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Citations de Jack London (2538)


Buck et ses compagnons […] étaient en piteux état, complètement épuisés et usés jusqu'à la corde. Les cent quarante livres de Buck s'étaient réduites à cent quinze. Ses autres camarades, alors qu'ils étaient pourtant plus légers, avaient perdu relativement plus de poids que lui. […]
Ils avaient tous terriblement mal aux pattes. Ils n'étaient plus capables de sauter ni de rebondir. Leurs pas pesaient lourdement sur la piste, ce qui leur meurtrissait le corps et multipliait par deux la fatigue d'un jour de voyage. Leur seul problème, c'est qu'ils étaient morts de fatigue. Ce n'était pas l'épuisement passager dû à un effort bref et excessif, et dont on peut se remettre en quelques heures ; non, c'était l'épuisement total qui provient de l'extinction lente et prolongée des forces consécutive à des mois de dur labeur. Il n'y avait plus en eux de possibilité de récupération, ni de réserve de force à laquelle on pût faire appel. Elle avait été intégralement usée, jusqu'à la moindre parcelle. Chaque muscle, chaque fibre, chaque cellule était fatiguée, morte de fatigue. Et il y avait une bonne raison à cela. En moins de cinq mois, ils avaient parcouru deux mille cinq cents milles, et pendant les derniers dix-huit cents milles ils n'avaient eu que cinq jours de repos.

Chapitre V : Le supplice du trait et de la piste.
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Vous avez condamné cet homme à la mort vivante qu'est l'emprisonnement dans la Maison des lépreux. Vous savez aussi bien que moi de quel trou infâme il s'agit. Mais il adore son chien. Il en est fou. Laissez-le lui, tout au moins. Le lui enlever est une cruauté inouïe. Je ne vous laisserai pas faire…
— Bien sûr que si, affirma froidement Walter Merritt Emory. Et je vais vous expliquer pourquoi.
Et il lui exposa ses raisons. Il lui dit des choses qu'aucun médecin ne devrait dire à un autre médecin, mais qu'un politicien peut parfaitement dire (et ne s'en prive pas) à un autre politicien — des choses qui ne souffrent pas d'être répétées, pour la simple raison que le citoyen américain moyen ne serait pas fier d'en avoir connaissance, et en serait même humilié ; des choses qui concernent les rouages les plus secrets de municipalités aux pouvoirs impériaux, des choses sur lesquelles le citoyen américain moyen, qui se prend pour le roi parce qu'il vote, s'imagine avoir la haute main ; des choses qu'en de rares occasions l'on exhume à moitié pour les enfouir à nouveau, bien vite, dans les piles de rapports de comités et autres commissions fédérales.

Chapitre XXI.
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Pour conserver, il faut accepter de perdre, et pour vivre, il faut mourir un peu.
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Ils se figurent qu'ils pensent et ce sont ces êtres sans pensées qui s'érigent en arbitres de ceux qui pensent vraiment.
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— La même histoire, dit-il en se parlant à lui-même, recommencera. Les hommes se multiplieront, puis ils se battront entre eux. Rien ne pourra l'empêcher. Quand ils auront retrouvé la poudre, c'est par milliers, puis par millions, qu'ils s'entretueront. Et c'est ainsi, par le feu et par le sang, qu'une nouvelle civilisation se formera. Peut-être lui faudra-t-il, pour atteindre son apogée, vingt mille, quarante mille, cinquante mille ans. Les trois types éternels de domination, le prêtre, le soldat, le roi y reparaîtront d'eux-mêmes. La sagesse des temps écoulés, qui sera celle des temps futurs, est sortie de la bouche de ces gamins. La masse peinera et travaillera comme par le passé. Et, sur un tas de carcasses sanglantes, croîtra toujours l'étonnante et merveilleuse beauté de la civilisation. Quand bien même je détruirais tous les livres de la grotte, le résultat serait le même. L'histoire du monde n'en reprendrait pas moins son cours éternel !

Page 92, Librio, 2018.
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— Le monde tout entier fourmillait d'hommes. Le grand recensement de l'an 2010 avait donné huit milliards pour la population de l'univers. Huit milliards ou huit coquilles de crabes... Ce temps ne ressemblait guère à celui où nous vivons. L'humanité était étonnamment experte à se procurer de la nourriture. Et plus elle avait à manger, plus elle croissait en nombre. Si bien que huit milliards d'hommes vivaient sur la terre quand la Mort Ecarlate commença ses ravages. J'étais, à ce moment, un jeune homme. J'avais vingt-sept ans. J'habitais Berkeley, qui est sur la baie de San Francisco, du côté qui fait face à la ville. Tu te souviens, Edwin, de ces grandes maisons de pierre que nous avons rencontrées un jour, dans cette direction. . . Par là. . . Voilà où j'habitais, dans une de ces maisons de pierre. J'étais professeur de littérature anglaise.

Pages 27-28, Librio, 2018.
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Moralité — handicap superflu dans la lutte impitoyable pour l'existence. Tout cela — respect de la propriété privée et des sentiments personnels — était assez bon pour les terres du Sud, où régnait la loi de l'amour et de l'amitié ; mais dans le Nord, sous la loi du gourdin et des crocs, tous ceux qui tenaient compte de telles bêtises étaient des imbéciles, et dans la mesure où ils les respectaient, couraient à un désastre certain.

Chapitre II : La loi du gourdin et des crocs.
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Jack London
La vie ne se résume pas à avoir de bonnes cartes en main, mais parfois, de bien jouer avec une mauvaise main.

Life is not always a matter of holding good cards, but sometimes, playing a poor hand well.
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L'homme inventa Dieu de bonne heure, un dieu de pierre souvent, ou bien de terre, ou encore de feu, et il le plaça dans les arbres, sur les montagnes et parmi les étoiles. L'homme fit cela parce qu'il avait observé que les humains passaient et disparaissaient aux yeux de la tribu, ou de la famille — peu importe d'ailleurs le nom qu'il donnait à son groupe, qui n'était après tout que la horde humaine. Et l'homme ne voulait pas disparaître aux yeux de la horde. Aussi inventa-t-il une nouvelle horde qui serait éternelle et courrait avec lui jusqu'à la fin des temps. Comme il redoutait l'obscurité dans laquelle il savait que passaient tous les hommes, il bâtit au-delà de l'obscurité une région plus lumineuse, un terrain de chasse plus heureux, une salle de banquet plus joyeuse et plus solide, où la boisson coulait à flots, et il lui donna un nom : « paradis ».

Chapitre XIV.
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Incipit

Une haute forêt de sapins, sombre et oppressante, disputait son lit au fleuve gelé. Dépouillés de leur linceul de neige par une récente tempête, les arbres se pressaient les uns contre les autres, noirs et menaçants dans la lumière blafarde du crépuscule. Le paysage morne, infiniment désolé, qui s'étendait jusqu'à l'horizon était au-delà de la tristesse humaine. Mais du fond de son effrayante solitude montait un grand rire silencieux, plus terrifiant que le désespoir -- le rire tragique du Sphinx, le rictus glacial de l'hiver, la joie mauvaise, féroce d'une puissance sans limites. Là, l'éternité, dans son immense et insaisissable sagesse, se moquait de la vie et de ses vains efforts. Là s'étendait le Wild, le Wild sauvage, gelé jusqu'aux entrailles, des terres du Grand Nord.
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Voilà où réside l’épouvantable paradoxe : les portes d’entrée de la littérature sont gardées par des cerbères qui sont les ratés de la littérature. Les rédacteurs en chef, leurs adjoints et associés, pour la plupart, les lecteurs de manuscrits qui travaillent pour les revues et les maisons d’édition, pour la plupart ou presque tous, sont des gens qui ont voulu écrire et qui n’ont pas réussi. (page 363)
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La masse de livres qu'il lut ne lui servit qu'à stimuler son impatience. Chaque page de chaque volume n'entrebâillait qu'une fenêtre minuscule du paradis intellectuel, et son appétit, aiguisé par la lecture, augmentait à mesure.
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Je vous dirais que la lune est un fromage vert, que vous applaudiriez, ou du moins que vous n’oseriez pas me contredire, parce que je suis riche. Et je suis le même qu’alors, quand vous me rouliez dans la boue, sous vos pieds.
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Les hommes qui adorent les dieux les veulent immatériels, les placent au-dessus des lois naturelles, les font vivre dans un univers inaccessible, où s'effondrent dans un combat imaginaire le Vrai et le Faux, le Beau et le Laid, le Bien et le Mal. S'ils se perdent dans ce dédale, ou si le doute les assaille, ils peuvent briser leurs idoles et les remplacer par d'autres, tout aussi irréelles. Le chien et le loup domestique n'ont pas ce recours, ni cette versatilité. Les dieux qu'ils vénèrent sont des êtres de chair et de sang. Ils les perçoivent avec leurs sens, et partagent avec eux le temps et l'espace d'une existence bien concrète. Ce n'est pas la foi qui les crée, et le doute ne les fait pas disparaître. Ils sont toujours là, debout sur leurs pattes postérieurs, un bâton ou un morceau de viande à la main. Ils peuvent souffrir, saigner, mourir, et même être mangés. Une seule chose leur est impossible : cesser d'être des dieux.
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Jack London
Je n'ai nul besoin de me saouler, je suis perpétuellement ivre. Ivre de lecture, ivre de passions et de désirs.


(" Martin Eden")
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— Steward, je vous en donne vingt livres !
— Non, Cap'taine. Non, merci bien…, répondit Dag. J' pourrais pas m'en séparer.
— Vingt-cinq, alors. Je ne puis faire plus, et il y a de par le monde d'autres terriers irlandais !
— C'est bien mon avis, cap'taine, et je m' ferai un plaisir de vous en procurer un, sans tarder, et à Sydney même. Et i' vous coûtera rien, par-dessus le marché.
Le capitaine Duncan insista :
— C'est Killeny-Boy que je veux.
— Et moi aussi, v'là l'ennui ! Et c'est moi qui l'ai eu le premier.
— Vingt-cinq livres, c'est une somme… pour un chien.
— Mais Killeny-Boy vaut plusieurs chiens à lui tout seul, rétorqua le steward. Le sentiment mis à part, cap'taine, rien qu' ses tours, ça vaut plus. Et quand i' m' reconnaît pas parce que j' veux qu'i' le fasse, ça vaut cinquante livres. Et puis i' sait compter, et chanter, sans parler du reste… Peu importe comment j' l'ai eu. Les tours, i' les connaissait pas. Les tours sont à moi. C'est moi qui l'ai dressé. C'est plus le même chien qu'à l'embarquement. Il est la moitié de moi-même. Le vendre, ça serait comme vendre un morceau de moi…
— Trente livres ! C'est mon dernier mot !
— Non, cap'taine, en vous remerciant tout de même !

Chapitre IX.
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Buck ne lisait pas les journaux et était loin de savoir ce qui se tramait vers la fin de 1897, non seulement contre lui, mais contre tous ses congénères. En effet, dans toute la région qui s'étend du détroit de Puget à la baie de San Diego on traquait les grands chiens à longs poils, aussi habiles à se tirer d'affaire dans l'eau que sur la terre ferme... Les hommes, en creusant la terre obscure, y avaient trouvé un métal jaune, enfoncé dans le sol glacé des régions arctiques, et les compagnies de transport ayant répandu la nouvelle à grand renfort de réclame, les gens se ruaient en foule vers le nord. Et il leur fallait des chiens, de ces grands chiens robustes aux muscles forts pour travailler, et à l'épaisse fourrure pour se protéger contre le froid.
Buck habitait cette belle demeure, située dans la vallée ensoleillée de Santa-Clara, qu'on appelle «le Domaine du juge Miller».
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Il semblait que le monde lui-même cessait d'exister, qu'il s'évanouissait et disparaissait. Voilà soixante ans qu'il a cessé d'exister pour moi. Je sais qu'il doit y avoir des territoires qui furent New York, l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Mais jamais plus, depuis soixante ans, je n'en ai entendu parler. Ce fut un écroulement total, absolu. Dix mille années de culture et de civilisation s'évaporèrent comme l'écume, en un clin d'œil.

Page 45, Librio, 2018.
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— Vous êtes des sauvages, de vrais sauvages. La mode vient déjà de porter des parures de dents humaines. La prochaine génération se percera le nez et les oreilles, et se parera d'os d'animaux et de coquillages. Aucun doute là-dessus. La race humaine est condamnée à s'enfoncer de plus en plus dans la nuit primitive, avant de reprendre un jour sa réascension sanglante vers la civilisation. Le sol, aujourd'hui, est trop vaste pour les quelques hommes qui y survivent. Mais ces hommes croîtront et multiplieront et, dans quelques générations, ils trouveront la terre trop étroite et commenceront à s'entretuer. Cela, c'est fatal. Alors ils porteront à la taille les scalps de leurs ennemis, comme toi, Edwin, qui es le plus gentil de mes petits-enfants, tu commences déjà à porter sur l'oreille cette horrible queue de cochon. Crois-moi, mon petit, jette-la, jette-la au loin !

Pages 21-22, Librio, 2018.
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Autrefois, il s’imaginait naïvement que tout ce qui n’appartenait pas à la classe ouvrière, tous les gens bien mis avaient une intelligence supérieure et le goût de la beauté ; la culture et l’élégance lui semblaient devoir marcher forcément de pair et il avait commis l’erreur insigne de confondre éducation et intelligence.
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