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Critiques de Jared Mason Diamond (134)
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Effondrement

Ce livre est l'un de ceux qui m'ont le plus marqué et si je n'étais pas si peu expansif, j'oserais jusqu'à le qualifier de chef d'oeuvre (merde, je viens de le faire). Pourquoi? Parce que tout y est. Un style d'écriture. Un sujet neuf abordé avec un œil neuf. Un voyage passionnant dans l'espace et le temps. La découverte d'histoires que l'on ignore pour la plupart d'entre nous. Et l'analyse subtile de notre tendance à l'autodestruction. Le mieux, c'est que l'ouvrage n'est pas pessimiste.
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Bouleversement

Hormis quelques longueurs et répétitions, ainsi que quelques excès de didactisme, ce livre est une excellente analyse de la façon dont 7 pays (Japon, Finlande, Australie, Chili, Indonésie, Allemagne et États-Unis) ont surmonté des crises politiques, diplomatiques, des dommages de guerre, des suites de dictatures....

Grace à une documentation historique importante, mais surtout à une connaissance du terrain et à l'observation des cultures, accumulées sur la durée de la longue carrière de l'auteur, la démonstration est limpide ! Sa  transposition à la situation de crise mondiale majeure que l'on traverse, ne rend pas optimiste pour l'avenir, sur lequel l'auteur nous laisse d'ailleurs nous faire une opinion !

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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Pourquoi eux et pas nous ? Pourquoi nous et pas eux ? Telle est la question qu’un Néo-Guinéen pose un jour à Jared Diamond. C’est le début d’une longue recherche mixant de nombreuses disciplines (histoire, archéologie, sociologie, anthropologie, …) pour répondre à cette question.

Magnifique aventure qui tourne plusieurs autour du globe à la recherche du moindre indice validant ou invalidant telle ou telle thèse.

C’est aussi la démonstration rationnelle, s’il en fallait une, de l’inconsistance des thèses racistes.

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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

J’ai lu ce livre suite aux recommandations de Jean-Marc Jancovici 😊.

C’est mon premier essai, et je l’ai trouvé un peu trop lourd à mon goût mais très exhaustif.

J’ai particulièrement aimé les parties sur la domestication des animaux, et sur la diffusion des inventions (de la technologie au sens large).

Certains descriptifs des populations de nouvelle Guinée m’ont moins intéressé mais cela ouvre l’esprit sur ces pays dont on ne parle jamais dans les médias.

Ce livre éveille la curiosité sur l’histoire de notre humanité et de notre environnement. Cela me donne envie de relire Sapiens de Harari et de découvrir son autre succès « le troisième chimpanzé ».
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Bouleversement

Grand merci à Masse Critique pour ce livre et la patience qu'ils ont eu pour ma critique... Ce livre est très riche en faits historiques sur les civilisations passées. Particulièrement prenant quand Diamond plonge dans l'essor et le déclin de la civilisation maya comme si c'était un mystère à résoudre. C'est comme suivre une série palpitante où chaque épisode révèle de nouveaux détails sur cette ancienne société.



Certains passages m'ont paru un peu long, comme lorsque l'auteur s'aventure sur des chemins secondaires des différences entre les outils de pierre en Polynésie, on a l'impression d'être dans une tangente qui nous éloigne de l'histoire principale. Aussi Diamond explique avec tant de détails les interactions entre différentes sociétés que cela ressemble un peu à une langue étrangère. Par exemple, lorsqu'il évoque les échanges culturels entre les civilisations d'Amérique du Sud, on se sent un peu perdu dans ce patchwork d'informations, même s'il élargit notre vision du passé.



Globalement, bien que parfois un peu déroutant, entre histoire et anthropologie, ce livre offre une lecture enrichissante, un tableau vivant qui plonge dans des détails fascinants sur les civilisations passées et leurs méandres.
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Effondrement

Les livres de Jared Diamond sont des condensés d’intelligence et de simplicité, tout cela dans un format très didactique, comme s’il s’agissait - d’une manière peut-être un peu trop marquée ici - de la reprise de cours dispensés en université. La première partie qui traite de la chute de certaines civilisations anciennes est passionnante. La deuxième partie souffre des mêmes maux que tous les livres qui proposent des solutions d’avenir et font de l’anticipation, à savoir que, dès leur parution, leurs propositions pour le futur sont déjà obsolètes au regard des dernières évolutions politiques, scientifiques, sociétales. Celui-ci n’échappe pas à la règle et ses conclusions ne valent que pour l’année (2005) de sa parution, car en 17 ans les changements qui affectent l’avenir de notre (nos) civilisation (s), se sont considérablement accélérés. Ceci étant dit, "De l’inégalité parmi les sociétés", du même auteur, restera toujours pour moi une découverte extraordinaire !
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Le troisième chimpanzé

Très intéressant et facilement appréhendable , ce qui n'est pas toujours le cas avec ce genre de livre. Il faut prendre son temps pour le lire mais c'est très instructif . Le bilan sur l'histoire de l'évolution de l'homme est mitigé . Le "troisième chimpanzé (L'homme) n'est pas doué pour gérer ses ressources et ça n'est pas nouveau. Heureusement les mentalités changent... à temps???.
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Effondrement

C’est un essai écrit il y a une vingtaine d’années, qui eut un retentissement à sa publication par un biologiste et enseignement de géographie à l’Université de Californie, Jared Diamond.

C’est une véritable mise en garde , présentée de façon pédagogique à travers des exemples qui parcourt les époques et les espaces : île de Pâques, les Mayas, les Vikings et le Groenland, la Chine,…L’auteur impute la disparition des sociétés humaines à la destruction de leur milieu naturel due à l’exploitation des ressources au-delà de ce que ce milieu peut supporter, due à la pression démographique en particulier. Jared Diamond met en évidence d’autres facteurs, le changement climatique, l’hostilité des voisins de ces peuples, la dépendance dans les rapports avec leurs partenaires commerciaux, l’effet de la culture et du mode de vie sur les territoires différents des leurs, les réponses inadaptées des élites de ces peuples aux problèmes.

J’ai apprécié la comparaison des évolutions d’Haïti et de la République dominicaine, « une île, deux peuples, deux histoires » pour illustrer l’influence des choix, des réponses.

L’auteur établit, à la fin de son essai un récapitulatif des problèmes et souligne en particulier, dans ce monde « qui est un polder », l’interdépendance des sociétés actuelles entre elle, sans définir véritablement de solutions. Ce n’est pas l’objet de cet essai. C’est déjà important d’essayer de lever le voile sur ces problèmes complexes, multifactoriels et de les mettre à la portée de tous.

C’est réducteur, sans doute, au vu de la difficulté de poser un diagnostic précis sur des temps reculés, et de la complexité des problèmes et des interactions, mais très intéressant. Qui me conduit à chercher d’autres ouvrages dans cette même veine.



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Effondrement

Un livre excellent, très détaillé, très complet, sur des civilisations qui se sont éteintes. Le livre détaille les raisons de leur extinction, et l'analyse porte sur les éléments communs qui ont entraîné leur disparition. On pourrait croire que le sujet ne porte que sur des sociétés d'antan, mais les raisons de leur extinction sont toujours d'actualité, peut-être même plus encore... Et l'environnement est toujours un facteur clé sur l'extinction des civilisations.



Le livre est excellent, facile à lire, par contre il faut noter qu'il faut être bon lecteur et/ou patient, l'ouvrage faisant plus de 800 pages.
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Effondrement

L'auteur propose une analyse des causes de disparitions des sociétés passées pour mieux mettre en perspective les dangers pesant sur notre civilisation actuelle. Parce que son état des lieux nous fait faire le tour du monde et des époques, parce qu'il ne se contente pas de parler de l'action de l'homme sur l'environnement et qu'il le croise aussi avec les facteurs et les liens économiques, culturels et politiques que développe chaque société, Jared Diamond évite l'écueil de la diatribe anti-progrès.



Au contraire, sans nier la dégradation accélérée de notre planète, il nous invite à une réflexion profonde sur les moyens dont chacun de nous dispose pour faire du futur un monde durable et responsable. Précises et pédagoqiques, ces 600 pages rebuteront probablement certains lecteurs par leur densité et pourtant je pense que ce devrait être une lecture obligatoire pour tous et particulièrement les élus et dirigeants d'entreprise. En quelque sorte cet essai nous force à regarder dans le rétroviseur pour mieux appréhender les défis à venir.



Cet essai m'a passionnée. Grâce à cette lecture, j'ai énormément appris sur tous les métiers liés à l'archéologie, sur l'histoire de pays aussi divers que l'Islande, le Groenland ou l'Australie, j'ai beaucoup voyagé, j'ai découvert comment certains groupements humains avait disparu quand d'autres ont survécu, et j'ai été à la fois effrayée et amusée par tous les exemples "d'effets papillon" appliqués à l'éco-système: comment l'introduction de renards et de lapins l'autre bout de la planète menace à présent des milliers d'hommes?



A lire, de toute urgence!
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

MA-GIS-TRAL !

cours MA-GIS-TRAL sur l'importance du déterminisme dans le développement différencié des sociétés, à la lecture duquel tout s'éclaire, tout devient limpide, chaque chapitre nous donnant l'occasion de nous frapper le front en nous disant "mais c'est bien sûr"...



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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Tout le monde connait Sapiens de Harari, la fameuse brève histoire de l'Humanité mais peu sont ceux qui connaissent ou utilisent comme référence Jared Diamond et son essai sur l'homme et l'environnement dans l'histoire.



Jared Diamond est un géographe et biologiste américain, récompensé par le prix Pulitzer 1988 pour ce qui est certainement l'ouvrage phare de son travail: De l'inégalité parmi les sociétés.



Nous avons là un ouvrage à caractère scientifique, mêlant l'archéologie, la biologie, l'histoire et un peu de sociologie afin de répondre au mieux à la question "Pourquoi les Européens ont-ils colonisé les autres peuples et non l'inverse ?"; question qu'un chef de tribu en Papouasie-Nouvelle-Guinée avait posée à l'auteur.



A travers un développement rigoureux, nous apprenons que les facteurs d'inégalité ne sont pas attribués à un quelconque concept de "race" ou d'intelligence supérieure d'un peuple par rapport à un autre. Ce qui crée les écarts c'est d'abord l'environnement dans lequel évolue l'homme: la fertilité du sol, la culture des céréales, le climat, la disponibilité d'animaux susceptibles d'être domestiqués, la forme des continents et son impact sur la circulation des hommes, des idées et des techniques.



Par exemple, les peuples ayant pu développer une agriculture et domestiquer certains animaux se sont octroyés le luxe de créer progressivement des sociétés hiérarchisées et spécialisées (division du travail) et gagner en immunité contre les virus véhiculés par ces animaux, virus qui décimaient en milliers les populations étrangères lors des guerres. Par exemple, ces facteurs favorisent incontestablement l'Eurasie, notamment la région du Croissant Fertile vis à vis de l'Afrique subsaharienne.



D'aucuns diront que ce déterminisme "mécanique" ne peut expliquer à lui seul l'évolution des différents peuples et sociétés. Je peux difficilement le contester, d'autant plus que l'auteur ne nie pas les conséquences d' "hasards historiques".



En tout cas, cet essai a le mérite de nous faire réfléchir pour dépasser nos stéréotypes, relativiser notre orgueil occidental et éclairer notre perception générale du monde.



Un pavé de 700 pages, une lecture riche et dense mais ô combien précieuse que je conseille à tous ceux qui sont, comme moi, guidés par a curiosité et la soif de compréhension.

























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Effondrement

Ce livre, classique, commence à dater, mais il est toujours aussi stimulant. Certes, le narratif qu'il propose de l'effondrement de l'île de Pâques est aujourd'hui contesté par les historiens. Néanmoins, la thèse générale selon laquelle nous pouvons épuiser nos ressources et réagir trop tard pour que cela soit réversible est loin d'être absurde.



J'ai beaucoup apprécié le style littéraire de l'auteur. Il n'est pas sans rappeler celui de Jean-Marc Jancovici, une démarche d'ingénieur qui fait de la pédagogie avec un petite dose d'humour piquant. Sa description d'une Australie particulièrement sensible à l'épuisement de ses sols ou d'une Chine polluant tout azimut (mais ayant la capacité d'inverser le processus) m'ont marqué, même si je crois qu'une fois encore les critiques d'autres scientifiques sont venus contrebalancer les affirmations de Jared Diamond.
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Le troisième chimpanzé

Il est des auteurs qui « boxent » dans une division hors catégorie. De ceux qui font partie d’un club très fermé tant ils semblent dominer leur sujet.



Jared Diamond est de ceux-là.



Un géant de la connaissance comme on en croise peu dans une vie de lecture comme l’est la mienne. Il connaît tout sur tout ou presque !



Ethnologue, géographe, historien, biologiste, généticien, entomologiste, botaniste, paléoanthropologue, scientifique internationalement reconnu et philosophe de haute volée, professeur à Harvard, véritable humaniste, érudit comme personne (il va sans dire), homme de terrain et spectateur engagé doté d’une faim de tout comprendre ! Rien que ça. Il entre pour moi dans ce cercle très fermé de ces « géants » qui ont su au cours des temps nous proposer des "synthèses universelles ", des "méta récits" comme ont pu le faire Carl Sagan, Ernest Renan, Erwin Schrödinger, Ilya Prigogine, Hubert Reeves, Eric Chaisson, Raymond Aron, Arnold Toynbee et peut-être même Yuval Noah Hariri et puis sûrement quelques autres.



C’est dire si l’ampleur et la profondeur du propos sont rares et précieuses. Le sujet du livre : "Qu’est-ce que l’homme ? "



Sans doute la plus ancienne de toutes les interrogations humaines.



Diamond passe tout en revue : notre place dans l’arbre de la diversification du vivant, les différents chemins évolutifs propres aux grands singes (dont nous faisons résolument partie -- d’où le titre), les grandes mutations génétiques qui nous ont conduit à prendre le large vis-à-vis des autres grands singes il y a quelques 8 millions d’années puis il y a 60 000 ou 70 000 ans, des autres branches du genre Homo. Il aborde avec intelligences les origines probables de notre capacité à inventer un langage complexe qui va bien au-delà de tous les systèmes de communication rencontrés dans le règne animal. Puis le rôle de la sélection sexuelle en plus de la sélection naturelle. Il examine en détail si notre capacité à nous entre-tuer massivement les uns les autres existe également chez les animaux. Il parvient à conclure avec brio que cette funeste disposition n’a pas d’équivalent dans le monde animal.

Comme on le voit, tout y passe.



C’est ainsi que Jared Diamond montre -- et démontre -- pourquoi il existe bien un « propre de l’homme ».



Et je dois dire que parvenu à la dernière page de cette somme de 650 pages, il m’a largement convaincu. Je n’avais d’ailleurs pas beaucoup de doutes !



Nous les Sapiens sommes des êtres à part. Ce qui nous crée des droits particuliers et bien-sûr des devoirs particuliers vis-à-vis de notre propre espèce, de tout le vivant auquel nous appartenons et il va sans dire de la planète elle-même.



Une œuvre magistrale.

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Effondrement

Jared DIAMOND examine et présente les circonstances et des causes d’effondrement de plusieurs sociétés, de leur apogée à leur chute, sur divers continents ou diverses îles (Iles de Pâques, anasazis, colonies viking du Groenland, Rwanda contemporain, incas,…). Il compare ces sociétés à d’autres aux caractéristiques proches mais qui ont pu (ou su) éviter l’issue fatale grâce à quelques circonstances ou à quelques comportements particuliers, mieux adaptés à moyen ou à long terme. Ces expériences – négatives et positives - devraient nous aider à comprendre des mécanismes à l’œuvre et donc de prévenir la survenue de l’effondrement de plusieurs sociétés contemporaines qui s’y dirigent tout droit.

Publié en 2005, cet essai reste d’actualité, alors que les effets du réchauffement climatique commencent à se faire sentir (entre autre sujets d’inquiétude).



Les dirigeants des pays industriels nous emmènent droit dans le mur, soit en affirmant qu’il n’y en a pas en face (les climato-sceptiques), soit en prétendant pouvoir le contourner (en France, nos dirigeants actuels et une grande partie de la classe politique, des communistes à l’extrême-droite, en passant par le centre dont le PS).



L’auteur n’est pas si pessimiste que ne laisse entendre ce commentaire, et analyse aussi les mécanismes psychologiques individuels ou collectifs qui empêchent des personnes et des sociétés de prendre les décisions qui seraient pourtant les plus rationnelles.



Je recommande très vivement cette lecture.



Merci à B. pour ce prêt.

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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

A l'heure où les débats sur les inégalités font un retour dans le débat public, le livre de Jared Diamond constitue un livre important. C’est un de ces méta-récits, une de ces synthèses universelles de l’Histoire tels qu’on en croise peu. A lire donc, pour toute personne souhaitant tenter de comprendre pourquoi l’histoire des peuples de notre chère planète a été celle qu’elle a été. Avec ses incroyables variétés de destins, ses inégalités de développement et bien-sûr son cortège interminable de tragédies en tous sens accompagnées des plus invraisemblables fulgurances.



Diamond n’est pas le premier venu. Ethnologue et biologiste, c’est une sommité reconnue dans ces domaines. Il faut donc lire et écouter.



Il propose une grille de lecture qui pourrait tenir dans ce dicton apparemment anodin : La géographie commande l’histoire.



Derrière cette simple phrase, se cache en réalité pour Diamond le moteur explicatif le plus puissant pour comprendre ce qui est arrivé aux peuples du monde.



Un exemple suffit à saisir l’ampleur de l’affirmation : Le continent eurasiatique (notamment sa partie occidentale qu’on appelle le Croissant fertile) s’est développé en premier dans l’histoire du monde parce qu’il bénéficiait de par sa seule géographie des conditions de développement les plus favorables de la planète. Sur les 14 espèces de grands mammifères sauvages et domesticables, 9 étaient présentes dans cette région. Contre Zéro en Australie et deux seulement dans les Amériques précolombiennes. En Afrique, il fut et est toujours impossible de domestiquer les zèbres et les buffles comme animaux de trait ou d’élevage, les gazelles, les éléphants, les hippopotames, les rhinocéros et les félins. Sur le vaste herbier des espèces végétales domesticables et riches en énergie, la très grande majorité se trouvaient dans cette région là encore. L’agriculture s’y est donc développé permettant l’apparition précoce de civilisations prospères et de populations nombreuses.



L’idée de Diamond est que la géographie n’a pas donné à toutes les régions du monde les mêmes chances. Et que pour aggraver les différences entre les continents, certains bénéficient ou souffrent d’orientations différentes. Certains sont orientés selon un axe est-ouest (donc offrant des latitudes constantes sur de grandes étendues) tandis que d’autres sont orientés nord-sud (donc selon des latitudes qui changent nécessairement à mesure qu’on les traverse). La résultante est que la diffusion des techniques d’élevage et de culture de végétaux domestiqués se fait beaucoup facilement et naturellement dans les premiers que dans les seconds. L’histoire des progrès des peuples occupant les différents continents de la planète reflète selon Diamond ce « gradient » naturel de la géographie. Il va répéter cette observation des dizaines de fois tout au long de son ouvrage. Parfois jusqu’à plus soif !



Les données et les faits mobilisés par l’auteur pour étayer la validité de la thèse et le caractère inéluctable des conséquences de ce « hasard » de l’histoire sont telles qu’il paraît raisonnable d’imaginer qu’il n’est pas proche de la vérité.



Diamond nous propose donc un « vrai » fil conducteur pour comprendre le fil de l’Histoire. Ce qui fait de ce livre une contribution majeure à l’historiographie. A lire donc pour toute personne à la recherche d’un méta-récit. Mais la critique ne peut s'arrêter là.



Hélas, de mon point de vue, comme souvent chez les universitaires américains, l’auteur se laisse emporter par ce biais si puissant qu’est l’autoflagellation anti-occidentale et la condamnation sans appel de l’homme blanc. Il s’embarque sans hésiter dans des affirmations qui ne peuvent qu’étonner ou même choquer le lecteur que je suis.

Il écrit page 250 : « La question [à laquelle s’efforce de répondre l’auteur] est : la physionomie générale de l’histoire du monde eût-elle été sensiblement changée si quelque inventeur de génie n’était point né à tel endroit et à telle époque ? La réponse est claire : le personnage n’existe pas. Tous les inventeurs célèbres et reconnus ont eu des prédécesseurs et des successeurs capables et ils ont réalisé leurs améliorations à une époque où la société était à même d’utiliser leur produit. Toute la tragédie des héros [incompris est qu’ils ont inventé dans une société qui n’était pas mûre pour recevoir leurs inventions]. »



Vous avez bien lu : Diamond écrit «Le personnage n’existe pas ».



Sans doute une traduction aléatoire du mot anglais « individual (individu) » ou « character (personne) ».



Selon Jared Diamond, l’individu, l’inventeur de génie, n’existe pas. On pourrait donc expliquer l’Histoire sans Héraclite, Démocrite, Léonard de Vinci, Copernic, Galilée et Newton. On pourrait donc accepter l’idée, que si un jour de 1905, un obscur ingénieur de l’Institut fédéral des brevets de Berne n’avait pas écrit un papier magistral qui restera connu sous le nom de Relativité restreinte, un autre qu’Albert Einstein s’en serait chargé. Que si Erwin Schrödinger en écrivant en 1943 « Qu’est-ce que la vie » mettant sur la voie Crick et Watson leur permettant de découvrir la structure en double hélice de l’ADN, un autre l’aurait écrit . Bref, qu’il n’existe pas vraiment de génies. Que tous les inventeurs et créateurs s’inscrivent dans une continuité historique que les porte mais dont ils ne sont en fait pas vraiment les acteurs.



Cette thèse paraît hallucinante. Que doivent penser Bach, Mozart et Delibes ? Monet et Matisse ? Maxwell et Darwin ?



Pourquoi ce prisme ? Pourquoi cette inférence si lourde de conséquences épistémologiques ?



On ne peut, une fois encore, que constater ce prisme philosophique qui reproche éternellement à l’Europe puis à l’Amérique d’avoir pris l’ascendant, tantôt merveilleux de bien faits tantôt funeste de destructions, sur le reste du monde à partir de la Renaissance. C’est sans doute là le fond de ce remarquable ouvrage. Banaliser, dépersonnaliser l’Histoire. Expliquer que le développement, l’inventivité, la créativité sont les résultats des hasards de la géographie plutôt que les fruits d’hommes et de femmes qui ont su plus que d’autres faire preuve de génie. La question peut et doit être débattue, naturellement. Mais peut-on balayer d’un revers de main toutes celles et ceux qui justement ont changé le cours de l’Histoire ?



C’est donc à une sorte de contre-Histoire de l’humanité que Jared Diamond nous convie. Passionnant mais profondément partisan et biaisé.



Au lecteur de faire attention à ce qu’il lit et à ce qu’il compte en retenir.

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Effondrement

Voici un livre plein de bon sens écrit en 2005 par Jared Diamond, un professeur américain fort d'une expérience acquise sur le terrain dans des domaines et des contextes variés. Son but : attirer sans manichéisme l'attention de ses contemporains sur les risques auxquels l'humanité doit maintenant faire face, sans les minorer, mais sans sombrer pour autant dans le pessimisme. " Ces risques nous les créons nous-mêmes, écrit-il dans "Effondrement - Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie". Notre avenir est ouvert, il est entre nos mains. Plutôt que de nouvelles technologies, pour résoudre nos problèmes il nous faut de la volonté politique pour appliquer les solutions qui existent déjà. Bien sûr, c'est un gros «seulement». Nombre de sociétés ont trouvé cette volonté dans le passé. Nos sociétés contemporaines ont fait montre de la volonté de résoudre certains problèmes et d'apporter des solutions partielles à d'autres."



J'ai lu avec intérêt la première partie de l'ouvrage consacrée à l'effondrement de sociétés du passé : ile de Pâques, iles de Pitcairn et d'Henderson, peuple amérindien des Anasazis, Vikings du Groenland.

Intéressant développement ensuite sur le génocide du Rwanda ainsi qu'une histoire de l'ile d'Hispaniola que se partagent Haïti et la République Dominicaine.



Le reste de l'ouvrage, écrit donc il y a près de 20 ans, tout particulièrement lorsqu'il s'appuie sur des chiffres (et d'autant plus quand il s'agit de la Chine !) est dépassé. Jared Diamond n'avait imaginé ni la notation ESG (Environnement, Social et Gouvernance), ni les entreprises à mission, ni que ne seraient pas seulement les consommateurs mais aussi les actionnaires qui pourraient faire pression sur la direction des entreprises.



Par ailleurs, l'ouvrage est faible sur les questions énergétiques. Il n'est pas question de taxer les émissions de CO2. La voiture électrique est jugée sans avenir. La capacité du solaire et de l'éolien à répondre autrement que marginalement aux besoins est mise en doute. Quant au nucléaire, son existence est juste mentionnée.

Plus profondément, il y a une certaine contradiction à appeler les sociétés, dont la plupart sont soumises à des dictatures, à promouvoir des changements radicaux sans mentionner qu'on pourrait aussi attendre la même chose de l'ensemble des multinationales et pas seulement de quelques-unes.

Et accessoirement, pas mal de répétitions, à visée didactique certainement, mais aussi pas pas mal de digressions.

Plusieurs biais peut-être imputables à la nationalité de l'auteur…

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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Un essai fascinant qui se lit comme un roman, le grans roman de l'Histoire de l'Humanité et de son développement.

Jared Diamond explique pourquoi la civilisation que nous connaissons a pris son essor sur le continent asio-européen et par sur un autre et pourquoi la Révolution Industrielle est née en Europe alors que la Chine avait tous les moyens techniques d'y donner naissance bien avant l'Europe.

Riche en détails, ce bel ouvrage didactique illustre aussi commet la diversité, source de conflits, est aussi à long terme une facteur favorable pour l'innovation et le progrès. La France hyper-centralisée ferait bien de s'inspirer de ce principe...
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Effondrement

Un livre fascinant se trouve dans les six cents pages de Jared Diamond, Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Le livre rassemble les faits entourant les disparitions de civilisations passées. Contrairement aux anciennes civilisations de la Grèce ou de Rome, la plupart des cultures perdues de Diamond étaient petites et isolées, mais leurs noms sont familiers à la plupart d'entre nous : les Anasazi qui vivaient à Chaco Canyon dans ce qui est aujourd'hui le Nouveau-Mexique ; les habitants de l'île de Pâques dans le Pacifique, qui ont laissé des statues géantes, brisées et humanoïdes ; et les Vikings, qui se sont installés au Groenland lorsque le climat était plus chaud mais se sont éteints lorsqu'il est devenu plus froid. Beaucoup d'entre nous se sont interrogés pendant des années sur ces cultures.

Enroulée autour de cette histoire captivante, cependant, se trouve une tentative de faire bien plus que de tisser ensemble ce que l'on sait de ces civilisations et de leur disparition. Diamond pense qu'il peut expliquer pourquoi ces civilisations ont disparu, même si dans la plupart des cas, nous n'en savons tout simplement pas assez à leur sujet pour tirer une quelconque conclusion. Pire encore, Diamond choisit d'appliquer ses explications fragiles pour éviter l'effondrement de l'environnement à l'avenir. Ainsi, le livre passe du mystère à l'irréel.

Diamond admet que lorsqu'il a commencé ses recherches, « je pensais naïvement que le livre ne porterait que sur les dommages environnementaux ». À la fin de ses études, il a découvert cinq variables explicatives : les dommages environnementaux, oui, mais aussi le changement climatique, les voisins hostiles, les partenaires commerciaux affaiblis et la réponse de la société.

Certes, les dommages environnementaux ont été un facteur important dans tous les effondrements décrits par Diamond, et une grande partie de ces dommages a été infligée par les groupes eux-mêmes. Par exemple, les Anasazi de Chaco Canyon ont déboisé leur environnement, bien qu'ils aient eu besoin des pignons pour se nourrir et du bois pour le chauffage et la construction. Ils ont également construit des fossés d'irrigation, mais le climat sec a transformé les fossés en ravins profonds où l'eau coulait trop loin pour être utilisée pour l'agriculture. Même ainsi, les Anasazi ont duré au Chaco pendant plus de cinq cents ans. Personne ne sait pourquoi ils ont laissé leur environnement se détériorer au point de les réduire à la famine.

De même, pourquoi les habitants de l'île de Pâques, grâce à des prouesses extraordinaires, ont-ils construit des centaines de statues géantes (têtes et torses), certaines atteignant jusqu'à vingt mètres ? Et après, que s'est-il passé? Au moment où l'explorateur hollandais Jacob Roggeveen est arrivé sur l'île en 1722, presque tous ces personnages avaient été renversés et beaucoup brisés. Les habitants de l'île étaient peu nombreux, pauvres et entourés d'un environnement déboisé, bien loin du type de civilisation qui aurait pu construire les statues. Encore une fois, on en sait trop peu sur la société pour déterminer ce qui s'est passé, bien que fouiller dans les preuves disponibles soit une excellente lecture.

La société dont l'effondrement est le mieux compris (mais toujours énigmatique) est celle des Norvégiens/Vikings qui vivaient au Groenland au Moyen Âge. Nous avons plus d'informations à leur sujet parce que nous avons des documents écrits et parce qu'ils n'étaient pas totalement isolés ou culturellement différents des parents en Europe. Comme causes de leur disparition, Diamond cite les dommages environnementaux (causés par inadvertance par des efforts pour créer des pâturages), le changement climatique (la colonie a prospéré à l'époque connue sous le nom de "période médiévale chaude", mais le temps s'est ensuite refroidi) et l'isolement des autres Européens.

Explorer les possibilités est fascinant, et les efforts de Diamond pour rassembler les réponses à travers ses cinq variables nous font tourner les pages. Pourtant, la plupart des effondrements restent non résolus, en grande partie parce que nous n'en savons pas assez sur les institutions de ces sociétés. Par exemple, nous ne savons pas si certaines des forêts étaient un vaste bien commun et, si tel est le cas, pourquoi aucune institution de droits de propriété ne s'est développée.

L'idée principale de Diamond, et celle qui est le plus fragile est que ses conclusions spéculatives peuvent être appliquées aux problèmes modernes. "Les parallèles entre l'île de Pâques et l'ensemble du monde moderne sont d'une évidence effrayante", écrit-il. "[S]i de simples milliers d'habitants de l'île de Pâques avec juste des outils en pierre et leur propre force musculaire ont suffi à détruire leur environnement et ainsi à détruire leur société, comment des milliards de personnes avec des outils en métal et des machines ne peuvent-elles pas faire pire ?".

Diamond a-t-il été pris dans l'atmosphère apocalyptique du mouvement écologiste d'aujourd'hui et a-t-il estimé que ses recherches devaient avoir un but salvateur?

C'est un mystère.
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21 penseurs pour 2021

Plus que jamais, l’année 2020 a été marquée par la pandémie de la Covid-19. Au-delà de la crise sanitaire, cette anthologie d’articles de presse a le mérite de nous interroger sur les événements sociétaux susceptibles de transformer durablement notre façon de vivre ou d’appréhender le monde. Terrorisme, racisme, sexisme, écologie, modèles économiques... Cette sélection philosophique est pertinente, facile à lire et propose un retour arrière éclairé sur l’actualité. Quand les penseurs analysent l’actualité, c’est avant tout notre futur qu’ils interrogent...
Lien : https://www.mediathequeouest..
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La liberté d'expression

Dans quel texte trouve-ton l'affirmation de la liberté d'expression ?

La Constitution de 1958
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789
La loi sur la liberté de la presse de 1881

10 questions
182 lecteurs ont répondu
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