Jacques Sadoul

Quel est l'age d'or de la science fiction ? 14 ans repondit un jour Isaac Asimov.

- Les dieux sont donc mauvais ?

- Ils sont mauvais et, plus ils sont puissants, plus ils sont indiciblement mauvais.

La première revue spécialisée de science-fiction, "Amazing Stories" fut publiée aux États-Unis en avril 1926 par Hugo Gernsback. Cette création n'était pas due au caprice de ce luxembourgeois émigré, mais concrétisait la place de plus en plus importante prise par ce genre littéraire dans les magazines populaires anglo-saxons.
Il est commode de dire que la SF est une forme de la littérature de l'imaginaire inspirée par les écrits de Jules Verne et de HG Wells. Cette simplification est outrancière, car elle se développa également sous l'influence d'autres écrivains dans la seconde moitié du XIX° siècle, par exemple Edgar Poe, A conan Doyle, H rider Haggard, Jack London, etc.
Dès la fin du siècle dernier, inspirée par les uns ou les autres, une nouvelle génération d'auteurs de romans scientifiques et d'utopies apparut aussi bien en Europe qu'aux États-Unis.
Dans ce dernier pays l'existence de très nombreux magazines à bon marché, "les Pulps", permit un rapide essor de ce nouveau genre....
(extrait de l'introduction insérée en début de l'édition parue chez "J'ai Lu" en 1974)

Ce volume est le premier d'une série d'anthologies destinées à faire connaître certaines périodes privilégiées des plus grands magazines anglo-saxons de science-fiction.
Cette année deux premiers recueils paraîtront, l'un consacré à "Astounding" entre 1934 et 1937, l'autre à "Amazing" au cours de la période 1926-1932.
Si ces deux anthologies rencontrent les faveurs du public, elles seront suivies, en 1975, par deux autre volumes, l'un consacré à "Wonder Stories" (1929-1935) et l'autre à "Weird Tales" (1930-1940). Cette liste n'est nullement limitative et certains magazines auront même droit à deux ou trois recueils si nécessaire.
En effet, on constate des périodes privilégiées dans l'existence de ces revues....
(extrait de l'introduction insérée en début de l'édition parue chez "J'aiLu" en 1974)

Le surhomme du Docteur Jukes de Francis Flagg

Le Tueur l'observa avec détachement. Dieu que le type était lent ! Il semblait flotter dans l'espace, des fractions de seconde devenaient des minutes. Il l'écarta d'un geste négligent, et le regarda partir à la renverse tout nonchalamment pour s'écrouler et ne plus bouger. Mais pour le ministre de la guerre, cela s'était passé avec une rapidité presque incroyable. Il avait reconnu Mike le Tueur, tout comme Mike l'avait reconnu et savait qu'il était condamné par le Caïd et que sa vie ne pesait pas lourd.
A l'instant même où le chauffeur allongeait le bras pour frapper, il dégaina son automatique et tira. Mais les yeux du tueur surprirent son geste. Sans la moindre difficulté, il évita la balle et projeta un poing en avant. Frappé par ce qu'il n'eut pas le temps de voir, Vincent Asbury tomba à la renverse.

Il méprisait toutes les femmes et ne s’intéressait qu’à la partie de leur corps située au-dessous de la ceinture. Il venait de faire connaissance d’Amanda Dodge-Fitzgerald. Autrement dit, elle ne lui était rien et il serait toujours
resté sur ses gardes en sa présence comme on nous apprend à le faire.

Vous avez beaucoup d auteurs qui écrivent de la science fiction,n est ce pas?
-Pas beaucoup.Rien que les les meilleurs,répondit-il modestement.
Elle sourit encore.Deux jolies fossettes mettait sa bouche entre parenthèses.Il aimait ça.
-Disons que c est une intrigue de science-fiction.Comment vais-je commencer....
-Il était une fois,souffla -t-il.

LE ROCHER VOYAGEUR

Par Théodore Sturgeon

L'univers n'a pas de sens, sauf si nous faisons l'effort de lui en donner un et c'est une tâche écrasante.

Il paraît que c'est monstrueux de boire du vin blanc avec de la viande rouge, dans ce cas je suis un monstre.

Lazare, approchez !
Par Ray Bradbury

Le rire de Logan n'était pas sympathique.
- Il y a un nouveau corps dans le sas, Brandon. Grimpe à l'échelle et va jeter un coup d'oeil.
Les yeux de Logan, avides et insistants, avaient un reflet vert. Ils étaient affreux, obscènes.
Brandon jura à mi-vois. Ils suffisaient bien tous deux à remplir cette salle du Vaisseau Morgue. A part eux, il y avait des douzaines d'étagères réfrigérées, garnies de corps en train de se congeler tranquillement, et la vibration insistante des machines situées sous la table du coroner. Et Logan étai lui-même comme une petite machine qui ne cessait de parler.
- Laissez-moi en paix. (Brandon se leva. Il était grand et amaigri par les années, il semblait aussi vieux qu'un météore marqué de la petite vérole.)
Tiens-toi tranquille, c'est tout.
Logan suçait sa cigarette.
- T'as les foies de monter ? T'as peur que ce soit ton fils qu'on vient de ramasser ?

Aussitôt une myriade d'images d'une étonnante précision tourbillonna devant moi. Je voyais, ressentais et entendais tout comme si la scène se déroulait à l'instant même. La première sensation fût extrêmement brutale, douloureuse : je jaillissais du ventre de ma mère. Quelle expérience atroce ! Autant la mort est douce et agréable, autant la naissance, le rejet dans un univers froid, hostile et sanglant est une chose horrible.

"Les voyages interplanétaires, les astronefs, la communication avec Mars, la transplantation de cerveaux humains, le rayon de la mort, l'antigravité, la transmutation des éléments : pourquoi pas ?
Si ces découvertes scientifiques ne sont pas encore réalisées aujourd'hui, eh bien, elles le seront demain.
Nous surprendront-elles ? Nullement, l'homme moderne les attend.
Il ne faut donc pas s'étonner que les lecteurs dotés d'une riche imagination, réclament à cor et à cri des histoires du type de celles que Jules Verne et HG Wells rendirent immortelles. Ces histoires, fondées scientifiquement, sont lues par un nombre de plus en plus élevé de gens intelligents, "Science Wonder Stories" est là pour répondre à ce besoin de fiction scientifique et il y répond mieux que n'importe quel autre magazine....
(extrait de l'introduction insérée en début de l'édition parue chez "J'ai Lu" en 1976)

Frank A Munsey créa au début du siècle un énorme empire de presse essentiellement composé de ces magazines populaires appelés "Pulps" en raison de la mauvaise qualité du papier employé. A sa mort survenue en 1925, il eût droit à l'épitaphe suivante :
"Frank A Munsey, le grand directeur de journal, est mort.
Il a apporté au journalisme de son époque le talent d'un charcutier, l'éthique d'un usurier et le style d'un croque-mort. Lui et ses semblables ont à peu près réussi à transformer une noble profession en un placement à 8%".
En un mot, Munsey fut donc le premier patron de presse moderne.
Dès leur début les diverses publications de cette firme accordèrent une assez large part à des textes inspirés par Jules Verne et HG Wells.
C'est dans les pages de "All Story Weekly", entre février et juillet 1912, que la science-fiction connut son vrai grand succès avec la publication de "Under the moons of Mars", d'Edgar Rice Burroughs. Ce récit fut plébiscité par les lecteurs et, un peu plus tard, sa version rallongée devint le premier roman de la série martienne sous le titre "A princess of Mars"....
(extrait de l'introduction insérée en début de l'édition parue chez "J'ai Lu" en 1977)

La firme Thrilling avait racheté en 1936 la revue de Hugo Gernsback, "Wonder stories".
Les résultats étant satisfaisants elle décida de lui adjoindre un second magazine de science-fiction, "Starling Stories", qui débuta en janvier 1939.
Le texte vedette de ce numéro 1 fut la première partie du roman posthume de Stanley Weinbaum : Dawn of flame, dont la deuxième partie parut en juin de la même année, mais dans l'autre revue, "Thrilling Wonder Stories".
Tous les amateurs connaissent cet ouvrage épique publié en France par Georges Gallet sous le titre "La flamme noire", d'abord au "Rayon fantastique", puis dans la collection science-fiction d' "Albin-Michel".
Ce numéro 1 comporte une curiosité, à savoir une section "courrier des lecteurs" ! En fait, il s'agissait de lettres d'auteurs qui avaient été avertis de la création du nouveau magazine ; ainsi on y trouve la signature de Edmond Hamilton, Isaac Asimov, Eando Binder, Otis Aldebert Kline et Arthur K Barnes....
(extrait de l'introduction insérée en début de l'édition parue chez "J'ai Lu" en 1977)

- Pouvons-nous jamais avoir ce que nous désirons vraiment ou être ce que nous voulons vraiment ?
(Frooks - Ian McDonald)

Mac Key conduisait en chantant accompagné par le doux bruissement des feuilles ,le chant léger des aiguilles de pin frémissantes,la voix de la forêt ,tendre, amicale, caressante ;la forêt en cadeau d'adieu ,lui faisait royalement don de sa paix , de son bonheur ,de sa force.

Dire que je m’intéresse aux
gens serait faux : je n’éprouve aucune compassion pour eux ; qu’ils crèvent ou s’entre-tuent, je m’en moque. En revanche, j’aime savoir pourquoi et comment ; et – si possible – y assister.

J’ai toujours pensé que les enfants étaient des monstres haïssables,voilà qui allait me conforter dans cette conviction.

— Ce qui est triste, dit-elle, c’est de voir disparaître des personnes de la valeur de Mr Matthews alors que d’autres, qui ne les valent pas, sont encore là.

— Ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers, vous le savez bien, Miss Satterwaithe ; c’est d’ailleurs pourquoi vous vivrez centenaire.

Pour la première fois depuis ma mise à la retraite anticipée, je me sentais un peu détendue. Je ne bouillais plus de rage intérieure. Et puis, être en rage contre qui ? J’avais haïl’administration Carter qui avait réduit les activités de la CIA, je l’avais vimaginée infiltrée, gangrenée par les Rouges... Je voyais des Cocos partout, vmême Nixon m’avait paru être un traître en se rapprochant de la Chine et
aujourd’hui... Aujourd’hui, je ne savais plus que penser, j’en venais à me demander si durant toutes ces années de lutte je n’avais pas tout simplement
été aveugle. J’étais sûre que l’Europe allait tomber comme un fruit pourri, que l’Afrique ne serait bientôt plus qu’un immense Soviet, sauf peut-être l’enclave blanche du Cap, que nous resterions un jour seuls à défendre la démocratie, la
liberté, le rêve américain.