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Critiques de Jared Mason Diamond (134)
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Effondrement

Effondrement est l'autre versant du livre précédent de Jared Diamond intitulé (en français) De L'Inégalité Parmi Les Sociétés. Le premier offrait un très instructif panorama des hasards et des nécessités qui ont conduit à creuser les différences entre les diverses sociétés humaines, mettant l'accent sur le " pourquoi ? " certaines d'entre elles ont " réussi " mieux que d'autres.



Ici, avec Effondrement, c'est résolument l'inverse, à savoir que l'auteur dresse un bilan des causes et des effets qui font que dans l'histoire, certaines sociétés vouées, a priori, au succès, se sont effondrées.



Le constat de l'auteur est assez univoque et tend à démontrer que les sociétés qui ont négligé l'exploitation durable de leur environnement ont périclité. À mon avis, ce livre est un ton en-dessous du précédent et se veut plus engagé, — ce qui est louable de la part de l'auteur qui, au lieu de rester les deux pieds dans le même sabot, essaie de remuer, à son échelle, les consciences.



Je partage entièrement les convictions écologiques de l'auteur. Ceci étant, lorsque je lis un essai, j'aime beaucoup avoir l'illusion de l'objectivité, j'aime autant les bilans plus contrastés et moins unilatéraux, j'aime mieux les livres moins ouvertement militants. Ça me donne l'illusion d'être moins manipulée par les exposés des différents auteurs, ce qui, dans l'absolu est probablement faux, c'est juste que la manipulation est plus ou moins visible, et non plus ou moins présente. Pour emporter la conviction de quelqu'un, il faut sans doute toujours un peu le manipuler, c'est humain...



Bref, peu importe mes convictions, selon moi, le grand point d'orgue de l'ouvrage est l'extraordinaire partie concernant les Vikings du Groenland. Le cas des habitants de l'île de Pâques est également bien détaillé, d'autres sociétés comme les Mayas, Japonais, Rwandais, Australiens, Chinois sont également abordées mais moins dans le détail et plus pour étayer le propos général de l'auteur.



Diamond, notamment au début et à la fin de l'ouvrage, s'intéresse plus particulièrement aux États-Unis d'aujourd'hui et en profite pour donner des coups de coude à l'administration américaine qui ne fait pas tout ce qu'elle devrait. C'est la partie la plus militante et, vous l'avez deviné, qui m'a le moins plu. Il essaie aussi, comme par acquis de conscience, de présenter des évolutions positives récentes.



En conclusion, encore un très bon ouvrage, qui cherche à alerter l'opinion sur les risques encourus par une société qui négligerait trop son environnement, mais que je trouve un peu moins " al dente " que De L'Inégalité Parmi Les Sociétés qui, lui, et selon mes critères, est exceptionnel.



Vous remarquerez que les termes que j'emploie sont extraordinairement subjectifs, et n'expriment que mon misérable avis, susceptible de s'effondrer, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Je trouve ce livre absolument éblouissant et ce n'est pas par erreur qu'il s'est glissé parmi mes livres pour une île déserte, sachez-le. Cet essai est à la frontière entre biologie, archéologie, histoire et sociologie. C'est probablement ce qui fait son intérêt, à savoir, faire des liens entre des informations pas nécessairement corrélées par des spécialistes d'un domaine particulier.



Son but est de découvrir les raisons des différences criantes qui existent entre les hommes de par le monde, sachant que les hommes sont partout un peu les mêmes, ni plus rusés, ni plus talentueux. Son constat est que, premièrement, tous les hommes n'ont pas pris possession en même temps de leur environnement (1ère différence, l'avantage temporel de certains).



Ensuite que les environnements colonisés n'offraient pas la même disponibilité en plantes et animaux domesticables que d'autres (2ème différence, les régions méditerranéennes et chinoises offraient bien plus de candidats domesticables que l'Afrique par exemple).



Troisièmement, la forme même des continents, allongés Nord-Sud pour les Amériques et l'Afrique et Est-Ouest pour l'Eurasie offre l'avantage de pouvoir transmettre facilement les avancées obtenues à des lieux différents mais sur une même latitude alors que la succession des types climatiques du nord au sud ne le permet pas pour l'Afrique ou les Amériques.



De même, d'autres éléments d'ordre logique sont à prendre en considération, comme la prolifération de virus en zone très peuplée (donc déjà favorisée) entrainant des résistances plus précoces aux mêmes maladies qui devinrent un avantage incalculable lors, par exemple, de la conquête des Amériques.



Enfin, des hasards historiques, comme la prise de pouvoir par les eunuques en Chine à l'époque où celle-ci jouissait d'un avantage sur l'Europe et d'une grande avance quant à l'exploration maritime et qui se traduisit par un repli sur elle-même.



De L'Inégalité Parmi Les Sociétés (traduction surprenante de Guns, Germs, And Steel) est à mettre en parallèle avec son essai suivant, Effondrement. Le premier étant le "pourquoi certains ont réussi", le second "pourquoi certains ont échoué". Toutefois, je trouve celui-ci plus intéressant et mieux structuré que le suivant.



Les idées proposées par Diamond ne sont pas nécessairement nouvelles (voir Leroi-Gourhan dans Le geste et la parole, par exemple) mais ont le mérite d'être exposées clairement et en relation, les unes avec les autres. À ceux qui l'accusent de déterminisme et de justifier l'état des différences (notamment entre pays du nord et du sud) je répondrais simplement que Diamond a cherché à honnêtement comprendre l'origine des différences, notamment en se plaçant souvent dans la peau d'un Américain (au sens presque d'Amérindien), c'est-à-dire dans la peau d'un non favorisé initialement par l'environnement comparativement au bassin méditerranéen.



On peut certainement critiquer comme trop "simpliste" son explication universelle. Mais, selon moi, la valeur d'un livre réside dans le fait qu'elle nous invite à réfléchir sur des choses auxquelles nous n'avions jamais réfléchi auparavant, réside dans son pouvoir à faire évoluer la façon dont on perçoit le monde, et, en ce sens, je me répète, je trouve ce livre exceptionnel.



De plus, les lecteurs de Jared Diamond ne s'arrêteront pas en si bon chemin et iront creuser par eux-mêmes, feront des passerelles avec des gens comme Gould, l'évolutionniste, Braudel, l'historien, Todd, le démographe, Claval, le géographe ou Boyer, l'archéologue et neurologue des religions. Je conseille donc ce livre à 300 %, mais ce n'est bien sûr que mon avis, inégal par nature, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Effondrement

L’auteur parle des sociétés passé qui se sont effondrées, pourquoi et comment. Il parle aussi des sociétés qui ont su anticiper, changer et continuer.



Alors notre société est-elle condamnée à s’effondrer ?



Ce bouquin te résume en 800 pages comment c’est sacrément la merde sur terre. Que finalement ça l’a toujours été, les humains sont complexes, les sociétés sont complexes, mais pas que.



Alors des fois on fait des trucs bien pour nettoyer, préserver, mais le plus souvent on oublie, on profite à court terme et on condamne à long terme.



Des sociétés s’effondrent depuis toujours : 12 facteurs expliquent ces effondrements, tous différents, vous pouvez toujours en éliminer 11, un seul suffit.



Moi quand j’étais petit, je voulais des « Nikes air PUMP », je voulais être un Ninja, me battre comme « Bruce Lee », danser comme « Michael », chanter comme « Mariah », je voulais une télé, une console, un scoot, une meuf, une meuf nue, finalement je voulais un tas de trucs comme les copains…



Personne ne m’avait expliqué à quel point j’étais un privilégié, à part le soir petit quand ta mère t’invite gentiment en hurlant de finir ta putain d’assiette d’endives dégueulasses parce que les petits Somaliens n’ont pas cette chance. Ouais bah si les Somaliens savaient comment c’est dégueulasse les endives, bah ils préféreraient certainement crever de faim, enfin c’était ce que j’imaginais à huit ans.



Ma mère était championne de la culpabilisation catholique, et j’étais très réceptif, n’empêche que je les bouffais pas ses endives quitte bien sur à finir en enfer.



Quand tu deviens adulte, il est déjà trop tard, tu as été formaté à vivre comme un homme du nouveau monde, un consommateur de viande avide de fric, tu veux te pavaner dans ta belle voiture, bosser 35 heures pendant 42 ans en suçant le système jusqu’à la moelle pour profiter de ton confort sereinement sur la bases de tes acquis du passé dépassés par l’avidité des anciens.



Les pauvres tu les connais pas pourtant sans eux : pas de voiture, pas de téléphone, pas de télé, pas grand-chose finalement, le déni est universelle et le système corrompue par toutes ces inégalités.



Aujourd’hui l’ancien c’est toi, c’est nous, finalement on recommence, certain tire la sonnette d’alarme : attention danger si vous continuez à tout détruire, à tout modifier, à nier l’inévitable, les futurs anciens vont morfler encore plus, ça va pas être beau mais finalement :



Moi je m’en « branle » je serais plus là pour voir ça… Mais qu’est ce que j’en ai bien profité au final.



Il faut lire ce bouquin dès l’adolescence, il faut éduquer nos gosses, leur expliquer pourquoi et comment nous préserver.



Oui cette lecture m’a bouleversé : regarder « Nicolas Hulot » vous expliquer du haut de son ULM écolo que c’est beau la terre et qu’il faut changer, est une chose.



Lire un bouquin qui vous explique en détails pourquoi on en est là aujourd’hui et comment faire pour remédier aux problèmes en est une autre.



Franchement c’est assez flippant de penser que pour des hommes intelligents : on est quand même des sacrés cons.



A plus les copains

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Effondrement

Effondrement , est une monographie passionnante , variée et assez exhaustive dans ses développements thématiques ...

Cet ouvrage présente cependant quelques-uns des défauts caractéristiques de ces œuvres que signe un seul auteur , alors qu’elles sont le résultat d’une entreprise collective ..



Trouver un angle d’approche qui justifie un commentaire de plus , alors que bien d’autres et d’ excellents , existent déjà est difficile ..



Je souhaite donc SIMPLEMENT attirer l’attention sur deux chapitres de ce livre , qui sont très soignés et passionnants , alors que les références bibliographiques en français sur les deux aires culturelles concernées , frise l’indigence ..



Les développements consacrés à l’ile de Pâques d’une part , et un autre chapitre, qui est lui , consacré à l’entreprise de colonisation nordique du Groenland par les scandinaves au moyen-âge , sont de véritables bijoux indispensables aux francophones amateurs d’histoire . Ces deux chapitres sont en effet , aussi solides et méticuleux , et d’un nombre de caractères assez important , d'autant plus précieux que la bibliographie est pauvre en français et que les ouvrages sont désespérément rares ...



La problématique de l’écosystème de ces deux territoires en rapport avec les schémas d’occupation des sols , leurs impacts culturels et politiques sur des durées historiques significatives sont magistralement mis en lumière . C’est fait en mobilisant des sources multiples , et cela constitue une lecture plaisante et passionnante , qui est marquée par la précision et le sérieux des arguments comme des références bibliographiques et documentaires .



Sur l’implantation viking au Groenland , vous ne trouverez RIEN d’aussi solide , d’aussi bien documenté et d’aussi pointu , avec autant de dimension et d’envergure en langue française ( totalement impossible , encore que : il y aurait , un Boyer sortit très récemment sur le sujet , parait-il !? ) , à part les trois sagas ( Vinland .... ) qui sont en elles-mêmes la presque ( mais pas tout à fait les seules ) totalité des sources historiques sur ce précoce épisode colonial de peuplement européen .



Pour l’ile de Pâques , il y a le Alfred Metraux et bien évidement les relations de voyages de Cook ...



Si ces deux sujets historiques vous interpellent , c’est ici que cela se passe ...

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Effondrement

Jared Diamond a signé en 2006 cet essai remarquable. Comment une société peut-elle s'effondrer? Comment les sociétés DÉCIDENT de leur disparition ou de leur survie? 15 chapitres et 12 éléments de réponses formulés à partir d'un tour du monde dans le temps et dans l'espace.



Les géants de l'île de Pâques qui gisent, brisés sur le sol pour certains, servent d'illustration à cet essai. Le Rwanda sombrant dans le génocide de sa propre population. L'état du Montana ou l'Australie englués dans des problèmes de pollution ou de désertification à cause de l'activité minière intensive ou des lapins. Le peuplement viking du Groenland qui ne donne plus signe de vie dès 1450. Haïti. La Chine.

Voilà les chapitres passionnants, certains sont terrifiants. Quand on sait par exemple que le Rwanda souffrait avant tout de surpopulation et d'un manque de terrain pour nourrir tous ces gens, on comprend mieux les raisons du massacre. Cela est raconté comme une histoire souvent tragique comme ici.



L'auteur explique aussi, qu'avec la mondialisation ce n'est plus une société perdue au milieu de l'océan Pacifique qui risque de souffrir mais le monde entier, passé sous les fourches caudines de la surpopulation, de la pollution et de la déforestation.



En lisant cet ouvrage, le rôle des arbres, qui maintiennent les sols et régénèrent l'air que nous respirons, s'avère essentiel. Le Japon, très peuplé, l'a bien compris en préservant d'immenses espaces forestiers et en se servant ,en pillant aussi ailleurs: en Australie. Et combien d'autres exemples trouve-t-on encore de par le monde.



Cet essai fait écho à une actualité bientôt brûlante: la conférence sur le climat à Paris. A voir si les grands pollueurs vont faire quelque chose pour éviter l'effondrement.





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21 penseurs pour 2021

Un an déjà....

Comme ça passe quand on y repense. C'était même pas hier et ça fait pourtant un an.

Un an déjà, qu'une certaine série philo des années 2020 a vu le jour avec sa première saison : « 20 penseurs pour 2020 ». le principe en est simple, une anthologie des meilleurs articles parus dans la presse internationale l'année d'avant.

L'an dernier, j'émettais l'idée pour la première que l'originalité des concepts les éloignait d'un recueil de brèves de comptoir, bien qu'une forme de philosophie pouvait aussi s'entendre dans les bistros. Je confirme le truc pour cette année encore.

Oui je sais, tous les bistros ont fermé entre-temps.

Voici donc pour cette deuxième, « 21 penseurs pour 2021 », une liste non exhaustive, de résumés (très succincts) d'articles aux concepts philo bien tournés et développés (dans le livre), que vous n'avez pas entendus dans les bistros :

- la possibilité d'une décélération initiée par le politique démontrée par la pandémie

- la limite des systèmes ultralibéraux des USA ou de la Grande-Bretagne pendant la pandémie

- inégalité de la vulnérabilité face à la propagation d'une maladie aux USA

- le télétravail comme vecteur d'évolution de la géographie des centre-villes

- un état mondial ? « Comme si ce minuscule être vivant était venu en messager pour défier notre humanité mondialisée et révéler son impuissance, lui offrant une dernière chance pour prendre conscience d'une communauté de destin »

- le capitalisme favoriserait la zoonose (transmission des maladies d'animaux vers humains)

- débat d'idées autour du dilemme des soins à conditions égales impossibles pour deux patients : l'âge doit-il être le critère sélectif ?

Bon tout ça pour dire, on se doute, il est question de ce que vous savez, comment pourrait-il en être autrement. Ça fait un an que l'on ne parle que de ça. Et de météo peut-être aussi un peu, au creux d'une vague certainement. Ou alors du réchauffement climatique, comme dans l'article de Bruno Latour qui se demande si on ne devrait pas passer d'une lutte des classes sociales à une lutte des classes géosociales  (Ou comment en finir avec le partage des richesses pour préserver l'environnement). On aurait parlé de Trump aussi. le recueil ne l'ignore pas, en interrogeant la survie du trumpisme après le règne de son créateur, mais aussi dans un autre article qui décrypte la révolte de certains dirigeants dont Trump, Bolsonaro ou Erdogan, empruntant à la population la haine des élites en place et dénigrant la démocratie, alors qu'ils proviennent eux-mêmes des élites.

A-t-on réellement parlé de cancel culture dans les foyers ? Peu importe, car le papier d'Helen Lewis se révèle bien intéressant, en mettant en regard la génération des milenials qui coupent le cordon avec Harry Potter et son autrice, sujette à polémique sur la question des transgenres.

Intéressant et surtout accessible, comme tous les articles ou presque d'ailleurs, à picorer au gré des envies et des humeurs.

Néanmoins, le recueil dans son ensemble m'a paru moins passionnant que l'an dernier, sûrement que la répétition de l'axe Covid/économie/politique n'y est pas étrangère.



Un grand merci à Babélio et Philomag pour l'envoi de ce recueil d'articles, dans le cadre de masse critique.

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Le troisième chimpanzé

Moins de 2% avec les grands singes, mais 2% non négligeable déjà par l’aspect physique, l’aspect social et cognitif, retenons quand même que j’ai un plus gros zizi que les Gorilles :



« Et ouais King Kong, je n’ai peut-être jamais grimpé à mains nus l’empire State Building, cependant je peux faire grimper les autres aux rideaux, enfin si les rideaux sont bien accrochés hein, du coup mieux vaut rester humble et modeste »



« Queue » c’est passionnant, mais comme l’astronomie hors d’appréhension à l’échelle humaine, les millions d’années qui nous séparent de l’évolution telle que Darwin nous l’a expliqué est assez compliqué à imaginer, du coup difficile non pas de croire mais d’accepter, d’où le créationnisme qui n’explique rien du tout mais qui donne du sens à notre imaginaire, rationnel ou pas, pour certains les croyances diverses et variées donnent le début du rien et la vie éternelle… mais avant la théorie du Bing bang, il y a le mur de Planck, la théorie des cordes mais là je digresse, certain y voit un dieu.



L’Homo sapiens n’est qu’une infime partie de cette évolution, pourtant le bon en avant entre le Neandertal et l’homme de Cro-Magnon : il y a un vide, une énigme car le Cro-Magnon n’est pas si différent de ce que nous sommes aujourd’hui, alors que 100 000 ans nous séparent, en gros tu fais un voyage dans le temps, tu lui apprends à piloter un avion, et c’est gagné.

Alors Diamond te fait un topo précis de notre évolution de manière détaillé, appuyé par des théories scientifiques reconnus par les pairs : des chasseurs cueilleurs à maintenant, le langage, l’écriture, l’art, l’agriculture, la domestication, le climat, le racisme, les génocides, il aborde les aspects cognitifs de notre cerveau, l’inné et l’acquis, pourquoi l’altruisme est inné pour notre survie, pour la coopération, et puis la peur de l’autre. Il nous compare aux animaux qu’il a observé lui et d’autres avant lui pour expliquer que nous ne sommes pas si différents dans nos comportements sociaux, dominants, dominés, l’entraide pour survivre, et le partage.



En Papouasie Nouvelle Guinée les chasseurs cueilleurs étaient encore présents au XX siècle, vivant à l’Age de pierre, n’ayant jamais vus d’homme blanc, énormément de langues parlées, bref c’est assez difficile de penser que c’est possible, mais les difficultés géographiques pour accéder à ces peuples que personne n’imaginait est assez étonnante.



Moi j’essai de comprendre pourquoi nous croyons à certaines choses et pas à d’autre, pourquoi certain croit et d’autre non, qu’est-ce que le rationnel, la cohérence, l’intelligence exactement, pourquoi il y a des racistes qui sont encore persuadés que nous sommes supérieurs, alors que non en fait, déjà il n’y a pas de race, génétiquement parlant la couleur de peau se joue à quelques gênes de rien du tout, ensuite suivant le climat ou vivait les populations, nos aspects physiques ont évolué pour que notre corps s’adapte afin de garantir notre survie, puis les animaux domesticables plus présents en Europe que dans le reste du monde, le climat tempéré pour l’agriculture, les conditions géographiques plus favorables pour se rassembler, bref Diamond a fait deux autres bouquins traitant de tous ces sujets passionnants.



Nous avons massacré des populations entières pour des raisons complètement surréalistes : la religion, le racisme, dominer à tout prix pour asservir et piquer les richesses afin d’assurer notre propre descendance, alors que nous sommes altruistes, intelligents, imaginatifs, nous sommes capables d’empathie, de pitié, de sentiments moraux, d’éthiques, mais aussi des pires atrocités.



Il faudrait que les gens se mettent à réfléchir, entre la télé réalité et une conférence d’Étienne Klein ou tout autre philosophe, physicien, sociologue, psychologue et j’en passe : il y a un autre mur de Planck qui s’appelle la connerie, nous avons un cerveau dont on ne sait pas se servir, il n’est pas fait pour penser juste pour survivre, nos intuitions sont des vieux réflexes d’antan, avant de se foutre la tête dans le guidon, essayons de nous poser les bonnes questions, pourquoi je pense cela, pourquoi je pense comme cela…



Les sociétés dans lesquelles nous évoluons nous formatent à rester con comme des moutons, on s’arrange avec nos croyances, on négocie avec notre cerveau pour biaiser la réalité, nous cultivons l’égoïsme favorisant les inégalités énormes et dramatiques, On ne sait pas apprendre, on ne sait pas réfléchir, on prend l’autoroute en oubliant les chemins de traverses, l’observation, le scepticisme dont nous devrions faire preuve tout le temps pour ne pas se faire niquer par la profonde enculerie de notre monde.

Plus vous trouvez des réponses, plus vous avez des questions, Socrate l’avait dit :



« Ce que je sais c’est que je ne sais rien »



Bref voilà comment je vois les choses :



- Plus on apprend, moins on en sait, plus on doute.

- Moins on doute, plus on sait et moins on apprend.



Méditez là-dessus, moi je suis dans la première.



A plus les copains

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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

D'abord une lueur de satisfaction. La satisfaction de constater que bien qu'il me prit des heures à le lire, cet essai copieux, en plaisir, m'en rendit tout autant.



La couverture est volontairement choquante. Elle représente un seul Blanc, fier et martial en tenue militaire et la cravache en main, qui dirige un bataillon d'une centaine de Noirs résignés, torses nus et en short. le colonialisme dans toute sa splendeur...



Comment en est-on arrivé là? Pourquoi n'est-ce pas l'Afrique Noire, pourtant le berceau de l'humanité, qui domine le monde aujourd'hui?



Oh bien sûr, le racisme, tel un oiseau de mauvaise augure pourrait planer au-dessus de l'explication simple et expéditive comme la démonstration de la supériorité d'une race sur une autre. Les Australiens blancs sur les Aborigènes, les colons blancs sur les Indiens d'Amérique, etc. Mais il en est tout autrement comme ce livre brillant propose de le démontrer.



Souvent j'espérais qu'à cet oiseau de mauvais augure qu'est le racisme, il arriverait un malheur, que les connaissances actuelles permettraient de délivrer enfin une réponse circonstanciée et définitive.



Cette réponse est venue de L'Américain blanc Jared Diamond. Il a voyagé dans sa prime jeunesse jusqu'en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour étudier une chefferie de chasseurs-cueilleurs. Leur chef Yali l'interroge sur le fait que le dernier des imbéciles blancs peut dominer une société entière de Néo-guinéens. Diamond n'a cessé de se remémorer cette rencontre capitale pour motiver encore plus ses travaux sur l'Homme.



Il en ressort que le critère géographique est le facteur essentiel, les Européens (entre autres) sont nés au bon endroit pour conquérir des territoires lointains et dominer le monde. L'Europe d'il y a seulement quelques milliers d'années, avec ses cultures, ses mammifères de plus de 40 kg domesticables (alors qu'ils ne le sont que très peu en Afrique, même aujourd'hui impossible de monter un zèbre!), pas d'obstacle géologique insurmontable pour les échanges et un climat favorable. A partir de là, l'invention de l'écriture pour gérer les récoltes abondantes et une société organisée. Laquelle gère les ressources de la terre et les hommes. Une société qui prospère.



Chez les Aborigènes d'alors, pas de céréales, pas de mammifères utiles en agriculture ou pour le transport. Ils sont donc restés une population peu dense de chasseurs-cueilleurs pendant 40 000 ans dans une région assez inhospitalière. Ils n'ont pas pu se défendre contre l'arrivée des Européens qui possédaient les fusils et biens d'autres choses: "guns, germs and steel".



La simplification n'est peut-être pas de mise pour parler de cet essai si riche mais après avoir lu ce livre on ne voit plus l'humanité de la même manière.



Pour entrer dans les détails, tous les continents sont visités pour notre plus grand plaisir sous l'oeil d'un scientifique comme on n'en fait plus; capable de maîtriser de nombreuses disciplines dans le seul but de faire partager ses connaissances.

Jared Diamond a le souci d'être lu par le plus grand nombre, donc même si les sciences vous rebutent, le thème principal de l'explication de l'inégalité des sociétés est souvent reformulé pour être compris de tous.

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Effondrement

Il n'y a plus, aujourd'hui, personne qui, sérieusement, nie que nous vivons dans l'holocène, au sein de la sixième extinction de masse de l'histoire de la terre. le taux de disparition des espèces animales et végétales est de 100 à 1 000 fois plus rapide que la norme, plus de 70% de l'ensemble des plantes et près de 1/3 des insectes sont menacés d'extinction à brève échéance, avec les conséquences en cascade que chacun peut imaginer. Sur le plan non des espèces mais du nombre d'animaux la situation est tout aussi alarmante. Une récente étude allemande, pouvant être étendue à l'ensemble des pays similaires sur le plan agricole, montre une disparition de 80% des insectes pollinisateurs depuis 1989, impactant tant les cultures que les oiseaux qui s'en nourrissent. de façon empirique toute personne de plus de 40 ans peut se souvenir combien rouler plusieurs centaines de kilomètres amenait à avoir d'insectes écrasés sur les pare brises… ce qui n'arrive plus guère. le réchauffement climatique est sans cesse plus perceptible, les coraux meurent tout comme les abeilles et chacun est sensibilisé à la disparition des grands mammifères.

***

Mais, pour qui se soucie avant tout des sociétés humaines et pas de la nature, est-ce si important ? La question est légitime.

***

Dans « Effondrement » Diamond apporte des éléments de réponse cruciaux à cette question. En effet il s'attache à analyser les causes principales ayant mené de très nombreuses sociétés humaines ayant précédé les nôtres à échouer et à disparaître et démontre, de façon scientifique et convaincante, les liens fondamentaux unissant l'homme à son environnement. Il étudie précisément ce qui a pu causer l'effondrement de plusieurs sociétés passées, des difficultés considérables pour des populations au début du XXIe siècle et s'interroge enfin sur les menaces probables pour les nôtres dans un futur proche.

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Diamond démontre avec rigueur, dans un langage plaisant et accessible pour chacun, que les sociétés qui ont disparu ont été affectées par un ou plusieurs des facteurs suivants :

- L'épuisement par les hommes des ressources naturelles, avec un rôle particulier pour les forêts, source de bois mais aussi élément essentiel pour garantir la fertilité des sols.

- Les changements climatiques.

- La pression, largement militaire, de voisins hostiles.

- Les rapports de dépendance avec des voisins sur le plan du commerce

- Les réponses que les sociétés peuvent apporter aux problèmes rencontrés, avec deux axes principaux qui sont la sagesse ou l'irresponsabilité des élites d'une part et les choix de l'ensemble des citoyens d'autre part.

*

Ce livre étudie différentes sociétés passées, allant de cas relativement simples sur des îles de petite taille (l'exemple le plus approfondi et riche étant celui de l'île de Pâques) à des sociétés plus étendues comme les Mayas, les Khmers et une étude très documentée et développée sur la disparition des Vikings du Groenland. Il démontre que, dans chaque cas, la disparition de ces sociétés a été largement multi-causale, associant des difficultés écologiques à des choix peu judicieux des populations.

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Diamond s'attache ensuite à diverses sociétés actuelles, insistant sur des aspects parfois méconnus par la plupart d'entre nous. Selon lui les massacres au Rwanda pouvaient largement être anticipés et sont très dépendants d'une surpopulation par rapport aux possibilités nutritives des sols. de la même façon diverses raisons historiques font que, sur une même île, la République Dominicaine offre un cadre de vie bien plus soutenable que Haïti. Globalement nous pouvons constater que les 5 facteurs relevés dans le cadre des sociétés s'étant effondrées dans le passé restent d'actualité.

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Enfin cet auteur s'attache à mettre en évidence divers problèmes que le XXIe siècle va devoir affronter comme :

- La destruction des habitats naturels (terres agricoles, forêts, marais…)

- La disparition des aliments sauvages, avant tout marins, jouant aujourd'hui encore un rôle majeur pour l'alimentation de très nombreuses populations

- La disparition de la biodiversité

- La dégradation des sols arables et donc de leur capacité à nous nourrir

- L'épuisement des ressources énergétiques (et le coût de leur remplacement)

- le manque d'eau douce

- La disparition de terres utiles pour des habitats naturels (et les conséquences entre autre pour le climat et l'oxygénation)

- Les différentes pollutions liées à nos productions (pesticides, insecticides, herbicides, mercure, détergents, plastiques…)

- Les espèces invasives nuisant à des zones entières (lapins en Australie par exemple) avec un coût écologique mais aussi économique conséquent

- Production de différents gaz nuisibles (fréons, gaz à effet de serre…)

- Croissance démographique (nombre et impact sur les ressources naturelles de la hausse du niveau de vie d'une fraction croissante de cette population)

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Loin de se vouloir un livre catastrophiste Diamond veut, au contraire, faire passer un message positif, montrant que, par le passé, diverses sociétés ont pu et su résoudre de graves soucis et survivre. Il illustre ce point par exemple en louant les islandais qui, après des erreurs initiales, ont réussi à conserver une île vivable dans un contexte difficile ou le Japon du XVIIe siècle qui a su préserver ses forêts, il nous instruit aussi sur l'île de Tikopia où les populations ont pu survivre durablement grâce à un contrôle rigoureux de la natalité.



Pour autant il réfute un certain angélisme qui voudrait que les sociétés passées ayant disparu, moins évoluées que la nôtre, ne sauraient nous instruire sur des risques actuels. Au-delà de la boutade consistant à inviter qui pense que les soucis environnementaux sont mineurs à aller cultiver du blé au pôle nord Diamond insiste sur le fait que tout progrès technologique apporte des solutions mais aussi de nouveaux problèmes. Il rappelle une anecdote saisissante : aux débuts de l'automobile cette dernière était vue comme la solution idéale pour avoir des villes propres et silencieuses car enfin débarrassées des chevaux. de façon plus profonde il montre que certaines élites et populations, pourtant parfaitement informées des conséquences à long terme de plusieurs de leurs choix, ont continué à épuiser les ressources naturelles jusqu'à la fin : coupant par exemple les derniers arbres sur l'île de Pâques ou refusant jusqu'au bout au Groenland de s'adapter à différentes contraintes ou de privilégier des structures sociales moins inégalitaires.

Nos sociétés ont plus de moyens que celles du passé… mais leurs impacts sur nos environnements croissent simultanément, avec des effets cette fois planétaire.

***

Ce livre présente quelques défauts (qu'il serait trop long de détailler, comme l'intégralité de son contenu) mais il me semble l'un de ceux qu'il est le plus fondamental de lire aujourd'hui. Outre son évident intérêt historique incluant l'étude admirable et très approfondie de la disparition de deux sociétés particulières (sur l'île de Pâques et au Groenland avec les vikings) il permet de prendre conscience des liens fondamentaux qui unissent l'homme et son cadre de vie, hier comme aujourd'hui et pour demain.

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L'écologie ce n'est pas seulement (même si ce serait suffisant à mes yeux) la défense de la beauté d'un monde animal et végétal, c'est aussi la base de la survie d'une humanité prospère.

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Diamond nous rappelle que ce sont les choix de chacun, dirigeants mais aussi de tous les individus à leur échelle parfois modeste, qui conditionneront à assez court terme sinon la survie de l'humanité du moins le fait que cette dernière puisse rester prospère et vivre dans un monde capable de satisfaire nos principaux besoins. Et il le fait non en tenant un discours moralisateur mais en nous démontrant de façon largement rigoureuse que chacun de nos actes a des conséquences qui impacteront la survie des sociétés que nous connaissons comme le bien-être de nos enfants.

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L'avenir est entre nos mains. Par le passé certains groupes humains ont fait de bons choix, parfois courageux et contraignants, et ils sont toujours présents sur cette planète. D'autres ont été plus avides, moins efficaces, moins lucides, parfois aussi moins chanceux. Ils ont disparu. Qu'en sera-t-il de nous ?

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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

En 2009 je débarquais sur Babelio avec une critique plutôt rigolote et pleine d'ironie sur TWILIGHT.



aujourd'hui en 2013 je reviens avec un avis et non une critique de "De L'inégalité parmi les sociétés".



Entre temps il ne s'est passé que 4 ans, physiquement je n'ai pas vraiment changé mais mon évolution intellectuelle a beaucoup progressé, même si j'aime toujours autant me marrer en lisant des bouses littéraires, bouses aux yeux des autres bien évidement, chacun étant libre d'apprécier ce que bon lui semble, j'assume toujours tout avec beaucoup d'auto-dérision.



Je me suis toujours posé pleins de questions existentielles bien avant TWILIGHT rassurez vous, beaucoup d'interrogations qui auraient pu trouver des réponses si toutefois j'avais fait des études ou même si j'avais été éduqué d'une manière différente par des parents différents à une époque différente dans un endroit différent ? (avec des si n'est ce pas)



Je me suis considéré comme privilégié que très tard, sans opinion tranché comme aujourd'hui et ce parce que mes proches n'étaient pas très sensibles à l'éducation intellectuelle, eux mêmes victimes de leur propre éducation.



Pourtant petit une personne m'a sensibilisé à la lecture, et la lecture c'est l'écriture, l'échange, l'apprentissage, l'éducation, l'ouverture d'esprit avec de nouvelles interrogations et parfois même la réponse à ces nombreuses questions.



"Jared DIAMOND" a répondu de manière convaincante à cette vaste question de savoir pourquoi nous et pas eux…



Mes connaissances se limitent à analyser de manière générale l'ensemble de cet essai sans être capable de remettre en cause le travail de l'auteur, pourtant j'ai pris mon pied car il a su m'expliquer de manière grossière le pourquoi du comment de notre évolution.



Je vous ai expliqué comment avec un certain nombre de facteurs et pas mal de hasard j'ai lu ce bouquin et comment je vais peut-être donner envie de lire cet essai à d'autre avec l'aide d'autres lecteurs.



Et bien l'auteur de la même façon tente de nous expliquer pourquoi les européens ont dominé le monde et non les Africains, les Australiens ou les indigènes d'Amérique … cela d'une manière détaillée en passant par un nombre de facteurs différents mais absolument passionnants.



Quelle belle surprise d'aimer ce style de lecture très loin de mes habitudes littéraires, j'ai toujours aimé me poser des questions et je prends visiblement mon pied à trouver les réponses.



A lire sans modération





A plus les copains
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Le monde jusqu'à hier : Ce que nous apprennen..

Le dernier livre de l'anthropologue Jared Diamond nous permet de reconsidérer nos sociétés face aux sociétés dites "primitives".. Nous avons beaucoup à apprendre en les étudiant, notamment sur le plan de la Justice, de l'éducation des enfants. Le célèbre anthropologue s'est inspiré de l'exemple de la société papoue.

Les Papous ont subi en cinquante ans les mêmes changements qu'a connus la France en neuf mille ans. En Occident, l'agriculture est apparue vers 5500 av. J.-C. environ, et avec elle la densité de la population a augmenté. En Nouvelle-Guinée, l'agriculture existait déjà, mais en 1964 aucun «premier contact» avec les Blancs n'avait eu lieu dans de nombreuses régions du pays. Les outils étaient encore parfois fabriqués en taillant des pierres. Et maintenant les Papous utilisent des ordinateurs, beaucoup suivent des études supérieures. L'adaptation aux nouvelles technologies s'est faite pour eux sans "évolution génétique".

Jared Diamond a découvert la Nouvelle-Guinée en 1964 pour sa première étude de terrain.

Il pose clairement la question: que nous apprennent ces Papous que nous, sociétés occidentales, avons perdu?

Ils ont inventé des manières de traiter les problèmes très différentes de celles adoptées en Occident.

Des manières d'éduquer les enfants, de traiter les personnes âgées, de demeurer en bonne santé, de bavarder, de régler les litiges..

C'est un livre qui nous aide à prendre du recul par rapport à ce que nous vivons dans notre monde moderne occidental et cela nous permet aussi d'évaluer d'autres avantages de notre société que nous avons fini par considérer comme normaux.
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Effondrement

Après avoir développé dans son livre « De l'inégalité des sociétés » les causes géographiques et environnementales qui ont permis à certains groupes de se développer plus rapidement que d'autres, Jared Diamond aborde dans « Effondrement » l'envers du décors : les sociétés humaines qui ont disparu à cause de leur incapacité à gérer leur environnement et à s'adapter aux changements.



Les habitants de l'île de Pâques, les Vikings au Groenland, les Mayas, … tous ces peuples ont réussi à bâtir des civilisations solides avant de s'effondrer brusquement. La situation a de quoi surprendre : on peut penser à première vue à un « suicide collectif » incompréhensible. Les causes sont toutefois plus subtiles : les colons peuvent appliquer les méthodes de leur pays d'origine, sans se rendre compte (ou trop tard) qu'elles sont destructrices pour leur terre d'accueil ; la surexploitation des ressources ; les habitants peuvent s'habituer à un certain climat, et se retrouver pris de court s'il se refroidit ; voire même la disparition d'un partenaire commercial qui apportait une ressource indispensable à la vie quotidienne.



À la fin de ce livre, on est tiraillé par deux sentiments contradictoires : un peu de crainte tout d'abord : il est possible que, mises au pied du mur, les sociétés se révèlent incapables de corriger le tir, par manque de solutions, ou en se rendant compte du problème trop tard.



Le point positif, c'est que d'autres sociétés ont réussi à inverser la vapeur, et à gérer leurs ressources de manière durable. Que ce soit par le haut, avec des interventions vigoureuses (et pas toujours en accord avec un idéal démocratique) du gouvernement, ou par le bas, avec la mise en place de solutions par les habitants directement concernés par le problème.



Diamond aborde aussi la place des grandes entreprises dans ces changements environnementaux. Là aussi, il y a du bon et du mauvais : accorder aux entreprises des permis d'exploiter de quelques mois en leur demandant de gérer les ressources de manière durable est illusoire. Par contre, quand elles leur sont attribuées sur une plus longue période, il est de leur intérêt de les faire durer.



L'ouvrage est une réussite à tous les niveaux : explications en détails de situations passées, parallèles avec les situations d'aujourd'hui, et des pistes de solutions, que ce soit pour les gouvernements ou pour chaque consommateur, qui doit prendre conscience des enjeux et regarder d'un peu plus près ce qu'il achète.
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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Un livre passionnant : Très documenté Jared Diamnond dresse un large panorama de l'évolution de la société humaine. Il n'est pas de différences de races. C'est non relevant.Pour l'auteur, et son livre est très convaincant : la bio-géologie ou la géo-bilogie (j'invente des mots) est le déterminant fondamental de l'histoire humaine. Beaucoup d'occidentaux s'enorgeuillissent de leur suprématie.

Mais cette suprématie actuelle n'est t'elle pas la conséquence lointaine mais profonde des conditions naturelles ?



L'auteur répond à cette question.



Le livre est captivant sur sa première moitié. Ensuite la répétition se fait plus fréquente, lorsqu'il repasse en revue des zone géographique et culturelle à la lumière de la première partie.



En fin de volume, une long chapitre, répond visiblement à tous ceux qui l'accusent de ne pas être qualifié (il n'est ni historien, ni ethnologue) pour avancer de telles thèses.



C'est un livre fascinant, bien documenté et semble t'il bien étayé. Il est hélas un peu long et réptitif vers la fin

De quoi tordre le coup, à bien des idées stériles de prééminence de civilisation, de choc, ...
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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Effondrement

Démonstration convaincante de ce qui conduit à la disparition, ou au déclin des sociétés et civilisations du monde depuis les premiers âges jusqu'à nos jours.

L'auteur réalise une étude comparée précise et très documentée à l'aide d'une bibliographie conséquente et de recherches sur tous les continents.

Il en tire des enseignements sur notre capacité à prendre les bonnes décisions quand tous les voyants sont au rouge. Le changement climatique, la déforestation, l'érosion des sols, la démographie trop forte, les épidémies importées, les conflits et guerres, les dépendances commerciales, les conservatismes , les aveuglements par le déni et les idéologies convergent souvent vers l'auto destruction de notre propre habitat.

L'expérience vécue par les habitants de l'île de Pâques, par les Mayas, les Vikings du Groenland… devrait nous éclairer sur le présent de notre planète à l'heure de la mondialisation: mêmes causes , mêmes effets à une plus grande échelle.

Un plaidoyer pour la raison à remettre dans nos actions et décisions.



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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Cet essai brillant de Jared Diamond tente de répondre à une question que tout le monde s'est posée un jour ou l'autre : pourquoi, alors que des hommes sont parvenus à en envoyer d'autres sur la lune, certains groupes humains vivaient toujours de chasse et de cueillette en utilisant des outils en pierre ? Question d'autant plus cruciale, nous dit l'auteur, qu'en l'absence d'arguments solides, c'est l'explication raciste qui s'impose : tous les humains sont partis avec les mêmes possibilités, seule la supériorité de certains groupes sur les autres a fait la différence.



Diamond nous démontre en fait que les cartes n'ont pas été uniformément distribuées, mais que le développement de chaque région du monde a été en grande partie conditionnée par sa géographie. Parmi les nombreux arguments avancées, citons la disposition de plantes facilement domesticables et riches en protéines (les régions qui se sont développées plus récemment le doivent à des plantes importées, et pas aux espèces locales) ; la présence de gros mammifères, servant à la fois de source d'énergie pour les champs et les industries, de moyen de transport et de combat, et qui favorisent la résistance aux germes (la plupart des populations décimées l'ont été bien plus à cause des épidémies que par la guerre) ; l'orientation des continents : l'axe ouest-est de l'Eurasie permet une diffusion plus rapide des plantes et des technologies, le climat étant relativement le même partout. À l'inverse, l'axe nord-sud de l'Amérique et de l'Afrique est un grand frein à cause de la grande diversité des climats rencontrés.



Cet essai est très agréable à lire : les pièces du puzzle de l'évolution des sociétés se mettent en place sous nos yeux. Plutôt que de nous imposer ses opinions, l'auteur nous présente les faits et les chiffres, et nous guide dans son raisonnement. On peut également mettre à son crédit le fait de nous signaler quand ses idées ne font pas l'unanimité parmi les spécialistes et de nous présenter les alternatives.



Le livre contient forcément des simplifications : on ne peut pas décrire parfaitement l'histoire du monde en 600 pages. Mais sa masse d'informations et d'arguments en font un ouvrage indispensable pour quiconque est convaincu que les êtres humains ont des capacités égales, quelle que soit la région du monde dont ils proviennent.
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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Intelligent, brillant, rare, vital, ....

Après m'être jeté avec délectation et avidité sur le livre Effondrement du même auteur, je me suis plongé dans cette "De l'inégalité parmi les sociétés". Autant le dire tout de suite, la traduction du titre est assez réductrice. Le titre original "Guns, Germs & Steel - the fates of human societies" étant bien plus évocateur du contenu.

Passons ce détail. Pourquoi m'être lancé dans ce livre (à part mon coup de foudre pour l'auteur) ? D'abord l'histoire des civilisations me passionne. Mais aussi, j'ai toujours ressenti un manque dans mon éducation historique. Il y a toujours eu pour moi un chaînon manquant entre les hommes du néolithique et les civilisations égyptiennes et romaines. Peut-être ai-je dormi pendant ces cours en classe ? Qui sait ...

Mais l'ambition du livre va bien au-delà. La question fondamentale qui est posée ici est de savoir pourquoi et comment les inégalités criantes qui sont celles d'aujourd'hui entre les pays/civilisations sont nées ? Pourquoi l'Afrique, où sont nés les Homo Erectus (Toumaï et ses frangins) est-elle à la traîne du développement et dominée par les nations occidentales (sur l'arriération, évidemment, il y a une autre question qui est celle de savoir si nos nations prétendument avancées sont réellement plus heureuses et ont suivi une supposée flèche du progrès) ? Pourquoi les aborigènes d'Australie et les Indiens d'Amérique ont-ils été exterminés (passivement ou activement) par les troupes Européennes (ou leur avatars des antipodes) et pas l'inverse ?

La réponse tacite à cette réponse est, à notre corps défendant, souvent celle d'une thèse plus ou moins raciste, qui est que ces hommes ont été moins "intelligents" ou plus passifs. Réponse immédiate et séduisante certes, mais vraie ? On peut se dire tout simplement que l'évolution (Darwinienne) a fait en sorte que l'homme occidental soit plus adapté à son environnement que l'homme africain. Mais Jared Diamond désamorce cette tentation en reprenant un argument sur lequel je m'interroge depuis quelques années : après tout, l'évolution darwinienne suppose la disparition (ou du moins la non-reproduction) des plus "faibles" ou des "moins adaptés". Or, nos civilisations modernes s'enorgueillissent (à raison) de protéger les plus faibles, et de permettre à ceux qui ne peuvent procréer de le faire (FIV, mères porteuses, ...). Un processus de dévolution ne serait-il pas à l'oeuvre en Occident ? Diamond n'apporte pas de réponse à mon interrogation mais fait remarquer que les conditions de vie en Afrique ou en Nouvelle-Guinée sont probablement plus favorables à une évolution darwinienne que nos sociétés occidentales surprotégées.

Donc si ces civilisations ne sont pas constituées d'êtres plus faibles intellectuellement que nous, pourquoi ont-ils été dominés ? Les raisons immédiates sautent aux yeux : "nous" possédions les armes, le fer, et les germes (la variole et autres maladies ayant exterminé beaucoup plus d'indiens ou d'aborigènes que les armes ...). D'où le titre original "Guns, Germs and Steel".

La thèse de Diamond repose sur un certain déterminisme géographique. Mais il convoque également de nombreuses sciences pour étayer son analyse : archéologie bien sur, mais aussi étude des évolutions génétiques des hommes, animaux ou plantes, évolution des langues (étude des racines et divergences, apparition des mots désignant un animal montrant que celui-ci était apparu dans une civilisation donnée).

Il est attesté que les premiers foyers de développement forts humains ont été le "Croissant Fertile" (nord de l'Irak actuel, Syrie, Israël/Palestine) et la Chine aux environs de 7500 av JC. Le développement s'est fondé sur la domestication des plantes (transformation par évolution génétique progressive de plantes sauvages en plantes domesticables) et des animaux. Ceci a permis à des civilisations de chasseurs-cueilleurs de se sédentariser et de former des villes. Les mêmes villes ont alors permis une concentration propice à l'invention et au développement, d'autant plus que les surplus alimentaires ont à leur tour permis le développement de castes d'artisans ou de fonctionnaires, dévoués à l'évolution de la société plutôt qu'à sa subsistance. Cette même concentration a abouti à transformer les sociétés en bandes de quelques douzaines d'individus en chefferies puis en vrai Etats avec des lois, des règles, une caste dominante entretenant, grâce à l'impôt, des fonctionnaires, des scribes (d'où invention de l'écriture) mais aussi des religieux/mystiques capables de justifier l'existence des chefs comme étant supérieurs au commun des mortels. Bref, le cercle vertueux du développement (simplifié à l'extrême ...).

Pourquoi dans ces régions et pas dans d'autres ? La théorie de Diamond repose sur le fait que ces régions présentaient des dispositions de départ (stocks de plantes et d'animaux domesticables) incomparablement meilleurs qu'en Afrique par exemple. Les ancêtres des boeufs ou chevaux étaient domesticables, le zèbre n'a pas été domestiqué (même de nos jours) ... idem de l'éléphant, du rhinocéros, du tigre, ... Il y avait donc une inégalité de départ qui explique grandement les inégalités d'aujourd'hui ...

Et ça n'est pas tout. En effet, ce qui a permis à Cortes ou Pizarro d'abattre les civilisations Incas et Aztèque, c'était leurs avantages technologiques bien sûr mais pas seulement : ils combattaient à 500 contre 1.000.000 ! Le fait est que les germes étaient également de leur côté ... Les germes exportés d'Europe tuaient les indigènes mais pas l'inverse. Pourquoi ? La proximité des Eurasiens avec les animaux avaient permis aux maladies de passer la barrière animal / humain et de se propager aux humains (cf grippe porcine). Les européens en ont certes grandement souffert (peste de 1346 à 1352 qui a tué 25% de la population européenne) mais leur gènes se sont adaptés et ils sont devenus résistants. Par contre, les peuples conquis tombaient comme des mouches (jusqu'à 95% de mortalité en 3 ans ...).

Vous allez me dire : n'en jetez plus, la coupe est pleine ! Et non ... en effet, l'orientation des continents était également inégale. L'orientation du continent Eurasien est essentiellement Est-Ouest, ce qui favorise la diffusion des cultures et/ou animaux domestiqués. En effet, une plante poussant à une latitude donnée en Inde a de bonnes chances de se répandre facilement à la même latitude vers l'Ouest (Italie ...). Par contre, les Amériques et l'Afrique sont Nord/Sud et les barrières écologiques (Sahel, barrières tropicales, ...) ont grandement retardé la diffusion des cultures et animaux et avec elles les avancées technologiques et civilisationnelles.

Encore un exemple ? Le fait que les peuples Eurasiens étaient interconnectés a favorisé la diffusion des technologies (L'Europe dominante du XVIIIème n'avait quasiment encore rien inventé avant 1500 ...) mais aussi leur non-abandon. En effet, l'acquisition du progrès technologique est loin d'être linéaire. Et Diamond montre que l'idée reçue que le besoin crée l'innovation est une chimère ... l'innovation crée souvent le besoin (Le peuple avait-il besoin d'IPhone ? non ... en a-t-il besoin maintenant qu'il est créé ? oui ...). Des peuples isolés peuvent renoncer à des technologies. Ainsi le Japon, isolé, a décidé de renoncer aux armes à feu après les avoir acquises pour préserver le prestige des samouraïs ! Un peuple aux voisins belliqueux n'aurait pu faire de même ... Diamond donne également d'autres démonstrations du caractère difficilement prévisible de la diffusion de l'innovation. Par exemple, le clavier QWERTY que certains d'entre vous ont sous les doigts a été inventé en ... 1873. Et il a été créé pour ralentir au maximum la frappe (lettres apparentées dans les mots séparées sur le clavier, lettres courantes ("e") main gauche, ...) pour éviter aux machines à écrire de l'époque de se bloquer. Les machines ont évolué ... le clavier est resté !

Ou encore, l'auteur explique que la division chronique de l'Europe (oh combien encore vraie) a été paradoxalement une chance historique de développement. Le long endormissement de la Chine qui était pourtant en pole position pour être la nation dominante est due à une forte unification politique. Des dynasties rétives aux progrès ont pu ainsi sortir leur pays de la compétition ... ce qui n'a pu arriver à une Europe en perpétuelle compétition.

Ainsi démontré, on voit que les Indiens d'Amérique n'avaient aucune chance face aux émigrants européens même si leur nombre était très important (20 millions, loin du million évoqué dans les livres d'histoire américain pour accréditer le mythe fondateur du peuplement pionnier d'un espace vide). Idem pour les aborigènes d'Australie dont le développement était resté extrêmement en retrait du fait de l'isolement de leur île et de son climat très favorable.

Ajoutons à cela à la description par Diamond de pages historiques totalement inconnues (de moi en tout cas) comme par exemple la colonisation austronésienne (peuples du Sud-Est Asiatique) qui entre quelques centenaires d'années avant et après JC, se sont diffusés sur une aire allant des iles du Pacifique à l'Est et à ... Madagascar à l'Ouest, ce qui fait que les langues parlées à Madagascar (et les caractéristiques génétiques des habitants) sont plus proches de celles de l'Asie du Sud-Est que de l'Afrique, et vous obtenez, en 600 pages, une somme d'une intelligence totale, un livre rare et précieux qui devrait être enseigné dans les écoles.
Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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De l'inégalité parmi les sociétés : Essai sur l'h..

Passionnant bien qu'un peu trop long, érudit tout en étant accessible. Cet essai tente de trouver des explications à la réussite de certaines sociétés par rapport à d'autres et a répondu à plein de questions que je ne me posais pas avant de le lire !!



Pourquoi les espagnols sont arrivés en Amérique et pas les aztèques en Espagne ? Pourquoi les européens ont colonisé l'Australie et pas les aborigines l'Europe ? Partant de l'observation qu'un homme de Papouasie Guinée n'est manifestement pas moins intelligent qu'un américain moyen, voire beaucoup plus malin , Jared Diamond s'interroge sur ce qui a pu générer la réussite de certaines sociétés.



Plusieurs causes sont mises en exergue.

La première et la plus importante : la production alimentaire. Les régions du monde qui se sont le plus tôt développées (Moyen orient et Chine) sont celles où poussaient des plantes domesticables tels le blé ou l'orge, et où vivaient des animaux domesticables tels les bœufs ou chevaux. Cette production alimentaire va sédentariser les populations qui vont évoluer de chasseurs cueilleurs à cultivateurs. L'excédent alimentaire va permettre le développement en nombre de la population et les inventions (fer, écriture par exemple) et finalement la création d'un état centralisé permettant d'autres découvertes et d'autres développements. En contre point, la proximité entre animaux et hommes et la hausse du nombre d'habitants vont provoquer l'apparition d'épidémies.

Selon l'auteur, l'Eurasie était le seul continent permettant de tels développements rapides du fait du nombre de plantes et d'animaux domesticables et des mouvements est ouest sur la même latitude (et non nord sud) permettant la diffusion des plantes, des animaux et des inventions. L'Afrique, l'Amérique et plus encore l'Australie ne bénéficiaient pas selon lui des mêmes conditions géographiques et écologiques.



Il rappelle également que de nombreuses sociétés indigènes se sont effondrées suite à une mortalité massive due aux germes amenés par les européens, en particulier la variole qui a décimé les populations américaines indigènes. C'est en effet plus les épidémies que les combats qui ont permis des victoires rapides des européens.



Diamond fait donc référence à la géographie, la biologie, la théorie de l'évolution, la linguistique, l'archéologie, la paléontologie et c'est tout l'intérêt de ses réflexions inter-disciplinaires. Bien évidemment, il tord le cou aux théories racistes et suprématistes. Il met en avant l'importance de la géographie afin d'expliquer l'histoire et se sert principalement de l'archéologie et de la linguistique pour fonder ses thèses.



Je suis venue à la lecture de cet essai après avoir lu Homo sapiens de Harari (qui survole beaucoup plus ces questions mais a le mérite d'éveiller notre curiosité) et aux superbes critiques Babelio notamment celle de Nastasia. Un essai qui donne lui-même envie d'autres lectures (c'est sans fin !!).

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Effondrement

Dans notre époque marquée par la pandémie virale, et à un moment où le pire des climatosceptiques, car président de la plus grande puissance mondiale, vient de faire perdre 4 ans à la lutte de l'humanité contre le réchauffement climatique et la perte de biodiversité, j'ai voulu relire, 10 ans après, ce livre passionnant, écrit par Jared Diamond, biologiste de l'évolution, afin de voir si les causes potentielles d'effondrement de notre planète identifiées en 2005 par l'auteur étaient toujours à l'œuvre, et ce que nous avions fait depuis.

Au passage, ce livre avait beaucoup marqué Barack Obama, le président précédent, qui, lui, lisait des livres pour s'efforcer de comprendre le monde.



Diamond, auteur aussi du remarquable "De l'inégalité parmi les sociétés" fait partie de ces hommes, qui, comme Harari, ont une vision tout à fait originale de l'évolution de l'humanité, et savent "voir large" dans leur vision du passé, du présent, et de l'avenir. Et, même si leur vision peut comporter des failles, elle a le mérite d'être argumentée, et dans le cas de Diamond, d'être étayée par de nombreux faits scientifiques et non des fake-news.



Le livre traite d'une question cruciale pour notre temps. Comment et pourquoi les sociétés humaines peuvent s'effondrer ou au contraire survivre?



A l'aide de nombreux exemples tirés du passé, puis d'une analyse de certaines de nos sociétés actuelles, l'auteur nous livre l'ensemble des facteurs qui peuvent contribuer à l'effondrement d'une société humaine.

Puis, dans plusieurs chapitres passionnants qui concluent l'ouvrage, il essaie de dégager les raisons qui amènent les sociétés à prendre des décisions catastrophiques pour leur survie. Et surtout dans un dernier chapitre, il identifie les problèmes actuels qui sont susceptibles de conduire à l'effondrement de notre humanité, répond aux objections de ceux qui contestent ou minimisent ces problèmes et nous donne des pistes pour relever les défis.



Sans entrer dans les détails, car c'est un livre dense, de près de 900 pages, après un préambule consacré à l'Etat du Montana, dont l'auteur est originaire, et dont le but est de montrer que les problèmes qu'il développera plus loin se posent tous dans un État considéré comme "préservé", l'auteur décrit d'abord des sociétés du passé qui se sont effondrées.

Il identifie 5 facteurs qui en se combinant, contribuent à l'effondrement: dégradation environnementale, changement climatique, voisins hostiles, perte de partenaires commerciaux, et réponses de la société elle-même à ses problèmes environnementaux.

Les exemples vont de l'île de Pâques, dont la société s'est effondrée par la seule dégradation de l'environnement, aux Vikings du Groenland qui se sont effondrés du fait de la conjugaison des 5 facteurs y compris le refus de s'adapter au moment de l'effondrement, ce qui aurait permis leur survie.

Cette description des sociétés effondrées et des causes de leur effondrement est passionnante, très détaillée et constitue près de la moitié du livre.



L'auteur montre ensuite comment, à l'inverse, 3 autres populations ont réussi à s'adapter pour faire face à un effondrement, soit sur mode d'autorité, soit sur un mode participatif, avec des solutions multiples et parfois drastiques, qui vont de la gestion raisonnée des forêts imposée par la force au Japon de l'ère Edo, de la pratique d'une agriculture durable combinée à une régulation des naissances comportant une part d'infanticide en Papouasie, de l'élimination totale du porc en raison des dégâts supérieurs au bénéfice alimentaire plus une politique de régulation des naissances sur l'île de Tikopia. Ces exemples montrent que par le passé, chez certains, ni l'intelligence ni le courage n'ont fait défaut pour résoudre les problèmes environnementaux.



Puis, et c'est la partie qui comporte peut-être une part d'incertitude dans l'analyse, l'auteur s'attaque aux sociétés contemporaines. Il montre comment le génocide au Rwanda est en partie lié à la surpopulation et au mode de partage des terres, comment Haïti a reproduit un scénario proche de celui de l'île de Pâques, alors que la République Dominicaine a réussi, en partie, à préserver son environnement. Il analyse les problèmes auxquels est confrontée la Chine, déforestation, désertification, disparitions des marais, problèmes d'approvisionnement en eau, pollution chimique et atmosphérique etc...Il présume que, s'il le veut, ce pays extrêmement unifié peut prendre rapidement des décisions en faveur de l'environnement. C'est effectivement ce que l'on voit à l'œuvre maintenant, mais aussi, malheureusement, un pillage des ressources du continent africain. L'exemple de l'Australie est particulièrement intéressant, car il montre que ce continent est celui de tous les risques, et effectivement les sécheresses et incendies cataclysmiques qui se produisent depuis quelques années lui donnent raison. De multiples problèmes sont relevés par l'auteur: des sols géologiquement pauvres et qui ne peuvent se renouveler, des sols salinisés, des pluies incertaines, des variations climatiques extrêmes, et puis des choix agricoles inadaptés, dont il donne de multiples exemples, tels l'élevage intensif, etc....Il propose des solutions dont certaines drastiques, comme l'abattage total du bétail.



Dans une dernière partie, à part une partie un peu longue sur les grandes entreprises et l'environnement, l'auteur nous fait une synthèse passionnante des problèmes.



D'abord, et c'est important pour nous tous actuellement, il essaie de résumer pourquoi les sociétés prennent des décisions catastrophiques.

- Le défaut d'anticipation soit parce que le problème n'a jamais été rencontré, soit par l'oubli des catastrophes passées, soit par le raisonnement par analogie, par exemple des colons qui entreprennent une agriculture sur un sol pauvre par analogie au pays d'origine où le sol est riche.

- le défaut de perception du problème, qui, il faut le dire, est de moins en moins possible à mesure que nos connaissances progressent. Ainsi en fut-il de la qualité des sols ou de leur salinisation, du réchauffement voire par le passé du refroidissement climatique, qui peuvent être masquées par des variations annuelles etc...

- l'incapacité à régler un problème alors qu'il a été perçu, et c'est le principal problème qui se pose actuellement à notre humanité. L'auteur en énumère les causes multiples, rationnelles comme le besoin de se nourrir,se chauffer, pour les populations pauvres, la recherche du profit, l'égoïsme, les conflits d'intérêt, la concurrence pour les ressources non durables. Et aussi les causes irrationnelles innombrables, dont les croyances religieuses ou autres, et le déni psychologique. Cela fait froid dans le dos, et l'on se dit que cela ne n'est pas arrangé depuis l'écriture du livre, à preuve les pays dirigés par des dirigeants niant l'évidence, comme Trump ou Bolsonaro, et la floraison des thèses complotistes, obscurantistes sur les réseaux sociaux.

- et enfin, bien entendu, c'est l'échec des solutions prises malgré les efforts entrepris, et c'est peut-être ce qui attend notre humanité. Ce fut le cas pour les sociétés anciennes qui n' avaient pas les connaissances écologiques que nous avons, mais c'est aussi le cas, à l'heure actuelle, de l'éradication des espèces nuisibles, des mesures prises pour prévenir les incendies de forêts, etc...



Ensuite, il détaille les 12 problèmes principaux auxquels nous faisons face:

La destruction des habitats naturelsu

L'exploitation non-durable des ressources marines

La perte dramatique de la biodiversité (la 6ème extinction massive de l'histoire terrestre)

L'exploitation massive des ressources fossiles

L'utilisation excessive de l'eau mondiale

L'utilisation excessive de la lumière solaire à des fins humaines au détriment des forêts naturelles

La pollution chimique dont les pesticides

L'installation d'espèces étrangères hors de leur éco-système d'origine

La production de gaz à effet de serre, CO2 et méthane, responsables du réchauffement climatique

L'augmentation de la population mondiale

La consommation crue de ressources et la production excessive de déchets liées à l'élévation du niveau de vie.

Tous ces problèmes sont liés, et il faut les traiter ensemble, et de façon mondiale.

Sans entrer dans le détail des solutions qui seront politiques et citoyennes, je voudrais ici relater ce que propose l'auteur: l'importance de s'appuyer sur le savoir des scientifiques; le rôle que chacun peut jouer: voter en fonction des engagements et résultats obtenus par les politiques en matière d'environnement; orienter totalement et dans tous les domaines sa consommation vers celles de produits et services respectueux de l'environnement; contribuer à financer des fondations ou associations qui agissent pour l'environnement, et enfin limiter sa consommation de biens et services et sa production de déchets.

L'auteur insiste bien sur le fait que la technologie ne résoudra pas tout.

Il nous montre un exemple, celui des Pays-Bas qui a su, par le passé, relever le défi.

Eh bien, Mr Diamond, depuis 15 ans, certes, la prise de conscience s'est accrue, à preuve l'Accord de Paris, la politique européenne, et le virage écologique de la Chine. Mais aussi, que de reculs! Les années Trump, le Brésil de Bolsonaro, l'essor des fake-news.

En tout cas, votre livre, bien que très dense, est, je le trouve essentiel
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Le troisième chimpanzé

Fan-tas-ti-que !



Jared Diamond est né à Boston le 10 septembre 1937. Diplômé de l'université Harvard en 1958, il obtient sa thèse en 1961 à l'université de Cambridge en physiologie. Il est nommé professeur de physiologie à l'UCLA Medical School (École de médecine de UCLA) en 1966. Il commence alors une seconde carrière de biologiste en étudiant l'écologie et l'évolution des oiseaux de Nouvelle-Guinée. Puis à partir de la fin des années 1980, il s'intéresse à l'histoire de l'environnement et devient professeur de géographie à l'UCLA, poste qu'il occupe toujours actuellement. Auteur de nombreuses publications scientifiques, il a reçu en 1999 la prestigieuse National Medal of Science américaine. Ajoutant à cela qu'il a étudié étant jeune et est resté passionné de linguistique et on obtient un parcours très éclectique. C'est cet éclectisme qui donne tout son sens à ses livres puisqu'il fait la synthèse de différentes sciences pour décrire l'histoire de l'humanité : biologie, archéologie, étude de l'environnement, linguistique, histoire, évolutionnisme, géographie (Diamond met notamment l'accent sur le fait que la géographie et l'environnement en général ont un impact beaucoup plus grand sur les civilisations que ce qu'on peut en penser a priori), ...



Il a publié une trilogie :

- En 1992, "Le troisième chimpanzé" (The Third Chimpanzee. The Evolution and the Future of the Human Animal) que je viens de terminer

- En 1996, "De l'inégalité parmi les sociétés" (Guns, Germs, and Steel), Prix Pulitzer 1998, que j'ai déjà lu et critiqué ici

- En 2005, "Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie" (Collapse) que j'ai également lu et critiqué ici



Bon j'ai lu la trilogie à l'envers, ce qui n'était pas forcément malin. En effet, le premier livre porte 2 chapitres qui sont les prémisses des livres suivants, ce qui rend ces passages un peu fastidieux en lisant à l'envers.

J'avais toujours ressenti un manque (problème de programme scolaire ? d'attention de ma part ?) dans la compréhension du continuum historique qui nous mène en gros d'homo erectus à aujourd'hui. L'histoire moderne, je vois. L'histoire médiévale, dans les grandes lignes. Rome, la Grèce, OK. Mais le chaînon manquant entre l'homme quasi-chimpanzé et Rome, là, je séchais. Lacune comblée grâce à ces 3 livres bourrés d'informations mais qui restent accessibles (sacrée gageure !).



Le tout forme un ensemble cohérent :



- Le troisième chimpanzé relate l'histoire de l'Homme à partir de ses tous débuts et s'attache à raconter son évolution jusqu'au début des civilisations et place également l'homme dans le contexte global de son environnement en essayant de comprendre ce qui fait la spécificité de l'être humain en tant que espèce à part

- De l'Inégalité parmi les Sociétés répond à la question critique de savoir pourquoi il existe aujourd'hui des différences considérables dans le progrès technologique entre les sociétés et pourquoi, par le passé et encore aujourd'hui, certaines civilisations en "écrasent" d'autres. Ce livre couvre principalement la phase allant de -8.000 av JC (débuts de l'agriculture dans le Croissant Fertile) jusqu'au milieu de ce qui est pour nous le Moyen-Age

- Effondrement suit une logique chronologique. Le livre raconte étudie les scénarios qui ont conduit à l'effondrement de certaines sociétés (Ile de Pâques, colonisation Viking du Groenland), comment d'autres ont survécu (Islande, malgré un déboisement massif), comment d'autres sont en danger à l'époque contemporaine (Australie). Le tout formant un vibrant mais très raisonné plaidoyer écologiste (plaidoyer qui traverse les 3 ouvrages, Le troisième chimpanzé attirant par exemple l'attention sur la biodiversité en tant que nécessité pour l'espèce humaine ...).



Que raconte Le Troisième Chimpanzé ?

Tout d'abord l'histoire de l'évolution de l'homme avec les différents stades depuis notre séparation d'avec les grands singes. On retrouve ici l'histoire "classique" telle qu'on a pu l'entendre par des scientifiques comme Yves Coppens (homo erectus, home sapiens, homme de Cro-Magnon vs homme de Néanderthal ... premier génocide de l'Histoire ?). Classique et en même temps levant quelques idées reçues comme par exemple l'image d'Epinal de l'homme ancien grand chasseur de Mammouth pendant que les femmes s'occupaient des gamins (image sexiste véhiculée par des chercheurs ... masculins) alors que, si les rares occasions où nos ancêtres tuaient des Mammouths devaient alimenter leurs conversations pendant des mois (ah les mecs pour se vanter ...), il semblerait que la part des femmes dans l'alimentation (cueillette) ait belle et bien été très significative ...

Diamond part du postulat que nous partageons 98,4% de notre ADN avec le chimpanzé commun et les bonobos (les 2 premiers chimpanzés qui donnent le nom à l'ouvrage). La question centrale est : qu'est-ce qui, dans ces 1,6%, nous donne notre spécificité ? Quelle est exactement l'étendue de notre spécificité ? Sommes-nous si différents que cela des animaux ? Jared Diamond prend un à un les bons côtés (altruisme, langage, art, ...) et les mauvais côtés (toxicomanie, meurtre, génocide, ...) qui peuvent faire que l'Humain soit différent des animaux. Eh bien c'est une leçon d'humilité car soit les animaux le font aussi (meurtre, génocide, altruisme) soit ils en ont les précurseurs. En fait, il semble que la seule chose qui fasse la différence c'est le langage articulé qui nous a permis de faire un bond en avant et de vraiment lancer l'Homme "moderne" et l'innovation technologique qui va avec. A noter aussi que le mythe du bon sauvage en prend un coup dans l'aile : les chasseurs-cueilleurs tuaient à tour de bras, les "découvreurs" de l'Amérique quelques millénaires avant JC ont exterminé les mammifères en un rien de temps, les génocides sont vieux comme homo sapiens ...



Mais la spécificité de l'homme c'est aussi son "cycle vital". En effet, Jared Diamond nous explique pourquoi (ou en tout cas les théories existantes) :

- les hommes vivent moins vieux que les femmes (à part l'alcool et le tabac ...)

- les hommes sont un peu plus grands que les femmes

- les hommes ont un gros sexe (comparé aux singes)

- comment les testicules sont-ils dimensionnés ?

- pourquoi la phase d'ovulation n'est pas visible chez la femme ?

- pourquoi la femme accepte le coït en dehors de la phase d'ovulation ? (ce qui n'est pas souvent le cas dans la nature ...)

- pourquoi la ménopause (phénomène unique dans la nature) ?

- quel est l'impact de l'interrogation permanente de l'homme sur la paternité (la femme est sûre que sa progéniture est à elle mais l'homme ? des études ADN ont montré que, selon les lieux, de 5 à 30% des enfants humains ...... ne sont pas les enfants de leurs 2 parents)



Diamond arrive même à rendre la linguistique passionnante en nous éclairant sur les destins, ramifications, origines, déformations des langages et de quelle façon ils sont liés aux mutations civilisationnelles.



Bref, ce livre est une vraie leçon de choses au bon sens du terme, à la fois une explication chronologique de la façon dont a évolué l'homme mais aussi la réponse à nombre de questions que l'on ne se serait pas posées (car on les considère comme évidentes) et enfin une réflexion plus globale sur la place de l'Homme en ce Monde.



Ce livre est un MUST comme l'ensemble de la trilogie. Il devrait être distribué à tous les écoliers.
Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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Effondrement

C’est un essai écrit il y a une vingtaine d’années, qui eut un retentissement à sa publication par un biologiste et enseignement de géographie à l’Université de Californie, Jared Diamond.

C’est une véritable mise en garde , présentée de façon pédagogique à travers des exemples qui parcourt les époques et les espaces : île de Pâques, les Mayas, les Vikings et le Groenland, la Chine,…L’auteur impute la disparition des sociétés humaines à la destruction de leur milieu naturel due à l’exploitation des ressources au-delà de ce que ce milieu peut supporter, due à la pression démographique en particulier. Jared Diamond met en évidence d’autres facteurs, le changement climatique, l’hostilité des voisins de ces peuples, la dépendance dans les rapports avec leurs partenaires commerciaux, l’effet de la culture et du mode de vie sur les territoires différents des leurs, les réponses inadaptées des élites de ces peuples aux problèmes.

J’ai apprécié la comparaison des évolutions d’Haïti et de la République dominicaine, « une île, deux peuples, deux histoires » pour illustrer l’influence des choix, des réponses.

L’auteur établit, à la fin de son essai un récapitulatif des problèmes et souligne en particulier, dans ce monde « qui est un polder », l’interdépendance des sociétés actuelles entre elle, sans définir véritablement de solutions. Ce n’est pas l’objet de cet essai. C’est déjà important d’essayer de lever le voile sur ces problèmes complexes, multifactoriels et de les mettre à la portée de tous.

C’est réducteur, sans doute, au vu de la difficulté de poser un diagnostic précis sur des temps reculés, et de la complexité des problèmes et des interactions, mais très intéressant. Qui me conduit à chercher d’autres ouvrages dans cette même veine.



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