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Critiques de Jean-Baptiste Andrea (1798)
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Ma reine

Après m'être autant régalé avec Veiller sur elle, j'ai eu envie de retrouver Jean-Baptiste Andrea, de me replonger dans cette écriture qui m'avait tant charmé.

Alors j'ai plongé dans son premier roman.



Ma reine c'est l'histoire d'un presque plus enfant mais pas tout à fait un adolescent, un môme mal dégrossi ou plutôt un peu différent, a-t-on l'habitude de dire dans le politiquement correct.

Il pense différemment, a des difficultés à compter, lire, faire les choses que les "autres" font plutôt facilement! Lui, il lui faut un peu plus de temps!



Un jour, il va rencontrer Viviane, un soleil de plus dans sa campagne déjà lumineuse, une petie fée qui ne s'attardera pas sur sa "différence" mais qui va lui offrir ce que j'amais il n'avait obtenu jusque là, son amitié. En échange, il devra la considérer comme sa reine!



Un récit très touchant, tout simple, plein de tendresse, dans lequel on trouve déjà ce type de relations très particulières entre deux êtres qui n'avaient rien pour se rencontrer. On devine une des esquisses de "Veiller sur elle";



Un joli petit roman, plein de poésie, de mélancolie avec quelque chose de très spécifique : J'ai trouvé ce roman très lumineux!

Un très beau roman, justement récompensé par les jeunes lecteurs!

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Veiller sur elle

Cela fait un mois précisément que j'ai refermé ce roman décapant avec le sentiment d'avoir découvert une perle dans une huitre.

Un mois que les paysages italiens, l'odeur des orangers, l'accent ravissant de la langue, le soleil du sud, le bruit des tailleurs de pierre, le chant des cigales, l'animation des villes, le sourire d'une amie, l'appât du gain, la prière des moines et le souffle d'une ourse distillent dans ma vie quotidienne, les souvenirs précieux de cette lecture bouleversante.



Les prix Goncourt me font souvent peur. A tort.

Certains sont très (trop ?) originaux parfois.

Celui-ci est beau.

Juste beau.

Accessible à tous.

A ceux qui aiment rêver.

Aux chasseurs de perles.



Veiller sur elle est une pépite de poésie et d'imaginaire, de voyage dans le temps, de questionnements politiques, sociétaux, religieux, amoureux, vocationnels.



Veiller sur elle est une quête.

Celle d'une vie.

Qui bouleverse l'auteur et les personnages autant que les lecteurs.



Veiller sur elle est un chemin.

Tantôt dangereux. Tantôt lumineux. Toujours riche.



Et lorsque le dénouement éclaire le roman d'une toute autre teinte, on rêve de recommencer la lecture.

Renouvelés d'espérance, d'expérience et de félicité.



Veiller sur elle est un Goncourt incontournable.

De ceux qui transforment des êtres et des vies.
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Veiller sur elle

VEILLER SUR L'AMOUR



Bien que j'ai aimé ce bouquin, cela fait deux jours que je reste sur une page blanche pour le chroniquer. Peut-être parce que la magie prend, et on se sait pas l'expliquer. Peut-être aussi parce que l'amour ne s'explique pas.



Jean-Baptiste Andrea nous a écrit un fabuleux roman d'amour. Oh, pas d'amour charnel, non, d'amour amitié entre deux êtres, deux âmes soeurs qui pourtant paraissent être diamétralement opposées.

Tout d'abord Mimo.

Mimo, il est tout petit. Joli mais petit. Avec son mètre quarante, on pourrait croire que la nature ne l'a pas gâté mais Mimo a un don. Il voit. Il voit la forme, la pureté dans les blocs de pierre. C'est un sculpteur de génie.

Sa mère l'abandonne à l'adolescence dans l'atelier d'un oncle sculpteur, plus attiré par la vinasse que par son maillet. Il y fera ses premières armes... et se fera des amis aussi. Et c'est en jouant avec Alinea et Emmanuelle dans un cimetière qu'il rencontre Viola.

Viola Orsini est la fille des aristocrates du coin. Riche, belle, ... elle retient tout ce qu'elle lit. A un point que ses parents la montrent comme un ours de cirque aux gens qui viennent diner chez eux.

Elle a un rêve, voler.

Elle a un désir, être une femme moderne, indépendante.

Mais parfois la vie vous brise les ailes.



Ces deux-là resteront liés par-delà la mort. Et je ne vous en dirai pas plus !



J'ai franchement apprécié l'ambiance de ce roman, qui par ses divers personnages nous replonge dans l'histoire de l'Italie du 20ème. Montée du fascisme, les chemises noires de Mussolini, la papauté.

Grâce à l'ambition de la famille Orsini et à la sculpture de Mimo, toutes les portes de l'histoire sont ouvertes.

On y verra aussi apparaitre les peintures de Fra Angelico, la Sculpture de Michelangelo,... On déambulera dans Florence et à Pietra d'Alba avec Mimo et la galerie de personnages haut en couleur: Alinea, Emmanuele, Bizarro.



Voici la fin de ma petite chronique pas inspirée d'un bouquin que j'ai pourtant bien aimé











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Cent millions d'années et un jour

Quand on a un rêve, un rêve de gosse, un rêve fou, jusqu'où est-on prêt à aller pour le réaliser ?

Ne risque-ton pas de sombrer dans la folie ?

Et finalement, le plus important est-il le but ou le chemin parcouru pour l'atteindre ?

Voilà les questions qui sous-tendent ce roman original.

Stan, paléontologue, monte une expédition pour aller chercher un squelette de dinosaure. Ou plutôt, un hypothétique squelette de dinosaure.

Les indices sont minces, mais le jeu en vaut la chandelle : s'il s'agit bien de l'animal espéré, c'est la gloire assurée !

Le voilà donc parti avec une drôle d'équipe à la recherche de la bête.

J'ai aimé les rapports entre les membres de l'expédition ; leurs personnalités variées, d'Umberto l'Italien à Peter l'Allemand, sont intéressantes dans leurs différences. Chacun a ses qualités, chacun a ses défauts. Ensemble, ils forment un groupe insolite que le lecteur a beaucoup de plaisir à suivre.

J'ai aimé l'imbrication entre deux époques, Stan creusant dans le glacier en quête d'un squelette tout en creusant ses souvenirs en quête de son passé.

J'ai aimé la langue de l'auteur, à la fois simple et poétique, à travers laquelle il arrive parfaitement à nous faire ressentir ce que vivent les personnages et les émotions qui les traversent : l'espoir, le découragement, la volonté, l'excitation, la peur mais aussi le froid ou l'inconfort.

Tout simplement, j'ai aimé ce roman.

Je remercie Babelio et les éditions L'iconoclaste pour ce livre et pour l'organisation d'une rencontre avec un auteur généreux et passionnant.

Ces rencontres sont toujours l'occasion d'en apprendre plus et de mieux comprendre ce qu'on lit.

Jean-Baptiste Andrea nous a raconté avoir voulu être paléontologue, et cela explique la vision positive et exaltante qu'il donne de ce métier dans son texte.

Il nous a également dit ne pas être alpiniste lui-même, mais adorer la montagne, d'où son envie d'y situer son histoire. Tant mieux, parce j'ai aimé être plongée dans cet environnement de pierres et de glace tout au long du récit, jusqu'à une fin très émouvante.

Scénariste de longue date, Jean-Baptiste Andrea nous a expliqué avoir douté de ses capacités à trouver son style : un scénario est écrit de façon très plate, tandis qu'un roman nécessite de trouver sa façon d'écrire. Il peut être pleinement rassuré à ce sujet : il l'a trouvée, sans aucun doute !
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Veiller sur elle

Atteint de nanisme, Michelangelo Vialiani, Mimo est envoyé en 1916, dans la petite ville de Pietra d’Alba pour y être formé à la sculpture. Il se lie d’amitié avec Viola, la benjamine de la richissime famille Orsini. Le jeune sculpteur va être façonné par la jeune fille et sa famille.

Une grande fresque familiale et sociale inscrite sur près d'un demi-siècle d'histoire italienne entre deux guerres, entre deux mondes, celui des humbles, celui des riches, portée par deux personnages incroyables. L’histoire d’un lien indéfectible entre deux êtres issus de milieux totalement opposés.

Une écriture fluide et somptueuse. J’ai été très marqué par le personnage de Viola, une jeune fille moderne, vive, insaisissable, intelligente. Le récit alterne entre les souvenirs de Mimo et la vie dans le couvent où il est en train de s’éteindre, avec toujours en arrière-plan cette sculpture exceptionnelle dissimulée aux yeux de tous.



Hymne à la création, ode à la liberté, roman d’apprentissage, fresque historique, récit romanesque, histoire d’amour, bref un roman coup de cœur, je l’ai lu lentement, c’est un livre qui ne se dévore pas, mais qui se déguste.



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Des diables et des saints

Ils sont 7. 7 mousquetaires. Membres de la vigie. Liés à la vie à la mort dans cet orphelinat des Pyrénées où ils ont échoué après que la vie a pris son dû : La fouine, Sinatra, Souzix, Edison, Danny, Momo et Joe, le musicien prodige, le pianiste accompli, le narrateur amoureux. Tous enfermés. Menés à la baguette par l’abbé Sénac et Grenouille. Avec tous un objectif chevillé au corps : partir...

Quel roman magnifique, haletant, enthousiasmant, émouvant. Une petite merveille, entre rires et larmes.

Avec la musique en toile de fond, c’est une véritable symphonie que compose Jean-Baptiste Andréa, virtuose des mots et de la formule. Un roman avec du rythme, de l’amitié (beaucoup), des diables, des saints et une Rose. Avec de la poésie et Michael Collins aussi. Et Beethoven (toujours) ! Un vrai bonheur de lecture où l’auteur se met à hauteur d’enfant ! J’ai adoré !

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Veiller sur elle

En cette année 1986, Mimo Vitaliani vit ses derniers instants, veillé par les frères de l'abbaye italienne où il s'est retiré depuis quarante ans. L'abbé sent bien que la fin est proche et pourtant le vieil homme semble s'accrocher à son dernier souffle de vie, comme s'il avait encore des choses à dire. Dans le secret de son âme, il se repasse le film de sa vie. Né en France, en 1904, dans une famille pauvre d'origine italienne, il est envoyé au pays chez un oncle sculpteur, à la mort de son père. L'homme rechigne en découvrant que Mimo est atteint de nanisme. Il en fait son esclave, corvéable à merci. Mais grâce à cet oncle malfaisant, Mimo découvre Piétra Alba, le village des Abruzzes qu'il fera sien. C'est là qu'il croise la route de Viola Orsini, son âme soeur. Il est petit, ignorant et sans le sou, elle est belle, riche, cultivée et excentrique. Leur rencontre marque le début d'une grande aventure.



Mimo et Viola…

Mimo, c'est la revanche de celui qui n'est pas né avec les bonnes cartes en main. Mais son père mort trop tôt, emporté par la folie de la Grande Guerre, lui a légué l'art de sculpter la pierre. Il devient un génie dans son domaine, adulé par les puissants, courtisé par le régime fasciste.

Viola, c'est l'anti-conformiste qui se rebelle contre son monde fait de convenances. Elle rêve de voler, elle se croit sorcière, elle communique avec les morts, elle élève un ours dans la forêt. Son imagination débordante la sauve d'une famille riche et puissante qui laisse peu de place à l'émancipation des femmes.

Leur rencontre, qui n'aurait jamais dû se produire, va faire des étincelles et marquer le début d'une amitié fidèle, d'un amour platonique mais inaltérable.

L'Italie, l'Art, l'Histoire, deux personnages bien campés…de bons ingrédients et pourtant… Il manque un ‘'je ne sais quoi'' pour faire de ce roman convenable un grand roman. Ce petit supplément d'âme, ce souffle romanesque qui emporte tout sur son passage.

On lit Veiller sur elle sans déplaisir mais avec une certaine frustration parce qu'il est difficile de s'attacher à l'arrogant Mimo, parce qu'on attend le moment où on sera enfin ferré par l'intrigue, parce que la sculpture est réduite à la portion congrue, parce qu'on aurait aimé plus de panache, plus d'inspiration avec un grand i.

Une lecture facile, c'est tout.

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Cent millions d'années et un jour

Paris, début des années 1950. Stan, la cinquantaine, paléontologue désabusé par le train-train étriqué de sa vie académique, déambule un beau jour dans les rues, quand il arrive à la hauteur d'un immeuble que des déménageurs sont en train de vider. le concierge vient de mourir, des caisses sont alignées sur le trottoir en attendant d'être amenées à la décharge. Machinalement, Stan farfouille dedans, et y trouve un petit os fossilisé. Son esprit s'enflamme aussitôt : ne serait-ce pas un os de dinosaure ? L'excitation monte encore d'un cran lorsqu'une fillette de l'immeuble lui explique que le vieux concierge racontait avoir trouvé, quand il était petit, un squelette de « dragon » dans une grotte en montagne, d'où il avait ramené ce morceau d'os.



Découvrir un squelette intact de dinosaure, voilà qui assurerait à Stan la gloire qui s'est toujours refusée à lui. Après de laborieux recoupements et recherches, il pense avoir localisé la grotte en haute montagne, quelque part entre France et Italie. Il met dans la confidence Umberto et Peter, deux collègues de confiance, et les convainc de monter une expédition secrète, à la recherche du trésor.



Juillet 1954, les trois comparses entament l'ascension avec Gio, guide chevronné, et établissent un camp de base au pied d'un glacier. A cette altitude, ils savent qu'ils n'ont que le temps de l'été pour sonder les parois de la montagne, et que dès les premières neiges, il faudra redescendre. le compte à rebours est lancé, les jours s'écoulent avec régularité, vains, jusqu'au jour où...découverte...



Alors le temps tout à coup se contracte, accélère, un contre-la-montre contre l'arrivée de l'automne, le froid, jusqu'à ce que...la neige...



Et puis le temps ralentit, se densifie dans la solitude et la blancheur infinis, et une heure s'étire en cent millions d'années...



Ce roman est un huis clos en altitude, dans la neige, le froid, la solitude, un récit glacé et glaçant. C'est l'histoire du rêve d'une vie, d'une passion, d'une obsession, poussés jusqu'à la folie. Sur fond de blessures d'enfance mal cicatrisées, une quête d'absolu, absurde, insensée et qui pourtant nous renvoie à la question si terre à terre : que faisons-nous de nos rêves ? Jusqu'où sommes-nous capables d'aller pour les réaliser et vivre cette vie rêvée ?



Portée par une plume originale et très imagée, cette histoire au départ improbable devient au fil des pages un conte étrange, sensible, tragique, lyrique, oppressant, marquant.
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Des diables et des saints

Une ou deux fois par an, j’ai un coup de foudre pour un roman. Comprenez-moi bien, cela va au-delà des livres que je déclare sur mon blog avoir « aimés passionnément ». Dans ma quête de littérature, j’ai alors l’impression d’avoir atteint le sommet des sommets, que je ne trouverai plus jamais mieux et donc que mon avenir de lecteur est derrière moi… Et puis miracle, quelques mois plus tard, sans prévenir, sans indice prémonitoire, voilà qu’un nouveau roman prend le contrôle de mon esprit, de mon souffle, de mes battements de cœur.



On a l’habitude de dire : je n’ai pas pu lâcher ce livre. En l’occurrence, c’est plutôt le livre, Des diables et des saints, qui ne m’a pas lâché, éveillant en moi toutes sortes d’émotions négatives et positives, compassion, consternation, indignation et aussi espoir, soulagement, éblouissement. Sans oublier de fréquents sourires et même quelques rires francs, ce dont je suis ordinairement avare.



Premier chapitre, un homme âgé raconte. Il dit s’appeler Joseph ou Joe. Ses propos, de tonalité claire, logique, transparente, suscitent pourtant plus de questions qu’ils n’ouvrent de perspectives. Des propos placides, qu’il faut relire après la fin du livre pour en ressentir toute la détresse. Pourquoi cet homme, pianiste virtuose, ne joue-t-il que sur des pianos publics, comme on en trouve aujourd’hui dans les halls des grandes gares et des aéroports ? Pourquoi son répertoire est-il limité aux sonates de Beethoven ? Et pour qui, alors qu’il refuse de se produire sur scène, met-il toute son âme dans leur interprétation ?



Plongée dans les ténèbres, un demi-siècle plus tôt. Des diables et des saints est l’histoire d’un adolescent brutalement abandonné par le destin, dans les années soixante. Une décennie où l’on a coutume de situer l’émergence de notre modernité, en oubliant que des mœurs du XIXe siècle perduraient encore dans certaines contrées reculées. Au fin fond des Pyrénées, Les Confins est un pensionnat religieux dédié aux orphelins et aux enfants laissés pour compte. Un enfer ! Mais à quinze ans, on y noue des amitiés qui subliment l’envie de survivre sans se soumettre, en dépit d’une maltraitance infligée au nom d’une « saine éducation catholique ». Et à quinze ans, il suffit d’une jeune fille au visage anormalement pâle et habillée par Dior, pour forger un sens à ses rêves et à sa vie. De quoi tenter une course éperdue dans un tunnel ferroviaire, où les trains frôlent de si près les parois, qu’en s’y engouffrant à pleine vitesse, ils déclenchent ce qui ressemble à un boum supersonique.



Le texte se présente en courts chapitres ni titrés ni numérotés, consacrés pour la plupart au séjour de Joseph aux Confins. S’intercalent des digressions d’adolescent des sixties et des réminiscences de jours heureux. Dans les plus savoureuses, Joseph se remémore les cours de piano que lui prodiguait un très vieux professeur de musique, né en Pologne, d’une exigence extrême et prétendant connaître le tréfonds de l’âme de Beethoven – Ludwig ! –, comme s’il en avait été le confident. Dans un langage colérique fleuri de yiddish, il délivre des commentaires exceptionnels sur les œuvres de Ludwig et leur interprétation.



Des diables et des saints est le troisième roman de Jean-Baptiste Andrea. Cet écrivain, qui est aussi réalisateur et scénariste, a l’habitude de mettre en scène des personnages atypiques vivant des destinées irréelles ou absurdes, dans des romans qui ressemblent à des contes. Il travaille l’expression poétique de ses textes avec talent et minutie (on sait depuis Baudelaire que ce n’est pas incompatible). Le rythme de son écriture varie, tantôt nerveux, en phrases courtes, tantôt lyrique, en développements mélodiques. Puisé dans un vocabulaire d’une richesse époustouflante, chaque mot, chaque expression est à sa place. Je me suis souvent arrêté pour en admirer la créativité, la justesse et la beauté.



Un livre où je me suis surpris à retrouver mes émois d’adolescent, entre bêtises de gamins, blagues de potaches et rêves d’idylles. J’aurais aimé jouer au piano et imaginé qu'une jeune fille me dise : « Si tu rejouais comme ça, et que je t’entendais du bout du monde, je te reconnaîtrais ».


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Cent millions d'années et un jour

L'action se situe en 1954.

Stan, paléontologue à la fin de sa carrière, voudrait faire une découverte qui le rende célèbre.

En réalité, il s'intéresse plutôt aux squelettes de brontosaures, apatosaures.

Il fait appel à un ancien collègue , un chercheur italien, Umberto qui le rejoint dans l'arrière pays de Nice pour tenter l'aventure. Il arrive avec Peter, un autre scientifique : ce qui déçoit beaucoup Stan qui voulait retrouver la complicité qu'il avait connue avec son ancien collègue.

Ils doivent s'associer à un guide de haute montagne.

Les voilà partis...le moins aguerri des quatre est Stan qui a peur du vide.

Parfois, je me croyais dans une expédition racontée par Frison-Roche.

Nous rentrons dans les pensées d'Umberto, très habité par son enfance malmenée par un père brutal envers lui et sa mère. Il nous raconte aussi comment il a cru aux dires d'un vieux concierge qui lui a parlé de la grotte au dragon. Il est persuadé qu'il va faire une énorme découverte.

J'ai beaucoup apprécié le suspense du roman car on espère une découverte, la poésie imagée de l'écriture qui selon moi, est unique en son genre.

J'ai un peu moins apprécié la tournure que prennent les évènements au fur et mesure de l'aventure mais c'est un très bon roman que je ne regrette pas du tout d'avoir découvert.
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Veiller sur elle

Des centaines de critiques et de citations, whaou ! Ce doit être ça l'effet Goncourt...

J'y vais de ma petite contribution. Un roman agréable à lire car se situant dans une période historique suffisamment proche pour être accessible aux lecteurs ayant le temps de lire (vieux) et pratiquant encore un peu cette activité (pareil, vieux).

Personnellement, je me le suis fait prêter justement parce qu' il avait obtenu ce prix. En le lisant, j'ai donc pu apprécier les quelques idées, les quelques passages qui, en effet, suggéraient une possible "chasse au prix". La figure féminine de Viola Orsini est la plus sympathique de cette galerie de politiquement correct, tellement "possible féministe d'époque"...

Sinon, cela se laisse lire agréablement, c'est bien construit ; le mélange des temps, des commentaires "voix off" et du narrateur Michelangelo Vitaliani dit Mimo nous offrent une progression narrative sans surprise majeure. C'est plein de bons sentiments, cela dénonce juste comme il faut ce qu'il faut dénoncer, pas de révolution en vue...

Comment appréhender les caractères, les sentiments des uns et des autres? Beaux? Surjoués? Touchants? Artificiels? Cela dépendra de vous et ce n'est pas bien grave, cela ne remettra pas en cause votre vision du monde. Bref, une jolie distraction.
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Veiller sur elle

Le secret de la pietà, ou ce que deviennent les rêves



Ces derniers temps, on a tendance à qualifier de roman des textes autobiographiques ou documentaires qui peuvent être très bien mais qui ne recèlent pas une once de fiction. J’ai adoré lire Veiller sur elle car ces pages sont follement romanesques : du mystère, des péripéties, des personnages hauts en couleur, le tout joyeusement orchestré en une intrigue qui m’a transportée !



Un homme est au seuil de la mort et sa vie défile dans son esprit. Il faudrait presque dire « ses vies » tant l’existence de Mimo Vitaliani est pleine de rebondissements ! Mais comment le sculpteur en est-il arrivé à mener une vie de reclus dans un couvent perdu du mont Pirchiriano ? Pourquoi fait-on autant de mystère autour de sa personne ?



Évidemment, on brûle de le savoir et on parcourt ces pages partagé.e entre la curiosité qui voudrait nous faire tourner les pages plus vite et l’envie de prendre le temps de goûter chaque mot tant la plume est belle. D’autant que l’auteur en rajoute avec de petites allusions à ce qui va suivre : quel est le secret de l’œuvre maîtresse de Mimo et pourquoi celle-ci est-elle tenue cachée ? Comment donc l’homme empêchera-t-il un cardinal de Pietra d’Alba de devenir pape ?



Ce roman, c’est aussi et surtout l’alchimie qui opère entre deux êtres que tout semblait opposer mais qui partagent un même goût des belles choses et une même persévérance à déjouer les déterminismes. Un lien qui défie toute attente et n’a cessé de me prendre de court.



Tout cela est délicieusement raconté. Le narrateur fait preuve d’une dérision irrésistible et d’un art consommé de la formule pour décrire les lieux et les personnages. En toile de fond, l’auteur brosse une splendide fresque de l’Italie de la première moitié du XXe siècle, ses paysages et ses villes presque magiques, ses bas-fonds et ses hommes d’affaire, ses passions d’artistes et ses remous politiques – et bien sûr le Vatican pour veiller au grain.



Il règne dans ces pages une atmosphère très particulière qui frise le réalisme magique. Elles ont le charme hypnotique du manoir des Orsini, royaume de Viola. La saveur singulière des jeux enfantins où les serments sont à la vie, à la mort et tous les rêves à portée de main. La grâce obsédante des œuvres d’art qui prennent forme par la magie des mots est à la hauteur de la noirceur du monde.



La seconde partie est plus sombre, mais toujours sculptée, comme si tout convergeait vers la chute qui m’a soufflée.



Une lecture enchanteresse !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Veiller sur elle

Veiller sur elle, mais qui est-elle ? Jean-Baptiste Andrea va apporter des réponses étonnantes dans un roman qui touche au sublime.



Dans la vie, nous ne partons pas tous avec les mêmes cartes en main. Certains se retrouvent avec un jeu bien pauvre, mais parviennent à en tirer davantage que des coups d’éclat, à sublimer leur main.



C’est le cas de Mimo qui semblait devoir croupir dans l’indigence toute son existence, sauf qu’il a de la magie et du génie en lui. Et ça, il ne le doit à personne (si ce n’est à son père qui lui a appris les rudiments de la sculpture avant de disparaître).



Il y a Viola, l’opposée en matière de « chance », fille de bonne famille, de celles qui ont du pouvoir autant que de l’argent. Elle vit pourtant dans un carcan, à une période où les femmes ne peuvent imaginer sortir de leur sujétion sociale.



Tout les oppose, rien ne devait les faire se rencontrer. Et pourtant, un lien aussi précaire qu’indéfectible va les lier. Paradoxe d’une histoire qui transcende l’amour, comme un fil rouge qui va traverser les décennies et deux guerres.



Cette aventure humaine débute à l’orée du XXe siècle, dans une Italie rurale, pour se prolonger jusqu’aux années 80 dans les arcanes du Vatican. Comment un petit sculpteur indigent va-t-il devenir l’un des plus grands talents que le monde ait connus, et comment une femme à la destinée toute tracée parvient-elle à imposer sa nature ?



Un homme touché par la grâce, une femme debout (comme elle se décrit elle-même). Deux êtres qui croient en leurs destins, quel que soit le prix à payer (et il sera élevé).



Quand on parle de génie et de magie, voilà deux mots qui conviennent parfaitement à la prose de Jean-Baptiste Andrea. Sa plume et sa manière de façonner des personnages touchent véritablement au sublime.



Ce roman est poignant au possible, bouleversant, follement romanesque. Et empreint de mystère. Tant d’ingrédients précieux qui en font un livre qui laissera des traces indélébiles.



À l’image de ses deux personnages principaux, comme on en rencontre que très rarement, si bien campés et caractérisés qu’on croit en eux, qu’ils prennent vie dans notre esprit. Croyez-moi, ces êtres de papier vont rester en vous à jamais.



L’auteur prend la place, 580 pages d’émotions, de grâce, de douleurs et de fureur, sans l’ombre d’une longueur. Une histoire racontée de manière si prenante qu’on la suit les yeux et l’âme grands ouverts.



Dans cette Italie qui voit la montée du fascisme, les deux personnages vont tenter d’exister par leur personnalité et leur folie. Un récit qui les montre sans fard, à travers leurs nombreuses failles. Un homme qui risque de se perdre dans son succès, la flamme d’une femme hors norme qui menace de s’éteindre.



Deux vies tumultueuses, deux protagonistes qui marqueront leur différence. Pour tenter d’être libres. Comme le dit l’auteur : « Toute frontière est une invention, il suffit de croire ».



Jamais cette histoire d’amour ne sombre dans le sirupeux, elle est au contraire vraiment atypique. L’écrivain parvient à sculpter une œuvre unique à travers ces deux existences ; astres brillants mais vacillants dans un ciel d’obscurité.



Jean-Baptiste Andrea a de l’or entre les doigts, littéralement habité par ses personnages et sa fresque grandiose. A proposer tant de passages merveilleux et justes qu’on a envie de prendre des notes, encore et encore.



Comme cette définition de l’art de Mimo : « Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper ».



Jusqu’à une fin incroyable, qui donne tout son sens à ce récit et au mystère qui plane sur ces pages. Un dénouement qui donne des frissons.



Veiller sur elle est de ces livres rares, formidablement romanesques, lumineux, au service de personnages si forts qu’il est impossible de ne pas les sentir vivants. Jean-Baptiste Andrea insuffle un vent de liberté à travers ce texte inoubliable, transpercé par tant d’émotions. Grandiose.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Veiller sur elle

1986, dans un monastère italien, un homme rend son dernier souffle.

Michelangelo Vitaliani, surnommé Mimo, vit avec les moines depuis 40 ans pour veiller sur elle.

Elle, c'est sa dernière œuvre, une statue au pouvoir indéfinissable, qui trouble tous ceux qui la regardent.

Mais quel est le secret de cette statue ?



C’est à une formidable épopée que nous convie Mimo.

Avec ce sculpteur de génie aux mains d’or, atteint d’achondroplasie, vous traverserez l’Italie de Rome à Gênes, en passant par Florence et le vingtième siècle avec le fascisme comme pierre d’achoppement.



Le sculpteur réussit à coups de compromis tandis que Viola, fille unique d’une famille aristocratique, s’affirme fortement indépendante et sans concessions.

Tout du long, ces deux-là s'attireront et se repousseront comme des aimants.



Vous ne pourrez que vous attendrir sur ces deux personnages car Jean-Baptiste Andréa réunit toutes les émotions de leurs vies dans une relation permanente d’attraction/répulsion.

On se surprend à trembler et sourire avec Mimo et Viola et toutes les figures archétypales (aristocratiques, cléricales, fascistes, antifascistes…) enchâssées dans une fresque historique, politique, religieuse, familiale…



Comme souvent dans les longs romans, l’auteur prend son temps, comme pour dire que cette histoire se mérite.

Il faut du temps pour révéler un pays, son histoire et celle de ces deux personnages, le temps de l’inspiration pour sculpter une “Pietà” - une Vierge tenant sur ses genoux le corps du Christ mort - chef d’oeuvre au charme indéfinissable et le temps de polir un roman passionnant.

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Veiller sur elle

Faut-il se méfier des critiques dithyrambiques ?

C’est vrai, il s’agit d’un prix Goncourt et pourtant…

C’est vrai aussi, que suis-je à côté d’un Académicien Goncourt pour juger ?

Alors, juste mon ressenti…





Dans un monastère italien, un homme de quatre-vingt deux ans, sculpteur d’une piéta secrètement mise à l’écart par le Vatican, nous conte son histoire.



Il s’appelle Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, petit français envoyé chez son oncle, sculpteur médiocre, en Italie.

Elle s’appelle Viola Orsini, elle est la fille d’un marquis.

Lui, atteint d’achondroplasie (manque de cartilage de croissance) est surdoué pour la sculpture.

Elle, très intellectuelle, est surdouée pour la mémoire.

Ils se sont rencontrés dans un cimetière et rien, à première vue, ne devait les rapprocher.



Ils ne peuvent vivre ensemble mais ne savent pas être séparer longtemps loin de l’autre.



Sur fond de montée du fascisme, on suit la carrière de Mimo et la transformation de Viola.



Mais quid de ce mystère autour de la piéta…



Les deux personnages, Mimo et Viola, m’ont vraiment ému durant tout le récit. Au travers de la manière dont l’un et l’autre ont été utilisés par leur famille respective et l’entourage, l’auteur décrit bien les rudesses paysannes, les dessous et les intrigues politiques qui permettent de tout obtenir aussi bien de l’Eglise que de l’Etat (honneur, fortune…)



La lecture est fluide mais l’histoire n’en fait pas un page-Turner. Le récit des beuveries répétitives de Mimo n’est vraiment pas nécessaire et quelques digressions sur sa vie dépravée ne font pas avancer l’intrigue.



Je n’ai pas senti de grand « wahou !!! » comme après avoir lu « la décision » de Karine Thuil ou encore « Saint Jacques » de Bénédicte Belpois ou encore « Mon frère d’âme » de Nelly Magnac (qu’on ne trouve malheureusement pas dans toutes les librairies par qu’auto éditée).



Il en reste, néanmoins, que de beaux passages et un dénouement inattendu en font un bon moment de lecture.

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Veiller sur elle

Quelle merveilleuse amitié que celle de Mimo et de Viola !



J'ai beaucoup aimé les débuts difficiles mais annonciateurs de tant d'espoir pour Mimo, cet enfant malchanceux, abandonné par sa mère à un sculpteur ivrogne et jaloux du talent du gamin dont il a la charge.

J'ai adoré sa rencontre avec Viola Orsini, héritière d'une grande famille de nantis italiens. Viola, l'incroyable, la fantasque qui rêve un jour d'accomplir le rêve d'Icare et de Léonard de Vinci.



L'histoire est romanesque, artistique, poétique, à la fois triste et joyeuse.

Elle est également politique car ce roman historique se déroulant au début du XX ème siècle ne fait pas l'impasse sur la naissance et l'apogée du fascisme en Italie.

Les personnages du roman y sont inévitablement liés et s'en accommodent ...ou pas, à la manière de la coriace Viola.



C'est une histoire de destinée, d'ambitions. Les personnages se trouvent, s'affrontent, évoluent ensemble puis séparément. Mais, ce qu'il subsiste et qui fait fi du temps qui passe, c'est cette incroyable amitié entre deux êtres exceptionnels.



Un très beau roman qui mérite amplement le Goncourt !



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Ma reine

C'est l'histoire d'un petit garçon pas comme les autres, un inadapté pour reprendre le qualificatif utilisé par l'auteure Clara Dupont-Monod, dans son très beau livre.

« Foudre de guerre. Génie. Lumière. C'était tout ce que je n'étais pas, on n'arrêtait pas de me le répéter. Maintenant, il faut que je le dise, je suis bizarre. Moi je ne trouve pas, mais les autres oui. »

Il n'a même pas de prénom, il est Shell comme écrit sur le blouson qu'il porte si fièrement quand il sert l'essence dans la station de ses parents perdue au fond d'une vallée en Provence. C'est l'été, il fait si chaud, qu'un rien suffit à déclencher un incendie. Alors quand il lâche la cigarette qu'il essayait de fumer, il a failli provoquer la catastrophe. Ses parents se résignent alors à l'envoyer ailleurs.

Ailleurs, il ne veut pas y aller. Alors il part. A la guerre comme les images qu'il voit de temps en temps à la télévision. Pour devenir un Héros. Mais la guerre c'est loin : il s'arrêtera sur le plateau qui surplombe la vallée. C'est là qu'il rencontre Viviane, Viviane dont il n'est même pas sûr qu'elle existe vraiment, Viviane qui va jouer avec lui, qui va se jouer de lui, qui deviendra sa Reine, mais qui aussi lui donnera l'impression d'être un autre, différent de « l'âne » avec qui personne ne voulait jouer.

« Elle était très mince, tellement qu'elle avait l'air de pouvoir se glisser entre deux rafales de vent sans déranger personne »

L'auteur par la voix de ce petit garçon qui voudrait devenir un homme raconte ces deux mois d'été.

Deux mois hors du temps, hors de la compagnie des hommes si ce n'est celle de Matti, le berger, lui aussi rejeté parce que différent : il n'est pas d'ici. Deux mois entre le ciel et la terre, deux mois pendant lesquels Shell connaitra l'amour, la dévotion pour sa Reine, le désespoir quand elle est partie, l'incompréhension quand elle revient et ne veut plus jouer. Deux mois d'un été à l'ambiance particulière. On ne sait plus si on est dans la réalité ou dans un songe.

Un livre comme une ode à la liberté, au droit à la différence, aux enfants qui parfois ne savent pas grandir. Un conte à l'écriture lumineuse et poétique. C'était le premier livre de l'auteur, Il a largement confirmé son talent depuis.

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Des diables et des saints

J’ai beaucoup croisé ce roman sur les réseaux sociaux à sa sortie. C’était comme une évidence pour moi que je le lirais un jour et j’ai tout fait pour consulter le moins d’avis possible afin de préserver intacte la magie de la découverte. Comme j’ai bien fait !

Joe a plus de 70 ans et il a pour habitude de jouer du piano dans les lieux publics. C’est un invisible qu’on frôle et qu’on dépasse, on entend ses notes mais on l’écoute peu, la frénésie du quotidien l’emportant sur sa musique. Et pourtant, Joe est un virtuose. Pourquoi gâche-t-il son talent en passant tant de temps dans les gares et les aéroports ? Petit à petit, des éléments de sa vie nous sont livrés, en particulier le terrible drame qui, à 16 ans, l’a laissé orphelin. Admis dans un pensionnant religieux où d’autres enfants et adolescents privés de leurs parents séjournent, il va connaître l’amitié et l’amour, entre moments de grâce et punitions, espoirs et désillusions.

L’histoire est forte, c’est incontestable. J’ai été émue, j’ai souri, j’ai eu le cœur serré. Il y a dans ce roman un parfum d’enfance qui nous rappelle la littérature classique : un groupe d’enfants, un pensionnat, des bêtises et une grande solidarité, c’est somme toute assez commun. Mais il se dégage de ce roman une force incroyable et elle est clairement identifiable : la plume de Jean-Baptiste Andrea. Si son personnage est un virtuose du piano, il est quant à lui un virtuose des mots. Certaines phrases sont d’une beauté sans pareille. La partition qui se joue en termes de syntaxe, d’images, de rythme est grandiose. C’est à la fois délicat et puissant.


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Ma reine

Parce qu’il ne pense pas aussi vite que ses camarades, ses parents l’ont déscolarisé. Depuis il les aide à faire le plein des rares voitures qui s’échouent dans leur petite station essence, sur le plateau surplombant la vallée de l’Asse.

Cet été là, il va s’enfuir pour aller faire la guerre, pour devenir un homme. Cet été là, il rencontrera Viviane « sa reine », puis Matti, le berger et ce sera la paix qu’il trouvera.

Très belle histoire de Jean-Baptiste Andrea, tout en fraicheur et en innocence.

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Veiller sur elle

Choisi le 22 octobre 2023 / Librairie Chantelivre- Issy- Les- Moulineaux



****en ce 7 novembre 2023, très heureuse d'apprendre que Jean- Baptiste Andrea a obtenu le Goncourt, avec ce texte

époustouflant !





Très Beau coup de coeur pour le premier texte que je lisais de cet écrivain, que je souhaitais découvrir déjà depuis 2021, au moment de la publication de son roman " Des Diables et des Saints " dont j'étais très curieuse....

Une lecture que je rattraperai sûrement après celui-ci !



D' autres camarades- babeliotes auront sûrement détaillé longuement l'histoire et ses principaux protagonistes...

Pour ma part, je tenterai pour une fois d'être brève...n'évoquer que l'essentiel du décor et des thématiques abordées...pour rester dans cette atmosphère de " réalisme magique "...dans lequel nous baignons tout le long de l'histoire...



Parmi les sujets abordés : l' Amour du Beau, de l'Art et plus exclusivement " la Sculpture " dans une Italie en total bouleversement, entre les années 1910 et 1950, la montée du fascisme, l'arrivée au pouvoir de Mussolini, la terreur, les abus , les exploitations diverses des " puissants" envers le peuple...



Dans ce contexte socio- historique, l'histoire extraordinaire d'Amour et d'amitié entre deux gamins: Viola, la fille des Orsini, les châtelains du lieu, Pietra d'Alba; Viola, enfant surdouée , aussi fantasque qu'indocile et Mimo, jeune garçon très pauvre, orphelin de père, confié par sa mère à un pseudo- oncle, sculpteur médiocre, et individu aussi peu recommandable que cupide et maltraitant...Mimo sera d'autant plus combattif dans son futur art de sculpteur qu'il est different et moqué par sa trop petite taille !



Heureusement Mimo,a de l'or dans les mains et dans le domaine de la taille et de la sculpture ( dont il a bien assimilé les bases grâce à son père) il va se révéler très, très doué...



Ces deux gamins dont l'origine sociale est aux antipodes n'auraient jamais dû se croiser....des circonstances fort insolites vont les faire se rencontrer...et s'attacher l'un à l'autre, passionnément. Deux enfants surdoués, incompris et mal aimés vont devenir comme inséparables....



Des liens très uniques qui dureront trois décennies , avec des séparations, des éloignements, des facheries, des retrouvailles, des réconciliations. Comme Viola caractérise si bien cet amour- amitié immuable, ils sont comme : des Jumeaux cosmiques "...



"Ses yeux m'incinérèrent, comme lorsque, dix - huit ans auparavant, j'avais osé la quitter sans me retourner. La raison de nos disputes permanentes était peut-être là, au fond, dans une simple nostalgie de nos indignations, d'une époque où les chevaliers étaient bons et les dragons mauvais, l'amour, courtois, chaque coup porté, justifié par une cause sublime."



Le style de J.B Andrea possède une vraie fluidité, une petite musique qui envoûte...avec une galerie de personnages excellemment " campés", analysés...auquels on s'attache...



De multiples rebondissements et mésaventures vont arriver à nos " deux jumeaux cosmiques"...



Viola après des rêves avortés , un esprit aventureux et brillant ne pouvant s'exercer, se conformera un moment , aux convenances et obligations de son milieu ( dont le Mariage),

Car dans cette italie en plein bouleversement, il n'est pas bon d'être une fille même de la dite " bonne société " , ni même bon, d'être un garcon pauvre et peu instruit...



Mimo ne devra sa survie qu'à ses dons exceptionnels de " sculpteur"....artiste reconnu et " vassal" sous la protection de la famille Orsini, les parents de Viola....il deviendra célèbre et très demandé !



Viola, en dépit de ses talents et dons certains, a le malheur d'être une fille, à qui on nie toute carrière et toute indépendance ; pourtant elle est plus réactive, plus douée intellectuellement que son ami, Mimo, dont une conscience, une lucidité affirmée en politique...Il en résultera d'ailleurs entre eux, de sérieux " coups de gueule " car à son grand mécontentement, Mimo acceptera de travailler et de sculpter pour les nouveaux gouvernants fascistes...



De magnifiques descriptions du

" métier de sculpteur"... de la taille et de la transformation de la pierre ou du marbre...

Sans oublier un chef-d'oeuvre, une " Pietà ", bien mystérieuse,sculptée par Mimo...que l'on doit cacher ...je n'en dirai pas plus...!!!

.

Pour clore ce billet, un extrait de la bouche de Viola qui décrit à la fois la beauté de leur complicité et de leur attachement, et dans un même temps, le malheur qu'elle aura ressenti depuis toute petite, " de n'être qu'une fille", à qui, de par cette réalité, on dénie tout droit et toute existence propre!!!



"- Non, Mimo, c'est vrai.Toute ma vie, j'ai eu besoin de toi pour être normale.Tu es mon centre de gravité, raison pour laquelle tu n'es pas toujours drôle. Mais il y a en moi une anormalité que même toi, tu ne soigneras jamais : c'est que je suis une femme et que je n'en ai rien à faire.(...)

- Partir ne changera rien. La pire violence , c'est l'habitude.

L' habitude qui fait qu'une fille comme moi, intelligente, car je pense l'être, ne peut pas disposer d'elle-même.À force de me l'entendre dire, j'ai cru qu'ils savaient quelque chose que j'ignorais, qu' ils avaient un secret.Le seul secret, c'est qu'ils ne savent rien. Voilà ce que mes frères, voilà ce que les Gambale, et tous les autres, essaient de protéger. "





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