la première.

Umbertino est le petit-fils de Zeno Cosini. Son grand- père aime à se promener avec lui et étudie tendrement sa tête légère « encombrée de bêtises ». Il se reconnaît en lui et envie sa joie bruyante.

Un contrat. On suit pas à pas les réflexions ironiques de Zeno Cosini qui s'auto-analyse sans concession. A la fin de la guerre Zeno se met à vendre du savon. Trop tard. Les gens n'ont plus besoin de se sentir propre. Il a enfin compris qu'il était arrivé un fait nouveau : la paix. Cette mauvaise affaire a totalement absorbé ses bénéfices antérieurs. Il préfère laisser son jeune fondé de pouvoir se dépatouiller avec ses affaires jusqu'au jour où…La nouvelle s'apparente à une farce cruelle sur la sénilité.

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Senilità

C'est son chef-d'oeuvre "La conscience de Zeno" que je voulais lire au premier, mais le hasard m'a mené à celui-ci. Et à dire vrai, je n'étais pas déçu.



Le tout peut paraître assez maigre: quatre personnages importants, deux histoires d'amour et de souffrance. Or Svevo a touché l'universel avec l'histoire individuelle de son anti-héros Emilio.



Un trentenaire indécis, voire aboulique, sans gloire, à la vie modeste et médiocre, tombe amoureux d'une jeune fille infidèle et insatiable, tandis que sa sœur, une vieille fille, s'éprend secrètement de son ami indifférent et séducteur (mais bon). Emilio connait son malheur, il l'analyse, mais ne peut changer d'attitude, ni prendre de décision sérieuse pour son bien et le bien de sa sœur au sort douloureux.



Un roman plein d’amertume sur la solitude, la jalousie, la peur de vieillir, d'être oublié, de ne pas être aimé.. Svevo est un artiste dans la peinture des sentiments.



Je terminerai par cette phrase de Valéry Larbaud:



"Ce qui est fascinant chez Svevo, c’est l’infatigable enquête sur eux-mêmes que poursuivent ses héros sans jamais cesser d’observer autour d’eux, sans jamais cesser d’agir."
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La Conscience de Zeno

Quand j'ai lu dans la préface que Svevo était un grand ami de James Joyce, j'ai eu très peur. Déjà que je ne me lançais pas a priori dans une lecture plaisir, mais dans un "livre culture gé qu'il faut avoir lu"... traitant de surcroît de psychanalyse...

Craintes infondées: je me suis régalée! C'est pourtant long, bavard, complètement égocentré et nombriliste cette confession d'un analysé qui revient sur les événements marquants de sa vie à la demande de son médecin, afin de l'aider à cerner sa malade (imaginaire). Mais c'est tellement drôle, fin, riche, bien écrit que l'on savoure page après page les tribulations du narrateur dans ses (non) tentatives d'arrêt du tabac, sa tentative de séduction d'une femme dont il finira par épouser la soeur, ses escapades adultérines prétexte à hypocondries et mensonges en tous genres, ou encore ses lamentables exploits au sein d'une société de commerce.

Et la psychanalyse dans tout ça? elle est au coeur, certes, mais sans verbiage ni surjeu, et elle est tenue à distance avec une réjouissante dérision.

Honnêtement, je n'ai pas compris ce qui faisait de ce roman un des summum de la littérature italienne, toujours est-il que j'ai adoré plonger dans ce livre et ai eu autant de plaisir à faire preuve de voyeurisme que le narrateur en démontre à exhiber les méandres de son cerveau.
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La Conscience de Zeno

Un roman génial et jubilatoire. Zeno, aimable rentier vivant à Trieste au début du XXe siècle est un adepte de la psychanalyse à ses débuts et se livre à un long monologue introspectif pour connaître la vérité sur lui-même, fumeur invétéré, indécis et velléitaire compulsif. Sa vie sentimentale est compliquée puisqu'il a épousé la sœur de la femme qu'il aimait, faute de se décider, et qu'il la trompe avec une jeune femme modeste, avec laquelle il souhaite rompre sans jamais y parvenir. De la même manière le roman s'ouvre sur sa tentative avortée d'arrêter le tabac : lui-même demande à être interné dans une clinique pour une cure de désintoxication, mais il en prend la fuite en se glissant par la fenêtre de la chambre où il est bouclé à sa demande. On l'aura compris, Zeno est un tissu de contradictions dans lesquelles il se débat de façon désopilante encore que très lucide. On se régale à lire les imbroglios épouvantables où l'entraînent ses atermoiements et le personnage reste plein de charme, séduisant et fantasque. Un véritable bonheur de lecture. Lu en V.O.
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La Conscience de Zeno

"Dernière trahison" note, angoissé, Zeno Cosini sur son journal intime, alors qu'il a pris la bonne résolution d'être enfin un mari fidèle et de s'arrêter de fumer pour être "sain".

La Conscience de Zeno, ou plutôt sa mauvaise conscience s'étale en long en large et en travers dans ce roman psychologique d'Italo Svevo (de son vrai nom Ettore Schmitz) long monologue d'un bourgeois rentier de la "Trieste austro-hongroise",faible, dépendant, contradictoire et vieillissant.

Alors qu'étudiant en chimie de la fin du XIX° siècle, son père mourant l'a tenu éloigné de l'entreprise familiale dont les rennes ont été reprises par un employé modèle; alors qu'amoureux d'Ada qui l'a rejeté, il a épousé Augusta (la soeur de cette dernière) qu'il n'aime pas;alors qu'il aide son beau-frère (mari d'Ada) endetté qu'il jalouse; alors que sa maîtresse préfère un vrai mari et qu'il ne le supporte pas; alors qu'il tente d'arrêter de fumer sans y parvenir; alors que la première guerre mondiale éclate et que l'Italie affronte le peuple Austro-hongrois;.....il entreprend une psychanalyse pour analyser ses incohérences.

A la manière de James Joyce dans Ulysse, ou de Virginia Woolf dans Mrs. Dalloway, Italo Svevo utilise ici la technique du "flux de conscience" sous forme d'exploration de l'inconscient pour analyser les actes,les émotions,les rêves,les souvenirs et les motivations.

Ce roman psychologique, édité en 1923, parle de l'absurdité de la vie, de son sens et de l'identité. En référence à Sigmund Freud ( L'interprétation des rêves) époque (1923) où la psychanalyse ("psycho-analyse" début XX°) a vraiment pris une place de choix dans les thérapies, La Conscience de Zeno se débat (avec l'aide d'un thérapeute) sur des champs freudiens parsemés de complexe d'Oedipe non résolu, d'ambivalence et de culpabilités multiples. S'estimant "emprisonné dans l'éprouvette" en attente "de réactif", Zeno traitera cette psychanalyse d' aventure psychique" et de "spiritisme".Malgré son contre transfert évident et son rejet du thérapeute et de ses méthodes, il y trouvera la paix de l'esprit.

Adapté au cinéma (avec Woody Allen: un rôle de névrosé de choix!) La conscience de Zeno manie humour (quiproquos) et ironie ce qui en fait un excellent roman.

Italo Svevo a par ailleurs écrit: Sénilita, Le Bon Vieux et la belle enfant, Une Vie, Dernières Cigarettes....tous traduit (en autres) en français.
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La Conscience de Zeno

Sur les conseils de son psychanalyste un homme âgé se penchent sur son passé et tâche d’écrire ses confessions. Procédé littéraire peu original, certes, mais qui n’est qu’un simple détail, tant cette œuvre littéraire est riche et importante dans le panthéon littéraire du XXème siècle. A travers ce roman d’une finesse psychologique indéniable, comparable à celle d’un Proust (le style ampoulé en moins et l’humour en plus, bien que Proust soit aussi très drôle), Italo Svevo procède à une réjouissante analyse en règle de l’imposture psychanalytique.

Dans la ville de Trieste, sous domination autrichienne, le riche oisif Zeno, véritable fils à papa, mène la vie d’un malade de la volonté chronique. Ce personnage somme toute sympathique, foncièrement bon mais d’une grande lâcheté, est bourrelé de remords à la moindre mauvaise action apparente qu’il accompli, quand il lui arrive, par hasard, après moult procrastinations, d’accomplir, enfin quelque chose. C’est avec un humour attendri que dans ces vieux jours, à l’heure du bilan, Zeno nous raconte son passé de scrupuleux maladif, de psychosomatique en diable, d’hypocondriaque, continuellement trahi par ses bons sentiments.

Ce livre est vraiment très réjouissant avec des passages bouffons proprement hilarants tout en conservant une grande profondeur et une justesse d’analyse indiscutable.
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La Conscience de Zeno

Un livre surprenant, absurde, conflictuel, ambivalent! Zeno se chauffe, se refroidit, se réchauffe, en fait, il n'est pas au point avec sa conscience. Comme le titre l'indique Zeno passe au peigne fin sa conscience qui s'avère une puissance contre laquelle il ne peut lutter. A force de s'en prendre amèrement à sa conscience, Zeno sombre dans une espèce de culpabilité qui se manifeste de manière inconsciente soit sous la forme d'une douleur, soit sous forme d'excès. A force de vouloir arrêter de fumer, la cigarette devient une puissance pour sa pauvre conscience...Il se retrouve à chaque fois dans ces coups d'excès à chaque fois qu'il veut lutter contre lui même jusqu’à aller consulter un psychanalyste, ce qui ne fera que troubler sa conscience de plus bel. En fait, la vraie question est que, Zeno a-t-il eu sa vie ou bien s'est-il laissé simplement emporter par les circonstances? Un homme qui, prétendant être amoureux mais qui demande au mariage trois sœurs dans la même soirée...Zeno est un personnage qui en cache bien d'autres, on le suit dans son inconstance, dans ses luttes intérieures.

Malgré des longueurs et certains souvenirs un peu désorientés, bien que des chapitres soient précis, j'ai passé un bon moment avec ce livre!

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Ma paresse

J'AI LA RATE QUI S'DILATE (ETC).



Vieil homme de soixante-dix années révolues, s’encroûtant en sa retraite relativement dorée, retiré des affaires depuis huit ans, notre narrateur, bien entendu triestin (NB : comme son créateur), est un insupportable hypocondriaque à la recherche d'un ersatz de vie éternelle. Vivant à côté, bien plus qu'aux côtés, de son épouse Augusta, pauvre femme préférant d'évidence ses animaux de compagnie à la compagnie de son mari et à ses besoins impérieux, ce dernier s'essaie à toutes les médications afin de préserver sa santé. Il a tout d'abord soucis de sa tension - la seule chose qui parvienne momentanément à le faire taire - contre laquelle il lutte sans relâche, mais à sa manière. Car l'homme passe nombre de compromis avec ce qui le dérange. Ainsi, après en avoir discuté avec son neveu Carlos, qui a fait sa médecine, s'entend-il conseiller de maigrir substantiellement, de faire de l'exercice et d'arrêter de fumer. Mais la cigarette est l'un de ces menus plaisirs contre lequel il est malaisé de lutter. Aussi pratique-t-il, un peu, l'exercice, beaucoup le régime mais pas du tout l'arrêt du tabac. Pire ! Il décide de lui-même que c'est grâce à l'herbe à Nicot qu'il parvient drastiquement à perdre du poids - le tabac étant un coupe-faim connu - et décide ainsi de lui-même que dans son cas précis, fumer est une bonne chose.



Pratiquant avec un art qui n'appartient qu'à lui l'auto-médication préventive, adoptant définitivement les théories d'Anhemann, l'inventeur de l'homéopathie, il décide tout aussi bien que le coeur n'est qu'un «organe secondaire» tandis que Mère Nature saurait préserver indéfiniment ceux dont la capacité reproductrice serait encore vive. Ainsi va-t-il s'astreindre - ce malheureux homme ! - à fréquenter des gourgandines aux noms très évocateurs. C'est ainsi qu'il rencontrera une "Amphore" avant de découvrir une jeune fille de seulement vingt-quatre années, de surcroît vendeuse de cigarettes - pour joindre l'utile à l'agréable ? - et répondant au prénom rien moins que programmatique de "Félicita". Pratiquant ainsi la sexualité comme on entre dans une pharmacie, tout en trouvant-là matière à déculpabiliser à l'égard de sa "régulière", notre vieil obsédé va rapidement prendre pour argent comptant (la belle n'hésite d'ailleurs pas à lui en demander tant et plus) cette fausse idylle et penser être sur le point de s'amouracher. À son âge... Hélas, ou tant mieux pour notre histoire et la morale bien particulière de celle-ci, notre débauché décati va se retrouver face à un second misérable vieux vicieux, par ailleurs de ses connaissances, dans la situation exactement identique à la sienne, c'est à dire refusant vainement d'admettre l'âge qui avance et la proximité incontournable de la mort prochaine. Notre narrateur va, malgré tout, entendre pour partie la leçon et décider de ne désormais plus s'en tenir qu'à sa petite faiblesse, sa paresse : la cigarette.



Quant à sa prétention intime à se prendre encore malgré tout pour ce qu'il n'est plus - un homme bien conservé, portant beau, donnant le change sur son âge et d'un abord engageant - celle-ci va en prendre un sérieux coup après qu'une vieille duègne lui aura asséné du "Vieux satyre", après qu'il eut regardé avec un peu trop d’insistance la jeunesse accompagnée par la mégère.



Indéniablement, on ne cesse de sourire à la lecture de ce petit chef d'oeuvre d'humour acide et noir. Car le portrait que dresse Aron Hector Schmitz, alias Italo Svevo dans ce court texte intitulé Ma paresse est aussi réjouissant qu'il est cynique, et si nous avons tous en mémoire tel ou tel vieillard refusant catégoriquement d'admettre qu'il vieillit, nul ne peut cependant s'empêcher que ce pourrait fort bien être soi-même, cette vieille ganache-là ! Gardons-nous, dès lors, de trop vite juger : seul le temps et une certaine sagesse permettront d'éviter les écueils aussi prétentieusement naïfs que dérisoire de ce "caractère", comme l'on aurait écrit du temps de La Bruyère, si bien portraituré par cet auteur italien dont on estime aujourd'hui qu'il fut à l'origine du renouveau des lettres italiennes modernes.



Reconnaissons au passage, le travail toujours si indispensable et original des éditions Allia, par l’entremise de l'excellente traduction de M. Thierry Gillyboeuf, dans cette petite collection aussi joliment construite que ridiculement peu onéreuse.
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La nouvelle du bon vieux et de la belle enf..

TROP BON, TROP...?



C'est en 1929 que paraîtra - dans un recueil regroupant d'ailleurs deux autres textes relatifs au vieillissement - ce court récit intitulé La Nouvelle du Bon Vieux et de la Belle Enfant. Son créateur, le romancier italo-souabe Italo Svevo venait de mourir l'année précédente à l'âge de soixante-cinq ans, tandis que la célébrité littéraire tant attendue plus jeune, rêve blessé et des années repoussé, est enfin là, depuis trois ans à peine.



Dans cette histoire ironiquement exemplaire, on suit le parcours d'un vieil homme bientôt parvenu au seuil de son existence et qui s’amourache d'une jeunesse aux yeux bleus, conductrice de tramway et néanmoins belle enfant de cette histoire. Le vieux barbon va s'exhiber avec sa conquête inattendue, la couvrir de cadeaux, se penser revenu à ses vingt ans... Jusqu'à tomber sérieusement malade. Cependant, le temps de la convalescence aura suffit à la jeune fille pour oublier son naïf philanthrope et fricoter avec un homme de son âge. Le géronte les croisera bientôt dans la rue et décide de reprendre cette idylle réchauffée mais cette relation ira de mal en pis et, désabusé, bientôt déçu, le vieil homme s'enfoncera à nouveau dans sa solitude mais décidera de faire de cette histoire un grand roman sur l'amour dont le titre sera "Des rapports entre la vieillesse et la jeunesse".



Histoire d'un vieil homme qui refuse d'accepter son âge, pire : qui se ment à lui même et qui, l'espace d'un moment, décide de ne plus rien savoir de ce que sa propre expérience passée a pu l'enrichir (mais la vie n'aura de cesse de le rattraper), cette nouvelle d'une ironie mordante, au style volontairement très distancié est aussi un monde en miroir dans lequel il n'est pas superflu de songer que le vieillard qui se met à rédiger une oeuvre explorant et prenant prétexte de cette mésaventure d'une vieille ganache qui se refuse à regarder la vérité en face n'est autre que ce triestin d'Italo Sevo.



Comble du désespoir et de l'humour, sans aucun doute que le portrait de ce vieil aigrefin, mais d'une certaine manière, étonnant pied de nez à cette vie de labeur sans joie, tandis que la reconnaissance littéraire s'était refusée à lui, qui aura fini par sourire sur le tard à celui souvent considéré comme l'un des premiers modernes des lettres italiennes du XXème siècle.
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La Conscience de Zeno

"La Conscience de Zeno" est un très beau roman, une merveille d'originalité, d'intelligence, de fraîcheur et d'humour, remplie de rares beautés.

Avec intelligence, psychologie, force et originalité, il crée un récit innovant, profond, puissant, qui se lit facilement, tout en conservant une intelligence et une originalité rare.

Ce classique de la littérature italienne, étonnant, troublant, mais qui peut aussi être enchanteur, selon sa sensibilité personnelle. Mêlant les considérations psychanalytiques à l'expérimentation littéraire la plus audacieuse, tout en conservant la fraîcheur et la facilité de lecture, Italo Svevo nous livre ici une œuvre inclassable, étonnante, surprenante, qui n'en a pas fini de nous questionner puissamment. Mais c'est aussi une œuvre agréable-car il ne faut pas oublier qu'un roman est avant tout un ouvrage de fiction, c'est-à-dire une histoire, avec des parti pris concernant le sens, mais aussi des parti pris, concernant la forme. Et celle-ci est excellente ! J'ai déjà dit plus haut que ce roman est frais et facile à lire, mais je n'ai pas dit l'humour de Svevo ; le roman est intelligemment construit ; c'est un peu comme le vagabondage d'un héros au milieu de sa propre vie.

Un texte d'une grande richesse et d'une intelligence peu commune !
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